1. Le pays des Soviets après la liquidation de l’intervention et de la guerre civile. Les difficultés de la période de rétablissement.

Après en avoir fini avec la guerre, le pays des Soviets s’en­gagea dans la voie d’une œuvre de paix : la construction de l’économie. Il fallait guérir les plaies de la guerre. Il fallait réta­blir l’économie nationale délabrée, mettre de l’ordre dans l’in­dustrie, les transports, l’agriculture.

Mais ce passage à la construction pacifique devait s’effectuer dans des conditions extrêmement dures. La victoire remportée dans la guerre civile avait coûté cher. Le pays était ruiné par quatre années de guerre impérialiste et trois années de guerre contre l’intervention. La production globale de l’agriculture, en 1920, ne représentait qu’environ la moitié de celle d’avant-guerre. Or, il ne faut pas oublier que le niveau d’avant-guerre était celui de la misérable campagne des temps tsaristes. Au surplus, en 1920, nombre de provinces avaient souffert d’une mauvaise récolte. L’économie paysanne se trouvait dans une situation pénible.

Plus difficile encore était la situation de l’industrie en pleine ruine. La production de la grande industrie, en 1920, n’atteignait qu’un septième environ de la production d’avant-guerre. La plu­part des fabriques et des usines étaient arrêtées ; les mines détruites, inondées. La métallurgie était dans un état lamentable. La production de fonte pour toute l’année 1921 ne fut que de 116.300 tonnes, c’est-à-dire environ 3% de la production d’avant-guerre.

On n’avait pas assez de combustible. Les transports étaient désorganisés. Les réserves de métaux et de tissus étaient presque épuisées. Le pays manquait du strict nécessaire : pain, graisses, viande, chaussures, vêtements, allumettes, sel, pétrole, savon.

Pendant la guerre, on avait pris son parti de ces manques et de ces insuffisances, parfois même on avait cessé d’y faire atten­tion. Mais, maintenant qu’il n’y avait plus de guerre, les gens sentirent tout à coup ce que ces privations avaient d’intolérable et demandèrent qu’il y fût remédié sans délai. Du mécontentement apparut chez les paysans. Dans le feu de la guerre civile, on avait vu se créer et se fortifier l’alliance politique et militaire de la classe ouvrière et de la paysannerie.

Cette alliance reposait sur une base déterminée : au paysan, le pouvoir des Soviets assurait la terre ainsi que la défense contre le grand propriétaire foncier, contre le koulak ; les ouvriers recevaient de la paysannerie les denrées provenant du prélève­ment des excédents.

Maintenant cette base s’avérait insuffisante. L’État soviétique s’était vu obligé de prendre au paysan, par voie de prélèvement, tous ses excédents, afin de pourvoir aux besoins de la défense. La victoire dans la guerre civile eût été impossible sans les prélèvements, sans la politique du commu­nisme de guerre. Cette politique avait été imposée par la guerre, par l’intervention. La paysannerie l’acceptait alors ; elle ne fai­sait pas attention au manque de marchandises ; mais lorsque la guerre fut terminée et que la menace du retour du grand pro­priétaire foncier eut disparu, le paysan commença à manifester son mécontentement du prélèvement de tous les excédents et demanda à être pourvu d’une quantité suffisante de marchan­dises.

Tout le système du communisme de guerre, comme l’indi­quait Lénine, était entré en collision avec les intérêts de la pay­sannerie. La vague de mécontentement avait gagné aussi la classe ou­vrière. Le prolétariat avait supporté le fardeau principal de la guerre civile, en luttant héroïquement, avec abnégation, contre les cohortes de gardes blancs et d’envahisseurs, contre la ruine et la famine.

Les meilleurs ouvriers, les plus conscients, les plus dévoués et les plus disciplinés brûlaient du feu de l’enthousias­me socialiste. Mais le profond délabrement économique influait aussi sur la classe ouvrière.

Les rares fabriques et usines qui marchaient encore, ne fonctionnaient qu’avec de graves à-coups. Les ouvriers étaient réduits à bricoler, à confectionner des bri­quets, à mettre sac au dos pour aller chercher à la campagne des produits alimentaires. La base de classe de la dictature du prolétariat commençait à faiblir ; la classe ouvrière s’émiettait ; on voyait des ouvriers partir à la campagne, cesser d’être ou­vriers, se déclasser. La famine et la fatigue provoquaient le mécontentement d’une partie des ouvriers.

Le Parti dut envisager, pour tous les problèmes de la vie économique du pays, une nouvelle orientation conforme à la situation nouvelle. Et le Parti se mit à la tâche.

Cependant, l’ennemi de classe ne dormait pas. Il cherchait à exploiter la pénible situation économique et le mécontentement des paysans. Des émeutes de koulaks, organisées par les gardes blancs et les socialistes-révolutionnaires, éclatèrent en Sibérie, en Ukraine, dons la province de Tambov (rébellion d’Antonov). On assista a une recrudescence d’activité de tous les éléments contre-révolutionnaires : menchéviks, socialistes-révolutionnaires, anar­chistes, gardes blancs, nationalistes bourgeois. L’ennemi recourut à une nouvelle tactique de lutte contre le pouvoir des Soviets. Il se camoufla en empruntant les couleurs soviétiques ; au lieu du vieux mot d’ordre avorté « À bas les Soviets ! » il lança un mot d’ordre nouveau : « Pour les Soviets, mais sans les commu­nistes ».

L’émeute contre-révolutionnaire de Cronstadt fut un exemple patent de la nouvelle tactique de l’ennemi de classe Elle com­mença huit jours avant l’ouverture du Xe congrès du Parti, en mats 1921. À la tête de l’émeute se trouvaient des gardes blancs liés aux socialistes-révolutionnaires, aux menchéviks et à des représentants d »États étrangers. La volonté des émeutiers de rétablir le pouvoir et la propriété des capitalistes et des grands propriétaires fonciers, ils cherchèrent à la dissimuler au début sous une enseigne « soviétique » ; ils formulèrent le mot d’ordre : « Les Soviets sans les communistes ».

La contre-révolution enten­dait exploiter le mécontentement des masses petites-bourgeoises et tout en se couvrant d’un mot d’ordre pseudosoviélique, ren­verser le pouvoir des Soviets.

Deux circonstances avaient facilité l’émeute de Cronstadt : la composition, qui avait empiré, des équipages des navires de guerre et la faiblesse de l’organisation bolchévique de Cronstadt. Les vieux matelots qui avaient pris part à la Révolution d’Octo­bre étaient presque tous partis au front, où ils combattaient héroïquement dans les rangs de l’Armée rouge. De nouveaux contingents étaient venus s’incorporer dans la flotte, qui n’a­vaient pas été aguerris au feu de la révolution.

Ces contingents étaient formés d’une masse encore parfaitement fruste de paysans, qui reflétait le mécontentement de la paysannerie à l’égard des prélèvements. Quant à l’organisation bolchévique de Cron­stadt en cette période, elle avait été gravement affaiblie par une série de mobilisations pour le front. C’est ce qui avait permis aux menchéviks, aux socialistes-révolutionnaires et aux gardes blancs de s’infiltrer dans Cronstadt et d’en prendre possession.

Les émeutiers s’étaient emparés d’une forteresse de premier ordre, de la flotte, d’une immense quantité d’armements et d’obus. La contre-révolution internationale chantait victoire. Mais c’était trop tôt pour se réjouir. L’émeute fut promptement écrasée par les troupes soviétiques.

Le Parti envoya contre les émeutiers de Cronstadt ses meilleurs fils, les délégués du Xe congrès, Vorochilov en tête. Les soldats rouges marchèrent sur Cronstadt en avançant sur la mince couche de glace du golfe. La glace cédant, beaucoup se noyèrent. Il fallut prendre d’assaut les forts presque inexpugnables de Cronstadt.

Le dévouement à la révolution, la bravoure et la volonté de sacrifier sa vie pour le pouvoir des Soviets eurent le dessus. La forteresse de Cron­stadt fut prise d’assaut par les troupes rouges. L’émeute fut liquidée.

**2. La discussion dans le Parti sur les syndicats. Le Xe congrès du parti. Défaite de l’opposition. Nouvelle politique économique (Nep).

Le Comité central du Parti, sa majorité léniniste, se rendait nettement compte qu’après la liquidation de la guerre et le passage à l’œuvre pacifique de construction de l’économie, il n’y avait plus de raison de maintenir le dur régime du communisme de guerre, imposé par la guerre et le blocus.

Il se rendait compte que la nécessité des prélèvements ne s’imposait plus ; qu’il fallait les remplacer par l’impôt en nature, pour permettre aux paysans d’employer à leur guise la majeure partie des excédents de leur production. Le Comité central comprenait qu’une telle mesure permettrait de ranimer l’agriculture, d’élargir la production des céréales et des cultures nécessaires au développement de l’industrie, de stimuler dans le pays la circulation des marchandises, d’améliorer le ravitaillement des villes, de donner une base nouvelle, une base économique, à l’alliance des ouvriers et des paysans.

Le Comité central se rendait également compte que la reprise de l’industrie était une tâche primordiale ; mais il estimait im­possible de ranimer l’industrie sans le concours de la classe ou­vrière et de ses syndicats ; il estimait que l’on pouvait y intéres­ser les ouvriers en leur faisant comprendre que la ruine écono­mique était, pour le peuple, un ennemi aussi dangereux que l’in­tervention et le blocus ; que le Parti et les syndicats sauraient certainement s’acquitter de cette tâche s’ils agissaient à l’égard de la classe ouvrière, non par des ordres militaires, comme cela avait été le cas sur le front, où de pareils ordres sont réellement nécessaires, mais par la persuasion.

Or tous les membres du Parti ne pensaient pas comme le Comité central. Les petits groupes d’opposition : trotskistes, « oppo­sition ouvrière », « communistes de gauche », « centralistes démo­crates », etc., étaient désorientés ; ils hésitaient devant les difficultés qui allaient surgir au seuil de la construction pacifique de l’éco­nomie. Il y avait dans le Parti bon nombre d’anciens menchéviks, d’anciens socialistes-révolutionnaires, d’anciens bundistes, d’anciens borotbistes [Aile gauche du parti national-chauvin des socialistes-révolutionnaires ukrainiens. Publia jusqu’en 1918 son organe central Borotba (Lutte) N. des Trad.] et toute sorte de semi-nationalistes des régions périphériques de la Russie. Ils appartenaient pour la plupart à tel ou tel groupuscule d’opposition.

Faute d’être des marxistes véritables, de connaître les lois du développement économique, d’avoir une trempe léniniste, ces gens ne faisaient qu’aggraver le désarroi et les hésitations de ces petits groupes d’opposition. Parmi eux, les uns pensaient qu’il ne fallait pas affaiblir le dur régime du communisme de guerre : qu’au contraire, il fallait « serrer encore la vis ».

D’autres pensaient que le Parti et l’État devaient se tenir a l’écart de l’œuvre de rétablissement de l’économie nationale ; que ce travail devait être entièrement confié aux syndicats.

Il était clair que devant ce désarroi dans certains milieux du Parti, il se trouverait des gens, des amateurs de discussion, des « leaders » d’opposition de toute sorte qui s’efforceraient d’imposer une discussion au Parti. C’est en effet ce qui se produisit. La discussion s’engagea d’abord à propos du rôle des syndicats, encore que la question des syndicats ne fût pas alors la question essentielle dans la politique du Parti.

Le promoteur de la discussion et de la lutte contre Lénine, contre la majorité léniniste du Comité central, fut Trotski, dé­sireux d’aggraver la situation, il prit la parole à une séance des délégués communistes de la Ve conférence des syndicats de Rus­sie, au début de novembre 1920, et formula des mots d’ordre douteux qui parlaient de « serrer la vis » et de « secouer les syndicats ». Trotski exigeait qu’il fût immédiatement procédé à l’ « étatisation des syndicats ».

Il était contre la méthode de per­suasion envers les masses ouvrières. Il entendait transposer la méthode militaire dans les syndicats. Trotski était contre le dé­veloppement de’ la démocratie dans les syndicats, contre l’élec­tion des organismes syndicaux.

Au lieu de la méthode de persuasion sans laquelle l’activité des organisations ouvrières ne saurait se concevoir, les trotskis­tes offraient la méthode de contrainte pure et simple, de com­mandement tout court. Par leur politique, là où ils arrivaient à la direction du travail syndical, les trotskistes apportaient dans les syndicats conflits, scission et décomposition. Par leur politi­que, ils dressaient la masse des ouvriers sans-parti contre le Parti, ils scindaient la classe ouvrière.

En réalité, la discussion sur les syndicats dépassait de beaucoup le cadre de la question syndicale. Ainsi que l’a montré plus tard la résolution de l’Assemblée plénière du Comité central du Parti communiste russe (17 janvier 1925), le débat s’était institué en fait « sur l’attitude envers la paysannerie qui se dressait contre le communisme de guerre ; sur l’attitude envers la masse des ouvriers sans-parti ; en général, sur l’attitude du Parti envers la masse dans la période où la guerre civile touchait à sa fin ». (Le Parti communiste de l’U.R.S.S. dans ses résolutions, première partie, p. 651, éd. russe.)

À la suite de Trotski, on vit se manifester aussi les autres groupes de lutte contre le Parti : l’« opposition ouvrière » (Chliapnikov, Medvédev, Kollontaï, d’autres encore), les « cen­tralistes démocrates » (Sapronov, Drobnis, Bogousiavski, Ossinski, V. Smirnov, d’autres encore), les « communistes de gauche » (Boukharine, Préobrajenski).

L’ « opposition ouvrière » formula le mot d’ordre de remise de la gestion de toute l’économie nationale au « congrès des produc­teurs de Russie ». Elle réduisait à rien le rôle du Parti, niait l’im­portance de la dictature du prolétariat dans la construction de l’économie. L’ « opposition ouvrière » opposait les syndicats à l’État soviétique et au Parti communiste. Elle considérait comme forme suprême de l’organisation de la classe ouvrière, non pas le Parti, mais les syndicats.

L’ « opposition ouvrière » était en fait un groupe anarcho-syndicaliste de lutte contre le Parti. Le groupe du « centralisme démocratique » réclamait la liberté complète des fractions et des groupements. Ces gens, tout comme les trotskistes, cherchaient à compromettre, le rôle dirigeant du Parti dans les Soviets et les syndicats. Lénine les qualifia de fraction des « plus forts braillards », et leur plate-forme, de plate-for­me menchévico-socialiste-révolutionnaire.

Dans sa lutte contre Lénine et le Parti, Trotski était secondé par Boukharine. Boukharine, Préobrajenski, Sérébriakov et Sokoluikov avaient créé un groupe « tampon ». Ce groupe défendait et couvrait les pires fractionnistes, les trotskistes. Lénine qualifia la conduite de Boukharine de « comble de la déchéance idéologi­que ». Bientôt les boukhariniens s’allièrent ouvertement aux trots­kistes contre Lénine.

Lénine et les léninistes dirigèrent leur coup principal contre les trotskistes, force essentielle des groupements de lutte contre le Parti.

Ils convainquirent les trotskistes d’avoir confondu les syndicats avec des organisations militaires ; ils leur montrèrent qu’on ne saurait transplanter les méthodes des organisations militaires dans les syndicats. En contre-partie aux plates-formes des groupes d’opposition, Lénine et les léninistes formulèrent leur propre plate-forme. Celle-ci indiquait que les syndicats sont une école d’administration, une école de gestion économique, l’école du communisme.

Tout leur travail doit reposer sur la méthode de persuasion. C’est à cette condition seulement qu’ils sauront mobi­liser tous les ouvriers pour la lutte contre la ruine économique, qu’ils sauront les entraîner à l’édification socialiste.

Dans la lutte contre las groupes d’opposition, les organisations du Parti se rallièrent autour de Lénine. La bataille fut particulièrement ardente à Moscou. C’est là que l’opposition avait concentré le gros de ses forces, en visant à conquérir l’organisation communiste de la capitale.

Mais les bolchéviks de Moscou repoussèrent résolument les menées des fractionnistes. Une lutte aiguë se déve­loppa également dans les organisations ukrainiennes du Parti. Sous la direction du camarade Molotov, alors secrétaire du Comi­té central du Parti communiste d’Ukraine, les bolchéviks d’Ukrai­ne battirent les trotskistes et les partisans de Chliapnikov. Le Parti communiste d’Ukraine demeura le sûr rempart du Parti de Léni­ne.

À Bakou, l’écrasement de l’opposition fut organisé sous la direction du camarade Ordjonikidze. En Asie centrale, c’est le camarade L. Kaganovitch qui dirigea la lutte contre les groupes ennemis du Parti. Toutes les principales organisations locales du Parti se ralliè­rent à la plate-forme de Lénine.

Le 8 mars 1921 s’ouvrait le Xe congrès du Parti. À ce congrès assistaient 694 délégués avec voix délibérative, et ils représentaient 732.521 membres du Parti. Il y avait 296 délégués avec voix consultative. Le congrès dressa le bilan de la discussion sur les syndicats et approuva, à une écrasante majorité, la plate-forme de Lénine. En ouvrant le congrès, Lénine déclara que la discussion avait été un luxe inadmissible. Il montra que les ennemis misaient sur la lutte intérieure et sur la scission dans le Parti communiste.

Devant le danger immense que représentait pour le Parti bol­chévik et pour la dictature du prolétariat, l’existence de groupes de fraction, le Xe congrès accorda une attention spéciale au problème de l’unité du Parti. Lénine fit un rapport à ce sujet. Le congrès condamna tous les groupes d’opposition et indiqua qu’ « en fait, ils aidaient les ennemis de classe de la révolution prolétarienne ».

Le congrès prescrivit la dissolution immédiate do toutes les fractions et chargea toutes les organisations de veiller strictement à ce qu’il n’y eût aucune action fractionnelle ; l’inexécution de la décision du congrès entraînait absolument l’exclusion immédiate du Parti. Pour le cas où la discipline serait violée, où l’ac­tion fractionnelle serait reprise ou tolérée par des membres du Comité central, le congrès mandatait le Comité central pour prendre toutes les sanctions qui s’imposeraient, jusques et y compris leur exclusion du Comité central et du Parti.

Toutes ces décisions ont été consignées dans une résolution spéciale proposée par Lénine et adoptée par le Congrès « Sur l’unité, du Parti ». Dans cette résolution, le congrès attirait l’attention de tous les membres du Parti sur la nécessité de réaliser l’unité et la cohésion des rangs du Parti, l’unité de volonté de l’avant-garde du prolétariat, surtout dans un moment comme la période du Xe congrès, où un concours de circonstances avait renforcé les hésitations au sein de la population petite-bourgeoise du pays.

« Cependant, était-il dit dans la résolution, dès avant la discussion générale du Parti sur les syndicats, il s’est manifesté dans le Parti certains indices d’activité de fraction, c’est-à-dire qu’on a vu apparaître des groupes avec leurs plates-formes particulières et avec une tendance à se replier jusqu’à un certain point sur eux-mêmes et à créer leur propre discipline de groupe.

Il est nécessaire que tous les ouvriers conscients se rendent nettement compte de ce qu’il y a de nuisible et d’inadmissible dans quelque activité de fraction que ce soit, car cette activité, en fait, conduit inévitablement à affaiblir la bonne entente dans le travail et à renforcer de la part des ennemis qui se raccrochent au Parti gouvernemental, les tentatives réitérées d’approfondir la division [du Parti] et de l’ex­ploiter aux fins de contre-révolution. »

Le congrès poursuivait :

« L’exploitation par les ennemis du prolétariat de toute espèce de déviations de la stricte ligne communiste a été illustrée de la façon la plus saisissante par l’émeute de Cronstadt, dans les circonstances où la contre-révolution bourgeoise et les gardes blancs de tous les pays du monde se sont aussitôt montrés prêts à accepter jusqu’aux mots d’ordre du régime soviétique, pourvu que fût renversée la dictature du prolétariat en Russie ; où les socialistes-révolutionnaires et, d’une façon générale, la contre-révolution bourgeoise ont utilisé à Cronstadt les mots d’ordre d’insurrection soi-disant au nom du pouvoir des Soviets contre le gouvernement soviétique en Russie.

De tels faits prouvent suffisamment que les gardes blancs veulent et savent se camoufler en communistes, et même « plus à gauche » qu’eux, à seule fin d’affaiblir et de renverser le rempart de la révolution prolétarienne en Russie.

Les tracts menchéviks de Pétrograd, à la veille de l’émeute de Cronstadt, montrent également que les menchéviks ont exploité les divergences à l’intérieur du Parti communiste russe pour pousser et soutenir en fait les émeutiers de Cronstadt, socialistes-révolutionnaires et gardes blancs, en se donnant en paroles pour des adversaires des émeutes et pour des partisans du pouvoir des Soviets sauf quelques petites réserves, disaient-ils, pour des adversaires des émeutes et pour des partisans du pouvoir des Soviets. »

La résolution indiquait que la propagande du Parti doit expli­quer à fond ce qu’il y a de nuisible et de dangereux dans l’activi­té de fraction du point de vue de l’unité du Parti et de la réalisa­tion de la volonté unique de l’avant-garde du prolétariat, condition essentielle du succès de la dictature du prolétariat.

D’autre part, était-il dit dans la résolution du congrès, la pro­pagande du Parti doit expliquer ce qu’il y a de particulier dans les derniers procédés tactiques des ennemis du pouvoir des Soviets.

« Ces ennemis, disait la résolution, convaincus désormais que la contre-révolution tentée ouvertement sous le drapeau des gardes blancs est condamnée, font tous leurs efforts pour exploiter les divergences à l’intérieur du P.C.R. et ainsi pous­ser en avant la contre-révolution, d’une façon ou d’une autre, en remettant le pouvoir à des groupements politiques qui, d’ap­parence, sont le plus près de reconnaître le pouvoir des So­viets. ». (Le Parti communiste de l’U.R.S.S. dans ses résolu­tions, première partie, pp. 373-374, éd. russe.)

La résolution indiquait ensuite que la propagande du Parti « doit mettre aussi en lumière l’expérience des révolutions précé­dentes, où la contre-révolution appuyait les groupements petits-bourgeois les plus proches du parti révolutionnaire extrême afin d’ébranler et de renverser la dictature révolutionnaire, en frayant ainsi le chemin pour plus tard à la victoire complète de la contre-révolution, des capitalistes et des grands propriétaires fon­ciers ».

À la résolution « Sur l’unité du Parti » se trouva étroitement liée une autre : « Sur la déviation syndicaliste et anarchiste dans notre Parti », également proposée par Lénine et adoptée par le congrès. Dans cette résolution, le Xecongrès condamna l’opposi­tion dite « opposition ouvrière ». Il déclara la propagande des idées à tendance anarcho-syndicaliste, incompatible avec l’appar­tenance au Parti communiste et il appela le Parti à combattre ré­solument cette déviation.

Le Xe congrès adopta une décision fort importante sur l’aban­don du système des prélèvements et l’institution de l’impôt en nature, sur le passage à la nouvelle politique économique (Nep). Dans ce tournant du communisme de guerre à la Nep s’est révélée toute la sagesse, toute la clairvoyance de la politique de Lénine.

La résolution du congrès parlait du remplacement des prélèvements par l’impôt en nature.

L’impôt alimentaire en nature était moins élevé que les prélèvements. Le montant de l’impôt devait être rendu public dès avant les semailles de printemps. Les délais de livraison étaient exactement fixés. Une fois l’impôt livré, le paysan disposait de tout ce qui lui restait en plus ; il était libre de vendre ses excédents. La liberté du commerce, indiquait Lénine dans son rapport, aboutira au début à une certaine reprise du capitalisme dans le pays. Il nous faudra admettre le commerce privé et autoriser les patrons privés à ouvrir de petites entreprises.

Mais il ne faut pas que cela nous fasse peur. Lénine estimait qu’une certaine liberté du commerce stimulerait l’intérêt du pay­san pour son exploitation, relèverait la productivité de son travail et déterminerait un essor rapide de l’agriculture ; que sur cette base, l’industrie de l’État se rétablirait et le capital privé serait évincé ; qu’après avoir accumulé des forces et des ressources, on pourrait créer une industrie puissante, base économique du so­cialisme, et entreprendre ensuite une offensive énergique afin de détruire les vestiges du capitalisme dans le pays.

Le communisme de guerre avait été une tentative de prendre d’assaut, par une attaque de front, la forteresse des éléments capi­talistes à la ville et à la campagne. Dans cette offensive le Parti s’était poussé loin en avant, risquant de se détacher de sa base. Maintenant, Lénine proposait de recoller un peu, de se replier pour un temps plus près de l’arrière, de passer de l’assaut à un siège plus prolongé de la forteresse, pour accumuler des forces et ensuite, reprendre l’offensive.

Les trotskistes et autres membres de l’opposition estimaient que la Nep était simplement un recul.

Une pareille interprétation leur était avantageuse, puisqu’ils visaient à la restauration du ca­pitalisme. C’était là une interprétation profondément pernicieuse, antiléniniste, de la Nep. En réalité, un an seulement après l’insti­tution de la Nep, au XIecongrès du Parti, Lénine déclara que la retraite était terminée et lança le mot d’ordre : « Préparation de l’offensive contre le capital privé dans l’économie. » (Lénine, t. XXVII, p. 213, éd. russe.)

Les membres de l’opposition, qui étaient de mauvais marxis­tes et de fieffés ignorants en matière de politique bolchévique, ne comprenaient ni la nature de la Nep, ni le caractère du recul en­trepris au début de la Nep. De la nature de la Nep, nous avons déjà parlé plus haut. Quant au caractère du recul, il convient de dire que les reculs diffèrent. Il est des moments où le parti ou bien l’armée doivent se replier parce qu’ils ont subi une défaite.

Dans ces cas-là, le parti ou l’armée recule pour rester sauf et sauvegarder ses cadres en vue de nouvelles batailles. Ce n’était point ce genre de recul que proposait Lénine lors de l’institution de la Nep, attendu que le Parti, loin d’essuyer une défaite et d’avoir été battu, avait lui-même battu les envahisseurs et les gardes blancs pendant la guerre civile. Mais il est des moments où le parti victorieux, ou l’armée, dans son offensive, prend trop les devants, sans s’assurer une base à l’arrière.

De là résulte un sé­rieux danger. Dans ces cas-là, un parti expérimenté, ou une armée expérimentée, estime généralement nécessaire, pour ne pas se cou­per de sa base, de se replier un peu, en se rapprochant de son arrière, afin de se lier plus solidement avec sa base de l’arrière, de se munir de tout le nécessaire et de reprendre ensuite l’offensive avec plus d’assurance, avec les garanties du succès. C’est justement ce genre de recul momentané que réalisa Lénine sous la Nep.

En exposant devant le IVe congrès de l’Internationale communiste les causes qui avaient déterminé l’institution de la Nep, Lénine décla­ra expressément : « Dans notre offensive économique nous avons trop pris les devants, sans nous être assuré une base suffisante » ; c’est pourquoi il était indispensable d’opérer un recul momentané vers un arrière sûr.

Le malheur de l’opposition fut que son ignorance ne lui per­mettait pas et ne lui a jamais permis de comprendre cette parti­cularité du recul sous la Nep. La décision du Xe congrès sur la Nep assurait une solide allian­ce économique de la classe ouvrière et de la paysannerie pour la construction du socialisme. Cette tâche essentielle était servie encore par une autre déci­sion du congrès, sur la question nationale.

Le rapport fut présenté par le camarade Staline. Nous avons supprimé l’oppression natio­nale, dit le camarade Staline, mais cela ne suffit pas. La tâche consiste à supprimer le lourd héritage du passé, le retard écono­mique, politique et culturel des peuples autrefois opprimés. Il faut les aider à rattraper à cet égard la Russie centrale.

Le camarade Staline signala ensuite deux déviations hostiles au Parti dans la question nationale : le chauvinisme impérialiste (grand-russe) et le nationalisme local. Le congrès condamna les deux déviations comme nuisibles et dangereuses pour le commu­nisme et l’internationalisme prolétarien. Ce faisant, le congrès dirigea le coup le plus fort contre le chauvinisme grand-russe, qui constituait le danger principal, c’est-à-dire contre les restes et les survivances de l’attitude envers les nationalités analogue à celle que les chauvins grands-russes, au temps du tsarisme, adoptaient vis-à-vis des peuples non russes.

**3. Premiers résultats de la Nep. XIe congrès du Parti. Formation de l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques. Maladie de Lénine. Le plan coopératif de Lénine. XIIe congrès du Parti.

La mise en application de la Nep rencontrait la résistance des éléments instables du Parti. Cette résistance se manifestait de deux côtés. D’une part s’élevaient les braillards « de gauche », les avortons politiques du genre Lominadzé, Chattskine et autres, qui « démontraient » que la Nep, c’était l’abandon des conquêtes de la Révolution d’Octobre, le retour au capitalisme, la mort du pouvoir des Soviets.

Ces gens-là, par ignorance politique et par méconnaissance des lois du développement économique, ne comprenaient pas la politique du Parti, tombaient dans la panique et semaient autour d’eux la démoralisation.

D’autre part, on avait les francs capitulards, genre Trotski, Radek, Zinoviev, Sokolnikov, Kaménev, Chlianikov, Boukharine, Rykov, d’autres encore, qui ne croyaient pas à la possibilité du développement socialiste de notre pays ; ils s’inclinaient devant la « puissance » du capitalisme et, visant à affermir les positions du capitalisme dans le pays des Soviets, réclamaient que des concessions importantes fussent faites au capital privé, tant à l’intérieur du pays qu’au dehors ; ils demandaient que fussent livrés au capital privé une série de postes de commandement du pouvoir soviétique dans l’économie nationale sous la forme de concessions ou de sociétés mixtes par actions, auxquelles participerait le capital privé.

Les uns comme les autres étaient étrangers au marxisme, au léninisme.

Le Parti dénonça et isola les premiers et les seconds. Il infligea une riposte décisive aux paniquards et aux capitulards.

Une telle résistance à la politique du Parti rappelait une fois de plus la nécessité de l’épurer de ses éléments instables. C’est dans ces conditions que le Comité central accomplit un important travail de renforcement du Parti, en organisant son épuration en 1921. L’épuration se fit avec la participation des sans-parti, dans des réunions publiques. Lénine avait recommandé de chasser du Parti « … les filous, les communistes bureaucratisés, malhonnêtes, mous, et les menchéviks qui ont « repeint façade » mais qui, dans l’âme, sont restés des menchéviks ». (Lénine, Œuvres choisies, t. II, p. 908.)

Au total, on exclut par l’épuration jusqu’à 170 000 personnes, soit environ 25% de tout l’effectif du Parti.

L’épuration fortifia considérablement le Parti, en améliora la composition sociale, renforça la confiance des masses à son égard, éleva son autorité. La cohésion et l’esprit de discipline augmentèrent.

La première année de la nouvelle politique économique prouva la justesse de cette politique. Le passage à la Nep avait sensiblement fortifié l’alliance des ouvriers et des paysans sur une base nouvelle. La puissance et la solidité de la dictature du prolétariat s’étaient accrues. Le banditisme des koulaks avait été presque entièrement liquidé. Les paysans moyens, depuis la suppression du système des prélèvements, aidaient le pouvoir soviétique à lutter contre les bandes koulaks. Le pouvoir des Soviets conservait en mains tous les postes de commandement de l’économie nationale : la grande industrie, les transports, les banques, la terre, le commerce intérieur, le commerce extérieur. Le Parti avait opéré un tournant sur le front économique.

L’agriculture fit bientôt des progrès. L’industrie et les transports enregistrèrent leurs premiers succès. On assista à un essor économique encore très lent, mais certain. Les ouvriers et les paysans se rendirent compte que le Parti était dans la bonne voie.

En mars 1922 se réunit le XIe congrès du Parti. Il comptait 522 délégués avec voix délibérative, représentant 532 000 membres du Parti, c’est-à-dire moins qu’au congrès précédent. Il y avait 165 délégués avec voix consultative. Cette diminution du nombre des adhérents s’expliquait par l’épuration qui avait commencé dans les rangs du Parti.

Au congrès, le Parti dressa le bilan de la première année de la nouvelle politique économique, bilan qui permit à Lénine de déclarer :

« Nous avons reculé pendant un an. Nous devons maintenant dire au nom du Parti : Assez ! Le but que visait le recul est atteint. Cette période se termine ou est terminée. Maintenant un autre objectif s’impose : regrouper les forces. » (Lénine, t. XXVII, p. 238, éd. russe.)

Lénine indiquait que la Nep signifiait une lutte acharnée, une lutte à mort entre le capitalisme et le socialisme. « Qui l’emportera ? » voilà comment se pose la question. Pour vaincre, il faut assurer l’alliance de la classe ouvrière et de la paysannerie de l’industrie socialiste et de l’économie paysanne, en développant par tous les moyens les échanges entre la ville et la campagne. Pour cela, il est nécessaire d’apprendre à bien gérer notre économie, d’apprendre à faire le commerce sous des formes cultivées.

Le commerce, en cette période, apparaissait comme le maillon essentiel dans la chaîne des problèmes qui se posaient au Parti. Avant d’avoir résolu ce problème, on ne pouvait développer les échanges entre la ville et la campagne, on ne pouvait renforcer l’alliance économique des ouvriers et des paysans, on ne pouvait relever l’agriculture, tirer l’industrie de la ruine.

Le commerce soviétique, à ce moment, était encore très faible. Très faible l’appareil commercial. Les communistes n’avaient pas encore les habitudes du commerce ; ils n’avaient pas encore appris à reconnaître l’ennemi, le nepman [Employeur privé, marchand, spéculateur dans la première période de la nouvelle politique économique. (N. des Trad.)] ; ils n’avaient pas encore appris à le combattre. Les commerçants privés, — les nepmans, — mettaient à profit la faiblesse du commerce soviétique et accaparaient le commerce des tissus et autres marchandises d’usage courant. Le problème de l’organisation du commerce de l’État et du commerce coopératif prenait une importance considérable.

À la suite du XIe congrès, l’activité économique redoubla de vigueur. On mit heureusement fin aux conséquences de la mauvaise récolte qui avait frappé le pays. L’économie paysanne se redressa rapidement. Les chemins de fer fonctionnèrent mieux. On vit se multiplier le nombre des fabriques et des usines qui reprenaient le travail.

En octobre 1922, la République soviétique célébra une grande victoire : l’Armée rouge et les partisans d’Extrême-Orient avaient libéré de l’intervention japonaise Vladivostok, le dernier secteur de la terre soviétique qui se trouvait encore entre les mains de l’envahisseur.

Maintenant que tout le territoire du pays était libéré de l’intervention et que les tâches de la construction socialiste et de la défense exigeaient que fût encore renforcée l’alliance des peuples du pays des Soviets, une question se posait : grouper encore plus étroitement les Républiques soviétiques en une seule union, en un seul État. Il s’agissait de réunir toutes les forces populaires en vue de construire le socialisme.

Il s’agissait d’organiser une défense vigoureuse du pays. Il s’agissait d’assurer le développement harmonieux et complet de toutes les nationalités de notre patrie. Et c’est pourquoi il fallait rapprocher encore davantage, entre eux, tous les peuples du pays des Soviets.

En décembre 1922 se tint le Ier congrès de Soviets de l’URSS. À ce congrès, sur la proposition de Lénine et de Staline fut réalisée l’union librement consentie des peuples soviétiques en un seul État : l’Union des Républiques socialistes soviétiques (URSS).

Au début firent partie de l’URSS : la République socialiste fédérative de Russie (RSFSR), la République socialiste fédérative de Transcaucasie (RSFST), la République socialiste soviétique d’Ukraine (RSSU) et la République socialiste soviétique de Biélorussie (RSSB). À quelque temps de là se constituèrent en Asie centrale trois Républiques soviétiques fédérées indépendantes : la République d’Ouzbékie, la république de Turkménie et la république de Tadjikie. Maintenant, toutes ces Républiques sont également rentrées dans l’Union des États soviétiques, dans l’URSS, sur la base du libre consentement et de l’égalité en droits, chacune d’elles conservant le droit de sortir librement de l’Union soviétique.

Créer l’Union des Républiques socialistes soviétiques, c’était renforcer le pouvoir des Soviets ; c’était, pour la politique léniniste stalinienne du Parti bolchévik, remporter une grande victoire dans la question nationale.

En novembre 1922, Lénine prit la parole à l’Assemblée plénière du Soviet de Moscou.

Dressant le bilan des cinq années d’existence du pouvoir des Soviets, Lénine dit sa conviction ferme que « de la Russie de la Nep sortirait la Russie socialiste ». Ce fut son dernier discours devant le pays. En automne 1922, un grand malheur frappa le Parti : Lénine tomba gravement malade. Tout le parti, tous les travailleurs ressentirent la maladie de Lénine comme une grande douleur personnelle. Tous vivaient dans l’angoisse, craignant pour les jours de Lénine tant aimé.

Mais, même pendant sa maladie, Lénine continuait son travail. Alors qu’il était déjà gravement atteint, il écrivit une série d’articles de grande portée. C’étaient ses derniers articles ; il y dressait le bilan du travail accompli et y traçait un plan pour construire le socialisme dans notre pays en entraînant la paysannerie à cette œuvre : pour l’y associer, Lénine présenta son plan de coopération dans le cadre du plan général qu’il donnait.

C’était la coopération en général, et la coopération agricole en particulier, qui constituait aux yeux de Lénine le moyen accessible et compréhensible aux millions de paysans qui permettrait de passer des petites exploitations individuelles aux grandes associations de production, aux kolkhoz. Lénine indiquait que le développement de l’agriculture de notre pays devait passer par la participation des paysans à la construction socialiste sous la forme de la coopération, par une introduction graduelle des principes du collectivisme dans l’agriculture, d’abord dans le domaine de l’écoulement des produits agricoles, puis dans celui de leur production. Lénine indiquait que, quand on a la dictature du prolétariat et l’alliance de la classe ouvrière avec la paysannerie, quand on a la direction assurée au prolétariat, à l’égard de la paysannerie, quand on dispose d’une industrie socialiste, la coopération de production judicieusement organisée et englobant des millions de paysans constitue le moyen qui permet de construire dans notre pays la société socialiste intégrale.

En avril 1923 se tint le XIIe congrès du Parti. Ce fut le premier congrès depuis la prise du pouvoir par les bolchéviks, auquel Lénine ne put assister. Le congrès réunit 408 délégués avec voix délibérative, représentant 386 000 membres du Parti, c’est-à-dire moins qu’au congrès précédent. C’était le résultat de l’épuration qui se poursuivait et qui avait entraîné l’exclusion d’une portion considérable d’adhérents. Les délégués avec voix consultative étaient au nombre de 417.

Dans ses décisions, le XIIe congrès du Parti tint compte de toutes les indications que Lénine avait données dans ses derniers articles et ses dernières lettres.

Le congrès infligea une riposte vigoureuse à tous ceux qui concevaient la Nep comme un abandon des positions socialistes, comme une reddition de nos positions au capitalisme, à ceux qui proposaient de se laisser asservir par le capitalisme. Ces propositions furent faites au congrès par Radek et Krassine, partisans de Trotski. Ils proposèrent de rendre à la merci des capitalistes étrangers, de leur livrer sous forme de concessions les industries qui offraient un intérêt vital pour l’État soviétique. Il proposèrent de payer les dettes contractées par le gouvernement tsariste et annulées par la Révolution d’Octobre. Ces propositions de capitulation furent stigmatisées par le Parti comme une trahison. Le Parti ne se refusa pas à utiliser la politique des contrats de concession, mais il l’accepta seulement pour des branches d’industries déterminées et dans des proportions avantageuses à l’État soviétique.

Dès avant le congrès, Boukharine et Sokolnikov avaient proposé de supprimer le monopole du commerce extérieur. Cette proposition était également due à leur façon de comprendre la Nep comme une reddition de nos positions au capitalisme. Lénine stigmatisa à ce moment Boukharine qu’il qualifia de défenseur des spéculateurs, des nepmans, des koulaks. Le XIIe congrès du Parti repoussa résolument ces attaques contre le monopole intangible du commerce extérieur.

Il battit également Trotski, qui tentait d’imposer au Parti une politique néfaste à l’égard de la paysannerie. Le congrès indiqua qu’on ne pouvait pas oublier un fait comme la prédominance de la petite exploitation paysanne dans le pays. Il souligna que le développement de l’industrie, — y compris celui de l’industrie lourde, — ne devait pas aller à l’encontre des intérêts des masses paysannes, mais en alliance avec elles, au profit de la population travailleuse toute entière. Ces décisions étaient dirigées contre Trotski qui entendait monter l’industrie en exploitant l’économie paysanne, et désavouait en fait la politique d’alliance du prolétariat avec la paysannerie.

Trotski proposait en même temps que l’on fermât des entreprises aussi grandes, aussi importantes pour la défense que les usines Poutilov, celles de Briansk et autres, lesquelles, à ce qu’il disait, ne rapportaient pas. Le congrès, indigné, repoussa ses propositions.

Conformément à une proposition écrite que Lénine lui avait adressée, le XIIe congrès constitua un organisme unifié : la Commission centrale de contrôle de l’Inspection ouvrière et paysanne. Une tâche lourde de responsabilité incombait à cet organisme : veiller à l’unité de notre Parti, renforcer la discipline dans le Parti et dans l’État, perfectionner par tous les moyens l’appareil de l’État soviétique.

Le congrès accorda une attention sérieuse à la question nationale. Le rapporteur de cette question était le camarade Staline. Il souligna l’importance internationale de notre politique dans la question nationale. Les peuples opprimés d’Occident et d’Orient voient dans l’Union soviétique un parfait exemple de la façon dont il convient de résoudre la question nationale et de supprimer l’oppression des nationalités.

Le camarade Staline affirma la nécessité de travailler énergiquement à faire disparaître l’inégalité économique et culturelle entre les peuples de l’Union soviétique. Il appela l’ensemble du Parti à lutter résolument contre les déviations dans la question nationale : le chauvinisme grand-russe et le nationalisme local bourgeois.

Le congrès démasqua les tenants des déviations nationalistes et leur politique à prétentions impérialistes à l’égard des minorités nationales. En ce temps-là s’élevaient contre le Parti les nationalistes géorgiens, Mdivani et autres. Ils étaient contre la création d’une fédération transcaucasienne, contre le raffermissement des liens d’amitié entre les peuples de Transcaucasie.

Ils se comportaient envers les autres nationalités de Géorgie comme de vrais chauvins impérialistes. Ils expulsaient de Tiflis tous les non-Géorgiens, les Arméniens surtout ; ils avaient édicté une loi aux termes de laquelle toute Géorgienne qui se mariait avec un non-Géorgien, perdait la citoyenneté géorgienne. Les nationalistes géorgiens étaient soutenus par Trotski, Radek, Boukharine, Skrypnik, rakovski.

Peu après le congrès, on convoqua une conférence des militants des Républiques nationales pour étudier spécialement la question nationale. C’est là que fut démasqué le groupe des nationalistes bourgeois tatars : Soultan-Galiev et autres, de même que le groupe des nationalistes ouzbeks : Faïzoulla khodjaev et autres.

Le XIIe congrès du Parti dressa le bilan des deux années de nouvelle politique économique. Ce bilan inspirait l’optimisme et la certitude dans la victoire finale.

« Notre Parti est resté soudé, cohérent ; il a su opérer un tournant prodigieux, et il va de l’avant, drapeaux largement déployés », déclara au congrès le camarade Staline.

**4. Lutte contre les difficultés du rétablissement de l’économie nationale. Recrudescence de l’activité trotskiste en rapport avec la maladie de Lénine. Nouvelle discussion dans le Parti. Défaite des trotskistes. Mort de lénine. Promotion lénine. XIIIe congrès du Parti.

Les premières années de lutte pour le rétablissement de l’éco­nomie nationale furent marquées par des succès considérables. Vers 1924, on observait un essor dans tous les domaines. La super­ficie ensemencée s’était accrue sensiblement depuis 1921, l’écono­mie paysanne se fortifiait de plus en plus. L’industrie socialiste était en progression. Les effectifs de la classe ouvrière s’étaient notablement accrus. Les salaires avaient augmenté. Les ouvriers et les paysans vivaient mieux, plus à l’aise que dans les années 1920-1921.

Mais les conséquences de la ruine économique se faisaient toujours sentir. L’industrie retardait encore sur le niveau d’avant-guerre ; son développement retardait sur le développement des besoins du pays.

Fin 1923, on comptait près d’un million de chô­meurs : la lenteur du progrès de l’économie nationale ne permet­tait pas de résorber le chômage. Le commerce se développait avec des à-coups, en raison des prix démesurément élevés des articles fabriqués en ville, prix qui étaient imposés au pays par les nep­mans proprement dits et par les éléments nepmans de nos organi­sations commerciales. De ce l’ait, le rouble soviétique subissait de fortes fluctuations, il se dépréciait. Tout cela freinait l’améliora­tion de la situation des ouvriers et des paysans.

Vers l’automne 1923, les difficultés économiques se trouvèrent quelque peu aggravées en raison des infractions à la politique so­viétique des prix qu’avaient commises nos organismes industriels et commerciaux.

On constata un écart marqué entre les prix des marchandises industrielles et ceux des produits agricoles. Les prix du blé étaient bas ; ceux des articles industriels, exorbitants. Les frais généraux étaient énormes dans l’industrie, d’où le renché­rissement des marchandises. L’argent que la paysannerie tirait de la vente de son blé se dépréciait rapidement.

Au surplus, le trot­skiste Piatakov, alors installé au Conseil supérieur de l’économie nationale, avait donné une directive criminelle aux dirigeants de l’industrie : drainer le plus de profits possible de la vente des marchandises manufacturées, hausser sans retenue les prix soi-disant pour développer l’industrie. En réalité, ce mot d’ordre nepman ne pouvait aboutir qu’à un rétrécissement de la base de la production industrielle et à la ruine de l’industrie. Dans ces conditions, la paysannerie n’avait pas intérêt à acquérir les marchandises de la ville ; elle cessa de les acheter. Et ce fut la crise des débouchés, qui se répercuta dans l’industrie. Des difficultés surgirent pour le paiement des salaires, ce qui provoqua le mécontentement des ouvriers. Dans certaines fabriques, les ouvriers les moins conscients abandonnaient le travail.

Le Comité central du Parti envisagea les moyens d’éliminer ces difficultés et ces défauts. Des mesures turent prises pour liqui­der la crise des débouchés. On réduisit les prix des articles de grande consommation. Une réforme monétaire fut décidée : l’a­doption d’une devise ferme et stable, le tschervonetz. On fit ré­gner l’ordre dans le paiement des salaires aux ouvriers. Des me­sures furent envisagées pour développer le commerce par les or­ganismes soviétiques et coopératifs et évincer du commerce les commerçants privés et les spéculateurs de toute sorte.

Il fallait se mettre à la besogne avec ensemble, les manches retroussées. Ainsi pensaient et agissaient les hommes dévoués au Parti. Mais telle n’était pas la conduite des trotskistes. Pro­fitant de l’absence de Lénine, à qui une grave maladie avait fait quitter les rangs, ils déclenchèrent une nouvelle offensive contre le Parti et se direction. Ils jugeaient le moment favorable pour battre le Parti et renverser sa direction.

Tout était bon pour eux dans leur lutte contre le Parti : et la défaite de la révolution en Allemagne et en Bulgarie à l’automne de 1923, et les difficultés économiques dans le pays, et la maladie de Lénine. C’est juste­ment dans celle période difficile pour l’État soviétique, au mo­ment où le chef du Parti était cloué sur son lit, que Trotski entre­prit son attaque contre le Parti bolchévik. Après avoir groupé au­tour de lui tous les éléments antiléninistes du Parti, il confection­na une plate-forme de l’opposition, dirigée contre le Parti, contre sa direction, contre sa politique.

Cette plate-forme s’appela : décla­ration des 46. Dans la lutte contre le Parti de Lénine s’étaient unis tous les groupes d’opposition : trotskistes, partisans du « centralis­me démocratique », et ce qui restait des « communistes de gau­che » et de l’ « opposition ouvrière ». Dans leur déclaration, ils pronostiquaient une grave crise économique et l’effondrement du pouvoir dos Soviets ; ils réclamaient la liberté des fractions et des groupes comme étant la seule issue à la situation.

C’était donc une lutte pour la reconstitution des fractions interdites, sur la proposition de Lénine, par le Xecongrès du Parti.

Les Trotskistes ne soulevèrent aucun problème concret en vue d’améliorer l’industrie ou l’agriculture, le commerce national, la situation des travailleurs. Au reste, ils s’y intéressaient fort peu. Une seule chose les intéressait : profiter de l’absence de Lénine pour reconstituer les fractions au sein du Parti et ébranler les fon­dements du Parti, ébranler son Comité central.

À la suite de la plate-forme des 46, Trotski lança une lettre dans laquelle il couvrait de boue les cadres du Parti et formulait une série de nouvelles accusations calomnieuses contre le Parti. Il reprenait dans cette lettre les vieux refrains menchéviks que le Parti lui avait entendu répéter maintes fois.

Avant tout, les trotskistes s’attaquaient à l’appareil du Parti. Ils comprenaient que ce dernier ne pouvait vivre ni travailler sans un appareil solidement charpenté. L’opposition s’employa à ébranler, à détruire cet appareil, à opposer les membres du Parti à son appareil et à opposer les jeunes aux vieux cadres du Parti. Dans sa lettre, Trotski misait sur la jeunesse des écoles, sur les jeunes membres du Parti, qui ne connaissaient pas l’histoire de la lutte du Parti contre le trotskisme.

Pour conquérir la jeunesse stu­dieuse Trotski la flattait en l’appelant « le plus sûr baromètre du Parti » : il déclarait en même temps que la vieille garde léniniste était en dégénérescence. Faisant allusion aux chefs tarés de la IIe Internationale, i1 insinuait bassement que la vieille garde bolche­vique suivait leurs traces. Il criait à la dégénérescence du Parti pour mieux masquer sa propre dégénérescence et ses desseins di­rigés contre le Parti.

Les deux documents de l’opposition, — la plate-forme des 46 et la lettre de Trotski, — furent expédiés par les trotskistes dans les rayons et les cellules, et proposés à l’examen des mem­bres du Parti. On provoquait le Parti à la bataille.

Ainsi, tout comme au moment de la discussion syndicale avant le Xe congrès, on imposait maintenant au Parti une discussion gé­nérale. Bien que le Parti fût préoccupé par des problèmes économi­ques autrement graves, il releva le défi et ouvrit la discussion.

Elle s’étendit à l’ensemble du Parti. La lutte prit un caractère acharné. Elle fut particulièrement âpre à Moscou. Les trotskistes visaient à s’emparer tout d’abord de l’organisation bolchévique de la capitale. Mais la discussion ne leur fut d’aucune aide. Elle les confondit. Ils furent battus à plate couture tant à Moscou que dans l’ensemble de l’Union soviétique. Seules quelques cellules d’écoles supérieures et d’administrations votèrent en leur faveur.

En janvier 1924 se réunit la XIIIe conférence du Parti. Elle entendit le rapport du camarade Staline, qui tirait les enseignements de la discussion. La conférence condamna l’opposition trot­skiste en déclarant qu’en l’espèce le Parti avait affaire à une déviation petite-bourgeoise du marxisme. Les décisions de la conférence furent confirmées plus tard par le XIIIe congrès du Parti et le Ve congrès de l’Internationale communiste. Le prolétariat communiste international soutint le Parti bolchévik dans sa lutte contre le trotskisme.

Mais les trotskistes ne cessèrent point leur travail de sape. En automne 1924, Trotski publia un article « Les leçons d’Oc­tobre », dans lequel il tentait de substituer le trotskisme au léninisme. Cet article n’était qu’un tissu de calomnies contre notre Parti, contre son chef Lénine. Tous les ennemis du communisme et du pouvoir des Soviets se saisirent de cette méchante plaquette de diffamation.

Le Parti repoussa avec indignation la ca­lomnie de Trotski contre l’histoire héroïque du bolchévisme. Le camarade Staline dénonça la tentative de Trotski de substituer le trotskisme au léninisme. Dans ses interventions, le camarade Staline déclara : « La tâche du Parti consiste à enterrer le trot­skisme en tant que courant idéologique. »

L’ouvrage théorique du camarade Staline : Des principes du léninisme, paru en 1924, eut une importance considérable pour l’écrasement idéologique du trotskisme et la défense du léninisme. Cette brochure est un exposé magistral et une importante justifi­cation théorique du léninisme. Elle fournit alors et continue de fournir aujourd’hui aux bolchéviks du monde entier l’arme acérée de la théorie marxiste-léniniste.

Dans les batailles contre le trotskisme, le camarade Staline rallia le Parti autour de son Comité central et le mobilisa en vue de la lutte nouvelle pour la victoire du socialisme dans notre pays. Le camarade Staline sut prouver que l’écrasement idéologique du trotskisme est une condition nécessaire pour assurer la marche victorieuse au socialisme.

En dressant le bilan de cette période de lutte contre le trots­kisme, le camarade Staline a dit :

« Sans avoir battu le trotskisme, il est impossible de vain­cre dans les conditions de la Nep, impossible de transformer la Russie d’aujourd’hui en Russie socialiste. »

Mais les succès de la politique léniniste du Parti furent en­deuillés par le malheur immense qui frappa le Parti et la classe ouvrière. Le 21 janvier 1924, à Gorki, près de Moscou, mou­rut notre chef et notre éducateur, Lénine, le fondateur du Parti bolchévik. La classe ouvrière du monde entier accueillit la nou­velle de la mort de Lénine comme la perte la plus douloureuse.

Le jour des obsèques, le prolétariat international proclama un arrêt du travail de cinq minutes. Les chemins de fer s’immobilisèrent, le travail fut interrompu dans les usines et les fabriques. C’est ainsi que les travailleurs du monde entier, dans leur suprême af­fliction, rendirent hommage à leur père et à leur éducateur, à leur meilleur ami et défenseur, à Lénine.

La classe ouvrière de l’Union soviétique répondit à la mort de Lénine en se ralliant encore plus étroitement autour du Parti léniniste. En ces jours de deuil, chaque ouvrier conscient médita sur l’attitude qu’il devait prendre à l’égard du Parti communiste, qui appliquait les préceptes de Lénine. Des milliers et des milliers de demandes d’adhésion, émanant d’ouvriers, affluèrent au Co­mité central.

Le Comité central alla au-devant de ce mouvement et proclama l’admission en masse des ouvriers d’avant-garde dans le Parti ; il proclama la promotion Lénine. Par dizaines de mil­liers, on vit adhérer de nouveaux ouvriers au Parti, on vit adhérer tous ceux qui étaient prêts à sacrifier leur vie pour la cause du Parti, pour la cause de Lénine En un court espace de temps, plus de 240.000 ouvriers rejoignirent les rangs du Parti bolchévik. Celui-ci vit affluer dans son sein la partie avancée de la classe ouvrière, la plus consciente et la plus révolutionnaire, la plus cou­rageuse et la plus disciplinée. C’était la promotion Lénine.

La mort de Lénine montra combien notre Parti était proche des masses ouvrières, combien leur était cher le Parti de Lénine. En ces jours de deuil, au IIe congrès des Soviets de l’U.R.S.S., le camarade Staline fit un serment solennel au nom du Parti, il dit :

« Nous sommes, nous, communistes, des gens d’une fac­ture à part. Nous sommes taillés dans une étoffe à part. Nous formons l’armée du grand stratège prolétarien, l’armée du camarade Lénine. Il n’est rien de plus haut que l’honneur d’appartenir à cette armée. Il n’est rien de plus haut que le titre de membre du Parti qui a pour fondateur et pour diri­geant le camarade Lénine…

En nous quittant, le camarade Lénine nous a recom­mandé de tenir haut et de garder dans sa pureté le glorieux titre de membre du Parti. Nous te jurons, camarade Lénine, d’accomplir avec honneur ta volonté ! …

En nous quittant, le camarade Lénine nous a recommandé de garder l’unité de notre Parti comme la prunelle de nos yeux. Nous te jurons, camarade Lénine, que là encore nous accomplirons avec honneur ta volonté ! …

En nous quittant, le camarade Lénine nous a recommandé de sauvegarder et d’affermir la dictature du prolétariat. Nous te jurons, camarade Lénine, de ne pas épargner nos forces pour, là encore, accomplir avec honneur ta volonté !…

En nous quittant, le camarade Lénine nous a recommandé de consolider de toutes nos forces l’alliance des ouvriers et des paysans. Nous te jurons, camarade Lénine, que là encore nous accomplirons avec honneur ta volonté !…

Le camarade Lénine nous a toujours parlé de la nécessité d’une alliance librement consentie des peuples de notre pays, de la nécessité de leur collaboration fraternelle dans le cadre de l’Union des Républiques. En nous quittant, le camarade Lénine nous a recommandé de consolider et détendre l’Union des Républiques Nous te jurons, camarade Lénine, que là encore nous accomplirons avec honneur ta volonté !…

Maintes fois Lénine nous a indiqué que le renforcement de l’Armée rouge et son perfectionnement sont une des tâches les plus importantes de notre Parti… Jurons donc, camarades, de ne pas épargner nos efforts pour renforcer notre Armée rouge, notre Flotte rouge…

En nous quittant, le camarade Lénine nous a recommandé la fidélité aux principes de l’Internationale communiste. Nous te jurons, camarade Lénine, que nous n’épargnerons pas notre vie pour consolider et étendre l’union des travailleurs du monde entier, l’Internationale communiste ! »

Tel fut le serment du Parti bolchévik à son chef Lénine, qui vivra dans les siècles.

En mai 1924 se tint le XIIIe congrès du Parti. À ce congrès assistèrent 748 délégués avec voix délibérative, représentant 735.881 membres du Parti. Cette forte augmentation des effec­tifs par rapport au congrès précédent s’explique par l’adhésion au Parti d’environ 250.000 nouveaux membres de la promotion Lénine. Les délégués avec voix consultative étaient au nombre de 416.

Le congrès condamna unanimement la plate-forme de l’opposition trotskiste en la qualifiant de déviation petite-bourgeoise du marxisme, de révision du léninisme ; il confirma les résolu­tions de la XIIIe conférence du Parti « Sur la construction du Par­ti » et « Sur le bilan de la discussion ».

Mû par la volonté de renforcer l’alliance de la ville et de la campagne, le congrès donna la directive de développer encore l’in­dustrie, en premier lieu l’industrie légère ; il affirma en même temps la nécessité de hâter le développement de la métallurgie.

Le congrès ratifia la création d’un Commissariat du peuple du Commerce intérieur ; il fixa pour tâche à tous les organis­mes commerciaux de prendre possession du marché et d’évincer du commerce le capital privé.

Le congrès fixa la tâche d’élargir le crédit à bon marché ac­cordé par l’État à la paysannerie et d’éliminer de la campagne les usuriers. Le congrès indiqua que le mot d’ordre principal à la cam­pagne était de mettre tout en œuvre pour rassembler les mas­ses paysannes dans les coopératives. Enfin, le congrès montra l’importance extraordinaire de la promotion Lénine, et attira l’attention du Parti sur la nécessité d’instruire des principes du léninisme les jeunes adhérents du Par­ti, avant tout ceux de la promotion Lénine.

**5. L’Union Soviétique à la fin de la période de rétablissement. Le problème de la construction socialiste et de la victoire du socialisme dans notre pays. La « nouvelle opposition » Zinoviev-Kaménev. XIVe congrès du Parti. Orientation vers l’industrialisation socialiste du pays.

Il s’était écoulé plus de quatre années de travail tenace du Parti bolchévik et de la classe ouvrière dans la voie de la nouvelle politique économique. Le travail héroïque accompli en vue de rétablir l’économie nationale touchait à sa fin. On voyait gran­dir de plus en plus la puissance économique et politique de l’U.R.S.S.

La situation internationale s’était modifiée vers cette époque. Le capitalisme avait résisté au premier assaut révolutionnaire des masses après la guerre impérialiste. Le mouvement révolutionnaire d’Allemagne, d’Italie, de Bulgarie, de Pologne et d’une série d’au­tres pays avait été écrasé. Dans cette besogne, la bourgeoisie avait été secondée par les chefs des partis conciliateurs social-démocra­tes.

On assistait à un reflux momentané de la révolution. Et ce fut la stabilisation temporaire, partielle, du capitalisme en Europe occidentale, la consolidation partielle de ses positions.

Mais la sta­bilisation du capitalisme n’avait pas supprimé les contradictions fondamentales qui déchirent la société capitaliste. Au contraire : la stabilisation partielle aggrava les antagonismes entre les ou­vriers et les capitalistes, entre l’impérialisme et les peuples colo­niaux, entre les groupes impérialistes des divers pays. La stabili­sation prépara une nouvelle explosion d’antagonismes, des crises nouvelles dans les pays du capitalisme.

Parallèlement à la stabilisation du capitalisme s’opérait la sta­bilisation de l’Union soviétique. Toutefois, ces deux stabilisations se distinguaient foncièrement l’une de l’autre. La stabilisation ca­pitaliste annonçait une nouvelle crise du capitalisme. La stabilisa­tion de l’Union soviétique signifiait un nouveau progrès de la puis­sance économique et politique du pays du socialisme.

Malgré la défaite de la révolution en Occident, la situation internationale de l’Union soviétique continuait de se consolider, à un rythme moins rapide il est vrai. En 1922, l’Union soviétique fut invitée à une conférence éco­nomique internationale tenue à Gênes, en Italie.

À cette confé­rence, les gouvernements impérialistes encouragés par la défaite de la révolution dans les pays du capitalisme, essayèrent d’exercer une nouvelle pression sur la République des Soviets, cette fois sous la forme diplomatique.

Les impérialistes présentèrent au pays des Soviets des exigences scandaleuses. Ils demandaient que les fabriques et les usines nationalisées par la Révolution d’Octobre fussent restituées aux capitalistes étrangers et que fussent payées toutes les dettes du gouvernement tsariste. C’est à ces conditions que les États impérialistes promettaient à l’État soviétique des emprunts, insignifiants d’ailleurs.

L’Union soviétique repoussa ces exigences. Les résultats de la conférence de Gênes furent nuls. La menace d’une nouvelle intervention armée, sous la for­me d’un ultimatum du ministre des Affaires étrangères anglais Curzon, en 1923, fait de même repoussée comme elle le méritait.

Après avoir éprouvé la solidité du pouvoir des Soviets et s’être convaincus de sa stabilité, les États capitalistes commencèrent à rétablir, l’un après l’autre, les relations diplomatiques avec notre pays. Au cours de l’année 1924, les relations diplomatiques furent rétablies avec l’Angleterre, la France, le Japon et l’Italie.

Il fut évident que le pays des Soviets était parvenu à s’as­surer toute une période de trêve.

La situation intérieure du pays avait changé, elle aussi. Le travail plein d’abnégation des ouvriers et des paysans dirigés par le Parti bolchévik portait ses fruits.

On assistait au déve­loppement rapide de l’économie nationale. Pendant l’exercice 1924-1925, l’agriculture approchait du niveau d’avant-guerre, dont elle atteignait déjà 87%. La grande industrie de l’U.R.S.S. fournit en 1925 près des trois quarts de la production industrielle d’avant-guerre. En 1924-1925, le pays des Soviets put déjà investir dans les grands travaux 385 000.000 de roubles.

On exécutait avec suc­cès le plan d’électrification du pays. Les postes de commandement du socialisme dans l’économie nationale se fortifiaient. De sérieux succès furent remportés au cours de la lutte contre le capital privé dans l’industrie et le commerce. L’essor de l’économie entraînait une nouvelle amélioration de la situation des ouvriers et des paysans. Les effectifs de la classe ouvrière grandissaient à un rythme accéléré. Les salaires augmentaient, de même que la productivité du travail La situation matérielle des paysans accusait une amélioration sensible.

L’État ouvrier et paysan put en 1924-1925, assigner jusqu’à 290.000.000 de roubles pour l’aide aux petits paysans. A la faveur du mieux-être des ouvriers et des paysans, l’activité politique des masses se développe fortement. La dictature du prolétariat se raffermit. Le Parti bolchévik voit grandir son autorité et son influence. Le rétablissement de l’économie nationale allait être achevé.

Mais il ne suffisait pas au pays des Soviets, au pays du socia­lisme en construction, de rétablir simplement l’économie, d’at­teindre simplement le niveau d’avant-guerre, qui était celui d’un pays arriéré. II fallait aller de l’avant. La trêve prolongée conqui­se par l’État soviétique assurait la possibilité de poursuivre l’œuvre constructive.

Mais ici se posait dans toute son ampleur la question des perspectives du caractère de notre développement, de notre construction, le problème des destinées du socialisme en Union soviétique. Dans quelle direction fallait-il orienter la construction économique en U.R.S.S. ?

Dans le sens du socialisme ou dans quelque autre sens ? Devions-nous et pouvions-nous construire l’économie socialiste, ou bien le sort nous réservait-il le soin d’engraisser le terrain pour une autre économie, pour l’économie capitaliste ? Etait-il possible d’une façon générale de construire l’économie socialiste en U.R.S.S. et si oui, était-il possible de la construire alors que la révolution tardait dans les pays capitalistes et que le capitalisme se stabilisait ?

Etait-il possible de construire l’économie socialiste en suivant la voie de la nouvelle politique économique qui, multipliant et étendant dans toute la mesure du possible les forces du socialisme dans le pays, accusait du même coup un progrès momentané du capitalisme ? Comment fallait-il construire, l’économie socialiste, et par quel bout commencer ?

Toutes ces questions se posaient au Parti à l’issue de la période de rétablissement, non plus comme des problèmes de théorie, mais comme des problèmes de pratique, des problèmes de la construction quotidienne de l’économie.

À toutes ces questions, il importait de donner des réponses claires et nettes, pour que les militants de notre Parti travaillant dans l’économie nationale où ils édifiaient l’industrie et l’agricul­ture, de même que le peuple tout entier, sachent de quel côté s’orien­ter, vers le socialisme ou vers le capitalisme.

Sans réponse claire à ces questions, tout notre travail pratique de construction aurait été privé de perspectives ; c’eût été travailler à l’aveuglette, travailler à vide. À toutes ces questions, le Parti répondit de façon claire et précise.

Oui, répondit le Parti, on peut et on doit construire une économie socialiste dans notre pays, puisque nous avons tout ce qui est nécessaire pour construire cette économie, pour construire la société socialiste intégrale.

En octobre 1917, la classe ouvrière a triomphé du capitalisme politiquement, en instaurant sa dictature politique. Depuis lors, le pouvoir des Soviets a pris toutes mesures utiles afin de briser la puissance économique du capitalisme et de créer les conditions nécessaires pour construire l’économie socialiste.

L’expropriation des capitalistes et des grands propriétaires fonciers ; la transformation de la terre, des fabriques, des usines, des voies de communication, des banques en propriété nationale ; l’institution de la nouvelle politique économique ; la construction d’une industrie socialiste d’État ; la mise en application du plan de coopération établi par Lénine, telles ont été les mesures en question.

Maintenant la tâche essentielle consiste à déployer à travers le pays la construction d’une économie nouvelle, socialiste, et à donner par là le coup de grâce au capitalisme sur le terrain économique également. Tout notre travail pratique, tous nos actes doivent être subordonnés à l’exécution de cette tâche primordiale. La classe ouvrière peut s’acquitter de cette tâche, et elle s’en acquittera. Il faut commencer l’exécution de cette tâche grandiose par l’industrialisation du pays.

L’industrialisation socialiste du pays, tel est le maillon essentiel dont il faut partir pour déployer la construction de l’économie socialiste. Ni le retard de la révolution en Occident, ni la stabilisation partielle du capitalisme dans les pays non soviétiques ne peuvent arrêter notre marche en avant vers le socialisme. La nouvelle politique économique ne peut que faciliter notre tâche, puisqu’elle a été instituée par le Parti justement pour faciliter la construction des fondements socialistes de notre économie nationale.

Telle fut la réponse faite par le Parti à la question de la- vic­toire de la construction socialiste dans notre pays.

Mais le Parti savait bien que ce n’était pas là épuiser le problème de la victoire du socialisme dans un seul pays.

La construction du socialisme en U.R.S.S. marque un tournant prodigieux dans l’histoire de l’humanité ; elle marque de la part de la classe ouvrière et de la paysannerie de ce pays une victoire d’une portée historique universelle. Mais cette construction représente toutefois une œuvre intérieure de l’U.R.S.S., elle ne constitue qu’une partie du problème de la victoire du socialisme. L’autre partie du problème, c’est son côté international.

En soutenant la thèse de la victoire du socialisme dans un seul pays, le camarade Staline a maintes fois indiqué qu’il convient de distinguer deux aspects de cette question, le côté intérieur et le côté international. En ce qui concerne le côté intérieur du problème, c’est-à-dire les rapports des classes à l’intérieur du pays, la classe ouvrière et la paysannerie de l’U.R.S.S. peuvent parfaitement vaincre économiquement leur propre bourgeoisie et construire une société socialiste intégrale.

Mais il y a aussi le côté international du problème, c’est-à-dire le domaine des rapports extérieurs, celui des rapports entre le pays des Soviets et les pays capitalistes, entre le peuple soviétique et la bourgeoisie internationale qui exècre le régime soviétique et cherche une occasion d’entreprendre une nouvelle intervention armée contre le pays des Soviets, de faire de nouvelles tentatives de restauration du capitalisme en U.R.S.S.

Etant donné que l’U.R.S.S, est pour le moment le seul pays du socialisme et que les autres pays demeurent capitalistes, l’encerclement capitaliste existe toujours autour de l’U.R.S.S. et crée le danger d’une intervention capitaliste. Il est évident que tant que subsistera l’encerclement capitaliste, subsistera le danger d’une intervention capitaliste. Le peuple soviétique peut-il, par ses seules forces, écarter ce danger extérieur, le danger dune intervention capitaliste contre l’U.R.S.S. ? Evidemment non. Parce que pour supprimer le danger d’une intervention capitaliste, il faut supprimer l’encerclement capitaliste.

Or, on ne peut supprimer l’encerclement capitaliste qu’à la suite d’une révolution prolétarienne victorieuse au moins, dans plusieurs pays. Il s’ensuit donc que la victoire du socialisme en U.R.S.S., qui se traduit par la liquidation du système capitaliste de l’économie et par la construction du système socialiste de l’économie ne peut toutefois pas être considérée comme une victoire définitive, pour autant que le danger d’une intervention armée de l’étranger et de tentatives de restauration du capitalisme demeure entier ; pour autant que le pays du socialisme n’est pas garanti contre un tel danger. Pour supprimer le danger d’une intervention capitaliste étrangère, il faut supprimer l’encerclement capitaliste.

Certes, le peuple soviétique et son Armée rouge, — étant donné la politique juste du pouvoir des Soviets, — sauront infliger la riposte méritée à une nouvelle intervention capitaliste de l’étran­ger, de même qu’ils l’ont fait pour la première intervention capitaliste en 1918-1920. Mais le danger de nouvelles interventions capitalistes n’en sera pas écarté pour autant. La défaite de la première intervention n’a pas écarté le danger d’une nouvelle intervention, puisque la source du danger d’intervention, — l’encercle­ment capitaliste, — existe toujours La défaite d’une nouvelle intervention n’écarterait pas non plus le danger d’intervention, si l’encerclement capitaliste demeure.

Il suit de là que les travailleurs de l’U.R.S.S. ont un intérêt vital à la victoire de la révolution prolétarienne dans les pays capitalistes. Tel était le point de vue du Parti en ce qui concerne la victoire du socialisme dans notre pays.

Le Comité central insista pour que ce point de vue fût discuté à la XIVe conférence du Parti à la veille de laquelle on se trouvait, pour qu’il fût approuvé et adopté comme l’orien­tation du Parti, comme la loi du Parti,obligatoire pour tous ses membres. Cette orientation eut un effet ahurissant sur l’opposition. Avant tout parce que le Parti conterait à cette orientation un caractère pratique et concret, la rattachait au plan pratique d’industrialisa­tion socialiste du pays et demandait qu’elle fût revêtue de la forme d’une loi du Parti, de la forme d’une résolution de la XIVe conférence, résolution qui serait obligatoire pour tous les membres du Parti.

Les trotskistes s’élevèrent contre cette orientation, en lui opposant une théorie menchévique dite « théorie de la révolution permanente », qui ne pouvait être que par dérision appelée théorie marxiste et qui niait la possibilité de la victoire de la construction socialiste en U.R.S.S.

Les boukhariniens n avaient pas osé se dresser ouvertement contre l’orientation du Parti. Mais ils ne lui en opposèrent pas moins, sournoisement, leur « théorie » de l’intégration pacifique de la bourgeoisie dans le socialisme, en la complétant d’un mot d’ordre « nouveau » : « Enrichissez-vous ! » Selon les boukhari­niens, la victoire du socialisme signifiait non pas liquider la bourgeoisie, mais stimuler son développement et l’enrichir.

Zinoviev et Kaménev s’étaient hasardés, pendant un temps, à déclarer que la victoire du socialisme dans l’U.R.S.S. était im­possible pas suite de son retard économique et technique ; mais ils durent par la suite rentrer dans leur trou.

La XIVe conférence du Parti (avril 1925) condamna toutes ces « théories » de capitulation, formulées par les membres, dé­clarés ou masqués de (opposition, et elle confirma par une résolu­tion appropriée l’orientation du Parti vers la victoire du socialisme en U.R.S.S. Mis au pied du mur, Zinoviev et Kaménev préférèrent voter pour la résolution. Mais le Parti savait qu’ils n’avaient fait qu ajourner leur lutte, en se réservant de « livrer bataille au Parti » à son XIVe congrès. Ils rassemblèrent leurs partisans à Léningrad et formèrent ce qu’on appela la « nouvelle opposition ».

En décembre 1925 s’ouvrit le XIVe congrès.

L’atmosphère était tendue au sein du Parti. Depuis qu’il exis­tait, on n’avait jamais vu une délégation d’un grand centre du Parti, comme Léningrad, se préparer à intervenir contre son Comité central. Au congrès assistaient 665 délégués avec voix délibérative et 641 avec voix consultative ; ils représentaient 643.000 membres du Parti et 445.000 stagiaires, c’est-à-dire un peu moins qu’au congrès précédent : résultat de l’épuration partielle des cellules des écoles supérieures et des administrations, qui s’étaient révélées encom­brées d’éléments hostiles au Parti.

Le rapport politique du Comité central fut présenté par le camarade Staline. Il brossa un tableau saisissant du progrès de la puissance politique et économique de l’U.R.S.S. L’industrie comme l’agriculture, grâce aux avantages du système soviétique de l’économie, avaient été restaurées dans un délai relativement court et elles approchaient du niveau d’avant-guerre.

Mais le ca­marade Staline invitait à ne pas s’en tenir là, les succès réalisés ne pouvant supprimer cette vérité que notre pays restait encore un pays arriéré, un pays agraire. Les deux tiers de la production glo­bale étaient fournis par l’agriculture, un tiers seulement par l’in­dustrie.

Devant le Parti, disait le camarade Staline, se pose dans toute son ampleur le problème de la transformation de notre pays en un pays industriel, économiquement indépendant des pays ca­pitalistes. On peut atteindre ce but, et il faut l’atteindre. La tâche centrale du Parti devient la lutte pour l’industrialisation socialiste du pays, la lutte pour la victoire du socialisme.

« Transformer notre pays de pays agraire en pays industriel, capable de produire par ses propres forces l’outillage nécessaire voilà le fond, la base de notre ligne générale », indiqua le camarade Staline.

L’industrialisation du pays assurait son indépendance économique, renforçait sa capacité de défense et créait les conditions nécessaires pour la victoire du socialisme en U.R.S.S. Contre la ligne générale du Parti s’élevèrent les zinoviévistes. Au plan d’industrialisation socialiste de Staline, le zinoviéviste Sokolnikov opposa le plan bourgeois qui avait cours parmi les requins de l’impérialisme.

D’après ce plan, l’U.R.S S. devait rester un pays agraire, produisant principalement des matières premières et des produits agricoles, les exportant à l’étranger et important en échange les machines qu’elle ne fabriquait pas ni ne fabriquerait. Dans les conditions de Tannée 1925, ce plan apparaissait comme un plan d’asservissement économique de l’U.R.S.S. par les pays étrangers industriellement évolués, comme un plan de consé­cration du retard industriel de l’Union soviétique, bien fait pour plaire aux requins impérialistes des pays du capital.

Adopter ce plan revenait à transformer notre pays en un ap­pendice agraire, appendice impuissant du monde capitaliste, à le laisser désarmé et débile face à l’encerclement capitaliste et, en dernière analyse, à enterrer la cause du socialisme en U.R.S.S. Le congrès condamna le « plan » économique des zinovièvistes comme un plan d’asservissement de l’U.R.S.S.

La « nouvelle opposition » échoua également dans ses manœu­vres telles que l’affirmation (à l’encontre de Lénine !) que notre industrie d’État n’était pas une industrie socialiste, ou la déclara­tion (également à l’encontre de Lénine !) que le paysan moyen ne pouvait pas être l’allié de la classe ouvrière dans l’œuvre de cons­truction socialiste. Le congrès condamna ces manœuvres de la « nouvelle opposi­tion » comme antiléninistes.

Le camarade Staline dénonça la nature menchévico-trotskiste de la « nouvelle opposition ». Il montra que Zinoviev et Kaménev ne faisaient que reprendre les refrains des ennemis du Parti contre lesquels Lénine avait engagé en son temps une lutte impla­cable. Il apparaissait de toute évidence que les zinoviévistes n’étaient que des trotskistes mal camouflés.

Le camarade Staline souligna que la tâche la plus importante du Parti consistait à assurer l’alliance solide de la classe ouvrière avec le paysan moyen dans l’œuvre de construction du socialisme. Il signala les deux déviations qui existaient alors dans le Parti sur la question paysanne et qui représentaient un danger pour cette alliance. La première déviation consistait à sous-estimer et à di­minuer le danger koulak ; la seconde, c’était la panique la peur du koulak et la sous-estimation du rôle du paysan moyen.

À la question de savoir laquelle de ces déviations était la pire le ca­marade Staline répondit : « Elles sont pires toutes les deux, la première comme la seconde. Et si elles prennent de l’extension, elles sont capables de décomposer et de perdre le Parti. Par bon­heur, nous avons dans le Parti des forces qui peuvent amputer la première déviation comme la seconde. »

En effet, le Parti a écrasé et amputé aussi bien la déviation « de gauche » que celle de droite.

En dressant le bilan des débats sur la construction de l’éco­nomie, le XIVe congrès du Parti repoussa à l’unanimité les plans de capitulation formulés par l’opposition et il écrivit dans sa célèbre résolution :

« Dans le domaine de la construction de l’économie, le congrès part de ce fait que notre pays, pays de la dictature du prolétariat, possède « tout ce qui est nécessaire pour construire la société socialiste intégrale » (Lénine). Le congrès estime que la lutte pour la victoire de la construction socialiste en URS.S. est la tâche fondamentale de notre Parti. »

Le XIVe congrès adopta les nouveaux statuts du Parti. C’est à dater de ce congrès que notre Parti s’est appelé Parti communiste (bolchévik) de l’U.R.S.S. : P.C.(b) de l’U.R.S.S.

Les zinovièvistes, battus au congrès, refusèrent de se sou­mettre au Parti. Ils engagèrent la lutte contre les décisions du XIVe congrès. Aussitôt après, Zinoviev réunit le Comité des Jeu­nesses communistes de la région de Léningrad, dont la direction avait été éduquée par Zinoviev, Zaloutski, Bakaev, Evdokimov, Koukline, Safarov ainsi que par d’autres hommes à double face, dans la haine du Comité central léniniste du Parti.

À cette réu­nion, le Comité des Jeunesses communistes de la région de Lénin­grad adopta une décision sans précédent dans l’histoire des J. C. léninistes de l’U.R.S.S. : celle de ne pas se conformer aux ré­solutions du XIVe congrès du Parti.

Mais la direction zinoviéviste des J. C. de Léningrad ne tradui­sait nullement l’état d’esprit des masses des Jeunesses communis­tes de cette ville. Aussi fut-elle facilement défaite ; et bientôt l’organisation des J. C. de Léningrad reprenait la place qui lui revenait dans les J. C.

Vers la fin des travaux du XIVe congrès, un groupe de dé­légués, les camarades Molotov, Kirov, Vorochilov, Kalinine, Andréev d’autres encore, furent envoyés à Léningrad. Il fallait éclairer les membres de l’organisation du Parti sur le caractère criminel, antibolchévik, de la position adoptée au congrès par la délégation de Léningrad, qui n’avait dû ses mandats qu’à la frau­de. Les réunions de compte rendu du congrès furent orageuses.

On réunit une conférence extraordinaire de l’organisation de Léningrad du Parti. La masse écrasante des membres de cette organisation (plus de 97%) approuva entièrement et sans réserve les décisions du XIVe congrès du Parti ; elle condamna la « nouvelle opposition » zinoviéviste ennemie du Parti. Cette dernière ne représentait dès ce moment que des généraux sans armée !

Les bolchéviks de Leningrad demeuraient au premier rang du Parti de Lénine et de Staline. En dressant le bilan des travaux du XIVe congrès du Parti, le camarade Staline écrivait :

« L’importance historique du XIVe congrès du Parti com­muniste de l’U.R.S.S., c’est qu’il a su mettre à nu jusqu’à la racine les erreurs de la nouvelle opposition ; il a rejeté bien loin de lui le scepticisme et les lamentations de cette opposi­tion ; il a tracé, claire et nette, la voie où la lutte se poursuivra pour le socialisme ; il a donné au Parti la perspective de la victoire et armé par là même le prolétariat d’une foi inébran­lable en la victoire de la construction socialiste. » (Staline : Questions du léninisme, chapitre VII.)


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