La signification historique de la falsafa

La « falsafa » signifie philosophie en arabe, et on désigne par ce terme la vaste œuvre de pensée qui a existé dans l’aire arabo-persane, alors que l’Europe connaissait le sombre Moyen-Âge. Ce sont en effet les penseurs de la falsafa qui ont récupéré et sauvé la philosophie développée par la Grèce antique. La pensée philosophique arabo-persane est ainsi fondamentalement aristotélicienne, tendant de plus en plus à une affirmation ouvertement matérialiste, pratiquement panthéiste, et par conséquent en conflit ouvert avec la religion et les forces féodales.

Les principaux penseurs de la falsafa sont Al-Kindi, Al-Fârâbi, Avicenne et Averroès, ce dernier ayant d’ailleurs joué un rôle capital en Europe dans l’émergence d’une dynamique pour s’arracher au Moyen-Âge. Dans la conception philosophique de la falsafa, l’être humain peut saisir la science et comprendre le monde sans l’aide de la religion. Il n’existe d’ailleurs qu’une seule « pensée », produit de l’univers et de ses conditions concrètes, et par conséquent il n’y a pas de « premier homme », pas de création du monde.

La réalité sociale, notamment marquée par l’absence de propriété foncière d’un côté, l’existence d’un appareil d’État du type du despotisme asiatique de l’autre, ne permit pas à la bourgeoisie de porter la falsafa. Ce sont les forces réactionnaires qui purent ainsi mener victorieusement une grande offensive, consistant en un grand programme d’opposition à l’intelligence philosophique et au matérialisme en général. Cela se traduisit par la systématisation de l’irrationalisme comme mode de connaissance, comme le montre la mystique soufie ou la Nahda, ou bien sûr le culte de la juridiction féodale, qui se prolonge en pratique jusqu’au début du 21e siècle dans les pays semi-féodaux semi-coloniaux.

10 septembre 2015

La falsafa – 1ère partie : l’essor de la civilisation arabe

Lorsque le christianisme s’est développé, et a jeté le continent européen dans le terrible et sombre Moyen-Âge, les penseurs se situant dans le prolongement de l’Antiquité gréco-romaine durent se réfugier en Orient. Leur pensée et leurs savoirs auraient alors pu disparaître, si ce n’est qu’une civilisation était alors en plein essor dans cette partie du […]

12 septembre 2015

La falsafa – 2ème partie : une question de morale en tant qu’harmonie avec la nature

L’Islam en tant que drapeau national a permis aux tribus arabes de transcender leurs différences et leurs divergences, en réalisant par la conquête un premier pas vers l’unité nationale. C’est ce mouvement qui permet à une bourgeoisie, commerciale surtout, de se développer, et ainsi à une idéologie matérialiste de s’affirmer lentement mais sûrement, par l’intermédiaire […]

14 septembre 2015

La falsafa – 3ème partie : la fondation de la maison de la sagesse, Al-Kindi et Al-Fârâbi

D’où vient le mot « falsafa », signifiant « philosophie » en arabe ? La falsafa est tout simplement un terme directement calqué sur le terme grec ayant donné « philosophie » en français (philosophie signifie amour de la « sophia », c’est-à-dire de la sagesse). Ce qui s’est passé est simple à comprendre : […]

17 septembre 2015

La falsafa – 4ème partie : Avicenne – Ibn Sina et Averroés – Ibn Rushd

L’établissement d’une base à la falsafa a permis l’affirmation de la pensée scientifique, puis sa défense. La première étape est marquée par le persan Ibn Sina, la seconde par l’arabe Ibn Rushd, deux figures très largement connues en Europe. Ibn Sina (980-1037) est connu en Europe sous le nom d’Avicenne. Ses études médicales, rassemblées dans […]


19 septembre 2015

La falsafa – 5ème partie : d’Al-Andalus à la réaction d’Al-Ghazâli

Il est un parallèle très utile qu’il est possible de faire au sujet de la falsafa par rapport à ce que nous disions dans la partie précédente. En effet, quand on voit la France de Louis XIV, on peut voir une royauté s’étant octroyé l’ensemble des prérogatives, et dominant l’aristocratie traditionnelle comme la bourgeoisie naissante. […]

21 septembre 2015

La falsafa – 6ème partie : l’Inde moghole et le Sulh-e-Kul

L’Islam a été le drapeau permettant aux tribus arabes de s’unifier, la diffusion de la religion étant un prétexte aux razzias qui se transformeront finalement en conquête. Mais précisément pour cette raison, l’Islam a pu être repris par des peuplades parfaitement convaincus de la valeur des conquêtes, tout en ayant une connaissance superficielle de la […]

23 septembre 2015

La falsafa – 7ème partie : le fondamentalisme, de la Nahda à Al Qaeda

L’échec de la falsafa va empêcher le développement culturel et idéologique du monde arabo-persan, et permettre le passage de celui-ci sous le coup de l’Empire ottoman et de l’impérialisme. Deux courants politiques, idéologiques et culturels vont alors émerger. Tout d’abord, le courant marxiste, avec l’impulsion de la révolution russe d’octobre 1917, puis la constitution de […]


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