Le 3e congrès de l’Internationale Communiste se tint du 22 juin au 12 juillet 1921. Son contexte était devenu différent des deux précédents congrès. Cette fois, la Russie révolutionnaire était solidement organisée, mais inversement, les révolutions socialistes tant attendues en Europe ne s’étaient pas produites, malgré de grands événements comme les occupations de fabriques en Italie, la grève de décembre en Tchécoslovaquie, ou bien n’avaient pas triomphé – comme en Hongrie et en Bavière.
Le cours révolutionnaire présentait des signes de ralentissement même si, en pratique, l’Internationale Communiste s’était considérablement renforcée. Elle comprenait près de 60 sections. avec un effectif total d’environ 3 millions de membres, et possédant 700 journaux quotidiens. La conquête de nouvelles masses et de nouvelles positions se poursuivait avec succès.
Toutefois, il y avait le ralentissement de la vague révolutionnaire, et à cela s’ajoutait le rôle contre-révolutionnaire des sociaux-démocrates, qui formaient en toute conscience une barrière totale au processus révolutionnaire. Dans tous les pays où la bourgeoisie ne pouvait plus rester maîtresse de la situation, elle remettait le pouvoir aux social-démocrates.
Ce furent des « gouvernements social-démocrates », avec Noske et Ebert en Allemagne, Renner et Otto Bauer en Autriche, avec Tusar en Tchécoslovaquie, avec Böhm et Garami en Hongrie, ou encore Józef Piłsudski en Pologne, qui n’hésitaient pas à la répression sanglante en cas de velléités révolutionnaires.
Cela montrait la nécessité d’élargir la base révolutionnaire. Depuis le second congrès, un Bureau syndical, qui y avait été fondé en collaboration avec les syndicats liés aux Partis Communistes, constitua l’Internationale Syndicale Rouge.
Le troisième congrès prolongeait cet effort, adoptant comme mot d’ordre « Allez aux masses ! », soulignant la nécessité de la présence communiste dans toutes les organisations de masse.
Alors que le chômage était massif mais le niveau idéologique des masses encore peu élevé concernant les méthodes de lutte, le front unique permettait de démasquer le cas échéant les sociaux-démocrates. C’est le sens des « Résolutions sur le front unique des ouvriers et sur les rapports avec les ouvriers qui appartiennent à la IIe Internationale, à l’Internationale 2 ½, à l’Internationale syndicale d’Amsterdam et aux organisations anarcho-syndicalistes ».
L’unité à la base avait comme contenu de contourner l’obstacle social-démocrate qui empêchait les masses de se lancer ; «le front unique n’est pas autre chose que l’union de tous les ouvriers décidés à lutter contre le capitalisme. »
Une grande réunion avec plus de 100 délégués représentants trente-six pays fut même organisée en février 1922 pour de nouveau préciser les modalités de ce « front unique prolétarien ».
Des réunions eurent même lieu entre la IIIe Internationale et les Internationales II et 2 ½, en raison de la pression des masses, avec en perspective un congrès ouvrier mondial.
Cependant, de fortes oppositions existaient au concept du front unique. C’est ainsi à ce 3e congrès de l’Internationale Communiste que l’un des ouvrages classiques de Lénine, Le gauchisme, maladie infantile du communisme, eut le plus de retentissement.
L’ouvrage avait été écrit pour le second congrès, mais alors c’était la lutte contre le centrisme qui prévalait et un espace existait encore pour les « gauchistes ». Ce n’était plus le cas au 3e congrès, surtout après l’insurrection ratée en Allemagne (dite « action de mars »).
Les positions de Lénine écrasèrent alors ce qui fut par la suite appelé le « gauchisme », constitué de la « gauche hollandaise » et de la « gauche allemande » avec notamment le KAPD, Parti Communiste Ouvrier d’Allemagne, alors puissant mais qui sombrera très rapidement dans l’insignifiance.
11 mars 1921
PRINCIPES GÉNÉRAUX 1. Le 3e Congrès de l’Internationale Communiste, conjointement avec la 2e Conférence Internationale des Femmes Communistes, confirme l’opinion du 1e et du 2e Congrès relativement à la nécessité pour tous les partis communistes d’Occident et d’Orient de renforcer le travail parmi le prolétariat féminin, et en particulier l’éducation communiste des grandes masses des […]
17 juillet 1921
VERS UN NOUVEAU TRAVAIL, VERS DE NOUVELLES LUTTES Aux prolétaires, hommes et femmes, de tous les pays ! Le 3° Congrès de l’Internationale Communiste est terminé, la grande revue du prolétariat communiste de tous les pays est finie. Elle a montré qu’au cours de l’année écoulée le communisme est devenu, dans une série de pays […]
30 juillet 1921
Appel du Comité Exécutif de l’Internationale Communiste aux Ouvriers et Ouvrières de tous les Pays La Russie des Soviets vient d’être frappée comme en l’année 1891, par une catastrophe due à des phénomènes naturels. Une grande sécheresse, qui a persisté du mois de mars au mois de juin, a provoqué la famine et la détresse […]
27 octobre 1921
Circulaire du Comité Exécutif de l’Internationale Communiste, 27 octobre 1921 Dans la résolution du 3e Congrès mondial de l’Internationale Communiste, résolution relative à la question d’organisation, un chapitre spécial traite de la question de nos journaux communistes. Dans la présente circulaire, le Comité Exécutif se donne pour tâche de compléter cette résolution. Dans notre agitation, […]
18 décembre 1921
1. Le mouvement ouvrier international vit actuellement dans une étape transitoire particulière qui pose devant l’Internationale Communiste dans son entier et devant ses diverses sections de nouveaux problèmes de tactique importants. Cette étape est caractérisée dans ses grands traits par ce qui suit : La crise économique mondiale s’exacerbe. Le chômage augmente. Le capital international […]