ANNEXE 5
SUR MON AUTOCRITIQUE ET SUR LA QUESTION DU FRACTIONNISME (texte de D – 11 décembre 1972)
Certaines critiques portées par le NDN et les cadres sont fondées. D’autres sont erronées. Je commencerai donc cette autocritique, afin que chacun voie clairement sur quoi elle porte, par une réfutation de la critique que j’estime erronée : celle du fractionnisme.
Lénine dit que « l’âme vivante du marxisme, l’essence même du marxisme, c’est l’analyse concrète d’une situation concrète ». C’est cette analyse qu’il faut faire de l’ensemble des faits qui ont amené le NDN à me considérer connue fractionniste.
Quels sont les critères donnés par Lénine sur la fraction ? « Cependant, dès avant la discussion générale du Parti sur les syndicats, on a vu se manifester dans le Parti certains indices d’esprit fractionnel, c’est-à-dire des groupes présentant un programme particulier, tendant à se replier jusqu’à un certain point sur eux-mêmes et à créer leur propre discipline de groupe. » (t.32, p.252, Xe congrès)
Le NDN confond les relations établies par moi avec un camarade (ex-cadre remis à la base pour fractionnisme) sur une question politique (question politique que son expérience dans ce domaine en faisait le plus capable d’y répondre) et la fraction. De plus, il ne fait pas la différence entre 1) les positions politiques prises par moi et qui découlaient de ces discussions, positions politiques qui allaient à l’encontre (sur ce point) de celles de l’organisation, et 2) le fait que, dans la pratique il y a eu sur cette question, discipline de ma part face aux décisions de l’organisation. En fait, le NDN confond indiscipline et fraction.
Lénine dit : « des groupes présentant un programme particulier. » Il est clair qu’il n’existe aucun programme ici. Si on n’entend pas par programme l’ensemble des positions de l’UC(ML)B mais par exemple, la critique systématique d’un point de la ligne et la mise en avant d’un nombre de positions tendant à la remplacer (néo-révisionnisme par exemple), même dans ce cas, ce critère n’est pas rempli. La question discutée se ramène à une position particulière sur un point particulier de la ligne générale. On ne peut donc pas y voir un programme « Tendant à se replier jusqu’à un certain point sur eux-mêmes. »
Certains camarades diront qu’il y a eu repli sur soi-même. Mais on ne peut identifier le repli sur soi-même que sur la base de ce programme. Faute de quoi, toute discussion politique au sein de l’organisation, en dehors des organes prévus, vont s’apparenter à la fraction, seront considérées comme fractionnelles, alors qu’elles font preuve d’indiscipline et de libéralisme, (PLR, p. 271-272, 2e et 4e forme du libéralisme)
« Dans la lutte pratique contre les fractions, il faut que chaque organisation du Parti s’applique rigoureusement à ne tolérer aucune action fractionnelle. La critique absolument nécessaire des défauts du Parti doit être conçue de façon que toute proposition pratique soit soumise aussitôt, sous la forme la plus nette, sans paperasserie d’aucune sorte à l’examen et à la décision des organismes dirigeants du Parti, locaux et central. » (Xe congrès)
Or, on ne parle pas de repli sur soi-même, lorsque les positions politiques citées plus haut (aspect particulier d’un point particulier de la ligne générale) ont été défendues immédiatement, devant l’organisme dirigeant.
« Créer leur propre discipline de groupe » : créer sa propre discipline, c’est s’opposer à la discipline du Parti. Or il n’y a pas eu, dans la question citée, infraction à la discipline. Les décisions prises par l’organisation ont été respectées. Seule nous intéresse la réalité des faits, et dans les faits il y a eu discipline.
Les critiques du NDN sur cette question ne tiennent pas compte de toute la réalité. Elles confondent indiscipline (indiscipline qui concerne les relations que j’ai eues avec A sur cette question), ainsi que l’indiscipline dans mes propos face à l’organisation tels que « si l’organisation ne corrige pas au plus vite son erreur, j’agirai en dehors de la « légalité du Parti », avec la fraction organisée ».
Le NDN ne tient pas compte de cette réalité qu’il n’y avait aucun programme, ni indiscipline chez cette « fraction » et que le camarade qui est critiqué comme fractionniste a respecté, dans les faits, les décisions de l’organisation, et que, de plus, il a lui-même mis au courant le NDN des discussions politiques qu’il a eues avec A sur cette question.
On ne peut parler de fraction, quand la « fraction » applique la politique du Parti. Faute de quoi, la minorité serait toujours « fractionnelle ». J’ai appliqué la politique du Parti sur cette question, mais j’ai eu, sur cette question, des discussions politiques en dehors des organes prévus, ainsi que des propos, vis-à-vis du NDN allant à l’encontre de la discipline du Parti. Cela montre qu’il y a eu indiscipline mais non fraction. Je reconnais que l’infraction à la discipline, systématique, peut devenir fractionnelle. Je donnerai comme exemple d’indiscipline la question du journal spécial que L. a refusé de vendre. Ceci a été critiqué comme indiscipline et non comme fraction.