ANNEXE 2
AUTOCRITIQUE DE C (23 septembre 1972)
Autocritique du CDT et autocritique individuelle
Au point de vue politique, il s’agit d’un complot visant à renverser la direction marxiste-léniniste de l’UC(ML)B.
Les instruments principaux du complot ont été : principal responsable
– la plate-forme d’opposition au NDN : centralisme bureaucratique
– théoricisme à la ligne : pas liée au travail pratique.
Il s’agit là de la caractérisation d’une direction bourgeoise qui élabore une ligne révisionniste. Sur la base d’un tel bilan du NDN, le CDT se montre conséquent avec sa délimitation des marxistes-léninistes et des révisionnistes : il appelle et prépare le renversement de la direction de l ‘UC(ML)B.
– Le travail de sape à la base : les enquêtes parmi la base doivent fournir les preuves que le NDN est irrémédiablement coupé de la base et doivent préparer celle-ci à tomber sous la dictature du CDT. – L’affirmation par le CDT qu’il est un quartier général prolétarien qui applique le centralisme démocratique ; la constitution d ‘une fraction est la forme organisationnelle qui répond aux besoins du CDT.
Le but principal du complot était de renverser le NDN prolétarien par le CDT bourgeois fonctionnant bureaucratiquement et encourageant l’ultra-démocratisme. Dans un premier temps, le CDT se proposait de liquider le centralisme démocratique existant dans l’UC(ML)B, d’empêcher la campagne de bolchévisation de se faire et ainsi de paralyser l’UC(ML)B et d’empêcher toute mise en application de sa ligne. Dans un deuxième temps, le CDT renierait ouvertement la ligne, rendant le NDN marxiste-léniniste responsable des difficultés insolubles dans lesquelles le CDT aurait mis l’UC(ML)B.
Le but du CDT est donc clair : il s’agissait de faire ce que ni Clarté, ni aucun révisionniste n’a pu et ne pourra faire : engager l’UC(ML)B dans la voie révisionniste, amener le drapeau du marxisme-léninisme et freiner considérablement la construction du PC.
Au point de vue idéologique-théorique, l’erreur est une confusion gauche-droite, alliée au subjectivisme.
Le mécanisme de l’erreur a été : erreur du NDN sur la question du centralisme démocratique – correction de l’erreur : campagne de bolchévisation – création du CDT pour diriger la campagne. Critique du NDN par le CDT : d’une part (empirisme), A estime que le NDN ne connaît pas la situation de l’UC(ML)B et ne peut donc pas corriger correctement; d’autre part (dogmatisme), B estime que le NDN n’a pas pris conscience de la gravité de la situation et n’a pas préparé les cadres en conséquence − ces critiques s’unissent (s’allient) en une attaque, en un refus de laisser la direction de la campagne au NDN, et la prise en charge de la direction idéologique de l’UC(ML)B par le CDT − de telles tâches ne peuvent être remplies à la légère ; il s’agit d’élaborer une plate-forme qui condamne le NDN en rejetant sur lui toutes les fautes de l’organisation au moyen de la formule honteuse de « nous » pour se mettre à l’abri de toute critique et enfin affirme que le NDN s’est engagé dans le marais du révisionnisme − enfin, mise en pratique des conceptions du CDT.
La force motrice de l’erreur a été la confusion gauche-droite, c’est-à-dire l’adoption d’un point de vue antagoniste avec le NDN, l’absence de confiance dans la direction prolétarienne ; un individualisme forcené qui appelait à la révolte contre le NDN et assurait l’avortement de toute tentative de redresser le cours erroné du CDT.
Du point de vue du processus de la connaissance, le subjectivisme a régné en maître dans le CDT : il a donné à la révolte petite-bourgeoise des camarades du CDT un caractère systématique, il a déterminé la voie qui les a fait passer d’une critique d’erreurs (dont certaines étaient réelles, mais commençaient à être corrigées par le NDN) à la condamnation unilatérale du NDN et aux attaques sans principes.
Au point de vue organisationnel, l’erreur est d’avoir travaillé à la scission et pas à l’unité.
Le fractionnisme était l’organisation qui convenait au but du CDT, qui permettait d’élaborer les positions et de les mettre en pratique : le CDT, organe pourvu de hautes responsabilités et légalement constitué était un instrument adéquat pour le renversement du NDN si l’opportunisme savait y triompher. C’est bien ce qui avait commencé à se passer avec le CDT : il avait sa plate-forme d’opposition au NDN, sa discipline de groupe ; les rapports qu’il entretenait avec l’organisation étaient erronés : bureaucratiques avec la direction et ultra-démocratiques avec la base (tout se faisait à l’insu de la direction, les responsables étaient court-circuités et le CDT dressait la base contre la direction).
L’indiscipline était la règle dans l’attitude du CDT vis-à-vis de l’UC(ML)B ; la thèse « la discipline est moins importante que les questions politiques soulevées » était défendue ou n’était pas critiquée solidement et « justifiait » toutes les manœuvres du CDT. Cette thèse montre assez quelle conception révisionniste le CDT avait de la discipline, pour en faire quelque chose de formel, de non politique, alors qu’il s’agissait précisément de la question la plus importante que le CDT avait à résoudre dans la pratique.
Voilà pour la nature de l’erreur.
En ce qui concerne la gravité de l’erreur, qui justifie pleinement les mesures prises par le NDN, je tiens à dire ceci :
– Le CDT a adopté une attitude antagoniste vis-à-vis du NDN, a fomenté un complot (même si celui-ci ne correspondait pas exactement à l’idéologie des camarades du CDT) visant à abattre la direction marxiste-léniniste et instaurer une direction bourgeoise (le CDT) et liquider la ligne de l’UC(ML)B.
– Il s’agit d’une concentration des forces opportunistes de l’UC(ML)B contre le NDN, de la poursuite de l’offensive commencée avec le texte scissionniste des cadres : tous les opportunismes ont choisi de concentrer leur offensive à l’occasion de l’erreur opportuniste du NDN en matière d’organisation et de s’allier pour « faire plier » le NDN, c’est-à-dire substituer à la direction marxiste-léniniste une direction spontanéiste, néo-révisionniste et anarchiste.
– Le danger de sous-estimer la gravité de l’erreur est très grand, et s’est déjà exprimé de différentes façons, dont voici les principales : « le NDN a liquidé le CDT en quelques heures, çà n’était donc pas très sérieux », « la volonté des camarades du CDT ne correspondait pas à ce qu’ils ont fait, ils se seraient rapidement corrigés », « j’ai soutenu le CDT, mais je n’étais pas prêt à aller plus loin que j’ai été », etc.
Tous ces « arguments » reposent évidemment sur une partie de vérité, mais ne sont que des prétextes pour endormir la vigilance des marxistes-léninistes, La vérité, et pas seulement une partie de la vérité, c’est que si le NDN n’avait pas eu la vigilance qu’il a eue, ou même s’il avait mal traité la contradiction (qui avait outre un aspect antagoniste, un aspect non antagoniste), le préjudice que le CDT pouvait causer à l’UC(ML)B aurait été considérable.
L’erreur du CDT trouve sa source principale dans l’individualisme, l’indiscipline des intellectuels petits-bourgeois qui veulent n’en faire qu’à leur tête, refusent les directives, n’admettent pas la moindre erreur chez les dirigeants mais sont pleins de sollicitude pour leurs manœuvres et de suffisance quant à la « portée historique » de leurs positions. Si le CDT avait pu continuer ses activités, cela eût conduit à saper l’unité de l’UC(ML)B, à destituer la direction et enfin à renier la ligne. C’était retarder considérablement la construction du PC. Il faut que chaque camarade du CDT, et ceux qui l’ont soutenu, se persuade de la gravité d’une telle situation il pourra ainsi corriger plus facilement ses erreurs.
Les erreurs personnelles
Le CDT a été un organe qui a permis l’alliance de différents opportunistes plus ou moins cachés et a favorisé leur éclosion. Les responsabilités des camarades du CDT varient, mais tous partagent l’erreur principale de la confusion gauche-droite : sans elle, les erreurs du CDT n’auraient pas pu se développer à cette vitesse ni atteindre pareille gravité ; sans elle, l’alliance bourgeoise des 3 camarades du CDT était impossible.
En ce qui concerne mes responsabilités particulières, j’ai joué le même rôle que lors du texte scissionniste des cadres : j’ai eu une réaction instinctive qui m’a amené à indiquer un aspect erroné des positions et des actes (critique unilatérale sur un point secondaire dans le premier cas, fractionnisme dans le second), mais je me suis « prudemment » tenu à cela. J’ai adopté une attitude d’observateur, de centriste qui regarde la droite et la gauche s’affronter, mais qui ne s’accroche pas fermement à la gauche, n’adopte pas le point de vue du combattant.
Sur le terrain philosophique, je manque d’esprit de synthèse. J’arrive parfois à dégager la contradiction principale d’une situation concrète et à indiquer l’aspect principal, mais je ne parviens pas à résoudre ces contradictions.
Faute de cela, nos connaissances sont des greniers tissés de toiles d’araignées que le premier visiteur (qu’il soit opportuniste ou marxiste-léniniste) balaie.
La gravité de l’erreur du CDT m’a fort fait réfléchir à cette déviation intellectualiste, que je soupçonnais, mais dont je ne voyais pas qu’elle était à la base de toutes mes erreurs. Jusqu’ici je voyais surtout les conséquences de cette déviation, qui étaient critiquées ou que je combattais, mais je n’étais pas encore remonté jusqu’à la source de l’erreur.
Depuis la critique du CDT, où j’ai vu que des camarades qui veulent subjectivement la révolution peuvent agir comme des contre-révolutionnaires, j’ai recherché la source qui a nourri mes erreurs opportunistes et mon manque de vigilance et je veux l’assécher.
Sur la prise de conscience des erreurs du CDT.
La question décisive est celle de comprendre que l’attitude du CDT était antagonique avec le NDN, et qu’elle l’était parce que le CDT confondait la droite et la gauche, soit ouvertement en accusant le NDN d’avoir emprunté la voie bourgeoise, soit de façon cachée en affirmant que la ligne est juste et que l’idéologie du NDN est prolétarienne tout en cherchant à détruire la ligne et à renverser le NDN.
Cette question de la gauche et de la droite est la question principale de toute révolution : connaître ses amis et ses ennemis, savoir unir ses amis pour porter des coups décisifs à ses ennemis.
La bourgeoisie essaie constamment d’obscurcir cette question parce qu’elle sait que ses amis sont rares et qu’elle ne peut se maintenir pour autant qu’elle parvienne à diviser ses ennemis qui constituent l’immense majorité de la population belge. Nous devons balayer cette démagogie, savoir reconnaître nos vrais amis et nous unir à eux pour écraser la bourgeoisie.
Les luttes à venir seront complexes et il sera souvent difficile de reconnaître nos vrais amis et de les distinguer de nos faux amis. Ces derniers ne sont qu’une poignée car la bourgeoisie est une force déclinante qui ne trouve que peu de soutien, mais ils peuvent jouer un rôle très néfaste : qu’on se souvienne de la clique de Khrouchtchev qui opprime et exploite le peuple soviétique et a renversé la direction marxiste-léniniste du glorieux parti de Lénine et de Staline !
Le fait d’avoir été dirigés par une direction qui a commis un nombre limité d’erreurs pas trop graves et qui les a rapidement corrigées, ne doit pas nous faire perdre de vue que la révolution fera encore bien des tours et des détours. Le développement de la révolution et sa victoire dépendront dans les moments difficiles de la capacité des marxistes-léninistes de déterminer leurs vrais amis et de s’unir avec eux.
Jamais nous ne pouvons tenir le prolétariat et les communistes comme responsables des crimes de la bourgeoisie !
Unissons-nous fermement autour du drapeau marxiste-léniniste ! Vive la direction prolétarienne et la ligne marxiste-léniniste de l’UC(ML)B !