« DÉCISION DE LA SESSION PLÉNIÈRE DU COMITE CENTRAL DU P.C.U.S. SUR LE GROUPE ANTI-PARTI DE G. MALENKOV, L. KAGANOVITCH ET V. MOLOTOV »

(29 juin 1957)

Lors des séances du 22 au 29 juin 1957, la session plénière du Comité Central du P.C.U.S. a examiné la question du groupe anti-parti de Malenkov, Kaganovitch et Molotov, qui s’était constitué au sein du présidium du C.C. du P.C.U.S.

Pendant que le Parti, sous la direction du Comité Central, s’appuyant sur le soutien du peuple tout entier, effectue d’un travail immense pour l’exécution des décisions historiques du XXe Congrès, visant au développement continu de l’économie nationale et à l’élévation constante du niveau de vie du peuple soviétique, au rétablissement des normes léninistes de la vie intérieure du Parti, à la liquidation des violations de la légalité révolutionnaire, à l’extension de la liaison du Parti avec les masses populaires, au développement de la démocratie socialiste soviétique, au renforcement de l’amitié des peuples soviétiques, à l’application d’une politique nationale juste, et – dans le domaine de la politique extérieure – à la détente internationale en vue d’assurer une paix durable et tandis que des succès sérieux, que tout Soviétique connaît, sont déjà remportés dans tous ces domaines, pendant ce temps-là, le groupe anti-parti de Malenkov, Kaganovitch et Molotov a agi contre la ligne du Parti.

En vue de modifier la ligne politique du Parti, ce groupe, par des méthodes fractionnelles anti-parti, a essayé d’obtenir un changement de la composition des organismes dirigeants du parti élus par la session plénière du C.C. du P.C.U.S. Ce ne fut pas un hasard.

Au cours des trois ou quatre dernières années, alors que le Parti s’était résolument orienté vers la correction des erreurs et des défauts engendrés par le culte de la personnalité, et qu’il mène avec succès la lutte contre les révisionnistes du marxisme-léninisme, tant dans l’arène internationale qu’à l’intérieur du pays, alors qu’un travail de corrections des transformations de la politique nationale léniniste commises dans le passé est effectué dans le Parti, les participants du groupe anti-parti, dévoilé à l’heure actuelle et entièrement démasqué, se sont constamment opposés directement ou indirectement, à cette orientation approuvée par le XXe Congrès du P.C.U.S. Ce groupe essayait pratiquement de s’opposer à l’orientation léniniste en vue de la coexistence pacifique entre les Etats de systèmes sociaux différents, à la détente internationale et à l’instauration de relations amicales entre l’U.R.S.S. et tous les peuples du monde.

Il était contre l’extension des droits des républiques fédérées dans le domaine de l’édification économique et culturelle, dans le domaine de la législation, ainsi que contre le renforcement du rôle des soviets dans la solution de ces tâches. Par là même, le groupe anti-parti nuisait à l’orientation prise fermement par le Parti en vue d’un développement plus rapide de l’économie et de la culture dans les républiques nationales, assurant un nouveau renforcement de l’amitié léniniste entre tous les peuples de notre pays. Le groupe anti-parti non seulement ne comprenait pas les mesures du Parti visant à la lutte contre le bureaucratisme, à la réduction d’un appareil d’Etat pléthorique, mais il s’y opposait. Dans toutes ces questions, il agissait contre le principe léniniste du centralisme démocratique appliqué par le Parti.

Ce groupe combattait avec opiniâtreté et tentait de saper une mesure aussi importante que la réorganisation de la direction de l’industrie, la création des sovnarkhov dans les régions économiques, mesure approuvée par tout le Parti et le peuple. Il ne voulait pas comprendre qu’à l’étape actuelle, alors que le développement de l’industrie socialiste atteint une envergure immense et continue de croître rapidement avec le développement prioritaire de l’industrie lourde, il était nécessaire de trouver des formes nouvelles, plus perfectionnées, de direction de l’industrie, qui font apparaître ses grandes réserves et assurent un essor encore plus puissant à l’industrie soviétique. Ce groupe est allé si loin que, même après l’approbation desdites mesures au cours de la discussion par le peuple tout entier, et l’adoption ultérieure de la loi à la session du Soviet suprême de l’URSS, il a poursuivi la lutte contre la réorganisation de la direction de l’industrie.

Sur les questions de l’agriculture, les membres de ce groupe ont fait preuve d’une incompréhension des tâches nouvelles venues à maturité. Ils n’ont pas reconnu la nécessité de renforcer l’intéressement matériel de la paysannerie kolkhozienne à l’extension de la production des denrées agricoles. Ils se sont opposés à la suppression de l’ancien système bureaucratique de planification dans les kolkhoz et à l’instauration du nouveau système de planification qui donne libre cours à l’initiative des kolkhoz pour la gestion de leur exploitation, ce qui a déjà donné des résultats positifs. Ils se sont à ce point détachés de la vie qu’ils ne peuvent comprendre la possibilité réelle qui permet de supprimer à la fin de cette année les fournitures obligatoires de denrées agricoles par les foyers kolkhoziens. L’application de cette mesure, qui est d’une importance vitale pour des millions de travailleurs du pays des Soviets, est devenue possible grâce au grand essor de l’élevage collectif dans les kolkhoz et au développement des sovkhoz. Au lieu de soutenir cette mesure venue à maturité, les membres du groupe anti-parti s’y sont opposés.

Ils ont mené une lutte que rien ne justifie contre l’appel du Parti, activement soutenu par les kolkhoz, les régions et les républiques : rattraper dans les années à venir les Etats-Unis quant à la production de lait, de beurre et de viande par habitant. Par là même, les membres du groupe anti-parti ont manifesté une attitude dédaigneuse de grand seigneur devant les intérêts vitaux pressants des larges masses populaires et leur incrédulité dans les immenses possibilités contenues dans l’économie socialiste, dans le mouvement du peuple tout entier, qui se développe pour l’essor accéléré de la production de lait et de viande.

On ne peut considérer comme un hasard que le camarade Molotov, participant du groupe anti-parti, faisant preuve de conservatisme et de routine, non seulement n’ait pas compris la nécessité de la mise en valeur des terres vierges, mais se soit opposé au défrichage de 35 millions d’hectares de terres vierges, défrichage qui a pris une importance si considérable dans l’économie de notre pays.

Les camarades Malenkov, Kaganovitch et Molotov se sont opposés opiniâtrement aux mesures que prenaient le Comité central et tout notre Parti en vue de la liquidation des conséquences du culte de la personnalité, de l’élimination des violations de la légalité révolutionnaire commises en leur temps et de la création des conditions propres à exclure la possibilité de leur répétition à l’avenir.

Alors que les ouvriers, les kolkhoziens, notre glorieuse jeunesse, nos ingénieurs et techniciens et nos travailleurs scientifiques, nos écrivains, tous les intellectuels soutenaient unanimement les mesures du Parti, prises sur la base des décisions du XXe Congrès du P.C.U.S., alors que le peuple soviétique tout entier s’engageait dans la lutte active pour la réalisation de ces mesures, alors que notre pays connaît un puissant essor de l’activité du peuple et un afflux de nouvelles forces créatrices, les participants du groupe anti-parti demeuraient sourds à ce mouvement créateur des masses.

Dans le domaine de la politique extérieure, ce groupe, surtout le camarade Molotov, faisait preuve de routine et empêchait par tous les moyens la réalisation de nouvelles mesures venues à maturité et visant à la détente internationale, au renforcement de la paix dans le monde entier.

Durant une longue période, le camarade Molotov, alors qu’il était ministre des Affaires étrangères, non seulement n’a pris aucune mesure dans le cadre de ce ministère pour améliorer les relations de l’URSS avec la Yougoslavie, mais encore il s’est maintes fois élevé contre les mesures que le Présidium du C.C. prenait pour améliorer les relations avec ce pays. La position erronée du camarade Molotov sur la question yougoslave fut unanimement condamnée par la session plénière du C.C. du P.C.U.S. en juillet 1955 « comme ne correspondant pas aux intérêts de l’Etat soviétique et du camp socialiste et ne répondant pas aux principes de la politique léniniste ».

Le camarade Molotov a freiné la conclusion du Traité avec l’Autriche et l’amélioration des relations avec cet Etat qui se trouve au centre de l’Europe. La conclusion du Traité avec l’Autriche avait une grande importance pour la défense internationale générale. Il était également contre la normalisation des relations avec le Japon, alors que cette normalisation a joué un grand rôle dans l’atténuation de la tension internationale en Extrême-Orient. Il s’est prononcé contre les thèses de principe élaborées par le Parti sur la possibilité de conjurer les guerres dans les conditions actuelles, sur la possibilité des voies différentes pour le passage au socialisme dans les différents pays, sur la nécessité d’intensifier les contacts du P.C.U.S. avec les partis progressistes des pays étrangers.

Le camarade Molotov s’est maintes fois prononcé contre les nécessaires démarches nouvelles du gouvernement soviétique dans le domaine de la défense de la paix et de la sécurité des peuples, notamment, il a nié l’opportunité de l’établissement de contacts personnels entre les dirigeants de l’URSS et les hommes d’Etat des autres pays, ce qui est nécessaire pour l’intérêt de la réalisation de la compréhension mutuelle et de l’amélioration des relations internationales.

Dans nombre de questions, l’opinion du camarade Molotov est soutenue par le camarade Kaganovitch, et dans une série de cas, par le camarade Malenkov. Le Présidium du Comité central et le Comité central dans son ensemble, ont patiemment essayé de les corriger, ont lutté contre les erreurs, espérant qu’ils en tireraient des leçons, n‘insisteraient pas sur elles et marcheraient du même pas que tout le collectif dirigeant du Parti. Mais ils ont continué à se maintenir sur leurs positions erronées, non léninistes.

A la base de la position des camarades Malenkov, Kaganovitch et Molotov, qui diverge d’avec la ligne du Parti, se trouve le fait qu’ils étaient et sont prisonniers d’idées et de méthodes anciennes, qu’ils se sont détachés de la vie du Parti et du pays, qu’ils ne voient pas les conditions nouvelles, la situation nouvelle, qu’ils font fait preuve de conservatisme, s’accrochent obstinément à des formes et à des méthodes de travail qui ont fait leur temps et ne répondent pas aux intérêts du mouvement vers le communisme, en repoussant ce qu’engendre la vie et qui découle des intérêts du développement de la société soviétique, des intérêts de tout le camp socialiste.

Dans les questions de la politique intérieure comme dans celles de la politique extérieure, ils sont des sectaires et des dogmatiques, ils font preuve d’une attitude scolastique, sans vie, à l’égard du marxisme-léninisme. Ils ne peuvent comprendre que, dans les conditions actuelles, le marxisme-léninisme vivant, en action, la lutte pour le communisme, se manifestent dans la mise en application des décisions du XXe congrès du Parti, dans l’application persévérante de la politique de coexistence pacifique et de lutte pour l’amitié entre les peuples, de la politique de renforcement maximum du camp socialiste, dans l’amélioration de la direction de l’industrie, dans la lutte pour l’essor de l’agriculture dans tous les domaines, pour l’abondance des produits, pour une vaste construction de logements, pour l’extension des droits des républiques fédérées, pour l’épanouissement des cultures nationales, pour le développement de l’initiative des masses populaires.

S’étant convaincus que leurs interventions et actions erronées rencontraient une riposte constante au Présidium du C.C., qui applique de manière conséquente la ligne du XXe Congrès du Parti, les camarades Molotov, Kaganovitch et Malenkov se sont engagés dans la voie d’une lutte de groupe contre la direction du Parti. Ayant conclu une entente entre eux, sur une base anti-parti, ils se sont fixé pour objectif de modifier la politique du Parti, de faire revenir le Parti aux méthodes de direction erronées qui ont été condamnées par le XXe Congrès du parti. Ils ont eu recours à des procédés intrigants et ont échafaudé une entente secrète contre le Comité central. Les faits dévoilés au cours de la session plénière du C.C. montrent que les camarades Malenkov, Kaganovitch, Molotov et le camarade Chépilov qui s’était joint à eux, après s’être engagés dans la voie de la lutte fractionnelle, ont violé les statuts du Parti et la décision du Xe Congrès du Parti « Sur l’unité du Parti », rédigé par Lénine, décision dans laquelle il est dit :

« Pour réaliser une discipline rigoureuse à l’intérieur du Parti et dans tout le travail soviétique, et pour parvenir au maximum d’unité et à l’élimination de toutes tendances fractionnelles, le Congrès mandate le C.C. pour appliquer, en cas de violation de la discipline ou de reconnaissance ou de tolérance de tendances fractionnelles, toutes les mesures disciplinaires du Parti, et jusque et y compris l’exclusion du Parti, et, pour les membres du C.C., leur transfert au poste de membres suppléants, et comme mesure extrême, leur exclusion du Parti.

La condition de l’application d’une telle mesure extrême (à des membres et membres suppléants du C.C. et à des membres de la Commission de contrôle) doit être la convocation d’une session plénière du Parti avec la participation de tous les membres suppléants et de tous les membres de la commission de contrôle. Si une telle assemblée générale des dirigeants les plus responsables du Parti reconnaît nécessaire à la majorité des deux tiers des voix, le transfert d’un membre du C.C. au poste de membre suppléant ou son exclusion du Parti, cette mesure devient exécutoire immédiatement ».

La résolution léniniste engage le Comité central et toutes les organisations du Parti à renforcer constamment l’unité du Parti, à infliger une riposte décisive à toute manifestation d’esprit de fraction et d’esprit de coterie, à assurer un travail véritablement uni, incarnant réellement l’unité de volonté et d’action de l’avant-garde de la classe ouvrière, le Parti communiste.

La session plénière du C.C. constate avec une immense satisfaction l’unité et la cohésion monolithique de tous les membres et membres suppléants du C.C., des membres de la Commission centrale de vérification du P.C.U.S., qui ont condamné unanimement le groupe anti-parti. Parmi les participants à la session plénière du C.C., il ne s’est trouvé aucune personne pour soutenir ce groupe.

S’étant trouvé devant une condamnation unanime par la session plénière du C.C. de l’activité anti-parti du groupe, lorsque les membres de la session plénière du C.C. ont unanimement exigé l’exclusion du C.C. des membres du groupe et leur exclusion du Parti, ils ont reconnu l’existence de leur entente, le caractère nuisible de leur activité anti-parti et se sont engagés à se soumettre aux décisions du Parti.

Partant de tout ce qui vient d’être exposé et s’inspirant des intérêts du renforcement maximum de l’unité léniniste du parti, la session plénière du C.C. du P.C.U.S. décide :

1. De condamner, comme incompatible avec les principes léninistes de notre Parti, l’activité fractionnelle du groupe anti-parti de Malenkov, Kaganovitch et Molotov, et de Chépilov, qui s’y était joint ;

2. D’exclure du Présidium du C.C. et du C.C. du P.C.U.S. les camarades Malenkov, Kaganovitch et Molotov ; de démettre de son poste de secrétaire du C.C. du P.C.U.S. et d’exclure des membres suppléants du Présidium du C.C. et d’exclure du C.C. le camarade Chépilov.

La condamnation unanime par le Comité central du Parti de l’activité fractionnelle du groupe anti-parti des camarades Malenkov, Kaganovitch et Molotov servira au renforcement ultérieur de l’unité des rangs de notre Parti léniniste, au renforcement de sa direction, à la cause de la lutte pour la ligne générale du Parti. Le Comité central du Parti appelle tous les communistes à unir encore plus étroitement leurs rangs sous le drapeau invincible du marxisme-léninisme, à orienter tous leurs efforts vers le succès de la solution des tâches de l’édification communiste.

(Adopté le 29 juin 1957 à l’unanimité par tous les membres du Comité central, les membres suppléants du Comité central et les membres de la Commission centrale de vérification, avec une abstention, celle du camarade Molotov)

(Pravda, 4 juillet 1957)


COMMUNIQUE SUR LA SESSION PLÉNIÈRE DU COMITÉ CENTRAL DU PARTI COMMUNISTE DE L’UNION SOVIÉTIQUE

Une session plénière du Comité central du Parti communiste de l’Union Soviétique s’est tenue du 22 au 29 juin 1957.

La session a discuté de la question du groupe anti-parti de G. Malenkov, L. Kaganovitch et V. Molotov.

La session a adopté une résolution appropriée, qui est publiée aujourd’hui.

La session a exclu du Présidium du C.C. et du C.C. du P.C.U.S. les camarades Malenkov, Kaganovitch et Molotov ; elle a démis de son poste de secrétaire du C.C. du P.C.U.S. et exclu des membres suppléants du Présidium du C.C. et du C.C., le camarade Chépilov.

La session a élu le Présidium du C.C. du P.C.U.S. composé comme suit :

Membres du Présidium : les camarades A. Aristov, N. Belïev, L. Brejnev, N. Boulganine, K. Vorochilov, G. Joukov, N. Ignatov, A. Kiritchenko, F. Kozlov, O. Kuusinen, A. Mikoïan, M. Souslov, E. Fourtseva, N. Krouchtchev, N. Chvernik.

Membres suppléants du Présidium : les camarades N. Moukhitdinov, P. Pospélov, D. Korotchenko, I. Kalnberzine, A. Kirilenko, A. Kossyguine, K. Mazourov et V. Mjavanadzé, M. Pervoukhine.

La session a complété le secrétariat en élisant comme secrétaire du C.C. du P.C.U.S. le camarade O. Kuusinen.

(Etudes soviétiques, 1957)


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