BOGDANOV Alexandre Alexandrovitch (1873-1928). Membre du Parti ouvrier social-démocrate de Russie, il s’est rallié aux bolcheviks pendant un certain temps. Avant la Révolution de 1905, il se prononçait déjà pour le révisionnisme en philosophie.

Après la défaite de la révolution, il est entré en conflit avec les bolcheviks en politique aussi bien qu’en philosophie. Il a organisé les groupes anti-bolcheviks des « vpériodovtsy » et des « otzovisty », qui s’opposaient à l’utilisation par le parti bolchevik, dans les conditions du reflux de la révolution, de toutes les formes légales de lutte (allant des caisses d’assurance jusqu’à la tribune parlementaire), en plus des formes illégales.

Lénine a appelé les « vpériodovtsy » et les « otzovisty » des menchéviks « à l’envers ».

A la même époque, pendant la période de la réaction, Bogdanov a été l’un des fondateurs d’une école du parti de caractère antimarxiste dans l’île de Capri.

De concert avec Bazarov, Lounatcharski et les menchéviks Iouchkévitch et Valentinov, il s’est dressé contre les principes philosophiques du marxisme. Il est l’auteur d’une variété de la philosophie machiste, l’empiriomonisme (V.). Dans son ouvrage « Matérialisme et empiriocriticisme » (V.), Lénine a soumis ses conceptions philosophiques à une critique foudroyante.

Bogdanov a publié en 1913 « Science universelle de l’organisation », un livre hostile d’un bout à l’autre au marxisme ; c’est un mélange réactionnaire d’idéalisme et de mécanicisme. Le « point de vue de l’organisation » consiste à vider de leur contenu de classe les problèmes économiques et autres qui sont liés au développement de la société, à ramener les lois spécifiquement sociales à celles du mouvement mécanique.

D’après la « science de l’organisation », la force motrice principale du développement dans la société divisée en classes antagonistes n’est pas la lutte de classe, mais l’« équilibre » entre la société et la nature, « l’organisation » des forces productives. Les forces productives sont détachées des rapports de production et considérées comme une technologie pure et simple.

Boukharine et les autres ennemis du peuple soviétique se sont servis de la « science de l’organisation » de Bogdanov dans leur lutte contre l’édification du socialisme en U.R.S.S.

Après la Grande Révolution socialiste d’Octobre, Bogdanov a prôné les théories mencheviques et machistes du « Proletkoult », qui niaient la nécessité pour le prolétariat d’utiliser les acquisitions de la culture avancée du passé et orientaient le développement de la culture prolétarienne dans une voie erronée. Ces théories antimarxistes ont été dénoncées par le parti communiste comme des théories étrangères et hostiles à la culture socialiste soviétique.

BOND. Solution de continuité dans l’accumulation graduelle de changements quantitatifs, transition de l’état qualitatif ancien à l’état qualitatif nouveau par suite de l’accumulation de changements quantitatifs jusque-là insignifiants et latents. Les métaphysiciens nient la nécessité des transitions par bonds d’un état qualitatif à un autre, ils prétendent que le développement est toujours évolutif, quantitatif, sans conversion des changements quantitatifs en changements qualitatifs, sans bonds. Le devenir de la nature et de la société dément cette conception métaphysique.

En réalité tout passage d’une qualité à une autre est un bond, s’effectue par bond. Le développement de la nature inorganique, celui des espèces organiques, etc., montre que les bonds sont une étape nécessaire au cours de la transition de l’état qualitatif ancien à l’état qualitatif nouveau. De même, l’histoire de la société, la succession des formations sociales confirment la théorie des bonds, élaborée par la dialectique marxiste.

Les changements quantitatifs graduels, qui s’opèrent au sein du capitalisme, préparent un changement radical, qualitatif du régime social, une transition par bond du capitalisme au socialisme, accomplie par la révolution prolétarienne.

Les réactionnaires, les opportunistes, les réformistes, qui par peur de la révolution s’efforcent de détourner les travailleurs de la voie révolutionnaire, nient la réalité des bonds dans le développement.

La théorie des bonds est d’une grande importance pour la lutte révolutionnaire pratique. « S’il est vrai que le passage des changements quantitatifs lents à des changements qualitatifs brusques et rapides est une loi du développement, il est clair que les révolutions accomplies par les classes opprimées constituent un phénomène absolument naturel, inévitable » (Staline : « Le matérialisme dialectique et le matérialisme historique », M. 1954, p. 13).

Par conséquent, pour obtenir l’abolition du capitalisme et la victoire du socialisme, il faut être un révolutionnaire prolétarien et non un réformiste. La Révolution socialiste d’Octobre offre l’exemple classique d’un bond prodigieux qui a inauguré l’ère de l’écroulement du capitalisme mondial. La période de la collectivisation massive de l’agriculture et de la liquidation des koulaks en tant que classe au pays des Soviets a été aussi un des plus grands bonds révolutionnaires de l’histoire.

Dans une société divisée en classes hostiles, les transitions d’un régime à un autre (bonds) revêtent le caractère de révolutions politiques, d’explosions révolutionnaires, aboutissent au renversement par la violence du pouvoir d’une classe et à l’instauration du pouvoir politique d’une autre classe.

Les classes exploiteuses une fois liquidées, les bonds perdent le caractère de révolutions politiques, d’explosions. La loi de la conversion de la qualité ancienne en qualité nouvelle sous forme d’explosion n’est pas applicable à toutes les conditions sociales. Elle est de rigueur pour une société divisée en classes hostiles.

Elle ne l’est pas pour une société où il n’y a plus d’antagonisme entre le pouvoir et le peuple. Sous le socialisme, le pouvoir politique appartient au peuple. L’activité de l’Etat soviétique et du parti communiste est conforme aux lois objectives du développement. Les plans d’Etat sont soutenus sans réserve par les masses laborieuses.

Sous le socialisme il n’y a pas de classes susceptibles d’empêcher l’éclosion et la floraison du nouveau, et de combattre pour le maintien de ce qui meurt et freine le progrès. Dans la société socialiste, il reste encore des éléments inertes, arriérés, qui entravent le développement, mais la société triomphe aisément de leur résistance.

C’est pourquoi les bonds, les changements qualitatifs venus à maturité dans la société soviétique, s’accomplissent non par explosion, c’est-à-dire par l’abolition du pouvoir politique existant et l’établissement d’un autre pouvoir, mais par un dépérissement graduel des éléments de la qualité ancienne et l’accroissement des éléments de la qualité nouvelle. Ainsi, dans la campagne soviétique s’est effectué un bond gigantesque qui a substitué au régime économique ancien, bourgeois, un régime nouveau, socialiste, le régime kolkhozien.

La transition graduelle du socialisme au communisme signifiera un bond grandiose dans l’épanouissement des forces productives et de la culture de la société soviétique, un tournant décisif, le passage d’une économie, celle du socialisme, à une autre économie, supérieure, à celle du communisme. Mais cette transition s’accomplit et s’accomplira non sous la forme d’une lutte de classes antagoniques, d’une explosion révolutionnaire, puisque dans la société socialiste les classes hostiles n’existent pas, mais graduellement et harmonieusement, dans l’étroite coopération de l’Etat, du parti communiste, du peuple tout entier, uni moralement et politiquement, mû par cette force puissante qu’est le patriotisme soviétique.

Sous le socialisme, le développement économique ne s’effectue pas par bouleversements, mais par changements graduels. Cela signifie que tous les changements qualitatifs, radicaux, qui s’imposent au cours de la transition du socialisme au communisme (par exemple, la transformation de la propriété kolkhozienne en propriété nationale, etc.), se dérouleront progressivement, par des passages graduels.

Dans la nature les conversions de la qualité ancienne en qualité nouvelle revêtent également des formes très diverses : elles s’accomplissent soit par changements rapides et brusques survenant par suite de modifications quantitatives lentes, soit sous l’effet de l’accumulation graduelle des éléments de la qualité nouvelle et du dépérissement des éléments de la qualité ancienne.

Dans les deux cas, les changements qualitatifs apparaissent à la suite de changements quantitatifs qui préparent l’éclosion de la qualité nouvelle. (V. également Conversion des changements quantitatifs en changements qualitatifs.)


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