PTB naquit en 1970 sur la base – juste – de la critique maoïste du révisionnisme du Parti Communiste de Belgique par AMADA/TPO, « Parti Ouvrier Communiste en Construction ». Il se caractérisa d’emblée par une volonté louable d’implantation ouvrière – avec un relatif succès. Mais, rapidement, l’opportunisme et l’électoralisme eurent raison des principes marxistes-léninistes censés diriger la ligne de cette organisation.
Après avoir, durant les années 80 et 90, clamé son hégémonie sur les idées marxistes-léninistes révolutionnaires en Belgique, contredisant une pratique révisionniste et opportuniste permanente, PTB tourne enfin explicitement le dos au vocabulaire marxiste révolutionnaire et à l’idéologie prolétarienne. PTB a toujours refusé le débat avec les autres organisations communistes1, et nous n’allons certainement pas nier leur caractère historiquement dogmatique et sectaire. Mais aujourd’hui, cette autocritique n’est qu’un prétexte pour joindre leur voix à tous ceux qui qualifient de dogmes les bases scientifiques – le matérialisme dialectique et le matérialisme historique – qui fondent la seule théorie dont le prolétariat puisse et doive se saisir pour renverser la dictature bourgeoise : le marxisme-léninisme.
On rappellera également, en 1984 et 1985, la campagne d’intoxication contre-révolutionnaire de PTB en 1984-1985 contre les Cellules Communistes Combattantes. PTB n’a jamais souhaité débattre de l’opportunité stratégique de mener à ce moment-là des actions de propagande armée, ni de discuter la justesse des cibles, ni même de critiquer la militarisation d’une politique mal ou trop peu portée par une agit-prop au sein des masses prolétariennes. Il s’agissait simplement de dérouler une série ininterrompue de calomnies, contradictoires, trouille d’être démasqués comme ennemis du peuple par la pratique concrète d’une politique révolutionnaire armée en Belgique.
Les acquis sociaux conquis par le prolétariat en lutte, surtout au moment où le rapport de forces politique était plus favorable au prolétariat, où l’exemple et la puissance politique de l’Union Soviétique et des Partis Communistes remplissaient de crainte et de prudence les Etats bourgeois, sont aujourd’hui également des instruments de la domination bourgeoise, de maintien de sa « paix sociale », vidés de leur sens politique hors des périodes de lutte, tout en constituant de faibles remparts contre la férocité de l’exploitation capitaliste. Cependant, les communistes doivent apporter leur soutien sans faille au prolétariat en lutte pour le maintien de toutes ces conquêtes.
De la même manière au niveau idéologique, même dépossédé de son contenu matériel et révolutionnaire, l’utilisation des concepts du marxisme scientifique n’est jamais innocente : elle reflète la force que les idées prolétariennes eurent dans la lutte de classes idéologique. Même lorsque ces idées sont détournées de leur sens réel par le révisionnisme contemporain (comme dans l’URSS de Khrouchtchev ou la prose PTBiste des années 80 et 90), nous devons nous battre contre la substitution de concepts bourgeois ou interclassistes aux concepts marxistes prolétariens. L’abandon du vocabulaire prolétarien ratifie la victoire de la bourgeoisie dans la lutte des idées.
Dans le cas présent, l’abandon revendiqué des idées prolétariennes par le PTB permet, plus que jamais, un certain nombre de clarifications idéologiques bienvenues. Le PTB a depuis belle lurette abandonné le camp du prolétariat et rejoint celui de la « gauche » institutionnelle, de gouvernement ou d’opposition, dont la fonction historique et politique est de détourner les luttes prolétariennes, de vider de tout contenu révolutionnaire les expressions politiques de la lutte des classes, et d’assurer à la bourgeoisie une stabilité politique – en négociant avec elle un certain nombre de concessions réduisant de manière transitoire et limitée sa sauvagerie.
La faiblesse idéologique des marxistes-léninistes aujourd’hui ne fait que refléter la faiblesse politique du mouvement communiste, c’est-à-dire la faiblesse subjective du prolétariat, laquelle n’est pas un reflet mécanique d’une prétendue faiblesse objective. Le prolétariat est plus nombreux que jamais dans l’histoire du capitalisme ; ses conditions d’existence ne cessent de se détériorer ; sa force objective est immense. Mais il est totalement désarmé, organisationnellement, idéologiquement, politiquement.
Dès lors, en l’absence d’organisation numériquement significative unifiant les marxistes-léninistes authentiques, et devant la coexistence de courants parfois divergents – y compris sur des questions essentielles – dans les collectifs se revendiquant du mouvement communiste (y compris le Bloc Marxiste-Léniniste), certains camarades, conscients de la nécessité d’un politique révolutionnaire, ont pu – par jeunesse politique ou par découragement – se laisser prendre à l’illusion que, derrière les concessions tactiques du PTB, et dans cette fange idéologique nauséabonde, pouvait se cacher une volonté prolétarienne et révolutionnaire.
La priorité aujourd’hui est le rassemblement des forces véritablement communistes, non leur dilution dans une « gauche » bourgeoise ou interclassiste.
C’est pour cette raison que nous avons rédigé ce texte, afin de confronter les positions du PTB – telles qu’elles s’expriment aujourd’hui – avec les principes communistes, et d’aider le Parti du Travail de Belgique à clarifier sa position, enfin ouvertement contre-révolutionnaire.
Le naïf sera choqué par ce reniement contre-révolutionnaire ; le matérialiste y verra la confirmation qu’il est impossible de maintenir très longtemps un discours, fût-il formel, en contradiction totale avec une pratique depuis toujours réformiste et contre-révolutionnaire.
Parcourons d’abord une interview du « porte-parole » du PTB2. Nous y voyons des références constantes à la « démocratie » non qualifiée, c’est-à-dire bourgeoise. Un Etat démocratique, selon PTB, est défini par son « processus électoral », respectant l’Etat de droit.
Pour nous, marxistes, l’Etat est l’appareil destiné à maintenir la domination d’une classe sur une autre, aujourd’hui la bourgeoisie sur le prolétariat, et son droit est la forme juridique de cette domination. Selon Lénine « la force du capital est tout, la Bourse est tout ; le Parlement, les élections ne sont que des marionnettes, des fantoches… »3
Malgré les libertés formelles qu’elle permet, et dont les révolutionnaires doivent s’emparer sans illusion tant que cela est possible, la démocratie bourgeoise n’est que la forme du pouvoir bourgeois dans les périodes historiques où celui-ci n’est pas menacé à court terme. Les communistes savent que l’unique chemin vers la démocratie réelle, populaire, est la dictature de la majorité sur la minorité, la dictature du prolétariat.
Le PTB condamne le recours à la violence révolutionnaire : seul un « Etat démocratique (…) aurait le droit de se défendre [comme] le Venezuela de Chavez ». On ajoutera ici que Chavez lui-même n’aurait pas fait long feu en 2002 si le peuple vénézuélien avait attendu une quelconque caution étatique ou légale pour mettre violemment fin au putsch réactionnaire, et si les affrontements n’avaient pas démontré de façon limpide leur caractère de classe. Le nœud de la question est bien là : PTB renonce à toute analyse de classe.
Dès lors, la question de la violence elle-même est posée en termes formels, non politiques : Évoquant la violence, PTB nous parle de vols de lecteur MP3, et non de la violence de la bourgeoisie, par laquelle elle maintient son exploitation, au prix de millions de vies humaines chaque année, en faisant porter à des milliards d’êtres humains le joug de la misère et de l’exploitation.
PTB revendique enfin explicitement son réformisme : il ne s’agit plus même du réformisme des partis de la 2e Internationale imaginant – par clientélisme et lâcheté – que la voie légale permettrait d’instaurer un pouvoir prolétarien, tentant ainsi de dissimuler leur trahison historique. Non, il s’agit explicitement d’un réformisme interclassiste, légaliste, c’est-à-dire bourgeois.
Cette grossièreté idéologique caractérise-t-elle individuellement le nouveau porte-parole d’un parti qui cherche à asseoir sa légitimité auprès de son maître bourgeois ? Pas seulement :
Examinons le « programme 2007 » de ce parti, en tentant de dégager les contradictions de classe principales soulevées par les différents points, leurs liens avec la lutte révolutionnaire, et l’incapacité du PTB à défendre une quelconque position prolétarienne.
Il s’agit d’un programme électoral, marqué du sceau de l’électoralisme le plus béat, respectueux de la démocratie bourgeoise : PTB apporte par ce programme son soutien sans réserve à la légitimité de la farce électorale par laquelle la classe dominante maintient l’illusion d’une participation des masses à la gestion du pays – pire – PTB ne cherche pas à tirer sa légitimité de quelque lien (historique, idéologique ou politique) avec les masses en lutte, mais de sa participation à cette farce par laquelle la bourgeoisie dupe – de moins en moins efficacement – le peuple.
Le programme d’une organisation communiste ne doit certes pas être la répétition ad nauseam des principes marxistes sans les appliquer à la réalité concrète. La qualité d’un programme ne se mesure pas au nombre de références à Marx, Lénine ou Staline, ou même au prolétariat. Mais le programme d’une organisation communiste doit avant tout affirmer une position de classe, une position révolutionnaire, afin de donner au prolétariat des instruments idéologiques, organisationnels, politiques et militaires dont il puisse à terme se saisir afin d’instaurer sa dictature.
« De toute évidence, l’arme de la critique ne peut remplacer la critique par les armes : la force matérielle doit être renversée par une force matérielle ; mais la théorie se change, elle aussi, en force matérielle dès qu’elle s’empare des masses. »4
2.1. Introduction
Le programme s’ouvre sur un magnifique slogan : « les gens d’abord, pas le profit », en lettres de 4 centimètres. On ne parle d’ouvriers, de travailleurs, de prolétaires : les catégories liées au processus de production, et permettant de mettre en question le mode de production capitaliste, sont abandonnées. On ne parle même plus de « pauvres » et de « riches » : les catégories permettant de dénoncer une répartition inique des richesses entre les classes en lutte sont, elles aussi, passées à la trappe.
PTB privilégie l’homme formel à l’individu concret, déterminé, comme il privilégie la démocratie formelle à la lutte concrète.
Le but déclaré des communistes (revendiqué même par les réformistes de la 2e Internationale après sa trahison), est l’abolition de l’exploitation de l’homme par l’homme. Aujourd’hui, cette exploitation prend la forme du salariat, c’est-à-dire de l’achat – par le capitaliste propriétaire des moyens de production – de la force de travail du prolétaire, et de l’extraction d’une plus-value car la valeur créée par l’ouvrier par son travail dépasse (largement) la valeur de sa force de travail. C’est ce processus qui définit le mode de production capitaliste, maintenu par les superstructures de la bourgeoisie : son idéologie, son Etat, ses lois, ses flics.
PTB décrit – comme toute la gauche – la décroissance de la part des salaires dans le PIB, ainsi que les bénéfices éhontés et l’enrichissement infâme des capitalistes. Cette décroissance est la conséquence d’un phénomène bien connu des marxistes, la baisse tendancielle du taux de profit, qui – du fait de l’accroissement du capital constant (machines, bâtiments, …) par rapport au capital variable (la somme des salaires), sur lequel la plus-value est extraite – impose au capital d’augmenter sans cesse le taux d’exploitation pour maintenir ses profits. Autrement dit, l’écart entre la richesse créée par le travailleur et la part qui lui en reviendra sous forme de salaire augmente démesurément et constamment au profit du capitaliste.
Et bien non, PTB a compris ce phénomène bien mieux que Marx. L’argent provient certes du « monde du travail », mais non directement par l’extraction de plus-value, mais par « l’index-santé », le « retard des pensions », le « prix élevé des factures d’énergie », les « taxes », les « impôts » et la « norme salariale ».
C’est bien là la nature de la gauche de pouvoir, ou de l’opposition instituée : il s’agit de dénoncer les « excès » du capitalisme, d’en réclamer des aménagements, tout en occultant sa nature.
A ce propos, on peut se demander qui PTB courtise exactement, en rangeant l’impôt du côté des moyens d’extraction de richesse par la bourgeoisie. Certes, comme le souligne PTB, l’impôt – collecté par l’Etat de la bourgeoisie – frappe bien plus durement le Travail que le Capital, mais l’impôt en soi n’est pas soustrait du salaire du travailleur, mais en constitue sa partie collective. Si aujourd’hui cette richesse est utilisée non seulement collectivement par le peuple, mais aussi par l’Etat bourgeois pour maintenir sa domination, au contraire dans un Etat socialiste, la part collective du salaire tendra à augmenter au fur et à mesure que la richesse sociale elle-même sera collectivisée. Parler de l’impôt en taisant cette réalité, c’est s’abaisser à un discours populiste et réactionnaire, incapable de perspective historique.
Continuons : dans la suite de ce programme, aucune perspective prolétarienne ne sera jamais défendue5. Pire, le concept de lutte populaire lui-même est totalement absent . La lutte, fût-elle partielle, n’est jamais garantie de victoire ; elle en est la condition. Occulter la lutte, c’est appeler la pire des défaites, la défaite sans combat, la défaite parce que l’on a déposé les armes (théoriques et organisationnelles) avant même que l’ennemi n’ait montré les dents, la défaite qui casse la continuité de l’histoire du mouvement ouvrier. Jamais PTB ne parle de la lutte : il se place en permanence en conseiller des gestionnaires de l’état bourgeois, en comptable, en donneur de leçons, jamais évidemment en avant-garde ni même en compagnon du prolétariat qui se bat.
La plupart des organisations qui aujourd’hui se revendiquent du communisme s’engagent au côté du prolétariat, ou des masses opprimées, dans ses luttes partielles, à court terme, essentiellement économiques, et – sauf dans leurs cercles les plus fermés et de façon purement rhétorique – se réfèrent peu à la perspective historique de renversement de l’ordre bourgeois. Mais au moins ces organisations posent la question en termes de classes, en termes de lutte. PTB a reculé bien en deçà de ce stade déjà pitoyable.
2.2. Une saine comptabilité néo-zélandaise
Le premier (!) point du programme PTBiste vise à diminuer le prix des médicaments « grâce au véritable modèle kiwi » et à rendre « gratuite la consultation chez le généraliste ».
Si l’on se penche sur le modèle néo-zélandais de santé cité en exemple, on s’aperçoit qu’il n’est pas étranger aux intérêts de certaines fractions de la bourgeoisie : le généraliste J. Germeaux (VLD) indique qu’en Nouvelle-Zélande, les généralistes ont reçu une partie de l’argent économisé grâce au « modèle kiwi « , et ont pu ainsi réorganiser à leur mode une partie des soins de santé.
PTB se pose ici en gestionnaire de l’assurance-maladie, indiquant des pistes pour « redresser la barre » budgétaire. Rudy Demotte manquait sans doute de conseillers équipés – non de la force théorique d’une analyse matérialiste de l’économie bourgeoise – mais de calculatrices. Soucieux de ne jamais dépasser l’horizon du capitalisme, PTB argue régulièrement (ici et dans d’autres points du programme) que ce qu’il propose est déjà appliqué dans d’autres pays capitalistes. En effet, la légitimité de PTB aux yeux de la bourgeoisie est à ce prix : s’ils en venaient à inclure dans leur programme des éléments dont la pleine réalisation nécessitait le dépassement du capitalisme, ils leur serait plus difficile de s’attirer la confiance des fractions de la petite-bourgeoisie de « gauche » qu’ils cherchent de toute évidence à courtiser. L’effort minimal consistant à réclamer « la fin des licenciements, des délocalisations » ou même ici « la médecine universellement gratuite » les dépasse clairement.
Pourtant, la question de l’industrie pharmaceutique n’en finit pas de démontrer l’horreur du mode de production capitaliste. Nous sommes face à un secteur du capital qui tue les humains par centaines de millions (ainsi les moyens consacrés à la lutte contre le SIDA, contre le paludisme, sont dérisoires par rapport aux budgets de ces monstres capitalistes), s’appuyant sur la propriété privée des moyens intellectuels de production, les brevets, donc sur des éléments immatériels dont la pérennité est uniquement garantie par la superstructure légale bourgeoise, et donc in fine par l’Etat bourgeois, son pouvoir politique et militaire. La contradiction entre les besoins élémentaires des hommes – se soigner pour sauver leur vie – et la superstructure bourgeoise apparaît ici de façon criante. Nulle allusion à cette réalité dans la prose PTBist.
Qu’en est-il exactement de ce modèle kiwi ? S’agit-il d’un contrôle étatique total des prix sur les médicaments (dont le remboursement reste partiel !) ? Même pas ! La revendication du contrôle par l’Etat des prix de moyens d’existence du prolétaire (dont font partie les médicaments) est une revendication soit réformiste, soit utopiste, mais qui ne peut mener à la question de la lutte révolutionnaire, sinon en posant d’emblée la question de la distribution planifiée, de la nationalisation de la production. Mais rien de cela chez PTB : il s’agit seulement de faire jouer la concurrence entre capitalistes, à la façon des marchés publics. PTB redécouvre les vertus de la concurrence, source infinie d’anarchie et de gaspillage, qui – par miracle – aux mains de l’Etat bourgeois, pourrait être outil de régulation sociale et de bien-être populaire. Merci Adam Smith.
2.3. La « facture énergétique »
Ce point du programme du PTB a pour but de diminuer « notre »6 facture d’énergie de 20%, via un abaissement de la TVA sur le gaz et l’électricité, la création d’entreprises publiques pour l’approvisionnement en énergie au niveau communal et intercommunal à côté des firmes privées existantes.
La politique énergétique du capitalisme révèle en effet de nombreuses contradictions insolubles du mode de production capitalisme : l’exploitation anarchique des forces de la nature, qui ne peut perdurer à long terme ; la nécessité pour l’état bourgeois à un stade de son développement de se substituer aux capitalistes privés pour développer certaines formes d’énergie (telle l’énergie nucléaire) et d’industrie lourde ; le caractère intenable d’une production énergétique non planifiée.
PTB se place à ce propos, non du point de vue du prolétaire qui voit son exploitation s’accroître et la valeur de sa force de travail se réduire toujours davantage, et approcher de plus en plus son minimum physiologique (càd le minimum en-dessous duquel il lui est impossible de reproduire tout simplement son existence matérielle), mais du point de vue comptable de l’Etat bourgeois. PTB, qui décidément brigue le Ministère des Finances, propose de prélever une partie des « superprofits » d’Electrabel pour alléger la facture énergétique des ménages. La taxe sur ces superprofits – car la possibilité de faire des « superprofits « , voire tout simplement des profits par l’exploitation du prolétariat, n’est même pas mise en cause – serait de plus « exceptionnelle » : PTB prend garde à rassurer les actionnaires de Suez-Electrabel : il se pose en ennemi « exceptionnel » du « supercapitalisme » qui fait des « superprofits », mais en bon collaborateur du capitalisme et de ses profits.
A la manière de la Grande-Bretagne (un pays probablement socialiste), PTB propose de taxer les bénéfices « indécents » des compagnies pétrolières : clairement, le capitalisme lui-même, et l’extraction « normale » de la plus-value, semblent décents à PTB.
Comme objectif lointain, à mettre au conditionnel, PTB indique que la production énergétique « devrait passer aux mains des pouvoirs publics », mais – se rendant compte du caractère profondément subversif de mesures qui furent pourtant nécessaires à une époque assez proche au développement économique capitaliste, et dont l’abandon résulte d’un rapport de force défavorable au prolétariat, PTB se contente de revendiquer la création d’intercommunales publiques pour le transport et la distribution de l’énergie, à côté des firmes privées. La revendication de la nationalisation du secteur de l’énergie est bien loin : cependant, PTB dans un accès de naïveté ou de stupidité, indique que cette timide incursion du secteur public dans le domaine de l’énergie (de son transport et de sa distribution donc) permet d’en établir une « planification à long terme ». C’est ignorer que la planification à long terme est contradictoire par nature avec le mode de production capitaliste.
Le développement du capitalisme porte en lui les germes de l’organisation socialiste de la production, par la socialisation croissante de sa production, au niveau national et international. La prise en mains de secteurs industriels par l’Etat, contraint ou dirigé par le prolétariat, est une arme puissante aux mains des opprimés. Quant à lui, PTB, comme toujours, ignore toute position de classe.
Et là, nous avons une de ces splendides énormités, de ces sommets de ridicule, qui émaillent le programme de PTB : « dans l’attente de telles entreprises publiques, les communes peuvent ouvrir un guichet d’information ». Eh oui, selon PTB, les communistes « attendent » la bienveillance de l’état bourgeois pour que leurs revendications soient réalisées, et entretemps veulent imposer l’obligation d’ « aider le consommateur à faire ses choix ». Ce point est repris, très sérieusement, dans les trois revendications de PTB en matière de politique énergétique.
2.4. Chômage et emplois stables
Dans le 3e point de son programme, PTB revendique le plein emploi, quelques améliorations du droit du travail, le droit à la prépension avec embauche compensatoire et des sanctions contre les « entreprises rentables qui licencient massivement »
A nouveau, PTB se place ici entièrement du point de vue de la gestion capitaliste de la société. Nulle allusion à cette simple réalité que le chômage – par la constitution d’une armée de réserve des prolétaires à l’usage du Capital – et la précarisation du salariat sont bien la condition (via la mise en concurrence des prolétaires) du maintien de profits et de taux d’exploitation élevés.
Oui, il est juste de se battre avec le prolétariat pour le maintien d’un droit du travail conquis de haute lutte à une époque où le rapport de forces lui était moins défavorable ; mais nos mots d’ordre ne doivent pas se subordonner à la logique capitaliste : il ne s’agit pas de déterminer si une entreprise est « rentable » ou non – les capitalistes sauront comment magouiller leur comptabilité – pour affirmer un simple mot d’ordre, spontanément émis par les travailleurs en lutte : « pas de licenciement, pas de restructuration, pas de délocalisation ».
Et ce n’est pas de sanctions qu’il faut menacer les patrons criminels : c’est de la colère implacable du prolétariat en lutte. Ce n’est évidemment pas la logique d’un parti légaliste et électoraliste.
2.5. Ecologie
PTB part du rejet des gaz à effet de serre pour défendre une série de mesures, essentiellement techniques, liées à l’organisation des transports (des personnes ou des marchandises) ou à l’économie d’énergie par les particuliers. Il prône également l’abandon de l’énergie nucléaire et du charbon.
Selon PTB,
« ce n’est que lorsque les grandes entreprises sont la propriété de la communauté et que l’économie est planifiée (…) que [l’on peut passer à] une production et à des transports respectueux de l’environnement ».
Bons élèves de la pensée dominante écologiste, PTB – qui se refuse à démasquer les contradictions inhérentes et léthales au mode de production capitaliste – affirme que « pour respecter l’environnement », le capitalisme doit être dépassé. Effectivement, la question de l’exploitation des forces de la nature met en évidence le caractère caduc des rapports de production capitalistes.
Mais « respecter l’environnement » est une expression totalement creuse de sens. Le capitalisme a mis à son service, au cours des 30 dernières années, l’idéologie écologiste afin de justifier son incapacité à continuer à développer les forces productives, son incapacité à assurer la poursuite du développement de la qualité de vie du prolétariat – même dans les pays dominants. Aujourd’hui, les prolétaires savent que – sous le capitalisme – la génération qui les suit vivra moins bien qu’eux. Le capitalisme a trouvé le bouc-émissaire pour éviter que l’on pose la question de son dépassement historique : la nécessité de « respecter l’environnement ».
Ainsi, incapable de poser rationnellement et collectivement la question de l’énergie nucléaire, la « gauche » de la bourgeoisie (c’est-à-dire les fractions de la bourgeoisie qui n’ont pas d’intérêts immédiats et concrets dans l’exploitation de cette source d’énergie) rejette le nucléaire sans poser rationnellement et scientifiquement la question des déchets et des dangers. Le problème de la fusion nucléaire7, dont la faisabilité technologique était déjà discutée il y a 40 ans est à ce titre révélateur : son développement potentiel requiert des quantités énormes de richesse sociale pour des bénéfices hypothétiques mais immenses, mais ces bénéfices sont trop lointains la myopie capitaliste, et surtout pour les capitalistes privés particuliers. C’est ainsi qu’un consortium mondial est actuellement mis en place, à une lenteur d’escargot, et – contredisant le catéchisme capitaliste du moment – essentiellement sur des fonds publics, pour explorer cette forme d’énergie qui pourrait apporter une réponse remarquable aux problèmes énergétiques.
La question qui se pose à l’humanité est celle du développement de ses forces productives, donc de l’exploitation rationnelle, contrôlée et durable des forces de la nature, par l’accroissement de ses connaissances et de ses capacités technologiques et scientifiques. Cette question ne peut clairement plus être résolue dans le cadre des rapports de production capitaliste.
Il ne s’agit pas pour les communistes de demander aux « consommateurs » de placer du double vitrage subventionné par l’Etat, ou de demander aux producteurs de respecter un certain nombre de normes techniques visant à diminuer le gaspillage, comme le propose PTB, mais de condamner le capitalisme comme source inépuisable de gaspillage et d’anarchie, comme cause principale de la destruction catastrophique des ressources naturelles, et surtout de la ruine universelle de l’humanité.
2.6. Impôt sur la fortune
PTB propose un impôt sur la partie de la fortune dépassant 500 000 euros.
Citant sept autres pays européens appliquant un tel impôt, PTB entre totalement dans une logique de « gauche » de gouvernement, visant à équilibrer les budgets de l’état bourgeois, en grevant de façon très modérée les plus-values arrachées par les capitalistes au prolétariat. Il est remarquable, que, en passant, PTB veille à rassurer les détenteurs de « fortunes modestes » possédant deux habitations dépassant ensemble les 500 000 euros, et louant même – en capitalistes – une de leurs habitations : PTB ne veut pas inquiéter la petite-bourgeoisie.
2.7. Autres points
Après avoir discuté ces cinq points du programme du PTB – qu’ils estiment « prioritaires » – nous évoquons plus brièvement les vingt autres points, afin d’éviter de nous répéter abusivement.
PTB propose d’instaurer une loi sur les loyers (point 8 de leur programme), fixant les prix des logements. A ce propos, PTB discute la nécessité de construire de nouveaux logements sociaux, le blocage de loyers, … – sans évoquer la contradiction de classe révélée par ce problème.
PTB discute longuement la part du salaire consacrée aux loyers. Engels a montré que cette question est économiquement secondaire (ce raisonnement s’applique également aux points 1 et 3 ci-dessus, le « modèle kiwi » et la « facture énergétique ») : ceci
« vaut pour toutes les réformes dites sociales qui tendent à (…) abaisser le prix des moyens d’existence de l’ouvrier. En effet : ou bien elles sont appliquées d’une façon générale et il s’ensuit une diminution de salaire correspondante, ou bien elles restent des expériences isolées et le simple fait d’être des exceptions démontre que leur application à grande échelle est incompatible avec le mode de production capitaliste en vigueur « 8.
Sur ces différentes questions, PTB est incapable de poser les questions centrales : celle de l’exploitation capitaliste et de la lutte du prolétariat contre cette exploitation.
Passons sur les points 9 à 11, dans lesquels – pour le calcul des pensions, du salaire minimal, du système fiscal – PTB se présente en parti de « gauche » de gouvernement, comptable et gestionnaire de l’état bourgeois. On relèvera cependant la fixation PTBiste sur les sacs-poubelle : dans un acte de bravoure inouï, magnifique fait d’armes de la lutte pour le socialisme, PTB se targue d’avoir récolté 5000 signatures à Herstal, faisant plier les autorités communales et réduisant le prix des sacs à 60 cents !9 Ce parti est promis à un bel avenir.
Passons également sur les transports en commun, les bureaux de poste, et les clubs de marche (points 12, 13 et 15), dans lesquels le PTB s’affirme très « proche des gens », mais bien loin du cœur de la lutte prolétarienne.
Le point 16 pose la question de l’égalité homme-femme, de façon très concrète, sans se référer à un féminisme idéal ou formel. Le lien avec la lutte des classes n’est toutefois pas mis en évidence. On remarquera cependant que, sans doute par volonté conciliatrice envers une partie de leur électorat marqué par les idéologies religieuses les plus réactionnaires, PTB omet totalement de mentionner l’oppression spécifique subie par de nombreuses femmes immigrées, et la lutte nécessaire contre l’aliénation religieuse qui maintient ces femmes dans de triples chaînes : celles de la religion, celles du patriarcat, et surtout celles de l’exploitation capitaliste.
Le point 17 vise à une meilleure protection des délégués syndicaux, et à l’interdiction de l’intervention des tribunaux dans les conflits sociaux.
Ici enfin, PTB pose la question de la lutte prolétarienne, mais en la cantonnant d’emblée au champ syndical et légal. Les révolutionnaires ont le devoir de soutenir toutes les luttes prolétariennes, syndicales ou extra-syndicales, pour la défense des intérêts immédiats des travailleurs. Les syndicats – dont les directions se consacrent entièrement à la collaboration de classe – représentent en effet un maigre mais indispensable garde-fou contre la brutalité du capital. Les communistes doivent simultanément soutenir ces luttes partielles et immédiates et dénoncer – théoriquement et pratiquement – la fonction historique générale du trade-unionisme, qui contribue à la « paix sociale » bourgeoise.
Il n’est pas innocent que la seule allusion à la lutte de classes dans le programme du PTB soit limitée par l’horizon syndical, » trade-unioniste ». En effet, dès le début des années 80, PTB affirmât que « La lutte légale et syndicale est la forme [de lutte] principale [aujourd’hui et en Belgique] » et à partir de là, la tâche des marxistes est qu’ils « généralisent, organisent et rendent conscientes les formes de lutte que les travailleurs développent spontanément. ». Depuis plus de 25 ans, PTB a renoncé à la notion même d’avant-garde révolutionnaire : la tâche des communistes se bornait déjà pour eux à organiser et centraliser les luttes spontanées. Marx et Engels nous ont appris que ces luttes réformistes ne peuvent être dépassées spontanément par le prolétariat, et que le rôle du parti est précisément d’apporter au prolétariat les armes lui permettant de poursuivre ses intérêts généraux et historiques.
La ligne actuelle du PTB se situe donc dans l’exacte continuité de leur ligne des années 80, épurée à présent de toute allusion de principe au combat révolutionnaire.
Nous rejoignons le slogan du PTB visant l’interdiction des interventions de la justice bourgeoise dans les conflits sociaux : cependant le droit de grève fut obtenu par la lutte prolétarienne, c’est la lutte prolétarienne – et non des bêlements parlementaristes – qui permettra de le préserver. Les communistes soutiennent toutes les formes de lutte que développe le prolétariat contre ses exploiteurs, que celles-ci se déploient ou non dans le champ de la légalité bourgeoise.
On peut penser que cette reconnaissance par le PTB des formes les plus limitées et partielles des luttes prolétariennes, dans leur cadre syndical le plus restreint – alors que le concept même de lutte populaire lui semble aujourd’hui tabou – est lié à leur implantation ouvrière historique , en particulier parmi les délégués (avec les limites et compromissions que cela a toujours impliqué).
Dans leur point 18, PTB revendique « plus de participation à la politique nationale et européenne ». Un examen attentif ne nous a pas permis de déterminer exactement quel est le sujet qui devrait « participer davantage à la politique » : il semblerait que ce soit « le peuple et ses représentants élus » (par opposition au gouvernement « non élu »). Ceci définit pour PTB le « processus démocratique ».
Attendant sa légitimité de la farce électorale bourgeoise, PTB insiste lourdement (à trois reprises) sur le caractère proportionnel du scrutin, afin évidemment d’accroître sa « représentativité » – en proposant, par ailleurs, la possibilité d’édicter des lois par « referendum » (forme de scrutin qui, pas plus que les élections bourgeoises, ne peut servir la cause du prolétariat).
Ici et aujourd’hui, la participation aux élections a pour seule fonction de légitimer les formes actuelles de domination politique de la bourgeoisie : le devoir des communistes est de les dénoncer comme telles. « Plus la démocratie est puissamment développée, plus la Bourse et les banquiers se soumettent les parlements bourgeois » (Lénine).
Aux points 20 et 21, PTB traite de la question des populations immigrées, en se limitant aux questions de légalité bourgeoise : nationalité, papiers et titres de séjour. On remarquera tout d’abord que PTB ne démontre pas le lien essentiel entre cette question et l’oppression des « pays du Sud » (à qui on doit « donner une chance de voler de leurs propres ailes », selon le point 24, essentiellement via l’ « annulation de la dette » et l’ « aide au développement »).
Les délocalisations augmentent le taux de chômage dans les métropoles impérialistes, accélèrent considérablement le développement de l’industrie légère capitaliste dans les pays dépendants, remplaçant de façon accélérée les modes de production antérieurs subsistants par le mode de production capitaliste, créant là aussi un chômage massif, et par la loi de la valeur une destruction de l’agriculture locale de subsistance et de l’industrie locale existantes. Selon le BIT, en 2005, la moitié des 2.8 milliards de travailleurs dans le monde vivent sous le seuil de pauvreté. En effet, la différence énorme de la valeur de la force de travail entre les pays dépendants et les pays de la métropole est le facteur permettant aux capitalistes de piller ses pays, en y déplaçant leurs capitaux pour y réaliser des profits énormes. Elle impose également aux capitalistes de réguler, voire d’empêcher, le déplacement international des travailleurs, c’est-à-dire d’établir des barrières protectionnistes sur la marchandise « force de travail ».
Quant aux « solutions » apportées par PTB (aide au développement, annulation de la dette), les mécanismes décrits ci-dessus – simples conséquences de la loi de la valeur au niveau international – montrent qu’elles ne peuvent résoudre le problème de la domination impérialiste sur les pays de la périphérie, de la misère dans laquelle les trois-quarts de l’humanité sont maintenus.
Si bien sûr les communistes soutiennent les travailleurs immigrés et les sans-papiers dans leurs luttes contre l’oppression et la répression spécifiques dont ils sont l’objet, ils conçoivent ce combat dans le cadre de l’internationalisme prolétarien : les travailleurs des pays impérialistes doivent soutenir la lutte des travailleurs de la périphérie qui vivent dans la misère à cause de la domination impérialiste.
La solidarité avec les sans-papiers victimes de la répression bourgeoise dans nos pays est donc indissolublement liée à la solidarité avec la résistance irakienne contre l’occupation impérialiste, avec la résistance des peuples africains contre l’impérialisme français, avec la résistance de tous les peuples opprimés par l’impérialisme, car « un peuple qui en opprime un autre ne saurait être libre ». (Marx)
Les communistes doivent aux peuples en lutte une indéfectible solidarité, que ces peuples aient pu conquérir ou maintenir un certain nombre de victoires (comme à Cuba, en Bolivie ou au Venezuela). Lorsque PTB parle de solidarité internationale (point 25), ce n’est pas avec les peuples et avec leur combat, mais avec les « pays qui oeuvrent pour la justice sociale », sans comprendre que – quel que soit l’état du rapport de force – ce sont les masses populaires qu’il faut soutenir, avant des états qui – quels que soient les mérites et le caractère populaire que l’on peut peu ou prou leur reconnaître – ne sont pas (pas encore, ou plus) aujourd’hui en phase de transition vers le socialisme.
On notera au passage que PTB ne soutient même pas la juste lutte de libération du peuple palestinien (mais revendique la reconnaissance par la Belgique de l’ « Etat palestinien », cette entité fantoche et asphyxiée politiquement et économiquement par le sionisme) et reconnaît implicitement l’Etat sioniste. Les communistes ne « reconnaissent » la légitimité d’aucun état bourgeois, et soutiennent les peuples dans tous leurs modes de combat.
Le respect total de la légalité bourgeoise par PTB s’exprime très clairement dans le point 22, traitant de la « criminalité » : la solution, selon PTB, passe par les flics de quartier, les accompagnateurs de bus, les concierges et l’enseignement.
Autrement dit, PTB envisage la question de la criminalité de la même façon que toute la « gauche » petite-bourgeoise, de Besancenot à Ségolène Royal.
« Est-il plus grave de voler une banque, que de fonder une banque ? » (B. Brecht)
La véritable criminalité, c’est celle de l’exploitation du salariat. La véritable insécurité, c’est celle de l’esclavage salarié. La société dans laquelle nous vivons a pour base la propriété privée des moyens de production, et donc le vol institutionnel – en parfaite cohérence avec les lois de l’économie marchande, et avec la légalité de la bourgeoisie – de la majeure partie de la vie des prolétaires. La barbarie de l’opprimé n’est que le reflet de la barbarie de l’oppresseur.
Quand PTB soutient la police de proximité, il fait mine d’ignorer que la jeunesse est bien consciente que la police n’est que le bras armé quotidien d’une organisation de la société qui, au mieux, les réduit en esclavage, au pire les marginalise.
Les communistes condamnent les formes légales du vol et de la barbarie (propriété privée des moyens de production, exploitation) comme ses formes illégales (délinquance, banditisme), mais comprennent que les secondes ne sont que le produit des premières.
Quand, rejoignant le chœur bien-pensant des idéologues de la justice bourgeoise (incluant même Sarkozy), PTB propose de mettre « la victime au centre », en indiquant que « les auteurs doivent prendre conscience de ce qu’ils ont infligé », ils déplacent le problème sur le plan de la conscience et des idées : les actionnaires, les capitalistes, savent bien ce qu’ils infligent au prolétariat, la misère, les quinze mille gosses qui crèvent de faim chaque jour à cause de leurs agissements. Ca ne les empêche pas de dormir. Ca n’empêche pas non plus PTB de qualifier de « crimes » les barbaries individuelles commises dans le cadre d’un système qu’il respecte et dont il cherche à tirer sa légitimité, un système qui commet chaque jour contre l’humanité, les crimes les plus innommables.
Nous, communistes, voulons mettre fin au crime.
Au point 23, PTB fait l’éloge de la paix, prône la neutralité, dénonce les accords militaires secrets avec les USA et indique que l’armée « ne doit avoir qu’un rôle défensif, [sans] participation aux interventions étrangères ».
Si l’on comprend bien PTB, le seul rôle de l’armée doit être la répression militaire des luttes prolétariennes : telle est la fonction de l’appareil militaire de la bourgeoisie. Soyons indulgent : PTB ignore à ce point la violence des masses que ceci a dû lui échapper : il est naturel pour les pacifistes petits-bourgeois de laisser le monopole de la violence à la bourgeoisie, ses flics et son armée.
Il n’y a pas de capitalisme sans guerre, pas de paix sans révolution. La guerre est un produit cyclique, inévitable, du mode de production capitaliste arrivé à son stade impérialiste. Pour combattre la guerre impérialiste, il faut combattre le mode de production qui l’engendre ; pour se donner les moyens de le combattre, il faut se préparer à la guerre de classe, expression transitoire et nécessaire de la violence révolutionnaire des masses.
Les communistes ne promeuvent pas la « neutralité » de leur Etat bourgeois, mais le défaitisme révolutionnaire dans le cadre des guerres impérialistes. Les communistes dans chaque camp doivent travailler à la défaite de leur propre bourgeoisie, non bien sûr en vue de la victoire de la bourgeoisie adverse, mais en vue de l’affaiblissement des bourgeoisies des deux camps et du basculement du rapport de forces en faveur du prolétariat.
PTB a renoncé même à se draper dans une fierté révolutionnaire factice : ils sont passés avec armes (virtuelles) et bagages (sacs-poubelle) d’un révisionnisme instable à un réformisme démocrate bourgeois assumé.
Comme toute la « gauche » bourgeoise, ils continueront à tenter de détourner les luttes du prolétariat vers des leurres sans jamais réussir à duper le peuple ; ils continueront à proposer des aménagements inefficaces, utopiques ou dérisoires, de la barbarie capitaliste.
Nous souhaitons à PTB un beau parcours dans la politique parlementariste ; nous leur souhaitons d’obtenir tous les ministères qu’ils briguent, et sommes profondément soulagés à l’idée qu’ils n’encombreront plus le terrain de la lutte prolétarienne. Enfin, ils ne saliront plus de leurs initiales les idées de la Révolution, et seront condamnés par l’Histoire aux côtés de leurs maîtres bourgeois. Enfin, ils se rangent explicitement du côté des ennemis du peuple.
Bon débarras.
Bloc Marxiste-Léniniste
décembre 2008