Du temps même du Christ, il existait une telle ferveur populaire que les gens étaient transcendés et arrivaient à disposer de volonté et d’engagement qu’ils n’osaient pas auparavant. Nulle magie ici, simplement l’importance de la capacité à prendre des décisions, avec, inévitablement et c’est un aspect de grande importance, l’hypothèse absolument nécessaire que Jésus était en fait médecin.
Soins réels, ferveur permettant d’aller de l’avant, voilà ce qui a aidé Jésus comme figure révolutionnaire anti-romaine et, partant de là, opposé aux rabbins entrés politiquement en collaboration avec l’occupant.
C’est ce qui explique que la Bible chrétienne raconte des choses comme (ici dans l’Évangile selon Luc) :
« Or une femme, atteinte d’un flux de sang depuis douze ans et que personne n’avait pu guérir s’approcha par derrière et toucha la frange de son manteau ; et à l’instant même son flux de sang fut guéri. »
Dans les Actes des Apôtres, on lit pareillement :
« Dieu opérait par les mains de Paul des miracles peu banals, à tel point qu’il suffisait d’appliquer sur les malades des mouchoirs ou des linges qui avaient touché son corps: alors les maladies les quittaient et les esprits mauvais s’en allaient. »
Dans l’opération de « reconquête » des masses, jouer avec cela était capital. Il ne fallait pas que des figures saintes, il fallait une magie autour de leur existence, avec une vénération irrationnelle de leurs habits, des objets leur ayant appartenu, et même de leurs corps, voire d’objets ayant simplement touché une représentation d’un « saint ». Et il fallait des moyens matériels de faire vivre le culte.
D’où la systématisation des reliques dans le baroque, suivant une décision prise lors du Concile de Trente, dans un document intitulé « Decret touchant le Purgatoire. De l’invocation, & de la Vénération des Saints ; De leurs Reliques ; Et des Saintes Images. » Voici ce qui fut dit alors.
« Décret sur l’invocation, la vénération et les reliques des saints, et sur les saintes images,
3 décembre 1563.
1821 Le saint concile enjoint à tous les évêques et à tous les autres ayant la charge et le devoir d’enseigner que, conformément à l’usage de l’Église catholique et apostolique, reçu dès les premiers temps de la religion chrétienne, et conformément au sentiment unanime des saints Pères et aux décrets des saints conciles, ils instruisent diligemment les fidèles, particulièrement sur l’intercession des saints et leur invocation, les honneurs dus aux reliques et le légitime usage des images.
Aussi leur enseigneront-ils que les saints qui règnent avec le Christ offrent à Dieu leurs prières pour les hommes qu’il est bon et utile de les invoquer humblement et, pour obtenir de Dieu des bienfaits par son Fils Jésus Christ notre Seigneur, qui est notre seul Rédempteur et Sauveur, de recourir à leurs prières, à leur aide et à leur assistance. Ceux qui nient que l’on doit invoquer les saints qui jouissent dans le ciel d’un bonheur éternel ; ou bien ceux qui affirment que ceux-ci ne prient pas pour les hommes ou que les invoquer pour qu’ils prient pour chacun de nous est de l’idolâtrie, ou que cela va à l’encontre de la Parole de Dieu et s’oppose à l’honneur de Jésus Christ, seul médiateur entre Dieu et les hommes 1Tm 2,5 ; ou bien encore qu’il est stupide de supplier vocalement ou mentalement ceux qui règnent dans les cieux : tous ceux-là pensent d’une manière impie.
1822 Les fidèles doivent aussi vénérer les saints corps des martyrs et des autres saints qui vivent avec le Christ, eux qui ont été des membres vivants du Christ et le Temple du Saint-Esprit 1Co 3,16 ; 1Co 6,15 ; 1Co 6,19 ; 2Co 6,16 et qui seront ressuscités et glorifiés par lui pour la vie éternelle ; par eux Dieu accorde de nombreux bienfaits aux hommes. Aussi, ceux qui affirment qu’on ne doit ni honneur ni vénération aux reliques des saints, ou bien que c’est inutilement que les fidèles les honorent ainsi que les autres souvenirs sacrés, et qu’il est vain de visiter les lieux de leur martyre pour obtenir leur soutien, tous ceux-là doivent être totalement condamnés, comme l’Église les a déjà condamnés autrefois et les condamne encore aujourd’hui.
1823 De plus, on doit avoir et garder, surtout dans les églises, les images du Christ, de la Vierge Marie Mère de Dieu et des autres saints, et leur rendre l’honneur et la vénération qui leur sont dus. Non pas parce que l’on croit qu’il y a en elles quelque divinité ou quelque vertu justifiant leur culte, ou parce qu’on doit leur demander quelque chose ou mettre sa confiance dans des images, comme le faisaient autrefois les païens qui plaçaient leur espérance dans des idoles Ps 135,15-17 , mais parce que l’honneur qui leur est rendu renvoie aux modèles originaux que ces images représentent.
Aussi, à travers les images que nous baisons, devant lesquelles nous nous découvrons et nous prosternons, c’est le Christ que nous adorons et les saints, dont elles portent la ressemblance, que nous vénérons. C’est ce qui a été défini par les décrets des conciles, spécialement du deuxième concile de Nicée, contre les adversaires des images 600-603.
1824 Les évêques enseigneront avec soin que, par le moyen de l’histoire des mystères de notre Rédemption représentés par des peintures ou par d’autres moyens semblables, le peuple est instruit et affermi dans les articles de foi, qu’il doit se rappeler et vénérer assidûment. Et l’on retire aussi grand fruit de toutes les images saintes, non seulement parce que sont enseignés au peuple les bienfaits et les dons que lui confère le Christ, mais parce que, aussi, sont mis sous les yeux des fidèles les miracles de Dieu accomplis par les saints et les exemples salutaires donnés par ceux-ci de la sorte, ils en rendent grâces à Dieu, ils conforment leur vie et leurs mœurs à l’imitation des saints et sont poussés à adorer et aimer Dieu et à cultiver la piété. Si quelqu’un enseigne ou pense des choses contraires à ces décrets : qu’il soit anathème.
1825 Si certains abus s’étaient glissés dans ces saintes et salutaires pratiques, le saint concile désire vivement qu’ils soient entièrement abolis, en sorte qu’on expose aucune image porteuse d’une fausse doctrine et pouvant être l’occasion d’une erreur dangereuse pour les gens simples.
S’il arrive parfois que l’on exprime par des images les histoires et les récits de la sainte Écriture, parce que cela sera utile pour des gens sans instruction, on enseignera au peuple qu’elles ne représentent pas pour autant la divinité, comme si celle-ci pouvait être vue avec les yeux du corps ou exprimée par des couleurs et par des formes.
On supprimera donc toute superstition dans l’invocation des saints, dans la vénération des reliques ou dans un usage sacré des images ; toute recherche de gains honteux sera éliminée ; enfin toute indécence sera évitée, en sorte que les images ne soient ni peintes ni ornées d’une beauté provocante…
Pour que cela soit plus fidèlement observé, le saint concile statue qu’il n’est permis à personne, dans aucun lieu… de placer ou faire placer une image inhabituelle, à moins que celle-ci n’ait été approuvée par l’évêque. On ne reconnaîtra pas de nouveaux miracles, on ne recevra pas de nouvelles reliques sans l’examen et l’approbation de l’évêque. »