Le baroque, forme de la contre-réforme, a réussi à mettre en place tout un système artistique autour du thème de la vanité. C’est une démarche tout à fait cohérente et aisément compréhensible : pour contrer l’humanisme et le protestantisme, qui en appellent à la raison, le baroque a affirmé de très nombreuses manières que tout est vain, que rien n’a de sens, que rien ne sert à rien.
Cela donne un mot d’ordre – « memento mori », « souviens toi que tu vas mourir » – qui devient essentiel au catholicisme, et une série de représentations, communément appelé « vanités », du terme employé dans le passage biblique « vanité des vanités, tout est vanité »
Le plus couramment existant sous la forme de peintures, les vanités montrent des « rappels » : on a ainsi un crâne, symbole de la mort, parfois un sablier pour désigner le temps qui passe. On a cependant également une systématisation de cette présentation allégorique, avec une fleur dans un vase (qui va donc faner), un fruit (qui va pourrir), une bougie allumée (qui va se consumer), etc.
A côté de cela, on peut également trouver des armes, symbole du pouvoir, de la gloire, présentés comme éphémères ; pour la même raison, on peut trouver des livres, des pages écrites à la main, tout cela étant présenté comme sans réelle signification.
Pareillement on peut trouver une bulle de savon, allégorie de la vie qui ne dure pas, qui n’a pas de sens, et la présence de jeux (de cartes, de dames, etc.) ou d’instruments de musique témoignent du caractère considéré comme futile du divertissement qui n’est là que pour tenter, vainement bien sûr, d’échapper à la mort inéluctable.
Cette intense propagande catholique tente ainsi de relativiser et de nier la science, à une époque où la bourgeoisie apparaît en tant que classe et revendique la rationalité. Le baroque est une démarche profondément réactionnaire historiquement et son sens profond est la négation de la possibilité même de la science.