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Le Mouvement Communiste International s’appuie désormais sur le Marxisme-Léninisme-Maoïsme.
En raison du développement inégal, cette affirmation est complexe. Certaines organisations ont compris un aspect du Marxisme-Léninisme-Maoïsme en particulier, d’autres ont développé une compréhension relativement juste dans plusieurs domaines. Il y a de nombreux cas de figures.
Il est bien connu cependant que c’est le Parti Communiste du Pérou qui a le premier saisi que le maoïsme était la troisième étape du marxisme, son dirigeant Gonzalo fournissant la base idéologique permettant d’établir cela.
Il est bien connu également que le Parti Communiste du Pérou appartenait à une structure internationale, le Mouvement Révolutionnaire Internationaliste (MRI). Le Parti Communiste du Pérou a agi en tant que fraction rouge pour promouvoir le Marxisme-Léninisme-Maoïsme au sein du MRI, avec succès. En 1993, le MRI s’en revendiquait.
Par la suite, la plupart des organisations se revendiquant du Marxisme-Léninisme pensée Mao Zedong se revendiquèrent elles-aussi du Marxisme-Léninisme-Maoïsme.
Or, tout cela avait une dimension formelle. Des organisations comme le TKP/ML de Turquie, les maoïstes d’Inde, le Parti Communiste des Philippines publiaient par exemple une revue commune dans les années 1990, en opposition au MRI. Ils ont fini par accepter le Marxisme-Léninisme-Maoïsme − mais sur le plan du contenu, rien n’a changé en réalité pour eux.
Même au sein du MRI, le Marxisme-léninisme-Maoïsme était conçu de manière formelle.
Son principal moteur, le Parti Communiste Révolutionnaire des États-Unis, a ainsi basculé dans le post-maoïsme, tout comme les maoïstes d’Iran qui y ont joué un rôle important, alors qu’un groupe comme le TKP/ML Maoist Parti Merkezi également fortement impliqué a disparu.
Cette situation s’est d’autant plus aggravée avec la capitulation des maoïstes népalais sous l’égide de leur dirigeant Prachanda. L’abandon de la guerre populaire a été donné un coup de poignard dans le dos au Mouvement Communiste International.
Les maoïstes français ont dénoncé dès le départ la ligne opportuniste des maoïstes népalais, mais les forces centristes, dirigées par le Parti Communiste Maoïste d’Italie, ont tout fait pour neutraliser la critique envers Prachanda.
Aujourd’hui, la situation est la suivante. Il y a un regroupement autour du Parti Communiste Maoïste d’Italie œuvrant à recréer un MRI, sur la même base, sans autocritique, avec une ligne tout à fait minimaliste.
Il y a un regroupement autour de la majeure partie des maoïstes d’Amérique latine qui désire au contraire davantage assumer Gonzalo, mais au sens où celui-ci serait pratiquement considéré comme la quatrième épée du marxisme. Ils rejettent le principe d’une pensée-guide dans chaque pays, considérant que Gonzalo est une pensée-guide ayant de facto une valeur quasiment entièrement universelle.
Il y a ensuite de nombreuses organisations se revendiquant du maoïsme et vivant à l’écart de tout cela, tels le Parti Communiste d’Inde (maoïste), le Parti Communiste des Philippines ou le TKP/ML.
À cela s’ajoute un phénomène ravageant les rangs des avant-gardes dans le monde entier : la propagation des concepts modernistes du post-structuralisme, des philosophies post-modernes, dont l’idéologie LGBT + est un aspect aux côtés de la mise en valeur des groupes marginaux comme subversifs, de la soumission à l’art contemporain et au subjectivisme, etc.
Si on ajoute à cela l’absence totale de réflexion sur le réchauffement climatique ou la question animale, la méconnaissance quasi complète du matérialisme dialectique, on a un panorama qui n’est guère encourageant.
Ce n’est cependant qu’un aspect de la question. En effet, de par le développement inégal, de par le mouvement non-linéaire de l’Histoire, ce processus porte dialectiquement un saut qualitatif. Ceci n’est toutefois compréhensible que si l’on considère que le MRI n’a pas été le centre du Mouvement Communiste International, seulement un aspect.
Le maoïsme en Inde, en Turquie et aux Philippines existe d’ailleurs à la base de manière indépendante du MRI. Et le MRI a joué par exemple un rôle puissamment négatif dans les pays capitalistes. Sa ligne était révisionniste, sa position celle d’une « critique contemplative » comme l’ont fort justement remarqué en 1986 des révolutionnaires d’Espagne.
Il est vrai qu’en réalité, c’est un « comité » du MRI qui parlait au nom de celui-ci, par l’intermédiaire de la revue « Un monde à gagner ». Cependant, la bataille est politique et ce qui a découlé du MRI a été soit nul, soit contre-productif. On peut même dire que le MRI a fait tout un trafic avec le maoïsme, ce qui a abouti à la situation actuelle.
Pour cette raison, c’est le Parti Communiste du Pérou qui a été l’aspect principal du Mouvement Communiste International, pas le MRI. Le souci est que le Parti Communiste du Pérou s’est placé comme fraction au sein du MRI, n’a jamais voulu rompre avec lui, malgré les critiques.
C’est une position qui avait sa dignité à l’époque. Cependant, aujourd’hui, il n’est pas possible de s’orienter de cette manière, avec une position de « fraction ».
Ce dont on a besoin, c’est d’une plate-forme travaillant à présenter de manière synthétique les expériences du Mouvement Communiste International, à la lumière du Marxisme-Léninisme-Maoïsme.
Cela sera forcément considéré comme quelque chose d’intellectuel ou de virtuel par les opportunistes. Mais le Marxisme-Léninisme-Maoïsme est une science et c’est de là qu’il faut partir.