Le mois de juin 2021 se caractérise par un déconfinement partiel sur le plan sanitaire dans les pays impérialistes, ce qui est une excellente occasion de voir où en est la seconde crise générale du capitalisme. En effet, la dimension sanitaire n’est qu’un aspect du phénomène et il y a lieu de cerner les autres aspects. C’est l’occasion de vérifier s’il a été juste d’annoncer, au début de l’année 2020, que le capitalisme se confrontait à sa seconde crise générale.
Il faut, d’ailleurs, immédiatement relativiser le déconfinement partiel. Celui-ci, comme mentionné, a lieu dans les pays impérialistes. Il ne concerne pas le reste de la population mondiale. Dans son document « Une proposition pour mettre fin à la pandémie de COVID-19 » du 21 mai 2021, le Fonds Monétaire International (FMI) souligne la chose suivante :
« Plus d’un an après le début de la crise de la COVID-19, le nombre des nouveaux cas dans le monde est plus élevé que jamais. Il est urgent de stopper la hausse des pertes humaines et des tensions économiques. »
Le FMI a en effet conscience du caractère mondialisé de l’économie capitaliste. Et il y a une grande inquiétude quant à l’Inde, où vit 1,4 milliard de personnes, avec une pandémie en expansion qui forme un grand risque d’instabilité. Il faut ci rappeler la question de la répartition de la population humaine mondiale (qui est de 7,72 milliards de personnes en avril 2021), un aspect extrêmement important pour comprendre la seconde crise générale du capitalisme.
Si ainsi un retour relatif à la normal sur le plan sanitaire a lieu dans les pays impérialistes, tel n’est pas le cas dans le monde, notamment en Inde, un pays extrêmement important numériquement dans la population mondiale. Cela signifie que la crise sanitaire n’est pas terminée à l’échelle mondiale. Il y a, simplement, un développement inégal dans la capacité de réponse sanitaire à la crise.
Les pays impérialistes parviennent à vacciner leur population, pas les autres, et même là on a un développement inégal, puisque les États-Unis et la Grande-Bretagne sont largement en avance sur les autres pays impérialistes.
Mais tournons-nous vers les pays impérialistes, puisqu’ils semblent se sortir d’affaire. Est-ce le cas ? La réponse est non. Si on prend la Belgique, voici ce que donne l’évolution trimestrielle en comparaison au trimestre précédent.
Et voici ce que cela donne pour l’évolution trimestrielle en comparaison à l’année précédente.
Dans son communiqué du 31 mai 2021, l’Institut des comptes nationaux de Belgique constate la chose suivante :
« Le produit intérieur brut (PIB) en volume, corrigé des variations saisonnières et des effets de calendrier, a augmenté de 1,0 % au premier trimestre de 2021 au regard du trimestre précédent.
Par rapport au premier trimestre de 2020, qui s’inscrivait déjà dans le contexte de la crise du COVID-19, la croissance s’établit à -0,6 %. L’activité économique n’a dès lors pas encore retrouvé son niveau d’avant la crise du COVID-19. »
Voici ce que donne l’évolution trimestrielle pour la France en comparaison au trimestre précédent.
Voici ce que cela donne pour l’évolution trimestrielle en comparaison à l’année précédente.
Voici ce que dit l’INSEE pour la France, au 28 mai 2021 :
« Au premier trimestre 2021, le produit intérieur brut (PIB) en volume baisse légèrement : – 0,1 % après – 1,5 % au quatrième trimestre 2020. Il s’établit à 4,7 % en deçà de son niveau du quatrième trimestre 2019, dernier trimestre avant la crise sanitaire. »
Il est donc erroné de parler de retour à la normale. Malgré les efforts colossaux sur le plan financier des États impérialistes pour maintenir à flot la vie économique capitaliste, il n’y a pas eu de redémarrage suffisant pour reprendre au niveau d’avant-crise.
Cette situation n’est pas seulement vraie pour la Belgique et la France. Si l’on compare les trimestres les uns avec les autres (Q1 = premier trimestre, Q2 = second trimestre, etc. et 20 signifiant 2020, 19 2019, 21 2021), on voit que les économies capitalistes s’enlisent.
Même en acceptant les discours triomphalistes bourgeois sur la fin de la crise, il faudrait au mieux considérer que ce ne serait qu’un début de sortie de crise, de retour à l’initial.
Seulement voilà, même en admettant cela, on fait face à un élément essentiel : la dette.
Pour maintenir la situation, les États impérialistes ont déversé des fortunes, à crédit. Leur niveau d’endettement a explosé. Voici les données pour l’Union Européenne.
Cela confirme tout à fait qu’il y a bien une crise générale du mode de production capitaliste. Même si on considère que sur le plan économique, en apparence, tout est relativement stable, notamment socialement, on est obligé de voir qu’il y a eu une intervention massive de la part des États, ce qui reflète une situation de crise générale, de par la nature de cette intervention et sa dimension.
Les commentateurs bourgeois relativisent cela, en disant que soit la croissance paiera les frais de l’intervention, soit personne ne paiera les dettes et celles-ci seront annulées. Dans un cas comme dans l’autre, c’est un non-sens, car c’est considérer qu’un mouvement général annulerait des dettes particulières. Ce n’est pas possible. Ce qui va se passer, c’est une tendance à faire payer les dettes à d’autres pays et on voit déjà que la superpuissance américaine a commencé son opération d’accusation contre son challenger chinois, considérant qu’il doit payer car la pandémie proviendrait d’un de ses laboratoires. La sortie de la crise sera, du point de vue capitaliste, la restructuration aux dépens du prolétariat et la bataille impérialiste pour le repartage du monde.