APERCEPTION (lat. ad — vers et perceptio — perception). Dépendance de chaque nouvelle perception par rapport à l’expérience antérieure de celui qui perçoit et à son état psychique au moment de la perception. Dans la philosophie idéaliste de Leibniz (V.), conscience de soi-même (distinguer de la perception — V.). Aperception transcendantale, concept idéaliste et métaphysique de Kant (V.) pour qui l’unité synthétique de l’expérience est fondée non sur l’unité objective du monde matériel, reflété par la conscience, mais sur l’unité subjective originelle de la « conscience pure ».

APORIE (du grec […] — difficulté). Contradiction insoluble qui apparaît dans un raisonnement. Citons comme exemple d’apories les sophismes du philosophe de la Grèce antique Zenon, qui s’efforçait de démontrer que le mouvement n’existe pas objectivement. Voici quels étaient ses arguments : le rapide Achille ne peut pas rattraper une tortue parce que, tandis qu’il parcourt la distance qui le sépare de la tortue, celle-ci avance et franchit un nouvel intervalle, et ainsi de suite, à l’infini.

Etant donné que la distance entre Achille et la tortue peut être divisée en un nombre infini de sections, elle ne sera jamais parcourue par Achille. Autre exemple : une flèche qui vole reste immobile parce que, à tout moment donné, elle se trouve à un point déterminé de l’espace ; donc, à chaque instant, elle est au repos. Le mouvement est conçu comme un nombre infini de moments de ce genre.

Zenon alléguait d’autres arguments analogues. C’est en considérant à tort le mouvement comme une somme d’immobilités du corps dans l’espace, qu’il en arrive à le nier.

Lénine dit à ce propos « qu’il ne s’agit pas de savoir si le mouvement existe, mais de pouvoir l’exprimer dans la logique des concepts » (« Cahiers philosophiques », éd. russe, p. 240). Le mouvement est en effet contradictoire, mais cela n’exclut nullement son caractère objectif ; bien plus, tout mouvement a pour origine l’apparition constante des contradictions et leur élimination.

« Le mouvement lui-même est une contradiction ; déjà, le simple changement mécanique de lieu lui-même ne peut s’accomplir que parce qu’à un seul et même moment, un corps est à la fois dans un lieu et dans un autre lieu, en un seul et même lieu et non en lui. Et c’est dans la façon que celle contradiction a de seposer continuellement et de se résoudre en même temps que réside précisément le mouvement » (Engels : « Anti-Dühring », P. 1950, p. 152).

APPARENCE. Manifestation de l’essence des objets, des phénomènes à travers leurs caractères directement perceptibles aux sens. Le matérialisme dialectique enseigne que la connaissance doit aller de l’apparence à l’essence, doit dégager l’essence de l’apparent.

Contrairement à la philosophie réactionnaire, qui sépare l’apparence de l’essence et nie l’objectivité de l’apparence, Lénine définit celle-ci comme une manifestation de l’essence, un de ses aspects. Il importe de distinguer entre l’essence et l’apparence : on ne doit pas identifier ce qui nous apparaît dans les phénomènes et leur essence intime, les lois de leur mouvement ; la science tire sa valeur du fait que, au-delà de l’extérieur, du visible, elle découvre l’essence, les lois des choses, inaccessibles à l’observation simple.

Toutefois cette distinction a ses limites, elle n’est pas absolue parce que l’essence d’une chose se manifeste à travers ses apparences. « L’apparent est l’essence dans une de ses déterminations, dans un de ses aspects, dans un de ses éléments. L’essence apparaît en ceci ou en cela… L’apparence est un reflet de l’essence même » (Lénine : « Cahiers philosophiques », éd. russe, p. 107).

Lénine soumet à une critique serrée le scepticisme de Hume et l’idéalisme de Kant pour qui les « données immédiates » n’ont aucune réalité objective, l’apparence étant considérée par eux comme illusoire. Les idéalistes séparent l’apparence de l’essence, l’extérieur de l’intérieur pour soutenir leur thèse antiscientifique sur l’impossibilité de connaître les choses objectives, sur l’incapacité foncière de l’homme à pénétrer l’essence des choses.

Lénine explique la distinction entre l’apparence et l’essence ainsi que leur connexion par l’exemple suivant : « … le secondaire, l’apparent, le superficiel disparaissent plus souvent, ne tiennent pas aussi « fort », ne sont pas aussi « solidement ancrés » que « l’essence ».

Exemple : le mouvement d’un fleuve — l’écume au-dessus et les courants profonds en bas. Mais l’écume elle aussi est une manifestation de l’essence ! » (Ibid., p. 104). Le marxisme s’élève contre les tentatives de transformer l’apparence en illusion et aussi contre l’identification de l’apparence et de l’essence. (V. également Essence et phénomène.)

A PRIORI (expression latine). Avant l’expérience, avant les faits. « Affirmation a priori » signifie affirmation fondée uniquement sur les spéculations abstraites de la raison « pure », ne s’appuyant pas sur l’expérience et la pratique. Ainsi, dans la philosophie idéaliste de Kant (V.), l’espace, le temps, etc., ne sont pas des propriétés de la nature objective, réfléchies dans la conscience, mais des formes a priori de la sensibilité.

A posteriori. A l’opposé de l’a priori signifie : après l’expérience, à partir de l’expérience, à partir des faits. Le matérialisme dialectique nie toute connaissance non fondée sur les données des sens et la pratique.


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