Qu’est-ce que le capitalisme bureaucratique ? La compréhension de cette forme sociale est au plus profond du noyau du maoïsme. Selon le maoïsme, il y a deux types de pays : les pays impérialistes d’un côté, et les pays opprimés de l’autre. Ces pays opprimés sont semi-coloniaux, semi-féodaux.
Dans les pays capitalistes, le marché libre a triomphé et anéanti les restes féodaux. Cela n’est pas le cas dans les autres pays, où la bourgeoisie a été trop faible face à l’hégémonie impérialiste, et où le féodalisme n’existait pas dans une version développée, l’économie du pays étant fondée sur une économie traditionnelle d’auto-suffisance locale.
En raison de cela, le capitalisme a été d’un côté dans l’incapacité d’abolir le féodalisme organisé d’en haut par l’impérialisme, de l’autre côté incapable également de se développer franchement.
Cela amène à la situation où le capitalisme est une forme dégénérée, existant d’un côté en soumission à l’impérialisme, et de l’autre en rapport étroit avec le féodalisme. Il y a de fait une contradiction entre la bourgeoisie bureaucratique et la bourgeoisie nationale, et pour cette raison la bourgeoisie bureaucratique soutient le féodalisme contre la bourgeoisie nationale et sa volonté de généraliser le capitalisme.
Pour cette raison, aucune « modernisation » ne peut vraiment avoir lieu, parce que le féodalisme bloque chaque développement ; même s’il est apparemment faible, il se maintient par différentes formes. Voyons ce que nous enseigne Akram Yari avec l’exemple afghan :
« Est-ce que le développement d’un tel capitalisme corrompu et dégénéré [le capitalisme bureaucratique] qui vient de la situation de l’impérialisme mondial, triomphe de la féodalité sur le long terme ?
Est-ce que l’impérialisme est en mesure de développer son embryon (le capitalisme) sous cette forme dans ce pays (en Afghanistan) ? [Sans s’appuyer sur une forme corrompue, qui est le capitalisme bureaucratique]
La réponse à cette question, selon notre point de vue, est absolument négative ! Tout d’abord, le développement et la croissance du capitalisme de marché libre, qui joue un rôle secondaire dans une telle circonstance, est sujet à la défaite dans la situation internationale du capitalisme impérialiste.
Cela vient des tendances gloutonnes et de l’expansionnisme hégémonique de l’impérialisme, en particulier du social-impérialisme qui crée des obstacles et empêche le développement de cette classe capitaliste nationale [la bourgeoisie nationale].
Deuxièmement, il y a la croissance et le développement du capitalisme bureaucratique, qui est mélangé avec l’oppression, les troubles et les discriminations féodales, et contaminé par des corruptions, la hiérarchie des privilèges, et en même temps la dictature religieuse fasciste qui lui est aussi inséparablement annexée, et est la seule forme qui a vu le jour dans tous les pays sous la domination du capitalisme [impérialiste] ; dans une telle forme dégénérée [qu’est le capitalisme bureaucratique], non seulement ne se développe pas le capitalisme dans de tels pays, mais plutôt se renforcent et se fortifient les vestiges du féodalisme, et cela joue un rôle pour sauver le féodalisme dans ses frontières, et par cela [un tel développement dégénéré du capitalisme], se maintient la stabilité du marché mondial impérialiste.
Donc, la seule chose que le marché impérialiste apporte à de tels pays, et qu’il appelle « modernisation », est un capitalisme corrompu chétif, qui est pourri et dégénéré plutôt que progressiste, et est plus âgé que n’importe qui peut supposer [et celai est contraire aux allégations de ses apologistes qui argumentent pour son caractère moderne], et c’est plus que son caractère « moderne », cet appui sur le pourri et le vieux [les vieilles infrastructures et superstructures préalables]. »
C’est l’enseignement maoïste classique. Selon les révisionnistes (du type social-impérialiste soviétique ou de la variante hoxhaiste), la bourgeoisie nationale est en mesure de prendre le pouvoir ou au moins d’influencer la société.
Le maoïsme nous enseigne que ce n’est pas le cas. Il n’y a pas seulement une bourgeoisie bureaucratique, il y a aussi un capitalisme bureaucratique, il n’y a pas que des forces féodales, il y a le féodalisme. Un pays semi-colonial semi-féodal n’est pas qu’un pays où sont présent une classe capitaliste bureaucratique et le féodalisme, c’est un pays dont la réalité est façonné par eux.
Prétendre changer cette réalité de l’intérieur est, en fait, moderniser à la fois le capitalisme bureaucratique et le féodalisme, formes qui ne sont pas « du passé », mais produit par l’impérialisme ; il y a l’impérialisme d’un côté, la réalité semi-coloniale semi-féodale de l’autre : c’est la forme dialectique de cet aspect de la réalité.