Tiré de Partisan, journal de l’Action Prolétaire, n°6, décembre 1985

Démystifier la lutte armée.
Remarques au sujet du texte des
Cellules Communistes Combattantes
« A propos de la lutte armée »

action-proletaire.jpgLe texte des CCC de Belgique apporte des renseignements précieux et productifs, des points à retenir et à méditer, qui sont de grande importance pour notre combat. Ce texte est utile parce qu’il pose les questions brûlantes et actuelles du mouvement communiste révolutionnaire en Europe et qu’il y donne des réponses.

Pourquoi écrivons-nous : « démystifier la lutte armée » ? Parce qu’il y a encore une quantité de gens qui considèrent la lutte armée en soi comme une panacée contre le capitalisme et ignorent de ce fait les circonstances politiques, sociologiques et économiques dans lesquelles cette lutte armée se développe et ses combattants s’organisent.

C’est dans la misère croissante des masses que se développe la colère et que grandit la haine du système capitaliste. Mais il ne suffit pas simplement que cette colère et cette haine se développent dans une direction révolutionnaire et se transforme en énergie révolutionnaire.

Les fascistes visent à exploiter la misère des masses et à les assujettir au capital. Sans la clarté et le but de la révolution prolétaire et de son organisation, le combat demeure édulcoré, mystifié et épisodique. La « vision floue » au sujet de la lutte armée se retourne finalement contre les révolutionnaires et les handicape.

La différence fondamentale qui sépare les organisations réformistes et opportunistes de la lutte ouvrière par rapport au parti n’est pas essentiellement la forme de la lutte armée.

Les CCC écrivent à ce sujet :

« Les Cellules Communistes Combattantes ne se différencient pas fondamentalement du reste de l’éventail politique par la lutte armée, mais surtout par leur direction Marxiste-Léniniste authentique, leurs perspectives réellement révolutionnaires. La lutte armée s’est imposée par l’analyse politique […].

Nous avons déjà ressenti beaucoup de sympathie et beaucoup de haine sur cette vision floue de notre lutte ramenée uniquement à sa pratique armée. Et nous nous méfions tout autant sur cette caractéristique que nous en connaissons l’éphémérité ».

Ce qui est important : « La lutte armée s’est imposée par l’analyse politique ». Donc l’aspect décisif et le plus importante est la facette politique.

Ce qui signifie: celui qui admet la lutte armée éclaire le moyen et le but de son combat, la nature et la façon dont elle est organisée et dont elle est reliée au mouvement ouvrier et au mouvement de masse (par exemple contre les missiles et contre l’intervention US en Amérique Centrale) et développe la continuité.

La « vision floue » dont les CCC parlent, nous l’avons souvent expérimentée lors de manifestations de militants et de combats de rues.

Nous connaissons d’ailleurs pas mal de gens qui en étaient des militants inconditionnels pour un ou deux ans. Aujourd’hui ils n’ont rien à foutre avec la politique, et se sont atomisés dans les alvéoles d’une sous-culture admise par l’état.

Ce qui est décisif, c’est de développer la continuité politique organisationnelle et militaire ! Le cadre politique dont est issu notre combat, les CCC le conçoivent comme suit :

« Le premier axe, et celui qui est capital en cette période de renaissance du mouvement révolutionnaire international, est une tâche politique.

C’est la lutte pour l’émergence et l’élargissement de la conscience de classe.

La conscience de classe, cela veut dire une analyse collective des travailleurs sur la situation dans le cadre du mode de production capitaliste, sur les contradictions de classes au sein de ce système, sur les perspectives historiques du devenir du prolétariat, sur les moyens politico-organisationnels à mettre en oeuvre pour renverser la bourgeoisie. »

Il est nécessaire et indispensable de raisonner à nouveau en terme de conscience de classe. Il est nécessaire et indispensable de parler en terme de conscience de classe.

Précisément dans un pays comme la RFA, dont la classe ouvrière a connu le lavage de cerveau, puis l’anéantissement du fascisme nazi et a été conditionnée après la libération dans l’anti-communisme pour enchaîner dans l’idéologie du « partenariat social » (une forme raffinée de la « communauté populaire »).

Il est aujourd’hui plus indispensable que jamais de ne pas seulement parler de conscience de classe, mais de la créer dans les faits, et de lui donner une expression révolutionnaire organisée.

Pendant la « semaine d’action » de la Fédération des syndicats allemands en septembre, on a entendu de très beaux discours de dirigeants syndicaux, qui n’avaient qu’un seul but détruire l’existence de conscience de classe.

Voici quelques exemples :

« Monsieur le chancelier fédéral doit intervenir pour vaincre le chômage de masse » (Ernst Haar, syndicats des cheminots d’Allemagne, Stuttgart).

« Notre alternative consiste en une intervention de l’Etat dans un sens raisonnable … Nous exigeons que l’Etat de droit social prenne ses responsabilités dans la politique de l’emploi […]

La confédération syndicale allemande s’en tient fermement à notre état de droit social tel qu’il est décrit par la constitution » (Hermann Rappe, syndicat de la chimie à Hanovre).

« Si Blüm et Kohl veulent réellement protéger l’autonomie des prix, alors ils doivent faire front et dans leur parti, et dans leur cabinet contre la pression des employeurs, du conseil économique de la CDU, du parti des chefs d’entreprises, qui se prétend parti libéral démocrate. Le gouvernement doit lancer un programme d’emploi » (Hans Meyr, syndicat des métallos à Dortmund).

Ce qui ressort dans le discours de Ernst Haar comme pacte national de l’emploi, c’est en fait la soumission du mouvement ouvrier et des forces de travail à la politique de la réaction.

La formulation d’un « pacte national de l’emploi » (entre le gouvernement, les banques, les associations capitalistes et les forces du travail) implique déjà la défaite pour les travailleurs et ouvre les portes aux forces revanchardes, nationalistes et fascistes.

De là il n’y a qu’un pas jusqu’à sacrifier les intérêts des travailleurs au « bien-être national », ce qui n’est qu’une autre expression pour les intérêts du capital financier et de la réaction.

Nous devons être clairs à ce sujet, il n’y a que le marxisme révolutionnaire qui nous permette de formuler une politique fondamentale et active, opposée à cette politique de liquidation des intérêts des travailleurs et qui puisse devenir pour la classe ouvrière une « violence matérielle ».

Georg Lukacs dit dans « légalité et illégalité » :

« Le Marxisme est la théorie de la révolution justement parce qu’il englobe l’essence du processus (par opposition à ses symptômes ses formes d’apparition), parce qu’il montre ses tendances décisives et oriente vers le futur (en opposition avec ses réalisations quotidiennes).

C’est bien pour cela qu’il est l’expression idéologique de la classe prolétaire qui se libère.

Cette libération s’accomplira ensuite dans la forme de soulèvement de fait contre les manifestations oppressives de l’ordre économique capitaliste et de son état.

Ces luttes, isolées en soi, et qui même en cas de succès ne sont lamais entièrement victorieuses, ne peuvent devenir réellement révolutionnaires que par la conscience de leur interdépendance réciproque, et de leur dépendance du processus qui mené irrésistiblement à la fin du capitalisme ».

« La réforme de la conscience » dit Marx, « consiste en ce que l’on fasse découvrir au monde sa conscience, en ce qu’on l’éveille du rêve qu’il fait sur lui-même, en ce qu’on lui explique ses propres actions…

Cela signifie que le monde possède depuis longtemps le rêve de cette chose dont il n’a qu’à posséder la conscience, pour les posséder réellement ».

Cette réforme de la conscience est le processus révolutionnaire lui-même.

Alors que pour les CCC :

« La conscience ne peut naître que dans le combat et renforce le combat dans un rapport dialectique ».

Si vous nous demandez en quoi consiste la conscience de classe, nous répondrons : c’est la prise de conscience de ce qu’il ne peut y avoir d’intérêt commun entre le travail salarié et le capital.

Le capital vit du et par le travail salarié et a un seul intérêt : son développement sur le dos des travailleurs. Et pas seulement les travailleurs de chez nous, mais aussi des travailleurs des pays du tiers monde.

C’est la prise de conscience de ce qu’il ne peut y avoir aucune «alliance nationale» avec la bourgeoisie, qu’il est nécessaire pour les travailleurs de s’organiser et de lutter pour la destruction du travail salarié et de l’exploitation.

Qu’il est indispensable d’exproprier les capitalistes et d’instaurer un pouvoir ouvrier.
C’est la prise de conscience de ce qu’aucun des partis bourgeois n’a intérêt d’entreprendre quoi que ce soit au profit de la classe ouvrière.

Qu’il s’agit uniquement pour ces partis de protéger le système dominant d’exploitation et de répression, de les maintenir et d’en vivre.

La conscience de classe signifie : mettre en oeuvre la constitution et la création du parti révolutionnaire et ne pas attendre que ce parti vienne s’offrir à soi.

La conscience de classe signifie : la libération de la classe ouvrière ne peut être que son oeuvre propre ! C’est ainsi que nous en arrivons au deuxième grand axe du cadre politique dont est issu notre combat : l’organisation.

Les CCC écrivent :

« La seconde des tâches fondamentales, indissociable de la première, est de mener le travail organisationnel. Cela veut dire organiser et unifier les potentialités sans cesse croissantes de l’émergence de la conscience de classe et les manifestations de luttes spontanées sous la direction du marxisme-léninisme, afin d’en faire une véritable force révolutionnaire historique ».

Beaucoup s’effraieront en lisant : « Sous la direction du marxisme-léninisme ». Cette direction du marxisme-léninisme n’a pas d’autre signification pour nous que celle où le marxisme-léninisme constitue la ligne de conduite qui nous montre la voie de la révolution et le but de celle-ci, le communisme.

Nous ne pouvons imaginer aucune autre théorie et pratique révolutionnaire qui soit effectivement en mesure de nous livrer une base politique, économique, philosophique et militaire aussi large pour la révolution.

Naturellement, il est clair que le ML ne s’impose pas au moyen de décrets, de proclamations ou de discours creux, mais qu’il ne deviendra une « violence matérielle » (Marx) que s’il répond d’une politique concrète et efficace.

Il ne s’agit pas simplement d’avoir raison, mais il s’agit de vaincre ! En bref : c’est la pratique de la lutte de libération prolétarienne qui est décisive en dernier lieu face à la valeur d’une idéologie.

« Etre radical », écrit Marx, « signifie s’intéresser aux racines des choses ».

C’est la force même du Marxisme-Léninisme. La théorie et la pratique marxiste ne sont pas superficielles et radicales, mais les deux vont au fond des choses, de l’essence même de la société d’exploitation.

La théorie et la pratique du ML rétablissent des liens originels, ne se contentent pas d’analyser et d’approcher partiellement la société bourgeoise, mais décortiquent l’ensemble et arrivent à la conclusion claire : suppression du travail salarié, collectivisation de la production, destruction de l’appareil d’Etat bourgeois, établissement du pouvoir ouvrier, construction du communisme.

Pour nous, le Marxisme-Léninisme n’est rien d’autre que l’arme la plus moderne du prolétariat dans la lutte pour sa libération.

Il est essentiel que nous ne considérions pas cette arme comme une profession de foi (nous ne sommes pas des témoins de Jéhovah !) et que nous n’importunions pas les gens avec des théories fumeuses.

Et qui a dit que l’agitation et la propagande Marxiste ne sont que la production massive de papier imprimé ? Cette affirmation est répandue par les bourgeois.

Le Marxisme-Léninisme se doit justement d’être présent dans la rue, là où les luttes ont lieu. Et dans les entreprises, là où la classe ouvrière est concentrée. L’agitation et la propagande n’excluent pas les actions armées, au contraire.

De telles actions sont possibles et elles sont justifiées parce qu’elles élargissent la brèche dans la société capitaliste et délimitent clairement les fronts qui s’établissent entre les exploiteurs et exploités, oppresseurs et opprimés.

Ceci n’a rien à voir avec la « propagande par le fait » des anarchistes. La « propagande par le fait » se justifie par le fait que les actions exemplaires et déstabilisantes vont ouvrir les yeux aux masses.

La propagande armée des Marxistes-Léninistes ne se limite pas seulement à des exemples héroïques isolés, mais elle est intégrée dans une stratégie politique d’organisation de la lutte de libération.

La propagande armée doit tendre à ce que les masses s’arment elles-mêmes et passent à l’agression de leurs exploiteurs. Dans ce contexte, la constatation suivante des CCC est importante :

« Il n’y a pas d’actions « hautes » ou « basses », il n’y a que des actions correctes ou erronées ! ».

Un programme révolutionnaire des intérêts des travailleurs est nécessaire pour que la classe ouvrière puisse s’y associer. Un programme, qui tendra à supprimer les dissensions existant au sein du prolétariat et à isoler les dirigeants réformistes.

Ces « deux terrains fondamentaux » délimitent le cadre d’un tel programme.

Ce cadre permet de résumer les multiples bassesses, les agressions des capitalistes et de leur gouvernement, tracasseries de chaque jour et de chaque heure venant des exploiteurs, et de se concentrer sur l’ennemi primordial : le capital financier.

Voilà l’ennemi principal de la classe ouvrière et de l’humanité entière. De manière plus abstraite : l’impérialisme.

« La particularité de l’impérialisme est son pouvoir d’annexer non pas le capital industriel, mais bien le capital financier, sa tendance a annexer non pas seulement les pays agricoles, mais n’importe quel pays » (Lénine, « L’impérialisme et la scission du socialisme »).

Un exemple évident de ce qui précède est la guerre des fascistes et impérialistes allemands qui ne fut pas seulement menée contre le socialisme mais aussi contre les concurrents capitalistes à l’ouest.

Ce serait une erreur de croire que la source du danger de guerre soit seulement limité au plan de domination mondiale de l’impérialisme U.S.

C’est précisément le capital ouest-allemand qui s’est redéveloppé aujourd’hui en une des puissances les plus agressives et les plus dangereuses, et son compagnonnage avec l’impérialisme U.S, est essentiellement fonctionnel au profil de ses intérêts propres : une Grande Allemagne impérialiste.

Les ennemis de la classe ouvrière sont ici, et c’est ici que nous devons les attaquer. C’est ici qu’ils sont accessibles, ici ils ne peuvent pas se cacher.

Il est caractéristique que les capitalistes financent directement les services secrets, pour obtenir des résultats dans la « lutte contre le terrorisme ».

Leur angoisse face au mouvement révolutionnaire est visible, et est tellement ancrée au plus profond d’eux-mêmes, qu’ils ne veulent plus se limiter à leur seul pays.

La propagande armée peut seulement atteindre son but, si elle rétablit les liens avec les luttes sociales et avec la contradiction fondamentale entre la production collective et la propriété privée. Ce qui donnera comme résultat, que la conscience de classe se développe.

Pour les CCC :

« Une action de propagande armée a un objectif « démonstratif », cela dans un but politique. Elle exige une destruction effective (donc non-symbolique) d’un rouage important du système bourgeois (ce rouage peut aussi bien être un bâtiment, du matériel, des cadres, responsables… ), sélectionné en fonction des secteurs de lutte que les masses se sont choisies, et en fonction des terrains d’affrontement historiquement déterminants ».

Sur quelles bases, à partir de quelles conditions historiques et sociologiques développerons-nous aujourd’hui la lutte pour le communisme ?

Les CCC écrivent :

« Actuellement, et dans ce pays comme dans d’autres, la bourgeoisie et le prolétariat s’affrontent sur deux terrains fondamentaux : la lutte contre l’austérité et la lutte contre la guerre.

C’est au sein de ces deux affrontements que se trouve, aujourd’hui, concentré le conflit de classes.

Dans chacun de ces espaces de lutte, une ou plusieurs contradictions irréductibles opposent totalement les exploités et les exploiteurs, et dans chacun de ces cas, l’impossibilité de trouver un règlement négocié avec la bourgeoisie induit une opposition de plus en plus globale, nécessairement de plus en plus politique, au mode de production capitaliste ».

Nous pensons également que la politique des révolutionnaires est issue de ces « deux terrains fondamentaux ».

Les attaques qui sont menées actuellement par les capitalistes et leurs gouvernements contre la classe ouvrière et les syndicats, visent précisément le cœur de la classe laborieuse.

Il est clair que les dirigeants syndicalistes réformistes et traîtres ne s’y opposent pas beaucoup et parlent d’un pacte national de l’emploi. Mais les dirigeants syndicaux ne sont pas la classe ouvrière !

Encore une fois : le combat contre l’austérité et la lutte contre la guerre, tels sont les deux domaines dans lesquels nous développons l’attaque contre la bourgeoisie. Ces deux domaines sont indissociables.

La politique actuelle d’austérité, en « temps de paix », préfigure ce qui menace les prolétaires en temps de guerre : devenir la chair à canon.

Le prolétariat supporte aujourd’hui la charge principale du gigantesque programme d’armement de la bourgeoisie, il est déclassé socialement et juridiquement (flexibilisation de l’emploi, chômage de masse) et il est soumis dans les entreprises à une exploitation et à une discipline de travail accentuées.

C’est sur le dos du prolétariat que la guerre impérialiste se prépare, et ce sont les os du prolétariat qui pourriront dans les tranchées.

Il est tout aussi clair que la guerre prévue par la bourgeoisie sera une guerre mondiale.

Les contradictions entre classe ouvrière et bourgeoisie, entre pays capitalistes et socialistes, la concurrence sur le marché mondial capitaliste, « la crise de l’endettement », les luttes de mouvements de libération, tout cela résolvable au niveau national.

Les CCC ont tout à fait raison d’écrire :

« Il faut développer la compréhension de la globalité recouvrant tous les problèmes auxquels notre classe est confrontée, c’est-à-dire développer la compréhension de l’impérialisme comme stade suprême du mode de production capitaliste, de la lutte des classes comme moteur de l’histoire, de la nécessité de la destruction du mode de production capitaliste et la construction de l’Etat Ouvrier, le socialisme, comme seule réponse à nos problèmes. »

Karl Marx dit dans L’idéologie allemande :

« Le communisme n’est pas pour nous une situation qui doit être élaborée, un idéal vers lequel la réalité devrait tendre. Nous appelons communisme le mouvement réel qui abolit la situation existante.

Les conditions de ce mouvement découlent de l’hypothèse actuellement existante.

L’existence du marché mondial est pré-supposé par celle de la masse des travailleurs démunis – force massive de travail privée de capital ou d’une quelconque satisfaction limitée – et aussi dès lors par la perte due à la concurrence de ce même travail en tant que moyen garanti de subsistance.

Le prolétariat, ne peut dès lors exister qu’universellement comme le communisme, son action ne peut avoir d’existence en général que comme concept universel, l’existence universelle des individus, signifie l’existence des individus qui est immédiatement reliée à l’histoire mondiale ».

A ce sujet, il y a pour nous deux points importants.

Premièrement : le communisme comme « mouvement réel qui supprime la situation existante ». Nous entendons par là également le fait de mener la lutte armée pour le communisme.

Parce que nous ne nous maintenons plus à l’intérieur du système et que nous ne sommes plus intégrables.

Le communisme, non pas comme idéal absolu, pour lequel ses propagandistes se sacrifient, mais bien comme « le marteau avec lequel nous écraserons nos ennemis » (Mao).

Ce communisme (décrié par la bourgeoisie en tant que « égalitarisme ») vit au cœur du peuple et de la classe laborieuse, et est l’expression de plus en plus marquée de la disponibilité à se forger par la lutte, une vie collective.

Deuxièmement : « l’existence universelle » du prolétariat, qui participe au marché mondial, et « l’existence universelle » du communisme, son action qui en découle…

Tout comme le capitalisme a, dans sa phase d’accumulation (accumulation du capital et de la richesse), dissout le particularisme et créé l’Etat National, de même l’impérialisme a aujourd’hui créé le marché mondial et n’oppose plus le prolétariat et la bourgeoisie dans le cadre «national» mais dans un cadre international.

C’est de cela que nous tirons le droit de définir le concept de prolétariat globalement.

La bourgeoisie, classe dominante aujourd’hui, a elle aussi développé le concept global d’« humanité » pour elle-même, concept dont la quintessence s’affirme dans la 9ème symphonie de Beethoven : « Tous les hommes deviendront des frères ».

Seulement, ce concept global ne pouvait être rien de plus pour la bourgeoisie que douce illusion et réconfort des âmes, de mauvais goût, car l’impitoyable lutte de la concurrence capitaliste tourna bien vite ces belles paroles en dérision.

Le système économique du capitalisme lui-même s’arrangea pour qu’il ne subsiste des mots d’ordres de la Révolution française « Liberté ! Egalité ! Fraternité ! » qu’une récupération cynique par la bourgeoisie.

La bourgeoisie en tant que classe ne pouvait absolument pas se permettre de transposer ces slogans dans la réalité, car son propre moyen d’existence était et est encore l’exploitation des travailleurs et la concurrence mutuelle.

Nous opposons au concept, mensonger et cynique d’humanité de la bourgeoisie (sur lequel elle base du reste toute sa « campagne des droits de l’homme » contre les pays socialistes !), le prolétariat comme classe globale et internationale.

Les exploités n’ont rien à perdre « que leurs chaînes » et ne possèdent rien en dehors de leur force de travail.

Les CCC disent à ce propos :

« Et surtout la lutte armée exprime la pratique d’un véritable Internationalisme Prolétarien, car à l’époque où le mode de production capitaliste a mondialisé sa domination, à l’époque de l’impérialisme, une unité de plus en plus grande s’impose entre les avant-gardes et les masses des pays dominés et des métropoles […].

A l’heure où tant de peuples du monde combattent la bête les armes à la main, les révolutionnaires dans les métropoles se doivent d’attaquer les arrières de la machine impérialiste avec la même détermination ».

Ce n’est pas du romantisme révolutionnaire. Cette affirmation est issue des faits créés par les impérialistes. Et elle est surtout issue du besoin de libération du prolétariat. Car notre lutte ne sera pas couronnée de succès dans un « cadre national ».

Déjà Marx et Engels disaient : « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! »

La question de l’ORGANISATION et de l’UNION, nous la concevons de la même façon que les CCC :

« … l’organisation de multiples cellules clandestines dans les usines, les services publics, les bureaux de chômage, les comités militants contre la guerre, le monde syndical (sa base !) etc…

Ce travail organisationnel sera – comme l’est déjà pour nous aujourd’hui – clandestin, mais il nous faut ici, expliquer ce que nous entendons par cette clandestinisation.

Il s’agit d’une clandestinité de masse au sein des masses.

Il s’agit de la clandestinisation de l’activité révolutionnaire et non des militants révolutionnaires.

Les militants doivent rester au sein du monde du travail, de l’univers social du prolétariat, mais doivent couvrir – avec anticipation – leurs activités militantes au sein de l’Organisation d’une discrétion imposée par le degré de répression que la bourgeoisie engage contre le degré de développement révolutionnaire ».

La « clandestinité de l’activité révolutionnaire » est clairement évidente pour tout révolutionnaire qui ne veut pas se livrer à l’ennemi de classe.

Il ne s’agit pas pour nous de déclaration d’intention, ni pour autant d’aboyer de concert avec le chœur du « pluralisme » bourgeois, mais il s’agit pour nous de « l’élaboration d’une stratégie révolutionnaire de masse pour la prise du pouvoir » (CCC).

Nous voulons anéantir ce système, et nous ne commencerons pas dans 30, 40 ou 50 ans, mais bien maintenant !

Il est donc clair que la discussion ne peut pas être menée sur base de la légalité bourgeoise. Ce qui ne signifie pourtant pas, que nous devions tous vivre dans la clandestinité !

C’est pourquoi nous devons à nouveau souligner que les CCC ont raison de dire :

« Les militants doivent rester au sein du monde du travail, de l’univers social du prolétariat ».

Ce n’est pas pour nous qu’une simple question tactique !

L’organisation du prolétariat en classe combattante ne peut se faire de l’extérieur. Les militants doivent y être actifs à l’intérieur même de la classe.

Pour nous, le prolétariat a en mains, de par sa position centrale dans le processus de production, le levier qui maintient la société capitaliste en marche.

C’est la seule classe qui soit directement confrontée à la bourgeoisie, et qui n’ait pas la possibilité de changer fondamentalement sa position si elle ne modifie pas fondamentalement le système.

« Nous n’avons rien que notre force de travail » ceci est un fait, maintenant comme auparavant, et malgré toute la propagande social-démocrate et démocrate-chrétienne sur la « disparition de la classe ouvrière ».

La question est de savoir à quelles fins nous travaillons dans le prolétariat. A cela nous disons : la finalité est la lutte armée pour le communisme.

La finalité est : le développement de la longue guerre populaire contre la bourgeoisie.

Pour éviter tout malentendu : nous ne sommes pas des « militaristes rouges », qui veulent favoriser par le fusil les projets du communisme parce que cela va trop lentement. Ce n’est pas notre rôle.

Les CCC écrivent à juste titre :

« Nous répondons que tout ce qui contribue au renforcement du processus révolutionnaire, à la pénétration croissante des théories du socialisme scientifique dans le monde du travail, à l’unité sans cesse plus combative du prolétariat… est correct, même si la forme de lutte n’est pas armée.

Il ne s’agit certainement pas pour nous de considérer le fusil comme un gage de correction, mais l’exercice de la violence armée révolutionnaire comme particulièrement adaptée et conséquente au combat pour le communisme aujourd’hui ».

Et aussi:

« La lutte armée pour le communisme est un vecteur de propagande particulièrement efficace quand elle est menée correctement.

Cette force réside dans ce qu’elle porte de rupture avec le cirque démocratique dont la bourgeoisie rédige le programme, dans ce qu’elle est destruction objective de l’ennemi, dans ce qu’elle témoigne de l’organisation ; même encore un peu limitée, de forces prolétariennes organisées par la lutte de classes, et dans ce qu’elle est irrécupérable par les idéologues appointés de la bourgeoise : « les faits sont têtus ! ».

Nous n’atteindrons la chute de la bourgeoisie que par la révolution violente. Donc par la révolte armée. La stratégie de la guerre populaire prolongée n’est pas en contradiction avec elle.

La guerre populaire est bien plus la supposition que les forces prolétariennes s’organisent et, dans cette analyse, se crée la possibilité réelle de mener un soulèvement victorieux.

C’est par la guerre populaire que les couches indécises seront gagnées à la cause du prolétariat, ou du moins neutralisées, que les forces de la contre-révolution seront isolées.

Une stratégie et une pratique de ce genre ne peuvent être accomplies par un parti qui a organisé, pendant des années ou des dizaines d’années, l’ensemble de son activité sur le travail légal, qui espère obtenir par le parlementarisme quelque chose pour la classe ouvrière, et dont les membres n’y sont pas préparés, ni en théorie ni en pratique.

Les partis et organisations de gauche travaillant légalement aujourd’hui sont largement sous le contrôle de l’Etat, sont évalués par lui et ne représentent un danger pour la domination de la bourgeoisie que dans la mesure où – s’ils utilisent le thème de la révolution dans les discussions publiques, et s’ils contribuent à celle-ci – le linceul du réformisme ne se referme pas complètement sur la classe ouvrière.

Cela reste cependant consolant pour la bourgeoisie, aussi longtemps que cette discussion demeure plus ou moins abstraite en ce qui concerne la révolution.

Dire qu’on est pour la révolution, mais qu’on la reporte cependant (pour quelque argument que ce soit) à la Saint-Glinglin et qu’on ne s’attelle pas concrètement à la tâche, mais qu’on reste dans le cadre de l’Etat bourgeois, cela ne nous aide en rien.

« Car s’il est vrai que la phase finale du processus de la prise du pouvoir par la classe laborieuse reste l’insurrection violente de masses, la stratégie guidant les avant-gardes et les forces révolutionnaires à cette échéance ne peut pas être la seule préparation politique « légale » dans ce but » (CCC).

Comment cela serait-il d’ailleurs possible ? Sans une quelconque pratique à développer en ce qui concerne la conquête du pouvoir par la classe ouvrière ?

Nous le voyons bien avec des partis comme le DKP (Parti Communiste Allemand) : ils fixent les classes sur des objectifs exclusivement démocratiques et légaux, en accord avec la Constitution de la bourgeoisie, dans le cadre d’un « Etat de droit ».

Comment la classe ouvrière comprendrait-elle alors la nécessité d’anéantissement du capitalisme et de la fondation du pouvoir ouvrier ?

Alors qu’il est quand même possible, à l’intérieur du système, si possible par une « décision majoritaire », d’obtenir des changements ?

L’orientation de l’agitation et de la propagande de la ligne politique, vers le parlementarisme mène inéluctablement à ce que la contre-révolution se trouve, dans la première grande bataille de classe, face à un prolétariat désarmé politico-idéologiquement (et donc militairement), auquel cela apporterait une défaite cuisante.

Ou bien nous revivrons la réédition de la vieille histoire : les masses apprennent plus vite que les « dirigeants ».

« Le changement dans les conditions objectives de la lutte, qui réclamait le passage de la grève à la révolte, a été ressenti plus tôt par le prolétariat que par ses dirigeants. La Praxis a, comme toujours, devancé la théorie » (Lénine, Les leçons du soulèvement de Moscou).

Sans l’organisation politico-militaire, qui peut diriger et coordonner le soulèvement, le prolétariat subirait encore une défaite s’il se soulevait massivement et héroïquement.

Nous avons écrit que la guerre populaire prolongée et la révolte armée ne s’excluent pas mais se complètent. La guerre populaire prépare le soulèvement armé.

Et cela suivant le slogan : « Guerre à la guerre impérialiste ! ».

Nous pensons qu’il ne sera plus possible, dans une phase de danger de guerre accrue, soit juste avant le début de la guerre des impérialistes, d’empêcher effectivement celle-ci. Parce qu’ alors ce sera trop tard.

Voilà pourquoi c’est maintenant, quand la bourgeoisie s’appuie aussi manifestement à l’intérieur comme à l’extérieur, sur une nouvelle démarche de guerre impérialiste, qu’il faut entraver et briser leurs préparatifs de toutes nos forces.

Nous devons veiller à ce qu’elle ne puisse plus donner l’ordre de marche à ses troupes, parce que ces troupes ne la suivent plus et qu’elle n’a plus de pouvoir.

POUR LA CRÉATION DU FRONT RÉVOLUTIONNAIRE EN EUROPE OCCIDENTALE !

POUR LA CONSTRUCTION DE L’ORGANISATION COMBATTANTE DU PROLÉTARIAT !

CONTRE LA GUERRE IMPÉRIALISTE, LA GUERRE DU PEUPLE !

DE LA QUESTION DE LA PROPRIÉTÉ FAISONS LE PROBLÈME PRINCIPAL !

POUR L’ÉCROULEMENT DU CAPITALISME !


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