[Article publié dans le dixième numéro de « Crise »]

Ce que vous avez ressenti au plus profond de vous-mêmes est plein de dignité. Vous avez saisi la vanité d’un monde qui fonctionne en cercle fermé, reproduisant des comportements et des attitudes sans aucun recul, sans aucun regard critique.

Vous avez constaté l’exact source du problème : la vie quotidienne est creuse dans le capitalisme et en plus elle est une fin en soi.

C’est cela qui provoque des dégâts immenses, à grande échelle, comme le dérèglement climatique, la déforestation, la destruction de la vie sauvage sur la planète, l’enfermement et la mort de milliards d’animaux réduits à l’état d’objets, la course aux armements… et bien entendu la pandémie actuelle, qui ne tombe pas du ciel.

En appréciant le confinement, vous vous êtes arrachés à des cycles capitalistes emprisonnant les gens, les enfermant dans une fuite en avant permanente, dans la constante exigence du paraître, du travail aliénant, de l’acquisition de propriété, de la valorisation de l’ego.

En vivant le confinement comme une sorte de soulagement par rapport à la pression dominante, vous avez élevé votre niveau de compréhension de la réalité. Énormément de choses dépendent de cela.

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Vous avez en effet fait un pas de côté parce que vous l’avez choisi ou bien, par la force des choses, vous avez été amené à faire ce pas de côté, parce que pour telle ou telle raison, cela vous a été imposé. Et vous en avez fait une force.

Ce que vous allez en faire décidera de l’avenir. Vous ne devez pas en faire un fétiche, vous ne devez pas garder cela pour vous, ni même en profiter pour être plus éveillé et trouver une manière de fuir.

Vous devez au contraire aller dans le sens de l’affrontement, ce qui est paradoxalement exactement ce que vous ne voulez pas, car vous ne voulez pas avoir affaire à ce monde, vous avez été soulagé de vous mettre à l’écart avec le confinement.

Ce monde va toutefois à sa perte et il compte tout engloutir avec lui. Les responsabilités sont donc immenses et il est impératif de combiner le refus de ce monde avec son acceptation la plus complète, afin de réussir à transformer les choses à grande échelle.

À tous ceux qui ont compris durant le confinement que le monde ne tournait pas rond…

Vous devez réussir ce que les hippies américains des années 1960 n’ont par exemple pas réussi : assumer de vouloir vivre l’alternative, tout en faisant en sorte qu’elle concerne tout le monde.

N’est-ce pas la clef de la bienveillance que de vivre l’empathie ?

Que de vouloir que chaque personne puisse épanouir sa personnalité, dans un monde où cessent enfin la guerre et l’exploitation, la misère et l’aliénation ?

À tous ceux qui ont compris durant le confinement que le monde ne tournait pas rond… Tout dépend de votre capacité à saisir ce qu’est la crise, à la dépasser.

Si vous faites de votre expérience une force, ce sera alors un bastion essentiel à la lutte pour transformer la réalité, car vous ne céderez pas à la vanité.

Vous êtes nés d’un choc particulièrement négatif – il tient à vous d’en faire quelque chose de positif.

C’est très exactement le sens du Communisme.


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