A propos de la lettre ouverte du comité central du P.C.U.S. (I)
Rédaction du Renmin Ribao et Rédaction du Hongqi, 6 septembre 1963

Plus d’un mois s’est écoulé depuis que le Comité central du Parti Communiste de l’Union soviétique a publié, le 14 juillet, la lettre ouverte aux organisations du Parti et à tous les communistes de l’Union soviétique. La publication de cette lettre par la direction du P.C.U.S. et les actions entreprises ultérieurement par elles ont porté les relations sino-soviétiques au bord de la rupture et les divergences du mouvement communiste international à une phase d’une gravité sans précèdent.

chine_populaire__80.jpgA présent, la plus grande intimité s’est établie entre Moscou, Washington, New Delhi et Belgrade ; et les journaux et périodiques soviétiques publient des pages entières d’arguments étranges par lesquels on s’en prend à la Chine. Trahissant ouvertement le marxisme-léninisme et l’internationalisme prolétarien, répudiant avec impudence les Déclarations de 1957 et de 1960 et violant d’une manière flagrante le Traité sino-soviétique d’Amitié, d’Alliance et d’Assistance mutuelle, la direction du P.C.U.S. s’est alliée à l’impérialisme américain, aux réactionnaires indiens et à la clique du renégat Tito pour s’opposer à la Chine socialiste et à tous les partis marxistes-léninistes.

Les divergences existant actuellement au sein du mouvement communiste international, celles entre les Partis chinois et soviétique concernent une série de questions de principe importantes. Dans sa lettre du 14 juin au Comité central du P.C.U.S., le Comité central du P.C.C. a exposé de façon systématique le fond de ces divergences sous tous leurs aspects. Il a souligné dans cette lettre qu’elles consistent en dernière analyse en ce qui suit : rester fidèle aux principes révolutionnaires des Déclarations de 1957 et de 1960, ou les abandonner, s’en tenir au marxisme-léninisme et à l’internationalisme prolétarien ou les rejeter, vouloir ou non faire la révolution et lutter contre l’impérialisme, vouloir ou non l’unité du camp socialiste et celle du mouvement communiste international.

Comment les divergences du mouvement communiste international, les divergences entre la direction du P.C.U.S. et nous ont-elles surgi ? Comment se sont-elles développées jusqu’à atteindre la gravité qu’elles connaissent actuellement ? Ce sont là des questions auxquelles tout le monde s’intéresse.

Dans l’article  » D’où proviennent les divergences ? « 1, nous avions exposé succinctement l’origine et l’évolution des divergences au sein du mouvement communiste international. A l’époque, nous avons volontairement laissé de côté certains faits ayant trait à cette question, et en particulier certains faits importants impliquant les dirigeants du P.C.U.S., cela afin de leur laisser une issue, tout en étant prêts à mettre la vérité en lumière et à tirer au clair le vrai et le faux en cas de nécessité. Mais comme la lettre ouverte du Comité central du P.C.U.S abonde en mensonges sur la question de l’origine des divergences et de leur évolution et altère complètement la vérité, nous nous voyons dans l’obligation de donner une explication plus détaillée en rappelant certains faits.

Dans sa lettre ouverte, le Comité central du P.C.U.S. n’ose pas faire connaître la vérité aux membres du Parti et aux masses populaires. Au lieu d’agir en toute clarté et de rechercher la vérité à partir des faits, attitude que tout marxiste-léniniste se doit d’observer, la direction du P.C.U.S. a recours à la déformation des faits, inverse le vrai et le faux, méthodes couramment employées par les politiciens bourgeois, et ce faisant, elle s’emploie à rejeter sur le P.C.C. la responsabilité de l’apparition et de l’extension de ces divergences.

Lénine a dit : « L’honnêteté en politique est l’expression de la force, et l’hypocrisie — l’expression de la faiblesse » 2. Les marxistes-léninistes ont toujours adopté une attitude d’honnêteté et respecté les faits. Seuls ceux qui ont dégénéré sur le plan politique se nourrissent de mensonges.

Rien n’est plus éloquent que les faits. Ce sont les faits qui apportent le meilleur témoignage. Passons-les donc en revue !

LES DIVERGENCES ONT SURGI AVEC LE XXe CONGRES DU P.C.U.S.

Un dicton chinois dit : « Trois pieds de glace ne peuvent être l’œuvre d’un jour de gel ». Les divergences actuelles au sein du mouvement communiste international ne datent évidemment pas d’aujourd’hui. La lettre ouverte du Comité central du P.C.U.S. répand l’idée que les divergences du mouvement communiste international auraient été provoquées par la publication en avril 1960 de trois articles contenus dans « Vive le léninisme« . C’est là un mensonge de taille.

Et en quoi consiste la réalité ?

La réalité est que les divergences de principe au sein du mouvement communiste international ont pris naissance il y a plus de sept ans.

Pour parler plus concrètement, elles ont surgi en 1956 avec le XXe Congrès du P.C.U.S.

Le XXe Congrès du P.C.U.S. fut le premier pas de la direction du P.C.U.S. dans la voie du révisionnisme. Et depuis, la ligne révisionniste de la direction du P.C.U.S, a connu le processus suivant : naissance, formation, développement et systématisation. La connaissance de cette ligne révisionniste a passé également par un processus d’approfondissement graduel.

Nous avons toujours soutenu que nombre de vues formulées par le XXe Congrès du P.C.U.S. à propos des luttes internationales et du mouvement communiste international actuels sont erronées et contraires au marxisme-léninisme. La répudiation totale de Staline sous prétexte de « lutte contre le culte de la personnalité » et le passage pacifique au socialisme par la soi-disant « voie parlementaire » constituent, en particulier, deux erreurs de principe d’une extrême gravité.

La critique de Staline par le XXe Congrès du P.C.U.S. fut erronée, aussi bien du point de vue du principe que de celui de la méthode.

La vie de Staline fut celle d’un grand marxiste-léniniste, d’un grand révolutionnaire prolétarien. Dans les trente années qui suivirent la mort de Lénine, Staline fut le principal dirigeant du P.C.U.S. et du gouvernement soviétique, le guide universellement reconnu du mouvement communiste international, le porte-drapeau de la révolution mondiale.

Durant sa vie, Staline a commis des erreurs graves, mais en comparaison de ses grands mérites, ces erreurs sont malgré tout d’importance secondaire. Staline a de grands mérites dans le développement de l’Union soviétique et du mouvement communiste international.

Nous avons souligné dans A propos de l’expérience historique de la dictature du prolétariat publié en avril 1956 :

Après la mort de Lénine, Staline, en tant que dirigeant principal du Parti et de l’Etat, a appliqué et développé de façon créatrice le marxisme-léninisme. Dans la lutte pour la défense de l’héritage du léninisme contre ses ennemis — les trotskystes, les zinoviévistes et autres agents de la bourgeoisie —, Staline a traduit la volonté du peuple et s’est avéré un combattant éminent du marxisme-léninisme. Si Staline a gagné le soutien du peuple soviétique et a joué un important rôle historique, c’est avant tout parce qu’il a défendu, avec les autres dirigeants du Parti communiste de l’Union soviétique, la ligne de Lénine relative à l’industrialisation du pays des Soviets et à la collectivisation de son agriculture. Le Parti communiste de l’Union soviétique, en mettant à exécution cette ligne, a fait triompher le socialisme dans son pays et a créé les conditions pour la victoire de l’Union soviétique dans la guerre contre Hitler. Toutes ces victoires remportées par le peuple soviétique s’accordent avec les intérêts de la classe ouvrière du monde entier et de toute l’humanité progressiste, c’est pourquoi le nom de Staline jouit, tout naturellement, d’une immense gloire dans le monde.

Les erreurs de Staline doivent être critiquées. Mais dans son rapport secret au XXe Congrès du P.C.U.S., le camarade Khrouchtchev a complètement répudié Staline, défigurant la dictature du prolétariat, le système socialiste, le grand Parti communiste de l’Union soviétique, la grande Union soviétique et le mouvement communiste international. Loin d’utiliser la méthode de critique et d’autocritique qui est celle d’un parti révolutionnaire prolétarien et de faire consciencieusement et avec tout le sérieux nécessaire l’analyse et la synthèse de l’expérience historique de la dictature du prolétariat, il utilisa contre Staline des méthodes que l’on emploie contre l’ennemi, mettant toutes les erreurs sur le compte de Staline.

Dans ce rapport secret, Khrouchtchev fabriqua quantité de mensonges, usa avec perfidie de paroles démagogiques, accusant Staline de « folie de la persécution », « d’arbitraire le plus grand », de « s’être engagé dans la voie des persécutions massives et de la terreur », de « n’étudier la situation intérieure et l’agriculture que d’après les films », d’ »élaborer les plans de batailles sur la mappemonde », prétendant encore que la direction de Staline était « devenue un obstacle sérieux sur la voie du développement de la société soviétique », etc. Il nia tous les mérites que Staline s’était acquis en dirigeant le peuple soviétique dans la lutte résolue contre les ennemis de l’intérieur et de l’extérieur et ses efforts qui lui permirent de remporter de grands succès dans la transformation et l’édification socialistes ; il nia tous les mérites que Staline s’était acquis en dirigeant le peuple soviétique dans la défense et la consolidation du premier État socialiste du monde et ses efforts qui lui permirent de remporter la grande victoire de la guerre antifasciste ; il nia tous les mérites que Staline s’était acquis en défendant et en développant le marxisme-léninisme.

En répudiant totalement Staline au XXe Congrès du P.C.U.S., Khrouchtchev a au fond nié la dictature du prolétariat, nié les principes fondamentaux du marxisme-léninisme que Staline avait défendus et développés. C’est à ce Congrès précisément que Khrouchtchev commença, dans son rapport d’activité, à répudier le marxisme-léninisme dans une série de questions de principe.

Dans son rapport, sous prétexte de « changements essentiels » intervenus, selon lui, dans le monde, Khrouchtchev avança la thèse du « passage pacifique ». La voie de la Révolution d’Octobre, a-t-il dit, était « la seule voie juste dans les conditions historiques d’alors » ; mais maintenant que la situation a changé, a-t-il ajouté, il est possible de passer du capitalisme au socialisme par la « voie parlementaire ». Cette thèse erronée est, dans le fond, une révision manifeste de la doctrine marxiste- léniniste sur l’État et la révolution, une négation manifeste de la portée universelle de la voie de la Révolution d’Octobre.

Également sous prétexte de « changements essentiels » intervenus, selon lui, dans la situation mondiale, Khrouchtchev souleva dans ce même rapport la question de savoir si les principes du léninisme sur l’impérialisme, sur la guerre et la paix restaient valables, et ce fut, en fait, une altération de la doctrine de Lénine.

Khrouchtchev considère le gouvernement américain et son chef comme étant de ceux qui résistent aux forces de guerre, et non pas comme les représentants des forces de guerre de l’impérialisme. Il dit : « … aux États-Unis sont encore fortes les positions des partisans de la solution par la guerre des problèmes non résolus et ces partisans continuent à faire énergiquement pression sur le président et le gouvernement ». Les impérialistes, ajoute Khrouchtchev, commencent à admettre la faillite de la politique des positions de force, et « certains symptômes de dégrisement commencent à se manifester » parmi eux. Ceci revient à dire qu’il est possible que le gouvernement américain et son chef ne représentent pas les intérêts de la bourgeoisie monopoliste des États-Unis, qu’ils renoncent à leur politique d’agression et de guerre et deviennent des forces défendant la paix.

Khrouchtchev déclare : « Nous voulons être amis avec les États-Unis et coopérer avec eux dans la lutte pour la paix et la sécurité des peuples, ainsi que dans les domaines économique et culturel. » C’est précisément ce point de vue erroné qui, par la suite, se développa pour devenir la ligne de « coopération soviéto-américaine pour le règlement des problèmes mondiaux ».

En déformant le juste principe de la coexistence pacifique entre pays à systèmes sociaux différents, principe énoncé par Lénine, Khrouchtchev présenta la coexistence pacifique comme la « ligne générale de la politique extérieure » de l’Union soviétique. Cela revient à exclure de la ligne générale de la politique extérieure des pays socialistes — ou à subordonner à sa politique dite de coexistence pacifique — l’entraide et la coopération entre eux, le soutien aux luttes révolutionnaires des peuples et nations opprimés.

La série de questions soulevées par la direction du P.C.U.S. au XXe Congrès, en particulier la question de Staline et celle du « passage pacifique », ne constituent en aucune façon une affaire intérieure du P.C.U.S. seul, mais des questions importantes concernant tous les partis frères. Sans aucune consultation préalable des partis frères, la direction du P.C.U.S. tira des conclusions arbitraires, mit les partis frères devant le fait accompli et, sous prétexte de la « lutte contre le culte de la personnalité », intervint grossièrement dans les affaires intérieures de partis frères et de pays frères, subvertit leur direction et appliqua au sein du mouvement communiste international sa politique de sectarisme et de scissionnisme.

Par la suite, le cours des événements a montré, toujours plus clairement, que c’est en partant de ces erreurs que les dirigeants du P.C.U.S. se sont mis à trahir et à altérer le marxisme-léninisme et l’internationalisme prolétarien.

Le P.C.C. a toujours eu sur le plan des principes des opinions différentes au sujet du XXe Congrès du P.C.U.S. Les camarades dirigeants du P.C.U.S. le savent parfaitement. Cependant, la lettre ouverte du Comité central du P.C.U.S. prétend obstinément que, dans le passé, le P.C.C. a donné un appui total au XXe Congrès du P.C.U.S. et que maintenant nous avons « fait volteface » dans l’appréciation de ce Congrès, elle dit de notre position qu’elle consiste en « hésitations », « incertitudes » et « fausses déclarations », la direction du P.C.U.S. a l’ambition de masquer le ciel d’une seule main, cela est chose impossible. Laissons donc la parole aux faits :

En fait, après le XXe Congrès, des camarades dirigeants du Comité central du P.C.C. ont, à plusieurs reprises, au cours d’entretiens inter-partis, solennellement critiqué les erreurs de la direction du P.C.U.S.

En avril 1956, soit moins de deux mois après le XXe Congrès du P.C.U.S., le camarade Mao Tsé-toung a eu des entretiens, respectivement avec le camarade Mikoyan, membre du Présidium du Comité central du P.C.U.S. et l’ambassadeur de l’Union soviétique en Chine, et leur a fait part de notre opinion sur la question de Staline. Il a souligné notamment que « les mérites de Staline l’emportent sur ses erreurs » et qu’il importait de « faire une analyse concrète » et « une appréciation d’ensemble » à propos de Staline.

Le 23 octobre 1956, alors qu’il recevait l’ambassadeur soviétique en Chine, le camarade Mao Tsé-toung a indiqué : « II est nécessaire de critiquer Staline, mais nous ne sommes pas d’accord avec la méthode utilisée. Il y a d’autres questions encore sur lesquelles nous ne sommes pas d’accord ».

Le 30 novembre 1956, lorsqu’il recevait l’ambassadeur soviétique en Chine, le camarade Mao Tsé-toung a encore souligné que la politique et la ligne fondamentale appliquée durant la période où Staline était au pouvoir étaient justes, et qu’on ne devait pas traiter un camarade comme on traite un ennemi.

Le camarade Liou Chao-chi, dans sa conversation avec des dirigeants du P.C.U.S. en octobre 1956, le camarade Chou Enlaï, dans sa conversation avec la délégation du P.C.U.S. au VIIIème Congrès du P.C.C. le 1er octobre 1956, de même qu’avec des dirigeants du P.C.U.S. le 18 janvier 1957, ont encore une fois exposé notre opinion sur la question de Staline et critiqué les erreurs commises par les dirigeants du P.C.U.S. Leurs principales erreurs sont : « absence totale d’une analyse d’ensemble » de Staline, « absence d’autocritique », et « absence de consultations préalables avec les autres partis frères ».

Sur la question du passage pacifique, des camarades dirigeants du Comité central du P.C.C. ont exposé nos opinions divergentes lors des entretiens interpartis avec les camarades du P.C.U.S. En novembre 1957, le Comité central du P.C.C. a par ailleurs présenté par écrit au Comité central du P.C.U.S. ses « Thèses sur la question du passage pacifique » dans lesquelles sont exposés de façon complète et en termes explicites les points de vue du P.C.C.

Au cours des entretiens inter-partis qu’ils ont eus à plusieurs reprises avec les camarades du P.C.U.S., des camarades dirigeants du Comité central du P.C.C. ont exposé de façon systématique nos points de vue sur la situation internationale et la stratégie du mouvement communiste international en se référant directement aux erreurs du XXe Congrès du P.C.U.S.

Tous ces faits sont clairs comme le jour. Comment la direction du P.C.U.S. peut-elle mentir aussi effrontément et les rejeter catégoriquement ?

Dans sa lettre ouverte, le Comité central du P.C.U.S. tente de dissimuler ces faits importants, citant hors du contexte certaines paroles prononcées en public par les camarades Mao Tsé-toung, Liou Chao-chi et Teng Siao-ping, afin de démontrer que le P.C.C. a approuvé en bloc le XXe Congrès du P.C.U.S., mais c’est là peine perdue.

En fait, à aucun moment et en aucun lieu, le P.C.C. n’a approuvé en bloc le XXe Congrès du P.C.U.S., il ne s’est jamais montré d’accord avec la répudiation totale de Staline et le point de vue du passage pacifique au socialisme par la « voie parlementaire ».

Nous avons publié le 5 avril 1956, soit peu après le XXe Congrès du P.C.U.S., « A propos de l’expérience historique de la dictature du prolétariat » ; puis, le 29 décembre 1956, « Encore une fois à propos de l’expérience historique de la dictature du prolétariat ». Tout en réfutant les calomnies anticommunistes de l’impérialisme et de la réaction, ces deux articles ont fait une analyse complète de la vie de Staline, affirmé la portée universelle de la voie de la Révolution d’Octobre, dressé le bilan de l’expérience historique de la dictature du prolétariat et critiqué en termes mesurés mais des plus explicites les thèses erronées du XXe Congrès du P.C.U.S. N’est-ce pas là un fait connu dans le monde entier ?

Après le XXe Congrès du P.C.U.S., le P.C.C. a continué de placer le portrait de Staline auprès des portraits des grands guides révolutionnaires Marx, Engels et Lénine. Cela n’est-il pas également un fait connu de tout le monde ?

Bien entendu, il convient de noter que du fait que l’impérialisme et les réactionnaires des différents pays exploitaient les erreurs du XXe Congrès du P.C.U.S. et se livraient avec frénésie à des activités antisoviétiques, anticommunistes et antipopulaires, nous n’avons pas, à l’époque, critiqué publiquement les erreurs du XXe Congrès, soucieux de l’intérêt de l’unité face à l’ennemi, prenant en considération l’embarras dans lequel se trouvaient les dirigeants du P.C.U.S., et compte tenu du fait que la direction du P.C.U.S. ne s’était pas encore aventurée aussi loin qu’aujourd’hui dans la répudiation du marxisme-léninisme. Nous espérions vivement que la direction du P.C.U.S. s’amenderait. Aussi nous sommes-nous toujours efforcés de rechercher ce qui était positif de sa part, et de lui accorder l’appui qui convenait et s’imposait quand les circonstances appelaient à s’exprimer publiquement.

Mais même dans ces conditions, les camarades dirigeants du P.C.C. ont, toujours dans leurs discours publics exposé notre position à l’égard du XXe Congrès du P.C.U.S. essentiellement par une argumentation positive et du point de vue des principes.

La lettre ouverte du Comité central du P.C.U.S. dit que le camarade Liou Chao-chi a approuvé en bloc le XXe Congrès du P.C.U.S. dans son rapport politique au VIIIe Congrès du P.C.C. Or, c’est précisément dans ce rapport que le camarade Liou Chao-chi a exposé l’expérience de la révolution chinoise, soulignant que la voie dite du « passage pacifique » est erronée et impossible.

La lettre ouverte du Comité central du P.C.U.S. dit que le camarade Teng Siao-ping a approuvé intégralement, dans son rapport sur les modifications des Statuts du Parti présenté au VIlle Congrès du P.C.C., la  » lutte contre le culte de la personnalité  » menée par le XXe Congrès du P.C.U.S. Or, c’est justement dans ce rapport que le camarade Teng Siao-ping a exposé en détail la question du centralisme démocratique du Parti et la question des rapports entre les chefs et les masses et présenté le style correct et conséquent de notre Parti, critiquant en fait l’erreur de la « lutte contre le culte de la personnalité » du XXe Congrès du P.C.U.S.

En quoi avons-nous eu tort en agissant de la sorte ? N’est-ce pas précisément s’en tenir fermement aux principes et à l’unité, attitude que tout parti marxiste-léniniste se doit d’adopter ?

Comment peut-on affirmer que la position juste et conséquente du P.C.C. vis-à-vis du XXe Congrès du P.C.U.S. consiste en « hésitations », « incertitudes » et « fausses déclarations », et prétendre que c’est là une ’volteface » ?

En lançant contre nous pareille accusation dans sa lettre ouverte, le Comité central du P.C.U.S. croyait sans doute qu’il pourrait nier les critiques que nous avions faites dans le passé, car seul un petit nombre de dirigeants du P.C.U.S. en avaient connaissance, et qu’il pourrait recourir à des mensonges pour tromper les membres du P.C.U.S. et le peuple soviétique. Mais cette façon d’agir ne témoigne-t-elle pas précisément de leur propre hypocrisie ?

LES GRAVES CONSÉQUENCES DU XXe CONGRES DU P.C.U.S.

La lettre ouverte du Comité central du P.C.U.S. proclame à cor et à cri que le XXe Congrès du P.C.U.S. a obtenu d’ »admirables résultats » et des  » résultats grandioses « .

Mais l’histoire ne peut s’effacer. Tous ceux qui n’ont pas la mémoire courte se souviendront que les erreurs du XXe Congrès du P.C.U.S. n’ont nullement apporté ce que l’on a appelé « admirables résultats » ou « résultats grandioses », mais, au contraire, ont discrédité l’Union soviétique, la dictature du prolétariat, le socialisme et le communisme, donné à l’impérialisme, aux réactionnaires et à tous les autres ennemis du communisme une excellente occasion d’en tirer profit et entraîné des conséquences extrêmement graves au sein du mouvement communiste international.

A l’époque, l’impérialisme et les réactionnaires ont fait montre d’une arrogance insolente et déclenché à l’échelle mondiale une vaste campagne antisoviétique, anticommuniste et antipopulaire. Considérant la violente lutte engagée contre Staline par la direction du P.C.U.S. comme un acte « convenant plus que jamais à nos objectifs » 3, les impérialistes américains ont prétendu ouvertement se servir du rapport secret de Khrouchtchev comme d’une « arme pour détruire le prestige et l’influence du mouvement communiste » 4 et ont saisi l’occasion pour prêcher l’ »évolution pacifique » 5 de l’Union soviétique.

A ce moment, la clique Tito manifesta une extrême insolence. Sous le slogan réactionnaire de l’ »anti-stalinisme », elle déchaîna des attaques furieuses contre la dictature du prolétariat et le système socialiste. Elle déclara bruyamment que le XXe Congrès du P.C.U.S. avait « créé bien des facteurs » pour « la nouvelle tendance » apparue en Yougoslavie et qu’ »il s’agit maintenant de savoir si c’est cette ligne qui triomphera ou bien si la ligne stalinienne régnera de nouveau » 6.

En ce temps-là, les trotskistes, ennemis du communisme, qui étaient aux abois, menaient des activités fébriles. La IVe Internationale déclara dans son « Manifeste aux travailleurs et aux peuples du monde entier » : « … lorsque les dirigeants du Kremlin avouent eux-mêmes les crimes de Staline, ils reconnaissent implicitement que la lutte inlassablement menée… par le mouvement trotskiste mondial contre la dégénérescence de l’État ouvrier était pleinement justifiée. »

Les erreurs du XXe Congrès ont provoqué une confusion idéologique extrême au sein du mouvement communiste international et permis au courant révisionniste de s’étendre. Dans nombre de Partis communistes, des renégats ont lancé, de concert avec l’impérialisme, les réactionnaires et la clique Tito, des attaques contre le marxisme-léninisme et le mouvement communiste international.

Les événements les plus saillants qui se sont produits durant cette période concernent les relations soviéto-polonaises et la rébellion contre-révolutionnaire en Hongrie. Ils sont différents de par leur nature, mais dans les deux cas, la direction du P.C.U.S. a commis de graves erreurs. Elle a commis l’erreur du chauvinisme de grande puissance, en mobilisant des troupes pour soumettre par la force les camarades polonais. Au moment critique où les forces contre-révolutionnaires de Hongrie occupaient Budapest, la direction du P.C.U.S. avait tenté à un moment donné d’adopter une politique capitulationniste et d’abandonner la Hongrie socialiste à la contre-révolution.

Ces erreurs commises par la direction du P.C.U.S. ont donné lieu à des activités effrénées parmi tous les ennemis du communisme, créant de graves difficultés à bon nombre de partis frères et portant un sérieux préjudice au mouvement communiste international.

Face à une telle situation, les communistes chinois, avec d’autres partis frères qui s’en tiennent fermement au marxisme-léninisme, ont soutenu, avec force, qu’il fallait repousser l’offensive de l’impérialisme et de la réaction en vue de sauvegarder le camp socialiste et le mouvement communiste international. A ce moment-là, nous préconisions énergiquement l’adoption de toute mesure s’avérant nécessaire pour écraser la rébellion contre-révolutionnaire en Hongrie et nous étions fermement contre l’abandon de la Hongrie socialiste. Nous soutenions avec force qu’il fallait adopter des principes corrects pour régler les problèmes existant entre partis frères et entre pays frères, renforcer l’unité du camp socialiste, rejeter résolument les méthodes erronées de chauvinisme de grande puissance. En même temps, nous avons fait de grands efforts pour sauvegarder le prestige du P.C.U.S.

La direction du P.C.U.S. fit sienne notre proposition, et, dans la « Déclaration sur le développement et le renforcement continuel des bases de l’amitié et de la coopération entre l’Union soviétique et les autres pays socialistes », publiée le 30 octobre 1956 par le gouvernement soviétique, elle fit un examen de certaines erreurs qu’elle avait commises dans le règlement des rapports entre pays frères. Le 1er novembre, le gouvernement chinois fit une déclaration, soutenant celle du gouvernement soviétique.

Nous avons agi de la sorte dans l’intérêt du mouvement communiste international et aussi pour amener la direction du P.C.U.S. à en tirer la leçon sans retard, afin de se corriger et ne pas glisser encore plus bas dans la voie de la répudiation du marxisme-léninisme. Cependant, les faits ont prouvé par la suite que la direction du P.C.U.S. nous en avait gardé rancune et considérait le P.C.C., parti qui s’en tient fermement à l’internationalisme prolétarien, comme le plus grand obstacle à l’application de sa ligne erronée.

LA CONFÉRENCE DES PARTIS FRÈRES RÉUNIE EN 1957 A MOSCOU

La Conférence de 1957 des Représentante des Partis communistes et ouvriers s’est réunie à Moscou alors que venaient d’être repoussées les graves attaques de l’impérialisme et de toute la réaction contre le mouvement communiste international.

La lettre ouverte du Comité central du P.C.U.S. déclare que le XXe Congrès du P.C.U.S. a joué un « rôle très important » dans l’élaboration de la ligne générale du mouvement communiste international. Les faits prouvent exactement le contraire. La conférence des partis frères de 1957 rejeta et rectifia précisément sur une série d’importantes questions de principe les vues erronées du .XXe Congrès.

La célèbre Déclaration de 1957 adoptée par la Conférence de Moscou a fait le bilan des expériences du mouvement communiste international, formulé les tâches communes que les Partis communistes ont à accomplir dans leur lutte, affirmé la portée générale de la voie de la Révolution d’Octobre, dégagé les lois communes de la révolution et de l’édification socialistes, défini les normes régissant les rapports entre partis frères et entre pays frères. La ligne commune du mouvement communiste international élaborée à la Conférence reflète les principes révolutionnaires du marxisme-léninisme, elle est à l’opposé des vues erronées, contraires au marxisme-léninisme, formulées par le XXe Congrès. Les normes régissant les rapports entre partis frères et entre pays frères, définies dans la Déclaration, reflètent les principes de l’internationalisme prolétarien, elles sont à l’opposé du chauvinisme de grande puissance et du sectarisme de la direction du P.C.U.S.

La délégation du P.C.C., qui était conduite par le camarade Mao Tsé-toung lui-même, accomplit un important travail durant la Conférence. D’une part, elle procéda à d’amples consultations avec la direction du P.C.U.S., engagea contre celle-ci une lutte nécessaire, appropriée, l’aidant à corriger ses erreurs ; d’autre part, elle procéda à maintes reprises à un échange de vues avec les dirigeants d’autres partis frères, afin qu’un document commun, acceptable par tous, puisse être adopté.

A cette Conférence, nos discussions avec la délégation du P.C.U.S. portaient essentiellement sur le passage du capitalisme au socialisme. Dans le projet de déclaration avancé à l’origine par elle, la direction du P.C.U.S. avait absolument tenu à insérer le point de vue erroné du XXe Congrès du P.C.U.S. sur le passage pacifique. Ce projet de déclaration ne mentionnait nulle part le passage non pacifique, mais traitait uniquement du passage pacifique qu’il présentait par surcroît comme « la conquête d’une majorité parlementaire et la transformation du parlement, instrument de la dictature bourgeoise, en un instrument authentique du pouvoir populaire ». Il s’agissait, en fait, de substituer la « voie parlementaire » prônée par les opportunistes de la Ile Internationale à la voie de la Révolution d’Octobre, d’altérer les principes fondamentaux du marxisme-léninisme sur l’Etat et la révolution.

Le P.C.C. s’opposa résolument aux vues erronées formulées par la direction du P.C.U.S. dans son projet de déclaration. Nous fîmes connaître nos points de vue sur les premier et second projets de déclaration avancés par le Comité central du P.C.U.S. et, après y avoir fait un assez grand nombre de modifications importantes revêtant un caractère de principe, nous présentâmes notre propre projet révisé, sur la base duquel les délégations du P.C.C. et du P.C.U.S. engagèrent ensuite plusieurs discussions et élaborèrent le « Projet de déclaration rédigé en commun par le P.C.U.S. et le P.C.C. » qu’elles soumirent à l’examen des délégations des autres partis frères.

Par suite des efforts conjugués de la délégation du P.C.C. et des délégations d’autres partis frères, la Conférence adopta finalement une déclaration qui présente, par rapport au projet initial de la direction du P.C.U.S. ; deux modifications importantes sur la question du passage du capitalisme au socialisme. Primo, tout en faisant état de la possibilité du passage pacifique, elle indique la voie du passage non pacifique et souligne que « le léninisme enseigne et l’expérience historique confirme que les classes dominantes n’abandonnent pas de bon gré le pouvoir ». Secundo, tout en parlant de la conquête « d’une solide majorité parlementaire », elle met l’accent sur la nécessité « de développer largement la lutte de masse extraparlementaire, de briser la résistance des forces de la réaction et de créer les conditions nécessaires à la réalisation pacifique de la révolution socialiste ».

En dépit de ces modifications, nous n’étions toujours pas satisfaits de la façon dont la question du passage du capitalisme au socialisme était exposée dans la Déclaration. Si nous fîmes des concessions, ce fut uniquement parce que nous tenions compte du désir, manifesté à plusieurs reprises par la direction du P.C.U.S. de voir la formule présentée en connexion avec celle du XXe Congrès du P.C.U.S.

A l’époque, nous remîmes au Comité central du P.C.U.S. nos thèses sur la question du passage pacifique ; nous y exposions de façon complète et claire les points de vue du P.C.C. sur cette question. Ces thèses soulignent notamment :

« Dans la situation actuelle du mouvement communiste international, il serait avantageux, du point de vue tactique, d’émettre le désir de réaliser le passage pacifique, mais il ne convient pas d’insister trop sur la possibilité du passage pacifique. » « Il faut être prêt à tout instant à faire face à une attaque contrerévolutionnaire et, au moment crucial de la révolution, alors que la classe ouvrière prendra le pouvoir, être prêt à abattre la bourgeoisie par la force au cas où celle-ci aurait recours à la force pour réprimer la révolution du peuple (recours qui est en général inévitable). » « Conquérir une majorité parlementaire ne signifie pas briser la vieille machine d’Etat (principalement les forces armées), ni établir une nouvelle machine d’Etat (principalement les forces armées). Si la machine d’Etat militaire et bureaucratique de la bourgeoisie n’est pas brisée, ou bien il sera impossible pour le prolétariat et ses sûrs alliés d’obtenir la majorité dans le parlement », « ou bien cette majorité demeurera précaire ». (Voir annexe I)

Par suite des efforts communs de la délégation du P.C.C. et des délégations d’autres partis frères, la Déclaration de 1957 rectifia également les vues erronées formulées par la direction du P.C.U.S. au XXe Congrès à propos de l’impérialisme, de la guerre et de la paix, et des additifs ou des compléments importants furent apportés à son contenu sur une série de questions de principe. Rappelons les principaux : L’impérialisme américain est le centre de la réaction mondiale, le pire ennemi des masses populaires ; si les impérialistes déclenchent une guerre mondiale, ils signeront leur propre condamnation ; les lois communes de la révolution et de l’édification socialistes ; le principe de l’union entre la vérité générale du marxisme-léninisme et la pratique concrète de la révolution et de la construction de chaque pays ; l’importance de l’application du matérialisme dialectique au travail pratique ; la prise du pouvoir par la classe ouvrière n’est que le début de la révolution, et non son couronnement ; pour répondre à la question « qui l’emportera ? » — le capitalisme ou le socialisme, il faut un laps de temps assez prolongé ; l’influence bourgeoise est la source intérieure du révisionnisme, et la capitulation devant la pression de l’impérialisme en est la source extérieure ; etc.

En même temps, la délégation du P.C.C. fit des compromis nécessaires. La formulation concernant la question du passage pacifique mise à part, nous n’étions pas d’accord avec le passage sur le XXe Congrès du P.C.U.S. et nous proposâmes des modifications. Mais, prenant en considération la situation difficile dans laquelle la direction du P.C.U.S. se trouvait, nous n’insistâmes point pour que ce passage fût modifié. Nul n’aurait pu penser que ces concessions, que nous avions faites en tenant compte de l’intérêt général, seraient utilisées par la direction du P.C.U.S. comme prétexte pour approfondir les divergences et créer la division au sein du mouvement communiste international.

A présent, la lettre ouverte du Comité central du P.C.U.S. s’emploie, à tout propos, à assimiler les résolutions du XXe Congrès du P.C.U.S. à la Déclaration de 1957 pour tenter de substituer la ligne erronée du XXe Congrès à la ligne commune du mouvement communiste international. Nous avons dit il y a longtemps, et nous estimons aujourd’hui nécessaire de l’indiquer une fois de plus, qu’en fonction du principe d’indépendance et d’égalité entre partis frères, nul n’a le droit de forcer les autres partis frères à accepter les résolutions du Congrès d’un parti frère ou quoi que ce soit d’autre. Les résolutions d’un congrès d’un parti frère, quel qu’il soit, ne peuvent être considérées comme la ligne commune du mouvement communiste international, elles n’ont pas force de loi pour les autres partis frères. Seuls le marxisme-léninisme et les documents concertés des partis frères constituent les principes communs d’action qui ont force de loi pour nous comme pour tous les autres partis frères.

LE DÉVELOPPEMENT DU RÉVISIONNISME DES DIRIGEANTS DU P.C.U.S.

Après la Conférence de Moscou de 1957, nous avions espéré qu’avec la déclaration concertée des partis frères, la direction du P.C.U.S. saurait suivre la ligne définie par celle-ci et corriger ses erreurs. Malheureusement, contrairement à notre désir et à celui de tous les partis frères marxistes-léninistes, la direction du P.C.U.S. a transgressé de plus en plus sérieusement les principes révolutionnaires de la Déclaration et les normes régissant les rapports entre partis frères et entre pays frères, elle s’est écartée toujours davantage de la voie du marxisme-léninisme et de l’internationalisme prolétarien. Le révisionnisme pratiqué par la direction du P.C.U.S. a connu un nouveau développement. Ceci a accentué les divergences au sein du mouvement communiste international et les a amenées à un nouveau stade de développement.

Ne tenant aucun compte de la conclusion commune de la Déclaration de 1957 selon laquelle l’impérialisme américain est l’ennemi des peuples du monde entier, la direction du P.C.U.S. s’est attachée avec zèle à rechercher la coopération avec l’impérialisme américain et à faire en sorte que les problèmes mondiaux soient réglés par les chefs de gouvernement de l’Union soviétique et des États-Unis. Particulièrement dans la période qui précéda et suivit les entretiens de Camp David, en septembre 1959, Khrouchtchev avait littéralement porté Eisenhower aux nues, le décrivant comme un homme qui « jouit de la confiance absolue de son peuple » 7 et « se soucie autant que nous d’assurer la paix » 8. Des camarades du P.C.U.S. exaltèrent autant qu’ils purent le soi-disant « esprit de Camp David » qu’Eisenhower avait lui-même nié, prétendant qu’il s’agissait d’ »une ère nouvelle dans les relations internationales » 9, d’ »un tournant de l’histoire » 10.

Ne tenant aucun compte de la ligne révolutionnaire de la Déclaration de 1957, la direction du P.C.U.S. s’est employée, à travers les déclarations de Khrouchtchev et au moyen des journaux et périodiques soviétiques, à prôner bruyamment leur ligne révisionniste de ’’coexistence pacifique », de « compétition pacifique » et de « passage pacifique », à exalter la « lucidité » et la « bonne volonté » de l’impérialisme, à proclamer qu’un « monde sans armes, sans armées et sans guerres » 11 peut se réaliser, alors que la plupart des régions du monde sont encore dominées et contrôlées par l’impérialisme et que le désarmement général et complet « peut inaugurer une ère nouvelle dans le développement économique de l’Asie, de l’Afrique et de l’Amérique latine » 12, etc.

Le P.C.U.S. a publié de nombreux ouvrages et articles dans lesquels il a altéré les principes fondamentaux du marxisme-léninisme, vidé celui-ci de son âme révolutionnaire et propagé ses vues révisionnistes à propos d’une série d’importantes questions de principe dans les domaines de la philosophie, de l’économie politique, de la doctrine du socialisme et du communisme, de l’histoire, de la littérature et des arts.

La direction du P.C.U.S. s’est évertuée à imposer quantité de ses vues erronées aux organisations démocratiques internationales et à modifier leur ligne jusque-là correcte. La façon d’agir des camarades soviétiques à la session du Conseil général de la Fédération syndicale mondiale, tenue en juin 1960 à Pékin, en est un exemple frappant.

Ne tenant aucun compte des principes régissant les rapports entre partis frères et entre pays frères, principes définis par la Déclaration de 1957, la direction du P.C.U.S., tout en cherchant de mille façons à s’attirer les bonnes grâces de l’impérialisme américain, mena des activités outrancières contre la Chine.

Elle considérait le P.C.C. qui s’en tenait fermement au marxisme-léninisme comme un obstacle à l’application de sa ligne révisionniste. Croyant avoir résolu ses problèmes intérieurs et « stabilisé » sa position, elle pensait pouvoir appliquer plus avant sa politique « d’amitié envers l’ennemi et d’inimitié envers l’ami ».

La demande injustifiable formulée en 1958 par la direction du P.C.U.S. visant à placer la Chine sous son contrôle militaire se heurta au refus légitime et résolu du gouvernement chinois. Peu de temps après, en juin 1959, le gouvernement soviétique annula unilatéralement l’Accord sino-soviétique sur les techniques nouvelles de la défense nationale signé en octobre 1957 et refusa de fournir à la Chine les échantillons de bombes atomiques et les données techniques relatives à leur fabrication.

Puis, à la veille de la visite de Khrouchtchev aux Etats-Unis, ne tenant nullement compte de ce que la Chine avait à maintes reprises exprimé une opinion différente, la direction du P.C.U.S. s’empressa de faire publier par l’Agence Tass, le 9 septembre 1959, une déclaration sur l’incident frontalier sino-indien, par laquelle elle prenait le parti de la réaction indienne. La direction du P.C.U.S. avait ainsi étalé les divergences sino-soviétiques devant le monde entier.

L’annulation de l’accord sur les techniques nouvelles de la défense nationale et la publication de la déclaration sur le conflit frontalier sino-indien par la direction du P.C.U.S. constituaient un cadeau offert à Eisenhower par Khrouchtchev à la veille de sa visite aux Etats-Unis, dans le but de s’attirer les bonnes grâces de l’impérialisme américain et de préparer l’ »esprit de Camp David ».

Les dirigeants du P.C.U.S. et les journaux et périodiques soviétiques ont lancé quantité d’attaques perfides contre la politique intérieure et extérieure du P.C.C. Et presque chaque fois, ce fut Khrouchtchev lui-même qui prit la tête de ces attaques. Ce dernier s’en est pris, par allusions, à l’édification socialiste de la Chine, disant qu’elle « est passée au-delà de l’étape appropriée » et que c’est du « communisme égalitaire » 13 ; il s’est attaqué aux communes populaires chinoises, prétendant qu’elles sont « en fait réactionnaires » 14. Par des attaques voilées contre la Chine, il a laissé entendre que celle-ci était belliciste et coupable d’ »aventurisme » 15, etc. Après les entretiens de Camp David, il en vint à vanter à la Chine le plan des Etats-Unis visant à créer « deux Chines » et, lors du banquet d’Etat pour la célébration du Xe anniversaire de la République populaire de Chine, entreprit de lui faire la leçon en disant qu’il ne fallait pas « essayer de sonder par la force la stabilité du système capitaliste ».

La ligne révisionniste et scissionniste suivie par la direction du P.C.U.S. a suscité une grande confusion dans les rangs du mouvement communiste international. L’impérialisme américain ne serait plus le pire ennemi des peuples du monde.
Eisenhower a été accueilli par certains communistes comme un « messager de la paix ». Le marxisme-léninisme et la Déclaration de 1957 seraient périmés.

Dans ces circonstances, pour défendre le marxisme-léninisme, sauvegarder la Déclaration de 1957, clarifier la confusion idéologique au sein du mouvement communiste international, le P.C.C. a fait paraître en avril 1960 le recueil de trois articles Vive le léninisme. Partant de notre position conséquente de maintien des principes et de l’unité, nous avons, dans ces trois articles, mis l’accent sur l’exposé des thèses révolutionnaires de la Déclaration de 1957, des principes fondamentaux du marxisme-léninisme sur l’impérialisme, la guerre et la paix, la révolution prolétarienne et la dictature du prolétariat. Les vues exprimées dans ces trois articles sont diamétralement à l’opposé de la série de vues erronées diffusées par la direction du P.C.U.S. Cependant, prenant en considération l’intérêt général, nous nous étions alors abstenus de critiquer publiquement les camarades du P.C.U.S. et avions dirigé principalement notre lutte contre les impérialistes et les révisionnistes yougoslaves.

Dans sa lettre ouverte, le Comité central du P.C.U.S. s’est évertué à déformer et à attaquer le recueil de trois articles Vive le léninisme, sans pouvoir cependant avancer le moindre argument convaincant pour justifier ses attaques. Nous tenons à demander : Dans ces circonstances, aurions-nous dû garder le silence sur les vues erronées et les propos absurdes alors en vogue ? N’est-il pas de notre droit et de notre devoir de nous dresser pour défendre le marxisme-léninisme et la Déclaration de 1957 ?

L’ATTAQUE-SURPRISE DE LA DIRECTION DU P.C.U.S. CONTRE LE P.C.C.

Huit jours à peine après la publication du recueil de trois articles Vive le léninisme, il se produisit deux événements : la violation de l’espace aérien de l’Union soviétique par un avion américain U2 et le sabotage de la conférence au sommet des quatre puissances par les États-Unis. C’en était fait de l’ »esprit de Camp David ». Le cours des événements a prouvé l’entière justesse de nos thèses.

Face à l’ennemi, la nécessité s’imposait aux partis chinois et soviétique, ainsi qu’à tous les autres partis frères, d’éliminer les divergences, de renforcer l’unité et de mener la lutte en commun contre l’ennemi. Cependant, les choses sont allées à rencontre de ce souhait : En été 1960, les divergences au sein du mouvement communiste international s’élargirent, une vaste campagne dirigée contre le P.C.C. fut lancée et la direction du P.C.U.S. étendit les divergences idéologiques entre les partis chinois et soviétique au domaine des rapports entre Etats.

Au début de juin 1960, le Comité central du P.C.U.S. avait proposé de réunir, à la faveur du IIIème Congrès du Parti ouvrier roumain qui allait se tenir le même mois à Bucarest, une conférence des représentants des partis communistes et ouvriers des pays socialistes afin d’y procéder à un échange de vues sur la situation internationale apparue à la suite du sabotage par les Etats-Unis de la conférence au sommet des quatre puissances. Le P.C.C. n’approuvait pas l’idée d’une réunion hâtive ni celle d’une rencontre des seuls représentants des partis communistes et ouvriers des pays socialistes. Nous avions alors formulé une proposition constructive visant à la convocation d’une conférence des représentants de tous les partis communistes et ouvriers du monde et estimions que d’amples préparatifs étaient indispensables pour assurer le succès de cette rencontre internationale. Notre proposition reçut l’approbation du P.C.U.S. Les deux Partis ont convenu par ailleurs que pour préparer une telle rencontre internationale, les représentants des partis frères au IIIe Congrès du Parti ouvrier roumain pouvaient procéder à un échange préliminaire d’opinions sur la date et le lieu de la réunion, sans prendre cependant aucune décision.

A Bucarest, contrairement à toute attente, la direction du P.C.U.S. contrevint à ce qui avait été convenu et lança une attaque-surprise contre le P.C.C., dirigeant la lutte contre celui-ci au lieu de la diriger contre l’impérialisme américain. La Rencontre de Bucarest des représentants de partis frères eut lieu du 24 au 26 juin. En qualifiant cette Rencontre d’ »aide amicale » au P.C.C., la lettre ouverte du Comité central du P.C.U.S. fait un pur mensonge.

En fait, à la veille de la Rencontre, la délégation du P.C.U.S. conduite par Khrouchtchev distribua aux représentants de certains partis frères la lettre d’information du 21 juin du Comité central du P.C.U.S. au Comité central du P.C.C. ou en donna lecture aux représentants des autres partis frères. Cette lettre d’information qui calomnie et lance des attaques gratuites contre le P.C.C. dans tous les domaines est le programme de la campagne antichinoise déclenchée par la direction du P.C.U.S.

Au cours de la Rencontre, Khrouchtchev prit l’initiative d’organiser une attaque convergente de grand style contre le P.C.C. Dans son discours, il se répandit en calomnies contre le P.C.C., le qualifiant de « fou », l’accusant de « vouloir déclencher une guerre », de « reprendre la bannière de la bourgeoisie monopoliste impérialiste », de faire preuve « du plus pur nationalisme » dans la question de la frontière sino-indienne, d’agir « à la Trotski » vis-à-vis du P.C.U.S. Des représentants de certains partis frères qui obéissaient à Khrouchtchev lui emboîtèrent le pas en lançant une vive attaque contre le P.C.C., l’accusant d’être « dogmatiste », « aventuriste gauchiste », « pseudo-révolutionnaire », « sectaire » et « pire que la Yougoslavie », etc.

La campagne antichinoise déclenchée par Khrouchtchev lors de la Rencontre est également, de l’avis de nombreux partis frères, une attaque-surprise. Les représentants d’un certain nombre de partis frères marxistes-léninistes n’étaient pas d’accord avec ce procédé erroné de la direction du P.C.U.S.

Au cours de la Rencontre, la délégation du Parti du Travail d’Albanie ayant refusé d’obéir à la baguette de la direction du P.C.U.S. et s’étant opposée avec fermeté à son activité scissionniste, celle-ci considéra le Parti du Travail d’Albanie comme une épine dans son pied. Depuis lors, elle a mené avec toujours plus d’acharnement des activités contre ce parti.

Peut-on qualifier d’ »aide amicale » au P.C.C. l’attaque perfide lancée contre lui par la direction du P.C.U.S.? Absolument pas. Ce fut une grande démonstration antichinoise, montée d’avance par la direction du P.C.U.S. une grave et grossière violation des normes régissant les rapports entre partis frères telles qu’elles sont définies dans la Déclaration de 1957, une attaque de grande envergure des révisionnistes représentés par la direction du P.C.U.S. contre un parti marxiste-léniniste.

Dans ces circonstances, pour défendre les positions du marxisme-léninisme et les normes régissant les rapports entre partis frères telles qu’elles sont définies dans la Déclaration, le P.C.C. engagea une lutte contre la direction du P.C.U.S. en lui répondant du tac au tac. Prenant en considération la situation générale, la délégation du P.C.C. à la Rencontre de Bucarest signa le communiqué de la Rencontre, mais elle distribua par ailleurs le 26 juin 1960, conformément aux directives du Comité central du P.C.C., une déclaration écrite dans laquelle elle soulignait que la façon d’agir de Khrouchtchev à la Rencontre de Bucarest avait inauguré un précédent des plus indignes dans le mouvement communiste international. La délégation du P.C.C. déclara solennellement :

« II existe entre le camarade Khrouchtchev et nous des divergences sur une série de principes fondamentaux du marxisme-léninisme « .  » L’avenir du mouvement communiste international dépend des exigences et de la lutte des peuples, de même que de la direction assurée par le marxisme-léninisme, il ne dépendra jamais de la baguette de qui que ce soit « .  » Notre Parti croit et obéit seulement à la vérité du marxisme-léninisme, et ne s’inclinera jamais devant les points de vue erronés, contraires au marxisme-léninisme ». (Voir annexe II)

La direction du P.C.U.S. qui n’était pas parvenue, lors de la Rencontre de Bucarest, à soumettre le P.C.C. ne se résigna pas. Aussitôt après cette Rencontre, elle renforça sa pression sur la Chine en prenant toute une série de mesures pour étendre les divergences idéologiques entre les partis chinois et soviétique au domaine des rapports entre Etats.

En juillet, le gouvernement soviétique décida brusquement et de façon unilatérale de retirer en un mois tous les experts soviétiques travaillant en Chine, déchirant ainsi plusieurs centaines d’accords et de contrats. L’Union soviétique déchira aussi de façon unilatérale l’accord portant d’une part sur la publication de la revue Drouzba (Amitié) par la Chine en Union soviétique et de la revue Su Zhong You Hao (Amitié soviéto-chinoise) par l’Union soviétique en Chine, et d’autre part sur leur diffusion sur une base de réciprocité, demanda sans raison valable au gouvernement chinois le rappel d’un membre de l’Ambassade de Chine et créa des complications à la frontière sino-soviétique.

Il est évident que la direction du P.C.U.S. croyait qu’en agitant sa baguette de commandement, en rassemblant des nervis pour lancer une attaque convergente et en exerçant une forte pression politique et économique, elle pouvait forcer le P.C.C. à abandonner sa position fondée sur le marxisme-léninisme et l’internationalisme prolétarien, le forcer à se plier à sa volonté inspirée par le révisionnisme et le chauvinisme de grande puissance. Mais le P.C.C. et le peuple chinois, longtemps éprouvés et aguerris, ne sauraient se laisser abattre par les coups ni soumettre par la pression. Ceux qui s’imaginaient pouvoir nous faire fléchir en organisant une attaque convergente ou en faisant pression sur nous se sont totalement trompés dans leurs calculs.

Quant à la vérité sur la détérioration par la direction du P.C.U.S. des relations sino-soviétiques, nous en traiterons de façon détaillée dans d’autres articles. Ici, nous nous bornerons à faire remarquer qu’à propos des relations sino-soviétiques, la lettre ouverte du Comité central du P.C.U.S. est allée jusqu’à accuser la Chine d’avoir étendu les divergences idéologiques au domaine des rapports entre Etats ainsi que d’avoir réduit les relations commerciales sino46 soviétiques, dissimulant ainsi délibérément le fait que le gouvernement soviétique a rappelé tous ses experts et déchiré unilatéralement plusieurs centaines d’accords et de contrats, et que ce sont précisément ces actions unilatérales de l’Union soviétique qui ont donné lieu à une réduction du commerce sino-soviétique. Il est vraiment navrant que la direction du P.C.U.S. en soit venue à tromper avec tant d’impudence les membres du P.C.U.S. et le peuple soviétique.

LA LUTTE ENTRE LES DEUX LIGNES A LA CONFÉRENCE DES PARTIS FRÈRES RÉUNIE EN 1960

Durant le second semestre de 1960, une lutte intense se développa dans les rangs du mouvement communiste international, autour de la convocation de la Conférence des Représentants des Partis communistes et ouvriers. Il s’agissait d’une lutte entre deux lignes, celle du marxisme-léninisme et celle du révisionnisme, et entre deux politiques, celle du maintien des principes et de l’unité et celle de l’abandon des principes et de la création de la scission.

Avant la convocation de la conférence des partis frères, nombre d’indices montraient que la direction du P.C.U.S. s’accrochait obstinément à ses positions erronées, et s’efforçait, de surcroît, d’imposer sa ligne erronée au mouvement communiste international.

Le P.C.C. était profondément conscient de la gravité des divergences. Dans l’intérêt du mouvement communiste international, nous avons déployé beaucoup d’efforts, espérant que la direction du P.C.U.S. n’irait pas trop loin dans la voie de l’erreur.

Le 10 septembre 1960, le Comité central du P.C.C. répondit à la lettre d’information du 21 juin du Comité central du P.C.U.S. Dans cette réponse, le Comité central du P.C.C., raisonnant avec faits à l’appui, exposa systématiquement ses points de vue sur une série d’impôt tantes questions de principe relatives à la situation mondiale et au mouvement communiste international, réfuta les attaques portées contre nous par la direction du P.C.U.S., critiqua les points de vue erronés de celle-ci et remit au Comité central du P.C.U.S. une proposition constructive en cinq points pour le règlement des divergences et la réalisation de l’unité. (Pour cette proposition, voir annexe III)

Peu après, dans le courant du mois de septembre, le Comité central du P.C.C. envoya une délégation à Moscou pour y avoir des entretiens avec la délégation du P.C.U.S. Au cours des entretiens, la délégation du P.C.C. indiqua que la direction du P.C.U.S., tout en enjolivant l’impérialisme américain, s’était vivement attaquée à la Chine et avait porté les divergences idéologiques entre les deux Partis au domaine des rapports entre Etats, traitant les frères en ennemis et les ennemis en frères. La délégation du P.C.C. invita maintes fois la direction du P.C.U.S. à se départir de cette position erronée, à revenir aux normes régissant les rapports entre partis frères et entre pays frères, à renforcer l’unité entre les deux Partis, l’unité entre les Etats chinois et soviétique, à s’opposer à l’ennemi commun. Mais la direction du P.C.U.S. n’avait pas la moindre intention de corriger ses erreurs.

Ainsi, une lutte acerbe était inévitable. Cette lutte s’engagea d’abord à la Commission de Rédaction où siégeaient les représentants de 26 partis frères, commission chargée de préparer les documents pour la conférence des partis frères. Par la suite, elle connut un acharnement sans précédent à la Conférence des Représentants des 81 Partis frères.

Dans le courant du mois d’octobre, à la Commission de Rédaction réunie à Moscou, la direction du P.C.U.S. essaya de forcer l’adoption de son propre projet de déclaration qui contenait une série de vues erronées. Grâce à la lutte engagée par la délégation du P.C.C. et les délégations d’autres partis frères pour le maintien des principes, la Commission de Rédaction apporta, à l’issue d’un débat acharné, nombre de modifications ayant une importance de principe au projet de déclaration avancé par le P.C.U.S. Elle parvint à un accord sur la majeure partie du projet. Cependant, la direction du P.C.U.S, décidée à poursuivre la controverse, refusa de parvenir à un accord sur quelques problèmes importants, sujets à divergences, qui restaient à résoudre dans le projet de déclaration ; de plus, Khrouchtchev, qui revenait justement de New York, alla jusqu’à rejeter les accords qui avaient été déjà conclus sur certains problèmes.

En novembre 1960 se tint à Moscou la Conférence des Représentants des 81 Partis frères. Au mépris du désir de la délégation du P.C.C. et des délégations de nombreux autres partis frères d’éliminer les divergences et de renforcer l’unité, la direction du P.C.U.S. alla jusqu’à faire distribuer, à la veille de la Conférence, aux représentants des partis frères rassemblés à Moscou, une lettre de plus de 60.000 mots dans laquelle elle attaquait plus brutalement encore le P.C.C., soulevant ainsi une controverse plus acerbe que jamais.

C’est dans cette ambiance des plus anormales que fut convoquée la Conférence des Représentants des 81 Partis frères. Le procédé indigne utilisé par la direction du P.C.U.S. porta la Conférence au bord de la rupture. Du fait que la délégation du P.C.C. et les délégations d’autres partis frères s’en étaient fermement tenus aux principes, avaient persisté dans la lutte et maintenu l’unité, et que, par ailleurs, les délégations de la grande majorité des partis frères voulaient l’unité et s’opposaient à la scission, la Conférence finit par aboutir à un accord et à des résultats positifs.

La lettre ouverte du Comité central du P.C.U.S. dit qu’à cette Conférence, la délégation du P.C.C. « signa la déclaration seulement en voyant la menace de son isolement total ». C’est là un mensonge de plus.

Où est la vérité ?

Durant la Conférence, comme dans la période qui la précéda, la direction du P.C.U.S. avait effectivement organisé une attaque convergente des représentants d’un certain nombre de partis frères contre le P.C.C., elle avait effectivement compté sur la soi-disant majorité pour amener à la soumission la délégation du P.C.C. et les délégations d’autres partis frères marxistes-léninistes, elle avait effectivement cherché à les obliger à accepter la ligne et les vues révisionnistes de la direction du P.C.U.S. Mais à la commission des 26 partis frères pour l’élaboration des projets comme à la Conférence des Représentants des 81 Partis frères, les tentatives de la direction du P.C.U.S. d’imposer sa volonté aux autres firent échec.

Le fait est que nombre de thèses erronées contenues dans le projet de déclaration formulé par la direction du P.C.U.S. furent rejetées. En voici quelques exemples :

Sa thèse erronée suivant laquelle la coexistence pacifique et la compétition économique sont la ligne générale de la politique extérieure des pays socialistes.

Sa thèse erronée suivant laquelle l’apparition d’une nouvelle phase dans la crise générale du capitalisme résulterait de la coexistence pacifique et de la compétition pacifique.

Sa thèse erronée sur la possibilité croissante du passage pacifique.

Sa thèse erronée d’après laquelle les pays socialistes ne peuvent « agir isolément », thèse qui s’oppose en fait à ce que les pays socialistes suivent dans leur édification le principe consistant à s’appuyer essentiellement sur leurs propres forces.

Sa thèse erronée concernant l’opposition à ce qu’elle appelle les « activités de groupes et de fractions » au sein du mouvement communiste international, thèse qui tend en réalité à faire obéir les partis frères à la baguette de la direction du P.C.U.S., à liquider les principes d’indépendance et d’égalité régissant les rapports entre partis frères, et à substituer au principe d’unanimité par voie de consultations le recours à la pression de la majorité pour soumettre la minorité.

Sa thèse erronée sur la sous-estimation du grave danger que représente le révisionnisme moderne.

Le fait est que nombre d’opinions correctes importantes, ayant un caractère de principe, formulées par la délégation du P.C.C. et les délégations d’autres partis frères furent inscrites dans la Déclaration. Ces opinions portent sur les thèmes suivants : la nature de l’impérialisme n’a pas changé ; l’impérialisme américain est l’ennemi des peuples du monde entier ; la formation du front uni le plus large contre l’impérialisme américain ; le mouvement de libération nationale est une force importante pour prévenir Une guerre mondiale ; la réalisation complète de la révolution nationale et démocratique par les pays nouvellement indépendants ; le soutien des pays socialistes et du mouvement ouvrier international à la lutte de libération nationale ; dans certains pays capitalistes évolués placés sous la domination politique, économique et militaire de l’impérialisme américain, la classe ouvrière et les masses populaires dirigent le coup principal contre la domination de l’impérialisme américain de même que contre le capital monopoliste et d’autres forces de la réaction intérieure qui trahissent les intérêts nationaux ; le principe de l’unanimité entre partis frères par voie de consultations ; la lutte contre le révisionnisme qui vide le marxisme-léninisme de son âme révolutionnaire ; les dirigeants de la Ligue des Communistes de Yougoslavie ont trahi le marxisme-léninisme ; etc.

Évidemment, il doit être signalé également que lorsque la direction du P.C.U.S. eut donné son accord pour que les thèses erronées formulées par elle ne figurent pas dans le projet de déclaration, et eut accepté les opinions justes d’autres partis frères, la délégation du P.C.C. et les délégations d’autres partis frères firent également des concessions. Par exemple, notre opinion différait sur la question du XXe Congrès du P.C.U.S. comme sur celle des formes du passage du capitalisme au socialisme, et ce n’est qu’en prenant en considération les besoins du P.C.U.S. et de certains autres partis frères que nous avons donné notre accord pour que les formulations de la Déclaration de 1957 concernant ces deux questions soient reprises intégralement dans celle de 1960. Mais, en même temps, nous avons dit à la direction du P.C.U.S. que c’était la dernière fois que nous lui concédions l’emploi de sa formulation concernant le XXe Congrès du P.C.U.S. et qu’à l’avenir nous ne le ferions plus.

Des faits précités il ressort que la Conférence de Moscou de 1960 fut, du début à la fin, une lutte entre les deux lignes existant au sein du mouvement communiste international. Les erreurs de la direction du P.C.U.S. qui se manifestèrent à cette Conférence s’étaient encore développées par rapport à la période précédente. Il ressortait clairement de son projet de déclaration et de ses interventions à la Conférence que la direction du P.C.U.S. cherchait à imposer aux partis frères sa ligne erronée qui, sur le plan politique, avait comme contenu essentiel ses vues erronées sur la « coexistence pacifique », la « compétition pacifique », le « passage pacifique » et, sur le plan d’organisation, la poursuite d’une politique erronée faite de sectarisme et de scissionnisme. C’était une ligne révisionniste, ligne diamétralement à l’opposé du marxisme-léninisme et de l’internationalisme prolétarien. La délégation du P.C.C. et les délégations des autres partis frères marxistes-léninistes s’opposèrent résolument à cette ligne, et elles défendirent fermement la ligne du marxisme-léninisme et de l’internationalisme prolétarien.

Le résultat de la lutte menée à cette Conférence fut que la ligne et les vues révisionnistes de la direction du P.C.U.S. ont été, pour l’essentiel, rejetées et que la ligne marxiste-léniniste a remporté une victoire importante. Les principes révolutionnaires qui trouvent leur expression dans la Déclaration adoptée par la Conférence sont une arme efficace pour les partis frères du monde dans la lutte contre l’impérialisme, pour la paix mondiale, la libération nationale, la démocratie populaire et le socialisme, une arme efficace pour les marxistes-léninistes de tous les pays dans leur lutte contre le révisionnisme moderne.

Au cours de cette Conférence, une critique sérieuse des vues erronées de la direction du P.C.U.S. ayant été faite par les partis frères fidèles au marxisme-léninisme, celle-ci se vit obligée d’accepter bon nombre d’opinions justes de partis frères. Ainsi prit fin une situation des plus anormales où il n’était pas toléré de critiquer, tant soit peu, les erreurs de la direction du P.C.U.S., cette dernière n’ayant qu’à ouvrir la bouche pour que ses paroles soient entérinées. Ce fut, au sein du mouvement communiste international, un événement d’une grande portée historique.

Le Comité central du P.C.U.S. prétend dans sa lettre ouverte qu’à cette Conférence, la délégation du P.C.C. se trouvait dans un « isolement total ». La direction du P.C.U.S. ne cherche-t-elle pas tout simplement à se faire les joues rebondies en se frappant le visage.

Cette Conférence refléta en outre le principe tant d’union que d’indépendance et d’égalité entre partis frères, le principe d’unanimité par voie de consultations ; la façon d’agir erronée de la direction du P.C.U.S. qui chercha à utiliser la majorité pour soumettre la minorité, et à imposer ses opinions aux partis frères y fut mise en échec. Cette Conférence prouva une fois de plus que lorsqu’il s’agit de régler des divergences entre partis frères, il est absolument indispensable que les partis marxistes-léninistes s’en tiennent fermement aux principes, persévèrent dans la lutte et maintiennent l’unité.

LA SYSTÉMATISATION DU RÉVISIONNISME DES DIRIGEANTS DU P.C.U.S.

La lettre ouverte du Comité central du P.C.U.S. dit : « … leur signature au bas de la Déclaration de 1960 n’était pour les dirigeants du P.C.C. qu’une manœuvre ». Les faits sont-ils tels qu’on les présente ? Non, c’est le contraire précisément : Ce n’est pas nous qui manœuvrons, mais la direction du P.C.U.S.

Une série de faits prouvent que c’est parce qu’elle ne put faire autrement que la direction du P.C.U.S. consentit, à la Conférence des partis frères de 1960, à ce que des thèses erronées de son projet de déclaration soient élaguées ; que son acceptation des thèses justes des partis frères n’était pas sincère. La direction du P.C.U.S. n’a aucune considération pour les documents concertés des partis frères. L’encre des signatures était à peine sèche au bas de la Déclaration de 1960 que la direction du P.C.U.S. entreprit de la violer. Khrouchtchev apposa sa signature sur la Déclaration, le 1er décembre, au nom du Comité central du P.C.U.S., et vingt-quatre heures après, en violation de l’accord des partis frères, le même Khrouchtchev parlait à profusion de la Yougoslavie, la présentant comme un pays socialiste, lors du banquet en l’honneur des délégations des partis frères.

Après la Conférence des 81 Partis frères, la direction du P.C.U.S. viola toujours plus impudemment les Déclarations de 1957 et de 1960. Considérant comme un ami l’impérialisme américain, pourtant proclamé ennemi des peuples par la Déclaration de 1960, elle appelait à « la coopération américano-soviétique » et exprimait son désir d’œuvrer avec Kennedy pour « entreprendre la construction d’un solide pont de confiance, de compréhension mutuelle et d’amitié » 16 ; en même temps, considérant certains partis et certains pays frères comme des ennemis, elle accélérait la détérioration des relations soviéto-albanaises.

Le XXIIe Congrès du P.C.U.S., qui eut lieu en octobre 1961, marqua un nouveau sommet dans les efforts de la direction du P.C.U.S. pour s’opposer au marxisme-léninisme et pour diviser le camp socialiste et le mouvement communiste international. Il marqua la systématisation du révisionnisme que la direction du P.C.U.S. avait développé graduellement depuis le XXe Congrès.

A ce Congrès, la direction du P.C.U.S. lança ouvertement de grandes attaques contre le Parti du Travail d’Albanie. Dans son intervention, Khrouchtchev alla jusqu’à appeler publiquement à renverser la direction des camarades Enver Hodja et Mehmet Shehu. C’est de cette façon que la direction du P.C.U.S. inaugura un précédent indigne en attaquant publiquement un parti frère au Congres d’un autre parti.

Une autre entreprise d’envergure de la direction du P.C.U.S. à ce Congrès, fut de concentrer une fois de plus son action contre Staline, huit ans après la mort de celui-ci et cinq ans après sa répudiation totale par le XXe Congrès.

Si la direction du P.C.U.S. a agi de cette façon, c’était en fin de compte pour rejeter les Déclarations, s’opposer au marxisme-léninisme et mettre en application une ligne révisionniste systématique.

Le révisionnisme de la direction du P.C.U.S. trouve son expression concentrée dans le nouveau Programme du P.C.U.S. adopté à ce Congrès.

La lettre ouverte du Comité central du P.C.U.S. présente la ligne du XXIIe Congrès comme une ligne « qui a été approuvée aux Conférences des Représentants des Partis communistes et exprimé dans les Déclarations ». En affirmant pareille chose, la direction du P.C.U.S. ne se montre-t-elle pas trop étourdie ? Comment peut-on dire que ce qui s’est passé en 1961 ait été « approuvé » ou « exprimé » en 1960 et même en 1957 ?

Mais laissons de côté pour le moment cette absurde vantardise, il importe avant tout de voir quelle sorte de pacotille est le Programme du P.C.U.S. adopté au XXIIe Congrès.

Que l’on examine, tant soit peu, le Programme et le rapport de Khrouchtchev, et l’on découvrira sans peine que la direction du P.C.U.S. a avancé un programme à cent pour cent révisionniste qui contrevient totalement aux principes fondamentaux du marxisme-léninisme et aux principes révolutionnaires des Déclarations.

Sur de nombreuses questions de principe importantes, ce Programme va à rencontre des Déclarations de 1957 et de 1960. Nombre de vues erronées de la direction du P.C.U.S., qui avaient été rejetées à la Conférence des partis frères de 1960, réapparaissent dans le Programme du P.C.U.S. Par exemple il fait de la coexistence pacifique le principe général de la politique extérieure, insiste unilatéralement sur la possibilité du passage pacifique et s’en prend au principe des pays socialistes consistant à s’appuyer sur leurs propres forces pour mener à bien leur édification, les accusant calomnieusement d’ »agit isolément », etc.

Ce Programme pousse plus loin la systématisation de la ligne erronée appliquée depuis le XX Congrès par la direction du P.C.U.S. ; le contenu essentiel de cette ligne est la  » coexistence pacifique », la « compétition pacifique » et le « passage pacifique ».

Ce Programme soumet à une révision grossière la doctrine sur la révolution et la dictature prolétarienne et sur le parti du prolétariat, doctrine qui constitue le noyau du marxisme-léninisme, proclame que la dictature du prolétariat n’est déjà plus nécessaire en Union soviétique, que le P.C.U.S., détachement d’avant-garde du prolétariat, a changé de caractère, et avance la thèse absurde de l’  » Etat du peuple tout entier  » et du  » parti du peuple tout entier « .

A la théorie marxiste-léniniste de la lutte de classes, ce Programme substitue l’humanitarisme ; à l’idéal communiste il substitue le mot d’ordre bourgeois  » liberté « , « égalité  » et  » fraternité « .

C’est un programme par lequel on s’oppose à ce que les peuples qui vivent encore sous le joug de l’impérialisme et du capitalisme et qui représentent les deux tiers de la population mondiale fassent la révolution : un programme par lequel on s’oppose à ce que les peuples engagés dans la voie du socialisme et qui représentent le tiers de la population mondiale mènent la révolution jusqu’au bout ; c’est un programme révisionniste de maintien et de restauration du capitalisme.

Le P.C.C. s’oppose résolument aux erreurs du XXIIème Congrès du P.C.U.S. Le camarade Chou En-Laï, chef de la délégation du P.C.C. invitée au Congrès, y exposa dans son allocution la position de notre Parti et, par la suite, lors des entretiens avec Khrouchtchev et d’autres dirigeants du P.C.U.S., il critiqua en toute franchise les erreurs de la direction du P.C.U.S.

Dans ses entretiens avec la délégation du P.C.C., Khrouchtchev rejeta complètement les critiques et conseils de celle-ci et même exprima ouvertement son soutien aux éléments antiparti du P.C.C. Khrouchtchev ne chercha nullement à dissimuler qu’après le XXème Congrès, lorsque les dirigeants du P.C.U.S. commencèrent à suivre « une autre voie que celle empruntée par Staline » (il s’agit, en l’occurrence, de la voie révisionniste), ils avaient encore besoin de l’appui des partis frères. Il dit notamment : « La voix du P.C.C. était alors d’une grande importance pour nous », « mais maintenant la situation a changé, « notre situation est bonne » ; et « nous suivrons notre propre voie ».

Ces propos de Khrouchtchev montrent que les dirigeants du P.C.U.S. ont pris le parti de poursuivre la voie du révisionnisme et de la scission. Aux conseils réitérés donnés en toute camaraderie par le P.C.C., ils ont fait la sourde oreille et n’ont pas manifesté le moindre signe de repentir.

UN COURANT ANTI-MARXISTE-LÉNINISTE DE SCISSION DU MOUVEMENT COMMUNISTE INTERNATIONAL

La lettre ouverte du Comité central du P.C.U.S. s’évertue à créditer qu’après le XXIIème Congrès, la direction du P.C.U.S. a « entrepris de nouvelles tentatives » pour améliorer les relations entre les deux partis, chinois et soviétique, et renforcer l’unité entre partis frères et entre pays frères.

C’est là un mensonge de plus.

Qu’en est-il en réalité ?

Les faits montrent que depuis le XXIIe Congrès la direction du P.C.U.S. viole de façon encore plus flagrante les principes régissant les rapports entre partis frères et entre pays frères, et applique une politique de chauvinisme de grande puissance, de sectarisme et de scissionnisme, afin de mettre en application la ligne révisionniste systématique élaborée par elle et qui s’écarte totalement du marxisme-léninisme.
Tout ceci a eu pour effet de détériorer toujours davantage les relations sino-soviétiques et de faire subir un grave préjudice à l’unité entre partis frères et entre pays frères.

Voici les principaux faits relatifs au sabotage de l’unité sino-soviétique, de l’unité entre partis frères et entre pays frères, entrepris par la direction du P.C.U.S. depuis le XXIIe Congrès :

1. La direction du P.C.U.S. s’efforce d’imposer sa ligne erronée au mouvement communiste international et de substituer son Programme révisionniste aux Déclarations. Elle présente sa ligne erronée comme « toute la série de principes léninistes du mouvement communiste international de ces dernières années » 17, et son Programme révisionniste comme « le véritable Manifeste communiste de notre époque » 18, comme « le programme commun des partis communistes et ouvriers et de tous les peuples de la communauté socialiste » 19.

Si un parti frère n’accepte pas la ligne et le programme erronés du P.C.U.S. et s’en tient fermement aux principes fondamentaux du marxisme-léninisme et aux principes révolutionnaires des deux Déclarations, il est considéré comme un ennemi par la direction du P.C.U.S. qui recourt à toutes sortes de procédés pour s’opposer à lui, l’attaquer, lui porter atteinte, et même a recours à la subversion contre sa direction.

2. La direction du P.C.U.S. a entrepris, envers et contre tout, une action sans précédent dans l’histoire des relations entre partis frères et entre pays frères, en rompant les relations diplomatiques avec l’Albanie socialiste.

3. La direction du P.C.U.S. a continué à faire pression sur la Chine, elle a attaqué perfidement le P.C.C. Dans sa lettre du 22 février 1962 au Comité central du P.C.C., le Comité central du P.C.U.S. nous a accusés d’avoir adopté ce qu’il appelait une « position particulière » et d’avoir suivi une ligne différente de l’orientation commune des partis frères, et même a considéré comme un crime le fait que nous soutenions le Parti du Travail d’Albanie, parti marxiste-léniniste. Comme condition à l’amélioration des relations sino-soviétiques, la direction du P.C.U.S. a en outre cherché à contraindre le P.C.C. à renoncer à la position du marxisme-léninisme et de l’internationalisme prolétarien, à abandonner la ligne qu’il a toujours maintenue et qui correspond entièrement aux principes révolutionnaires des Déclarations, à accepter sa ligne erronée et à admettre comme un fait accompli sa violation des normes régissant les rapports entre partis frères et entre pays frères. Que la lettre ouverte du Comité central du P.C.U.S. ait fait grand cas des lettres adressées par celui-ci au Comité central du P.C.C. durant cette période, que Khrouchtchev ait tenu en octobre 1962 devant l’ambassadeur de Chine en U.R.S.S. des propos sur la nécessité de l’unité, etc., tout cela visait en fait ce but ignoble.

4. Le Comité central du P.C.U.S. a repoussé la proposition des partis d’Indonésie, du Vietnam, de Nouvelle-Zélande et d’autres partis frères de convoquer une conférence des partis frères ainsi que la proposition constructive en cinq points pour préparer une conférence des partis frères, formulée par le Comité central du P.C.C. dans sa lettre du 7 avril 1962 au Comité central du P.C.U.S. Dans sa réponse du 30 mai 1962 au Comité central du P.C.C., le Comité central du P.C.U.S. a même exigé que les camarades albanais abandonnent leur position, en tant que condition préalable à l’amélioration des relations soviéto-albanaises et à la convocation d’une conférence des partis frères.

5. En avril et mai 1962, la direction du P.C.U.S., par l’intermédiaire des organismes et du personnel soviétiques se trouvant en Chine, dans le Sinkiang, entreprit dans la région d’Ili des activités subversives de grande envergure, usant de promesses et de menaces pour attirer des dizaines de milliers de citoyens chinois en territoire soviétique. Malgré les protestations et démarches réitérées du gouvernement chinois, le gouvernement soviétique refusa de rapatrier ces citoyens chinois en invoquant « la légalité soviétique » 20 et ’l’humanitarisme » 21. Jusqu’à maintenant, cet incident n’a pas trouvé de solution. C’est là un fait stupéfiant, sans précédent dans l’histoire des relations entre pays socialistes.

6. En août 1962, le gouvernement soviétique notifia formellement à la Chine que l’Union soviétique parviendrait à un accord avec les Etats-Unis sur la prévention de la dissémination nucléaire. Il s’agissait d’une conspiration soviéto-américaine tendant à monopoliser l’arme nucléaire et à priver la Chine du droit de posséder des armes nucléaires lui permettant de résister à la menace nucléaire des Etats-Unis. Le gouvernement chinois a plus d’une fois élevé des protestations à ce sujet.

7. La direction du P.C.U.S. s’attache avec un zèle croissant à conclure des marchés politiques avec l’impérialisme américain et ne pense qu’à contracter une alliance réactionnaire avec Kennedy, n’hésitant pas, pour ce faire, à sacrifier les intérêts du camp socialiste et du mouvement communiste international. L’exemple frappant est la crise des Caraïbes au cours de laquelle la direction du P.C.U.S. versa dans le capitulationnisme en cédant au chantage nucléaire de l’impérialisme américain et en acceptant la proposition du gouvernement américain d’ »inspection internationale » qui était une atteinte à la souveraineté de Cuba.

8. Avec un zèle croissant, la direction du P.C.U.S. entre en collusion avec les réactionnaires indiens, et s’emploie obstinément à former une alliance réactionnaire avec Nehru pour s’opposer à la Chine socialiste. Se tenant ouvertement du côté de la réaction indienne, la direction du P.C.U.S. et ses journaux et périodiques attaquent la juste position prise par la Chine dans le conflit surgi à la frontière sino-indienne et défendent le gouvernement Nehru. Les deux tiers de l’aide économique accordés à l’Inde par l’Union soviétique l’ont été après la provocation par les réactionnaires indiens du conflit frontalier sino-indien. La direction du P.C.U.S. a continué à accorder aux réactionnaires indiens une aide militaire même après l’éclatement, à la frontière sino-indienne, d’un conflit armé de grande envergure en automne 1962.

9 .Avec un empressement grandissant, la direction du P.C.U.S. entre en collusion avec la clique Tito, cherchant par tous les moyens à contracter une alliance réactionnaire avec le renégat Tito pour s’opposer à tous les partis marxistes-léninistes. Après le XXIIe Congrès, la direction du P.C.U.S. entreprit une série d’actions par lesquelles elle déchirait ouvertement la Déclaration de 1960 en vue de casser la condamnation frappant la clique Tito.

10. Dès novembre 1962, la direction du P.C.U.S. entreprit, dans le cadre international, de s’opposer avec plus d’acharnement encore au P.C.C. et aux autres partis marxistes-léninistes, provoquant un nouveau contrecourant visant à diviser le camp socialiste et le mouvement communiste international. Le P.C.C. fut pris à partie sur toute une série de questions dans les très nombreux discours prononcés par Khrouchtchev ainsi que dans plusieurs centaines d’articles auxquels les journaux et périodiques soviétiques ont consacré des pages entières. Sous le commandement des dirigeants du P.C.U.S. les congrès de cinq partis frères : bulgare, hongrois, tchécoslovaque, italien et de la République démocratique allemande, devinrent le théâtre d’une grande démonstration antichinoise ; plus de quarante partis frères publièrent des résolutions, déclarations ou articles par lesquels ils attaquaient le P.C.C. et d’autres partis marxistes-léninistes.

La direction du P.C.U.S. est incapable de nier les faits précités. Ces faits incontestables montrent que les « nouvelles tentatives » entreprises par elle après le XXIIe Congrès du P.C.U.S. ne visaient nullement à rechercher une amélioration des relations sino-soviétiques, ni à renforcer l’unité des partis frères et des pays frères, mais tout au contraire, à renforcer sa collusion avec l’impérialisme américain, les réactionnaires indiens et la clique du renégat Tito, et à accentuer la division du camp socialiste et du mouvement communiste international.

Dans des circonstances aussi graves, le P.C.C. n’a pu faire autrement que de répondre publiquement aux attaques d’un certain nombre de partis frères. Ainsi, du 15 décembre 1962 au 8 mars 1963, nous avons publié sept articles dans ce but. Dans ces articles, nous avons malgré tout ménagé une marge de retraite à la direction du P.C.U.S., en nous abstenant de la critiquer publiquement et nommément.

Bien que par la faute de la direction du P.C.U.S. les relations sino-soviétiques aient été aussi gravement détériorées, le P.C.C. a consenti à envoyer une délégation à Moscou pour les entretiens entre les partis chinois et soviétique ; en outre, en vue d’y procéder à un échange de vues systématique, il formula, dans sa réponse du 14 juin à la lettre du Comité central du P.C.U.S., ses propositions concernant la ligne générale du mouvement communiste international.

Les faits ultérieurs ont montré non seulement que la direction du P.C.U.S. n’avait nullement le désir d’éliminer les divergences et de renforcer l’unité, mais encore qu’elle avait utilisé les entretiens entre les partis chinois et soviétique comme un écran de fumée pour détériorer davantage les relations sino-soviétiques.

A la veille des entretiens entre les deux partis, par la publication d’une déclaration et l’adoption d’une résolution, la direction du P.C.U.S. attaquait publiquement et nommément le P.C.C. ; dans le même temps, elle expulsa sans raison valable des membres du personnel de l’Ambassade de Chine en Union soviétique et des étudiants chinois.

Alors que se déroulaient les entretiens, la direction du P.C.U.S. s’empressa de publier, le 14 juillet, c’est-à-dire à la veille des négociations tripartites américano-anglo-soviétiques, une lettre ouverte du Comité central du P.C.U.S. aux organisations du Parti et à tous les communistes de l’Union soviétique, dans laquelle elle lançait des attaques effrénées contre le P.C.C. Ce fut encore un « précieux » cadeau offert par la direction du P.C.U.S. à l’impérialisme américain pour s’attirer ses bonnes grâces.

Aussitôt après, la direction du P.C.U.S. trahit ouvertement les intérêts du peuple soviétique, des peuples du camp socialiste, y compris ceux du peuple chinois, les intérêts de tous les peuples pacifiques, en concluant à Moscou avec les Etats-Unis et la Grande-Bretagne le traité sur l’arrêt partiel des essais nucléaires ; les contacts se multiplièrent entre l’Union soviétique et l’Inde ; et Khrouchtchev passa ses « vacances » en Yougoslavie ; la presse soviétique déclencha une folle campagne antichinoise… Tous ces événements montrent avec évidence que la direction du P.C.U.S., passant outre à toutes les considérations, a pactisé avec l’impérialisme, avec la réaction et avec la clique du renégat Tito dans la lutte contre les pays frères socialistes et les partis frères marxistes-léninistes. Ceci a pleinement mis en lumière la ligne révisionniste et scissionniste de la direction du P.C.U.S.

Actuellement, les clameurs du « chœur antichinois » de l’impérialisme, de la réaction et des révisionnistes redoublent d’intensité. Le mouvement anti-marxiste-léniniste, que dirige Khrouchtchev et qui crée la scission dans le camp socialiste et dans les rangs des communistes du monde entier, se poursuit avec toujours plus d’ampleur.

QUE MONTRENT LES FAITS SURVENUS CES SEPT DERNIÈRES ANNÉES ?

En rappelant en détail l’origine des divergences et leur évolution, notre but est de faire une mise au point sur les faits déformés par la lettre ouverte du Comité central du P.C.U.S. et de faire connaître la vérité aux membres de notre Parti et à notre peuple, de même qu’à tous les marxistes-léninistes et tous les peuples révolutionnaires du monde.

Les faits survenus ces sept dernières années montrent pleinement que les divergences qui ont surgi entre le P.C.C. et le P.C.U.S. et au sein du mouvement communiste international sont dues entièrement au fait que la direction du P.C.U.S. a répudié le marxisme-léninisme, répudié les principes révolutionnaires des Déclarations de 1957 et de 1960, appliqué une ligne révisionniste, scissionniste, au sein du mouvement communiste international. Le processus par lequel la direction du P.C.U.S. s’enfonce de plus en plus dans la voie révisionniste et scissionniste est le processus même du développement des divergences et de leur aggravation.

Les faits survenus ces sept dernières années montrent pleinement que les divergences actuelles au sein du mouvement communiste international opposent ceux qui s’en tiennent à la ligne marxiste-léniniste à ceux qui s’en tiennent à la ligne révisionniste. Il s’agit de divergences entre ceux qui s’en tiennent à la ligne révolutionnaire et ceux qui s’en tiennent à la ligne non-révolutionnaire, à une ligne opposée à la révolution ; de divergences entre ceux qui s’en tiennent à la ligne anti-impérialiste et ceux qui s’en tiennent à la ligne ce capitulation devant l’impérialisme ; de divergences entre ceux qui s’en tiennent à l’internationalisme prolétarien et ceux qui s’en tiennent au chauvinisme de grande puissance, au sectarisme et au scissionnisme.

Les faits survenus ces sept dernières années montrent pleinement que la voie suivie par la direction du P.C.U.S. est une voie qui mène à s’allier à l’impérialisme pour s’opposer au socialisme, à s’allier aux Etats-Unis pour s’opposer à la Chine, à s’allier à toute la réaction pour s’opposer à tous les peuples du monde, à s’allier à la clique du renégat Tito pour s’opposer aux partis frères marxistes-léninistes. Cette voie erronée de la direction du P.C.U.S. a permis aux idées révisionnistes de s’étendre sur le plan international, mis le mouvement communiste international face à un danger de scission d’une gravité sans précédent et fait subir un sérieux préjudice à la cause des peuples en lutte pour la paix mondiale, la libération nationale, la démocratie populaire et le socialisme.

Les faits survenus ces sept dernières années montrent pleinement aussi que le P.C.C. a déployé de multiples efforts pour empêcher l’aggravation des événements, maintenir les principes, éliminer les divergences, renforcer l’unité et mener une lutte commune contre l’ennemi. Nous avons fait preuve d’une très grande retenue et du maximum de longanimité.

Le P.C.C. a toujours souligné l’importance de l’unité des partis chinois et soviétique et des deux pays. Il a toujours éprouvé de l’estime pour le P.C.U.S. dont le grand
Lénine est le fondateur. Nous avons toujours été animés d’un profond sentiment de fraternité prolétarienne pour le grand Parti communiste et le grand peuple de l’Union soviétique. Nous nous sommes toujours réjouis des réalisations obtenues par le P.C.U.S. et le peuple soviétique et affligés des erreurs de la direction du P.C.U.S., préjudiciables au camp socialiste et au mouvement communiste international.

Ce n’est pas d’aujourd’hui seulement que les communistes chinois s’aperçoivent des erreurs de la direction du P.C.U.S. Dès le XXe Congrès du P.C.U.S., nous avons vu avec inquiétude la direction du P.C.U.S. s’engager dans la voie du révisionnisme.

Dans des circonstances aussi graves, notre Parti s’est demandé maintes et maintes fois pendant assez longtemps ce qu’il fallait faire.

Nous nous sommes demandés : Devons-nous nous aligner sur la direction du P.C.U.S. et agir en tout selon son avis ? Évidemment, pareille façon d’agir aurait plu à la direction du P.C.U.S., mais alors, ne serions-nous pas nous-mêmes devenus des révisionnistes ?

Nous nous sommes encore demandés : Devons-nous garder le silence sur les erreurs de la direction du P.C.U.S.? Nous estimons qu’il ne s’agit pas d’erreurs fortuites, isolées et sans grandes conséquences, mais d’une série d’erreurs de principe, menaçant les intérêts de tout le camp socialiste et de tout le mouvement communiste international. En tant que membre du mouvement communiste international, comment pouvions-nous rester indifférents et garder le silence devant pareilles erreurs de la direction du P.C.U.S.? En agissant de la sorte, n’aurions-nous pas rejeté la responsabilité qui nous incombe de défendre le marxisme-léninisme et l’internationalisme prolétarien ?

Nous avons également pris en considération que notre critique des erreurs de la direction du P.C.U.S. nous attirerait des représailles de sa part et que cela causerait inévitablement un grave dommage à l’œuvre d’édification socialiste de la Chine. Mais comment des communistes pourraient-ils adopter une position d’égoïsme national et ne pas avoir le courage de s’en tenir à la vérité, par crainte de représailles ? Comment des communistes pourraient-ils se mettre à marchander avec les principes ?

Considérant, en outre, que le P.C.U.S. est le parti créé par Lénine, le parti du premier pays socialiste et que, de ce fait, il jouit d’un haut prestige dans le mouvement communiste international et parmi les peuples du monde, nous avons veillé, pendant assez longtemps, à le critiquer avec une circonspection et une patience toutes particulières, et avons fait tout notre possible pour limiter ces critiques au cadre des entretiens intérieurs entre les dirigeants des partis chinois et soviétique, pour que les divergences puissent être réglées par voie de discussions intérieures et éviter qu’elles tournent en polémique ouverte.

Cependant, les critiques et conseils adressés en toute camaraderie à la direction du P.C.U.S. par des camarades responsables du P.C.C., à l’occasion de plusieurs dizaines d’entretiens intérieurs, ne purent la faire revenir dans la bonne voie.
Elle est allée de plus en plus loin dans la voie du révisionnisme et du scissionnisme.
Elle a répondu aux conseils que nous lui avions prodigués dans les meilleures intentions, en nous soumettant à de multiples pressions sur les plans politique, économique et militaire, en lançant contre nous des attaques toujours plus brutales.

La direction du P.C.U.S. a la mauvaise habitude d’imposer à tort et à travers des étiquettes à qui la critique. « Vous faites de l’antisoviétisme ! » disent-ils. Mais non, amis ! L’étiquette d’antisoviétisme ne nous sied pas. Si nous critiquons vos erreurs, c’est précisément pour défendre le grand P.C.U.S. et la grande Union soviétique pour que leur prestige ne soit pas gâché par vous. Pour dire la vérité, ce n’est pas nous mais bien vous qui faites réellement de l’antisoviétisme, qui noircissez et discréditez le P.C.U.S. et l’Union soviétique. Depuis la répudiation totale de Staline par le XXe Congrès du P.C.U.S., vous n’avez cessé de commettre un nombre incalculable de ces mauvaises actions. Les eaux de la Volga ne pourraient laver la honte dont vous avez couvert le P.C.U.S. et l’Union soviétique.

« Vous voulez vous emparer de la direction ! » disent-ils. Mais non, amis ! Une telle calomnie n’est vraiment pas intelligente. A vous entendre, on croirait que des gens sont en train de vous disputer la « direction ». Cela ne revient-il pas à proclamer sans la moindre pudeur qu’il existe dans le mouvement communiste international une « direction » et que celle-ci est assurée par vous ? Cette façon que vous avez de donner à votre parti des airs de patriarche est une habitude des plus exécrables. C’est là quelque chose de tout à fait illégal. Les Déclarations de 1957 et de 1960 stipulent en termes clairs et précis que les partis communistes sont indépendants et égaux entre eux. Suivant ce principe, il ne doit pas y avoir entre eux de relations de parti dirigeant à parti dirigé, et encore moins de relations de père de famille face à ses enfants. Nous nous sommes toujours opposés à ce qu’un parti quelconque commande aux autres partis frères et jamais il ne nous est venu à l’idée de commander à d’autres partis frères, donc il ne saurait nullement être question pour nous de disputer la direction.

La question qui se pose actuellement au mouvement communiste international n’est pas de savoir si c’est un parti ou un autre qui doit diriger, mais de savoir s’il faut obéir à la baguette de commandement révisionniste ou s’en tenir fermement aux principes révolutionnaires des deux Déclarations et à la ligne révolutionnaire marxiste-léniniste. Nous critiquons la direction du P.C.U.S. précisément parce qu’elle cherche à se placer au-dessus des partis frères et à leur imposer sa propre ligne révisionniste et scissionniste. Ce que nous voulons, c’est simplement le statut d’indépendance et d’égalité des partis frères, tel que le définissent les Déclarations, c’est simplement l’unité entre partis frères basée sur le marxisme-léninisme et l’internationalisme prolétarien.

Le grand débat qui se poursuit actuellement dans le mouvement communiste international a été soulevé et élargi par la direction du P.C.U.S., et par elle seule, et c’est elle encore qui nous l’a imposé. Puisque la direction du P.C.U.S. a lancé de grandes attaques contre nous, ne reculant devant aucun moyen pour nous diffamer de mille manières, puisqu’elle a trahi ouvertement le marxisme-léninisme et l’internationalisme prolétarien et déchiré publiquement les Déclarations, elle ne peut s’attendre à ce que nous nous abstenions de répliquer, de démentir ses calomnies et de défendre les Déclarations, de défendre le marxisme-léninisme. Du moment que le débat est ouvert, il faut tirer tout à fait au clair le vrai et le faux.

Les communistes chinois s’en sont tenus/s’en tiennent et s’en tiendront toujours fermement aux principes et à l’unité. Au moment même où nous engageons un débat avec la direction du P.C.U.S., nous n’en souhaitons pas moins qu’elle puisse se rendre compte de l’immense danger que présente la voie du renoncement à la révolution, de l’abandon de tous les peuples révolutionnaires, de l’abandon de l’unité du camp socialiste et du mouvement communiste international, la voie de la coopération empressée avec l’impérialisme américain, avec la réaction mondiale et avec la clique du renégat Tito. Il est de l’intérêt des peuples chinois et soviétique, de l’intérêt du camp socialiste, de l’intérêt du mouvement communiste international, de l’intérêt de tous les peuples du monde que tous les partis communistes et ouvriers s’unissent pour lutter contre l’ennemi commun.

Nous tenons ici à appeler une fois encore la direction du P.C.U.S. à corriger ses erreurs, à revenir dans la voie du marxisme-léninisme et de l’internationalisme prolétarien et dans la voie des Déclarations de 1957 et de 1960.

Le mouvement communiste international traverse actuellement une période cruciale. Du débat qui se poursuit actuellement dépend l’avenir de la révolution mondiale prolétarienne et le destin de l’humanité. L’histoire prouvera qu’à l’issue de ce grand débat, le marxisme-léninisme rayonnera d’un plus vif éclat, que la cause révolutionnaire du prolétariat international et des peuples du monde remportera de plus grandes victoires.

ANNEXE I

THÈSES SUR LE PROBLÈME DU PASSAGE PACIFIQUE

(10 novembre 1957)

(I) Sur le problème de la transition du capitalisme au socialisme, il faut, au lieu de parler d’une seule possibilité, montrer les deux possibilités : celle du passage pacifique et celle du passage non-pacifique ; cela nous procurera une plus grande souplesse et nous assurera à tout instant l’initiative politique.

1. Le fait d’indiquer la possibilité du passage pacifique montre que, sur la question du recours à la violence, nous sommes avant tout, sur la défensive ; ceci permet aux partis communistes des pays capitalistes d’éviter les attaques qui leur sont lancées à ce sujet, et apporte des avantages sur le plan politique : contribuer à gagner les masses, à enlever tout prétexte à la bourgeoisie et à l’isoler.

2. Si, à l’avenir, dans les conditions où un brusque changement surviendrait dans la situation internationale ou dans la situation intérieure d’un pays déterminé, la possibilité réelle du passage pacifique se présentait pour ce pays, il serait aisé de saisir l’occasion et de gagner le soutien des masses pour résoudre la question du pouvoir d’Etat par les moyens pacifiques.

3. Cependant, nous ne devons pas nous lier les mains à cause de ce désir. La bourgeoisie ne se retire pas volontairement de la scène de l’histoire, c’est là une loi générale de la lutte de classe. Le prolétariat et le parti communiste de tout pays ne doivent nullement relâcher leur effort pour préparer la révolution. Il faut être prêt à tout instant à faire face à une attaque contrerévolutionnaire et, au moment crucial de la révolution, alors que la classe ouvrière prendra le pouvoir, être prêt à abattre la bourgeoisie par la force au cas où celle-ci aurait recours à la force pour réprimer la révolution du peuple (recours qui est en général inévitable).

(II) Dans la situation actuelle du mouvement communiste international, il serait avantageux, du point de vue tactique, d’émettre le désir de réaliser le passage pacifique, mais il ne convient pas d’insister trop sur la possibilité du passage pacifique. En voici les raisons :

1. La possibilité et la réalité, le désir et la réalisation de ce désir, sont deux choses différentes. Nous devons émettre notre désir de réaliser le passage pacifique, mais nous ne devons pas placer principalement notre espoir là-dessus. Il ne faut donc pas trop insister sur cet aspect du problème.

2. Si l’on mettait trop l’accent sur la possibilité du passage pacifique et, surtout sur la possibilité de prendre le pouvoir par la conquête d’une majorité parlementaire, cela pourrait facilement entraîner le relâchement de la volonté révolutionnaire du prolétariat, du peuple travailleur et du parti communiste, et les désarmerait sur le plan moral.

3. A notre connaissance, il n’y a pas encore un seul pays pour lequel une telle possibilité revête une signification réelle. Et il ne conviendrait pas non plus de trop insister sur cette possibilité, même si elle se manifestait un peu plus dans un pays particulier, étant donné qu’elle n’est pas réelle dans l’immense majorité des pays. Lorsque cette possibilité se présentera effectivement dans un pays donné, le parti communiste devra, d’une part, essayer d’en faire une réalité et, d’autre part, se préparer à faire face, à tout instant, à une attaque armée de la bourgeoisie.

4. L’insistance sur une telle possibilité ne peut avoir pour effet d’atténuer le caractère réactionnaire de la bourgeoisie, ni d’endormir la bourgeoisie.

5. En ce qui concerne les partis socialistes, cela ne peut non plus les rendre révolutionnaires.

6. Cela ne donnera pas non plus un plus grand développement aux partis communistes des différents pays. Au contraire, s’il y a des partis communistes qui estompent par là leur visage révolutionnaire et se confondent aux yeux des masses avec les partis socialistes, cela ne pourra qu’affaiblir les partis communistes.

7. La tâche la plus ardue est d’accumuler les forces et se préparer à la révolution, et la lutte parlementaire est, après tout, une chose plus aisée. Nous devons pleinement utiliser la forme de la lutte parlementaire, mais cette lutte n’aura qu’un effet limité, et le plus important est de procéder à ce travail ardu qu’est l’accumulation des forces révolutionnaires.

(III) Conquérir une majorité parlementaire ne signifie pas briser la vieille machine d’Etat (principalement les forces armées), ni établir une nouvelle machine d’Etat (principalement les forces armées). Si la machine d’Etat militaire et bureaucratique de la bourgeoisie n’est pas brisée, ou bien il sera impossible pour le prolétariat et ses sûrs alliés d’obtenir la majorité dans le parlement (car la bourgeoisie pourra à tout moment réviser la Constitution selon ses besoins dans le but de consolider sa dictature), ou bien cette majorité demeurera précaire (par exemple : annuler les élections, mettre le parti communiste hors la loi, dissoudre le parlement, etc.).

(IV) Le passage pacifique au socialisme ne doit pas être interprété uniquement comme pouvant être réalisé par une majorité parlementaire. Le problème essentiel est celui de l’appareil d’État. Dans les années 70 du XIXe siècle, Marx avait estimé qu’il serait possible pour le socialisme de triompher pacifiquement en Angleterre, parce que l’Angleterre « était, à l’époque, l’État qui avait le moins de militarisme et de bureaucratie ». Pendant la période qui suivit la Révolution de Février, Lénine avait espéré, par la réalisation du mot d’ordre : « Tout le pouvoir aux Soviets », conduire la révolution à la victoire par un développement pacifique, parce qu’en ce temps-là, « les armes étaient dans les mains du peuple ». Ni Marx ni Lénine n’entendaient par-là réaliser la transition pacifique en utilisant la vieille machine d’État. Lénine a expliqué, à maintes reprises, la célèbre phrase de Marx et d’Engels : « La classe ouvrière ne peut pas se contenter de prendre la machine de l’État toute prête et de la faire fonctionner pour son propre compte. »

(V) Les partis socialistes ne sont pas des partis ayant pour objectif le socialisme. Ils sont au service de la bourgeoisie et du capitalisme, exception faite d’une infime minorité constituée par l’aile gauche de ces partis, et constituent une variante des partis bourgeois. Sur la question de la révolution socialiste, notre position est foncièrement différente de celle des partis socialistes, Nous ne devons pas estomper cette ligne de démarcation. Les chefs de ces partis socialistes en profiteraient pour tromper les masses et nous serions désavantagés dans notre travail pour gagner les masses qui sont sous l’influence des partis socialistes. Cependant, il est hors de doute que le renforcement du travail auprès des partis socialistes et la lutte pour l’établissement d’un front uni avec l’aile gauche et les éléments centristes de ces partis sont très importants.

(VI) Voilà comment nous comprenons ce problème. Nous avons en effet une opinion différente, et diverses considérations nous ont empêchés d’exprimer notre opinion à ce sujet après le XXe Congrès du P.C.U.S. Maintenant qu’une déclaration commune va être publiée, nous nous voyons dans l’obligation d’exposer notre point de vue. Mais cela n’empêchera pas de trouver un langage commun sur le projet de déclaration. En vue de démontrer que sur ce problème, le projet de déclaration était en connexion avec la formulation du XXe Congrès du P.C.U.S., nous consentons à prendre comme base le projet soumis aujourd’hui par le Comité central du P.C.U.S. tout en proposant des modifications sur certains points.

ANNEXE II

DÉCLARATION DE LA DÉLÉGATION DU PARTI COMMUNISTE CHINOIS A LA RENCONTRE DE BUCAREST DES PARTIS FRÈRES

(26 juin I960)

I. Le Comité central du Parti communiste chinois estime que, durant cette Rencontre, le camarade Khrouchtchev de la délégation du Comité central du Parti communiste de l’Union soviétique a complètement violé le principe du règlement des problèmes communs par voie de consultations entre partis frères, principe observé de tout temps dans le mouvement communiste international, et a totalement violé l’accord réalisé avant la Rencontre, selon lequel il était convenu de limiter celle-ci à un échange de vues et de n’y prendre aucune décision, et cela en présentant, par une attaque-surprise, un projet de communiqué de la Rencontre, sans avoir consulté au préalable les partis frères sur le contenu de ce communiqué ni même permettre comme il se devait, d’engager d’amples discussions au cours de la Rencontre. C’est là un abus du crédit acquis par le P.C.U.S. au sein du mouvement communiste international pendant une longue période depuis le vivant de Lénine, un acte d’une extrême brutalité, visant à imposer sa propre volonté aux autres. Un tel comportement n’a rien de commun avec le style de Lénine. Une telle façon d’agir a créé, au sein du mouvement communiste international, un précédent des plus indignes. Le Comité central du P.C.C. est d’avis que cette attitude et cette façon d’agir du camarade Khrouchtchev entraîneront des conséquences d’une extrême gravité au sein du mouvement communiste international.

II. Le P.C.C. est toujours resté fidèle au marxisme-léninisme et a toujours maintenu les positions théoriques du marxisme-léninisme ; depuis plus de deux ans, il fait preuve d’une fidélité absolue à l’égard de la Déclaration de Moscou de 1957, et s’en tient fermement à toutes les thèses marxistes-léninistes contenues dans la Déclaration. Il existe entre le camarade Khrouchtchev et nous des divergences sur une série de principes fondamentaux du marxisme-léninisme. Ces divergences concernent les intérêts de l’ensemble du camp socialiste aussi bien que les intérêts du prolétariat et des peuples travailleurs du monde entier, elles ont trait à la question de savoir si les peuples du monde pourront sauvegarder la paix mondiale et conjurer une guerre impérialiste, elles ont rapport à la question de savoir si le socialisme pourra continuer à triompher dans le monde capitaliste qui représente les deux tiers de la population de l’humanité et les trois quarts de la superficie du globe. Face à ces divergences, tous les marxistes-léninistes doivent adopter une attitude sérieuse, faire de sérieuses réflexions et mener des discussions entre camarades, afin d’aboutir à une conclusion unanime. Cependant, l’attitude prise par le camarade Khrouchtchev est une attitude toute patriarcale, arbitraire et despotique. En réalité, il ne considère pas les relations existant entre le grand P.C.U.S. et notre parti comme des relations de partis frères, mais comme des rapports entre père et fils. Au cours de cette Rencontre, il a tenté d’exercer une pression pour que notre parti s’incline devant ses points de vue étrangers au marxisme-léninisme. Nous déclarons ici solennellement que notre parti croit et obéit seulement à la vérité du marxisme-léninisme, et ne s’inclinera jamais devant les points de vue erronés, contraires au marxisme-léninisme. Nous estimons que dans le discours prononcé par le camarade Khrouchtchev au IIIème Congrès du Parti ouvrier roumain, certains points de vue sont erronés et contraires à la Déclaration de Moscou. Son discours est de nature à se faire applaudir par les impérialistes et la clique Tito et ceux-ci l’ont effectivement applaudi. Nous sommes disposés, désormais, à poursuivre, lorsque l’occasion se présentera, des discussions sérieuses avec le P.C.U.S. et d’autres partis frères sur les divergences de vues existant entre le camarade Khrouchtchev et nous. En ce qui concerne « la Lettre d’Information du P.C.U.S. au P.C.C. » distribuée par le camarade Khrouchtchev à Bucarest lors de la Rencontre, le Comité central du P.C.C. y répondra en détail quand il l’aura étudiée avec soin pour expliquer les divergences de principe entre les deux Partis et faire éclater la vérité au grand jour, et il entamera en toute camaraderie des discussions sérieuses et consciencieuses avec les partis frères des différents pays. Nous sommes convaincus que, malgré tout, la vérité du marxisme-léninisme finira par triompher. La vérité ne craint pas la discussion. En fin de compte, la vérité ne pourra être prise pour l’erreur, l’erreur ne pourra être prise pour la vérité. L’avenir du mouvement communiste international dépend des exigences et de la lutte des peuples de même que de la direction assumée par le marxisme-léninisme, il ne dépendra jamais de la baguette de qui que ce soit.

III. Nous, le P.C.C., nous avons toujours lutté pour sauvegarder l’unité entre les partis communistes de différents pays et celle entre les pays socialistes. En vue de l’unité réelle des rangs du communisme international, et dans l’intérêt de la lutte commune contre l’impérialisme et les forces réactionnaires, nous sommes d’avis qu’il est nécessaire d’engager des discussions normales sur les problèmes qui nous divisent, qu’il ne faut pas recourir à des moyens anormaux, ni à un simple vote pour régler à la hâte les sérieux problèmes de principe, et qu’on ne doit pas contraindre les autres à accepter ses points de vue arbitraires qui n’ont pas été mis à l’épreuve ou dont la fausseté a été prouvée par des faits. La manière dont le camarade Khrouchtchev a procédé au cours de cette Rencontre est absolument préjudiciable à l’unité du communisme international. Néanmoins, quelle que soit la façon d’agir du camarade Khrouchtchev, l’unité entre les partis chinois et soviétique de même que l’unité entre les partis communistes et ouvriers des différents pays ne manqueront pas de continuer à se consolider et à se développer. Nous sommes profondément convaincus qu’avec le développement du mouvement communiste international et du marxisme-léninisme, l’unité de nos rangs se consolidera et se développera sans cesse.

IV. Du point de vue des relations entre nos deux partis prises dans leur ensemble, les divergences de vues qui existent entre le camarade Khrouchtchev et nous, et dont il est question plus haut, ne revêtent qu’un caractère partiel. Nous estimons que la lutte commune et l’unité de nos deux partis pour la cause commune restent le point capital, nos deux pays étant des pays socialistes, nos deux partis étant des partis fondés selon les principes du marxisme-léninisme, des partis qui luttent pour faire progresser la cause de tout le camp socialiste, pour s’opposer à l’agression impérialiste et pour gagner la paix mondiale.

Nous sommes persuadés que nous pourrons, de concert avec le camarade Khrouchtchev et le Comité central du P.C.U.S., trouver l’occasion de nous entretenir dans le calme et en toute camaraderie, pour éliminer les divergences d’opinions existant entre nous, resserrer et consolider encore davantage les relations entre les partis chinois et soviétique. Si nous agissons ensemble de la sorte, ce sera extrêmement profitable à la cause de la lutte du camp socialiste et des peuples du monde entier contre l’agression impérialiste et pour la paix mondiale.

V. Nous sommes très heureux de constater que « le projet du communiqué de la Rencontre » présenté lors de cette Rencontre a confirmé la justesse de la Déclaration de Moscou. Cependant, l’explication que donne ce projet des diverses thèses marxistes-léninistes contenues dans la Déclaration de Moscou est inexacte et unilatérale. Par ailleurs, ce projet n’a pas pris position sur les problèmes importants de la situation internationale actuelle et n’a soufflé mot du révisionnisme moderne — principal danger au sein du mouvement ouvrier international ; c’est là une erreur. Par conséquent, nous ne pouvons pas accepter ce projet. En vue de s’unir étroitement et de mener en commun la lutte contre l’ennemi, nous présentons un projet révisé et proposons d’en discuter. Si on ne peut pas aboutir à un accord cette fois ci, nous proposons d’établir une commission spéciale de rédaction, qui sera chargée d’élaborer, après de suffisantes discussions, un document acceptable pour tous.

ANNEXE III

PROPOSITION EN CINQ POINTS POUR LE RÈGLEMENT DES DIVERGENCES ET LA RÉALISATION DE L’UNITÉ CONTENUE DANS LA RÉPONSE DU COMITÉ CENTRAL DU P.C.C. A LA LETTRE D’INFORMATION, DU COMITÉ CENTRAL DU P.C.U.S.

(10 septembre 1960)

En vue de régler heureusement les divergences et de parvenir à l’unité, nous présentons sincèrement la position suivante :

I. Les principes fondamentaux du marxisme-léninisme et les principes de la Déclaration et du Manifeste de la Paix de la Conférence de Moscou de 1957 constituent la base idéologique de l’unité de nos deux partis et de celle de tous les partis frères. Nous devons rester absolument fidèles, dans toutes nos paroles et dans tous nos actes, aux principes fondamentaux du marxisme-léninisme et aux principes de la Déclaration de Moscou, et les prendre comme critère permettant de distinguer le vrai du faux.

II. Les rapports entre pays socialistes et entre partis frères doivent se conformer strictement aux principes de l’égalité, de la camaraderie et de l’internationalisme, tels qu’ils sont définis dans la Déclaration de Moscou.

III. Toutes les controverses surgies dans les rapports entre pays socialistes et entre partis frères doivent être réglées, comme il est indiqué dans la Déclaration de Moscou, par des discussions menées en toute camaraderie et sans précipitation. Assumant de grandes responsabilités dans la situation internationale et le mouvement communiste international, l’Union soviétique et la Chine et leurs partis doivent sur tous les problèmes importants d’intérêt commun, procéder à d’amples consultations et discuter sans précipitation en vue d’aboutir à une unité d’action. Au cas où la controverse entre le P.C.C. et le P.C.U.S. ne pourrait être réglée, pour le moment, dans le cadre des entretiens bipartis, il faudra poursuivre les discussions en prenant tout son temps. En cas de nécessité, on soumettra d’une façon toute objective les opinions des deux parties à tous les partis communistes et ouvriers pour qu’ils puissent, après un examen sérieux, y porter un jugement juste à la lumière des principes du marxisme-léninisme et de la Déclaration de Moscou.

IV. Le plus important pour les communistes, c’est de faire une distinction bien nette entre l’ennemi et nous, entre le vrai et le faux. Nos deux partis doivent avoir à cœur leur amitié et mener en commun la lutte contre l’ennemi ; et ils doivent s’abstenir de tout propos et de tout acte susceptibles de compromettre l’unité entre nos deux partis, entre nos deux pays et de donner prise à l’ennemi.

V. Nos deux partis doivent, sur la base susmentionnée, de concert avec tous les autres partis communistes et ouvriers et après des préparations suffisantes et d’amples consultations, contribuer au succès de la conférence des représentants des partis communistes et ouvriers qui aura lieu au mois de novembre à Moscou et élaborer, au cours de cette conférence, un document conforme aux principes fondamentaux du marxisme-léninisme et aux principes de la Déclaration de
Moscou de 1957, qui deviendra un programme de combat à observer en commun et autour duquel nous pourrons réaliser notre unité pour lutter contre l’ennemi.

  1. Éditorial du Renmin Ribao du 27 février 1963.
  2. V.I. Lénine :  » Notes polémiques « , Œuvres, tome 17
  3. Discours radiodiffusé de T.C. Streibert, directeur du U.S. Information Agency, 11 juin 1956.
  4.  » La crise du communisme « , éditorial du New York Times, 2 juin 1956.
  5. Déclaration de J.F. Dulles du 3 avril 1956 à une conférence de presse.
  6. Discours de J. Tito fait à Pula le 11 novembre 1956.
  7. Discours de N.S. Khrouchtchev prononcé le 28 septembre 1959 au Meeting de Moscou.
  8. Conférence de presse donnée par N.S. Khrouchtchev à Washington le 27 Février 1959
  9. Allocution de A.A. Gromyko présentée le 31 octobre 1959 à la session de Soviet suprême.
  10. Message adressé le 1er janvier 1960 par N.S. Khrouchtchev et K.Y. Vorochilov à D.D. Eisenhower à l’occasion de Nouvel An.
  11. Interview accordée par N.S. Khrouchtchev à R.J. Noble, directeur du journal argentin Clarin, le 30 décembre 1959.
  12. Discours de N.S. Khrouchtchev prononcé le 18 septembre 1959 devant l’Assemblée générale des Nations unies.
  13. N.S. Khrouchtchev : Rapport d’activité du Comité central du P.C.U.S. au XXIème Congrès du Parti, janvier 1959.
  14. Entretien de N.S. Khrouchtchev avec le sénateur américain H.H. Humphrey le 1er décembre 1959.
  15. Rapport de N.S. Khrouchtchev présenté en octobre 1959 à la seccion du Soviet suprême.
  16. Message adressé le 4 juillet 1961 par N.S. Khrouchtchev et L.I. Brejnev à J.F. Kennedy à l’occasion du 185e anniversaire de l’indépendance des Etats-Unis.
  17. Y. Andropov : « Le XXIIe Congrès du P.C.U.S. et le développement du système socialiste mondial », Pravda 2 décembre 1961.
  18. Discours de N.S. Khrouchtchev prononcé le 16 novembre 1961 à la réunion des travailleurs agricoles de l’Uzbékistan et autres républiques.
  19. « L’Unité décuple les forces du communisme », éditorial de la Pravda du 25 aout 1961.
  20. Mémorandum remis le 9 août 1962 par l’Ambassade de l’U.R.S.S. en Chine au Ministère des affaires étrangères de Chine.
  21. Mémorandum remis le 29 avril 1962 par l’Ambassade de l’U.R.S.S. en Chine au Ministère des affaires étrangères de Chine.

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