AU NOUVEAU PATRON…
Monsieur Eric Herrin,
D’après ce que nous savons, c’est vous qui allez, bientôt, détenir entre vos mains, la direction totale du Petit-Try et de St Jacques. Déjà, vous dirigez le conseil d’administration du Petit-Try et vous occupez la seconde place dans celui d’Aiseau-Presles. Et l’on affirme que le comte de Liedekerke aurait l’intention de vous céder la présidence à la direction de cette société tout en demeurant, lui-même, administrateur.
Vous renouez donc avec une tradition perdue, celle des grands patrons charbonniers parmi lesquels votre grand-père, le « baron de la gaillette » occupait une place de choix.
D’habitude, les sombres et sordides tractations de votre monde de la finance, de cette féodalité des exploiteurs, nous laissent fort indifférents. Quand les patrons se mangent entre eux, ils s’affaiblissent et le front ouvrier doit profiter de cet affaiblissement.
Dans ce cas-ci, cependant, ce qui se passe au Petit-Try et St Jacques retient toute notre attention. Nous allons vous dire pourquoi.
On nous dit :
« Eric Henin, c’est un brave type. Et c’est un défenseur acharné de l’industrie charbonnière. »
Brave type ? C’est fort possible. Mais vous êtes un patron. Un représentant de la haute finance. Un capitaliste. En tant que patron et que capitaliste, votre loi est également : tirer profit du travail d’autrui. Car votre fortune, passée et à venir, est basée sur la fatigue ouvrière. Ce sont des bras ouvriers qui créent les millions entassés dans les coffres des banques.
Nous, communistes, sommes du côté des exploités, du côté de la classe ouvrière, contre les exploiteurs. Vous nous trouverez donc aux côtés des travailleurs de St Jacques et du Petit-Try, pour la défense de leurs intérêts, de leurs conditions de travail et d’existence. Ce qui signifie que nous combattrons la direction de ces deux charbonnages chaque fois que cela sera conforme aux intérêts des travailleurs. Sans compromis.
Par contre, si, vraiment, comme on nous l’affirme, vous êtes prêt à relancer la bataille pour le maintien − et même le redressement − d’une production charbonnière dans notre pays, si vous vous opposez aux ordres de la haute finance américaine et européenne, nous vous appuierons dans ce combat. Car nous estimons qu’il s’agit d’une bataille pour l’indépendance nationale, d’un intérêt vital, fondamental pour les peuples de notre pays.
Nous ne nous contenterons d’ailleurs pas d’appuyer toute action venant de vous. Au contraire, nous nous efforcerons d’amener les travailleurs à prendre la direction de cette lutte, de mobiliser, par exemple, les ouvriers du Petit-Try pour défendre leur gagne-pain.
Voilà, monsieur Eric Henin, ce que nous avions à préciser. Vous savez ce que nous, communistes, voulons en fin de compte : la disparition du régime capitaliste, l’établissement d’un régime où les travailleurs seront les maîtres, où une minorité d’exploiteurs ne pourront plus bénéficier du travail d’une écrasante majorité d’exploités.
D’un régime où Eric Henin aura sa place comme travailleur mais non plus comme patron. Et où les ouvriers mineurs connaîtront des conditions d’existence et de travail dignes de leur dur labeur. Où ils auront le respect de toute la collectivité.
SPARTACUS