Discours prononcé le 22 septembre 1946 par Edgar Lalmand, Secrétaire général, à l’occasion du XXVè anniversaire du Parti Communiste de Belgique et de la commémoration Joseph Jacquemotte

Dimanche 22 septembre, devant une foule considérable et enthousiaste réunie au Palais des Sports de Bruxelles, notre camarade Edgar Lalmand, Secrétaire général du Parti et Ministre du ravitaillement a prononcé un grand discours politique.

Au moment où Edgar Lalmand s’avance vers la tribune, la salle debout lui fait une longue ovation.

edgar_lalmand-pcb.jpgMes chers camarades,

J’éprouve une joie profonde et une grande fierté à pouvoir m’adresser à vous dans des circonstances aussi solennelles. Nous commémorons aujourd’hui le 25e anniversaire de notre Parti.

1921-1926. Un quart de siècle de luttes incessantes et implacables, un quart de siècle de souffrances et de sacrifices.

Nous avons maintes fois lutté – seuls contre tous – le dos au mur, mais, nous n’avons jamais songé à capituler, car, toujours dans nos cœurs brûla la flamme claire qu’allume le combat pour une juste cause. A aucun moment, nous n’avons douté de la victoire. C’est ce qui explique que tant de communistes ont pu aller à la mort, le sourire aux lèvres et l’espérance illuminant leurs regards.

Ils avaient raison de garder l’espérance, raison de croire qu’ils ne mourraient pas en vain. Leur Parti n’a trahi ni leur espoir ni leur confiance.

Il m’est arrivé de feuilleter, en pensée, l’histoire de notre Parti et chaque fois, dès la première page, à mes yeux apparaissent une image familière et chère : du costume un peu fatigué surgit l’ovale précis du visage, sous le front dégagé, derrières les verres, un regard pénétrant qu’éclaire par moment une flamme narquoise, des traits burinés par la tension constante des lèvres austères amis qui, volontiers, esquissent un sourire discret, amusant comme un bon mot.

Dix ans ont passé

L’histoire de notre Parti est tout imprégné de la pensée lucide, de l’action féconde de l’homme qui, il y a vingt-cinq ans, fonda le Parti Communiste de Belgique. Dix ans ont passé depuis le jour tragique où Jacquemotte, écrasé par un travail surhumain, s’effondra pour ne plus se relever. Mais les années n’ont pas entamé notre amour pour Jacquemotte et son souvenir vit parmi nous aussi vivace qu’au premier jour. Jacquemotte n’est plus, mais son œuvre, le fruit d’une vie tout entière consacrée à l’idéal qui est le nôtre, est restée. Encore aujourd’hui, sa pensée et son exemple nous aident et nous guident.

Jacquemotte n’est plus, et pourtant il est TOUJOURS présent parmi nous.

Les orateurs qui m’ont précédé vous ont parlé de la vie et de l’œuvre de Jacquemotte. Ils n’ont pas épuisé le sujet. Loin de moi la prétention de la faire. Il y aurait tant de choses à dire de l’homme, tant d’enseignements à tirer de son travail. Jacquemotte fut un grand chef, un communiste dans le sens le plus complet du terme. Il avait de nombreuses qualités, mais il en est une qui m’a frappé plus que les autres : sa capacité de se lier aux masses.

Jacquemotte qui était allé à l’école des Lénine et des Staline, connaissait toute l’importance du contact avec les masses. Il savait se pencher sur les hommes qui travaillent, luttent et souffrent, il savait lire au fond de leur cœur et il trouvait, pour traduire leurs aspirations profondes mais confuses, ces images simples qui frappaient par leur réalisme poignant.

On ne peut servir le peuple si on n’aime pas le peuple. Jacquemotte aimait passionnément son peuple et celui-ci le lui a bien rendu.

Je me rappelle les funérailles de Jacquemotte, le cortège impressionnant qui conduisit l’ami du peuple à sa dernière demeure, les foules silencieuses et recueillies groupées sur le passage du funèbre défilé, la chapelle ardente où, pendant deux jours, le peuple défila. De ces heures poignantes, un souvenir m’est resté qui se détache parmi tous les autres.

La bière était là gardée par quatre mineurs en costume de travail, les casque sur la tête, la lampe à la main. Nous montions, nous aussi la garde, nous n’avions pas dormi depuis quarante-huit heures. L’émotion nous serrait la gorge, nous étions-là de nous battre avec notre douleur. Des hommes, des femmes défilaient.

Il y eut un moment d’accalmie, une femme entra, elle tenait par la main un bambin d’une dizaine d’années. Elle paraissait très calme. Arrêtée devant le cercueil, elle se recueillit un long moment, puis, je l’entendis qui disait s’adressant à son fils : « regarde bien mon petit, c’est là qu’il est. Il ne faut pas que jamais tu l’oublies car lui, il nous aimait vraiment ».

Oui, il aima, il servit bien son peuple celui qui, en 1921, avec une poignée d’hommes, engagea la lutte dans des conditions particulièrement difficiles.

Le premier carré des communistes belges

Nous avons le grand bonheur d’avoir parmi nous plusieurs de ces pionniers qui furent à ses côtés dès la première heure. Je leur témoigne ici, au nom de la direction du Parti, au nom du Parti tout entier, notre admiration et notre gratitude. Salut à vous, camarades qui avez eu l’honneur de former autour de Jacquemotte le premier carré.

Je voudrais associer à cet hommage, les épouses de nos pionniers.

Vous savez ce que c’est le ménage du militant qui place le Parti avant tout, même avant le foyer, l’épouse, les enfants.

Il est des femmes qui n’admettent pas cela et leurs protestations constantes font la vie dure au militant qui les subit.

Il en est d’autres qui s’inclinent et acceptent mais sans enthousiasme.

Mais il en est aussi qui encouragent leurs maris, qui les aident et les soutiennent, qui les réconfortent aux heures où le découragement ou la fatigue menacent.

Heureux le militant qui a une telle compagne à ces côtés.

A vous les femmes dévouées de nos militants, à vous qui par vos sacrifices de tous les jours servez modestement mais admirablement la cause, merci au nom du Parti.

Il fallut du temps pour que le premier carré dont je vous palais il y a un instant, devienne le bataillon des 517.

Ils n’étaient que quelques centaines et déjà ils empêchaient la réaction de dormir. Elle mit sur pied le fameux complot qui devait permettre de liquider le Parti. La plupart des militants communistes furent arrêtés, mais au lieu de se défendre, ils accusèrent. IL fallut bien les acquitter et le Parti, que l’on avait voulu détruire, sortit grandi de l’épreuve.

Premières dures épreuves

Deux ans plus tard, en 1925, le Parti, pour la première fois, participa réellement à la lutte électorale, il obtint 30.000 suffrages.

Comme vous le voyez, les forces du Parti étaient encore réduites, son développement était d’ailleurs entravé par le travail de sape auquel se livraient les trotskistes.

En 1928, le Parti va connaître une épreuve : les trotskistes abandonnent la lutte souterraine, organisent ouvertement la désagrégation. Mais Jacquemotte et ses camardes mènent contre les aventuriers trotskistes une lutte implacable et ceux-ci, mis en minorité, provoquent la scission.

Malgré les luttes héroïques de 1932 le Parti ne parvient pas à briser l’isolement, il est sérieusement handicapé dans son action par des influences trotskistes qui subsistent dans ses rangs.

A la Conférence Nationale de Charleroi, tenue en août 1935, le Parti condamne les erreurs commises dans la lutte contre le trotskisme et se dresse résolument contre le sectarisme. Il entre désormais ans la voie du développement.

Intimement lié aux masses, notre Parti est à la pointe du combat dans les grandes grèves de 1936 pour les augmentations de salaires et pensions, la semaine des 40 heures, les lois sociales.

Lorsqu’en 1937 après une reprise fugace, on constate la faillite retentissante de la politique planiste des De Man et Van Zeeland, le gouvernement propose comme remède la diminution des salaires et l’augmentation des charges fiscales. Notre Parti riposte, en lançant les mots d’ordre :

– Pas un centime de diminution

– Réforme de l’index

– Il faut faire payer les riches

– Démocratisation de la fiscalité »

Notre lutte pour la Paix

Certes, les travailleurs luttent pour de meilleures conditions de vie mais il est un bien auquel ils tiennent par-dessus tout : la Paix.

Aussi notre Parti, combat avec acharnement la politique de fausse neutralité inaugurée par Léopold III, politique qui affaiblit le front de la paix. Il lutte pour la sécurité collective et l’assistance mutuelle contre la soif de conquête des puissances de proie.

Dès 1936, lors de l’attaque fasciste contre le gouvernement légal de l’Espagne, notre Parti dénonce le danger qui menace la paix du monde, conscient de défendre nos propres frontières en défendant l’Espagne. De nombreux communistes belges vont en Espagne combattre le fascisme les armes à la main et versent leur sang pour la cause de la démocratie.

A la Chambre, nos parlementaires s’élèvent contre la non-intervention qui assassine le peuple espagnol luttant contre l’invasion fasciste.

Après l’Espagne, c’est au tour de la Chine d’être la victime de l’axe et notre Parti appelle les démocrates à boycotter l’impérialisme nippon.

Et lorsque à Munich se consomme la capitulation honteuse devant Hitler et Mussolini, seul contre tous le Parti Communiste s’écrie « Non. Munich n’a pas sauvé la Paix ».

Si notre Parti n’a pas cessé de dénoncer les fauteurs de guerre de l’extérieur, il a également lutté contre leurs alliés de l’intérieur, les traîtres de Rex et VNV.

Unir les travailleurs, unir les démocrates

Au cours de la lutte pour l’amélioration du sort des travailleurs aussi bien que dans l’action contre fascisme, pour la défense de la démocratie et le maintien de la paix, le Parti ne cessa d’œuvrer à l’unité des travailleurs, à l’union des démocrates.

Au cours des grèves de 1936, les ouvriers socialistes, démocrates-chrétiens, libéraux, communistes, se rejoignent dans l’action.

En novembre 1936 le Parti propose d’adhérer au POB en tant que section autonome. Cette proposition, comme tant d’autres, fut rejetée. Néanmoins, à la base, nos militants continuent à se lier aux ouvriers socialistes et, aux élections communales, il y eut plusieurs listes communes. Au cours du travail de solidarité pour l’Espagne, au cours des manifestations anti-fascistes, socialistes et communistes se retrouvèrent maintes fois fraternellement unis et cette union s’étendit à tous les démocrates lorsqu’il s’agit, aux élections partielles de 1937, de lutter contre l’ennemi commun : le rexisme au service d’Hitler.

Nous savons confondre nos ennemis

En septembre 1939, éclate la guerre.

Nos ennemis nous reprochent volontiers l’attitude que nous avons adoptée à l’époque. Ils évoquent le pacte germano-soviétique, la guerre de Finlande, notre action énergique en vue de garder le pays en dehors du conflit.

Ils pensent ainsi nous embarrasser, ils réussissent tout au plus à rendre- bien malgré eux – hommage à la justesse de notre ligne politique.

Prenons un exemple, le plus saillant peut-être : le pacte germano-soviétique. Il déchaîna une campagne anti-soviétique d’une violence inouïe. Le choc fut dur, beaucoup de nos sympathisants furent ébranlés. Il fallut lutter patiemment, avec ténacité, pour rompre l’isolement dans lequel on avait réussi à nous acculer. Nous avons nagé contre le courant.

Peu à peu le brouillard s’est dissipé, la vérité s’est imposée.

Sept années ont passé et lorsqu’on confronte aujourd’hui les événements qui se sont déroulés depuis, avec nos positions d’alors, on ne peut qu’être frappé par leur justesse.

Une explication limpide, une justification totale du pacte germano-soviétique, ne la trouvons-nous pas dans la campagne anti-soviétique forcenée que mène actuellement la réaction internationale ? Ne le trouve-t-on pas dans les efforts qu’elle déploie en vue de faire de l’Allemagne l’arsenal et des travailleurs allemands les mercenaires de la croissance anti-soviétique ?

Et lorsque aujourd’hui, nous soutenons la politique étrangère de l’URSS, ce n’est pas Moscou, c’est la Paix, c’est l’indépendance de notre pays, c’est la cause de la Belgique et de son peuple que nous défendons.

Nous avons servi notre peuple pendant l’occupation nazie

En mai 1940, les Allemands envahissent la Belgique. Nous n’avons pas réagi, nous, en procédant à la dissolution de notre Parti. Bien au contraire, passant d’emblée à l’organisation clandestine, nous jetâmes l’ensemble de nos forces dans la bataille et sûmes, dès la première heure, relier les actions de revendicatives à la lutte contre l’occupant. Dès le début de l’occupation, le Parti communiste fut à la pointe du combat pour la libération du territoire, il y était encore lorsque, quatre ans plus tard, répondant à son appel, le peuple prit les armes pour chasser les hordes hitlériennes.

Nos ennemis répètent volontiers que nous avons attendu le 22 juin 1941 pour entamer la lutte contre l’envahisseur. Nous leur avons déjà répondu comme il sied de répondre à des calomniateurs. Je ne ferai pas à ces messieurs l’honneur de polémiquer ici avec eux, ce n’est ni l’endroit, ni le moment. Je me contenterai de leur faire remarquer qu’on s’étonne de trouver parmi eux tant de patriotes de la dernière heure, qui, pour passer à l’action, n’attendirent pas l’entrée en guerre de l’URSS, mais bien l’entrée en Belgique des troupes alliées.

Je n’essayerai pas, ne fut-ce que de résumer le rôle joué par les communistes belges pendant les années 40-44, période ai cours de laquelle notre Parti écrivit les pages les plus sanglantes, mais aussi les plus glorieuses de son histoire.

Qu’il me suffise de rappeler qu’au cours de cette tragique période nous avons accompli notre devoir de communistes en servant simplement, intelligemment et courageusement la cause du pays et du peuple. En agissant de la sorte, nous sommes restés dignes de notre Parti et de la cause qu’il sert.

Vous savez de quel prix nous avons payé notre attachement à notre pays et à notre peuple. Nous avons subi des pertes énormes, nos militants sont tombés par milliers, bien que nous n’étions pas 10.000 en mai 1940.

Mais si les sacrifices consentis ont été particulièrement durs, ils n’ont pas été consentis en vain.

C’est au cours de la lutte pour la libération que nous avons réussi à pénétrer profondément dans les larges couches de la population. C’est en combattant en première ligne, c’est en versant son sang pour son pays et son peuple que le Parti Communiste de Belgique est devenu un grand Parti.

Le rôle actuel du parti communiste

Car nous sommes devenus un grand Parti, un parti qui joue un rôle important sur le plan politique, un parti avec lequel il faut désormais compter- que cela plaise ou non.

Nous avons 100.000 membres, 40 parlementaires, 4 ministres. 300.000 électeurs ont voté communiste en février dernier – dans certains arrondissements nous totalisons près de 30% des voix. Certes, tout n’est pas parfait, il subsiste maintes faiblesses dont nous aurons encore l’occasion de nous entretenir.

Après avoir contribué dans la mesure que vous savez à gagner la guerre, les communistes se donnent aujourd’hui pour tâche d’aider de toutes leurs forces à gagner la paix, à rénover le pays.

Pour gagner la Paix, il faut briser l’offensive réactionnaires et barrer la route au néo-fascisme.

Pour gagner la Paix, il faut déjouer les plans des fauteurs de guerre en dévoilant les desseins criminels que cachent l’anti-soviétisme et l’anti-communisme.

Pour gagner la Paix, il faut renforcer la démocratie en unissant toutes les forces démocratiques.

Pour rénover le pays, il faut commencer par réparer tout ce que la guerre a détruit.

Il s’agit de rebâtir la maison en ruines. Pour reconstruire, il faut produire. Mais pour produire dans de bonnes conditions, il faut une répartition équitable non seulement des sacrifices indispensables mais aussi des fruits de l’effort commun.

Il serait faux et dangereux de prétendre faire échec aux légitimes revendications des travailleurs en faisant état des intérêts vitaux de la nation. Les travailleurs ne se laissent pas opposer à la nation. Les travailleurs furent les principaux artisans de la libération, ils seront également les principaux artisans de la rénovation.

Un grand parti démocratique

Il y a 25 ans, Jacquemotte et quelques camarades fondaient le Parti. Voyez le chemin parcouru depuis. Songez aux obstacles qu’il a fallu surmonter, songez à tous ceux qui sont tombés en cours de route.

La poignée d’hommes groupés autour de Jacquemotte est devenue une armée aguerrie par les combats et riche de l’expérience acquise.

Nous sommes fiers de notre Parti et cela d’autant plus qu’aucun autre parti n’aurait pu accomplir ce que nous avons réalisé. C’est que le Parti Communiste n’est pas un parti comme les autres. Il est un de ces partis de type nouveau, magistralement définis par Lénine.

C’est parce que nous sommes un parti de type nouveau que nous avons su, dans les circonstances les plus difficiles, maintenir l’unité et la discipline dans nos rangs. La ligne du Parti, déterminée démocratiquement et appliquée unanimement, la discipline librement consentie dans le cadre du centralisme démocratique sont parmi les causes essentielles de notre force et de nos succès.

C’est parce que nous sommes un parti de type nouveau, que nous sommes animés de l’esprit du Parti qui inspire la fraternité entre les membres, la fidélité totale, le dévouement sans limités au Parti.

On nous a souvent reproché d’être des opportunistes parce que, en marxistes que nous sommes, nous avons toujours déterminé notre attitude du moment en fonction des circonstances du moment. On a prétendu en déduire que nous renoncions à notre idéal pour ne plus voir que les avantages immédiats. Rien n’est plus faux.

Notre but : la victoire du socialisme !

Nous n’avons à aucun moment perdu de vue notre objectif essentiel : l’édification de la société socialiste. Mais nous savons qu’il n’est pas toujours, qu’il est rarement possible de marcher droit au but, et que pour arriver plus rapidement à l’étape, il est parfois souhaitable de faire un détour, voire même de revenir sur ses pas. Nous savons qu’il y a des obstacles qu’il faut aborder de front, tandis qu’il en est d’autres qu’il faut contourner. Nous savons qu’un mot d’ordre irréalisable est un faux mot d’ordre qui, loin de rapprocher du but, en écarte.

Si nous luttons pour la paix, pour la démocratie, pour le progrès social, c’est parce que nous y sommes sincèrement attachés, mais c’est aussi parce que nous sommes convaincus qu’en menant cette lutte nous servons la cause du socialisme.

Je sais que dans l’action quotidienne, tout cela n’est pas toujours simple, que maintes fois on se heurte à des contradictions qui ne sont d’ailleurs qu’apparentes.

Il n’est pas toujours facile de déterminer avec précision la route à suivre. C’est souvent chose délicate de manier le gouvernail, mais les navigateurs que nous sommes disposent d’une excellente boussole et je pense que, si nous savons nous en servir, les risques d’erreur peuvent être éliminés dans une très large mesure.

La théorie marxiste-léniniste constitue un instrument magnifique en même temps qu’une arme redoutable. Et il doit être clair pour chaque communiste que si nous avons réussi à remporter des succès, à atteindre des résultats appréciables, nous le devons, pour une bonne part, à cet outil incomparable.

On l’a dit maintes fois, la théorie marxiste n’est pas un dogme, c’est une méthode de travail qui s’enrichit constamment de l’expérience acquise et dont la valeur se vérifie sans cesse dans la pratique. Les marxisme-léninisme n’est pas plus une religion qu’un programme, c’est une science qui retire de l’étude du passé les enseignements qu’elle comporte, livre le présent à une analyse objective et puise dans ces enseignements et cette analyse des éléments de directives pour l’avenir.

Grâce à la théorie marxiste-léniniste, nous avons la conviction que notre ligne est juste et la certitude qu’elle triomphera.

C’est une chose magnifique que notre Parti et admirables sont les armes dont il dispose. Mais le Parti n’est qu’une avant-garde, ce sont les masses qui constituent le gros de l’armée. Et l’avant-garde que nous sommes ne peut accomplir sa tâche que dans la mesure où elle reste étroitement liée aux masses. Nous avons puisé une bonne partie de nos forces dans ce souci constant de rester étroitement unis au peuple, d’agir pour le peuple et par le peuple.

L’avenir est à nous !

Et maintenant, tournons-nous vers l’avenir. Sans nous laisser griser par les succès passés.

Le travail n’est pas terminé. Il y a encore maint obstacle à surmonter sur la route qui conduit au socialisme. La paix est loin d’être assurée, la démocratie est sérieusement menacée et les puissances d’argent ne sont nullement disposées à céder aux travailleurs une part plus large du gâteau.

La lutte continue. Dans deux mois auront lieu des élections communales. D’aucuns s’imaginent à tort que l’intérêt de cette consultation ne déborde pas le cadre restreint des problèmes communaux. Comme s’il existait une cloison étanche entre les petits et les grands problèmes, entre les revendications communales et les autres.

D’ailleurs, les élections communales revêtiront cette fois une signification particulière qui découle des circonstances spéciales dans lesquelles elles se dérouleront.

Vous savez que les élections législatives n’ont pas apporté à la démocratie la victoire qu’elle escomptait. La réaction, exploitant habilement la question royale aussi bien que les sentiments religieux d’une partie de notre peuple, a réussi à consolider ses positions.

La gauche ne dispose au Parlement, et plus spécialement au Sénat, que d’une majorité précaire ; certains hommes politiques de gauche en ont pris prétexte pour préconiser l’alliance avec la réaction qui ne signifierait rien d’autre que la capitulation devant la réaction.

Vous connaissez les efforts que nous avons fournis – et j’ajouterai : les sacrifices que nous avons consentis – pour que soit constitué, pour que soit maintenu un gouvernement de gauche.

Dans certains milieux, et pas exclusivement dans ceux de droit, on espère que les résultats des élections permettront le retour du PSC, c’est-à-dire de la réaction au pouvoir et la liquidation du gouvernement démocratique.

Il s’agit de savoir qui de la démocratie ou de la réaction triomphera. Il s’agit de vois clairement ce que signifierait la victoire de la réaction : menace accrue pour la paix et pour notre indépendance, affaiblissement considérable de la démocratie, développement rapide de la contre-offensive réactionnaire sur le plan social.

Comme vous le voyez, l’enjeu est d’importance ; il ne faut pas que la démocratie perde la bataille.

Ce qui déforce lé démocratie, c’est qu’elle lutte en ordre dispersé contre un PSC provisoirement uni, malgré les contradictions sociales qui divisent ses troupes.

Nous n’avons cessé de lutter pour l’union des démocrates et l’unité des travailleurs. Nous devons plus que jamais, persévérer dans cette voie. Certes, les dirigeants du PSB ont repoussé nos propositions de lutte en commun, mais néanmoins des listes communes socialistes-communistes ont été élaborées, ou sont en voie d’élaboration, dans toute une série de localités.

Persévérons, et nous remporterons de nouveaux succès.

Il ne faut toutefois pas s’imaginer que la liste unique constitue nécessairement un succès. Ce n’est pas un succès que de s’entendre quant à la répartition des sièges sans se soucier le moins du monde du programme. Ce n’est pas un succès que d’accepter, sans plus, que nos candidats occupent sur les listes communes des places qui ne sont nullement en rapport avec l’influence du Parti.

Nous forgerons l’unité des travailleurs

La campagne électorale va se dérouler avec toute l’âpreté et la violence que comportent les élections communales. Cette campagne électorale, nous entendons, quoi qu’il advienne, la mener sous le signe de l’unité. Mais notre attachement à l’unité n’implique pas que nous devions répondre aux injures par des louanges et aux coups de poing- au figuré bien entendu – par des baisers.

La politique unitaire n’exclut nullement la riposte. Mais il y a riposte et riposte. Ne nous laissons pas aller à injurier avec plus ou moins de virulence nos adversaires politiques. Abandonnons la venimeuse médisance et l’odieuse calomnie à ceux qui défendant une mauvaise cause, ne disposent pas d’arguments solides.

La situation internationale inquiète les travailleurs aussi bien les communistes que les autres. La perspective d’une nouvelle guerre mondiale n’enchante pas les masses, même lorsqu’on présente la croisade anti-soviétique comme une guerre préventive qu’il y aura moyen de gagner à peu de frais grâce à la bombe atomique. Croyez-vous que tous les démocrates, et plus particulièrement tous les travailleurs socialistes, « encaissent » sans plus la politique réactionnaire du Labour Party anglais ? Croyez-vous que tout le monde, en dehors du Parti Communiste, admette sans plus que le plébiscite en Grèce constitue une victoire de la démocratie remportée grâce à l’appui du Gouvernement travailliste anglais ?

Ils ne sont pas rares les socialistes qui en viennent à se demander pourquoi le PSB appuie sans réserve une politique aussi discutable. Et le désarroi de ces socialistes grandit encore lorsqu’ils retrouvent dans les colonnes de leur journal, mot pour mot, les calomnies anti-soviétiques et la hargne anti-communiste qui s’étale dans les plus infâmes torchons réactionnaires.

A constater tout cela, maint socialiste est à ce point désemparé que lorsqu’il entend parler d’agents de l’étranger, il en est à se demander à qui on fait réellement allusion.

N’est-ce devant le danger qu’on éprouve le plus fortement le besoin de s’unir afin de trouver dans l’union le salut commun ?

Au cours de la campagne électorale, nous aurons beaucoup de thèmes intéressants à traiter, ce qui nous permettra de ne pas dire que le maïeur X est un voleur, l’échevin Y un traître et le conseiller communal Z un ivrogne qui rosse sa femme.

La place de la femme dans la lutte

Vous savez que les femmes participent aux élections communales. Ceci n’enthousiasme pas certains milieux de gauche. N’auraient-ils pas la conscience tranquille ?

Quant au PSC, il prétend, lui, miser sur le vote des femmes, dont il s’affirme le meilleur, sinon le seul défenseur.

A d’autres Messieurs !

Pendant 61 ans, la droite a détenu le pouvoir et pour autant que nous ayons pu nous en rendre compte, l’idée d’accorder le droit de vote aux femmes ne lui est jamais venue.

Les femmes sont éligibles depuis longtemps, le PSC en a envoyé une à la Chambre et une au Sénat. Avouez que sur 175 parlementaires, ce n’est pas beaucoup. J’en veux pour preuve un exemple typique : le Conseil Provincial du Brabant compte 90 Conseillers dont 4 femmes – et ces 4 femmes sont des communistes.

Un Parti qui, comme le nôtre, lutte depuis toujours pour faire de la femme l’égale de l’homme dans tous les domaines, n’a pas à craindre le verdict des électrices.

Ou en est la rénovation de notre pays. Dans quel cadre se dérouleront les élections ?

Il existe dans le pays un réel malaise qui va de pair avec une sérieuse inquiétude quant à l’avenir. L’incertitude qui règne sur le plan international y est certes pour quelque chose, mais les raisons principales du malaise doivent être recherchées à l’intérieur.

Au lendemain de la libération, la rénovation du pays a été amorcée dans des conditions fort favorables. Grâce surtout à l’effort admirable de la classe ouvrière, la production se développa rapidement et nous occupions la première place parmi les pays libérés. La situation n’est plus aussi bonne aujourd’hui. La production rapide de la production ne s’est pas poursuivie. Depuis plusieurs mois la production piétine aux environs de 80% du niveau d’avant-guerre ; la France, que nous avions sérieusement distancée au début, nous dépasse à présent. La production charbonnière reste nettement déficitaire ; depuis des mois, elle ne progresse plus. La pénurie persistante de charbon freine la reprise dans la plupart des secteurs.

Nos exportations augmentent et nous dépasseront probablement de façon sensible les 20 milliards proposés par Van Acker pour 1946. Mais nos exportations actuelles, exprimées en valeur absolue, n’atteignent pas 40% des chiffres d’avant-guerre.

Notre balance commerciale reste nettement déficitaire, mais de plus, Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne qui sont, et de loin nos principaux fournisseurs, ne nous achètent que fort peu de chose.

Les bénéfices se répartissent très inégalement non seulement entre patrons et salariés mais aussi entre les différents secteurs de la production.

Les branches travaillant en ordre principal pour l’exportation, avouent des super-profits importants et je ne parle pas des profits qu’on ne déclare pas et qui se transforment en réserves de devises garées à l’étranger. (Ne serait-ce pas là une masse de manœuvre qu’on espère mobiliser un jour contre le franc ?) Par contre, d’autres secteurs travaillent, à ce qu’on prétend, à perte et réclament, soit un relèvement des prix, soit des subsides de l’Etat.

Nous n’avons pas en matière de devises la politique prévoyante et ferme qui s’impose. Nous consacrons des quantités impressionnantes de dollars et de Livres à l’importation de produits de luxe dont le pays se passerait bien.

Des autorisations de séjour à l’étranger accordées à la légère ont provoqué d’importantes sorties de devises.

Les devises provenant de nos exportations échappent dans une large mesure au contrôle de l’Etat. Malgré la conclusion de nombreux accords commerciaux, les exportations réalisées ne sont pas dirigées en vue d’équilibrer nos besoins et nos disponibilités en devises diverses.

Il est certain que si l’on continue à pratiquer cette politique du « laissez-faire », nous serons bientôt acculés à conclure des emprunts à l’étranger qui, s’ils s’accumulaient, constitueraient très vite une menace sérieuse pour notre indépendance économique, sinon pour notre indépendance tout court.

Egalement dans le domaine des salaires, il y a du désordre. Ainsi, un ouvrier qualifié travaillant dans une branche déterminée, peut gagner de 40 à 50% de plus que s’il fournissait le même travail dans une autre branche. Et l’on constate des anomalies semblables jusque dans les diverses entreprises d’une même branche.

Où en est-on avec le rééquipement, la réorientation de l’économie nationale, éléments essentiels de la rénovation du pays ? Je ne pense pas exagérer en disant que, sur le plan pratique, fort peu de chose a été fait dans ce domaine. Financiers et industriels freinent le rééquipement et se moquent éperdument de la rénovation du pays. Chacun prétend agir à sa guise. Sous prétexte de liberté, d’aucuns essayent de créer le chaos et le pays en est à se demander ce que lui réserve l’avenir.

Le rôle du gouvernement des gauches

Le gouvernement se trouve placé devant une tâche difficile, il doit corriger certaines outrances, certaines erreurs du passé. Il faut « adapter », comme dit le Premier Ministre.

Au cours des pourparlers qui ont précédé la constitution du présent gouvernement, nous avons exposé notre point de vue en ce qui concerne le virage à effectuer. Ce que nous avons proposé- et nous avons d’ailleurs obtenu satisfaction – peut se résumer comme suit, en ce qui concerne les salaires : procéder à toute une série de rajustements en vue d’augmenter le standard de vie des travailleurs ; en ce qui concerne les prix, revalorisation de certains produits de la terre, ainsi que de certaines marges bénéficiaires dans le secteur de l’alimentation. A part cela, poursuite énergique de la politique de baisse des prix avec les mesures de contrôle que comporte cette politique.

Le gouvernement veut-il, peut-il effectuer le virage nécessaire ? De la réponse à cette question dépend notre participation au gouvernement.

Le fait que nous sommes restés au gouvernement après qu’il fut procédé, au début du mois, au redressement que vous savez, implique que nous avons répondu positivement à cette question. Nous avons estimé devoir rester au gouvernement.

Dès lors, nous entendons soutenir le Gouvernement, l’aider à réaliser l’œuvre d’assainissement qui s’impose.

Cela implique-t-il de notre part un appui sans réserve ? Nullement. Nous l’avons dit et je tiens à le répéter, nous participons au gouvernement dans la mesure où, par notre participation, nous pouvons mieux servir les intérêts des travailleurs. Participer au gouvernement ne signifie nullement renoncer au droit de le critiquer, étant entendu que la critique doit être constructive.

Si nous estimons que le gouvernement se trompe, nous considérons avoir non seulement le droit, mais aussi le devoir de le lui dire. Nous avons eu récemment l’occasion de démontrer que notre franchise à l’égard du gouvernement ne doit pas nécessairement porter atteinte à son prestige ou lui rendre la tâche plus difficile.

Les grèves et la rénovation du pays

Je voudrais à présent dire quelques mots au sujet des grèves. Elles furent assez nombreuses ces derniers temps. Si nous examinons les mots d’ordre qui furent mis en avant, force nous est de reconnaître que certains d’entre eux étaient fortement teintés de démagogie. D’autre part, nous constatons que, dans bien des cas, les grèves furent décrétées sans qu’on ait, au préalable, eu recours à des méthodes d’action moins défavorables à la production et par conséquent moins onéreuses pour la nation et pour les travailleurs.

Et qui donc a poussé à ces grèves sauvages ?

Nos anciennes connaissances, messieurs les trotskistes que l’on voit régulièrement apparaître à l’avant plan lorsque la réaction attaque, question de lui prêter main forte.

Mais outre les trotskistes, les délégués et militants de base des syndicats chrétiens se sont distingués. Les grèves stériles qu’ils déclenchaient en lançant des mots d’ordre démagogiques, la presse du PSC, hélas souvent rejointe par la presse socialiste, en imputait la responsabilité aux meneurs communistes, sinon à de mystérieux agents venus de l’étranger.

Il est vrai que certains de nos amis ont donné dans le piège ; ils ont été impressionnés par le danger d’être tournés par la gauche et ils se sont imaginés que pour combattre les démagogues, il faut se montrer plus démagogues encore !

Je pense que la recette ne vaut pas lourd.

Pour rendre les démagogues inoffensifs, il faut les démasquer, c’est-à-dire, expliquer clairement, preuves à l’appui, pour compte de qui ils travaillent et quel est le but qu’ils poursuivent.

On a maintes fois constaté ces derniers temps que les patrons adoptaient en ce qui concerne la hausse des salaires une attitude à laquelle ils ne nous avaient pas habitués jusqu’ici.

Il leur arrive fréquemment à présent de se déclarer partisans de l’augmentation des salaires et ils feignent de regretter que « le gouvernement leur interdise de faire droit aux justes revendications des ouvriers ».

N’a-t-on pas vu certains patrons pousser ouvertement à la grève et, lorsqu’elle avait éclaté, s’employer de toutes leurs forces à l’étendre ? Que cache cette tactique patronale ?

Les puissances d’argent n’espèrent plus pouvoir empêcher les rajustements importants des salaires, alors, ils rectifient le tir. Leur but à présent, est de développer le gâchis, d’invoquer la hausse des salaires pour exiger la révision des prix, de discréditer le gouvernement et de saboter ses ordonnances afin de faire sauter le blocage des prix.

Et que signifierait la hausse générale des prix ? Il ne faut pas être grand clerc pour comprendre qu’elle conduirait fatalement et rapidement à la dévaluation.

Ainsi, la tactique patronale apparaît fort simple : accorder aujourd’hui 10% d’augmentation de salaires, afin de pouvoir les réduire demain de 20,30,40% ou davantage grâce à la dévaluation.

Quand les patrons se font les « alliés des travailleurs » il est temps de se rappeler les paroles du poète : « Ce bloc enfariné ne me dit rien qui vaille. »

Faut-il en conclure que parce que les patrons se déclarent partisans de l’augmentation des salaires, nous allons, nous, la rejeter ? que parce que les patrons poussent à la grève, nous allons, nous, refuser catégoriquement d’y avoir recours ?

Pas du tout. Nous avons été et restons partisans des rajustements nécessaires des salaires qui ont pour but, d’une part, de donner leur dû à plusieurs catégories de travailleurs, d’autre part, de remédier à l’anarchie qui règne actuellement sur le marché des salaires.

Quant aux grèves, nous savons mieux que quiconque, et je pense que nous l’avons suffisamment prouvé, que dans des circonstances données, l’intérêt des travailleurs commande impérieusement d’avoir recours à la grève.

L’intérêt des travailleurs, voilà la pierre de touche. Pour déterminer l’attitude à adopter, il faut pouvoir distinguer les mots d’ordre et les actions qui servent les intérêts des travailleurs, des mots d’ordre et des actions qui servent les intérêts des ennemis des travailleurs.

Quand on pose ainsi la question, il apparaît qu’on ne peut pas traiter le problème des salaires comme un problème isolé. Si les naufrageurs du franc réussissent à torpiller notre monnaie, vous gagnerez encore 15,20 fr. de l’heure, mais chaque franc ne vaudrait plus que 80, 70 ou peut-être 50 centimes.

Vous voyez donc que la question des salaires se rattache directement à la défense du franc.

Il nous intéresse de savoir combien nous gagnons, mais il nous intéresse tout autant, sinon plus, de savoir ce que nous pouvons acheter avec nos salaires. Plus les prix sont élevés, plus réduite sera la puissance d’achat des salaires.

Le problème des salaires doit donc être rattaché à l’action pour la baisse des prix surfaits, pour le respect des prix imposés, pour la publication d’un index du coût de la vis.

En participant à cette action, les travailleurs défendent leurs salaires.

Nous exigeons que l’augmentation de la production aille de pair avec le relèvement des salaires. Il en résulte que les travailleurs ont un intérêt direct à ce que la production augmente, à ce qu’on produise rationnellement. En d’autres mots, les travailleurs ont intérêt à ce que les prix de revient soient sérieusement contrôlés, à ce que le monde du travail participe de plus en plus activement à la gestion des entreprises aussi bien que de l’économie nationale.

En s’intéressant à ces problèmes, les travailleurs défendent leurs salaires.

Je me résume : les travailleurs ont intérêt à ce que les naufrageurs du franc soient mâtés, à ce qu’il soit mis fin au piétinement, au désordre économique que nous constatons actuellement, afin que le pays puisse panser ses blessures et marcher de l’avant.

Nous avons confiance dans notre parti !

Je sais que beaucoup de travailleurs sont déçus, je sais que les gouvernements de gauche n’ont pas toujours répondu aux espoirs qu’on avait placés en eux. Les programmes sur lesquels les partis de gauche se sont mis d’accord ont frappé par leur modération, de plus, ils ont été jusqu’ici appliqués avec une prudence qui a mécontenté pas mal de nos amis.

D’aucuns se sont étonnés de ce que notre participation au gouvernement n’a pas donné davantage. Ceux-là ne tiennent compte ni de la composition du gouvernement, ni du rapport des forces ente les divers partis.

Certes, nous sommes devenus un grand parti, nous représentons grosso-modo, pour l’ensemble du pays, 15% de la population, la plupart de nos électeurs sont des travailleurs, mais néanmoins, nous n’avons pas encore l’appui de la majorité de la classe ouvrière. Ce sont là es éléments qui déterminent dans une large mesure nos possibilités immédiates.

Ce que nous pouvons obtenir dans les entreprises, au Parlement, au sein du gouvernement, dépend pour une bonne part de la force du Parti et de l’influence qu’il exerce.

C’est pourquoi nous devons constamment nous employer à renforcer le Parti : par un recrutement systématique dans toutes les couches de la population.

– par le renforcement de notre organisation

– par l’amélioration de notre travail

– par le perfectionnement de nos cadres

– par le développement de notre presse

Fidélité à Joseph Jacquemotte

Camarades, nous nous souviendrons longtemps du glorieux anniversaire que nous célébrons aujourd’hui. Il nous a permis de faire le point. L’évocation du passé a renforcé notre confiance en l’avenir. Nous sommes restés fidèles à nos principes et à notre idéal. Le Parti a subi victorieusement l’épreuve du feu et du sang, ses militants ont donné l’exemple du courage et de l’abnégation. Le Parti a grandi, ses cadres se sont aguerris, il a poussé des racines profondes dans le peuple, il s’est lié plus étroitement que jamais aux masses.

Dans nos rangs, le savant et le technicien, l’ouvrier et le paysan, le commerçant et l’artisan se trouvent fraternellement unis par le magnifique esprit, par l’exaltante discipline du Parti. C’est au nom de ce Parti que je suis fier de pouvoir servir que je salue la mémoire de son fondateur Joseph Jacquemotte. A Jacquemotte, au nom de son Parti, je jure de poursuivre la tâche qu’il nous a léguée. Demain, comme hier, son exemple nous guidera dans la lutte pour la paix et la démocratie, dans la défense des intérêts des travailleurs.

Comme Jacquemotte nous entendrons servir la patrie et parachevant l’œuvre de celui qui fut notre chef très aimé, nous conduirons notre peuple vers un avenir meilleur, vers le socialisme !

(La salle debout applaudit longuement le secrétaire général du Parti et chante l’Internationale)

22 septembre 1946


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