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STALINE Joseph Vissarionovitch. Fidèle disciple et compagnon de lutte de Lénine, grand continuateur de son œuvre immortelle, guide et éducateur du parti communiste et du peuple soviétique.
Staline naquit le 21 décembre 1879, à Gori, province de Tiflis. Son père, d’origine paysanne, était cordonnier et, plus tard, ouvrier d’une fabrique de chaussures. En 1894, Staline termina le petit séminaire de Gori et fut admis au séminaire de Tiflis.
A l’âge de 15 ans, il entra en relation avec les groupes clandestins de marxistes russes en Transcaucasie et se rallia au mouvement révolutionnaire. En 1898, il adhère à l’organisation de Tiflis du P.O.S.D.R. Dans le groupe « Messamé-dassi », première organisation social-démocrate de Géorgie, Staline, Ketskhovéli et Tsouloukidzé formèrent le noyau dirigeant de la minorité marxiste révolutionnaire.
Staline, qui déployait une activité intense dans les cercles ouvriers, fut exclu du séminaire pour propagande marxiste en 1899. Il était un ardent partisan du journal de Lénine « Iskra » [l’Etincelle]. Sur l’initiative de Staline et de Ketskhovéli, fut organisé en 1901 le premier journal social-démocrate illégal de Géorgie, « Brdzola » (la Lutte), d’orientation léniniste.
En 1901, Staline fut élu membre du Comité du P.O.S.D.R. de Tiflis. Mandaté par ce comité, il partit à Batoum où il se livra à une vaste action révolutionnaire parmi les ouvriers et fonda le comité du P.O.S.D.R. de Batoum. Le 5 avril 1902, il fut arrêté et incarcéré à la prison de cette ville. Au courant des divergences de vues qui séparaient bolcheviks et menchéviks, Staline se range résolument aux côtés des premiers.
En automne 1903, il fut déporté pour trois ans en Sibérie orientale, au village de Novaïa Ouda, district de Balagansk, province d’Irkoutsk. Après son évasion (le 5 janvier 1904), Staline poursuit son action révolutionnaire en Transcaucasie, défendant l’idée léniniste de la création d’un parti marxiste d’un type nouveau et participe activement à la lutte contre les menchéviks et les opportunistes.
En décembre 1904, Staline, secondé par Djaparidzé, dirige la grande grève des ouvriers de Bakou. Dans ses articles « Lettres de Koutaïs », « Classe des prolétaires et parti des prolétaires », « Coup d’œil rapide sur les divergences dans le parti », « Réponse au Social-Démocrate », il prend la défense des principes léninistes dans le domaine idéologique et en matière d’organisation.
Pendant la première révolution russe (1905-1907), Staline défend la stratégie et la tactique léninistes et dénonce les menchéviks, adversaires de la révolution et de l’insurrection armée. En décembre 1905, il est délégué des bolcheviks de Transcaucasie à la première conférence bolchevique pan-russe à Tammerfors, en Finlande. C’est là que Lénine et Staline se rencontrent pour la première fois.
Dans différents articles datés de 1905, « L’insurrection armée et notre tactique », « La réaction se renforce », etc., Staline soutient l’idée de la nécessité de l’insurrection armée. Dans ces articles, de même que dans les « Notes d’un délégué » écrites à son retour de Londres où il avait participé au Ve congrès du Parti, il défend les positions tactiques du bolchévisme.
En 1906-1907, furent publiées plusieurs études de Staline sous le titre d’« Anarchisme ou socialisme ? » (V.) où l’auteur expose les principes de la philosophie marxiste et met en lumière les problèmes théoriques fondamentaux : l’écroulement inévitable du capitalisme, la révolution socialiste et la dictature du prolétariat, la nécessité d’un parti prolétarien de combat.
Pendant la réaction qui suivit la défaite de la révolution de 1905-1907, Staline, en collaboration avec Chaoumian, organise à Bakou la lutte pour gagner les masses ouvrières au bolchévisme et pour évincer les menchéviks des quartiers ouvriers.
Le 25 mars 1908, il est arrêté et, après huit mois de prison, déporté pour deux ans dans la province de Vologda, à Solvytchégodsk.
Le 24 juin 1909, il s’évade et revient à Bakou pour reprendre son action clandestine. Le 23 mars 1910, il est arrêté de nouveau et, après six mois de prison, renvoyé à Solvytchégodsk.
En 1912, la conférence du parti à Prague a chassé les menchéviks et posé ainsi les fondements d’un parti bolchevik indépendant ; elle a élu Staline, en son absence, membre du Comité Central et formé le Bureau russe du C.C. dont la direction lui est confiée. Le 29 février 1912, Staline s’évade de nouveau.
Sur mandat du Comité Central, il visite les principales régions de la Russie. Staline dirige le journal « Zvezda » [l’Etoile]. C’est avec sa participation active que sera préparé le premier numéro de la « Pravda » fondée sur l’initiative des ouvriers de Pétersbourg.
Le 22 avril 1912, il est arrêté et déporté dans la région de Narym pour trois ans. Le 1er septembre 1912, il s’évade et se réfugie à Pétersbourg où il rédige la « Pravda » et dirige l’activité des bolcheviks pendant la campagne électorale à la IVe Douma d’Etat.
En 1912-1913, Staline écrit « Le marxisme et la question nationale » (V.). Lénine disait que dans la littérature théorique marxiste consacrée à la question nationale « il faut signaler en premier lieu l’ouvrage de Staline » (Œuvres, t. 19, éd. russe, p. 488).
De même que les travaux de Lénine sur ce problème, cette étude avait une grande importance pour la défense et la justification du programme national du parti communiste. Le 23 février 1913, Staline est de nouveau arrêté et déporté pour quatre ans dans la région de Touroukhansk.
Pendant la première guerre mondiale, il demeura fidèle à la position internationaliste de Lénine dans les questions de la guerre, de la paix et de la révolution. Libéré par la révolution de février, Staline revient à Pétrograd en mars 1917.
A la conférence d’Avril 1917, Staline défend résolument la ligne de la révolution socialiste préconisée par Lénine et lutte contre la trahison de Kaménev, Rykov et d’autres. A cette conférence, il fait un rapport sur la question nationale. Au VIe congrès du Parti, en 1917, Staline expose les directives léninistes sur les tâches et la tactique du parti dans la lutte pour la révolution socialiste.
Le congrès flétrit les trotskistes et leur thèse contre-révolutionnaire sur l’impossibilité de la victoire du socialisme en Russie. Le 16 octobre le Comité Central élit un Centre du Parti pour diriger l’insurrection : Staline, Sverdlov, Dzerjinski, Ouritski.
Après la victoire de la Grande Révolution socialiste d’Octobre, Staline fit partie du premier Conseil des Commissaires du peuple, présidé par Lénine, et fut nommé Commissaire aux Nationalités ; à partir de 1919, il occupe simultanément le poste de Commissaire du peuple au Contrôle d’Etat.
Lors de la conclusion de la paix de Brest-Litovsk, Staline, sous la direction de Lénine, lutte contre les traîtres Trotski et Boukharine, pour la paix qui devait permettre de renforcer la république soviétique.
Pendant l’intervention étrangère et la guerre civile, Staline est le principal auxiliaire de Lénine dans la défense du pays. Il était membre du Conseil militaire révolutionnaire de la République et du Conseil militaire révolutionnaire des fronts Ouest, Sud et Sud-ouest.
En 1922, sur la proposition de Lénine, Staline fut élu Secrétaire Général du Comité Central du Parti communiste, fonction qu’il exerce depuis cette date jusqu’en octobre 1952. Sous la direction de Lénine, Staline travaille à créer les républiques soviétiques nationales et à les réunir en un seul Etat fédéral — l’U.R.S.S. Le 30 décembre 1922, le 1er congrès des Soviets de l’Union Soviétique prend la décision historique sur la formation de l’U.R.S.S.
Le 21 janvier 1924, Lénine mourait. Le drapeau de Lénine fut levé bien haut par le parti communiste, par son Comité Central avec à sa tête Staline, le grand continuateur de l’œuvre immortelle de Lénine. Au nom du parti, Staline, au IIe congrès des Soviets, prêta le serment solennel d’exécuter les préceptes de Lénine ; c’était le serment du parti à son chef.
Sous la direction du Comité Central, Staline en tête, le parti communiste dénonça et mit en échec toutes les tentatives des trotskistes, des boukhariniens, des nationalistes bourgeois et autres ennemis du peuple, qui voulaient détourner le parti et le pays du chemin de Lénine et restaurer le capitalisme.
Dans « Des principes du léninisme » (V.), « La Révolution d’Octobre et la tactique des communistes russes » et dans d’autres ouvrages, Staline démasque la clique de Trotski et de Zinoviev, défend la doctrine de Lénine sur la victoire du socialisme en U.R.S.S. et explique la ligne du parti, celle de l’industrialisation socialiste et de l’édification du socialisme.
Staline concrétise et développe la thèse léniniste suivant laquelle le parti est la forme supérieure de l’organisation de classe du prolétariat, la force dirigeante essentielle dans la dictature du prolétariat, dans l’édification du socialisme.
Dans de nombreux travaux, Staline souligne la thèse léniniste de l’alliance de la classe ouvrière et de la paysannerie, principe suprême de la dictature du prolétariat, force décisive qui garantit l’édification du socialisme. Staline réalisait avec esprit de suite cette idée de Lénine.
S’appuyant sur les indications de Lénine, qui élabora le programme scientifique de la refonte socialiste du pays, Staline exposa dans le rapport du Comité Central au XIVe congrès les tâches du parti concernant l’industrialisation socialiste et la transformation de l’U.R.S.S. de pays agraire en une grande puissance industrielle.
Le XVe congrès posa à titre de devoir primordial du parti et du peuple, la collectivisation de l’économie agricole, selon le plan coopératif de Lénine.
Cette tâche fut formulée par Staline dans le rapport politique du Comité Central. Dans ses discours « Du danger de droite dans le Parti communiste (bolchevik) de l’U.R.S.S. » (1928) et « De la déviation de droite dans le Parti communiste (bolchevik) de l’U.R.S.S. » (1929), Staline dénonça les opportunistes de droite, agents des koulaks, ennemis du léninisme.
Dans le rapport du Comité Central au XVIe congrès du parti (1930), Staline mit en évidence le sens profond de la vaste offensive du socialisme contre les éléments capitalistes dans tous les domaines et proclama que l’ère du socialisme était inaugurée en U.R.S.S.
En 1934, il fait le rapport du Comité Central au XVIIe congrès qui dresse le bilan de la lutte et des victoires historiques du parti et du peuple soviétique dans l’édification du socialisme. La doctrine léniniste sur la possibilité d’édifier la société socialiste dans un seul pays triomphait.
La victoire du socialisme en Union Soviétique fut consacrée par la nouvelle Constitution de l’U.R.S.S. dont le projet fut élaboré par une commission spéciale sous la présidence de Staline. En 1936, au VIIIe congrès extraordinaire des Soviets, Staline fait un discours sur le projet de la nouvelle constitution dans lequel il expose les principaux changements survenus dans le pays depuis l’adoption de la constitution de 1924 et les traits particuliers de la nouvelle constitution.
En 1938, Staline écrit « Le matérialisme dialectique et le matérialisme historique » (V.), partie intégrante du « Précis d’Histoire du Parti communiste (bolchevik) de l’U.R.S.S. », rédigé par une commission du Comité Central et approuvé par ce dernier.
Dans cet ouvrage, Staline explique et généralise la méthode dialectique marxiste et la théorie matérialiste, montre le lien interne entre la philosophie marxiste-léniniste et l’action pratique du parti. Il souligne que le matérialisme dialectique et le matérialisme historique constituent le fondement théorique du communisme, la conception du monde du parti marxiste-léniniste.
En 1939, se tient le XVIIIe congrès du parti. Dans le rapport du Comité Central, Staline expose le programme de lutte du parti et du peuple soviétique pour achever l’édification du socialisme et passer graduellement au communisme. Il développe la thèse léniniste sur la possibilité de l’édification du communisme en U.R.S.S.
Faisant le bilan de la longue expérience de l’édification de l’Etat soviétique, il analyse en détail les étapes de l’évolution de l’Etat socialiste, le changement de ses fonctions en liaison avec celui de la situation extérieure et intérieure, et souligne la nécessité de renforcer la puissance de l’Etat socialiste.
Le 20 décembre 1939, le Présidium du Soviet Suprême de l’U.R.S.S. décerne à Staline le titre de Héros du Travail Socialiste et l’ordre de Lénine à l’occasion de son soixantième anniversaire. Le 6 mai 1941, Staline est nommé président du Conseil des Commissaires du peuple de l’U.R.S.S. Pendant la Grande guerre nationale du peuple soviétique, il est président du Comité d’Etat de défense et Commissaire du peuple à la défense de l’U.R.S.S.
En août 1941, il devient Commandant suprême des Forces Armées de l’U.R.S.S. Sous la direction du parti communiste, l’Armée soviétique sauvegarda l’indépendance de l’Etat socialiste. Les glorieuses victoires du peuple soviétique pendant la Grande guerre nationale sont inséparables du nom de Staline.
Les discours et les ordres du jour de Staline pendant la guerre, réunis en volume sous le titre de « La Grande Guerre de l’Union Soviétique pour le salut de la Patrie », constituent un nouveau développement de la science militaire soviétique, la synthèse de l’expérience acquise par l’Etat socialiste pendant la guerre et indiquent la voie du renforcement de la puissance économique et militaire du pays des Soviets.
Staline a montré le rôle dirigeant du parti communiste et l’importance majeure du régime soviétique, de l’amitié des peuples de l’U.R.S.S., du patriotisme soviétique, de l’unité morale et politique des citoyens de l’U.R.S.S., de l’unité du front et de l’arrière dans la victoire sur les envahisseurs fascistes.
Pour ses mérites dans le triomphe sur l’ennemi, le Gouvernement soviétique a décerné à Staline l’ordre de Souvorov, deux ordres de la Victoire, le titre de Héros de l’Union Soviétique avec remise de l’ordre de Lénine et de la médaille l’ « Etoile d’or ». Le 27 juin 1945, Staline, Commandant suprême des Forces Armées de l’U.R.S.S., se voit attribuer le titre militaire de Généralissime de l’Union Soviétique.
Après la guerre, le peuple soviétique poursuit son labeur pour achever l’édification du socialisme et pour passer graduellement à la société communiste. Le 9 février 1946, dans son discours devant les électeurs, Staline trace le programme élaboré par le parti communiste, programme d’édification pacifique.
En 1949, à l’occasion du 70e anniversaire de Staline, fut institué le Prix international Staline « Pour la consolidation de la paix entre les peuples ». Staline fut un combattant inlassable pour la paix et pour la coopération entre les peuples. Il fut un artisan illustre du grand mouvement de toute l’humanité progressiste pour le maintien de la paix.
L’immense activité politique de Staline ne l’empêchait pas d’enrichir continuellement la théorie marxiste-léniniste. En 1950, il participe à la discussion sur les problèmes de linguistique ; dans son ouvrage « Le marxisme et les questions de linguistique » (V.), il développe les thèses fondamentales du marxisme-léninisme sur la base et la superstructure, la langue et les perspectives d’évolution nationale.
Staline a souligné le caractère vivant du marxisme en tant que science, son hostilité à tout dogmatisme et a montré que la science ne pouvait progresser que par la lutte des idées et par la libre critique. Dans « Les problèmes économiques du socialisme en U.R.S.S. » (V.), parus en 1952, fort des œuvres de Marx, Engels et Lénine, créateurs d’une économie politique véritablement scientifique, il formule plusieurs thèses nouvelles dans ce domaine.
En 1952 se tient le XIXe congrès du Parti qui a tracé le programme scientifique de l’édification communiste en U.R.S.S. et de la lutte pour le renforcement de la paix dans le monde entier. Dans son discours, Staline note le rôle immense du Parti communiste de l’U.R.S.S. dans le mouvement ouvrier et révolutionnaire du monde entier, analyse les conditions dans lesquelles agissent les partis ouvriers et communistes dans les pays du capital, montre les perspectives de leur lutte et de leurs victoires.
Jusqu’à la fin de sa vie, Staline occupa le poste de Président du Conseil des Ministres de l’U.R.S.S. et celui de Secrétaire du Comité Central du Parti communiste de l’Union Soviétique. Le 5 mars 1953, à 9 heures 50 du soir, après une grave maladie, Staline mourut. La mort de Staline fut une perte cruelle pour le parti, pour les travailleurs du pays des Soviets.
Le peuple soviétique resserra ses rangs autour du Parti communiste, de son Comité Central et du Gouvernement de l’U.R.S.S.
Etroitement uni au peuple, le parti communiste, fort de la grande doctrine de Marx-Engels-Lénine-Staline, conduit avec assurance le pays des Soviets vers de nouvelles victoires du communisme.