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Merveille des merveilles, Zdravitsa est une splendeur musicale, une expression parmi les plus hautes de la culture humaine, un produit exemplaire de la culture musicale soviétique. On y retrouve la combinaison d’une haute complexité et d’une exigence de simplicité, l’esprit résolument enthousiaste populaire et le raffinement d’un haut niveau de culture.
Le grand pianiste soviétique d’Ukraine Sviatoslav Richter, une figure majeure de cet instrument au 20e siècle, parle de cette cantate comme « une sorte de révélation, pas une composition ».
L’œuvre fut jouée la première fois le 21 décembre 1939, sous la direction de Nikolai Golovanov, à l’occasion du 60e anniversaire de Staline. C’est précisément son contenu ; Zdravitsa signifie « santé ! » lors d’un toast porté à quelqu’un.
Sergueï Prokofiev a ici synthétisé la salutation populaire à Staline en 13 minutes, avec un élan et une créativité à la fois éloquente et magistrale. On est dans l’esprit d’une phrase prononcé par Staline en 1935 lors d’un discours prononcé à la première conférence des stakhanovistes de l’URSS :
« La vie maintenant est meilleure, camarades. La vie est devenue plus joyeuse. »
Cette phrase est devenue le symbole de l’époque d’alors et les paroles sont tirées d’une liste de plusieurs centaines de poèmes, chansons et histoires russes, ukrainiens, kurdes, maris, mordves, qumïqs, publiés à l’occasion du 20e anniversaire d’Octobre 1917, sous le titre Tvorchestvo narodov SSSR (Productions des peuples d’URSS).
Pour comprendre leur signification, il faut saisir le sens de cette anecdote. Vassili, l’un des enfants de Staline, était très turbulent et avait cherché à invoquer son père à la suite de reproches faits par des professeurs. La réaction de son père fut la suivante : « Je ne suis pas Staline ! Staline est le pouvoir soviétique ! ».
Les paroles de l’oeuvre de Prokofiev correspondent à l’allégorie du pouvoir soviétique, concrètement possédant un dirigeant à la tête du Parti. Jamais les aspects personnels de Staline, les aspects individuels, ne sont pris en compte.
Voici l’œuvre jouée en 2003 en Russie sous la direction de Valery Polikansky. En cliquant sur l’option on a les sous-titres en anglais, ce qui permet de suivre le mouvement de la chanson (en bas à droite, l’icone la plus à gauche). Les paroles en français sont disponibles sous la vidéo.
I
Jamais il n’y a eu
Un champ si fertile
Il n’y a jamais eu une telle joie –
Le village entier en est plein.
Nos vies n’ont été
jamais si joyeuse,
notre seigle jamais auparavant n’avait
autant fleuri.
Le soleil brille sur la Terre.
Pour nous d’une manière différente :
Il semble avoir visité
Staline au Kremlin. [partie venant d’Ukraine]
Je chante, alors que j’allaite mon enfant
Dans mes bras:
« Tu vas grandir comme une tige de blé,
Entouré de bleuets.
Staline sera le premier mot apparu
Sur tes lèvres.
Tu comprendras
L’origine de cette lumière éclatante.
Tu dessineras, dans ton carnet
Une portrait de Staline.
Oh, le cerisier du jardin reflète la lumière
Comme un brouillard blanc.
Ma vie s’est épanouie maintenant
Comme la fleur de cerisier au printemps !
Oh, le soleil brille et danse
Dans les somptueuses gouttes de rosée.
C’est Staline qui nous a amenés
Cette lumière, cette chaleur et ce soleil.
Tu comprendras, mon chéri,
Que cette chaleur
T’a atteinte
À travers les collines et les montagnes. »
Oh, le cerisier du jardin reflète la lumière
Comme un brouillard blanc.
Notre vie a fleuri, maintenant,
comme la cerise au Printemps ! [partie venant d’un village mordve]
II
Si ma jeunesse venait à revenir,
Si seulement la rivière Kokshaga remontait soudainement vers le nord,
Si mes yeux étincelaient,
Comme ils le faisaient quand j’avais dix-sept ans,
Si mes joues devenaient roses, comme une pomme mûre,
J’irais à Moscou, la grande ville
Et je remercierai
Joseph Staline. [partie écrite par une kolkhozienne mari, Marfa Osipova]
III
Il voit et entend tout,
La manière dont le peuple vit,
La manière dont le peuple vit et travaille,
Et il récompense tout le monde,
Pour ses efforts.
Il invite chacun,
À le voir à Moscou.
Il les accueille avec bienveillance,
Il parle à chacun joyeusement et gentiment !
Il voit et entend tout,
La manière dont le peuple vit,
La manière dont le peuple vit et travaille,
Il conduit ses invités
et les amène à une pièce étincelante.
Il offre à tous de s’asseoir aux tables en chêne,
Et leur demande au sujet de tout.
Il les interroge et se renseigne :
Dans quelles conditions travaillent-ils ? De quoi ont-ils besoin ?
Comment le peuple travaille-t-il ? De quoi a-t-il besoin ?
Et il leur donner de sages conseils.
Il voit et entend tout,
La manière dont le peuple vit,
La manière dont le peuple vit et travaille,
Et il récompense tout le monde,
Pour ses efforts.
Il invite chacun,
À le voir à Moscou.
Il les accueille joyeusement,
Ils les accueille avec une grande bienveillance,
Et il leur donner de sages conseils. [écrit à Archangelsk]
Ah, hier, nous avons chanté des chansons
Et festoyé !
Mais cela n’était pas une fête
Pour la tresse châtain,
Nous ne marions pas Aksinia –
Nous envoyions Aksinia
Aller rendre visite à Staline.
Nous l’avons vue se mettre se en route
Pour la capitale, pour Moscou,
Et nous l’avons parée
Telle une jeune mariée.
La ravissante Aksinia
a passé les portes du village :
Elle était jolie à voir et jolie
Dans ses nouvelles et solides bottes !
Nous l’avons escorté jusqu’au bout
de notre village.
Et avec elle nous envoyons
Notre salutation à Staline. [partie biélorusse]
Il voit et entend tout,
La manière dont le peuple vit,
La manière dont le peuple vit et travaille,
Et il récompense tout le monde,
Pour ses efforts.
Il invite chacun,
À le voir à Moscou.
Il les accueille joyeusement,
Ils les accueille avec une grande bienveillance,
Et il leur donner de sages conseils. [écrit à Archangelsk]
IV
Ô Staline, tu as fait face à tellement d’injustices,
Et tu as tellement accepté de souffrances
Pour la cause du peuple.
Pour avoir protesté le Tsar nous a écrasé,
Il a laissé les femmes sans plus d’hommes,
Tu as ouvert de nouvelles voies pour nous,
Nous sommes heureux de te suivre.
Ton horizon est notre horizon, chef de la nation !
Tes pensées sont nos pensées : indivisibles !
Tu es la bannière flottant sur notre grande forteresse !
Tu es la flamme qui fait bouillir notre sang et notre esprit !
Staline !
Staline !