REVOLUTION SOCIALE. Etape d’une importance capitale dans le développement social, transformation radicale de la vie de la société, renversement par la violence d’un régime social périmé et instauration d’un régime social nouveau, progressiste.

A la différence des théoriciens de la bourgeoisie libérale et des opportunistes, qui envisagent les révolutions sociales comme un événement fortuit ou une « anomalie », le marxisme-léninisme a montré que les révolutions résultent nécessairement du développement des sociétés divisées en classes antagonistes.

Elles achèvent le processus de l’évolution, de la maturation graduelle, — au sein du vieux régime social, — des conditions d’un régime social nouveau, elles achèvent le processus de l’accumulation graduelle des contradictions entre le nouveau et l’ancien.

« A un certain stade de leur développement, les forces productives matérielles de la société entrent en contradiction avec les rapports de production existants, ou, ce qui n’en est que l’expression juridique, avec les rapports de propriété au sein desquels elles s’étaient mues jusqu’alors. De formes de développement des forces productives qu’ils étaient, ces rapports en deviennent des entraves. Alors s’ouvre une époque de révolutions sociales » (Marx-Engels : Etudes philosophiques, P. 1935, p. 83).

Les révolutions éliminent la contradiction entre les forces productives nouvelles et les vieux rapports de production, elles brisent par la violence les rapports de production surannés et donnent le champ libre au développement des forces productives.

Dans les sociétés divisées en classes, les révolutions rendent possible la réalisation des exigences de la loi de correspondance nécessaire entre les rapports de production et le caractère des forces productives (V.). Pour que cette loi puisse se frayer passage, il faut surmonter la résistance acharnée des forces sociales surannées.

Dans la société de classe, les vieux rapports de production sont maintenus par les classes gouvernantes conservatrices qui ne veulent pas quitter la scène, se servent du pouvoir politique pour défendre l’ordre existant et freinent ainsi le développement des forces productives de la société.

C’est pourquoi, pour frayer la voie au développement social, les classes avancées doivent renverser le régime politique existant.

La question essentielle de toute révolution, c’est la question du pouvoir politique. Le passage du pouvoir de la classe réactionnaire dominante, qui freine le développement de la société, à la classe révolutionnaire, s’effectue par une lutte de classe acharnée.

La révolution est la forme suprême de la lutte des classes. Au cours des périodes révolutionnaires, le processus spontané du développement delà société cède la place à l’activité consciente des hommes, la révolution violente se substitue à l’évolution pacifique.

Les masses qui auparavant se tenaient à l’écart de la vie politique, entrent alors par millions dans la lutte consciente. C’est pourquoi les époques de révolution accélèrent toujours prodigieusement le développement social. Les révolutions, disait Marx, sont les locomotives de l’histoire.

Il ne faut pas confondre les révolutions sociales avec les « révolutions de palais », les coups d’Etat, etc. Ces derniers ne sont qu’un changement violent de l’équipe gouvernementale, qu’un remplacement, au pouvoir, de personnes ou groupes appartenant à une même classe, alors que le trait essentiel d’une révolution sociale, c’est une transformation totale du régime, c’est le passage du pouvoir d’une classe à une autre.

Cependant, on ne peut appeler révolution tout renversement violent d’une classe par une autre. Si la classe réactionnaire provoque une insurrection contre la classe progressiste, si la classe réactionnaire s’empare à nouveau du pouvoir, ce n’est plus une révolution, mais une contre-révolution.

La révolution, c’est l’arrivée au pouvoir de la classe avancée, progressiste, qui ouvre la voie à un nouveau développement de la société.

Le caractère de la révolution est déterminé par les tâches sociales qu’elle réalise. Ainsi, la Révolution française de 1789 avait eu pour tâche de détruire le régime féodal qui freinait le développement des forces productives et empêchait qu’on ouvre la voie au développement, sur la base de ces forces productives, des rapports de production capitalistes.

C’était une révolution bourgeoise comme le furent aussi les révolutions de 1848-1849 dans toute une série de pays d’Europe. La révolution de 1905-1907 et la révolution de Février 1917 en Russie se posaient les mêmes tâches. Leur but était d’anéantir l’autocratie qui avait fait son temps, de liquider les vestiges du féodalisme dans l’économie et d’ouvrir ainsi la voie au progrès économique et politique du pays.

Mais ces révolutions qui ont eu lieu au stade impérialiste du capitalisme, se distinguent notablement des anciennes révolutions bourgeoises. Analysant les conditions nouvelles dans lesquelles s’est déroulée la révolution russe démocratique bourgeoise, Lénine a donné une nouvelle orientation au parti marxiste pour la tactique à suivre dans cette révolution.

Il a montré qu’à la différence des anciennes révolutions bourgeoises, dont la force dirigeante était la bourgeoisie, c’est le prolétariat qui exerce l’hégémonie dans la révolution démocratique bourgeoise. Il la réalise en pratiquant une politique d’alliance avec la paysannerie et d’isolement de la bourgeoisie libérale.

Par sa théorie de la transformation de la révolution démocratique bourgeoise en révolution socialiste, Lénine a donné une solution nouvelle au problème des rapports entre ces deux révolutions à l’étape historique contemporaine.

La révolution prolétarienne socialiste se distingue essentiellement de toutes les révolutions précédentes. C’est la plus grande des révolutions que l’histoire ait connues, car elle apporte les changements les plus profonds dans la vie des peuples.

Toutes les révolutions antérieures furent, selon l’expression de Staline, des révolutions unilatérales, elles aboutissaient à la substitution d’une forme d’exploitation à une autre. Seule la révolution prolétarienne, qui établit la dictature du prolétariat, classe la plus révolutionnaire dans l’histoire de l’humanité, est en mesure de supprimer toute exploitation de l’homme par l’homme.

La Grande Révolution socialiste d’Octobre (V.) est un exemple de révolution prolétarienne.

La révolution sociale, qui est un profond bouleversement du développement social, ne peut être accomplie à n’importe quel moment, au gré de tel ou tel groupe de révolutionnaires. Il lui faut des conditions objectives déterminées, dont l’ensemble forme ce que Lénine a appelé une situation révolutionnaire.

« La loi fondamentale de la révolution, confirmée par toutes les révolutions et notamment par les trois révolutions russes du XXe siècle, la voici: pour que la révolution ait lieu, il ne suffit pas que les masses exploitées et opprimées prennent conscience de l’impossibilité de vivre comme autrefois et réclament des changements. Pour que la révolution ait lieu, il faut que les exploiteurs ne puissent pas vivre et gouverner comme autrefois. C’est seulement lorsque « ceux d’en bas » ne veulent plus et que « ceux d’en haut » ne peuvent plus continuer de vivre à l’ancienne manière, c’est alors seulement que la révolution peut triompher. Cette vérité s’exprime autrement en ces termes : la révolution est impossible sans une crise nationale (affectant exploités et exploiteurs) » (Lénine : « La maladie infantile du communisme (le « gauchisme ») », M. 1954, pp. 77-78).

Mais pour que triomphe la révolution prolétarienne, il ne suffit pas seulement d’avoir une situation révolutionnaire. Il faut que s’ajoutent aux conditions objectives de la révolution les conditions subjectives : que la classe révolutionnaire soit capable d’une lutte hardie et pleine d’abnégation, qu’il y ait un parti révolutionnaire trempé dans les combats, exerçant une direction politique, stratégique et tactique judicieuse. (V. également Révolution socialiste, prolétarienne.)

REVOLUTION SOCIALISTE, PROLETARIENNE. Renversement violent de la dictature de la bourgeoisie et établissement de la dictature du prolétariat en vue de supprimer le mode de production capitaliste et d’organiser le mode de production socialiste. La Grande Révolution socialiste d’Octobre est un exemple classique de révolution prolétarienne.

J. Staline, dans son ouvrage « Questions du léninisme », a montré les traits caractéristiques de la révolution prolétarienne, qui la distinguent de la révolution bourgeoise :

« 1° La révolution bourgeoise commence ordinairement lorsque les formes du régime capitaliste, qui ont grandi et mûri au sein de la société féodale dès avant la révolution ouvertement déclenchée, sont déjà plus ou moins prêtes, tandis que la révolution prolétarienne commence alors que les formes toutes prêtes du régime socialiste font complètement ou à peu près complètement défaut.

2° La tâche fondamentale de la révolution bourgeoise consiste à s’emparer du pouvoir et à le faire concorder avec l’économie bourgeoise existante, tandis que la tâche fondamentale de la révolution prolétarienne consiste, après s’être emparé du pouvoir, à édifier une économie nouvelle, socialiste.

3° La révolution bourgeoise se termine ordinairement par la prise du pouvoir, tandis que pour la révolution prolétarienne la prise du pouvoir n’en est que le commencement, ce pouvoir étant utilisé comme levier pour la refonte de la vieille économie et l’organisation de la nouvelle.

4° La révolution bourgeoise se borne à remplacer au pouvoir un groupe d’exploiteurs par un autre groupe d’exploiteurs ; aussi n’a-t-elle pas besoin de briser la vieille machine d’Etat ; tandis que la révolution prolétarienne écarte du pouvoir tous les groupes d’exploiteurs, quels qu’ils soient, et porte au pouvoir le chef de tous les travailleurs et exploités, la classe des prolétaires ; aussi ne peut-elle se passer de briser la vieille machine d’Etat et de la remplacer par une nouvelle.

5° La révolution bourgeoise ne peut rallier autour de la bourgeoisie, pour une période de temps quelque peu durable, les millions de travailleurs et d’exploités, précisément parce qu’ils sont des travailleurs et des exploités ; tandis que la révolution prolétarienne peut et doit les souder au prolétariat dans une alliance durable, précisément en tant que travailleurs et exploités, si elle veut remplir sa tâche fondamentale, qui est de consolider le pouvoir du prolétariat et d’édifier une économie nouvelle, socialiste » (« Des principes du léninisme ; Questions du léninisme », M. 1954, pp. 118-119).

Sur la base d’une analyse scientifique profonde des lois du développement du capitalisme, le marxisme en a conclu à l’inéluctabilité de la révolution prolétarienne. L’histoire nous montre que jamais les classes déclinantes n’ont de leur plein gré quitté la scène et cédé le pouvoir à d’autres classes.

Les fondateurs du marxisme ont défini les tâches du prolétariat dans la révolution socialiste, démontré la nécessité de briser la machine d’Etat bourgeoise et d’établir la dictature du prolétariat.

Dans les années quarante du siècle dernier, partant des conditions du capitalisme prémonopoliste, où le capitalisme se développait d’une façon plus ou moins uniforme en suivant une ligne ascendante, Marx et Engels pensaient que la victoire de la révolution prolétarienne n’était possible que si le prolétariat de tous les pays avancés, ou tout au moins de la majorité des pays civilisés, se soulève en même temps.

Ils estimaient impossible la victoire de la révolution prolétarienne dans un seul pays pris à part. Et pour l’époque du capitalisme prémonopoliste, c’était juste.

Développant le marxisme, Lénine, en 1915 et 1916, dans ses ouvrages « Du mot d’ordre des Etats-Unis d’Europe » et « Le programme militaire de la révolution prolétarienne », a formulé sa théorie géniale de la révolution socialiste, affirmant que la victoire du socialisme est possible au début dans quelques pays capitalistes ou même dans un seul pays pris à part, et que la victoire simultanée du socialisme dans tous les pays est impossible, en raison de l’inégalité de leur développement économique et politique à l’époque de l’impérialisme.

Lénine a élaboré cette théorie en se fondant sur l’analyse scientifique de l’impérialisme, nouveau stade du développement du capitalisme.

Dès l’époque de la première révolution russe de 1905, dans son ouvrage « Deux tactiques de la social-démocratie dans la révolution démocratique » (V.), Lénine avait mis en lumière les particularités de la révolution démocratique bourgeoise à l’époque de l’impérialisme, en avançant sa théorie de la transformation de la révolution démocratique bourgeoise en révolution socialiste.

Dès lors, Lénine avait posé les fondements de sa nouvelle doctrine delà révolution socialiste.

« D’après cette théorie, l’hégémonie du prolétariat dans la révolution bourgeoise, — le prolétariat étant en alliance avec la paysannerie, — devait se transformer en hégémonie du prolétariat dans la révolution socialiste, le prolétariat étant en alliance avec autres masses de travailleurs et d’exploités ; et la dictature démocratique du prolétariat et de la paysannerie devait préparer le terrain pour la dictature socialiste du prolétariat » (« Précis 237 d’Histoire du P.C.(b) de l’U.R.S.S. »).

Dans cette nouvelle théorie de la révolution socialiste, formulée par Lénine en 1905, il n’y avait pas encore de conclusion directe sur la possibilité de la victoire du socialisme dans un seul pays pris à part pour commencer. Mais, comme l’indique le « Précis d’Histoire du P.C.(b) de l’U.R.S.S. », elle contenait tous les principaux éléments nécessaires ou presque, pour en venir à la conclusion que Lénine a tirée en 1915.

A l’époque de l’impérialisme, les contradictions propres au capitalisme s’accentuent de plus en plus ; l’accroissement de l’oppression dans les pays capitalistes aggrave dans ces pays la crise révolutionnaire, renforce la contradiction entre le travail et le capital ; les contradictions s’exacerbent entre les pays impérialistes et les colonies ; l’inégalité de plus en plus marquée du développement économique et politique dans les conditions de l’impérialisme approfondit les contradictions entre les pays impérialistes, ce qui est à l’origine des guerres pour les débouchés, pour les sources de matières premières, pour le repartage du monde.

Ces guerres affaiblissent les forces de l’impérialisme et rendent possible la rupture du front impérialiste en son point le plus faible.

Lénine a posé d’une façon nouvelle la question du mouvement de libération nationale dans les pays coloniaux et dépendants en tant que réserve de la révolution prolétarienne ; il a montré que la fusion de la révolution prolétarienne dans les pays capitalistes et du mouvement de libération nationale dans les pays coloniaux et dépendants en un front révolutionnaire unique contre l’impérialisme, était non seulement possible, mais inévitable.

La Grande Révolution socialiste d’Octobre a pleinement confirmé la nouvelle théorie de la révolution socialiste formulée par Lénine.

Staline et d’autres disciples de Lénine ont développé et enrichi la doctrine marxiste-léniniste de la révolution prolétarienne dans les conditions nouvelles, celles de la lutte pour la victoire du socialisme en U.R.S.S. et de l’accentuation toujours plus marquée des contradictions de l’impérialisme.

Le parti communiste a dénoncé les thèses contre-révolutionnaires des ennemis du socialisme, selon lesquelles la victoire du socialisme en U.R.S.S. serait impossible.

La doctrine marxiste-léniniste de la révolution prolétarienne, de la stratégie et de la tactique du parti communiste dans la révolution, est aux mains des partis communistes en lutte pour le socialisme dans le monde entier, une arme théorique des plus acérées.

La révolution prolétarienne qui a triomphé en U.R.S.S. a été la première révolution socialiste. Après la deuxième guerre mondiale, plusieurs pays se sont détachés du système impérialiste, et grâce à la victoire sur l’Allemagne fasciste et le Japon impérialiste, victoire dans laquelle l’U.R.S.S. a joué un rôle décisif, grâce à la lutte libératrice de leurs peuples, ces pays sont entrés dans la voie de la démocratie populaire (V.) et de l’édification du socialisme.

Le peuple chinois a remporté une grande victoire sur les forces intérieures de la contre-révolution et sur les impérialistes étrangers. L’expérience de l’Union Soviétique, les succès du socialisme animent les peuples du monde entier dans la lutte pour la paix, la démocratie et le socialisme.


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