REFORMISME. Courant politique dans le mouvement ouvrier, hostile au marxisme révolutionnaire et aux intérêts vitaux du prolétariat, qui substitue à la lutte de classe contre le capitalisme, à la lutte pour la dictature du prolétariat (V.) et la victoire du socialisme, la lutte pour de menues réformes qui n’affectent pas les fondements du régime d’exploitation bourgeois.
Le réformisme est né dans le dernier quart du XIXe siècle. Sa base sociale est la couche supérieure de la classe ouvrière, corrompue par les capitalistes, l’« aristocratie ouvrière ».
Le réformisme, l’opportunisme, disait Lénine, « a été engendré, durant des dizaines d’années par les particularités de l’époque de développement du capitalisme, où l’existence d’une couche relativement pacifique et confortable d’ouvriers privilégiés les « embourgeoisait », leur donnait des bribes des bénéfices de leur capital national, les isolait de la détresse, des souffrances et des tendances révolutionnaires de la masse miséreuse que l’on ruinait » (« La faillite de la IIe Internationale », M. 1954, p. 47).
C’est Bernstein (V.), social-démocrate allemand, qui a inauguré le réformisme et l’opportunisme dans le mouvement ouvrier. Mais le réformisme est un phénomène international.
Les bernsteiniens et les kautskistes en Allemagne, les « économistes » et les menchéviks en Russie, les « austro-marxistes » en Autriche, les travaillistes en Grande-Bretagne et les socialistes de droite en France, etc., tous sont des représentants du réformisme, des agents de la bourgeoisie dans le mouvement ouvrier.
Le but principal du réformisme, c’est de duper les ouvriers, de les détourner d’une lutte prolétarienne conséquente, de concilier les intérêts de la classe ouvrière avec ceux des capitalistes.
Les partis de la IIe Internationale se sont transformés en partis réformistes pratiquant une politique bourgeoise dans le mouvement ouvrier. Actuellement, ce sont les socialistes de droite qui représentent le courant réformiste.
Le principal dans le réformisme et l’opportunisme, c’est l’idée de la collaboration des classes, de l’« harmonie » de leurs intérêts.
A la théorie marxiste-léniniste de la lutte de classe, qui montre au prolétariat la seule voie juste à suivre pour supprimer l’esclavage capitaliste et faire triompher le socialisme, les réformistes opposent l’idée d’une conciliation entre la classe ouvrière et la bourgeoisie.
De là leur opposition à la dictature du prolétariat, sans laquelle le passage au socialisme est impossible. Les réformistes s’attachent à convaincre les ouvriers que pour passer au socialisme (qu’ils reconnaissent en paroles afin de tromper les ouvriers, bien qu’ils en soient les pires ennemis), il n’est pas nécessaire de détruire les bases du capitalisme, d’anéantir l’Etat bourgeois et ses organes de contrainte, de déposséder la bourgeoisie des moyens de production.
Les réformistes prêchent le passage pacifique du capitalisme au socialisme par l’activité parlementaire, la création de coopératives, etc. Telles sont la théorie et la pratique du « socialisme démocratique », la théorie de la « troisième force ».
Le marxisme-léninisme a mis en lumière la nature bourgeoise des théories réformistes. Le marxisme-léninisme ne nie pas que le parti prolétarien doive lutter pour les réformes, afin d’améliorer la situation économique, politique et culturelle des ouvriers sous le capitalisme, mais il envisage les réformes comme un produit secondaire de la lutte de classe dont le but est la suppression révolutionnaire du capitalisme.
A l’aide de réformes on peut aboutir à des améliorations partielles, mais non détruire la domination du capital.
Dans leur lutte contre le principe révolutionnaire du marxisme, contre ce qu’il renferme de plus important, la doctrine de la dictature du prolétariat, les réformistes ont révisé également ses principes philosophiques, lui substituant le machisme, le néo-kantisme (V.) et autres théories bourgeoises.
Les révisionnistes remplaçaient la dialectique révolutionnaire par un évolutionnisme vulgaire pour qui le mouvement est un simple processus de croissance, un développement quantitatif lent et graduel.
Après les révisionnistes kantiens, Bernstein et autres, sont apparus des révisionnistes de la variété machiste : F. Adler, en Autriche ; Bogdanov (V.), Lounatcharski, Iouchkévitch, etc., en Russie.
Les révisionnistes machistes cherchaient à substituer au matérialisme dialectique et au matérialisme historique la philosophie machiste réactionnaire. Kautsky (V.) et les autres théoriciens de la Ile Internationale furent en philosophie des révisionnistes typiques.
Leur révisionnisme philosophique fut l’expression théorique de leur opportunisme politique et de leur trahison de la révolution prolétarienne.
Tous les révisionnistes se sont attachés à démontrer que le socialisme scientifique peut s’accommoder de la philosophie idéaliste. Ceci dans le but de désarmer théoriquement le prolétariat et son parti, et les livrer à la merci de l’idéologie bourgeoise.
Les représentants actuels du réformisme dans le mouvement ouvrier, les leaders des socialistes de droite, ont rejeté définitivement le masque de partisans de la philosophie marxiste et prêchent ouvertement des idées réactionnaires.
Seul le parti communiste avec Lénine, son grand fondateur et son chef, s’est prononcé contre la révision des principes philosophiques et scientifiques du marxisme ; il a pris la défense du matérialisme dialectique et historique, et l’a développé dans une époque historique nouvelle. La lutte contre le réformisme et l’opportunisme est la loi du développement d’un parti prolétarien véritable.
Le parti se renforce par le fait qu’il débarrasse ses rangs des opportunistes et des réformistes. Une des causes principales du développement victorieux du Parti communiste de l’Union Soviétique, qui a su prendre la tête de la classe ouvrière et des masses populaires en Russie, et réaliser les grands idéaux socialistes, c’est sa lutte implacable contre le réformisme et l’opportunisme au sein du parti, contre les menchéviks, les liquidateurs, les trotskistes, les zinoviévistes, les boukhariniens et autres ennemis du marxisme.
Les contradictions du capitalisme actuel qui s’accentuent et les victoires du socialisme en U.R.S.S., l’édification socialiste dans les pays de démocratie populaire, les succès remportés par les partis communistes dans les pays du capital, rétrécissent la base des réformistes d’aujourd’hui, les font apparaître comme des ennemis du socialisme.
Poursuivre la lutte engagée contre eux demeure l’une des tâches principales des partis communistes et ouvriers.
RELATIVISME. Doctrine idéaliste selon laquelle la connaissance humaine est relative, conventionnelle, subjective, et de ce fait, incapable de refléter le monde objectif. Pris comme base de la théorie de la connaissance, le relativisme aboutit fatalement au scepticisme (V.), à l’agnosticisme (V.), à la sophistique (V.), à l’idéalisme subjectif.
L’idéalisme « physique » (V.) prend sa source dans le relativisme. Le matérialisme dialectique reconnaît la relativité de la connaissance non parce qu’il nie la vérité objective mais parce qu’à chacune de ses étapes historiques la connaissance est limitée par le degré donné du développement des forces productives et de la science.
« La dialectique matérialiste de Marx et d’Engels inclut sans contredit le relativisme, mais ne s’y réduit pas ; c’est-à-dire qu’elle admet la relativité de toutes nos connaissances non point au sens de la négation de la vérité objective, mais au sens de la relativité historique des limites de l’approximation de nos connaissances par rapport à cette vérité » (Lénine : « Matérialisme et empiriocriticisme », M. 1952, p. 149).
La philosophie bourgeoise contemporaine use largement du relativisme comme d’un moyen de lutte contre la science, contre le matérialisme, pour implanter les préjugés religieux et idéalistes les plus absurdes (V. également Vérité absolue et vérité relative.)
RELIGION. Reflet aberrant, fantastique, dans la tête des hommes, des forces naturelles et sociales qui les dominent, « une des variétés de l’oppression spirituelle qui pèse toujours et partout sur les masses populaires, accablées par un travail perpétuel pour les autres, par la misère et leur état d’isolement » (Lénine : « Socialisme et religion », M. 1952, p. 5).
Les traits essentiels de toute religion sont la foi en des forces surnaturelles qui dirigeraient le monde, et le culte de ces forces. La religion et la philosophie idéaliste ont des traits communs et les mêmes origines gnoséologiques, elles détachent de la nature les concepts et les idées, elles personnifient et spiritualisent les forces de la nature.
L’idéalisme philosophique est une forme et un moyen de défense de la religion. Loin d’être éternelles, les croyances religieuses, ainsi que le culte et les institutions (l’Eglise et autres) qui leur correspondent, naissent et subsistent dans des conditions historiques déterminées.
Pendant une période fort longue, les hommes ne connaissaient aucune religion. L’apparition des croyances religieuses dans la société primitive devint possible avec le développement de la pensée et du langage articulé. La religion reflétait l’impuissance de l’homme primitif devant les phénomènes de la nature, redoutables et incompréhensibles pour lui.
Cette impuissance engendrait dans la tête de l’homme primitif des idées sur l’existence, dans le monde environnant, d’êtres particuliers, surnaturels, capables d’aider les hommes ou de les frapper de calamités.
Après avoir personnifié les objets de la nature et les avoir doués d’une force surnaturelle, le sauvage tenta d’agir sur eux par la magie, par des incantations et des rites. Il y a des éléments de magie dans toutes les religions modernes. Dans la société de classes, les croyances religieuses ont essentiellement des origines de classe.
L’impuissance des hommes devant les processus spontanés du développement de la société où règne l’exploitation, engendre inévitablement la croyance aux miracles, en une vie meilleure dans l’au-delà.
« L’oppression sociale des masses travailleuses, leur apparente impuissance totale devant les forces aveugles du capitalisme qui cause, chaque jour et à toute heure, mille fois plus de souffrances horribles, de plus cruels tourments aux travailleurs du rang que les événements exceptionnels tels que guerres, tremblements de terre, etc., c’est là qu’il faut rechercher aujourd’hui les racines les plus profondes de la religion » (Lénine : « Marx-Engels-marxisme », M. 1954, p. 297).
Face aux calamités et aux tourments que leur apporte un régime social d’exploitation, les hommes cherchent le salut dans les fables absurdes sur Dieu, le paradis, le royaume céleste, que répandent le clergé et les sectes religieuses.
Etant un des éléments de la superstructure, la religion joue un rôle actif dans la consolidation de la base économique correspondante, du régime fondé sur l’asservissement et l’exploitation de l’homme par l’homme.
La religion a toujours joué un rôle réactionnaire : elle consacre l’impuissance des hommes devant la nature, sert d’instrument pour opprimer les travailleurs.
Prêchant la soumission et la résignation, le renoncement à la lutte pour la transformation du monde, pour le socialisme, au nom d’une récompense après la mort, « dans l’autre monde », la religion concourt au renforcement de la domination de la bourgeoisie.
La religion, c’est l’opium du peuple, dit Marx.
Cherchant à convaincre les hommes que tout se passe dans la nature et dans la société par la volonté des dieux, rejetant les lois objectives qui régissent les phénomènes, niant la possibilité de connaître le monde, la religion empêche les hommes de pénétrer les lois de la nature et de la société, et de les utiliser dans leurs intérêts.
Elle a été et reste l’ennemie du progrès.
Le socialisme détruit les causes matérielles qui entretiennent les croyances religieuses. Avec la disparition du régime social basé sur l’exploitation de l’homme par l’homme, disparaissent les conditions qui engendrent la religion.
Mais on ne peut éliminer d’emblée les préjugés religieux dans la conscience, dont l’évolution retarde sur celle des conditions matérielles de la vie. C’est pourquoi les préjugés religieux persistent, en tant que vestiges du passé, dans la conscience des individus arriérés, même après l’anéantissement du capitalisme.
On peut les surmonter, et on les surmonte effectivement, peu à peu, par l’éducation communiste, par la participation active des grandes masses à l’édification de la société communiste. En U.R.S.S. et dans les pays de démocratie populaire a été réalisée une liberté de conscience véritable.
Dès 1918, en Union Soviétique, l’Eglise a été séparée de l’Etat, et l’école de l’Eglise. Chaque citoyen peut être croyant ou non, c’est l’affaire de sa conscience.
Mais le parti communiste, détachement d’avant-garde des travailleurs, qui lutte pour les délivrer de toute oppression, ne peut se montrer neutre à l’égard de la religion, caria religion est une forme d’oppression spirituelle.
Par toute son activité, le parti communiste aide les travailleurs à s’affranchir des superstitions, à acquérir une conception du monde scientifique. La propagande de la doctrine marxiste-léniniste, les activités culturelles, la large diffusion des connaissances politiques et scientifiques contribuent au plus haut point à vaincre les préjugés religieux.
Dans ses articles « Socialisme et religion », « De l’attitude du parti ouvrier à l’égard de la religion », etc., Lénine projette une vive lumière sur la question de la religion et de l’attitude du parti prolétarien à son égard.
REPOS. V. Mouvement.