Accueil → Analyse → Culture → Rubriques du Petit dictionnaire philosophique de l'URSS (1955)
RACE. Groupements biologiques d’hommes qui se sont constitués à une période très ancienne de l’évolution de l’humanité.
Les races se distinguent par la couleur de la peau, les traits de la face, la conformation du corps, la forme et la couleur des cheveux, etc. Ainsi, les caractères distinctifs de la race noire (Nègres) sont : peau foncée, cheveux crépus : de la race jaune (Chinois, Japonais, Mongols, Bouriates et autres) : peau jaunâtre, cheveux noirs et plats ; de la race blanche peau claire.
Les races se sont formées sous l’influence des conditions naturelles, de l’isolement des hommes primitifs et de l’absence des communications développées entre eux. Les distinctions raciales ne sont qu’un facteur secondaire à côté du facteur principal, incontestablement établi par la science : l’unité biologique de l’humanité.
Ces distinctions n’exercent aucune influence sur la vie sociale et disparaissent, une fois liquidé l’isolement des groupes vivant dans des conditions géographiques différentes.
Aux degrés supérieurs du développement de la société, à l’isolement primitif se substituent l’influence réciproque et le mélange des races. Les races pures finissent par disparaître. Les théories réactionnaires des racistes d’aujourd’hui sur les races « pures » ne sont que mensonge et supercherie. Ne confondons pas les races avec la nation (V.), celle-ci étant un fait social, le résultat d’un long développement historique de la société.
Le triomphe du socialisme en U.R.S.S. a prouvé sans retour que toutes les nations et tous les peuples, affranchis de l’exploitation et de la haine réciproque, sont, indépendamment des distinctions raciales, capables d’assimiler et de développer la culture d’avant-garde.
La pratique de l’édification socialiste en U.R.S.S. a réduit à néant les théories racistes. (V. Racisme.)
RACISME. Théorie réactionnaire qui s’appuie sur la thèse de l’inégalité originelle des hommes et prétend que l’histoire de la société et de la culture humaine obéit à des lois biologiques immuables et éternelles. Thèses erronées, mais favorables aux intérêts des classes exploiteuses.
Depuis l’apparition du racisme au sein de la société esclavagiste, les idéologues de la réaction s’en servent pour justifier l’oppression nationale et sociale.
Ses adeptes défigurent sciemment les données de la science pour démontrer que le monde a toujours connu des races inférieures et des races supérieures, que les premières, réfractaires à la civilisation, sont condamnées à rester dans l’esclavage, tandis que les autres, seules détentrices de la civilisation, sont appelées à les exploiter.
Déjà les maîtres d’esclaves de l’Orient antique croyaient que, par leur nature, ils se distinguaient foncièrement de leurs esclaves. Ce point de vue était également partagé par certains auteurs de l’antiquité grecque, notamment par Aristote (V.) qui était intimement lié à l’aristocratie gréco-macédonienne et, sous bien des rapports, exprimait l’idéologie réactionnaire de celle-ci.
Le féodalisme, avec ses cloisons sociales étanches, avec sa noblesse désireuse de se différencier des cerfs et des travailleurs de la ville, reprit les idées de la prétendue inégalité innée des hommes.
Au milieu du XIXe siècle les théories racistes furent utilisées par les défenseurs de l’esclavage et de l’exploitation impitoyable des Nègres aux Etats-Unis. Par la suite, le racisme s’enchevêtra étroitement avec le malthusianisme (V.) et le social-darwinisme (V.).
En Allemagne, après l’arrivée de Hitler au pouvoir, le racisme fut proclamé idéologie officielle de la dictature fasciste.
Les idées racistes furent cultivées également dans d’autres pays agressifs, notamment au Japon. Aujourd’hui encore le racisme est largement utilisé par la bourgeoisie réactionnaire. Le néo-malthusianisme qui a gagné actuellement le plus de terrain, recommande ouvertement la réduction de la natalité, l’extermination de la « population excédentaire ».
Le racisme et le nationalisme bourgeois, entre lesquels existe un lien étroit, ont pour revers le cosmopolitisme (V.)
Le marxisme-léninisme dénonce dans le racisme une théorie réactionnaire totalement étrangère à la science. Les ouvrages de Lénine et de Staline sur la question nationale revêtent une importance particulière pour démasquer le racisme.
La grandiose expérience de la construction socialiste en U.R S.S. a porté un coup écrasant au racisme.
« Un des résultats les plus importants de la Révolution d’Octobre, écrivait J. Staline, c’est qu’elle a porté un coup mortel à cette légende (la légende raciste. — N.R.), en montrant dans le fait que les peuples non européens affranchis, entraînés dans la voie du développement soviétique, sont tout aussi capables que les peuples européens de faire progresser la culture et la civilisation authentiquement avancées » (« Le caractère international de la Révolution d’Octobre », M. 1954, p. 9).
La théorie raciste a été ébranlée par l’adoption de la Constitution de l’U.R.S.S., constitution la plus démocratique du monde, qui proclame l’égalité en droits de toutes les races et nations, et qui affirme que la différence de couleur, de langue, de niveau culturel, de développement étatique ou toute autre différence entre les nations et les races, ne saurait justifier l’inégalité des nations en droits, l’oppression d’une nation par une autre.
RADICHTCHEV Alexandre Nikolaïévitch (1749-1802). L’un des premiers champions de la pensée révolutionnaire et des idées de liberté en Russie, fondateur de la littérature russe révolutionnaire.
Lénine tenait en haute estime Radichtchev penseur, révolutionnaire et champion de la lutte contre le féodalisme et le despotisme.
A cette époque, le régime du servage avait pris les formes les plus dures. Après avoir écrasé la « révolte de Pougatchev », le gouvernement de Catherine II, épouvanté, prit des mesures de répression ; par de nouvelles dispositions, il renforça encore le joug du servage. La paysannerie répondit par de nouvelles révoltes.
Le problème de la lutte contre le régime se posait dans toute son acuité devant les meilleurs esprits du pays. Radichtchev n’a pas hésité à s’élever contre le régime du servage et l’autocratie.
Son livre « Voyage de Pétersbourg à Moscou » (1790), imprimé dans sa propre imprimerie et paru sous l’anonymat, en est un exemple éclatant. En Russie, il fit l’effet d’un coup de tonnerre. C’était un acte héroïque d’un révolutionnaire.
Radichtchev décrivait d’une main de maître toute l’horreur du servage, l’oppression du peuple russe qui nourrissait la société et produisait toutes les richesses.
Critiquant l’arbitraire des seigneurs, Radichtchev arrivait à de profondes conclusions politiques ; la source du mal ne réside pas dans les hommes ou dans la violation des lois, mais dans la loi, dans le régime, l’autocratie elle-même. Catherine II ordonna d’arrêter et de châtier Radichtchev.
Condamné à mort, sa peine fut commuée en « dix années de relégation ». Déporté en Sibérie, il fut détenu à la prison d’Ilimsk.
Mais ni le spectre de l’échafaud, ni la prison et la déportation ne purent briser son amour de la liberté. En Sibérie, il écrivit son traité philosophique « Sur l’homme, sa mortalité et son immortalité » dirigé contre l’idéalisme et le mysticisme.
Cependant, certains raisonnements (dans les 3e et 4e parties) laissent, apparaître des éléments de déisme.
Après la mort de Catherine II, les amis de Radichtchev purent le faire revenir de Sibérie. Il devint même membre de la commission pour l’élaboration des lois. Mais son attitude envers le servage et l’autocratie était restée la même.
Il intervint avec violence contre l’arbitraire et soumit des projets préconisant des changements radicaux du régime, ce qui dressa contre lui les partisans du servage. Il fut de nouveau menacé d’exil. Traqué par les serviteurs du tsar, Radichtchev mit fin à ses jours.
Avant de mourir il prononça ces paroles : « La postérité me vengera. »
Alexandre Radichtchev, premier révolutionnaire issu de la noblesse, penseur, écrivain, philosophe et économiste remarquable, fonda, avec Lomonossov (V.), la philosophie matérialiste russe.
Son matérialisme qui se distingue par un contenu révolutionnaire, est dirigé contre le servage et le tsarisme. Combattant l’idéalisme, le mysticisme des francs-maçons et leurs idées réactionnaires, il montrait que la matière est une donnée première et affirmait que le cerveau est l’organe matériel de la pensée.
Ses vues sur la matière restaient inévitablement confinées dans le cadre des conceptions métaphysiques du XVIIIe siècle. Mais l’idée du développement apparaît déjà dans ses profonds raisonnements.
Il considérait le mouvement comme une propriété inaliénable de la matière. Il critiqua la théorie idéaliste du préformisme (V.) (de Haller et de Bonnet) comme une conception pseudo-scientifique, une fantaisie arbitraire, ainsi que la doctrine de l’entéléchie (V.), source du vitalisme (V.).
Radichtchev était près de comprendre l’influence du milieu sur le développement des organismes, l’idée de l’hérédité des propriétés acquises. Il critiquait la théorie des matérialistes vulgaires qui identifiaient la pensée et la matière.
Dans les problèmes de la connaissance, Radichtchev, qui avait une position matérialiste, estimait que la source de la pensée est la perception de la réalité par les sens.
Il soutint l’idée de l’égalité naturelle des hommes, quelles que soient leur situation sociale ou leur race, et dénonça l’oppression de l’homme par l’homme.
Il critiqua les théories racistes de la division « naturelle » de la société en esclaves et en maîtres, stigmatisa l’arbitraire de l’autocratie et justifia le droit du peuple opprimé à se soulever et à renverser le pouvoir des tyrans.
Il flétrit la traite des Nègres qui se pratiquait en Amérique. Ses paroles accusatrices contre les planteurs américains et les marchands d’esclaves avaient un caractère progressif.
Radichtchev a émis des idées géniales, pour le XVIIIe siècle, sur le rôle de l’agriculture, de l’industrie et des inventions techniques dans le progrès historique et le développement intellectuel de l’homme.
Reliant les problèmes de l’éducation sociale aux tâches générales de la lutte contre le servage et l’autocratie, Radichtchev a contribué au développement de la science pédagogique russe et mondiale.
M. Kalinine (V.) disait que les idées de Radichtchev sur l’éducation peuvent toujours être considérées comme progressistes. Les conceptions de Radichtchev étaient un immense progrès de la pensée sociale et politique de son temps.
L’influence de ses idées s’exerça bien au-delà des frontières de la Russie, mais elle fut particulièrement grande sur le développement de la pensée révolutionnaire dans son pays.
Les décembristes (V.) et les démocrates révolutionnaires des années 40 et 60 étaient des disciples de Radichtchev et s’inspiraient de sa lutte pleine d’abnégation contre l’autocratie. Radichtchev consacra toute sa vie à la lutte pour la liberté et le bonheur de son peuple, de sa patrie.
Il croyait fermement dans les forces puissantes du peuple russe, dans l’avenir de son pays.
Ses œuvres principales sont : « Voyage de Pétersbourg à Moscou », « Lettre à un ami habitant à Tobolsk », « La vie de Fédor Vassiliévitch Ouchakov », « Sur l’homme, sa mortalité et son immortalité », l’ode « Liberté ».