Monsieur Kuo Mo-jo, président de l’Académie des Sciences de Chine et président de la Fédération des Travailleurs littéraires et artistiques de Chine, m’a demandé de vous parler de la politique du Parti communiste chinois concernant les travaux littéraires, artistiques et scientifiques. Pour les travaux littéraires et artistiques, le Parti communiste chinois préconise : « Que s’épanouissent des floraisons multiples », et pour les travaux scientifiques : « Que de multiples écoles rivalisent », politique que le président Mao Tsé-toung a déjà annoncée au Conseil suprême d’Etat. Au cours de l’application de cette politique, nous avons déjà acquis certaines expériences, mais ces expériences sont encore en petit nombre. Ce que je tiens à exposer aujourd’hui, c’est ma façon personnelle de comprendre cette politique. Aujourd’hui, l’auditoire est composé de travailleurs des sciences de la nature et des sciences sociales, de médecins, d’écrivains et d’artistes ; il y a parmi vous des communistes, mais aussi des amis appartenant aux partis démocratiques et des amis sans-parti. Vous comprenez, bien entendu, quelle est la haute portée de cette politique pour le développement en Chine des lettres, des arts et des recherches scientifiques, comme pour le travail auquel vous vous adonnez. Ainsi donc, si vous considérez que ma façon de comprendre sur quelque point est erronée, j’espère que vous n’hésiterez pas à me rectifier pour que notre cause commune puisse progresser à souhait.
Pour que la Chine soit puissante et prospère, outre qu’il faut consolider le pouvoir du peuple, faire prospérer l’économie, développer l’éducation et renforcer la défense nationale, il importe encore que la littérature, l’art et la science connaissent un essor florissant. C’est là une des conditions indispensables.
Pour que la littérature, l’art et la science puissent s’épanouir, nécessité est d’adopter la politique : « Que s’épanouissent des floraisons multiples, que de multiples écoles rivalisent ». Jamais littérature et art n’auront de brillante floraison, si c’est « une seule fleur qui s’épanouit », quelle qu’en soit la beauté. Prenons comme exemple un fait actuel : le théâtre. Il y a quelques années, il se trouvait encore des gens qui montraient hostiles à l’opéra de Pékin. A cette époque-là, le Parti a décidé d’appliquer au théâtre la politique : « Que s’épanouissent des floraisons multiples, et, écartant les choses mortes, que le nouveau fraie son chemin ». A présent, tout le monde se rend compte de la justesse de cette politique, qui a abouti à des résultats considérables. Grâce à la libre compétition entre les différents genres de l’art dramatique, ainsi qu’à l’enseignement mutuel qu’ils tiraient au cours des représentations, notre théâtre a réalisé de rapides progrès. Dans le domaine de la science, nous avons aussi des expériences historiques. Il y a vingt siècles, à l’époque de Tchouentsieou et des Royaumes combattants, on assista à une brillante floraison d’écoles qui rivalisaient, et ce fut dans notre histoire, l’âge d’or du progrès intellectuel. L’histoire de Chine montre que si l’on n’encourage pas à penser de façon indépendante, à discuter librement, c’est la stagnation de toute vie intellectuelle. Au contraire, avec l’encouragement de la pensée indépendante, avec la libre discussion, le travail intellectuel connaît un essor rapide. Toutefois, la situation à l’époque de Tchouentsieou et des Royaumes combattants était considérablement différente de celle où nous nous trouvons. A cette époque-là, la société chinoise était en pleine agitation ; le mouvement de rivalité entre les diverses écoles se déployait spontanément, sans être l’objet d’une direction consciente, unifiée. Tandis que de nos jours, nous vivons dans un monde libre, conquis par le peuple lui-même ; la dictature de démocratie populaire ayant été établie et consolidée, le peuple exige que la science progresse avec rapidité. Aussi avons-nous entrepris, en pleine conscience, d’établir un plan d’ensemble et d’adopter la politique de faire rivaliser de nombreuses écoles, en vue d’activer le développement des travaux intellectuels.
De plus, nous ne devons pas perdre de vue que, dans une société de classes, la littérature, l’art et la science doivent, en fin de compte, servir d’armes de combat pour la lutte de classes.
Le fait est plus évident dans le domaine littéraire et artistique. Dans ce domaine, il existe certaines choses nettement pernicieuses. Hou Fong1 en est un exemple. Les lectures malsaines qui incitent au brigandage et à la débauche en sont un autre. Et prenons encore la soi-disant littérature que caractérisent bien des phrases comme celles-ci : « Jouons au majong ! Au diable les affaires de l’Etat ! » « La lune est plus ronde aux Etats-Unis qu’en Chine ! » Rien ne sera plus juste pour nous que d’avoir pour ce genre de littérature pernicieuse le même égard que pour les mouches, moustiques, rats et moineaux2 qu’il s’agit d’exterminer. Cela ne peut qu’être profitable aux arts et à la littérature et sans aucun désavantage. C’est pourquoi nous disons qu’il existe un art et une littérature qui servent les ouvriers, les paysans et les soldats, et un autre art et une autre littérature qui servent les impérialistes, la classe des propriétaires fonciers et la bourgeoisie. Ce qu’il nous faut, c’est l’art et la littérature au service des ouvriers, paysans et soldats, au service des grandes masses populaires.
Dans le domaine de la philosophie et des sciences sociales, la lutte de classes est plus manifeste encore. Les idées de Hou Che3 en philosophie, en histoire, en pédagogie et en politique ont fait l’objet d’une critique générale. Critiquer Hou Che, c’est une manifestation de la lutte de classes dans le domaine des sciences sociales. Cette critique, ainsi que celle dirigée contre monsieur Liang Seou-ming4 s’avèrent entièrement justifiées. Des critiques contre d’autres écoles philosophiques de l’idéalisme bourgeois et contre la sociologie bourgeoise le sont également.
Quant aux sciences de la nature, si elles n’ont pas en elles-mêmes de caractère de classe, les hommes qui s’y consacrent ont chacun leurs opinions politiques personnelles. Autrefois, parmi ces scientifiques, quelques-uns avaient voué un culte aveugle aux Etats-Unis. D’autres avaient aussi la tendance dite « apolitique ». Nous sommes tout à fait fondés à critiquer ces choses nuisibles. Une telle critique n’est autre chose que le reflet de la lutte de classes.
Cependant, il est à remarquer que, quoique la littérature, l’art et la recherche scientifique soient étroitement liés à la lutte de classes, ils ne sont pas, après tout, tout à fait la même chose que la politique. La lutte politique est l’expression directe de la lutte de classes ; tandis que la littérature, l’art et les sciences sociales peuvent parfois exprimer directement la lutte de classes, mais parfois aussi avec plus de détours. Considérer la littérature, l’art et les sciences comme indépendants de la politique, soutenir « l’art pour l’art » et « la science pour la science », c’est là un point de vue unilatéral de droite, donc erroné. En revanche, mettre la littérature, l’art et les sciences sur un même pied d’égalité avec la politique, conduirait à une autre sorte de vue unilatérale : ce serait commettre l’erreur gauchiste de n’avoir qu’une vue simpliste des choses.
La politique que nous adoptons en faveur de l’épanouissement des multiples floraisons et de la rivalité entre de nombreuses écoles a pour but de préconiser, dans le domaine de l’art, de la littérature et de la science, la liberté de penser d’une façon indépendante, la liberté de discuter, la liberté de créer et de critiquer, la liberté d’exprimer son opinion, de la soutenir ou de la réserver.
La liberté comme nous l’entendons diffère de celle qu’invoque la démocratie bourgeoise. La liberté selon celle-ci est une liberté dont jouit seulement une petite minorité, et à laquelle les masses laborieuses n’ont aucune part ou n’ont qu’une faible part. La classe bourgeoise exerce la dictature sur les masses laborieuses. A l’heure actuelle, les fauteurs de guerre américains vantent ce qu’ils appellent « le monde libre », un monde où les fauteurs de guerre et les réactionnaires ont tous les droits, mais où les Rosenberg ont été mis à mort, parce qu’ils étaient pour la paix. Quant à nous, nous avons pour principe de n’accorder aucune liberté aux contre-révolutionnaires ; et nous maintenons qu’il faut absolument exercer la dictature sur eux. Par contre, au sein du peuple, nous préconisons fermement les libertés démocratiques. C’est là établir une démarcation politique : car sur le terrain politique, il est absolument nécessaire de discerner l’ennemi des nôtres.
La politique que nous avons adoptée en faveur de l’épanouissement de multiples fleurs et de la rivalité entre nombreuses écoles signifie la liberté au sein du peuple. Nous entendons amplifier cette liberté à mesure que se consolidera le pouvoir du peuple.
Au sein du peuple, il existe des points communs et des points de divergence. Nous avons déjà notre Constitution : observer la Constitution, c’est un devoir du peuple ; voilà un point commun au sein du peuple. Cela revient à dire qu’aimer la patrie, être pour le socialisme, tout cela doit être commun au peuple dans tout le pays. D’autre part, au sein du peuple, il y a aussi des points sur lesquels tout le monde n’est pas d’accord ; sur le plan idéologique, il y a la divergence entre le matérialisme et l’idéalisme. Cette divergence persistera tant qu’existera la société de classes ; elle continuera à subsister lorsque les classes cesseront d’exister, et ne saurait disparaître entièrement même dans la société communiste. Au temps où existent encore les classes, la contradiction entre le matérialisme et l’idéalisme se manifeste sous forme de contradictions de classes ; après la disparition des classes, aussi longtemps qu’existeront encore la contradiction entre les vues subjectives et objectives, la contradiction entre le progrès et le retard et la contradiction entre les forces productives et les rapports de production dans la société, la contradiction entre le matérialisme et l’idéalisme persistera encore dans la société socialiste aussi bien que dans la société communiste.
Entre le matérialisme et l’idéalisme subsistera la lutte et cette lutte sera de longue durée. Les communistes, étant des matérialistes dialectiques, sont naturellement pour le matérialisme et contre l’idéalisme. Il ne peut en être autrement. Mais précisément parce qu’ils sont matérialistes dialectiques, précisément parce qu’ils connaissent les lois du développement de la société, les communistes préconisent d’établir de la façon la plus rigoureuse la différence entre la lutte idéologique au sein du peuple et la lutte contre les contre-révolutionnaires. Au sein du peuple, il y a non seulement la liberté de propager le matérialisme, mais aussi celle de propager l’idéalisme. Chacun est libre de propager le matérialisme ou l’idéalisme pourvu qu’il ne soit pas un contre-révolutionnaire. Les débats entre les deux écoles doivent aussi s’effectuer librement. Car c’est là une lutte idéologique au sein du peuple qui diffère considérablement de celle qui est dirigée contre les contre-révolutionnaires. Les contre-révolutionnaires, nous devons les réprimer, les terrasser. Les idées arriérées et idéalistes au sein du peuple, nous devons lutter contre elles ; cette lutte est non moins aiguë, mais elle part de l’idée de l’union, et son but est de corriger ce qui est arriéré et de renforcer l’union. Tout recours aux ordres administratifs dans la solution des questions idéologiques serait inefficace. C’est seulement en procédant aux débats publics que le matérialisme pourra vaincre graduellement l’idéalisme.
En ce qui concerne les problèmes artistiques, académiques et techniques, il se peut qu’il y ait également des divergences d’opinions. Ces divergences d’opinions sont tout à fait admissibles. Dans les problèmes de ce genre, il va de soi qu’on est libre d’exprimer des opinions différentes, d’entreprendre des discussions, de critiquer et de contre-critiquer.
En somme, nous préconisons qu’il est indispensable de faire un discernement catégorique entre les ennemis et les nôtres sur le plan politique, et nous préconisons aussi qu’il faut qu’il y ait de la liberté au sein du peuple. « Que s’épanouissent des floraisons multiples, que de multiples écoles rivalisent », voilà l’expression de cette liberté au sein du peuple dans l’art, la littérature et la science.
Nous avons maintenant toutes les conditions requises pour mettre en application cette politique.
Examinons donc quelle est la situation dans laquelle nous nous trouvons à l’heure actuelle ?
Primo, la transformation socialiste a remporté dans les régions principales du pays une victoire décisive dans tous les domaines. Dans quelques années, le système d’exploitation y sera supprimé. Tous les anciens exploiteurs seront transformés en travailleurs vivant de leur propre travail. Notre pays deviendra bientôt un Etat socialiste sans classes exploiteuses.
Secundo, l’état d’esprit des milieux intellectuels s’est radicalement transformé du point de vue politique et un changement encore plus radical est en train de se produire. C’est ce que le camarade Chou En-lai a exposé en détail dans son rapport sur la question des intellectuels. Ici, permettez-moi de rappeler d’une manière succincte la lutte récente.
Cette dernière fut une lutte contre l’idéologie idéaliste bourgeoise. Au cours de cette lutte, les masses d’intellectuels se sont comportées d’une manière excellente et ont réalisé de grands progrès.
Au cours de cette lutte, nos intellectuels ont surtout concentré un feu nourri sur les contre-révolutionnaires : Hou Che et Hou Fong, tous deux non seulement idéalistes sur le plan idéologique, mais aussi contre-révolutionnaires sur le plan politique. En outre, des critiques ont été lancées contre des conceptions philosophiques et socio-politiques de monsieur Liang Seou-ming, et aussi contre des idées bourgeoises individualistes dans les milieux artistiques et littéraires. Maintenant, tout le monde peut s’apercevoir qu’il était juste de mener cette lutte parce que c’était indispensable pour activer le développement de la transformation socialiste.
Au cours de cette lutte, le Comité central du Parti communiste chinois a donné des directives en vertu desquelles il faut s’opposer résolument aux idées qui entravent le déploiement des critiques et des discussions scientifiques. Ces idées se sont manifestées dans l’idolâtrie envers des « célébrités » de la bourgeoisie, considérées comme des « autorités » qu’il ne faudrait pas soumettre à la critique ; et dans l’attitude seigneuriale de la bourgeoisie à l’égard des jeunes travailleurs intellectuels marxistes sur lesquels une pression a été exercée. D’autre part, certains membres du Parti qui passent pour des « autorités » n’admettaient point la critique d’autrui et ne procédaient pas à l’autocritique. Certains autres « craignant de rompre le front uni », « craignant de porter préjudice à l’unité », n’osaient plus critiquer les autres. D’autres encore, en raison d’amitié personnelle ou par complaisance, non seulement s’abstenaient de critiquer les erreurs d’autrui, mais s’efforçaient même de les couvrir. Le Comité central du Parti communiste chinois a indiqué que dans les critiques et discussions académiques, personne ne peut avoir de privilèges, c’est là un principe qu’on doit absolument observer. Il est inadmissible de se donner pour une « autorité », de bâillonner les critiques ou de se montrer indifférents aux idées fausses de la bourgeoisie en se laissant aller au libéralisme, voire même en capitulant devant ces idées. En même temps, le Comité central du Parti communiste chinois a indiqué que la méthode à suivre dans ces critiques et discussions académiques doit être la persuasion par le raisonnement et la recherche de la vérité en partant des faits. Cela veut dire que nous devons encourager la controverse académique engagée avec acuité sur une base scientifique.
Critiques et discussions doivent être fondées sur une étude sérieuse et il faut rejeter toute attitude simpliste et brutale. Nous devons adopter la méthode de la libre discussion sans recourir aux ordres administratifs. Nous devons permettre à ceux qui sont critiqués de répondre, et cette contre-critique ne doit pas être bâillonnée. Nous devons permettre à une minorité qui a des opinions différentes de réserver ses opinions, au lieu d’appliquer dans ce cas le principe de la soumission de la minorité à la majorité. Ceux qui ont commis des erreurs sur le plan des problèmes scientifiques ne sont pas tenus, après critiques et discussions, à publier des articles d’autocritique sur leurs erreurs, s’ils ne veulent pas le faire. Dans les milieux scientifiques, même si l’on est arrivé à une conclusion sur un certain problème, si de nouvelles opinions différentes viennent à surgir, rien n’empêche de rouvrir la discussion. Le Comité central du Parti communiste chinois a dit encore qu’en menant la critique contre l’idéologie erronée de la bourgeoisie et des critiques et discussions sur un problème scientifique, nous devons suivre résolument la politique du Parti concernant le front uni et la politique d’unir et de rééduquer les intellectuels. Nous devons faire la distinction, en les traitant différemment entre ceux qui persévèrent idéologiquement dans des points de vue erronés de la bourgeoisie et ceux qui penchent vers le matérialisme tout en ayant ces points de vue erronés. Nous devons distinguer nettement ceux qui sont politiquement contre-révolutionnaires de ceux qui commettent des erreurs dans le domaine de la science. Quant aux travailleurs intellectuels ayant des points de vue bourgeois sérieusement erronés, pourvu qu’ils ne soient pas politiquement contre-révolutionnaires, on devra leur assurer des postes de travail qui leur conviennent, et la possibilité de continuer à entreprendre des recherches utiles à la société. On veillera à ce que leurs compétences particulières, utiles à la société, soient respectées, à ce qu’elles puissent pleinement se déployer et être transmises à la jeunesse. En même temps, on encouragera ces intellectuels à participer activement à la critique et à la discussion académique, afin de pouvoir se rééduquer eux-mêmes.
Ces directives nous ont permis d’éviter de graves erreurs dans notre travail contre les idées idéalistes de la bourgeoisie et pour le développement de la critique scientifique. Un examen rétrospectif de nos activités montre que cette lutte a été juste pour l’essentiel, et juste aussi dans son ensemble, notre façon de la mener. Mais elle a comporté aussi des erreurs et des insuffisances. Par exemple, monsieur Yu Ping-pouo5, étant politiquement sans reproche, a commis seulement des erreurs d’ordre idéologique dans ses travaux littéraires. Il a été nécessaire de soumettre ses erreurs à la critique. Beaucoup d’articles de critique contre monsieur Yu étaient fort bien faits, mais d’autres l’étaient moins, ils manquaient de force de persuasion et s’exprimaient avec trop de virulence. Quant à l’allégation selon laquelle il aurait accaparé le domaine des classiques, elle est dénuée de tout fondement. Je tenais à éclaircir ici complètement ce point.
Lorsque nous observons le présent en évoquant le passé, nous constatons que la situation actuelle diffère beaucoup de celle du passé. Il y a un an ou deux, l’idéalisme bourgeois avait encore un marché considérable, les Hou Fong pouvaient encore lancer des attaques effrénées sur le front idéologique, beaucoup d’intellectuels ne pouvaient distinguer l’idée matérialiste de l’idée idéaliste, ignorant combien les idées idéalistes de la bourgeoisie pouvaient être pernicieuses pour la cause du socialisme, mais aujourd’hui nos milieux idéologiques ont réalisé déjà un progrès remarquable.
A l’heure actuelle, dans certains organismes, la campagne contre les idées réactionnaires de Hou Che et de Hou Fong n’a pas encore été achevée selon le plan établi primitivement, la liquidation des contre-révolutionnaires cachés ne l’a pas été non plus. Tout ce travail non achevé doit être poursuivi jusqu’au bout sans être abandonné à mi-chemin, car c’est seulement en le menant à bien qu’on pourra créer des conditions favorables aux nombreuses tâches qui doivent être accomplies dans l’avenir. Dans cette lutte, il faut souligner inlassablement l’importance de l’union des bons éléments représentant plus de 90% de l’ensemble de la population, y compris les éléments arriérés, en vue d’entreprendre une lutte commune contre les contre-révolutionnaires.
Tertio, nous avons encore des ennemis, il y a encore des luttes de classes à l’intérieur de notre pays, mais les ennemis et surtout les ennemis intérieurs ont été considérablement affaiblis.
Qui sont ces ennemis ? A l’extérieur, il y a les forces d’agression impérialistes avec à leur tête les éléments bellicistes des Etats-Unis ; à l’intérieur, il y a la clique de Tchiang Kai-chek qui se cramponne à Taiwan et encore les derniers éléments contre-révolutionnaires. Ce sont là nos ennemis. Il faut encore continuer à lutter résolument contre eux sans relâche.
Quarto, l’unité du peuple tout entier s’est considérablement renforcée et se renforce chaque jour davantage tant au point de vue politique qu’au point de vue idéologique.
C’est justement en tenant compte d’une telle situation que le Comité central du Parti communiste chinois souligne l’importance de mettre à l’ordre du jour la politique « Que s’épanouissent des floraisons multiples, que de multiples écoles rivalisent ». Cela veut dire que nous devons aussi mobiliser tous les éléments positifs, dans le domaine de l’art, de la littérature et de la science, afin de les mettre encore davantage au service du peuple, et d’unir nos efforts pour faire prospérer l’art et la littérature de notre pays et élever nos travaux scientifiques jusqu’au niveau avancé dans le monde.
Sous la direction du gouvernement, beaucoup de nos travailleurs des sciences de la nature sont en train d’élaborer un plan de douze ans pour le développement des sciences de la nature dans notre pays. Un plan de douze ans pour le développement de la philosophie et des sciences sociales est aussi en cours d’élaboration. L’élaboration et la réalisation de tous ces plans constituent une tâche magnifique pour nos travailleurs scientifiques. L’application de la politique de faire rivaliser de nombreuses écoles constitue une garantie importante pour l’accomplissement de cette tâche.
La politique « Que s’épanouissent des floraisons multiples, que de multiples écoles rivalisent », étant destinée à mobiliser tous les éléments positifs, est donc aussi une politique qui renforcera l’unité. Sur quelle base est fondée l’unité ? Sur la base du patriotisme et du socialisme. Dans quel but faire l’unité ? Pour construire une Chine nouvelle, socialiste, et aussi pour lutter contre les ennemis intérieurs et extérieurs.
Il y a deux sortes d’unité : l’une est fondée sur l’obéissance mécanique, l’autre est consciente et librement consentie. Ce que nous voulons, c’est cette unité consciente et librement consentie.
Est-ce que nos milieux littéraires, artistiques et scientifiques sont bien unis ? Oui, ils le sont. En comparaison avec l’époque où la République populaire de Chine venait d’être fondée, les milieux artistiques, littéraires et scientifiques sont aujourd’hui bien plus unis. C’est grâce aux réformes sociales et à la rééducation idéologique que nous sommes si unis aujourd’hui. Il serait faux de nier ou de négliger ce point. Mais cela ne veut point dire que notre unité est parfaite : elle comporte encore des défauts.
Où sont ces défauts ? C’est avant tout que certains membres du Parti communiste ont oublié les avertissements du camarade Mao Tsé-toung contre les effets nuisibles du sectarisme. Les succès dans le travail peuvent griser certaines personnes et les rendre présomptueuses et sectaires.
En 1942, le camarade Mao Tsé-toung écrit dans son article : Mise au point du style de travail du Parti :
« Nombre de nos camarades se plaisent à traiter de haut ceux qui ne sont pas du Parti, à les sous-estimer, à les mépriser, se refusant à les respecter et à apprécier leurs qualités. C’est une tendance du sectarisme. Ces camarades, ayant lu quelques livres marxistes, sont devenus non pas plus modestes, mais plus arrogants. Ils prétendent toujours que les autres sont inaptes, sans se rendre compte qu’eux-mêmes ils sont en réalité des demi-ignorants. Nos camarades doivent comprendre cette vérité : à côté de ceux qui ne sont pas du Parti, les communistes représentent à n’importe quel moment une minorité. Admettons qu’il y ait un communiste parmi cent Chinois, il y aurait parmi les 450.000.000 d’habitants de toute la Chine, 4.500.000 communistes. Même avec un chiffre aussi considérable, les communistes ne représenteraient qu’un pour cent des Chinois, tandis que les 99% seraient des non-communistes. Pour quelle raison pouvons-nous donc refuser de collaborer avec les non-communistes ? Pour tous ceux qui veulent collaborer avec nous et en sont susceptibles, nous n’avons que le devoir de nous entendre avec eux, mais absolument aucun droit de les repousser. Certains membres du Parti ne comprennent pas ce raisonnement, ils sous-estiment ceux qui veulent collaborer avec nous, et vont jusqu’à les repousser. Cela est dépourvu de tout principe. Marx, Engels, Lénine et Staline nous ont-ils enseigné de tels principes ? Non. Au contraire, ils nous ont toujours et inlassablement enseigné qu’il faut maintenir une liaison étroite avec les masses, et ne jamais s’en écarter. Le Comité central du Parti communiste chinois nous a-t-il enseigné de tels principes ? Non. Parmi les résolutions adoptées par le Comité central, il n’y en a pas une seule qui dise que nous pouvons nous écarter des masses pour vivre dans l’isolement. Au contraire, le Comité central nous a toujours recommandé de maintenir une liaison étroite avec les masses, et non pas de nous en écarter. Par conséquent, tout acte qui tend à nous écarter des masses n’a aucun fondement, ce n’est qu’une manifestation de l’esprit sectaire d’un certain nombre de nos camarades. Etant donné que ce genre de sectarisme constitue encore une erreur assez grave chez certains de nos camarades, qu’il reste encore comme un obstacle dans l’application de la ligne du Parti, nous avons donc besoin de mener au sein du Parti une vaste campagne d’éducation sur cette question. Il s’agit en premier lieu de faire vraiment comprendre à nos cadres toute la gravité de la question, et à quel point il sera impossible de vaincre nos ennemis et d’atteindre l’objectif fixé par la révolution, si les communistes ne s’allient pas avec les cadres non communistes et les non-communistes en général. »
Tout le monde sait qu’au cours de ces dernières années, nous avons entrepris au sein du Parti, dans les milieux littéraires, artistiques et scientifiques, plusieurs luttes contre le sectarisme. Ces luttes ont été engagées dans les domaines de la santé publique, de la recherche dans les sciences de la nature, de l’art, de la littérature, ainsi que des sciences sociales. Nous poursuivrons cette lutte et demandons aux membres du Parti qui travaillent dans ces domaines de redoubler leurs efforts pour vaincre le sectarisme.
Au cours de ces luttes, nous avons acquis quelques expériences que nous aimerions exposer ici :
1) Tout le monde sait que les sciences de la nature, y compris la médecine, sont dépourvues de caractère de classe. Elles ont chacune leurs lois de développement. Les seuls liens qu’elles ont avec les régimes sociaux consistent en ce qu’elles se développent plus lentement sous un mauvais régime et plus rapidement sous un meilleur. Tout ceci est en effet un problème déjà résolu théoriquement. C’est donc une erreur de qualifier une théorie particulière de la médecine, de la biologie ou de toute autre branche des sciences de la nature de « féodale », « capitaliste », « prolétarienne » ou « bourgeoise ». Par exemple, il serait faux de prétendre que « la médecine chinoise est féodale et la médecine occidentale capitaliste », que « la théorie de Pavlov est socialiste », que « la théorie mitchourinienne est socialiste », que « la théorie de l’hérédité de Mendel et Morgan est capitaliste » etc. Nous ne devons jamais croire de telles choses. Quelques-uns ont commis cette erreur à cause de leur esprit sectaire, et d’autres d’une façon inconsciente en insistant, mais d’une manière inappropriée, sur l’importance d’étudier les sciences d’avant-garde de l’Union soviétique. Ces erreurs sont dues à des causes différentes, aussi faut-il les traiter différemment et se garder de les confondre.
En mentionnant les erreurs ci-dessus, nous devons indiquer en même temps une erreur d’un autre genre qui consiste à nier la valeur des théories de Pavlov et de Mitchourine. Ceux qui commettent cette erreur partent de points différents. Les uns, en raison de leurs sentiments antisoviétiques vont jusqu’à nier la valeur des réalisations scientifiques de l’Union soviétique. Les autres, du fait qu’ils n’appartiennent pas à la même école de pensée, ne se laissent pas convaincre de bon cœur. Pour les premiers, c’est une question de conceptions politiques et pour les derniers, une question de doctrine scientifique. On devra aussi traiter différemment ces erreurs et non les confondre.
2) En ce qui concerne les lettres et les arts, le Parti n’exige qu’une chose, c’est qu’ils soient « au service des ouvriers, des paysans et des soldats », et nous pouvons dire aujourd’hui « au service de tous les travailleurs, y compris les intellectuels ». Le réalisme socialiste est, à notre avis, la meilleure méthode de création, mais non la seule. Une fois bien posée la condition de servir les ouvriers, les paysans et les soldats, tous les auteurs peuvent employer chacun la méthode de création qu’ils estiment la meilleure et rivaliser entre eux. Quant à la question de la matière de l’œuvre, le Parti n’a jamais imposé de restrictions. C’est une erreur d’imposer des restrictions comme : décrire seulement les ouvriers, paysans et soldats ; décrire seulement la société nouvelle, les hommes nouveaux.
Les arts et la littérature devant être au service des soldats, paysans et ouvriers, ils doivent évidemment faire l’éloge de la société nouvelle et des personnages positifs, mais en même temps critiquer l’ancienne société et les éléments négatifs. Ils doivent exalter le progrès et en même temps critiquer ce qui est rétrograde. C’est pourquoi le choix de la matière doit être extrêmement vaste. Les œuvres d’art et littéraires traiteront non seulement des choses qui existent dans le monde ou qui ont existé dans le passé, mais aussi des choses qui n’y existent point telles que les fées, les oiseaux et les animaux qui parlent, etc. On peut peindre dans les œuvres d’art et littéraires des personnages positifs et la société nouvelle, mais aussi des personnages négatifs et l’ancienne société. D’ailleurs, sans l’ancienne société, il est difficile de faire valoir la société nouvelle ; sans les personnages négatifs, il est difficile de faire ressortir les personnages positifs. Ainsi, tout précepte et toute prescription relatifs au choix de la matière de l’œuvre ne sauraient qu’étouffer l’art et la littérature et engendrer le formalisme et le mauvais goût : ils ne servent qu’à nous faire du tort. Quant aux problèmes des traits particuliers de l’art, de la création du typique etc., ils doivent être librement discutés parmi les écrivains et les artistes. Des opinions différentes sont permises, et c’est par la libre discussion qu’on arrive graduellement à l’unanimité.
Dans le domaine du théâtre, nous avons déjà acquis de l’expérience en appliquant la politique : « Que s’épanouissent des floraisons multiples, et, écartant les choses mortes, que le nouveau fraie son chemin ». Cette expérience est très précieuse. La question actuelle consiste à en étendre l’application à tous les autres domaines de l’art et de la littérature.
3) Dans le domaine de la philosophie et des sciences sociales, de grands succès ont été obtenus. Et c’est justement pour cela que le danger du sectarisme est grand. Si l’on n’y fait pas attention, il peut en résulter les graves conséquences de la pétrification de l’esprit. Depuis la fondation de la République populaire, parmi les intellectuels, on a diffusé le marxisme-léninisme, entrepris la rééducation idéologique, lutté contre l’idéalisme bourgeois et liquidé les contre-révolutionnaires dissimulés, etc. Tout cela est juste, nécessaire, et a donné de bons résultats. Mais il faut aussi voir le revers de la chose. Certains membres du Parti ont tendance à monopoliser l’étude académique en philosophie et dans les sciences sociales. Ils se croient toujours dans le vrai, ils ne voient pas et oublient même les bonnes qualités des autres. Ils ne voient pas les progrès des autres et ils s’offensent de moindre critique à leur propre adresse. Ils se posent éternellement en maitres, considérant les autres comme n’étant bons qu’à se faire à jamais leurs élèves, qu’à rester pour toujours idéalistes ou savants bourgeois. C’est alors très dangereux. A la longue, ces maîtres eux-mêmes s’exposeront au danger de la dégénérescence et la philosophie et les sciences sociales dans notre pays cesseront de progresser et perdront leur vitalité. Que ces camarades sortent immédiatement de l’ivresse de la présomption ; qu’ils soient plus modestes ; qu’ils entendent un peu plus la critique d’autrui ; qu’ils étudient davantage ; qu’ils prennent conseil un peu plus souvent chez les non-communistes ; qu’ils collaborent réellement avec eux ; pour éviter tout préjudice au développement de la philosophie et des sciences sociales.
Il y aura bientôt sept ans qu’a été fondée la République populaire et depuis lors, s’il se trouve encore des gens qui s’obstinent dans les idées idéalistes ou bourgeoises, beaucoup ont déjà fait de grands progrès. Dans la recherche et l’enseignement de la philosophie et des sciences sociales, nous devons envisager la réorganisation de nos forces par étapes successives, selon les circonstances, et modifier les méthodes et les mesures erronées dès l’origine ou qui, justes à un moment donné, sont maintenant périmées, afin de mobiliser tous les éléments positifs en vue de développer la philosophie et les sciences sociales de notre pays. La philosophie et les sciences sociales sont des branches très importantes de la connaissance, aussi devons nous mener un bon travail dans ces domaines.
Je voudrais mentionner, en passant, le problème de l’histoire moderne. Elle constitue une branche très importante des sciences sociales, mais pendant ces dernières années, on n’a pas fait grand’chose dans ce domaine. Il paraît qu’on attend la publication d’un manuel d’histoire du Parti rédigé par le Comité central du Parti communiste chinois, afin de le prendre comme base pour composer d’autres ouvrages de l’histoire moderne. Maintenant, je vous prie de ne plus attendre. Le Comité central du Parti communiste chinois n’a pas l’intention de composer de manuel de l’histoire du Parti. Il ne compte que publier une chronique des événements de l’histoire du Parti ainsi que des recueils de documents. Que nos travailleurs de l’histoire moderne aillent étudier dans un esprit indépendant les divers problèmes de l’histoire moderne. Dans l’étude de l’histoire moderne, il faut aussi adopter la politique « Que de multiples écoles rivalisent » et rien d’autre.
Débarrassons-nous du sectarisme, unissons-nous avec tous ceux qui désirent collaborer ou qui sont susceptibles de collaborer avec nous. Abandonnons toute prétention à la monopolisation. Rejetons les préceptes et commandements superflus, en appliquant la politique « Que s’épanouissent des floraisons multiples, que de multiples écoles rivalisent ». Ne pensons pas exclusivement aux intérêts des établissements où nous travaillons, des unités auxquelles nous appartenons. Aidons toujours davantage les autres, aidons les autres services et les autres unités. Débarrassons-nous de notre présomption, de notre outrecuidance. Soyons modestes et circonspects et respectons les autres. C’est ainsi que nous pourrons extirper les défauts qui ont existé dans notre travail pour l’unité, et par là renforcer considérablement notre unité.
Nous souhaitons que les écrivains, artistes et scientifiques qui ne sont pas membres du Parti prêtent aussi attention à la question du renforcement de l’unité. Je voudrais répéter ce que le camarade Chou En-lai a dit dans un paragraphe de son Rapport sur la question des intellectuels :
« Il existait encore une certaine distance entre une partie des intellectuels et notre Parti. Nous devons prendre l’initiative de nous efforcer de faire disparaitre cette distance. Les deux côtés généralement en partagent la responsabilité : en effet, nos camarades n’ont pas cherché à se rapprocher des intellectuels et à les comprendre, et une partie des intellectuels prend une attitude de réserve, ou même d’opposition à l’égard du socialisme. Il existe encore dans nos entreprises, nos établissements scolaires, nos organismes et au sein de la société, des intellectuels qui se comportent de la façon suivante: entre le Parti communiste et le Kuomintang, entre le peuple chinois et les impérialistes, ils ne savent pas discerner l’ennemi des nôtres; ils sont mécontents de la politique et des mesures appliquées par le Parti et le gouvernement populaire, ils regrettent le capitalisme ou même le féodalisme; ils sont contre l’Union soviétique et ne veulent pas apprendre auprès d’elle; ils se refusent à étudier le marxisme-léninisme et le dénigrent ; méprisant le travail, le peuple laborieux et les cadres qui en sont issus, ils ne veulent pas se rapprocher des ouvriers et des paysans, ni des cadres qui en sont issus ; ils ne voient pas d’un œil favorable grandir les forces nouvelles, et considèrent que les progressistes sont des arrivistes; ils font naître très souvent des discordes et des antagonismes, non seulement entre les intellectuels et le Parti, mais aussi entre les intellectuels eux-mêmes. Bouffis d’orgueil, ils se croient supérieurs à tous et ne peuvent tolérer d’être dirigés et critiqués par personne ; ils ignorent les intérêts du peuple et de la société, ils envisagent toute chose en partant de leurs intérêts personnels et se prononcent pour tout ce qui leur est favorable et contre tout ce qui ne l’est pas. Ce n’est évidemment que chez une très faible minorité des intellectuels que l’on peut constater aujourd’hui toutes ces erreurs, mais ceux qui sont sujets à l’une ou plusieurs de ces erreurs ne représentent pas une très faible minorité. Ce sont non seulement les éléments rétrogrades, mais même une partie des éléments du centre, chez qui se révèlent assez souvent certaines des conceptions erronées énoncées plus haut. Même parmi les éléments progressistes, il y a aussi pas mal de gens qui ont le défaut d’être étroits d’esprit et pleins d’arrogance et d’envisager les choses en partant de leurs intérêts personnels. Si ces intellectuels ne modifient pas leur position, la distance subsistera encore entre eux et nous, malgré nos efforts pour nous rapprocher d’eux. »
Cela veut dire que nous devons demander aux membres du Parti et aux non-communistes de faire un grand effort pour renforcer notre unité.
L’individualisme et le préjugé sectaire existent aussi dans les milieux des arts et des lettres ainsi que dans les milieux scientifiques. Une distance existe aussi entre les nouveaux et les vieux travailleurs scientifiques. Il faut que cet état de choses disparaisse. Nous avons la conviction que c’est possible. La solution du problème sera d’autant plus facile si les membres du Parti donnent l’exemple en faisant des efforts pour bien collaborer avec les non-communistes.
« Que s’épanouissent des floraisons multiples, que de multiples écoles rivalisent », cela signifie pour le travail de la critique, la liberté de critique et de contre-critique.
La critique, telle qu’on la pratique actuelle, est parfois de nature à effrayer. Et quand elle n’effraye pas, elle est souvent insipide. Comment résoudre ce problème ?
Il existe deux sortes de critique. Il y a la critique dirigée contre l’ennemi, ce qu’on appelle la critique qui « assomme sur le coup », ou la critique sous forme d’attaque. Il y a aussi la critique à l’endroit des honnêtes gens, c’est la critique bien intentionnée qui se fait entre camarades, au nom de l’unité et ayant pour but de resserrer l’unité au moyen de la lutte. Ce genre de critique doit tenir compte de l’intérêt général, s’appuyer sur beaucoup d’arguments, être faite pour le bien des autres ; il ne faut pas imiter le « Faux diable étranger », personnage de La véritable histoire de Ah Q ;6 avec son « Je te défends de faire la révolution ! »
Qu’il s’agisse de l’un ou de l’autre de ces deux genres de critique, une étude préalable est toujours nécessaire. Il faut beaucoup observer et beaucoup réfléchir avant de se mettre à écrire, et non pas se presser d’écrire quand on ne sait qu’un brin des choses.
Prétendre que la critique soit forcément une attaque est une idée erronée. Quand nous étions à Yenan, il y avait un contre-révolutionnaire du nom de Wang Che-wei, et plus tard cet autre contre-révolutionnaire du nom de Hou Fong, qui tous deux attaquaient le Parti et le pouvoir du peuple en écrivant des « essais » ou en usant d’autres moyens. A l’égard des contre-révolutionnaires de ce genre, l’attaque est, bien entendu, justifiée. Mais ce serait une erreur d’utiliser la même méthode au sein du peuple.
Pour ce qui est de la critique envers les gens de bien, je voudrais recommander les quatre articles suivants :
1) Mao Tsé-toung : La réforme de nos études ;
2) Mao Tsé-toung : Mise au point du style de travail du Parti ;
3) Mao Tsé-toung : S’opposer au jargon stéréotypé du Parti ;
4) Le Quotidien du Peuple : De l’expérience historique de la dictature du prolétariat.
Les trois premiers articles critiquent les camarades Wang Ming et Pouo Kou7 qui avaient commis l’époque de graves fautes. Le dernier article constitue une critique à l’endroit du camarade Staline qui a à son actif de grands mérites, tout en étant l’auteur de graves fautes, mais dont les mérites sont néanmoins plus nombreux que les fautes. A lire ces articles, on comprendra qu’il est possible d’avoir une critique formulée de façon à n’être ni une attaque brutale, ni quelque chose d’indifférent, ne faisant ni chaud ni froid, − une critique profitable à un grand nombre de gens. On se rendra compte aussi combien de tels articles demandent une étude laborieuse. Et c’est précisément ce genre de critique que nous devons préconiser.
Chercher à s’élever aux sommets des sciences et des arts est une tâche ardue. La raison en est que là, rien ne sert d’être malin, force est de travailler honnêtement, consciencieusement, en partant des faits. Nous devons donner aux savants et aux artistes toute l’aide nécessaire. Sous notre régime social, tout homme de science, tout artiste et tout écrivain qui travaillent honnêtement, méritent d’être aidés et non d’être attaqués. Il est absolument impossible d’éviter des erreurs, quand on pense par soi-même et qu’on entreprend un travail créateur et complexe. Premièrement, rien que l’insuffisance de connaissances pourrait déjà quelquefois vous induire en erreur. Deuxièmement, exagérer ce qui est juste, l’envisager d’une façon trop absolue, induirait aussi en erreur. Lénine a dit : « Mais il suffit de faire le moindre pas au-delà − un pas accompli, semble-t-il, dans la même direction − pour que cette vérité se change en erreur. » (La maladie infantile du communisme « le gauchisme ».)
Certaines personnes qui sont pour tout ce qui est progressiste peuvent commettre des erreurs, souvent de cet ordre, du fait qu’elles sont un peu trop impatientes. Troisièmement, on peut commettre aussi des erreurs d’idéalisme, et il n’y a rien d’étrange à cela, étant donné que « La connaissance de l’homme n’est pas (respective ne décrit pas) une ligne droite, mais une ligne courbe qui s’approche infiniment d’une série de cercles, d’une spirale. N’importe quel segment, tronçon, morceau de cette courbe peut se transformer (se transformer de façon exclusive) en une ligne droite indépendante, complète, qui (si les arbres cachent la forêt) conduira alors dans le marais, à l’obscurantisme clérical (où elle sera fixée par l’intérêt de classe des classes dominantes) » (Lénine : Cahiers philosophiques). Dans le processus de la connaissance, la sclérose, le fait d’envisager les problèmes de façon isolée (ce que nous appelons « s’enfoncer dans la corne de bœuf »), et le point de vue unilatéral, tout cela conduirait à des erreurs d’ordre idéaliste.
Il n’est pas rare que d’honnêtes gens commettent des erreurs de bonne foi. Personne au monde n’est absolument infaillible. Il importe de faire une distinction rigoureuse entre ce genre d’erreurs et les opinions professées sciemment à l’encontre de la révolution. Pour les erreurs de la première sorte, la critique ne peut être que celle qui veut du bien aux autres, qui est faite avec calme avec beaucoup d’arguments à l’appui, qui tient compte de l’intérêt général, agissant dans un esprit d’unité pour parfaire l’unité.
Pour ceux qui commettent ce genre d’erreurs, nous devons déployer tous nos efforts pour les aider à se corriger. Et ceux qui sont visés par ce genre de critique n’auront nul besoin de s’en effrayer.
Il est facile de commettre des erreurs, mais les erreurs doivent être vite corrigées, et le plus tôt sera le mieux. Persister dans les erreurs entraînerait des conséquences désastreuses. Quant à ceux qui font l’objet d’une critique, il est juste qu’ils persévèrent dans la vérité, et ils peuvent émettre des avis différents de ceux d’autrui, s’ils trouvent que la critique n’est pas bien fondée ; mais si la critique est juste, il leur faudra alors l’accepter avec modestie et corriger leurs propres erreurs. Reconnaître publiquement ses erreurs, en découvrir les origines, analyser les circonstances dans lesquelles elles se sont produites et procéder à une discussion approfondie sur les moyens de les corriger, c’est, pour un parti politique, indice de sagesse, et pour un individu, indice de « la recherche de la vérité en partant des faits ». Quand on a commis des erreurs, accepter la critique, c’est accepter l’aide que les autres vous apportent. Ce faisant, il ne peut y avoir pour l’auteur des erreurs lui-même, comme aussi pour le développement des sciences, des lettres et des arts de notre pays, que des avantages sans aucun inconvénient.
En ce qui concerne l’étude en général, il est nécessaire de continuer à organiser, sur la base du principe du libre consentement, l’étude du marxisme-léninisme. En même temps, il nous est nécessaire d’acquérir de vastes connaissances. Nous devons étudier avec discernement et esprit critique le savoir de tous les temps et de tous les pays, le savoir de nos amis aussi bien que celui de nos ennemis.
Le marxisme-léninisme est étudié avec zèle par la plupart de nos intellectuels, c’est là un bon signe. La théorie scientifique du marxisme-léninisme représente le sommet de la connaissance humaine, une vérité universellement applicable. Autrefois, certains prétendaient que le marxisme-léninisme n’était pas applicable en Chine, c’est une opinion qui a depuis longtemps fait faillite. Si nous n’avions eu pour guide la théorie scientifique du marxisme-léninisme, la victoire de la révolution chinoise aurait été inconcevable, et notre édification dans tous les domaines, y compris dans les sciences et la culture, qui ont remporté de grands succès et marqué un rapide essor, aurait été aussi inconcevable.
Cependant, dans notre étude du marxisme-léninisme, il existe encore bien des lacunes et des erreurs, dont la plus importante est la tendance au dogmatisme.
Il y a quinze ans, en mai 1941, le camarade Mao Tsé-toung a écrit La réforme de nos études, plus tard, en février 1942, il a encore écrit La mise au point du style de travail du Parti et S’opposer au jargon stéréotypé du Parti. Ces trois textes ont constitué les principaux documents utilisés dans le mouvement qui a eu lieu à Yenan pour améliorer le travail du Parti. C’était un mouvement idéologique contre le subjectivisme, et principalement contre le dogmatisme. C’était, depuis le Mouvement du 4 Mai 1919, le plus grand mouvement marxiste dans la vie intellectuelle de notre pays. Le dogmatisme, qui a failli faire échouer la révolution dans notre pays, dans la période de la révolution démocratique, est un ennemi redoutable du marxisme-léninisme. C’est une leçon douloureuse que nous devons bien retenir. Nous dévons nous mettre en garde contre le fait que si nous adoptions une attitude dogmatique dans notre étude et dans la direction de notre travail artistique, littéraire et scientifique, nous ferions sûrement fausse route, car cette attitude va directement à l’encontre de l’attitude marxiste-léniniste d’envisager les choses telles qu’elles sont.
Je voudrais saisir l’occasion pour recommander particulièrement à nos hommes de lettres, nos artistes et nos scientifiques les trois écrits du camarade Mao Tsé-toung, à savoir : La réforme de nos études, La mise au point du style de travail du Parti et S’opposer au jargon stéréotypé du Parti, ainsi que la Résolution sur certains problèmes de l’histoire du Parti adoptée à la sixième session plénière du Comité central issu du VIIe Congrès. J’espère que chaque travailleur artistique, littéraire et scientifique liront et reliront ces documents jusqu’à comprendre réellement où réside la différence entre le dogmatisme et le marxisme-léninisme, pourquoi le dogmatisme est un ennemi redoutable du marxisme-léninisme et pourquoi une lutte énergique contre le dogmatisme doit être entreprise.
Nous devons acquérir de vastes connaissances. Notre pays possède un riche patrimoine dans le domaine de la médecine, de l’agronomie, de la philosophie, de l’histoire, de la littérature, de l’art dramatique, de la peinture, de la musique, etc. Nous devons étudier avec sérieux cet héritage et le recueillir avec un esprit critique. De ce côté, nous avons non pas trop fait, mais trop peu fait, et pas assez consciencieusement. Le mépris de notre héritage national existe encore chez certains ; et dans certains milieux, cet état d’esprit constitue encore un fait très grave.
Quel genre d’héritage devons-nous accepter et comment l’accepter ?
Si nous n’acceptons que ce qui est parfait selon notre point de vue d’aujourd’hui, il n’y aura alors rien qui soit digne d’être recueilli. Par contre, si nous devions recueillir notre héritage culturel sans esprit critique, cela ramènerait à « considérer tout ce qui est chinois comme le meilleur ».
A l’égard du patrimoine culturel de notre pays, nous proposons d’adopter le principe suivant : choisir avec soin, protéger et faire développer tout ce dont on peut tirer profit, et en même temps, critiquer en toute objectivité ce qu’il y a d’erroné et d’insuffisant. A présent, notre travail comporte des lacunes dans deux sens. D’une part, pour ce qu’il y a de profitable dans notre patrimoine culturel, nous avons la tendance de tout rayer d’un trait de plume, à la légère. C’est la tendance prédominante de l’heure. La représentation de Quinze colliers de sapèques de l’Opéra de Kouen-chan nous montre que c’est une erreur de prétendre qu’il n’y a rien dont on pourrait tirer profit dans ce genre d’opéra. Tel est le cas pour l’opéra. En va-t-il de même pour les autres branches de l’art, de la littérature, comme aussi de la recherche scientifique ? Nous devons reconnaître que les mêmes tendances existent dans ces domaines, et qu’il faut porter remède à cela. D’autre part, nous constatons aussi des cas où l’on se dispense de critiquer ce qu’il y a d’erroné et d’insuffisant dans notre patrimoine culturel, si l’on ne cherche pas même à le dissimuler sous un vernis trompeur. C’est là une attitude qui manque d’honnêteté, elle demande aussi à être corrigée.
Les travailleurs littéraires et artistiques aussi bien que les travailleurs scientifiques feront bien de se mettre à l’école du peuple. Le génie créateur du peuple est inépuisable. Dans le peuple, quantité de trésors ne sont pas encore découverts ; d’autres, quoique découverts, n’ont pas été bien utilisés. Prenons pour exemple la médecine. Autrefois, l’acuponcture et la cure spéciale par le recueillement et la respiration thérapeutique étaient méprisées ; aujourd’hui, on commence à en faire cas. Mais d’autres traitements populaires, tels que l’ostéoplastie, le massage, la guérison par les plantes médicinales, n’ont pas encore suffisamment attiré l’attention et ne sont pas appréciés à leur juste valeur. Prenons encore pour exemples la musique et la peinture. Dans ces deux domaines, on n’estime pas assez notre patrimoine national. On doit mettre fin à cet état de choses partout où il se rencontre. Ce qui vient du peuple est souvent quelque chose de simple, de non systématisé, sans explication théorique. Cet apport est même parfois empreint d’un peu de charlatanisme, d’une teinte de superstition. Il n’y a là rien qui puisse étonner. La tâche des travailleurs scientifiques, ainsi que des travailleurs littéraires et artistiques, consiste non pas à mépriser tout ce qui vient du peuple, mais à l’étudier, à en faire le triage avec soin, à protéger et à développer ce dont on peut tirer profit, et à lui donner une base scientifique.
Nous devons avoir notre dignité nationale, nous ne devons jamais épouser les thèses du nihilisme national. Nous nous opposons à la thèse erronée de ce qu’on appelle « l’occidentalisation intégrale ». Mais cela ne veut pas dire que nous devons nous gonfler d’orgueil et refuser d’apprendre ce qu’il y a de meilleur dans les pays étrangers. Notre pays est encore bien en retard ; afin de l’aider à devenir puissant et prospère, nous avons à faire de grands efforts pour apprendre bien des choses de l’étranger. L’orgueil national ne peut se justifier en aucune circonstance.
Il nous faut apprendre auprès de l’Union soviétique, des pays de démocratie populaire et des peuples de tous les pays du monde.
Apprendre auprès de l’Union soviétique, c’est un mot d’ordre juste. Nous avons déjà appris quelque peu auprès d’elle, et aurons encore beaucoup à apprendre. L’Union soviétique est le premier Etat socialiste du monde, le dirigeant du camp de la démocratie et de la paix. Le rythme de développement de son industrie est le plus rapide ; elle possède une riche expérience dans l’édification socialiste et dans le domaine de la science, elle a, dans de nombreuses branches, atteint et même dépassé le niveau des pays capitalistes les plus avancés. Bien entendu, auprès d’un tel pays, d’un tel peuple, nous devons apprendre consciencieusement. On aurait absolument tort de ne pas apprendre auprès de l’Union soviétique.
Cependant ; quand on apprend auprès de l’Union soviétique, nous ne devons jamais copier mécaniquement tout ce qui vient d’elle à la façon des dogmatiques, nous devons adapter ce que nous avons appris à la réalité de notre pays. C’est un point auquel nous devons prêter attention. Sinon, notre travail en souffrirait.
En dehors de l’Union soviétique, nous devons aussi apprendre auprès des pays de démocratie populaire. Ces pays ont chacun leurs qualités. Parmi eux, nombreux sont ceux dont l’industrie, la technique et la science sont en avance sur notre pays. D’autres sont plus avancés que nous dans certains autres domaines. Tout cela mérite que nous apprenions auprès d’eux. La présomption et la suffisance sont hors de mise.
Les peuples des pays autres que l’Union soviétique et les démocraties populaires se trouvent sous des régimes sociaux et politiques différents. Les régimes sociaux et politiques peuvent changer, mais les peuples subsisteront et progresseront toujours. Et ce n’est pas sans bonnes raisons qu’il en est ainsi. Tout ce qui constitue leurs qualités, que ce soit dans le domaine littéraire, artistique et scientifique, dans le domaine des mœurs ou dans d’autres domaines, nous devons l’apprendre avec un esprit critique. Là aussi, la présomption et la suffisance ne seront pas de mise.
Non seulement nous devons apprendre auprès de nos amis, mais aussi auprès de nos ennemis. Nous n’apprendrons pas ce qu’il y a de réactionnaire dans leur régime, mais ce qu’il y a de bon dans leurs méthodes de gestion et ce qui a de la valeur dans leur technique scientifique. Notre but est d’accélérer l’essor de notre édification socialiste, en vue de redoubler nos forces destinées à prévenir toute agression et à défendre la paix en Asie et dans le monde.
Je voudrais également dire quelques mots sur la question de savoir comment les membres du Parti doivent apprendre auprès des non-communistes. Chez beaucoup de membres de notre Parti, on remarque des lacunes dans leurs connaissances. Les non-communistes manquent de connaissances élémentaires du marxisme-léninisme. Mais pour bon nombre de nos amis non-communistes qui étudient le marxisme-léninisme avec enthousiasme, c’est déjà un fait du passé ou le sera bientôt. Nombre d’entre eux ont comblé cette lacune, ou l’auront bientôt comblée. Ce problème est donc en train d’être résolu. Le problème que nous soulevons à l’heure actuelle, c’est que les membres du Parti se doivent de veiller à ce que leurs lacunes soient comblées. Le seul moyen valable sera de se renseigner en toute honnêteté auprès des gens compétents, de se mettre à leur école. La plus grande partie des intellectuels non-communistes étudient avec ardeur. Les membres du Parti communiste ne doivent pas rester en arrière quand ils apprennent auprès de ces intellectuels pour acquérir les connaissances de toutes sortes. C’est là aussi un point important dans la question de l’étude.
Maintenant que la politique : « Que s’épanouissent des floraisons multiples, que de multiples écoles rivalisent » est à l’ordre du jour, on ne manquera pas de voir se poser à sa suite, d’étape en étape, de nombreuses questions qui demanderont des solutions. Espérons que tout le monde y réfléchira. Nous nous bornons aujourd’hui à poser quelques questions de principe, et vous êtes priés d’y apporter correction s’il y a lieu.
(Texte révisé par l’auteur le 6 juin 1956)
Nota : Depuis que ce discours a été prononcé, j’ai reçu de monsieur Kuo Mo-jo et d’autres amis 72 lettres, les unes écrites à titre individuel, les autres à titre collectif. Certains ont donné leur avis sur le texte de mon discours, d’autres m’ont fait part de leurs réflexions personnelles. Ils m’ont tous été d’une aide précieuse, qu’il me soit permis de leur exprimer ici mes sincères remerciements.