« PROBLEMES ECONOMIQUES DU SOCIALISME EN U.R.S.S. (Les) ». Ouvrage de Staline consacré aux problèmes de l’économie socialiste et de la transition du socialisme au communisme. Publié en septembre 1952.
Dans cet écrit Staline élucide des questions fondamentales de l’économie politique du socialisme et qui ont une grande importance pour l’activité pratique de l’Etat soviétique et du parti communiste.
S’appuyant sur les travaux de Marx, Engels, Lénine, généralisant l’expérience de l’édification du socialisme en U.RS.S., Staline y formule la loi économique fondamentale du socialisme (V.), qui permet de comprendre et d’expliquer les autres lois régissant la société socialiste.
Il montre qu’à l’opposé de la société capitaliste avec sa loi de la concurrence et de l’anarchie de la production, la société socialiste, grâce à la socialisation des moyens de production, est régie par la loi du développement harmonieux (proportionnel) de l’économie nationale (V.), que les plans annuels et quinquennaux soviétiques reflètent les exigences de cette loi.
Staline met au point le problème de la production marchande sous le socialisme. Il montre que la production marchande subsiste, sous le socialisme, du fait qu’il existe, en plus de la propriété nationale, une propriété kolkhozienne qui n’est pas celle du peuple entier.
La production kolkhozienne appartient aux kolkhoz eux-mêmes qui peuvent la vendre sous forme de marchandise. Lorsque ces deux principaux secteurs seront remplacés par un seul secteur de production qui pourra disposer de tous les produits de consommation, alors seulement la circulation marchande avec son « économie monétaire » disparaîtra et deviendra inutile dans l’économie nationale.
Staline a mis en lumière la nature spécifique de la production marchande en régime socialiste : c’est une production marchande d’un « genre particulier », qui renforce le socialisme et contribue à passer au communisme.
Il a montré que sous le socialisme, la sphère d’action de la loi de la valeur se borne, pour l’essentiel, aux objets d’usage personnel. C’est dans ce domaine seulement que cette loi garde, dans une certaine mesure, son rôle de régulateur. Mais elle ne joue plus de rôle régulateur dans la production socialiste. Quand aura disparu la production marchande, la valeur et ses formes, ainsi que la loi de la valeur, disparaîtront également.
Dans son livre, Staline fournit la réponse aux questions fondamentales relatives à la suppression de l’opposition entre la ville et la campagne, entre le travail manuel et le travail intellectuel et à la suppression des différences entre eux. Il met en lumière la nature de cette opposition et montre qu’en régime socialiste, lorsqu’on passe graduellement au communisme, il n’y a plus opposition, mais seulement une différence essentielle entre la ville et la campagne, une différence essentielle entre le travail manuel et le travail intellectuel, différences qui seront abolies au stade supérieur du communisme.
Staline développe dans son ouvrage le programme léniniste relatif à la construction de la société communiste, aux moyens de passer de la phase inférieure du communisme à sa phase supérieure.
Développant les thèses de Lénine sur l’impérialisme, Staline formule la loi économique fondamentale du capitalisme actuel (V.) et montre que l’action de cette loi conditionne tous les processus qui s’opèrent aujourd’hui dans le monde capitaliste.
Il met en relief la conséquence économique la plus importante de la deuxième guerre mondiale : la désagrégation du marché universel unique et la constitution de deux marchés mondiaux, l’organisation d’une étroite coopération et d’une entraide économique entre les pays du camp de la démocratie et du socialisme. Cette désagrégation a entraîné une nouvelle aggravation de la crise générale du système capitaliste mondial (V.).
Staline réfute les vues profondément erronées de certains économistes prétendant que, dans les conditions présentes, les guerres entre les pays capitalistes ne sont plus inévitables. Il caractérise l’essence du mouvement actuel des peuples pour la paix, contre une nouvelle guerre et souligne que ce mouvement ne vise pas à renverser le capitalisme, qu’il se borne aux objectifs démocratiques de la lutte pour le maintien de la paix.
Il n’est pas exclu cependant que cette lutte pour la paix évolue dans certains pays vers la lutte pour le socialisme. Mais tel quel, ce mouvement n’est pas en mesure d’extirper les racines des guerres impérialistes « Pour supprimer les guerres inévitables, il faut détruire l’impérialisme » (Staline : « Les problèmes économiques du socialisme en U.R.S.S. », M. 1953, p. 41).
L’ouvrage de Staline développe plus avant certains problèmes du matérialisme historique et du matérialisme dialectique.
Reprenant la thèse formulée dans « Le marxisme et les questions de linguistique » (V.), selon laquelle le passage de la qualité ancienne à la qualité nouvelle s’opère, en régime socialiste, non pas au moyen d’« explosions », mais par accumulation graduelle d’éléments de la qualité nouvelle et par dépérissement des éléments de la qualité ancienne, Staline montre que le développement économique se fait sous le socialisme non par bouleversements, mais par transformations graduelles.
J. Staline met au point le problème des contradictions qui est d’une grande importance pour le développement de la dialectique marxiste. Il critique l’opinion suivant laquelle la concordance complète entre les forces productives et les rapports de production, sous le socialisme, exclut toutes contradictions entre eux.
L’économie socialiste se développe également à travers l’apparition et le dépassement des contradictions internes entre les deux aspects du mode de production. Staline met en lumière le caractère spécifique du développement et du dépassement de ces contradictions sous le socialisme où, à la différence du capitalisme, les contradictions ne deviennent pas opposition et n’aboutissent pas à un conflit ne pouvant être réglé que par une révolution.
Le parti communiste et l’Etat soviétique remarquent à temps les contradictions qui apparaissent et les éliminent en réadaptant les rapports de production aux forces productives accrues. L’ouvrage de Staline est une application et un développement des catégories importantes de la dialectique matérialiste comme la possibilité et la réalité, le contenu et la forme, etc.
L’ouvrage de Staline met en pièces l’interprétation idéaliste subjective des lois économiques du socialisme par toute une série d’économistes, de philosophes et de juristes soviétiques ; Staline fait progresser la théorie matérialiste sur le caractère objectif des lois de la nature et de la société, des lois de la science.
Il montre que la négation du caractère objectif des lois économiques du socialisme conduit aux aventures en politique et constitue une récidive du volontarisme (V.). La politique du parti communiste est efficace parce qu’elle s’inspire des exigences des lois objectives du développement de la nature et de la société.
Staline montre que reconnaître le caractère objectif des lois économiques ce n’est pas du tout en faire des fétiches ni nier le rôle de l’activité consciente des hommes. Staline a également fait œuvre d’une grande importance théorique et pratique en développant les thèses marxistes sur les rapports entre les lois générales et les lois spécifiques, entre la loi économique fondamentale et les autres lois économiques, non fondamentales, la thèse relative à la portée de la connaissance des lois pour la prévision scientifique, etc.
L’ouvrage « Les problèmes économiques du socialisme en U.R.S.S. » présente un grand intérêt pour le développement du matérialisme historique : il en précise concrètement plusieurs questions. Staline met au premier plan le problème du mode de production des biens matériels, il en caractérise les deux aspects, leur différence et leur corrélation, met en lumière l’essence de chacun de ces aspects, la dialectique des forces productives et des rapports de production.
Staline formule et développe plusieurs thèses importantes concernant la loi de correspondance nécessaire entre les rapports de production et le caractère des forces productives (V.), découverte par Marx, montre le rôle de cette loi dans la succession, au cours de l’histoire, des modes de production explique comment le pouvoir soviétique a utilisé cette loi pour socialiser les moyens de production, les transformer en propriété du peuple, pour créer les formes socialistes de l’économie.
L’alliance des ouvriers et des paysans est la force qui a permis de briser la résistance opposée à cette loi par les classes exploiteuses et de la faire agir.
L’ouvrage de Staline fait ressortir l’humanisme de la société socialiste où tout est subordonné à l’homme, tout vise au bien et au bonheur de l’homme. Dans la société capitaliste l’homme et ses besoins sont perdus de vue.
La course au profit est son objectif principal. Le but de la production socialiste « n’est pas le profit, mais l’homme et ses besoins, c’est-à-dire la satisfaction de ses besoins matériels et culturels » (Ibid., p. 87).
PRODUCTION. Processus de création des biens matériels nécessaires à la vie delà société. En tant qu’activité rationnelle des hommes, orientée vers l’adaptation des objets naturels aux besoins humains par le changement de leur forme, la production est la condition naturelle constante de la vie humaine. Au cours de la production, les hommes agissent également les uns sur les autres en se groupant d’une manière déterminée pour une activité commune.
Ce n’est que dans le cadre de leurs rapports sociaux qu’ils exercent leur action sur la nature. C’est pourquoi la production a toujours un caractère social. Elle a deux aspects: les forces productives qui expriment le comportement de la société à l’égard de la nature sur laquelle elle agit pour se procurer les biens matériels, et les rapports de production, c’est-à-dire les rapports des hommes entre eux au cours de la production.
« Seule la présence de ces deux aspects de la production nous donne la production sociale, qu’il s’agisse du régime socialiste ou d’autres formations sociales » (Staline : « Les problèmes économiques du socialisme en U.R.S.S. », M. 1953, p. 71).
L’unité des forces productives et des rapports de production constitue le mode de production des biens matériels (V.), principal moteur du développement social, qui détermine le caractère d’un régime social donné.
La production a trois particularités. La première, c’est qu’elle est toujours en voie de changement et de développement. Le changement du mode de production provoque celui du régime social, des idées, des institutions politiques, juridiques et autres, il provoque le changement du régime social tout entier.
La deuxième particularité de la production, c’est que ses changements et son développement commencent toujours par ceux des forces productives et, avant tout, des instruments de production.
Ce qui distingue une époque économique d’une autre, dit Marx, c’est moins ce que l’on fabrique, que la manière de fabriquer, les moyens de travail par lesquels on fabrique. Les modifications et le développement des forces productives entraînent une modification conforme des rapports de production.
Ainsi, le progrès de la société humaine est déterminé par une loi économique objective, la loi de correspondance nécessaire entre les rapports de production et le caractère des forces productives (V.).
La troisième particularité, c’est que les nouvelles forces productives et les rapports de production qui leur correspondent apparaissent au sein même de l’ancien régime social et non en dehors de ce régime ou après sa disparition.
La production sociale comprend deux grandes sections : I — production des moyens de production (machines, bâtiments, matières premières, etc.) et II — production des objets de consommation personnelle. La production sociale se divise en différentes branches dont l’ensemble constitue l’économie nationale.
Le processus de la production sociale est en même temps celui de la reproduction. Ce qui caractérise la reproduction élargie, c’est le développement prioritaire de la première section par rapport à la seconde, loi valable aussi bien pour la société capitaliste que pour la société socialiste.
Seuls les résultats de son action différent : sous le capitalisme, elle aboutit à l’enrichissement des capitalistes et à la paupérisation du prolétariat, à l’accroissement du chômage, etc.
Tandis que sous le socialisme, son résultat est l’essor rapide de toute l’économie nationale, le mieux-être matériel et culturel des masses laborieuses. En régime socialiste cette loi est subordonnée à la loi économique fondamentale du socialisme (V.).
Contrairement au système capitaliste dont le but est la course au maximum de plus-value, au surprofit, par l’exploitation des travailleurs, la production socialiste est subordonnée à l’homme, à la satisfaction maximum des besoins matériels et culturels sans cesse croissants de toute la société.
Soumise aux lois de la concurrence et à l’anarchie, l’économie capitaliste, périodiquement interrompue par des crises, se développe au prix de l’accroissement de la sous-production chronique des entreprises, de l’augmentation de l’armée permanente de chômeurs, de la paupérisation des travailleurs.
Quant au régime socialiste, il assure une croissance régulière, ininterrompue, et le perfectionnement de toute la production sociale sur la base d’une technique supérieure, ce qui implique le développement prioritaire de la production des moyens de production.
Il anéantit pour toujours le chômage, la misère et le paupérisme, allège le travail des ouvriers, assure à chaque travailleur les moyens de déployer ses capacités et ses talents dans la production sociale.
L’essor continu de la production socialiste impliquant le développement prioritaire de la production des moyens de production est une des principales conditions du passage de l’économie socialiste à l’économie supérieure, communiste.