Par des communistes marxistes-léninistes zaïrois

Une tradition de résistance

Le Zaïre, notre pays, malgré l’immensité de son étendue, malgré ses ressources minières et agricoles abondantes, est un pays faible et pauvre du tiers monde situé au cœur du continent africain. En dépit des inepties répandues par les sociologues et ethnologues bourgeois et coloniaux, à la pénétration coloniale, il existait diverses formations sociales au sein desquelles s’était déjà opérée une différenciation des classes et possédant un riche patrimoine artistique et culturel.

Lorsque à la 2e moitié du XIXe siècle, les colonialistes belges entreprirent d’envahir cet immense territoire qu’ils allaient appeler « Congo belge », c’est-à-dire le Zaïre actuel, ces différentes populations de cette région d’Afrique avaient eu, bien auparavant, à faire face aux invasions diverses des colonialistes portugais, espagnols, hollandais et anglais. A cette époque, ces puissances colonialistes se livrèrent surtout à la traite des esclaves. Ce trafic ignoble plongea les populations de cette région dans un abîme de souffrances et entrava gravement leur progrès social. Des populations entières, pour éviter ce fléau, se repliera dans les profondeurs des forêts et dans des régions inhospitalières. De nombreuses civilisations en plein développement furent ensevelies.

Des œuvres d’art, reflets culturels de leur vie sociale, furent détruites. Des populations de vastes régions furent réduites en esclavage et déportées en Amérique. Le transfert d’un noir selon les estimations actuelles coûtait au moins la vie à cinq autres, morts en cours de route ou même avant d’avoir quitté le continent. Des monceaux de cadavres humains, des scènes déchirantes de marches forcées vers l’estuaire, des villages brûlés, des familles séparées à jamais. Jamais l’histoire humaine n’a connu auparavant de destruction d’une telle ampleur de la part des envahisseurs colonialistes. C’est sur ces « ruines », par le fer et le sang que les colonialistes belges se mirent à ériger leur domination.

Là où il y a agression et oppression, il y a résistance. Dès le début, les différentes populations malgré leurs faibles moyens, opposèrent une résistance héroïque aux agresseurs colonialistes. Des nationalités et groupements ethniques comme ceux des Azandés, Batéléla, de Lunda, des Budja, des Pendés, etc. se révoltèrent à la fin du siècle dernier et au début de notre siècle.

Les premiers ouvriers astreints à des travaux forcés sabotaient les livraisons des récoltes exigées par les colonialistes. Les ouvriers organisèrent de grandes grèves, notamment celle de l’Union minière du Haut-Katanga en 1941 et celle des ouvriers de chantiers navals de Matadi en 1945.

D’innombrables mouvements paysans contre les impôts, contre la confiscation des terres par les colons virent le jour. Les mutineries successives au sein même de l’armée coloniale notamment entre 1895 et 1907, puis en 1944 et qui se généralisèrent à travers le pays en juillet 1960, le mouvement pour les libertés et droits démocratiques dans les années 50, le soulèvement en juin 1957 à Kinshasa puis celui de janvier 1959, etc. sont autant d’événements marquant la résistance ininterrompue de notre peuple contre les colonialistes. Celle-ci conduisit à l’effondrement de la domination colonialiste belge et à la proclamation de notre indépendance le 30 juin 1960.

L’indépendance de notre pays ne tut donc pas un cadeau octroyé par le colonialisme belge, mais une victoire arrachée par notre peuple au prix de sacrifices immenses et de luttes opiniâtres.

Néanmoins, cette victoire ne fut pas complète : le colonialisme belge conservait encore de fortes positions notamment sur le plan économique, qu’il allait essayer à tout prix de conserver. C’est ainsi qu’il attenta à notre intégrité territoriale en fomentant la sécession katangaise le 11 juillet 1960.

De son côté, en tant que superpuissance, l’impérialisme américain va profiter de l’affaiblissement du colonialisme belge, du sabotage du mouvement de libération par les révisionnistes soviétiques pour s’infiltrer au Zaïre et y asseoir sa domination.

Alors qu’à la faveur du développement inégal des pays impérialistes et des deux guerres mondiales, ils étaient devenus une superpuissance, ils se posèrent à la sortie de la seconde guerre mondiale en « gendarme international », ennemi numéro un des peuples du monde. Cependant, les coups incessants administrés à cette superpuissance par différents peuples du monde, notamment ceux d’Indochine et de Corée ont sensiblement affaibli sa puissance, surtout ces dernières années.

Malgré de grandes faiblesses dont la principale est l’absence d’une direction clairvoyante du prolétariat, absence due à l’inexistence de parti prolétarien notre peuple a poursuivi la lutte contre l’impé-rialisme américain, joignant ainsi sa lutte à celle des autres peuples du monde.

Ainsi que n’a cessé de l’attester l’histoire de notre pays depuis l’indépendance, c’est en face des luttes répétées de diverses composantes du mouvement anti-impérialiste dans notre pays que la domination néocoloniale de l’impérialisme US s’est trouvée dès le début.

L’opposition résolue et persistante de notre peuple à l’impérialisme américain et l’influence de la conjoncture internationale de plus en plus favorable aux peuples du monde ont entrainé et continuent d’entrainer des modifications importantes dans le rapport de forces entre notre peuple et la superpuissance US.

La lutte de notre peuple a contraint la bourgeoisie zaïroise à prendre certaines mesures et opérer certains changements notamment sur les plans diplomatique et économique. Ces mesures qui contrent l’influence de l’impérialisme américain dans une certaine mesure traduisent le changement du rapport des forces en faveur de notre peuple et au détriment de l’impérialisme US. Ce changement dans le rapport des forces ne peut que se poursuivre et s’accentuer avec l’approfondissement de la lutte populaire dans notre pays et selon la même tendance, en faveur de notre peuple.

Néanmoins, croire que les Etats-Unis ont perdu toute leur emprise sur le Zaïre n’est pas conforme à la réalité : Mais croire que le rapport de force dans notre pays lui est toujours aussi favorable que par le passé n’est pas non plus conforme à la réalité et conduit à une tactique erronée.

Le social-impérialisme russe ennemi le plus dangereux de notre peuple

Profitant du déclin de la superpuissance US d’une part, et de la situation économique et sociale désastreuse oui sévit actuellement dans notre pays, après avoir bombardé la ville de Dilolo durant le mois de janvier 1976 et proféré des menaces de toutes sortes, le 8 mars 1977, l’Union soviétique agresse notre pays par l’intermédiaire des ex-gendarmes katangais.

Du reste, ce n’est pas la première fois que notre peuple a affaire aux révisionnistes russes. Dès l’accession de notre pays à l’indépendance, lorsque notre peuple affrontait l’impérialisme notamment la superpuissance US, l’URSS se fit remarquer par le sabotage systématique du mouvement de libération nationale.

C’est ainsi, qu’en 1960, au moment critique où les colonialistes belges agressaient notre pays, Khrouchtchev refusa à Lumumba l’aide militaire. II lui fit parvenir, à la place, des vieux véhicules de l’entre-deux guerres et des fusils rouillés.

Les révisionnistes soviétiques acculèrent par ce biais, le patriote Lumumba et son gouvernement à accepter l’arrivée au Zaïre des troupes de l’ONU dont on sait qu’à cette époque, elles exécutaient fidèlement les plans de la superpuissance US.

En juillet 1961, se réunit à Kinshasa le conclave dit de Lovanium, conclave inspiré par l’impérialisme américain. Khrouchtchev contraignit les nationalistes à y participer. De ce conclave, sortit le gouvernement réactionnaire pro-US de Cyrille Adoula qui poursuivit les tentatives de liquidation du mouvement de libération nationale.

En 1964, pendant l’insurrection armée réprimée par la coalition impérialiste dirigée par la superpuissance US, les révisionnistes soviétiques envoyèrent des émissaires auprès des nationalistes pour leur demander instamment de cesser l’encerclement des villes à partir des forêts et villages et de passer à la lutte pacifique parlementaire, etc.

Autant de méfaits commis par les révisionnistes soviétiques contre le mouvement de libération nationale et qui ont favorisé la mainmise de la superpuissance US sur notre pays.

En agressant notre pays, l’URSS a franchi une étape toute nouvelle dans la série de méfaits commis à l’égard de notre peuple, se révélant par ce fait comme le principal ennemi de notre peuple.

Les masses laborieuses de chez nous, malgré leurs conditions d’existence de plus en plus dépréciées ont manifesté leur indignation.

Par diverses actions patriotiques, le peuple zaïrois s’est opposé à cette agression, rabattant ainsi l’orgueil de l’ennemi. Il ne s’agissait donc pas d’une « guerre civile » ni d’un « soulèvement populaire », contrairement à ce que prétendait la propagande destinée à mystifier notre peuple et à tromper l’opinion publique internationale. Il s’agissait bel et bien d’une agression de notre pays par les mercenaires à la solde du social-impérialisme russe.

Que le gouvernement zaïrois et son armée n’aient pas capitulé, cela est une très bonne chose dont nous, communistes marxistes-léninistes du Zaïre, nous nous réjouissons de tout cœur. Cela ne fait qu’étendre et renforcer le front de résistance à l’envahisseur.

Notre pays a bénéficié de la solidarité de nombreux pays du tiers monde notamment africains de l’aide de certains pays du second monde. Une place importante revient à l’aide de la Chine, authentique pays socialiste qui a toujours témoigné à l’égard de notre peuple d’un soutien des plus désintéressé car fondé sur le noble sentiment d’internationalisme prolétarien.

Après plusieurs semaines de combat, les gendarmes katangais de Nathanaël Mbumba se sont réfugiés d’où ils sont venus, c’est-à-dire en Angola, leur base d’appui.

Dans leur fuite, ils ont emporté un train de 300 000 tonnes de manganèse et autres minerais. Ils ont incité la population des régions qu’ils avaient occupées à quitter ces dernières et ont enrôlé de force dans leurs bataillons de nombreux jeunes. Ils ont détruit des ponts et ravagé des villages sur leur passage, subtilisé aux paysans un nombre important de chèvres, de moutons ainsi que de la volaille et quantité d’autres biens.

Ainsi s’est effondrée l’apparence de libérateurs dont ils s’étaient affublés, révélant leur véritable nature de pilleurs, brigands qui, dans les années 1966-67 aux côtés des mercenaires de Shramme et Bob Denard, semaient la mort et la désolation dans la région de l’Est de notre pays. Cela n’est pas sans rappeler l’époque de la sécession où au service du colonialisme belge, ils se livraient avec rage au massacre des populations Baluba du Nord-Katanga, coupables de s’être opposées à l’existence de I’État fantoche du Katanga.

Aujourd’hui, passés au service de l’impérialisme russe, après avoir participé à l’extermination des militants du FNLA et de l’UNITA aux côtés du MPLA, réprimé les dockers du port de Luanda en 1975, ils sont venus « libérer » le Zaïre.

C’est le comble du ridicule, mais aussi du cynisme dont est capable aujourd’hui le révisionnisme soviétique en posant les débris des forces coloniales en soi-disant « libérateurs ».

Après la reprise de toutes les villes ainsi que des bourgs et des villages tombés aux mains des mercenaires de Moscou, le social-impérialisme russe et ses laquais viennent de subir une défaite cinglante.

Cette défaite confirme que l’URSS n’est pas invincible et qu’il ne faut pas en avoir peur, qu’elle aussi tout comme l’autre superpuissance est, quant au fond, « un tigre en papier » même s’il a des « dents atomiques », et qu’il peut être vaincu. Elle confirme que ce n’est pas une ou deux superpuissances mais le tiers monde et les peuples de partout, quand ils s’unissent et osent lutter, ralliant toutes les forces susceptibles d’être unies, qui sont vraiment forts.

– Poursuivons fermement la lutte contre le social-impérialisme russe et ses agents.

– Luttons pour un large front uni patriotique antisocial-impérialiste.

– Luttons pour une véritable démocratie et de meilleures conditions de vie pour les larges masses populaires.

Dans la phase actuelle que traverse notre pays, caractérisée principalement par les efforts de l’URSS pour transformer notre pays en sa zone d’influence, il importe de ne pas nous laisser berner par les apparences et de ne pas relâcher nos efforts.

L’Union soviétique est un pays fasciste, une superpuissance qui veut à tout prix dominer le monde. Cela est déterminé par sa nature impérialiste et est indépendant de notre volonté. Pour arriver à ses fins, il lui faut l’Europe. Du point de vue du ravitaillement en matières premières stratégiques et de par sa position géographique, l’Afrique présente un grand intérêt par rapport à l’Europe.

Profitant de l’évolution du rapport des forces de plus en plus en faveur des pays et des peuples africains et au détriment de la superpuissance US et des autres puissances impérialistes, l’Union soviétique accentue sa pression sur cette partie du monde. Toute cela montre que l’URSS constitue un grand danger pour notre peuple.

De plus, à la frontière de notre pays, il dispose d’une armée de mercenaires prête à se lancer à l’offensive. Il continue à recruter des agents, allant jusqu’à acheter des agents d’autres pays impérialistes aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays1.

Il continue toujours à utiliser le masque de « pays socialiste », « allié naturel » pour utiliser à ses fins le juste mécontentement de notre peuple. Tout cela lui permet d’exercer une pression constante. Il reste le principal danger pour notre peuple.

Nous devons par conséquent poursuivre fermement la lutte contre le social-impérialisme russe. Tout relâchement, toute concession sont un encouragement au social-impérialisme, une corde que l’on se fait passer autour du cou.

La défense de l’indépendance nationale est une affaire qui est au-dessus des forces d’une minorité. Seuls nos ouvriers, nos paysans, toutes les classes et les couches patriotiques, bref tout notre peuple constituent le véritable garant de l’indépendance de notre pays. Tout en comptant sur la solidarité internationale, nous devons compter essentiellement sur notre peuple. C’est de lui que dépend, en dernière analyse, la victoire décisive sur le social-impérialisme russe.

C’est pourquoi, nous, communistes marxistes-léninistes, sommes pour un large front uni patriotique antisocial-impérialiste de toutes les classes et couches sociales anti-impérialistes.

Mais ceci ne peut devenir réalité que si notre peuple jouit de libertés démocratiques et de meilleures conditions d’existence. Si vraiment on a à cœur l’indépendance de notre pays et la sauvegarde de son intégrité territoriale, il faut que notre peuple jouisse de véritables liber tés démocratiques et que ses conditions de vie s’améliorent. Continuer à priver notre peuple de toute liberté et ne pas tenir compte de ses aspirations à des conditions de vie meilleures, c’est se rendre complice du soc1al-impérialisme car cela favorise ses menées agressives.

C’est pourquoi, nous, communistes marxistes-léninistes, lieront étroitement la lutte pour l’indépendance à la lutte pour la démocratie. Il ne s’agit pas de la démocratie telle que la réclame à cor et à cri les agents du social-impérialisme : leur démocratie n’est au fond que le droit pour eux d’avoir les coudées franches dans leur travail pour leurs maitres du Kremlin. Pour nous, il s’agit de la démocratie pour toutes les classes et couches sociales patriotiques.

Dans l’intérêt suprême de la nation, nous communistes marxistes-léninistes du Zaïre, exigeons que les mesures suivantes soient prises dans les plus brefs délais :

– Que les différentes couches de la population, les ouvriers, les paysans, les intellectuels révolutionnaires et tous les autres patriotes aient le droit de s’organiser librement tant sur le plan politique, syndical que culturel.

– Que cesse le monopole d’un seul parti politique dans la vie sociale de notre pays.

– Que tous les prisonniers politiques soient libérés immédiatement sauf les traitres à la nation : les agents du social-impérialisme russe notamment doivent être débusqués.

– Que cessent les vexations des militaires envers la population civile. Les militaires doivent se faire remarquer dans la défense de la patrie et non dans la répression du peuple qui est le véritable garant de notre indépendance.

Il est indispensable que les droits et liber tés démocratiques soient instaurés dans le pays.

Poursuivre fermement la lutte contre le social-impérialisme équivaut à ce que ces mesures soient mises en application dans les plus brefs délais.

Aout 1977

  1. Alors que les relations que notre pays entretient avec l’URSS se limitent à de simples échanges diplomatiques, l’ambassade russe compte un personnel très nombreux. Que fait tout ce monde sinon de l’espionnage, du recrutement sous couvert diplomatique. D’ailleurs, ils doivent être expulsés manu-militari.

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