POSSIBILITE ET REALITE. Catégories de la dialectique matérialiste traduisant une des lois essentielles du développement objectif. Au cours de son développement ce qui naît ne s’affirme pas d’emblée.
Au début il n’est que possibilité. La catégorie de possibilité fixe justement l’état, le degré du développement des objets et des phénomènes, quand ils ne sont pas encore réalité et ne sont qu’une tendance possible du développement.
Il faut distinguer la possibilité formelle, abstraite, de la possibilité réelle, concrète. Au point de vue de la possibilité formelle « tout est possible ». La possibilité formelle ou abstraite ne se base pas sur des conditions concrètes, réelles, rendant nécessaire sa transformation en réalité.
Ce qui dans telles conditions s’avère une possibilité abstraite, dans d’autres circonstances peut devenir une possibilité réelle.
Par exemple, les crises économiques sous la production marchande simple ne sont qu’une possibilité abstraite. La transformation de la production marchande simple en production capitaliste rend cette possibilité réelle.
Par conséquent, contrairement à la possibilité formelle, la possibilité réelle peut, objectivement, se réaliser et, dans des conditions bien déterminées, elle se réalise nécessairement, c’est-à-dire devient une réalité.
On sait que sous le capitalisme les crises économiques éclatent périodiquement et sont inévitables.
Il importe de distinguer nettement possibilité et réalité. Le régime soviétique avait créé la possibilité réelle de construire la société socialiste. Mais il fallait faire de cette possibilité une réalité.
Entre la possibilité de construire le socialisme et sa construction effective la différence est grande.
Grâce à la politique juste du parti communiste, la possibilité de la victoire du socialisme au pays des Soviets est devenue une réalité.
Parmi les conditions indispensables à la transformation de la possibilité en réalité, un rôle très important revient à l’activité consciente des hommes s’appuyant sur la connaissance des lois objectives du développement.
Les avantages du régime socialiste soviétique, le patriotisme soviétique et l’amitié des peuples de l’U.R.S.S., le moral élevé de l’Armée soviétique et des travailleurs de l’arrière, ont rendu réellement possible la victoire sur l’ennemi dans la Grande guerre nationale de l’Union Soviétique. Mais il fallait savoir utiliser cette possibilité.
Le parti communiste a été l’organisateur et l’animateur de la victoire qui a délivré le monde de l’asservissement fasciste.
La dialectique matérialiste enjoint non seulement de constater la possibilité de tel ou tel processus, mais encore de comprendre les conditions nécessaires pour faire de cette possibilité une réalité ; elle souligne le rôle immense de la pratique, de la lutte qui se déroule au cours de cette conversion.
La possibilité du nouveau, du progressif s’oppose à la possibilité du maintien temporaire de l’ancien, d’une victoire passagère des éléments retardataires, réactionnaires. Sans lutte, ces derniers peuvent-ils entraver sérieusement et pour longtemps l’éclosion du nouveau, du révolutionnaire.
La possibilité du développement révolutionnaire, progressiste ne peut jamais devenir une réalité sans la lutte entre le nouveau et l’ancien, entre ce qui est avancé et ce qui est arriéré, entre le mouvement révolutionnaire et le mouvement réactionnaire.
Aussi le parti communiste dénonce-t-il les théories opportunistes sur le développement spontané et enseigne qu’il faut participer activement à la naissance du nouveau, du progressiste, mener une lutte implacable contre tout ce qui entrave la victoire du nouveau, du progressiste.
Dans la situation internationale actuelle, par exemple, la possibilité du maintien de la paix est parfaitement réelle. Mais pour qu’elle devienne une réalité, il est nécessaire que les forces de paix s’unissent encore plus étroitement dans leur lutte contre les forces réactionnaires intéressées à déclencher une nouvelle guerre.
Cette possibilité ne saurait devenir réalité, sans ce combat, sans que les peuples prennent en main la cause de la paix.
Le marxisme n’a rien de commun avec le fatalisme selon lequel on peut attendre simplement que la tendance nécessaire du développement se transforme d’elle-même en réalité du moment que les lois économiques déterminent cette tendance.
Les lois objectives créent une possibilité réelle, possibilité qu’il s’agit de transformer, par l’activité pratique, en réalité. C’est ainsi que la loi du développement harmonieux (proportionnel) de l’économie nationale (V.), en vigueur sous le socialisme, ne fait que créer une possibilité réelle de la planification.
Pour que cette possibilité devienne réalité il faut se rendre maître de cette loi, dresser des plans qui en traduisent fidèlement les dispositions.
POSTULAT (lat. postulatum — chose demandée). Terme désignant une prémisse qui n’est pas évidente par elle-même, mais qu’on admet comme point de départ d’une démonstration.
PRAGMATISME (du grec […] — action, pratique). Courant philosophique réactionnaire, variété de l’idéalisme subjectif répandu surtout aux Etats-Unis.
Le pragmatisme est une forme américaine de l’idéalisme à l’époque actuelle de l’impérialisme, analogue à l’intuitionnisme (V.) en France et à ce qu’on appelle la « philosophie de la vie » en Allemagne.
Ce qui caractérise toutes ces écoles réactionnaires, c’est la négation des lois objectives du monde auxquelles elles substituent les sensations, les « affections » humaines, considérées comme la seule réalité. Les principes fondamentaux du pragmatisme ont été formulés par Peirce (1839-1914).
Le représentant le plus influent de cette philosophie, William James (V.) l’a diffusée largement parmi les idéologues réactionnaires.
Par la suite, c’est John Dewey (V.) qui est devenu le chef de cette école. En Grande-Bretagne, le pragmatisme a été propagé par Schiller et en Italie par Papini.
En ce qui concerne la question fondamentale de la philosophie (V.) le pragmatisme ne se distingue pas du volontarisme (V.) et du machisme. (V. Empiriocriticisme ; Mach.)
« Considérer la vérité comme un instrument de la connaissance, écrivait Lénine, cela signifie, en somme, passer à l’agnosticisme, c’est-à-dire abandonner le matérialisme. Sous ce rapport et pour tous les problèmes essentiels, pragmatistes, machistes, empiriomonistes sont de la même graine » (Œuvres, t. 34, éd. russe, p. 366).
La différence entre le machisme et le pragmatisme est insignifiante, minime, comme l’a dit Lénine.
Le pragmatisme identifie la réalité à l’ensemble de l’expérience subjective, des sensations. Ce qui distingue cette variété de l’idéalisme subjectif, c’est qu’elle réduit la vérité à ce qui est pratiquement utile, avantageux. Le vrai, c’est l’utile, disent les pragmatistes.
Et l’« utilité » est considérée sous l’angle des intérêts de la bourgeoisie.
Refusant d’admettre que la vérité est le reflet de la réalité objective dans la conscience, le pragmatisme déclare vraies les idées religieuses et toutes les visées réactionnaires des classes exploiteuses, dans la mesure où elles servent leurs intérêts, ou, comme disent les pragmatistes, « travaillent » pour elles.
La conception pragmatique des rapports entre la théorie et la pratique est en opposition directe avec le matérialisme dialectique selon lequel la pratique sociale est le critère de la vérité objective.
Une telle identification de la vérité et de l’utilité fait de cette théorie un instrument au service de l’arbitraire absolu et de toutes les falsifications possibles au bénéfice de l’idéologie et de la politique réactionnaires, et ouvre largement les portes à l’obscurantisme.
La « vérité » devient ainsi un moyen de justifier toutes les aventures impérialistes, un instrument de lutte contre les idées scientifiques et sociales d’avant-garde, un moyen d’abêtir les masses. (V. également Instrumentalisme.)
PRATIQUE. V. Théorie et pratique.
« PRECIS D’HISTOIRE DU P.C.(b) DE l’U.R.S.S. ». V. « Histoire du Parti communiste (bolchevik) de l’U.R.S.S. Précis ».
PREFORMISME. Théorie métaphysique et idéaliste qui nie le développement et la transformation des organismes au cours de leur existence.
Cette théorie prétend que tout est préétabli dans l’organisme et que celui-ci, par conséquent, peut seulement contenir ce que le créateur a mis dans le germe.
Selon les préformistes, le germe est l’organisme en réduction, avec tous ses organes et toutes ses propriétés, rien de nouveau ne se produit donc au cours de la vie de l’organisme, seul a lieu l’accroissement quantitatif de ce qui existait déjà tout prêt dans le germe.
En niant le développement des organismes, la théorie du préformisme finit logiquement par nier l’origine de la matière vivante à partir de la matière inerte.
De ce point de vue, les êtres vivants résultent d’un acte créateur. Cette représentation de la vie, apparue au XVIe siècle, correspond parfaitement à la conception religieuse du monde qui dominait à l’époque et au manque de maturité de la science.
La théorie métaphysique et religieuse du préformisme a été soutenue par les idéalistes afin de justifier leur thèse réactionnaire de « l’immortalité de l’âme », etc.
Les découvertes ultérieures de la science ont réfuté les idées fantastiques des préformistes, ainsi que les autres conceptions métaphysiques de la matière vivante. Cela a obligé les préformistes à modernisent leurs idées.
Le problème de l’hérédité est un des problèmes les plus complexes que la biologie ait eu à résoudre au cours de son développement. Les préformistes s’y sont raccrochés pour défendre leurs positions.
Le weismanisme-morganisme n’est dans son essence qu’une variété du préformisme.
L’un et l’autre procèdent des mêmes positions de départ. Selon le weismanisme-morganisme il existerait des gènes, un plasma originel, et autres entités métaphysiques qui, éternelles, invariables et immortelles, déterminent les propriétés de l’organisme.
C’est ainsi que le préformisme qui, à sa naissance, était le reflet des conceptions religieuses du XVIe siècle, dans la science, s’est maintenu jusqu’à nos jours sous la forme du weismanisme-morganisme.
La théorie des préformistes est en opposition directe avec l’idée dialectique du développement, selon laquelle le développement est un changement qualitatif survenant à la suite de changements quantitatifs graduellement accumulés.
La doctrine mitchourinienne met en lumière les lois objectives de la transformation de la nature vivante en se fondant sur cette conception dialectique du développement, qui permet de prendre pleinement conscience des voies suivies par les formes organiques dans leurs variations et de diriger consciemment celles-ci au profit de l’humanité.