POPULISME. Idéologie petite-bourgeoise, idéaliste, qui a fait son apparition en Russie dans les années 60 et 70 du siècle dernier.
Lénine a donné une définition suivante du populisme : « Il représente les intérêts des producteurs du point de vue du petit producteur, du petit bourgeois » (Lénine : Œuvres, t. 1, éd russe, p. 375).
L’idéologie populiste tire son origine des conditions de la vie matérielle de la société, de la prépondérance numérique de la classe des petits producteurs dans la Russie capitaliste d’après la réforme.
Il faut distinguer les populistes anciens et les plus récents, les populistes libéraux. Les premiers populistes ont vécu et agi dans les années 60 et 70, alors que la différenciation de la paysannerie était relativement moins marquée.
Révolutionnaires paysans pour l’essentiel, foncièrement hostiles aux libéraux, ils allaient « au peuple » (de là « populistes ») dans le but de l’entraîner dans la lutte contre le gouvernement tsariste.
Signalant ce que les premiers populistes avaient de positif, Lénine faisait ressortir leurs graves erreurs théoriques et politiques.
Voici ce que l’« Histoire du P.C.(b) de l’U.R.S.S. » dit des principales erreurs des populistes :
« Tout d’abord, les populistes affirmaient que le capitalisme était en Russie un phénomène « accidentel », qu’il ne se développerait pas et que, partant, le prolétariat lui non plus ne grandirait ni ne se développerait dans ce pays.
En second lieu, les populistes ne regardaient pas la classe ouvrière comme la classe d’avant-garde dans la révolution. Ils rêvaient d’atteindre le socialisme sans le prolétariat.
Pour eux, la principale force révolutionnaire était la paysannerie dirigée par les intellectuels, et la communauté paysanne qu’ils regardaient comme l’embryon et la base du socialisme.
Troisièmement, les populistes avaient un point de vue erroné et nuisible sur la marche de l’histoire humaine. Ils ne connaissaient pas, ne comprenaient pas les lois du développement économique et politique de la société.
C’étaient, sous ce rapport des hommes tout à fait arriérés. D’après eux, ce n’étaient pas les classes, ni la lutte des classes qui faisaient l’histoire, mais uniquement des individualités d’élite, des « héros », que suivent aveuglément la masse, la « foule », le peuple, les classes. »
Les contacts avec le « peuple » corrigèrent les idées des populistes sur les « instincts communistes » des paysans organisés en communes rurales.
Les paysans n’avaient pas suivi les populistes. Au sein des populistes des divergences se firent jour sur des questions tactiques de la lutte contre le gouvernement tsariste. Elles se manifestèrent d’une façon particulièrement éclatante au congrès de « Zemlia i Volia » [Terre et liberté] tenu à la fin de juin 1879 à Voronèje.
Quelques mois plus tard, « Zemlia i Volia » se scindait en deux organisations : « Narodnaïa Volia » [Volonté du peuple] et « Tchorny pérédiel » [Partage noir]. « Tchorny pérédiel » se trouva sous la direction de Plékhanov (V.), Axelrod, Deutsch, etc.
Les partisans de « Narodnaïa Volia » (Gélabov, Figner, Mikhaïlov et autres) défendirent et appliquèrent la tactique de terrorisme individuel.
Si héroïque que fût leur lutte révolutionnaire contre le tsarisme, cette tactique restait profondément erronée.
Le populisme libéral des années 80 et 90, représenté par Danielson, Vorontsov, Krivenko, Ioujakov, Mikhaïlovski (V.), etc., exprimait les intérêts des koulaks.
Le populisme est foncièrement hostile au marxisme. Idéalistes en philosophie, les populistes unissaient les éléments des systèmes philosophiques les plus hétéroclites : positivisme (V.), anarchisme (V.), néo-kantisme (V.), etc.
Ils étaient des adeptes de ce qu’on appelait la méthode subjective en sociologie (V.), ignoraient les conditions de la vie matérielle de la société, niaient les lois objectives du développement social, opposaient au peuple l’« individu à l’esprit critique », représentaient les masses populaires comme une force « inerte » de l’histoire, incapable d’agir par elle-même, etc.
Ils ne comprenaient pas le rôle historique du prolétariat, voyaient en ce dernier un « malheur historique ».
Or, le prolétariat est justement la seule classe capable d’abolir le capitalisme et de créer la société socialiste.
La communauté paysanne que les populistes idéalisaient voyant en elle l’« embryon du socialisme » n’était en réalité qu’une forme commode pour couvrir la domination des koulaks et un moyen dont disposait le tsarisme pour forcer les paysans à paver les impôts d’après le principe de la caution solidaire.
Dénonçant le pseudo-socialisme des populistes, Lénine a montré que la critique du capitalisme russe faite par les populistes était illusoire et réactionnaire, car eux-mêmes se tenaient sur les positions du capitalisme, mais d’un capitalisme moins évolué, limité de tous côtés par les survivances féodales.
La théorie et la pratique des populistes étaient un obstacle sérieux au développement et à la propagation du socialisme scientifique, à l’essor du mouvement ouvrier.
Aussi le marxisme ne pouvait-il se développer en Russie sans engager une lutte à outrance contre le populisme, sans l’avoir écrasé idéologiquement.
Ce fut Plékhanov qui porta le premier coup à l’idéologie populiste.
Lénine démolit à fond le populisme sur le plan idéologique, et déblaya le terrain pour la victoire du marxisme en Russie. Il n’a jamais cessé de lutter contre les groupes populistes qui avaient repeint leur façade : les socialistes-révolutionnaires, les socialistes populaires, etc.
Mais ce combat se déroula à l’époque où Lénine avait fondé un parti marxiste. La lutte du parti contre les populistes au début du XXe siècle a été en même temps une lutte contre l’idéologie réactionnaire petite-bourgeoise en général.
Elle aboutit à l’écrasement complet des groupes populistes, ces pires ennemis du peuple.
POSITIVISME. Un des courants idéalistes les plus répandus dans la philosophie bourgeoise. Le positivisme prétend en avoir fini avec la philosophie et s’appuyer non sur des « spéculations abstraites » mais exclusivement sur des faits « positifs ».
Il prétend s’élever au-dessus du matérialisme et de l’idéalisme, n’être ni l’un ni l’autre. En réalité, le positivisme est une variété de l’idéalisme subjectif.
La « négation » de la philosophie est un subterfuge des philosophes bourgeois pour introduire l’idéalisme dans la science.
Affirmant que les savants peuvent et doivent se passer de philosophie, que l’essentiel ce sont les faits, les positivistes s’efforcent de donner à ces faits une interprétation idéaliste. « Nier » la philosophie revient à lutter contre la philosophie scientifique du matérialisme et à défendre l’idéalisme.
Le trait caractéristique du positivisme, c’est la conception idéaliste de l’expérience et de la science, considérées comme un ensemble de sensations, de représentations, d’affections subjectives, la négation des lois objectives de la nature et de la société.
Le rôle de la science consisterait à décrire (et non à expliquer) des faits envisagés comme certains états de la conscience.
Le positivisme ressuscite l’agnosticisme de Hume (V.) et d’autres idéalistes, il s’applique à démontrer que la connaissance ne va pas au delà des perceptions et que le problème de l’existence d’un monde extérieur, objectif, indépendant des perceptions, ne saurait être posé scientifiquement, qu’il aurait un caractère « métaphysique », etc.
Auguste Comte (V.) est considéré comme le fondateur du positivisme. Dans « Matérialisme et empiriocriticisme » (V.), Lénine fait une critique foudroyante de cette doctrine.
Les révisionnistes mécanistes du marxisme en U.R.S.S. considéraient la philosophie d’un point de vue positiviste. Ils la réduisaient aux « derniers résultats des sciences de la nature ».
Ils préconisaient le mot d’ordre positiviste « la philosophie par-dessus bord ». Quoi qu’en dise le positivisme, le progrès des sciences concrètes ne supprime pas la philosophie.
Pour aboutir à des conclusions justes, elles doivent se développer sur la base du matérialisme dialectique (V.), la seule doctrine philosophique scientifique.
Les positivistes bourgeois contemporains (les tenants de ce qu’on appelle le « troisième positivisme », le machisme (V.) étant considéré comme le « deuxième positivisme ») continuent à pratiquer l’idéalisme subjectif sous des enseignes nouvelles : positivisme logique (V.), philosophie sémantique (V.), réalisme critique (V.), etc.
Le positivisme est largement répandu dans la sociologie bourgeoise. Les sociologues positivistes qui se déclarent « au-dessus » du matérialisme et de l’idéalisme sont en réalité des représentants typiques de la conception idéaliste de l’histoire, ils luttent contre la théorie matérialiste de la société.
De par sa nature de classe, la sociologie positiviste représente un amalgame d’« arguments » et de « considérations » de toute espèce en faveur du capitalisme.
La sociologie positiviste actuelle a pour objectif majeur la lutte contre le matérialisme historique et la justification de la politique agressive du capital financier.
Les sociologues positivistes Bernard, Angell, Ogburn et autres, niant la possibilité de découvrir les lois de l’histoire, s’ingénient à « démontrer » que les contradictions du capitalisme se ramènent aux contradictions de la mentalité humaine.
C’est pourquoi ils recommandent, au lieu de lutter contre le capitalisme, d’adapter les consciences au régime capitaliste.
Soutenant une lutte intransigeante contre la sociologie positiviste, le matérialisme historique dénonce son caractère antiscientifique, sa nature réactionnaire.
POSITIVISME LOGIQUE (empirisme logique). Un des courants actuellement en vogue dans la philosophie réactionnaire, variété de l’idéalisme subjectif.
Cette école idéaliste (appelée le « Cercle de Vienne » : Schlick, Carnap, Frank et d’autres) née en Autriche au début du XXe siècle, prolonge directement le machisme. Les derniers représentants du cercle de Vienne vivent actuellement aux Etats-Unis.
En Grande-Bretagne, le positivisme logique est actuellement représenté par Russell, Popper, Ayer, Wisdom.
En ce qui concerne la question fondamentale de la philosophie (V.), les logiciens positivistes poursuivent la ligne de Hume (V.) et de Mach (V.).
Ils nient la réalité objective indépendante de l’expérience sensible. Pour renforcer les positions de l’idéalisme subjectif dans sa lutte traditionnelle contre le matérialisme, ils recourent à la logistique (V.).
Le positivisme logique a pour principales fonctions :
1° La falsification et la déformation idéaliste du sens et du contenu théorique des conclusions des sciences de la nature ;
2° La limitation empirique de la connaissance scientifique ; ainsi le positivisme logique fait le jeu de la religion et justifie ses thèses au nom d’une connaissance non scientifique, mystique ; le positivisme logique exclut également l’éthique et l’esthétique du ressort de la science ;
3° La mutilation de la logique, de son rôle dans la connaissance scientifique et de ses rapports avec la réalité.
Pour le positivisme logique, la tâche fondamentale de la philosophie consiste dans l’analyse des notions et des jugements scientifiques.
A coups de sophismes, les logiciens positivistes s’efforcent d’exclure tout contenu objectif des notions et jugements scientifiques. Incapables de réfuter les principes matérialistes, ils refusent d’examiner les problèmes essentiels de la science philosophique sous prétexte que ce ne sont que des « pseudo-problèmes ».
Les lois et les formes logiques sont assimilées par eux aux règles arbitraires, conventionnelles d’un jeu de cartes. La critique léniniste de l’empiriocriticisme (V.) est une arme acérée dans la lutte du matérialisme scientifique contre le positivisme logique.