PLEKHANOV Guéorgui Valentinovitch (1856-1918). Remarquable marxiste russe, fondateur du groupe « Libération du Travail ».

On distingue trois étapes dans son activité : de 1875 à 1883 Plékhanov est populiste ; de 1883 à 1903 il est marxiste ; à partir de 1903 il tourne vers la droite, devient menchevik, chef du menchevisme, trahit le marxisme révolutionnaire.

Il était en émigration (il avait quitté la Russie en 1880), quand il rompit avec le populisme (V.), et organisa en 1883 à l’étranger le premier groupe marxiste russe, « Libération du Travail ».

Les membres de ce groupe traduisirent en russe plusieurs ouvrages de Marx et d’Engels, les firent imprimer à l’étranger et les diffusèrent clandestinement en Russie.

Plékhanov avait été préparé à l’assimilation du socialisme scientifique par les idées révolutionnaires de Herzen (V.), de Biélinski (V.), de Tchernychevski (V.) et de Dobrolioubov (V.).

Les ouvrages théoriques de Plékhanov qui se rapportent à cette période ont été d’un grand profit pour le mouvement ouvrier de Russie. Son talent, ses capacités littéraires exceptionnelles, Plékhanov les a employés à défendre et à diffuser le marxisme en Russie.

Des ouvrages tels que « Le socialisme et la lutte politique », « Nos divergences », « Essai sur le développement de la conception moniste de l’histoire », ont déblayé le terrain pour le triomphe du marxisme en Russie.

Plékhanov a été le premier parmi les marxistes russes à lutter contre le populisme. Ses ouvrages ont porté un coup sérieux à cette théorie.

Partant de l’analyse des rapports économiques de la Russie d’après la réforme, il a montré toute la nocivité et l’inconsistance des théories populistes sur le passage de la Russie au socialisme par l’intermédiaire de la commune paysanne, sur la voie non capitaliste du développement delà Russie.

Mais il faut relever de sérieuses erreurs chez Plékhanov et le groupe « Libération du Travail » tout entier. Le programme du groupe portait encore les tares des idées populistes. Ainsi, par exemple, il admettait la tactique de terrorisme individuel.

C’est Lénine qui a achevé la défaite idéologique du populisme dans les années 90. Plékhanov ne comprenait pas que c’est seulement en alliance avec la paysannerie que le prolétariat pourra triompher du tsarisme.

Dans certains de ses ouvrages il ne tenait aucun compte de la paysannerie. « En dehors de la bourgeoisie et du prolétariat, disait-il, nous ne voyons pas d’autres forces sociales » sur lesquelles on puisse s’appuyer dans la révolution.

Plékhanov considérait la bourgeoisie libérale comme une force en mesure d’apporter son appui à la révolution. Ces erreurs ont été à l’origine de ses idées mencheviques postérieures, le point de départ de sa négation de l’hégémonie du prolétariat dans la révolution démocratique bourgeoise en Russie.

Lorsqu’on élabora le projet de programme du Parti à la rédaction de l’« Iskra » (premier journal marxiste pour toute la Russie), Plékhanov tenta de substituer au mot d’ordre de dictature du prolétariat proposé par Lénine, le mot d’ordre vague de « dictature des travailleurs et des exploités ».

Après le IIe congrès du P.O.S.D.R., Plékhanov se prononça pour la conciliation avec les opportunistes, glissa ensuite lui-même vers l’opportunisme et se rallia aux menchéviks.

En 1905, il se tint sur les positions libérales dans la question de la révolution et lutta contre la tactique léniniste des bolcheviks. Pendant la réaction, il fit bloc avec les bolcheviks contre le « bloc d’Août » antiparti, qui avait rassemblé tous les groupes anti-bolchéviks.

Par la suite, Plékhanov passa définitivement dans le camp de l’opportunisme.

Pendant la guerre impérialiste mondiale (1914-1918), il prit la défense de la tactique jusqu’au-boutiste des menchéviks. Il se montra hostile à la Grande Révolution d’Octobre.

Malgré la popularité dont jouissait Plékhanov dans le passé, les ouvriers se désolidarisèrent d’avec lui quand ils se furent convaincus qu’il avait abandonné la ligne prolétarienne.

L’évolution politique de Plékhanov s’est reflétée dans ses ouvrages théoriques.

Ses meilleurs écrits philosophiques marxistes se rapportent à la période de 1883 à 1903, avant qu’il n’eût tourné vers le menchevisme.

« Immenses sont ses mérites dans le passé. En 20 ans, de 1883 à 1903, il a écrit un grand nombre d’ouvrages excellents, en particulier contre les opportunistes, les machistes et les populistes » (Lénine : Œuvres, t. 20, éd. russe, p. 330).

Le grand mérite de Plékhanov est d’avoir lutté en faveur du matérialisme en philosophie, contre l’idéalisme, contre les nombreuses tentatives d’unir le marxisme avec le kantisme. Il a critiqué sévèrement le révisionnisme de Bernstein (V.).

Dans les œuvres de Plékhanov on trouve une analyse marxiste sérieuse de quelques questions touchant la conception matérialiste de l’histoire, comme par exemple celle du rôle de l’individu dans l’histoire.

Mais Lénine a relevé des insuffisances et de grosses erreurs dans les ouvrages philosophiques de Plékhanov.

Exemple : Plékhanov a soutenu la théorie des hiéroglyphes (V.), qui s’oppose à la théorie marxiste de la connaissance ; il détachait de la dialectique la théorie de la connaissance, car il ne voyait pas leur unité et ne comprenait pas que la dialectique, c’est la théorie de la connaissance du marxisme ; il ne faisait pas une distinction assez nette entre la conception matérialiste de l’expérience et la conception idéaliste, et laissait la porte ouverte à l’idéalisme ; il réduisait les lois de la dialectique à une somme d’exemples ; il surestimait le rôle du milieu géographique dans le processus historique et social ; il représentait souvent les grands penseurs russes du XIXe siècle, les démocrates révolutionnaires comme de simples imitateurs des philosophes de l’Europe occidentale.

Sa critique des machistes était abstraite. Il ne voyait pas le rapport qu’il y avait entre le machisme et la crise des sciences de la nature.

La cause théorique des erreurs de Plékhanov réside dans la sous-estimation de ce qu’avaient introduit de qualitativement nouveau dans la philosophie les fondateurs du marxisme.

Les causes sociales de ses erreurs résident dans l’influence qu’exercèrent sur lui le libéralisme bourgeois et l’opportunisme d’Europe occidentale.

Plékhanov ne se tenait pas sur les positions du marxisme créateur, il envisageait la théorie marxiste de façon dogmatique, ne voyait pas que le centre du mouvement révolutionnaire s’était transporté en Russie, ne tenait pas compte des particularités qui distinguaient le développement du pays dans les conditions historiques concrètes nouvelles de l’époque de l’impérialisme et des révolutions prolétariennes.

Plékhanov a été un critique littéraire de talent et a efficacement contribué à dénoncer les notions idéalistes, antiscientifiques sur l’art et la littérature. Les idées de Biélinski et de Tchernychevski ont exercé une grande influence sur la formation de ses conceptions esthétiques.

Il a mis au point plusieurs questions de l’esthétique marxiste. Il a lutté contre la conception idéaliste de l’art, contre la devise « l’art pour l’art » des décadents, et dans ses articles de critique littéraire il s’est prononcé pour un art à idées.

Voici ses œuvres les plus importantes : « Le socialisme et la lutte politique » (1883), « Nos divergences » (1885), « Essai sur le développement de la conception moniste de l’histoire» (1895), « Essais sur l’histoire du matérialisme » (1896), « De la conception matérialiste de l’histoire » (1897), « Le rôle de l’individu dans l’histoire » (1898).

PLURALISME (lat. pluralis). Conception idéaliste d’après laquelle tout ce qui existe se compose d’une quantité d’essences indépendantes et isolées.

Ainsi, Leibniz (V.) estime que le monde comprend d’innombrables monades autodynamiques, essences spirituelles indépendantes, entre lesquelles il existe une harmonie préétablie.

Dans la philosophie bourgeoise, William James (V.), représentant du pragmatisme, considère l’univers comme une multitude de parties indépendantes qui ne sont reliées qu’extérieurement.

Il repousse la doctrine de la vérité objective et soutient la pluralité de la vérité. « Est vrai, dit-il, tout ce qui est utile. »

Le pluralisme est une conception qui s’apparente au dualisme et s’oppose au monisme, celui-ci ne reconnaissant qu’un seul principe à la base de tout ce qui existe, la matière (monisme matérialiste) ou l’esprit, l’idée (monisme idéaliste).

POLITIQUE. « C’est la participation aux affaires de l’Etat, c’est la direction de l’Etat, c’est la détermination des formes, des tâches et du contenu de l’activité de l’Etat » (Recueil Lénine, XXI, éd. russe, p. 14).

Au domaine de la politique se rapportent les problèmes de la structure de l’Etat, de l’administration du pays, de la direction des classes, les questions de la lutte des partis, etc.

La politique est l’expression des intérêts vitaux des classes et de leurs rapports réciproques. La politique exprime également les rapports entre nations et entre Etats (politique extérieure).

Les rapports entre les classes, et, par conséquent, leur politique, découlent de leur situation économique. C’est pourquoi Lénine définissait la politique comme l’ « expression concentrée de l’économie » (Oeuvres, t. 32, éd. russe, p. 62).

Les idées politiques et les institutions qui leur correspondent font partie de la superstructure de la base économique. La modification et le développement des institutions politiques, des formes de l’Etat s’accomplissent en fonction du développement et de la modification de la base économique de la société.

Cela ne veut nullement dire que la politique est la conséquence passive de l’économie. Les idées et les théories sociales, les institutions politiques, nées sur la base du développement économique, agissent à leur tour sur le développement de l’économie.

Si elles sont avancées, elles créent les conditions nécessaires à la solution définitive des problèmes que pose impérieusement la vie matérielle de la société afin de rendre possible son développement ultérieur.

La transformation du régime social, préparée par le développement économique, ne se fait pas spontanément, elle est due à l’activité consciente des classes et partis avancés, et cette activité est orientée par la politique.

Tenant compte du rôle actif que joue la politique, Lénine soulignait la nécessité d’aborder toutes les questions économiques, d’organisation et autres du point de vue de la politique.

Pour les marxistes, la question ne se pose que de la façon suivante : « sans une politique juste, une classe donnée ne pourra maintenir sa domination, et par conséquent ne sera pas en mesure d’accomplir sa tâche économique » (Ibid., pp. 62- 63).

La politique du parti communiste et de l’Etat soviétique est une grande force motrice du développement de la société. La politique du parti communiste constitue la base vitale du régime soviétique.

Les grands changements dans la vie du pays des Soviets, qui ont transformé celui-ci en un pays avancé, en un puissant Etat industriel et kolkhozien, et ont abouti à la victoire du socialisme, sont le résultat de la politique dû parti communiste.

Pour être une grande force transformatrice, la politique doit refléter fidèlement les besoins du développement de la vie matérielle de la société.

La politique de la bourgeoisie réactionnaire freine le progrès social, car elle est conçue en dépit des besoins objectifs de la vie matérielle de la société moderne.

La politique du parti communiste est forte, au contraire, de ce qu’elle tient exactement compte de ces besoins. C’est une politique scientifiquement fondée.

Elle s’inspire des exigences des lois objectives du développement social, et avant tout des lois économiques qui ne peuvent être ni créées, ni abolies. Elle s’appuie sur ces lois et les utilise au profit de la société.

La politique du parti communiste est forte de ce qu’elle répond aux intérêts vitaux du peuple, trouve le soutien constant des grandes masses laborieuses, soutien que n’a pas et ne peut avoir aucun parti bourgeois au pouvoir.

Cette politique s’appuie sur l’initiative des masses populaires, qui la considèrent comme leur politique et la mettent en œuvre.

Avoir une ligne politique juste, voilà la première question et la plus importante, mais cela ne suffit pas encore. Pour réaliser cette ligne politique juste, il faut l’appuyer sur un travail d’organisation correspondant, il faut des hommes qui comprennent la politique du parti, sachent l’appliquer, la défendre et se battre pour elle.

C’est là le gage de son succès, de son efficacité. Voilà pourquoi le parti communiste attache la plus haute importance à l’éducation politique des masses, à la formation et à la trempe des cadres du parti.

La politique du parti communiste et de l’Etat soviétique exerce son action sur le développement de la culture et de toutes les branches de l’idéologie : la science, l’art, la morale, etc.

Le parti soumet à une critique sévère toutes les manifestations d’apolitisme dans les questions idéologiques, car faire preuve d’apolitisme dans une période de lutte entre l’idéologie prolétarienne et l’idéologie bourgeoise, c’est, volontairement ou non, aider la bourgeoisie.

La politique extérieure de l’Union Soviétique vise à assurer la coexistence pacifique des Etats, la paix et la collaboration entre les peuples. (V. Economie et politique.)


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