PHILOSOPHIE (du grec […] — ami et […] — sagesse). L’objet de la philosophie en tant que science s’est modifié au cours de l’histoire. Avant l’apparition du marxisme, la philosophie était considérée comme une « science des sciences » englobant tout le savoir humain et tenant lieu de toutes les sciences.
Cet état de choses s’expliquait par le faible développement des connaissances concrètes sur la nature et sur la société, par la différenciation insuffisante de la science. Le progrès des connaissances concrètes et l’apparition du marxisme ont mis fin à une philosophie de ce genre.
La différenciation des sciences, l’aptitude des sciences expérimentales à découvrir les liaisons réelles des phénomènes de la nature et à substituer aux fictions de l’ancienne philosophie, surtout idéaliste, un savoir positif et concret ont rendu superflue la « science des sciences » avec son ambition de bâtir des systèmes universels où les diverses sciences ne représenteraient que des maillons, seraient subordonnées à la philosophie.
La philosophie de Hegel (V.) fut la dernière tentative de ce genre. La fin de la philosophie en tant que « science des sciences » a été un événement progressiste tant pour les sciences naturelles et sociales que pour la philosophie elle-même.
A l’opposé des systèmes philosophiques antérieurs, la philosophie marxiste n’est pas une science au-dessus des autres sciences. Elle a pour objet la démonstration de l’antériorité de la matière par rapport à la conscience, l’étude des lois les plus générales du développement de la nature, de la société et de la pensée ; elle est la méthode, l’instrument de la connaissance scientifique et de la transformation pratique révolutionnaire du monde.
La question fondamentale de la philosophie est celle des rapports entre l’être et la pensée. Suivant leur façon de trancher ce problème, tous les courants philosophiques se partagent en deux grands camps : le matérialisme et l’idéalisme.
La lutte entre le matérialisme et l’idéalisme, la consolidation et le développement, au cours de cette lutte, de la tendance progressiste, matérialiste, représentent une loi de toute l’histoire millénaire de la philosophie. La lutte du matérialisme contre l’idéalisme reflète la lutte des classes progressistes contre les classes réactionnaires.
Dans les temps les plus reculés, la philosophie était cultivée en Chine et dans l’Inde. Aux VIIe et VIe siècles avant notre ère, la philosophie apparut dans la Grèce antique où elle atteignit un niveau élevé.
Au moyen âge, la philosophie faisait partie de la théologie et n’existait pas comme science indépendante. Le XVe et le XVIe siècles marquent le début d’un tournant important : le passage de la scolastique à la recherche expérimentale.
Le progrès des rapports capitalistes, de l’industrie et du commerce, les grandes découvertes géographiques et astronomiques et les réalisations des autres sciences de la nature engendrent une nouvelle conception du monde basée sur des connaissances acquises par l’expérience.
Grâce aux découvertes de Copernic (V.), de Galilée (V), de Giordano Bruno (V.), la science fait un bond. L’étude des phénomènes de la nature favorise l’apparition de systèmes philosophiques matérialistes. Au XVIIe et au XVIIIe siècle, la conception matérialiste du monde fait des progrès rapides.
On voit surgir les théories matérialistes de F. Bacon (V.), Hobbes (V.), Toland (V.), Priestley en Angleterre, de Spinoza (V.) en Hollande, de La Mettrie (V.), Holbach (V.), Helvétius (V.), Diderot (V.) en France, de Lomonossov (V.), Radichtchev (V.) en Russie.
Les philosophes matérialistes critiquent vigoureusement l’idéalisme philosophique, combattent la religion, défendent le principe de la matérialité du monde, exaltent la raison et les sentiments humains.
Lomonossov découvrit le premier la loi de la conservation de la matière et du mouvement, dont l’importance est considérable pour la justification scientifique du matérialisme. Radichtchev se fait connaître non seulement comme matérialiste, mais comme partisan actif de l’abolition du servage.
A cette époque, le matérialisme était étroitement lié aux mouvements sociaux progressistes, à la lutte du peuple et de la bourgeoisie révolutionnaire contre le féodalisme :
« Au cours de toute l’histoire moderne de l’Europe et surtout à la fin du XVIIIe siècle, en France, où se déroulait une lutte décisive contre tout le fatras du moyen âge, contre la féodalité dans les institutions et dans les idées, le matérialisme fut l’unique philosophie conséquente, fidèle à tous les enseignements ries sciences naturelles, hostile aux superstitions, au cagotisme, etc. Aussi les ennemis de la démocratie s’appliquèrent-ils de toutes leurs forces à « réfuter » le matérialisme, à le discréditer, à le calomnier ; ils défendaient les diverses formes de l’idéalisme philosophique qui de toute façon se réduit toujours à la défense ou au soutien de la religion » (Lénine : Œuvres choisies en deux volumes, t. I, 1re partie, M. 1954, p. 64).
Mais le matérialisme prémarxiste, était limité par son caractère métaphysique et mécaniste. En matière de vie sociale, ses positions étaient idéalistes. Il représentait néanmoins, pour son temps, un phénomène éminemment progressiste. (V. Matérialisme mécaniste ; Métaphysique.)
Au XVIIe et au XVIIIe siècle, le matérialisme voit se dresser contre lui les théories idéalistes de Berkeley (V.), de Hume (V.) en Angleterre, ainsi que la philosophie allemande de la fin du XVIIIe siècle et du commencement du XIXe siècle, illustrée par les noms de Kant (V.), Schelling (V.), Fichte (V.), Hegel (V.).
Les idéalistes tentent d’annihiler les résultats obtenus en liaison étroite avec les sciences naturelles par la philosophie matérialiste ; ils s’efforcent de restaurer les idées religieuses de la primauté de l’« esprit absolu », de Dieu, du « moi » subjectif, etc. Une acquisition importante de la philosophie allemande, surtout de la philosophie hégélienne, fut la méthode dialectique.
Mais cette méthode était bâtie sur des principes erronés, idéalistes ; seul le marxisme, en utilisant le noyau rationnel, l’élément positif de cette méthode, a créé la dialectique matérialiste révolutionnaire.
Après 1840, il s’est produit dans la philosophie un tournant historique. Sur le fond des toutes dernières réalisations de la science, surgit la philosophie marxiste, expression théorique des intérêts de la classe la plus révolutionnaire fie la société capitaliste, le prolétariat. Ce fut un véritable bond révolutionnaire de la vieille à la nouvelle philosophie, la seule qui soit fondée sur les sciences de la nature et l’histoire de la société humaine.
Aucune école, aucun courant philosophique n’a jamais eu de très nombreux adeptes, n’a jamais exercé une influence sur les larges masses populaires. Les anciens systèmes philosophiques étaient professés surtout par des individus isolés et ne s’adressaient qu’à des initiés.
La philosophie marxiste n’est pas une école philosophique au sens courant du terme, ce n’est pas simplement une nouvelle école de plus en philosophie, suivie par une poignée de disciples ; c’est l’idéologie de millions de travailleurs et avant tout de la classe ouvrière, la classe la plus avancée et la plus révolutionnaire.
Le marxisme-léninisme (V.) est l’idéologie du prolétariat, la doctrine qui indique la voie pour renverser le capitalisme, édifier le socialisme et le communisme. C’est donc la philosophie de millions d’êtres humains, leur arme de lutte pour leur affranchissement. Aucun système ou école philosophique n’a eu et ne pouvait avoir de telles qualités.
L’ancien matérialisme était contemplatif. La philosophie marxiste a proclamé que son objectif est la transformation révolutionnaire du monde.
Le marxisme a créé une forme supérieure du matérialisme, le matérialisme dialectique (V.), qui résout tous les problèmes que posait, sans pouvoir leur apporter de solution, la pensée d’avant-garde prémarxiste.
L’ancienne philosophie, y compris la philosophie matérialiste, était incapable d’expliquer scientifiquement les phénomènes sociaux. Avant Marx et Engels dominait une conception fausse, idéaliste de l’histoire.
Les idéologues du prolétariat ont créé une science sociale aussi précise que les sciences naturelles Le matérialisme historique (V.) est une des plus belles conquêtes de la philosophie scientifique.
Cette théorie a révélé les forces motrices véritables de l’évolution sociale, a montré aux classes opprimées, en lutte contre le capitalisme, les lois du développement social, ce qui leur permet d’agir consciemment, en parfait accord avec la nécessité historique, avec les lois objectives du développement social.
Grâce au matérialisme dialectique et au matérialisme historique, le socialisme qui n’était qu’un rêve utopique est devenu une science véritable. La philosophie marxiste est liée indissolublement au socialisme prolétarien dont elle constitue le fondement théorique.
En Russie, vers le milieu du XIXe siècle, à l’époque où la paysannerie soutenait une lutte acharnée contre le servage, la philosophie matérialiste connut un développement intense.
Une brillante pléiade de révolutionnaires démocrates, porte-parole de la révolution anti-servagiste qui montait, se dressa contre l’idéalisme philosophique, instrument de l’ancien régime, et mit au point la philosophie matérialiste la plus avancée de la période prémarxiste (Biélinski — V., Herzen — V., Tchernychevski — V., Dobrolioubov — V.).
Les démocrates révolutionnaires russes, dont le matérialisme était militant et non contemplatif, comprenaient la nécessité d’une refonte radicale de la société, s’inspiraient de la théorie du développement et du changement, avaient conscience du rôle immense des masses populaires dans l’histoire.
Marx et Engels avaient la plus haute opinion de Tchernychevski et de Dobrolioubov qu’ils considéraient comme de grands savants et critiques du capitalisme. Cependant les conditions de la Russie servagiste n’ont pas permis aux démocrates révolutionnaires de s’élever jusqu’au matérialisme dialectique et historique bien qu’ils aient avancé dans cette voie.
A la fin du XIXe siècle, parallèlement à l’essor du capitalisme en Russie, grandissait rapidement la classe ouvrière russe appelée à devenir — à l’époque de l’impérialisme, stade suprême du capitalisme — l’avant-garde de tout le prolétariat international. Pour des raisons historiques, la Russie était à ce moment le nœud de toutes les contradictions de l’impérialisme.
Le centre du mouvement révolutionnaire s’était déplacé en Russie où mûrissait une grandiose révolution populaire à la tête de laquelle se trouvait le prolétariat russe, le plus révolutionnaire du monde. C’est pourquoi la Russie devint le foyer du léninisme, étape nouvelle et supérieure du marxisme, propre à l’époque de l’impérialisme et des révolutions prolétariennes.
La Russie fut la première à briser la chaîne de l’impérialisme et à inaugurer l’ère du triomphe du socialisme. C’est en Russie que les idées du socialisme scientifique de Marx et d’Engels ont triomphé pour la première fois. La victoire du socialisme en Russie marque la victoire du marxisme, de la philosophie marxiste.
Dans les travaux de Lénine, guide du prolétariat russe et international, tous les aspects de la philosophie marxiste ont trouvé un nouveau développement. Lénine a enrichi toutes les parties constitutives de la philosophie marxiste : la méthode dialectique, théorie matérialiste, matérialisme historique.
Il a défendu la philosophie marxiste contre les attaques des opportunistes de la IIe Internationale et a perfectionné encore plus ce puissant instrument du prolétariat. La philosophie marxiste a continué à se développer dans les travaux de J. Staline.
Le matérialisme dialectique et le matérialisme historique sont aujourd’hui le fondement théorique de la lutte libératrice du prolétariat de tous les pays, c’est la base théorique de l’édification du socialisme dans les pays de démocratie populaire, de l’édification du communisme en U.R.S.S.
Le matérialisme dialectique est la seule méthode valable des sciences modernes, la seule théorie scientifique permettant d’expliquer et de transformer la nature et la société.
PHILOSOPHIE ANTIQUE (VIe s. av. n. è. – Ve s. de n. è.). La naissance et le développement de la philosophie en Grèce et à Rome sont indissolublement liés au régime de l’esclavage qui succéda à la commune primitive. Le travail de l’esclave était à la base de toute la vie du monde antique. « Sans esclavage, pas d’Etat grec, pas d’art et de science grecs » (Engels : « Anti-Dühring », P. 1950, p. 213).
Parallèlement à la désagrégation de la gens dans la Grèce antique, surgissaient les villes, progressaient les métiers et le commerce. L’essor de la production, la séparation de l’agriculture et des métiers, de venue possible grâce à l’esclavage, la colonisation et l’extension des relations commerciales avec les autres peuples, tout cela a déterminé la floraison de la culture grecque.
Le développement de la production, du commerce, de la navigation et de la vie politique et sociale favorisa l’étude de la nature.
L’ancienne conception du monde, religieuse et mythologique a cédé de plus en plus la place au désir de pénétrer la réalité objective et les lois de son devenir. C’est sur ce terrain que naquit la philosophie de la Grèce antique.
C’était une science universelle, la « science des sciences » qui, du fait que les connaissances scientifiques étaient encore peu développées, englobait toutes les branches du savoir. L’histoire de la philosophie grecque est celle de la lutte d’un matérialisme primitif, naïf, contre différentes théories idéalistes, de la ligne matérialiste de Démocrite contre la ligne idéaliste de Platon.
Cette lutte mettait aux prises l’idéologie de la démocratie esclavagiste et celle de l’aristocratie réactionnaire.
On peut y distinguer trois périodes. La première (VIe siècle av. n. è.) est celle de la formation de la société esclavagiste. Le matérialisme primitif, naïf, spontanément dialectique, est représenté par l’école de Milet (V.) et Héraclite (V.). Thalès (V.), Anaximène, Anaximandre concevaient un élément originel de nature matérielle perpétuellement en mouvement : l’eau (Thalès), l’air (Anaximène), l’ « apeiron », matière infinie et indéterminée (Anaximandre.).
Héraclite estime que tout ce qui existe a pour origine le feu qui, par la lutte des contraires, engendre toutes les formes de la réalité. Il parlait du flux universel des choses, réduisait l’essence du développement universel aux transformations nécessaires de la matière éternelle.
La dialectique d’Héraclite représente un des sommets de la philosophie grecque antique. Les écoles matérialistes de Milet et d’Ephèse s’élevaient contre les conceptions idéalistes et antidialectiques des écoles de Pythagore et d’Elée.
Les disciples de Pythagore (V. Pythagoriciens) professaient la doctrine mystique du « nombre » considéré comme le principe de toutes choses, ainsi que la théorie de l’ « harmonie » dans la nature et la société, et niaient la lutte des contraires.
Les Eléates (Xénophane, Parménide, Zenon) opposent la théorie de l’être immuable et invariable à celle du changement et de la variété de la nature.
Par leur thèse métaphysique de l’être immuable, qui exclut la variété des phénomènes et les changements de la nature, les Eléates ouvraient une porte à l’idéalisme.
La deuxième période (Ve siècle av. n. è.) est celle de l’épanouissement de la démocratie esclavagiste de la Grèce antique.
L’objet de la philosophie s’élargit et s’approfondit. Les questions de la structure de la matière, la théorie de la connaissance, les problèmes de la vie sociale sont mis au premier plan. La structure de la matière est au centre de l’attention des trois écoles matérialistes du Ve siècle av. n. è., liées aux noms d’Anaxagore (V.), d’Empédocle (V.) et de Démocrite (V.).
Pour Anaxagore l’être est constitué de particules matérielles, « les germes des choses » (« homéoméries ») qui, en se combinant, forment des corps dont les qualités leur ressemblent. Le mouvement s’explique par une force extérieure, le nous (l’intelligence universelle), la matière la plus fine et la plus subtile.
Empédocle enseigne que les quatre « éléments » qui composent le monde (le feu, l’air, l’eau et la terre) sont mis en mouvement par deux puissances matérielles : l’ « amitié » et la « haine ». C’est dans la théorie atomiste de Démocrite que le matérialisme antique atteint son plus haut développement.
Démocrite fut « le premier cerveau encyclopédique parmi les Grecs » (Marx/Engels : Gesamtausgabe, Erste Abteilung, Band 5, M.-L. 1933, S. 121), le représentant le plus éminent de la science unique, non différenciée de l’antiquité.
D’après Démocrite, deux principes constituent le fondement de l’être : les atomes et le vide. Les atomes, c’est-à-dire les parcelles indivisibles de la matière, sont éternels et immuables.
L’apparition et l’anéantissement des mondes infinis et de toutes les choses de la nature sont le résultat de la combinaison des atomes qui se meuvent dans le vide. La théorie atomiste de Démocrite est mécaniste.
Chez les sophistes (V.), premiers maîtres de « sagesse » et d’éloquence, l’homme et son comportement sont au centre des recherches philosophiques. La plupart d’entre eux adhèrent à la démocratie esclavagiste et au camp matérialiste.
Les vues réactionnaires antidémocratiques sont caractéristiques pour un autre groupe de sophistes. Le sophiste le plus notoire est le matérialiste Protagoras pour qui l’homme est la « mesure de toutes choses » et les sensations, la seule source des connaissances.
La philosophie de Platon (V.), chef du camp idéaliste, porte-parole de la réaction aristocratique, se dresse contre le matérialisme de Démocrite. Platon continue l’enseignement de la philosophie idéaliste, religieuse et éthique de Socrate (V.). Il oppose un monde imaginaire d’idées éternelles et immuables à un monde de choses changeant et imparfait, qui n’est, d’après lui, que l’ombre du premier.
Adversaire de la science antique, Platon soutient que le monde fut créé par un dieu, et il réduit le savoir à la réminiscence des idées que l’âme, immortelle et migratrice, contemplait avant d’habiter le corps. De même que sa philosophie, ses vues sociales et politiques étaient réactionnaires.
La lutte entre la philosophie matérialiste de Démocrite et la philosophie idéaliste de Platon est le point fondamental de toute l’histoire de la philosophie grecque antique. Cette opposition reflète déjà, et nettement, la portée progressive du matérialisme et le rôle réactionnaire de l’idéalisme dans l’histoire de la science.
C’est l’expression de l’antagonisme politique entre la démocratie et l’aristocratie dans la société esclavagiste. Le « savoir encyclopédique d’Aristote » (Ibid., S. 118) était le bilan de la philosophie et de la science antiques.
Aristote (V.) a réfuté la théorie platonicienne des idées. En ce qui concerne la question fondamentale de la philosophie (V.), il hésitait entre le matérialisme et l’idéalisme. Il considérait la matière comme une substance inerte et stagnante, et la forme immatérielle était pour lui le principe créateur et dynamique.
Aristote joua un rôle important dans le progrès de la dialectique et de la logique. Il fut le premier à analyser les formes de la pensée.
La troisième période, dite hellénistique, est celle de la crise et du déclin de la société esclavagiste. Les diverses sciences positives, qui élaboraient les méthodes d’étude de la nature, commencèrent à se détacher de la philosophie universelle.
Epicure (V.) et son école continuèrent la ligne matérialiste de la philosophie antique. Matérialiste et athée. Epicure reprend la doctrine atomiste de Démocrite et la défend contre le mysticisme et la religion.
Il y apporte des changements dont le principal est la « déviation » spontanée (due à des causes intrinsèques) des atomes par rapport à la ligne droite, grâce à quoi ils peuvent se rencontrer. Il enseigne que la philosophie a pour objectif le bonheur des hommes ; pour être heureux il faut se délivrer des superstitions religieuses et se rendre maître des lois de la nature.
Lucrèce (V.) (1er siècle av. n. è.) fut le disciple et le vulgarisateur de la doctrine d’Epicure dans la Rome antique.
A partir des IIIe et IIe siècles av. n. è., la crise générale et le déclin du régime esclavagiste entraînent la décadence de la philosophie. Les différentes écoles de l’époque hellénistique et romaine (académiciens, stoïciens, sceptiques et autres) expriment la dégradation évidente de la pensée philosophique qui glisse vers l’idéalisme et le mysticisme.
Dans leur lutte contre le matérialisme et la science, les idéologues réactionnaires d’aujourd’hui falsifient la philosophie antique. Ils déclarent que Démocrite, Epicure et les autres matérialistes de l’antiquité sont immoraux et indignes du nom de philosophes.
Ils tentent de ressusciter la doctrine réactionnaire des idées et de l’Etat « idéal » platonicien, de l’accommoder pour servir la cause du mysticisme religieux et de justifier la politique des classes exploiteuses.
Les classiques du marxisme-léninisme ont apprécié hautement les représentants du matérialisme et de la dialectique de la Grèce ancienne. Engels dit que les philosophes grecs de l’antiquité étaient des « dialecticiens nés » qui considéraient la nature sans les œillères idéalistes.
Lénine dans ses notes sur les « Leçons d’histoire de la philosophie » de Hegel flétrit les tentatives de l’idéaliste Hegel d’amoindrir la portée des idées matérialistes de Démocrite et d’Epicure.
Dans « Matérialisme et empiriocriticisme » (V.), Lénine oppose la ligne matérialiste de Démocrite à l’idéalisme de Platon.
Dans « Le matérialisme dialectique et le matérialisme historique », Staline souligne la portée de la dialectique de la Grèce antique.