PENSEE. Produit supérieur d’une matière organique particulière, le cerveau (V.), processus actif du reflet de la réalité objective dans les représentations, les concepts, les jugements, etc. La pensée est toujours liée à une forme déterminée du mouvement de la matière — à l’activité du cerveau.

Pour l’idéalisme, la pensée découle d’un principe surnaturel, autonome et indépendant de la matière — Dieu, l’idée absolue, etc. La science a réfuté depuis longtemps les idéalistes. La science moderne a démontré que la pensée est une propriété de la matière.

A cet égard, la théorie matérialiste de l’activité nerveuse supérieure des animaux, due au grand savant russe Pavlov (V.) et à son école, est d’une grande importance.

Pavlov a mis en évidence que le cerveau est le siège matériel de l’activité psychique. « … L’activité psychique, écrit-il, est le résultat de l’activité physiologique d’une masse déterminée de la substance cérébrale… »

Il a également démontré que les animaux supérieurs, notamment les chiens, sont capables d’analyse et de synthèse, c’est-à-dire qu’ils peuvent distinguer et relier des excitations isolées.

Les travaux de l’académicien Pavlov ont pleinement confirmé la thèse bien connue d’Engels : « Nous avons en commun avec les animaux tous les modes d’activité de l’entendement » : l’induction, la déduction, donc aussi l’abstraction, l’analyse des objets inconnus, la synthèse, et, combinant l’une et l’autre, l’expérimentation.

Par leur nature, toutes ces manières de procéder, note Engels, « sont parfaitement semblables chez l’homme et les animaux supérieurs. Ce n’est qu’en degré (le degré de développement de la méthode dans chaque cas considéré) qu’elles diffèrent » (« Dialectique de la nature », P. 1952, p. 224).

Sans ces éléments de l’activité psychique, les animaux n’auraient pu exister, s’orienter dans les conditions complexes du milieu environnant.

Tout en reconnaissant ces traits communs, le matérialisme dialectique insiste sur une différence de principe entre la pensée de l’homme et l’activité psychique des animaux : la pensée humaine, cette forme supérieure, qualitativement nouvelle de l’activité psychique, est née grâce au travail, sur la base du développement social.

Le travail a créé l’homme et l’activité psychique spécifiquement humaine, la faculté de penser. La pensée est un phénomène social inconcevable en dehors de l’histoire de la société.

Une des différences essentielles entre la pensée humaine et les formes supérieures de l’activité psychique des animaux, c’est l’emploi de concepts, qui fixent les résultats du travail d’abstraction de la pensée.

Cette particularité s’explique par le fait que l’homme est un être social qui non seulement s’adapte à la nature, mais, surtout, la transforme et la domine grâce au travail. Le besoin de faire progresser la production sociale a fait naître et se développer la faculté d’abstraire toujours plus profondément, de pénétrer l’essence des phénomènes, les lois de la nature.

Une particularité caractéristique de la pensée humaine, c’est sa liaison indissoluble avec le langage. La connaissance, la pensée de l’homme n’est possible qu’à travers la langue, ce qui atteste la nature sociale de la pensée humaine à la différence de la nature purement biologique de l’activité psychique des animaux.

La langue, enseigne le marxisme, est un moyen de communication entre les hommes, dû au besoin de développer la production sociale, à la nature sociale du travail dont elle est la condition indispensable.

La doctrine de Pavlov sur le deuxième système de signalisation, propriété spécifique de l’homme, met en lumière la base physiologique de la pensée humaine et ce qui la distingue de l’activité psychique des animaux.

Le langage discursif a joué un rôle immense dans le progrès de la pensée humaine. Il a aidé les hommes à se séparer du monde animal, à se grouper en sociétés.

Les thèses marxistes sur la langue et la pensée, sur l’importance de la langue pour la pensée ont été développées par Staline qui a réduit à néant les affirmations idéalistes des adeptes de Marr suivant lesquelles serait possible une pensée pure, séparée de la langue.

« Quelles que soient les pensées qui viennent à l’esprit de l’homme, et à quelque moment que ce soit, écrit Staline, elles ne peuvent naître et exister que sur la base du matériau de la langue, que sur la base des termes et des phrases de la langue. Il n’y a pas de pensées nues, libérées des matériaux du langage, libérées de la « matière naturelle » de la langue. « La langue est la réalité immédiate de la pensée » (Marx). La réalité de la pensée se manifeste dans la langue. Seuls des idéalistes peuvent parler d’une pensée détachée de la « matière naturelle » de la langue, d’une pensée sans langue » (« Le marxisme et les problèmes de linguistique », M. 1952, p. 38). (V. également Langue.)

La pensée a pour base immédiate les perceptions et représentations provoquées par l’action de la nature sur les organes des sens au cours de l’activité pratique des hommes. C’est là la source de la pensée. En dehors de ces images, perceptions, représentations, la pensée est dépourvue de tout contenu.

Cette conception s’oppose à l’idéalisme qui établit une séparation entre la pensée humaine et les images et perceptions sensorielles, entre la pensée et le monde objectif qu’elle reflète. Néanmoins, la pensée ne saurait être réduite aux représentations et images.

La pensée généralise les données sensibles à l’aide des concepts et catégories scientifiques, grâce à sa faculté d’abstraire. (V. Abstraction scientifique.)

Le matérialisme dialectique combat la thèse simpliste qui ramène la pensée aux processus purement physiologiques. La pensée est une propriété qualitativement nouvelle de la matière, propriété différente des processus physiologiques.

Sans aucun doute, dans l’avenir, la pensée sera ramenée à des mouvements moléculaires et chimiques déterminés du cerveau, c’est-à-dire qu’elle sera expliquée par eux. Quoi qu’il en soit, on n’aura pas ainsi épuisé son essence, sa spécificité qualitative.

La pensée joue un rôle immense dans la vie sociale. Elle permet aux hommes de connaître les lois objectives de la nature et de la société et de les mettre à profit dans leur activité pratique. (V. également Connaissance.)

PERCEPTION. Reflet direct des objets du monde réel, agissant sur nos organes des sens. La base de la perception est l’existence objective des objets, indépendamment de la conscience humaine.

Comparée à la sensation qui reflète telle ou telle propriété ou qualité de l’objet, la perception a ceci de particulier qu’elle reflète l’objet tout entier comme l’ensemble et la connexion de ses propriétés.

La perception dépend pour beaucoup de l’expérience antérieure du sujet et de son attitude envers la chose qu’il perçoit. Une langue étrangère parait un chaos de sons à celui qui l’ignore, mais elle est pleine de sens pour celui qui la comprend. A l’activité des organes des sens s’associe l’activité de la pensée.

Les idéalistes subjectifs considèrent les perceptions comme antérieures aux objets et ils affirment que le monde objectif naît de nos perceptions. Le caractère antiscientifique de cette théorie a été mis en évidence par le matérialisme dialectique.

PERIPATETICIENS. Disciples d’Aristote (V.). Leur nom tire son origine d’un mot grec qui signifie « promenade », le maître enseignant en se promenant. L’école philosophique d’Aristote (« Lycée »), fondée à Athènes en 355 av. n. è., était le centre de la science antique non encore différenciée.

Les successeurs les plus illustres d’Aristote furent : Théophraste d’Ephèse (vers 371-286 av. n. è.), connu surtout pour ses travaux de botanique ; Straton de Lampsaque (mort vers 270 av. n. è.) qui a développé les éléments matérialistes de la philosophie aristotélicienne ; Andronicus de Rhodes (Ier siècle av. n. è.), éditeur des œuvres d’Aristote ; Alexandre d’Aphrodisias (fin du IIe siècle, commencement du IIIe siècle de n. è.), auteur d’un commentaire de tendance matérialiste sur la philosophie d’Aristote.

PERSONNALISME. Courant idéaliste réactionnaire, en vogue dans la philosophie bourgeoise contemporaine. Son trait distinctif, c’est que la « personnalité » y est considérée comme donnée première, comme principe spirituel initial de l’être.

Le personnalisme ressuscite la doctrine de l’idéaliste allemand du XVIIe siècle Leibniz (V.) sur les « monades » spirituelles en tant que fondement de tout ce qui existe.

Le personnalisme considère la nature comme un ensemble d’esprits, de « personnalités » et oppose cette conception idéaliste à la doctrine matérialiste scientifique d’après laquelle la nature est un ensemble de choses matérielles.

Falsifiant grossièrement les conclusions de la science, le personnalisme affirme que le moteur de tous les phénomènes de la nature (physiques, biologiques) serait un principe spirituel inhérent à chacun d’eux.

A la conception scientifique des lois objectives, le personnalisme oppose la téléologie d’après laquelle l’évolution s’effectue conformément aux fins inhérentes aux phénomènes naturels et non sur la base du conditionnement causal.

Le personnalisme est une philosophie ouvertement religieuse. Au-dessus des innombrables « personnalités » qui composent le monde, se dresse la « personnalité suprême », Dieu.

Le personnalisme professe le théisme, d’après lequel Dieu serait une personnalité douée de raison et de volonté et qui aurait créé le monde. Cette variété de philosophie idéaliste n’admet même pas des formes plus modérées de la religion telles que le panthéisme (V.) et le déisme (V.).

Les personnalistes combattent le matérialisme en inoculant aux travailleurs des pays capitalistes le poison des superstitions archaïques.

Fondé par le philosophe américain Bowne (1847-1910). Aux Etats-Unis, le personnalisme est représenté par Flewelling et Brightman. En Grande-Bretagne, son partisan le plus connu est Carr, en Allemagne le psychologue Stern, en France Emmanuel Mounier, le mystique Berdiaev, émigré russe.

Les conceptions sociales et politiques des personnalistes américains montrent avec évidence que leur doctrine défend ouvertement le régime capitaliste. En effet, ils enseignent qu’il faut changer non le monde, mais la « personnalité », l’âme, c’est-à-dire ne pas toucher au régime capitaliste, à l’exploitation, et tendre tous les efforts vers le « perfectionnement spirituel », la « renaissance morale».

Cette théorie est opposée à la transformation révolutionnaire des rapports sociaux, qui découle de la conception matérialiste de l’histoire.

Le dernier mot du personnalisme : il faut lutter non pour un monde nouveau, mais pour une « âme nouvelle », montre clairement que la pointe de cette philosophie est dirigée contre les intérêts vitaux des masses travailleuses, contre leur libération véritable, sociale et politique.

Les personnalistes français disciples de Mounier (groupe « Esprit »), occupent une position politique différente des personnalistes américains. Ce sont les intellectuels petits-bourgeois de tendances radicales, mais hésitants et instables, prisonniers de leurs préjugés idéalistes et individualistes.


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