PATRIOTISME. Amour de la patrie, «… l’un des sentiments les plus profonds, consacré par des siècles, des milliers d’années d’existence particulière des patries » (Lénine : Œuvres, t. 28, éd. russe, p. 167).
Le patriotisme n’est pas le produit d’un mystérieux « esprit national » ou de « l’âme de la race », comme le prétendent des sociologues bourgeois ; il est engendré par des conditions sociales et économiques déterminées. C’est un phénomène historique dont le contenu varie suivant les époques.
Elément essentiel de la conscience sociale, le patriotisme a acquis une importance particulière à l’époque où les nations et les Etats nationaux avaient commencé à se former, à l’époque du capitalisme ascendant, où la bourgeoisie, détruisant le féodalisme et la division féodale, rassemblait et unifiait la nation (V.), s’affirmait comme le représentant de la nation entière.
Cependant, au cours du développement historique, à mesure que s’exaspérait l’antagonisme de classes au sein des nations bourgeoises, le mensonge et l’hypocrisie du patriotisme bourgeois devenaient de plus en plus apparents.
Sous couleur de patriotisme, la bourgeoisie pratiquait une politique de conquête, semait la méfiance et la haine à l’égard des autres nations.
Pour préserver ses profits et maintenir les travailleurs sous sa domination, elle trahissait les intérêts de la nation, elle trahissait la patrie ; « … le capital place le maintien de l’alliance des capitalistes de tous les pays contre les travailleurs, au-dessus des intérêts de la patrie, du peuple et de quoi que ce soit … » (Lénine : Œuvres, t. 27, éd. russe, p. 330).
Les couches supérieures de la bourgeoisie contemporaine trafiquent ouvertement des intérêts nationaux.
Les patriotes véritables, ce sont les travailleurs, défenseurs les plus conséquents de l’indépendance nationale, qui luttent contre l’envahisseur étranger et contre le joug de leur propre bourgeoisie.
Les destinées de la patrie, son affranchissement de l’oppression et de l’exploitation, la création de conditions favorables à son plein épanouissement sont d’un intérêt vital pour les masses laborieuses.
« Le sentiment de la fierté nationale nous est-il étranger, à nous, prolétaires grand-russes conscients ? écrivait Lénine en 1914. Evidemment non. Nous aimons notre langue et notre patrie ; ce à quoi nous travaillons le plus, c’est à élever ses masses laborieuses (c’est-à-dire les neuf dixièmes de sa population) à la vie consciente de démocrates et de socialistes. Le plus pénible pour nous, c’est de voir et de sentir quelles violences, quelle oppression et quelles vexations les bourreaux tsaristes, les nobles et les capitalistes font subir à notre belle patrie » (Oeuvres choisies en deux volumes, t. I, 2e partie, M. 1954, p. 408).
L’amour de la patrie s’est toujours manifesté avec force chez le peuple russe et les autres peuples de la Russie. Cet amour les animait aux années de dures épreuves, lors des invasions étrangères, à se dresser pour défendre le sol natal.
Mais cet amour de la pairie était altéré par l’amer sentiment que leur pays était au pouvoir des oppresseurs : le tsar et sa bureaucratie, les grands propriétaires fonciers et les capitalistes. Les ouvriers et les paysans haïssaient le régime social et politique existant dans le pays.
Ce n’est qu’après la victoire de la révolution socialiste que l’amour du sol natal, l’amour de leur peuple se sont associés dans la conscience des travailleurs au dévouement envers le nouveau régime social, le nouvel Etat créé par eux sous la direction de la classe ouvrière et du parti communiste.
Après la victoire de la Révolution d’Octobre, le peuple est devenu le maître de son pays, le maître de toutes ses richesses. Pour la première fois dans l’histoire, les travailleurs ont acquis une patrie véritable.
Sur cette base s’est développé un patriotisme nouveau, le patriotisme soviétique, qui est devenu l’une des forces motrices de la société socialiste soviétique. (V. Patriotisme soviétique.)
Dans les pays capitalistes contemporains, c’est dans les masses laborieuses que s’exprime le patriotisme authentique.
Ce sont elles qui combattent pour l’indépendance nationale, qui s’opposent à toutes les tentatives des impérialistes étrangers en vue d’asservir leur pays.
PATRIOTISME SOVIETIQUE (SOCIALISTE). Patriotisme d’un type nouveau, supérieur, dû à la victoire de la Grande Révolution socialiste d’Octobre et fondé sur l’instauration du socialisme, l’abolition de l’exploitation de l’homme par l’homme et de l’oppression nationale. Le patriotisme est une de ces grandes forces motrices de la société soviétique, qui ont surgi grâce à l’union et à la collaboration fraternelles des ouvriers, des paysans et des intellectuels.
Le patriotisme soviétique exprime l’amour de la patrie socialiste où tout le pouvoir appartient aux travailleurs, où le peuple est le maître du pays. Il traduit la fierté des travailleurs pour leur patrie qui, naguère pays retardataire, marche désormais à l’avant-garde de l’humanité progressiste.
Les Soviétiques sont fiers que l’U.R.S.S. soit le pays où le socialisme a triomphé pour la première fois, et qui fraye le chemin aux autres pays avancés. Le patriotisme soviétique est aussi profondément étranger au nationalisme (V.) bourgeois.
Le patriotisme soviétique est un sentiment partagé par la totalité du peuple. Sur les ruines des anciennes nations bourgeoises, ont surgi et se sont développées au pays des Soviets de nouvelles nations socialistes, qui ignorent les antagonismes de classes.
Le patriotisme soviétique groupe les ouvriers, les paysans et les intellectuels, ainsi que les nombreux peuples et nationalités de l’U.R.S.S. en une grande famille de travailleurs.
Le patriotisme soviétique se manifeste sous les formes les plus variées. Pendant la Grande guerre nationale il a été la source d’un héroïsme extraordinaire sur les champs de bataille et d’exploits dans le travail à l’arrière.
Il stimule l’émulation socialiste, ce puissant mouvement des temps modernes. Il a été une des forces principales grâce auxquelles l’Union Soviétique a pu reconstruire son économie nationale, réaliser avec succès les quinquennats d’après-guerre. Aujourd’hui il anime le peuple soviétique dans la réalisation de nouveaux plans de développement de l’U.R.S.S.
Le patriotisme soviétique se manifeste dans la vigilance des Soviétiques à l’égard de toutes les manœuvres ennemies.
Le patriotisme soviétique socialiste s’unit organiquement à l’internationalisme prolétarien, au sentiment de solidarité fraternelle avec les travailleurs du monde entier en lutte pour le triomphe du communisme.
Le Parti communiste de l’Union Soviétique considère comme son devoir essentiel de « former les membres de la société dans l’esprit de l’internationalisme et de l’établissement de liens fraternels avec les travailleurs de tous les pays… » (« Statuts du P.C.U.S. »).
PATRISTIQUE. Théologie chrétienne du Ier au Ve siècle, apologétique « des Pères de l’Eglise » qui défendaient les dogmes de la nouvelle religion contre la philosophie païenne antique. A partir du IIIe siècle, la patristique ne se contente pas de réfuter et de blâmer la philosophie antique, elle cherche à accommoder le néo-platonisme (V.), une des formes les plus réactionnaires de cette philosophie, pour justifier le christianisme.
Représentants les plus marquants : Tertullien (vers 150-222), Clément d’Alexandrie (vers 150-215), Origène (vers 185-254), Augustin (V.).
PAVLOV Ivan Pétrovitch (1849-1936). Grand physiologiste et penseur russe, ardent patriote soviétique. L’activité scientifique de Pavlov qui s’étend sur plus de soixante ans, a été marquée par de grandes découvertes dans les domaines de la physiologie de la circulation, de la digestion, des fonctions trophiques du système nerveux et par l’inauguration d’un nouveau chapitre de la physiologie cérébrale.
Continuateur des traditions progressistes de la philosophie matérialiste et des sciences naturelles russes du XIXe siècle, en particulier de la doctrine de Sétchénov (V.), qu’il appelait le père de la physiologie russe, Pavlov accomplit en créant sa doctrine de l’activité nerveuse supérieure de l’homme et des animaux une véritable révolution dans les sciences naturelles.
Cette doctrine portait un coup décisif à la psychologie idéaliste ; elle jetait les fondations d’une psychologie réellement scientifique et matérialiste. C’est en étudiant le mécanisme de la « salivation psychique » que Pavlov mit en lumière un fait d’une importance majeure.
Outre la salivation provoquée par l’excitation directe de la cavité buccale par les aliments, on peut susciter la sécrétion de la salive, chez les animaux, par n’importe quel excitant extérieur : lumière, son, excitation cutanée, à condition de compléter cet excitant d’un appât offert à l’animal.
Pavlov a appelé les réflexes du premier genre, réflexes « inconditionnels » et ceux du deuxième genre, réflexes « conditionnels ». Les expériences ont montré que les réflexes conditionnels, aussi bien positifs que négatifs, se forment à la base des réflexes inconditionnels et garantissent une meilleure adaptabilité de l’animal aux conditions sans cesse variables du monde extérieur.
La méthode objective de formation et d’abolition des réflexes conditionnels a permis à Pavlov et à ses disciples d’élucider les lois principales de l’activité nerveuse supérieure des animaux. Pavlov a montré que la formation et la destruction des liaisons temporaires, c’est-à-dire des réflexes conditionnels, dans l’écorce des hémisphères du cerveau, ainsi que l’activité analytique et synthétique du système nerveux, donnent à l’animal la possibilité de s’orienter dans toute la complexité du monde réel.
Les excitations extérieures et les excitations intérieures, c’est-à-dire celles qui viennent des organes internes, de la musculature, des os, de l’appareil ligamenteux, signalent à l’animal la présence de conditions biologiquement favorables ou défavorables pour lui et suscitent par là même, de sa part, des actions objectivement adaptées. L’écorce cérébrale est le prodigieux appareil où viennent se projeter tous ces signaux et où s’élaborent les réactions — ripostes de l’organisme.
Selon la doctrine de Pavlov, l’homme possède, en plus du premier système de signalisation (c’est-à-dire les réactions à l’influence directe du monde extérieur), un deuxième système de signalisation, le langage, qui a considérablement modifié l’activité nerveuse supérieure de l’homme.
La doctrine de Pavlov relative au deuxième système de signalisation, est d’une grande importance pour la théorie marxiste de la connaissance. Elle met en lumière la base physiologique de la pensée humaine, dans le développement de laquelle un rôle primordial revient à la parole, au langage, à l’usage de notions générales.
Sous l’action d’excitants divers, objectivement positifs ou négatifs, sur les animaux, des secteurs déterminés de l’écorce cérébrale entrent en état d’excitation ou d’inhibition. Ces processus s’étendent, chacun, d’abord à l’écorce tout entière pour se concentrer ensuite dans ses secteurs de départ. L’interaction excitation-inhibition conditionne le travail normal de l’encéphale.
Pavlov a élucidé la nature du sommeil, chez les animaux supérieurs et il a démontré qu’il ne s’agit que d’une inhibition généralisée à toute l’écorce des grands hémisphères cérébraux. En même temps, il a éclairci le mécanisme de l’hypnotisme et la nature des rêves. Il a consacré les dernières années de sa vie à l’étude des maladies du système nerveux et a fondé la théorie des névroses expérimentales des animaux.
On doit à Pavlov une contribution très précieuse à la clinique des maladies nerveuses et psychiques de l’homme. La classification scientifique des types de systèmes nerveux des animaux, créée par Pavlov, est d’une grande portée scientifique, de même que les travaux qu’il a entrepris sur l’évolution du système nerveux des animaux et l’hérédité des réflexes conditionnels.
L’héritage scientifique de Pavlov, dont l’étude est poursuivie dans de nombreux laboratoires par ses disciples et continuateurs, a été d’un apport fécond pour de nombreuses branches capitales de la pratique.
Les théories de Pavlov ont eu une importance exceptionnelle pour beaucoup d’autres sciences et notamment pour la médecine. Sa doctrine sur l’activité nerveuse supérieure est une des bases du matérialisme dialectique dans le domaine des sciences de la nature. Elle a doté d’une base rigoureusement scientifique la théorie du reflet (V.) matérialiste.
Pavlov a démontré que sans l’action exercée par le monde extérieur sur les organes des sens ainsi que sur le cerveau, aucune activité psychique ne serait possible et que le psychisme animal est le reflet du monde objectif ambiant.
La doctrine de Pavlov est pénétrée de l’idée du développement, du changement continuel des choses ; elle renverse l’interprétation métaphysique des lois de l’activité psychique. Pavlov conçoit dialectiquement l’activité réflexe des animaux comme une substitution incessante de réflexes et une lutte de processus contraires : excitation et inhibition, irradiation et concentration, etc.
La généralisation philosophique de la doctrine pavlovienne est d’une grande importance, car elle enrichit et concrétise les principes du matérialisme philosophique et dialectique marxistes, appliqués à la nature. Les découvertes de Pavlov représentent une arme dans la lutte idéologique contre toutes les manifestations de l’idéalisme et de l’obscurantisme
Les travaux de Pavlov ont atteint une ampleur remarquable dans la période soviétique de son activité, grâce à la grande attention du parti communiste et du Gouvernement soviétique. Le grand savant appréciait hautement la sollicitude du Gouvernement soviétique envers le développement de la science.
Dans ses interventions, dans sa lettre à la jeunesse, il exhorte les travailleurs de la science à consacrer toutes leurs forces et connaissances au bien de la patrie. Pavlov fut un patriote sincère et il était fier des grands succès du pays soviétique, libéré du joug du tsarisme et du capitalisme.
Voir les « Œuvres » de Pavlov, t. I-VI, édition de l’Académie des Sciences de l’U.R.S.S. (1951-1952), les « Mercredis pavloviens », t. I-III, 1949, comprenant les sténogrammes des causeries de Pavlov avec ses disciples. Les œuvres choisies de Pavlov en un volume sont publiées en français (Editions en langues étrangères, Moscou 1954)