OUMOV Nikolaï Alexéïévitch (1846-1915). Eminent physicien russe. On lui doit d’importants travaux sur l’électrodynamique, le magnétisme terrestre, la théorie des vibrations et l’optique.

Il poursuivit et développa l’idée de M. Lomonossov (V.) sur l’indestructibilité et la non-création du mouvement de la matière et fut le premier à formuler scientifiquement le concept matérialiste du mouvement de l’énergie, concept qui joue un rôle important dans la physique moderne et en particulier dans la théorie du champ électromagnétique.

Oumov considérait la transformation de l’énergie comme un processus objectif et reliait la notion d’énergie au mouvement de particules matérielles. Contrairement aux physiciens idéalistes (V. Idéalisme « physique ») qui s’efforçaient de réfuter la loi de la conservation de l’énergie, Oumov a démontré qu’elle était la loi fondamentale des sciences de la nature.

La découverte de la loi de la conservation de l’énergie avait porté, disait-il, un coup décisif aux théories métaphysiques des fluides impondérables, du phlogistique, etc. Oumov soumit à la critique certaines thèses erronées de R. Meyer sur l’inconnaissabilité des transmutations réciproques des formes diverses de l’énergie.

A la différence de certains savants, il insistait sur la spécificité qualitative des formes supérieures du mouvement, il ne les réduisait pas à sa forme la plus simple, la forme mécanique.

Il s’élevait résolument contre la théorie idéaliste de la mort thermique de l’univers, démontrant que les découvertes du radium, des électrons, de la transmutabilité des éléments « nous conduisent à réviser nos notions habituelles sur la matière».

Contrairement aux idéalistes « physiques » qui proclamaient la faillite de la science, Oumov affirmait que les découvertes de la physique moderne représentaient un immense pas en avant dans la connaissance des mystères de la nature et leur utilisation pour le bien de l’humanité.

Dans ses objections aux idéalistes qui nient la réalité objective, il écrivait que « la sensation de matérialité et de substantialité reste ce qu’elle était et que la nouveauté réside uniquement dans la manière de la concevoir ». Oumov réfuta les affirmations des physiciens machistes soutenant que l’homme « crée » les lois de la nature, que la matière a disparu et qu’il ne reste plus que des équations.

En véritable patriote, Oumov lutta résolument pour la primauté de la science russe progressiste. Il exaltait les mérites scientifiques de Lomonossov, de Lobatchevski (V.), de Mendéléev (V.), de Stolétov (V.), de Sétchénov (V.), de Pavlov (V.) et de Timiriazev (V.).

Elevé dans les idées des révolutionnaires démocrates, il s’indignait des persécutions endurées par les paysans, des punitions cruelles pratiquées dans l’armée, des poursuites contre les élèves des lycées et les étudiants.

En 1911, en signe de protestation contre les actes réactionnaires du ministre de l’instruction publique tsariste Kasso, il quitta l’Université de Moscou.

OWEN Robert (1771-1858). Célèbre socialiste utopiste du XIXe siècle. De 1800 à 1829, il dirigea une grande fabrique à New-Lanark (Ecosse).

Owen réduisit la journée de travail à 10 heures et demie alors que dans les autres entreprises elle était de 13 à 14 heures ; il améliora les conditions de vie et de travail des ouvriers, fonda une école-modèle pour leurs enfants, organisa une crèche et un jardin d’enfants.

Dans son premier ouvrage « Nouveaux aperçus sur la société ou Essais sur la formation du caractère humain » (1813-1814), Owen fait part de son expérience de New-Lanark et des principes de son activité.

Ses idées philanthropiques le conduisirent au communisme. Ce fut un tournant dans sa vie. Convaincu que ses idées étaient justes et réalisables, Owen se rendit en Amérique pour y organiser la colonie communiste « Nouvelle-Harmonie ».

Mais il subit un échec et revint en Grande-Bretagne où il prit une part active au mouvement ouvrier syndical et coopératif dont il s’écartera plus tard. Sa doctrine finit par prendre un caractère sectaire. Owen mourut à l’âge de 87 ans. Ses idées jouèrent un rôle positif dans les années trente et quarante du siècle dernier Owen contribua beaucoup à l’instruction des ouvriers.

Engels apprécia ainsi sa longue activité : « A tous les progrès réels, à tous les mouvements sociaux de l’Angleterre intéressant la classe ouvrière, se rattache le nom de Robert Owen » (« Socialisme utopique et socialisme scientifique », P. 1924, p. 61).

Sa conception sociale rapproche Owen des matérialistes français du XVIIIe siècle. Il affirmait que l’homme est un produit des circonstances et que son caractère se forme à l’insu de sa volonté.

Ce ne sont pas les hommes eux-mêmes qui sont coupables de leurs défauts ni de leurs vices, mais le régime social dans lequel ils vivent. Les crimes des hommes, ce sont les crimes de la société elle-même ; punir les individus, victimes de l’ignorance et des erreurs de la société, c’est une injustice criante.

Il n’y a qu’à modifier les conditions de la vie sociale, améliorer l’ordre social, et les mœurs des hommes changeront, conclut Owen après les philosophes du XVIIIe siècle. Mais les matérialistes français préconisaient la société fondée sur la propriété privée et les libertés bourgeoises, alors que pour Owen cette société est aussi imparfaite que le régime féodal.

Seule la société socialiste est parfaite. Il se dressait contre les économistes bourgeois qui s’efforçaient de démontrer que le régime capitaliste est naturel et raisonnable. Selon Owen, la société bourgeoise n’est que temporaire. A la différence des philosophes français, qui se bornaient à revendiquer l’abolition des privilèges de caste, Owen aspirait à la suppression des contradictions de classe, à l’établissement de l’égalité sociale entre les hommes.

Il critiquait sévèrement le régime capitaliste : la propriété privée, la structure de classe, la division du travail, le règne de la concurrence, la paupérisation croissante des ouvriers, etc. « Quelle folie, s’exclamait Owen avec indignation, que le système social déraisonnable d’aujourd’hui ait détourné de son chemin cette force énorme ; qu’au lieu de richesses et de vertus, elle n’engendre que misère et crimes ! »

Dans cette contradiction, Owen voyait un des fléaux de la société.

Cependant, comme tous les socialistes utopistes, Owen estime que la racine du mal social n’est pas dans le mode de production capitaliste, mais dans l’ignorance des hommes, qui sont inconscients de leur propre nature.

Il croyait que les contradictions sociales seraient éliminées par la diffusion des connaissances et de la vérité. La société socialiste, raisonnable, ne naîtra pas de la lutte, mais de la connaissance de la vérité. Owen considérait l’histoire en idéaliste, comme un progrès graduel de la connaissance humaine.

Rêvant d’un ordre social nouveau, socialiste, dont la commune serait la cellule élémentaire, il s’élevait résolument contre la lutte révolutionnaire du prolétariat. A son avis, la refonte socialiste des rapports sociaux ne peut être réalisée par la violence, par une révolution.

Pas plus que les autres socialistes utopistes, Owen ne comprenait le rôle historique de la classe ouvrière. Il fondait ses espérances sur l’initiative des classes dirigeantes et des gouvernements, mais c’est en vain qu’il sollicitait leur concours pour l’instauration d’un ordre social raisonnable. Owen a adressé ses projets à Nicolas 1er, à la reine Victoria, etc.

Les défauts essentiels du socialisme d’Owen, soulignait Engels, sont sa tolérance envers la bourgeoisie, le caractère abstrait de ses principes, l’incompréhension des lois du développement historique. Les socialistes anglais, écrit Engels, sont « parfaitement doux et paisibles », ils considèrent la « fureur » des ouvriers contre les bourgeois comme stérile ; ils leur prêchent la philanthropie et l’amour universel. Mais les mérites historiques d’Owen sont grands.

Comme les doctrines de Saint-Simon (V.) et de Fourier (V.) celle d’Owen est une des sources du communisme scientifique. (V. également Socialisme utopique.)


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