OPPOSITION ENTRE LA VILLE ET LA CAMPAGNE. Lorsque la division sociale du travail s’accentua et que la société se partagea en classes, la ville se sépara de la campagne ; peu à peu il en résulta une profonde opposition entre elles, un immense retard économique, politique et culturel de la campagne sur la ville.

Cette opposition historique, qui n’existe que dans le cadre de la propriété privée, a atteint son point culminant en régime capitaliste : la terre est exploitée de façon inconsidérée, le taux de la rente foncière s’accroît de pair avec l’endettement et la ruine des petits propriétaires paysans. La campagne retarde de plus en plus sur la ville.

L’opposition entre la ville et la campagne signifie opposition d’intérêts. Elle a pour base économique l’exploitation de la campagne par la ville et la ruine de la paysannerie laborieuse à mesure que se développe le capitalisme.

La ville représentée par les classes exploiteuses, opprime la campagne (c’est-à-dire les paysans travailleurs). « En régime capitaliste, l’action que la ville exerçait sur les campagnes les corrompait politiquement, économiquement, moralement, physiquement, etc. » (Lénine : Œuvres choisies en deux volumes, t. II, 2e partie, M. 1954, p. 738).

L’impérialisme n’a fait qu’aggraver l’opposition entre la ville et la campagne qui se manifeste dans l’antagonisme entre métropoles et colonies, pays industriels et agraires. Afin de s’assurer des profits maximums, le capitalisme monopoleur actuel intensifie l’exploitation de la paysannerie par divers moyens (établissement de prix élevés sur les produits manufacturés et de bas prix sur les produits agricoles, prix élevés de la terre, formes asservissantes de fermage, etc.).

Marx et Engels furent les premiers à prouver scientifiquement que l’opposition entre la ville et la campagne ne pourrait être liquidée que sous le socialisme. La suppression de l’opposition entre la ville et la campagne, entre le travail intellectuel et le travail manuel, est une des principales conditions de l’abolition de toutes distinctions de classe dans la société.

Lénine disait que « pour supprimer entièrement les classes il faut non seulement renverser les exploiteurs, les grands propriétaires fonciers et les capitalistes, non seulement abolir leur propriété ; il faut encore abolir toute propriété privée des moyens de production ; il faut supprimer aussi bien la différence entre la ville et la campagne, que celle qui existe entre les hommes du travail manuel et du travail intellectuel » (Ibid., p. 225).

La victoire de la Grande Révolution socialiste d’Octobre a créé les conditions nécessaires à la solution de ce problème. Il s’agissait avant tout de liquider les classes exploiteuses et le système d’exploitation. Dans la Russie tsariste 65 % des familles paysannes appartenaient à la paysannerie pauvre ; leur principal instrument de production était la charrue de bois.

La campagne était arriérée, elle végétait dans la misère et l’ignorance. L’industrialisation du pays et la collectivisation de l’agriculture ont changé du tout au tout la campagne soviétique.

L’agriculture la plus grande du monde a été créée, basée sur la propriété socialiste, et outillée de la technique agricole moderne. La propriété socialiste domine sans partage dans l’agriculture.

La ville est l’amie de la campagne, elle lui fournit une aide immense pour lui permettre de liquider son retard séculaire économique et culturel. L’Etat soviétique a remis aux kolkhoz la terre en jouissance perpétuelle. La campagne soviétique a accompli un énorme bond en avant.

L’agriculture compte aujourd’hui des centaines de milliers de conducteurs de tracteurs et de machines combinées qui utilisent la puissante technique socialiste.

Les sovkhoz et les S.M.T. ont introduit dans la campagne des méthodes socialistes avancées. On a construit des milliers de kilomètres de routes nouvelles ; l’électricité, le téléphone, le télégraphe et la T.S.F. se généralisent, un large réseau de clubs, bibliothèques, cinémas, laboratoires s’est édifié. La science agronomique a armé les kolkhoziens de connaissances qui leur permettent d’augmenter le rendement des récoltes.

Tout cela signifie qu’en U.R.S.S. l’opposition entre la ville et la campagne a été supprimée. A l’heure actuelle le parti communiste et l’Etat soviétique réalisent le programme d’un nouvel et puissant essor de l’agriculture, dont l’accomplissement permettra de satisfaire les besoins croissants de la population en articles de large consommation et assurera les matières premières aux industries légère et alimentaire.

La suppression de l’opposition entre la ville et la campagne réalisée grâce à la victoire du socialisme en U.R.S.S. ne signifie nullement la disparition de toute différence entre elles. La différence essentielle entre la ville et la campagne subsiste encore ; elle sera éliminée au cours du passage graduel du socialisme au communisme. (V. Différence essentielle entre la ville et la campagne.)

OPPOSITION ENTRE LE TRAVAIL INTELLECTUEL ET LE TRAVAIL MANUEL. Cette opposition surgit avec le développement de la division sociale du travail et l’apparition de la propriété privée des moyens de production, avec la division de la société en classes.

L’opposition entre le travail intellectuel et le travail manuel est caractéristique des sociétés de classes antagoniques, esclavagiste, féodale et capitaliste ; elle a pour base économique l’exploitation des travailleurs manuels par les travailleurs intellectuels, c’est-à-dire par les représentants des classes exploiteuses.

Tant qu’existe l’oppression de classe, les travailleurs — esclaves, serfs et ouvriers salariés — sont condamnés à un travail manuel exténuant, tandis que la science et la culture, acquises par l’humanité à travers les siècles, demeurent l’apanage des classes dominantes et des intellectuels à leur service.

Avec le capitalisme qui, grâce au développement de l’industrie lourde, a fait rapidement progresser la technique, la science et la culture, l’opposition entre le travail intellectuel et le travail manuel a atteint son expression la plus marquée.

Les sciences, la technique, la littérature, les arts exigent une formation spéciale et des conditions d’existence qui ne sont pas à la portée des travailleurs en régime capitaliste ; un travail physique exténuant y est le lot de l’ouvrier; la machine — produit du travail et de la science — loin d’alléger la peine de l’ouvrier, asservit celui-ci encore davantage, transformant une multitude d’ouvriers en appendices de la machine.

La rupture entre travailleurs manuels et intellectuels a engendré et développé chez les ouvriers une attitude hostile envers les représentants du travail intellectuel, qui les exploitent.

L’opposition entre le travail manuel et le travail intellectuel est une opposition de classe. Les conditions sociales nécessaires pour la supprimer ne peuvent être réalisées que par la victoire de la révolution prolétarienne.

Ce sont : 1° la suppression de l’exploitation de l’homme par l’homme, édification d’une économie socialiste, liquidation des classes exploiteuses ; 2° l’accroissement sans précédent de l’activité politique des masses, leur large participation à l’administration de l’Etat ; 3° de vastes possibilités pour les masses de s’assimiler la culture, les sciences et la technique.

Ces conditions existent en U.R.S.S. La suppression des classes exploiteuses et l’édification du socialisme ont mis fin à l’opposition entre le travail manuel et intellectuel. De nos jours en U.R.S.S., les travailleurs manuels et intellectuels sont non plus des ennemis mais des camarades — des amis membres d’une collectivité de production unique, tous également intéressés aux succès de la production socialiste.

Les intellectuels soviétiques sont dans leur grande majorité issus des milieux ouvriers et paysans L’ancienne hostilité entre les travailleurs manuels et les intellectuels a totalement disparu, les conditions de travail des ouvriers et paysans ont radicalement changé. Le travail de l’ouvrier et du paysan soviétiques n’a rien de commun avec celui de l’ouvrier et du paysan d’avant la Révolution, qui travaillaient non pour eux-mêmes, mais pour le compte des exploiteurs ; le travail est devenu créateur.

Cela se manifeste d’une manière frappante dans le mouvement des novateurs de la production, mouvement qui contient les germes d’un puissant essor culturel et technique de la classe ouvrière, essor indispensable à l’élimination de la différence essentielle entre le travail manuel et intellectuel.

Dans le travail qu’accomplissent de nos jours des millions de Soviétiques, l’effort manuel s’allie à l’effort technique, et réclame un niveau culturel élevé de l’ouvrier avancé, qui fraie une voie nouvelle au progrès de la production, qui renverse les anciennes normes techniques désormais dépassées, qui est un révolutionnaire dans son travail. Les novateurs font progresser la production, mais aussi la science.

Les kolkhoz ont vu naître et se former un paysan d’un type nouveau, dont le travail réclame des connaissances agronomiques, qui lutte pour des récoltes abondantes en appliquant les toutes dernières réalisations de la science et de la technique.

Cependant, la suppression de l’opposition entre le travail manuel et le travail intellectuel ne signifie pas la disparition de toute différence entre eux. La différence essentielle subsiste encore, qui ne peut être et ne sera éliminée qu’au cours du passage graduel du socialisme au communisme. (V. Différence essentielle entre le travail intellectuel et le travail manuel.)

ORDRES. Une des formes de distinction de classe, typique des régimes esclavagiste et féodal. Les ordres représentaient des groupes sociaux, différents non seulement par leur situation effective dans la société, mais aussi par leur statut juridique dans l’Etat. Chaque ordre avait des droits et des obligations fixés par la loi. L’appartenance à tel ou tel ordre était considérée comme héréditaire.

Ainsi, dans la France féodale il y avait trois ordres : 1° le clergé, 2° la noblesse, 3° le tiers état (les paysans, les artisans, etc.). Dans l’ancienne Russie féodale, comme dans d’autres pays, la noblesse était considérée comme l’ordre le plus « distingué ».

Les nobles étaient exempts d’impôts, ne pouvaient être soumis aux peines corporelles, et n’étaient justiciables que de tribunaux particuliers, ceux de la noblesse. Eux seuls avaient le droit de posséder des domaines et des serfs.

Le clergé était, lui aussi, un ordre privilégié, libéré des redevances et de la taille. Les ordres inférieurs, soumis à l’impôt, comprenaient les « bourgeois » (surtout les petits artisans des villes, les marchands) et les paysans.

« Dans la société esclavagiste et dans la société féodale, la distinction entre les classes, écrit Lénine, était également fixée dans la division de la population en ordres et s’accompagnait de l’établissement pour chaque classe d’une place particulière dans l’Etat au point de vue juridique. C’est pourquoi les classes des sociétés esclavagiste et féodale (et aussi de la société servagiste), constituaient en même temps des ordres particuliers. Au contraire, dans la société capitaliste, bourgeoise, tons les citoyens sont juridiquement égaux en droits, toutes les divisions en ordres sont abolies (du moins en principe), aussi les classes ont-elles cessé d’être des ordres. La division de la société en classes est commune aux sociétés esclavagiste, féodale et bourgeoise, mais dans les deux premières il y avait des classes-ordres, tandis que dans la dernière les classes ne forment plus des ordres » (Lénine : Oeuvres, t. 6, éd. russe, p. 97).

Des vestiges de la division de la société en ordres persistent aujourd’hui encore dans la majorité des pays capitalistes. Ils sont sensibles surtout dans les pays où les rapports féodaux passés n’ont pas été abolis radicalement (par exemple au Japon). A l’époque de l’impérialisme, les milieux les plus réactionnaires de la bourgeoisie, avant tout les fascistes italiens et allemands, ont tenté de rétablir la division de la société en ordres.

Les obscurantistes hitlériens rêvaient d’instaurer un régime social à la tête duquel devrait se trouver la « classe des maîtres », — nouvelle aristocratie, — puis les classes moyennes, et à la base de la pyramide sociale — l’innombrable masse « anonyme», les millions de « serviteurs éternels ».

Lorsque la bourgeoisie était encore une classe révolutionnaire, elle luttait contre les privilèges féodaux. Aujourd’hui la bourgeoisie réactionnaire, pour maintenir sa domination de classe, est prête à ramener la société au moyen âge, à ressusciter les préjugés féodaux les plus barbares.

En Russie, les distinctions de castes, qui n’avaient pas été supprimées par la Révolution bourgeoise de février 1917, furent liquidées complètement et à tout jamais par la Grande Révolution socialiste d’Octobre.

Aux termes d’un décret du Comité exécutif central de Russie et du Conseil des commissaires du peuple en date du 23 (10) novembre 1917, les ordres furent abolis. L’Etat socialiste établit une véritable égalité en droits pour tous les travailleurs.


Revenir en haut de la page.