Il y a dix ans de cela, le 21 novembre 2006, la révolution mondiale a connu un revers avec la capitulation du Parti Communiste du Népal (Maoïste), qui a cessé la guerre populaire afin d’accepter un « accord de paix global » avec le gouvernement.
Au moment de la capitulation, la guerre populaire commençait à être mondialement connue. Elle contrôlait jusqu’à 80 % du pays, après dix années de lutte armée où la révolution se présentait comme proposition stratégique pour l’ensemble des masses. L’armée populaire de libération, forte de 30 000 combattants, allait de victoire en victoire.
Le maoïsme, comme idéologie guide de la guerre populaire, était dans un processus de diffusion partout dans le monde, avec en arrière-plan les avancées historiques faites par le Parti Communiste du Pérou, tandis qu’en Inde il y avait une réorganisation solide qui amena la fondation du Parti Communiste d’Inde (Maoïste).
La capitulation a été une terrible trahison de cette situation en développement. Profondément influencé par les tendances éclectiques du courant maoïste appelé Mouvement Révolutionnaire Internationaliste, le Parti Communiste du Népal (Maoïste) a basculé dans une ligne pragmatique-machiavélique.
Cela s’est fortement intensifié avec le style de vie décadent de sa direction, corrompu par le mode de vie impérialiste, ce qui a amené un esprit d’acceptation de « l’amélioration » sociale et démocratique de l’impérialisme, considéré comme un système mondialisé unifié.
L’idée d’une victoire générale fut abandonnée, comme il était pensé qu’à la fois l’Inde et la Chine, et également les États-Unis, bloquerait tout développement ultérieur. La ville de Katmandou était considéré comme ne pouvant pas être prise ; l’armée, au contraire de la police, était supposément censée être indestructible.
Pour cette raison, le Parti Communiste du Népal (Maoïste) s’est précipitée dans la possibilité d’une alliance avec les partis politiques parlementaires qui, dans la situation de crise où la monarchie a pris tout le contrôle du pays, ont accepté la forme républicaine, en échange de la fin de la guerre populaire.
C’était juste un nouvel aménagement de la nature semi-féodale semi-coloniale du pays, mais le Parti Communiste du Népal (Maoïste), espérant une intégration rapide, s’est auto-intoxiqué, avec la « révolte populaire » comme fantasmagorie.
En fait, le Parti Communiste du Népal (Maoïste) avait déjà imaginé avoir trouvé une nouvelle méthode combinant insurrection et guerre populaire.
Après la capitulation, il a continué ses innovations idéalistes avec la théorie révisionniste d’une constitution multipartite, où tous les partis politiques sont considérés comme anti-féodaux, parce qu’ils sont opposés à la monarchie, où par conséquent la destruction du vieil Etat n’était pas conçu comme possible voire même comme nécessaire, étant donné que la démocratisation générale, avec le Parti Communiste du Népal (Maoïste) étant la force majeure dans le pays, serait inévitable.
Ce concept de « démocratisation » n’était pas nouveau : c’était là un simple renouvellement de la thèse révisionniste de Karl Kautsky et Maurice Thorez dans les pays impérialistes.
Plus précisément, c’était ce que professaient tous les courants révisionnistes dans le troisième monde durant les années 1960-1990, prétendant réaliser un front avec la bourgeoisie nationale pour réformer le pays, quand en réalité ils essayaient de construire une nouvelle bourgeoisie bureaucratique servant le social-impérialisme soviétique.
De nos jours, comme il n’y a plus de social-impérialisme soviétique, une telle tendance ne peut qu’amener à la subordination à des forces impérialistes ou semi-coloniales expansionnistes. Au Népal, il est facile de voir que Prachanda est devenu un laquais de l’Inde.
Et, bien entendu, comme le Parti Communiste du Népal (Maoïste) est devenu une partie du système mondial d’exploitation et d’oppression, il a été fortement soutenu dans sa capitulation.
Naturellement, la victoire électorale du Parti Communiste du Népal (Maoïste) a été salué partout dans le monde par les forces révisionnistes. Les appels à soutenir la révolution népalaise furent toujours plus nombreux dès que les accords de paix furent signés. Il y eut même des groupes apparaissant appelant à soutenir la guerre populaire, alors que celle-ci était déjà terminée.
Les révisionnistes gagnaient du prestige de cela et le Parti Communiste du Népal (Maoïste) en profitait en restant considéré comme révolutionnaire.
Mais malheureusement ce ne fut pas tout. La vaste majorité des forces défendant le maoïsme soutint ce processus.
Au lieu de considérer que les accords de paix étaient la fin du processus transformant le Parti Communiste du Népal (Maoïste) en un parti révisionniste, il fut considéré que ce n’était que le début de cela.
Des années après les accords de paix, il était encore parlé de situation « compliquée » et il était expliqué que tout était encore possible, qu’une « ligne rouge » grandissait, un nouveau parti était en train de se constituer, etc.
Dix ans après les accords de paix, nous pouvons voir que c’était entièrement erroné. Il n’y avait pas quelque chose comme une « ligne rouge » dans le Parti Communiste du Népal (Maoïste) qui était devenu révisionniste, parce que la ligne noire a précisément gagné avec « l’accord de paix global ».
Une preuve de cela est le fait que toutes les tendances et tous les mouvements scissionnistes qui ont quitté le Parti Communiste du Népal (Maoïste) pensent encore qu’il a été correct de réaliser un tel accord.
La « révolte populaire » n’a été que le faux rêve masquant la capitulation ; ce fut un piège pour occuper les secteurs radicaux des masses, pour les éloigner du socialisme scientifique. Les appels pour une « ligne rouge » dans le Parti Communiste du Népal (Maoïste) formaient un obstacle à cette compréhension.
Les forces qui ont prétendu « défendre » les achèvements de la révolution népalaise, la possibilité de sa continuation, ont en fait aidé à bloquer toute auto-critique au Népal. Ils ont empêché une perspective matérialiste dialectique de l’histoire du Népal, des conditions de la lutte des classes.
Il a été correct de dénoncer ce qui a historiquement consisté en une capitulation. Prachanda ne fut pas seulement un opportuniste, il fut un révisionniste et une critique systématique du Parti Communiste du Népal (Maoïste) aurait dû être immédiatement faite au moment des « accords de paix », pour libérer les forces au Népal voulant aller à une compréhension socialiste scientifique de la situation.
Ce fut également très important pour protéger le maoïsme. La situation au Népal a grandement aidé les courants révisionnistes, en particulier le hoxhaisme, à maintenir l’accusation selon laquelle le maoïsme serait « une lutte armée sans perspective », un courant petit-bourgeois. Rejeter ces accusations n’aurait été possible seulement qu’avec une condamnation maoïste générale de Prachanda et de la position du Parti Communiste du Népal (Maoïste) avec les « accords de paix ».
C’est pourquoi nous disons, dix ans après la capitulation népalaise, qu’il est important d’apprendre d’elle. Cela aide à comprendre les enseignements maoïstes quant aux questions de l’État, de la guerre populaire, du principe de bourgeoisie bureaucratique. Cela montre la nature de forces prétendant de nos jours être maoïste, alors qu’elles convergeaient avec la ligne révisionniste du Parti Communiste du Népal (Maoïste).
C’est particulièrement le cas du Parti Communiste Maoïste d’Italie et du Parti Communiste Révolutionnaire du Canada. Tous deux étaient au coeur du Mouvement Révolutionnaire Internationaliste et très proches du Parti Communiste du Népal (Maoïste). Ils ont accompagné le processus des « accords de paix » : il est facile de voir cela de leurs positions à l’époque.
Il est important de voir qu’il y a eu au Népal, en décembre 2006, en présence de nombreux partis maoïstes, un séminaire international « sur l’impérialisme et la révolution prolétarienne au 21e siècle ». Néanmoins, le Parti Communiste du Népal (Maoïste) avait alors déjà signé les « accords de paix » et développé ses théories sur la « démocratie multipartite ».
N’était-il pas déjà temps de dénoncer la ligne révisionniste de Prachanda, la capitulation du Parti Communiste du Népal (Maoïste) ? Dix ans après, il est clair que oui.
Apprendre de la défaite au Népal, qui n’est qu’un détour sur la route de la révolution mondiale !
Défendre le maoïsme contre le révisionnisme, mais également contre la connivence et la convergence avec le révisionnisme !
Arborer le principe de l’océan armé des masses !
Guerre populaire jusqu’au communisme !
Organisation des Ouvriers d’Afghanistan (Marxiste-Léniniste-Maoïste, principalement Maoïste)
Centre Marxiste-Léniniste-Maoïste de Belgique
Parti Communiste de France (marxiste-léniniste-maoïste)
Novembre 2016