Naoum Pavlovitch Karposky : Vive la tribu du Komsomol Staline ! (1948)
OBJECTIF. Par opposition à subjectif désigne ce qui existe en dehors de la conscience humaine et indépendamment d’elle.
OBJECTIVISME BOURGEOIS. Interprétation de la nécessité et du déterminisme historique, qui justifie et glorifie le régime capitaliste et dissimule l’idéologie bourgeoise sous une prétendue « impartialité ».
L’ « objectivisme » est en réalité du subjectivisme, c’est le camouflage délibéré des lois vraiment objectives du développement social dans l’intention de défendre les intérêts des classes exploiteuses.
Ainsi, Strouvé, l’un des tenants du « marxisme légal » (V.), critiquant les « populistes » qui ne saisissaient pas la nécessité historique de l’évolution capitaliste de la Russie au XIXe siècle, prônait le renoncement à la lutte contre le capitalisme sous prétexte que ce dernier se développait en vertu d’une nécessité objective.
Il niait les contradictions irréductibles du capitalisme dont le développement aboutit nécessairement à la révolution prolétarienne.
A l’opposé d’un tel objectivisme, le marxisme-léninisme prouve que l’apparition du capitalisme est due à une nécessité historique, mais que son écroulement n’est pas moins nécessaire. La conception marxiste de l’analyse objective implique la position de parti, elle exige que les événements historiques soient examinés du point de vue du prolétariat révolutionnaire.
Loin de nier la nécessité d’une étude vraiment objective des choses, l’esprit de parti est au contraire entièrement fondé sur elle.
C’est précisément le cours objectif de l’histoire, les tendances du développement social qui aboutissent au remplacement révolutionnaire du capitalisme par le socialisme. Les marxistes révolutionnaires ne craignent pas l’analyse vraiment objective de la réalité et des lois du développement car cette analyse confirme la justesse de la doctrine marxiste-léniniste.
Le marxisme unit indissolublement l’esprit de parti et l’objectivité scientifique alors que l’idéologie bourgeoise est incompatible avec l’objectivité scientifique dans la connaissance ; de là la tendance des philosophes bourgeois à dissimuler leur nature de classe sous l’« objectivisme » et l’ « impartialité ».
Le parti communiste lutte contre toute manifestation d’objectivisme dans la recherche scientifique ; ces manifestations d’objectivisme sont une survivance de l’idéologie bourgeoise et persistent encore parmi certains philosophes, historiens, critiques littéraires, etc., soviétiques.
Les vestiges de l’objectivisme et du « socialisme de la chaire » (V.) ont été critiqués sévèrement dans les résolutions du Comité Central du Parti communiste de l’Union Soviétique sur les questions idéologiques de littérature et d’art, au cours de la discussion de 1947 sur les problèmes de la philosophie, dans les décisions du C.C. sur les défauts du tome III de l’ « Histoire de la philosophie ».
En philosophie, l’objectivisme se manifeste dans la méconnaissance de la lutte entre le matérialisme et l’idéalisme, dans l’incapacité et le refus de critiquer avec énergie les adversaires du matérialisme, dans l’académisme, la rupture entre la théorie et la pratique, l’incompréhension du fait que chaque progrès de là philosophie d’avant-garde s’accomplit dans la lutte contre les opinions réactionnaires.
L’absence d’esprit de parti combatif est un signe d’objectivisme étranger au caractère révolutionnaire du marxisme-léninisme. Les œuvres des grands guides du prolétariat, Marx, Engels, Lénine et Staline, sont un exemple d’attitude militante, révolutionnaire, dans la lutte contre l’idéologie bourgeoise, contre tous les ennemis de la classe ouvrière. (V. également Esprit de parti en philosophie.)
OBJET. V. Sujet et objet.
OCCAM Guillaume d‘ (vers 1300-1350). Théologien et scolastique anglais, représentant marquant du nominalisme (V.).
Idéologue des féodaux laïques dans leur lutte contre les aspirations du Vatican à la domination mondiale de l’Eglise catholique. Chef de l’opposition théologique au thomisme, Occam affirma que l’existence de Dieu et les autres dogmes religieux ne pouvaient être prouvés par la raison, et sont basés exclusivement sur la foi.
OCCASIONNALISME. Doctrine idéaliste religieuse du XVIIe siècle qui prétendait expliquer par l’intervention directe de Dieu le rapport entre l’âme et le corps, problème non résolu dans le système dualiste de Descartes (V.).
Le spiritualiste français Malebranche (V.) poussait l’occasionnalisme jusqu’à déclarer que toute causalité est un acte divin.
OCCULTISME (lat. occultus — caché). « Théorie » réactionnaire et antiscientifique qui proclame l’existence dans la nature de forces mystérieuses, inexplicables et surnaturelles avec lesquelles les gens d’élite pourraient communiquer.
L’occultisme est une des variétés les plus répugnantes de l’obscurantisme idéaliste, une survivance des superstitions du moyen âge. Comme la religion et l’idéalisme, il sert à empoisonner la conscience des masses populaires dans l’intérêt de la bourgeoisie.
Il est largement répandu dans certains pays impérialistes. (V. également Spiritualisme.)
OGAREV Nikolaï Platonovitch (1813-1877). Révolutionnaire d’origine noble, publiciste et poète, compagnon d’armes de Herzen (V.) ; il fut, aux côtés de ce dernier, une personnalité marquante de la période où la noblesse jouait le rôle principal dans le mouvement révolutionnaire de libération en Russie (années 30-40 du XIXe siècle).
Il a pris également une part active au mouvement de la période suivante, La période « roturière » (années 50-60). Dès le début de sa difficile et dangereuse carrière, il rencontre A. Herzen, dont il deviendra le collaborateur et l’ami, et dont il partagera les opinions jusqu’à la fin de ses jours.
Comme Herzen, il a été formé par la littérature russe, les traditions des révolutionnaires russes : Radichtchev (V.), Ryléev, des décembristes (V.), par la pensée progressiste de l’Occident.
Etant ensemble étudiants à l’Université de Moscou, Ogarev et Herzen réussissent à grouper autour d’eux un cercle de jeunes nobles, dont l’activité met la police en éveil : en 1834 ils sont arrêtés, puis déportés. En 1840 Ogarev intervient avec ses œuvres poétiques, pénétrées d’idées libératrices et d’une sympathie profonde pour le peuple asservi.
En 1847 Ogarev publie ses premiers articles sur le régime social en Russie et s’y affirme adversaire du servage et démocrate. En 1850 il est de nouveau arrêté, mais la police tsariste est incapable de prouver qu’il a créé « une secte communiste ».
Remis en liberté, il part en 1856 à l’étranger où il édite avec Herzen le « Kolokol » [la Cloche], l’ « Obchtchéé Vétché », etc. Il consacre les dernières vingt années de sa vie au journalisme et à la propagande de la théorie révolutionnaire.
Il réclamait l’affranchissement de tous les paysans, la remise de la terre aux communautés paysannes et l’exploitation collective, exigeait l’égalité en droits et un régime politique où des élus du peuple gouverneraient le pays.
Il critiqua vigoureusement le caractère formel de la démocratie bourgeoise des pays d’Europe occidentale et d’Amérique.
Les moyens qu’il préconise pour réaliser son programme social et politique varient avec les conditions historiques. Vers 1835 il se prononce pour une révolution paysanne ; après l’avènement du tsar Alexandre II il devient partisan des réformes pacifiques.
Il sera l’un des premiers à déclarer, après la réforme de 1861, que « le peuple a été trompé par le tsar », que « l’ancien servage a été remplacé par un autre ».
A ce moment il revient définitivement à l’idée de la révolution paysanne.
En 1861-1862 il fait partie du comité central de la société secrète « Terre et liberté » ; il rédige le programme de cette société et organise son activité pratique. Dans les années 60 il critique les libéraux et tâche de se rapprocher des disciples de Tchernychevski, de la « jeune émigration ».
Ogarev a cherché les principes scientifiques de l’évolution sociale qu’il comparée un torrent vivant. « L’histoire, dit-il, ne se déroule pas d’après un programme : elle progresse par ses effets nécessaires qui résultent des conditions existantes. »
Il considère comme des facteurs importants de l’histoire le caractère social de la vie humaine, les besoins matériels, la production, l’économie. Mais, resté idéaliste en matière d’histoire, il réduit le processus historique au perfectionnement de la conscience qui déterminerait, en dernière analyse, le progrès dans tous les domaines de la vie sociale.
Le progrès de la société se réalise dans la lutte du nouveau contre l’ancien. Le nouveau est diamétralement opposé au passé.
A l’instar de Herzen, il pense que la lutte contre l’autocratie et le servage a comme objectif l’instauration du socialisme. Le socialisme utopique d’Ogarev est étroitement lié à sa foi dans l’avenir des communes paysannes et des artels agricoles.
Adepte de la philosophie matérialiste, à partir de 1835 environ, il reconnaît l’existence du monde extérieur, de la nature, de la matière éternelle en transformation perpétuelle. S’appuyant sur les données de la science de son époque, il affirme que l’esprit reflète les lois du développement de la nature et de la société.
Les sensations sont la source de nos connaissances, dit-il, et il s’élève avec force contre l’idéalisme qui « rejette dédaigneusement le fait si celui-ci le contredit ». D’autre part, il critique les empiriques qui se contentent d’observer les faits et négligent de les généraliser.
D’après lui, nulle part et jamais les idées ne sont indépendantes des intérêts pratiques des différents groupes sociaux. « Je suis pour une position de parti en philosophie », déclare-t-il.
Il flétrit les idéologues de la caste féodale dont la philosophie faisait le jeu du gouvernement tsariste et de la réaction et étayait un régime social caduc, mais qui leur était pratiquement avantageux.
Les conceptions philosophiques d’Ogarev traduisent en général l’étroitesse propre à tout matérialisme antérieur à Marx : incapacité de dépasser la démarche métaphysique, interprétation idéaliste de l’histoire, etc.
Ardent patriote, ferme défenseur des intérêts des masses populaires, Ogarev a joué, comme son ami et compagnon d’armes Herzen, un rôle notoire dans la préparation de la révolution russe.
ONTOLOGIE (du grec […] — science de l’être). Terme qui, dans la philosophie prémarxiste, désigne la science de l’être, par opposition à la gnoséologie — science de la connaissance.
Il y a là un trait caractéristique de la philosophie bourgeoise : elle oppose la science de l’être à celle de la connaissance et s’efforce de bâtir la science des formes de la pensée en dehors et indépendamment de l’être, de la réalité objective qu’elles reflètent.
Chrétien Wolf (1679-1754), créateur du terme « ontologie », sépare déjà la science de l’être de celle de la connaissance.
Avec le développement de la philosophie bourgeoise, cette distinction entre l’ontologie et la gnoséologie se transforma en opposition, alimenta diverses tendances sceptiques et agnostiques, et inaugura l’analyse des catégories et des formes de la pensée, devenue traditionnelle dans la logique formelle idéaliste.