Photo de l’insurrection populaire de février 1979 à Téhéran

Photo de l’insurrection populaire de février 1979 à Téhéran

[Note du Centre MLM de Belgique : L’existence de ce document provenant de militants du nouveau mouvement communiste iranien (que nous mettons ici à disposition pour archive) a été mentionnée dans la revue Crise n°37 du 28 juin dernier, lors de la publication de son introduction intitulée « Un bref aperçu historique ».

Il est à noter que nous avons des désaccords sur de nombreux sujets avec ces camarades, notamment concernant la situation en URSS dans les années 1930 et le rôle historique du 7e congrès de l’Internationale Communiste.

À cette époque, alors que le fascisme continue de se développer – après l’Italie en 1922, c’est l’Allemagne qui bascule en 1933 –, alors que la tendance à la guerre impérialiste l’emporte largement sur la vague révolutionnaire, le rapport du Bulgare Georgi Dimitrov sur l’offensive fasciste est au centre du 7e congrès.

Pour les plus de 500 délégués, l’essentiel est de savoir comment organiser le Front populaire. Traditionnellement, la propagande bourgeoise prétend que le 7e congrès marque un tournant, qu’il s’agit d’un retournement à 180° dans la ligne de l’Internationale Communiste. Cela est totalement erroné. La question du front unique des masses sous la direction du Parti Communiste a toujours été la préoccupation centrale, la politique pour y parvenir s’adaptant au contexte.

Concernant la situation en Iran, nous remarquons également dans les écrits de ces camarades une profonde incompréhension de l’influence de l’Islam – incompréhension qui perdure jusqu’à aujourd’hui – sur les masses et du contexte féodal qui la soutient.

Cependant, ces questions ne devraient pas servir de prétexte à la controverse. Dans le contexte que nous connaissons aujourd’hui,  nous encourageons à s’intéresser à toutes les organisations révolutionnaires d’Iran qui méritent, dans leur ensemble, notre soutien.]

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Note des traducteurs

Le nouveau mouvement communiste iranien n’est pas une organisation. Ce terme désigne le renouveau effectué dans le mouvement communiste iranien en 1971 avec le commencement de l’activité de l’Organisation des Guérilléros Fedayins du Peuple Iranien, organisation marxiste-léniniste qui opta pour la stratégie de la lutte armée.

Les faiblesses politiques et idéologiques amenèrent l’O.G.F.P.I. à devenir progressivement perméable aux thèses révisionnistes du parti Toudeh. Vers 1976, elle réfuta la stratégie de la lutte armée et se rapprocha de l’U.R.S.S. Affaiblie par sa ligne révisionniste et les coups de la police politique du Chah (la SAVAK), elle fut incapable de prendre la tête du mouvement populaire des années 1977-78, qui tomba sous la coupe des intégristes islamiques.

En 1979, à l’image du Toudeh, la direction de l’O.G.F.P.I. appuya la République Islamique qu’elle considérait comme un régime anti-impérialiste. Cette position opportuniste ainsi que d’autres désaccords de fond provoquèrent des scissions dans l’organisation : d’abord celle des Guérilléros Fedayins du Peuple Iranien, qui scissionnèrent trois mois après l’instauration du régime islamique car ils considéraient que le régime était capitaliste et qu’il fallait continuer la stratégie de la lutte armée ; un an plus tard, l’O.G.F.P.I. se scinda en deux : Majorité (qui se rapprocha encore plus du Toudeh et donc du régime) et Minorité (qui considérait que le régime était contre-révolutionnaire).

Depuis 1981, de nombreuses scissions se sont produites dans chacune de ces trois branches. Dans l’ensemble, ces scissions se sont produites, non pas suite à des divergences stratégiques mais à cause de la faiblesse et l’incapacité de chacune de ces organisations à définir une stratégie cohérente et une ligne politique adaptées à la situation politique et sociale. Aucun des groupes issus de ces scissions n’a réussi à se développer et à s’imposer dans la lutte de classe. Ils se sont au contraire tous affaiblis. Ces scissions n’ont donc pas provoqué un épanouissement, mais une lente désintégration.

Tous ces groupes ont les mêmes points faibles : une ligne politique révisionniste, semblable plus ou moins à celle du Toudeh (malgré les prises de position parfois énergiques de certains), et la réfutation de la stratégie de la lutte armée, dans la théorie pour certains, et dans l’incapacité de la mettre en pratique pour d’autres.

Les auteurs de ce texte sont d’anciens membres ou sympathisants des G.F.P.I. Ce texte s’insère dans le débat qui se déroule actuellement parmi les marxistes-léninistes iraniens conscients de la nécessité d’une lutte idéologique sérieuse pour sortir de l’impasse actuelle du mouvement communiste.

Nous croyons que la traduction de ce texte aidera les communistes des pays de la métropole a prendre connaissance de la formation économique de l’Iran, de la nature du régime islamique, de la situation des marxistes-léninistes iraniens et de certains problèmes importants qui sont débattus actuellement parmi eux, tels que : la nature de l’URSS, la position vis-à-vis du Komintern, la Chine, l’étape de la révolution, les questions du Parti et de l’organisation politico-militaire, la lutte armée et sa relation avec la lutte de classe du prolétariat…

Cela permettra aux camarades de la métropole de connaître la situation d’un pays dépendant de l’impérialisme et les problèmes qui s’y posent aux communistes. Cela évitera aussi à certains camarades de faire des erreurs sur la nature du régime de la République Islamique qui est un régime capitaliste et sur la question de l’étape de la révolution dans un pays capitaliste dépendant de l’impérialisme.

Djaber Kalibi, prison de la Santé, Paris & Azita Monachipour, prison de Rouen
Mars 1988

Sommaire

  • Introduction
  • La situation actuelle de l’impérialisme occidental, ses crises et ses impasses
  • La résurgence du capitalisme en Union Soviétique et la situation actuelle de ce pays
  • La situation mondiale et celle des marxistes-léninistes
  • La situation générale du mouvement communiste iranien
  • Les conditions de la naissance du nouveau mouvement communiste iranien
  • Les causes de la dégénérescence politique, idéologique et pratique du nouveau mouvement communiste iranien
  • Les conditions politiques, économiques et sociales de l’Iran et la nature de classe de l’Etat
  • Le développement de la lutte des classes et la lutte armée
  • Quelques remarques sur la question de l’étape de la révolution
  • Les tâches urgentes des marxistes-léninistes iraniens
Introduction

Les communistes Iraniens se trouvent dans un état de dispersion, de confusion et de faiblesse sans précédent. Les rudes coups portés par la réaction dépendante de l’impérialisme au mouvement anti-impérialiste et aux forces communistes, ont aggravé et Intensifié la crise au sein du mouvement communiste. Face aux difficiles conditions actuelles, certains intellectuels qui tendent vers le marxisme, ont perdu toute perspective de la lutte, se sont réfugiés dans les vieilles théories opportunistes, « néo-marxistes », et anti-marxistes pour finalement réfuter complètement la révolution et le marxisme-léninisme.

Pourtant, pour les véritables marxistes-léninistes, l’inconfortable situation actuelle n’est pas surprenante au regard de la situation générale du mouvement communiste. Il faut chercher les causes de la faiblesse et de l’impuissance des marxistes-léninistes iraniens dans le passé lointain et récent du mouvement communiste et de la pensée qui le domine. La réalité, c’est que durant l’insurrection de février 1979 (insurrection armée des masses, les 10 et 11 février 1979, qui aboutit au renversement du gouvernement de Bakhtiar, dernier premier ministre du Chah, et à l’arrivée au pouvoir du Khomeiny (ndt).), ce furent surtout la faiblesse et l’impuissance politiques, organisationnelles et pratiques des marxistes-léninistes qui se révélèrent au grand jour. Il y fut clairement démontré à quel point la « gauche » était dépourvue de la capacité et de l’intelligence nécessaires pour guider le mouvement des masses.

Aujourd’hui, plusieurs années après la défaite de l’insurrection, les communistes iraniens commencent à se débarrasser progressivement des illusions et de la confusion de pensée, pour essayer d’analyser le passé, et d’en faire un bilan qui permette de tirer des enseignements pour le présent et l’avenir.

Mais, si l’on veut obtenir des résultats satisfaisants, on ne peut analyser la situation actuelle des communistes iraniens indépendamment de la situation générale du mouvement communiste international, avec ses difficultés et ses problèmes. C’est pour cette raison que, croyant au principe de l’internationalisme prolétarien, nous considérons que le mouvement communiste iranien fait partie du mouvement communiste international et nous évaluons ses difficultés en relation étroite avec la situation générale de ce dernier.

Nous en tenons compte lorsque nous analysons les problèmes idéologiques et politiques du mouvement communiste iranien dans le cadre des intérêts généraux du prolétariat mondial, et cela en nous basant sur les principes et la méthodologie marxistes-léninistes. Les expériences du prolétariat et du mouvement communiste international jusqu’à présent montrent ceci : bien que la lutte de classe contre la bourgeoisie présente des particularités dans chaque pays, les fondements de cette lutte sont les mêmes à l’échelle mondiale en raison de l’internationalisation du Capital et des rapports de production capitalistes (l’impérialisme).

C’est ainsi qu’il faut étudier les caractéristiques de la lutte des classes dans chaque pays, et ce serait donc une erreur d’étudier les problèmes du mouvement communiste iranien comme un phénomène indépendant et abstrait. Pour cette raison, il faut tenir compte de sa relation avec le mouvement communiste international comme base de travail, afin que l’examen puisse être mené concrètement, avec méthode et qu’il fasse avancer d’un pas la lutte de classe. Voilà la démarche cohérente qui est le signe d’une parfaite fidélité à la méthodologie marxiste-léniniste et d’une foi totale dans le processus mondial de la lutte des classes, dans la révolution prolétarienne.

Il était important d’insister sur ces principes afin de faire comprendre notre méthode et notre approche en ce qui concerne les problèmes du mouvement communiste iranien. C’est à partir d’une telle position que nous essayons de définir les problèmes de ce mouvement et d’évaluer ses points positifs ou négatifs. Nous croyons que si nous ne partons pas d’un tel point de vue, nous ne pourrons pas faire une analyse marxiste-léniniste utile au mouvement communiste iranien.

La discontinuité idéologique et théorique, ainsi que la non-transmission des expériences du passé aux générations suivantes, font partie des handicaps fondamentaux du mouvement communiste iranien. En effet, en raison de l’absence de méthodologie marxiste-léniniste dans ce mouvement, les étapes s’y sont succédé sans aucune prise en compte des expériences et des leçons positives ou négatives du passé, et cela à son tour a provoqué des situations où à chaque fois l’activité des communistes iraniens débutait à un niveau proche de zéro, les conduisant immanquablement à répéter les mêmes erreurs et déviations politiques, idéologiques et pratiques que par le passé.

D’autre part, ce handicap théorique et méthodologique a provoqué la faiblesse et la confusion politique et idéologique au sein du mouvement communiste, le transformant en un mouvement inconsistant qui se limite à copier ou suivre telle ou telle expérience historique, sans tenir compte des lois, nécessités et particularités du mouvement communiste iranien. Notre objectif ici, n’est pas de simplifier les faits ou d’insister sur la continuité physique et sociale du mouvement communiste, car il est clair que celle-ci n’a pas été partout linéaire, sans incidents de parcours et sans ruptures, mais qu’elle a toujours été conditionnée par un ensemble de facteurs.

Ce que nous voulons dire par là, c’est que dans le processus sinueux qu’est la lutte des classes, les communistes doivent constamment théoriser – de façon critique et avec une méthode scientifique – les victoires, les défaites, les points positifs ou négatifs de cette lutte, et qu’ils doivent mettre ces théories à la disposition des générations futures et du mouvement communiste mondial en général, en tant que bilan des forces et faiblesses du mouvement et expériences résultant de toute une période de lutte. Ainsi, d’une part, l’histoire du mouvement communiste s’écrira à la lumière de ses événements positifs et négatifs et, d’autre part, la théorie et la pratique communistes se développeront en relation concrète avec la réalité – et dans le sens de sa transformation.

Sans nul doute, cette absence des points mentionnés (pourtant nécessaires), – absence due à l’inexistence d’une méthodologie scientifique et d’une conception matérialiste parmi les dirigeants et les cadres du mouvement communiste -, est-elle l’une des causes fondamentales de la faiblesse et de la confusion flagrante de nos organisations et forces communistes dès le début de leur activité. Sauf dans de rares cas et pour des périodes très courtes, ces handicaps et déviations ont été des traits marquants du mouvement communiste iranien, tout au long de son histoire.

Ces handicaps méthodologiques et théoriques du mouvement communiste iranien ont été les causes d’un manque de cohésion tant du point de vue idéologique et politique qu’au niveau de l’expérience ; ils l’ont rendu impuissant et vulnérable face aux difficultés et à la complexité de la lutte des classes. Par conséquent, la méthode de la connaissance et la méthodologie de l’appréciation des problèmes sociaux et politiques qui ont cours dans la quasi-totalité des groupes qui se prétendent marxistes-léninistes sont figées et arriérées.

Dans ces groupes, la pensée créatrice et la méthodologie scientifique ont cédé la place à la pensée dogmatique religieuse et au suivisme aveugle derrière les « puissances ». Au lieu de l’application de la méthode dialectique face aux réalités objectives et à la lutte des classes, c’est l’imitation rigide des expériences des autres, « qu’elles soient bonnes ou mauvaises », qui est devenue monnaie courante. Dans leur culture, le marxisme-léninisme se réduit uniquement à des phrases pompeuses et à des citations isolées de leur contexte historique. Cette conception « résumée » du marxisme a préparé le terrain à la diffusion de commentaires révisionnistes et pseudo-marxistes sur une grande échelle.

D’autre part, ce handicap du mouvement communiste iranien a causé la séparation complète entre la théorie et la pratique, et par conséquent a réduit presqu’à néant son contenu théorique et sa politique pratique dans la lutte des classes et les mouvements sociaux. Cela, alors que la méthodologie marxiste-léniniste exige l’unité entre la théorie et la pratique, car étant elle-même l’expression de cette unité qui est au service de la révolution socialiste, de l’émancipation de l’humanité des chaînes de l’exploitation et de ses conséquences culturelles, politiques et sociales.

C’est précisément dans le but de réaliser ces objectifs que la méthodologie marxiste considère la classe ouvrière comme étant la seule classe destinée et apte à bouleverser fondamentalement la société de classes, et considère la théorie comme étant d’abord celle de l’émancipation de cette classe1.

Après cette brève introduction destinée à clarifier le contenu et la direction de notre démarche dans les analyses et les conclusions, nous avons jugé bon de commencer par l’étape actuelle du développement du capitalisme (l’impérialisme) et ses problèmes et d’essayer ensuite de définir les tâches du mouvement communiste international – et donc iranien – en nous basant sur la méthodologie scientifique, l’analyse de l’impérialisme et l’examen du développement du capitalisme.

Sans une telle analyse, la discussion autour du mouvement communiste et ses tâches serait abstraite et sans conséquence pratique. En d’autres termes, nous serions incapables d’effectuer une analyse concrète des tâches actuelles du mouvement communiste sans une connaissance scientifique et précise de l’impérialisme comme stade suprême du capitalisme et sans la description des différents aspects de son développement dans la période actuelle. C’est pourquoi nous analysons d’abord l’impérialisme occidental et ensuite l’impérialisme de l’Est.

Said Soltanpour, Fedayin du Peuple Iranien, né en 1940 dans une famille ouvrière, instituteur, poète, écrivain et metteur en scène, a écrit ce poème dans les geôles du Chah. Said Soltanpour joua un rôle important dans l’insurrection de février 1979, et après l’instauration de la République Islamique, il combattit ouvertement ce régime qu’il considérait anti-populaire et réactionnaire. Le 16 avril 1981, jour de son mariage, il fut arrêté par les Pasdarans, « gardiens de la révolution », en pleine cérémonie, et exécuté à la fin du printemps, avec une quarantaine d’opposants, lycéens, étudiants, militants, ouvriers.

La prison du plateau(1)
Ami
ô frère prisonnier
ici
entre l’abattoir de la pensée et l’espoir
sur le plateau de sang, d’acier et de travail
sur le rivage de poissons et de perles
dans le port militaire de pétrole et de cuirassés
dans les champs de riz et de thé
et auprès du troupeau et du blé
nous
petits sommets de la tempête
voix annonciatrices de la tourmente soudaine
dans les divisions froides de « Ghezel-Ghal’é », « Evine » et « Hésâr »(2)
ne sommes pas les prisonniers fatigués de cette terre
les prisonniers fatigués de cette terre sont d’autres
les prisonniers fatigués de cette terre
sont enchaînés par l’usine et le travail pour l’oppresseur
ici, c’est la masse rouge des travailleurs
qui est la prisonnière fatiguée de la prison qu’est ce pays
Ici, Arme, Argent et Mouchard
sont les seigneurs de l’ère de l’oppression
et les maisons des peuples de tout le plateau
sont des milliers de divisions d’isolement ou collectives
L’Iran au milieu de cette anxiété
est un mélange de captivité et de liberté
Et pourtant encore
nous
petits sommets de la tempête
voix annonciatrices de la tourmente soudaine
marqués au fer rouge
– fleurs de plaie et de peau
chantons avec nos poitrines brûlées
dans chaque division de l’obscure « Ghal’é » :
Liberté
ô évolution sanglante ô révolution proche.

Saïd Soltanpour

(1) L’Iran est géographiquement situé sur un plateau.
(2) Prisons de la région de Téhéran où étaient et sont détenus les prisonniers politiques

La situation actuelle de l’impérialisme occidental, ses crises et ses impasses

A notre avis, la définition que donne Lénine de l’impérialisme est toujours juste : « L’impérialisme est l’étape monopoliste du Capital, l’ère des guerres entre les grandes puissances pour intensifier l’exploitation des peuples et des nations ». Donc, les rapports de concurrence entre les capitaux sont toujours la loi fondamentale du marché. La concurrence actuelle entre les monopoles démontre l’inexactitude de toute analyse basée sur l’idée d’un « impérialisme unique », car il n’existe pas de « Capital unique ».

Les formes et les moyens par lesquels l’impérialisme assure ses intérêts aujourd’hui ne sont rien d’autre que l’évolution historique de la domination du capital financier, de l’exportation du Capital en tant que mode de production, et enfin de la concurrence autour des zones d’influence entre les plus grandes puissances impérialistes, c’est-à-dire les monopoles multinationaux.

Nous entendons par là la formation de chaînes impérialistes (à l’Ouest sous la domination des U.S.A. et à l’Est sous la domination de l’U.R.S.S.), la relation, la hiérarchie et la dépendance entre les pays appartenant à un même bloc, la chaîne des multinationales – expression de l’accumulation du capital financier -, la mondialisation de la production, la formation d’organisations supranationales, et le développement du capitalisme monopoliste d’Etat dont l’objectif est de préparer les conditions de la reproduction du capital, et d’affronter la crise.

Les programmes politiques, économiques et financiers des différents pays provoquent d’importantes contradictions entre ces pays, et cela même si ces programmes visent les mêmes objectifs. C’est pourquoi, dans le camp impérialiste, la tendance au renforcement des relations politico-militaires ne peut pas être définie comme tendance spécifique à tel ou tel pays, mais doit l’être comme nécessité pour la survie du système impérialiste. La formation des multinationales, qui sont en réalité une réponse aux impasses inhérentes au système capitaliste, a créé un si vaste réseau de relations que leur développement n’est possible qu’à travers le développement de leurs dimensions et d’une dépendance réciproque.

Il est certain que ce système de relations n’efface pas les contradictions ni les causes de la guerre, car le système de relations dans cette chaîne est déterminé par les besoins structurels du système capitaliste et la division internationale du travail, qui sont déterminés pour leur part par le degré de développement du Capital.

La caractéristique de l’étape actuelle du développement de l’impérialisme, c’est la crise intense qui est le signe des difficultés et des problèmes croissants du mode de production capitaliste. En même temps, cette crise pousse à l’établissement de relations réciproques, politiques et militaires, en vue d’une « défense » commune. Ces relations politiques et militaires se sont nettement améliorées depuis la deuxième guerre mondiale et sont directement employées à l’encontre du prolétariat international et des peuples qui luttent contre l’impérialisme.

Les interventions des Etats-Unis en Europe (Grèce et Turquie), la proposition d’entrée du Japon dans l’O.T.A.N., les nouveaux armements, les forces d’intervention rapide, la pression des Etats-Unis dans la division Est/Ouest des zones d’influence après la deuxième guerre mondiale, sont quelques exemples prouvant que l’impérialisme occidental – avec à sa tête les Etats-Unis – considère que la domination sur l’ensemble du globe est vitale pour sa survie, des exemples démontrant surtout comment cet impérialisme se prépare à faire basculer à son profit le rapport de forces entre lui et le bloc rival, et cela directement grâce à une nouvelle guerre mondiale.

Les lignes politiques actuelles par lesquelles la bourgeoisie impérialiste tente de résoudre le problème de la surproduction absolue de capitaux, – surproduction qui est une caractéristique commune à tous les pays occidentaux, et qui a atteint son plus haut niveau depuis la fin de la deuxième guerre mondiale -, consistent à rendre certains capitaux plus compétitifs dans l’ensemble des capitaux actifs. Les tentatives visant à diminuer le taux d’inflation, les manœuvres financières et monétaires et le recours à la technologie moderne sont les mesures économiques les plus visibles des gouvernements des pays capitalistes avancés, pour résorber un tant soit peu les effets destructeurs de la crise qui, depuis de nombreuses années, condamnent ces pays à un taux de croissance presque nul. En réalité, la surproduction de capitaux est une constante du mode de production capitaliste, elle résulte de la compétitivité du capital investi.

Cette surproduction pousse constamment le capitaliste à exploiter la force de travail salarié, – seule force capable de valoriser l’ensemble du capital -, de manière à obtenir un taux de profit suffisamment élevé pour lui permettre de préparer les conditions de la reproduction à plus grande échelle de son capital et de lui faire effectuer ainsi un grand bond dans sa composition organique. C’est la raison pour laquelle les capitaux excédentaires doivent être investis dans d’autres secteurs de production et au-delà des frontières nationales.

Lorsque plus aucun des secteurs de production n’est capable de répondre positivement au besoin d’extension du capital, la crise dépasse l’état cyclique pour devenir structurelle. Dans ces conditions, même le pillage des pays dominés via l’exportation de capitaux vers ces pays, l’échange inégal et la monopolisation de la technologie aux mains des pays impérialistes, qui produisait par le passé des profits faramineux, est incapable désormais de satisfaire entièrement les besoins croissants du capital impérialiste et de le faire fructifier comme avant.

Au contraire, à ce stade, c’est l’impuissance des pays dominés à régler leurs dettes qui menace sérieusement la stabilité relative du système financier international. Dans de telles conditions, toutes les mesures visant à la restructuration de chaque organisme et de chaque secteur de l’économie impérialiste, génèrent à leur tour de nouvelles contradictions car la nécessité de dominer les divers secteurs du marché contrôlés par l’un des concurrents prépare les conditions d’une nouvelle guerre en raison de sa puissance financière, technologique, économique et militaire.

Il n’y a donc pas création de nouveaux secteurs économiques mais simple passation, des mains d’un concurrent à un autre. Ainsi, le marché ne se développe pas et cela provoque une plus âpre concurrence entre les capitaux, et donc apparaît une grande tendance à la concentration du capital aux mains des géants économiques et financiers multinationaux.

Par conséquent, la tendance à la guerre dans le monde impérialiste s’affirme de jour en jour, et se pose comme une nécessité objective face à la tendance généralisée du capitalisme vers la crise de surproduction. En effet, seule la destruction de capitaux, de force de travail, de marchandises et de moyens de production surproduits peut offrir aux impérialistes une bonne occasion de « recommencer ».

Seule cette destruction peut garantir la création de nouveaux marchés et la mainmise sur les matières premières ; et enfin, seule cette destruction rend possible une nouvelle division du marché et du travail sur la base de nouvelles conditions économiques en faveur du capital le plus puissant.2.

Marx a parfaitement décrit une telle situation dans le processus de développement du capitalisme : « Chaque crise détruit régulièrement non seulement une masse de produits déjà créés mais encore une grande partie des forces productives déjà existantes elles-mêmes. Une épidémie qui, à toute autre époque, eut semblé une absurdité, s’abat sur la société, – l’épidémie de la surproduction. La société se trouve subitement ramenée à un état de barbarie momentanée ; on dirait qu’une famine, une guerre d’extermination lui ont coupé tous ses moyens de subsistance ; l’industrie et le commerce semblent anéantis (…) Le système bourgeois est devenu trop étroit pour contenir les richesses créées dans son sein. Comment la « bourgeoisie surmonte-t-elle ces crises ? D’un côté, en détruisant par la violence une masse de forces productives ; de l’autre, en conquérant de nouveaux marchés et en exploitant plus à fond les anciens ». (Manifeste du Parti Communiste).

En tenant compte de ce qui vient d’être dit, il faut chercher les conditions de la guerre impérialiste au sein d’un ensemble de contradictions inhérentes au capitalisme. Les tentatives financières et économiques des impérialistes pour vaincre les retombées destructrices de la surproduction n’ont d’autre résultat que de créer de nouvelles conditions exacerbant de nouvelles contradictions. Enfin, plus ces crises se rapprochent, plus la tendance à la guerre mondiale s’accentue.

Toutes ces réalités dénoncent une nouvelle fois les courants révisionnistes et pacifistes qui prêchent continuellement la conciliation et la passivité pour empêcher la guerre, neutralisant ainsi la force révolutionnaire du prolétariat dans sa lutte pour faire disparaître les véritables causes de la guerre (c’est-à-dire le système pourri et les rapports d’exploitation bourgeois) et laissant le terrain libre à la concurrence entre les impérialistes.

La guerre ne peut définitivement disparaître que par la guerre révolutionnaire et la disparition de la bourgeoisie et de l’impérialisme de la scène mondiale car, contrairement à ce qu’affirme la propagande des révisionnistes et des opportunistes, la guerre n’est pas le produit de la volonté de telle ou telle fraction belliciste de la bourgeoisie mais le produit du développement des contradictions du mode de production capitaliste, elle n’est rien d’autre qu’une réponse aux crises, manques et désordres croissants de ce système. Aujourd’hui, la tendance à la guerre de la part des forces économiques, politiques et militaires de l’impérialisme est plus flagrante que jamais. Naturellement, dans ce processus, les Etats-Unis jouent un rôle plus important que les autres impérialistes.

Voyons maintenant quelle est la situation générale du prolétariat des pays impérialistes occidentaux dans de telles conditions. Avant toute chose, il est clair que le poids de toutes ces crises, de tous ces désordres et pressions résultant de la stagnation et de l’inflation, pèse essentiellement sur les épaules des ouvriers des métropoles et des travailleurs des pays dominés par l’impérialisme.

En ce qui concerne les ouvriers des pays capitalistes avancés, ils sont incapables d’un mouvement révolutionnaire face à toute cette agression, en raison de la faiblesse des forces révolutionnaires, de l’absence d’un mouvement de classe indépendant et en raison de la domination du révisionnisme sur de vastes secteurs du mouvement ouvrier. Afin de pouvoir agresser le prolétariat sur les plans économiques et politiques, la bourgeoisie doit régler ses comptes avec toute expression indépendante de la classe ouvrière et surtout avec les organisations communistes révolutionnaires.

Un simple regard sur les conditions politiques de la classe ouvrière des pays de la métropole montre que jusqu’à présent la bourgeoisie a réussi à porter des coups très durs à la classe ouvrière, de l’intérieur et de l’extérieur de la classe ; mais cela n’est pour la bourgeoisie en général et pour son Etat en particulier que le début d’un long et sinueux chemin car, vu le développement de la crise et l’accroissement simultané de la pression économique et politique sur la classe ouvrière, l’antagonisme de classe entre le prolétariat et la bourgeoisie se révèle de plus en plus. C’est pourquoi la bourgeoisie, qui a compris cela, tente de toutes ses forces de pousser le prolétariat vers une défaite politique et idéologique qui n’est autre que le désarmement total de cette classe.

En même temps, la bourgeoisie essaie d’aliéner de plus en plus la classe ouvrière par rapport à ses intérêts de classe, afin de l’obliger à accepter ses nouveaux contrats sociaux et son nouveau syndicalisme. Le résultat que la bourgeoisie escompte gagner à travers toutes ces tentatives est de donner une « nouvelle » définition du rôle de représentation prolétarienne et d’autre part, d’institutionnaliser la lutte des classes en limitant la force prolétarienne dans le cadre des intérêts du Capital.

Mais l’agression politique et économique de la bourgeoisie contre le prolétariat provoque en même temps de violentes luttes sociales. Bien qu’actuellement la domination des révisionnistes sur une grande partie du mouvement ouvrier ait privé celui-ci d’une avant-garde révolutionnaire marxiste-léniniste, à mesure que la nature bourgeoise de la ligne et de la politique des révisionnistes se dévoile, et qu’il s’avère que la bourgeoisie et les révisionnistes ont un intérêt commun dans la répression et l’exploitation de la classe ouvrière, à mesure qu’il s’avère que pour la sauvegarde du système capitaliste, ce sont les révisionnistes qui ont une part essentielle dans l’aliénation de la classe ouvrière pour l’empêcher d’initier tout mouvement révolutionnaire contre la bourgeoisie, les éléments les plus avancés et les plus révolutionnaires de cette classe se réunissent dans des organisations révolutionnaires et commencent le combat historique contre la bourgeoisie.

Aujourd’hui, dans les pays européens, parmi les ouvriers et les intellectuels révolutionnaires, on constate un mouvement important dans les domaines de la théorie et de la pratique révolutionnaires, dans le but de la formation d’une réelle organisation communiste, capable de réaliser les objectifs révolutionnaires du prolétariat et de le libérer du joug du Capital et des politiques révisionnistes et opportunistes. Les acquis théoriques et pratiques des organisations révolutionnaires communistes combattantes et leur impact sur le mouvement ouvrier sont prometteurs d’un renouveau du mouvement communiste et ouvrier à l’échelle mondiale, après des années de domination de l’opportunisme sur le mouvement ouvrier.

Le prolétariat découvre à nouveau son rôle mondial dans la transformation des conditions actuelles du mode de production capitaliste et naturellement, cette fois, la perspective des luttes du prolétariat sera tracée en tenant compte de ses expériences positives et négatives à l’échelle mondiale et surtout en tirant les leçons de la défaite du prolétariat en U.R.S.S. et dans les pays qui en dépendent.

La résurgence du capitalisme en Union Soviétique et la situation actuelle de ce pays

Depuis la déviation de TU.R.S.S., premier pays socialiste du monde, de la voie du socialisme et la résurgence du capitalisme dans ce pays, le mouvement communiste a dû faire face à de nouveaux problèmes. Bien que, pour les marxistes-léninistes, une telle déviation s’explique par des causes concrètes, elle sema néanmoins une confusion idéologique sans précédent au sein du mouvement communiste et révolutionnaire mondial.

L’expérience des révolutions prolétariennes, de la Commune de Paris à nos jours, démontre bien que la conquête du pouvoir politique par le prolétariat n’est que le premier pas dans une voie sinueuse, inconnue, pleine d’embûches et de difficultés nouvelles, et que si jamais Je prolétariat et ses avant-gardes perdent leur vigilance et leur créativité pour effectuer les transformations nécessaires et préparer le terrain matériel et culturel pour la transition vers le communisme, les conditions du retour de la domination de la bourgeoisie, qui possède alors encore une grande puissance et de grands moyens à l’échelle mondiale, se réunissent obligatoirement.

La résurgence du capitalisme en U.R.S.S. constitua une perte irréparable pour le mouvement communiste, mais elle a offert aux marxistes-léninistes un ensemble d’expériences précieuses concernant la lutte des classes et les problèmes de transition vers le communisme.

L’objectif de ce texte n’est pas de faire une analyse complète et argumentée des causes de la résurgence du capitalisme en U.R.S.S., nous sommes néanmoins obligés de faire quelques remarques essentielles à ce sujet.

Contrairement aux théories simplistes, les transformations qui eurent lieu en U.R.S.S., ramenant ce pays sur la voie du capitalisme, ne peuvent être expliquées uniquement par le « coup d’Etat » de la bande de Khrouchtchev : il faut chercher les conditions qui, bien des années auparavant, ont préparé le terrain pour la reconquête du pouvoir par la bourgeoisie.

Ensuite, la politique et la ligne choisies par le Komintern dans les années 1930 – et surtout les thèses et résolutions du VIIème Congrès de l’Internationale Communiste, qui ne sont rien d’autre que l’application des thèses incorrectes des dirigeants soviétiques aux luttes du prolétariat des autres pays – témoignent d’une contradiction flagrante avec la méthodologie et la conception léninistes de la lutte de classe du prolétariat et de ses intérêts internationalistes.

Durant les années de dictature du prolétariat en U.R.S.S., le Parti Communiste a adopté dans bien des cas une politique et des tactiques qui préparaient à grande échelle les conditions matérielles et politiques nécessaires à la résurgence du capitalisme et à la reconquête du pouvoir économique et politique par la bourgeoisie. L’incompréhension de la différence essentielle entre formes juridiques de propriété et rapports réels de production dans la phase de transition au socialisme, le remplacement de la lutte des classes par le « développement des forces productives », l’incompréhension de l’interaction entre les rapports de production et les forces productives, et enfin le fait d’avoir considéré comme absolu le rôle du développement des forces productives en tant que « moteur de l’histoire », comptent parmi les erreurs et les déviations les plus importantes.

Il en résulta que le rôle politique et social du prolétariat dans la construction du socialisme fut nié, que les antagonismes de classe dans ce pays furent oubliés, que la défense de l’U.R.S.S. devint l’axe déterminant des luttes du prolétariat au niveau mondial, et cela au détriment de la lutte de cette classe dans les autres pays, et enfin, l’apparition des valeurs et avantages bourgeois dans l’économie, la gestion, l’appareil du Parti et de l’Etat.

Durant cette période, la bourgeoisie réussit à reconquérir progressivement des positions politiques et économiques en profitant des limites objectives, des erreurs théoriques et des déviations politiques et idéologiques dans le Parti et l’Etat soviétique, anéantissant ainsi peu à peu les acquis de la Révolution d’Octobre et de la dictature du prolétariat.

Cette déviation par rapport à la méthodologie marxiste-léniniste en U.R.S.S. s’est traduite dans sa politique étrangère, par un certain dédain envers les intérêts internationalistes du prolétariat et la révolution mondiale; toutes les énergies furent axées autour de la construction du socialisme en U.R.S.S., sans que le lien nécessaire et vital entre cette construction et les luttes révolutionnaires du prolétariat et des peuples des autres pays soit pris en compte.

Durant cette période, nous sommes témoins de l’emploi, par les dirigeants soviétiques et, en général, par ceux du mouvement communiste international, de méthodes et de tactiques pragmatiques incohérentes dans le but de préserver et de renforcer les acquis de la Révolution d’Octobre. Il semble que le conservatisme et la crainte d’une agression de la bourgeoisie des pays impérialistes contre l’U.R.S.S. aient entraîné ces dirigeants à adopter des solutions de compromis, bloquant ainsi la marche du mouvement communiste et ouvrier vers la conquête du pouvoir politique. Tout fut ramené à la défense et la consolidation du socialisme en U.R.S.S.

Sur le terrain méthodologique, un matérialisme mécanique remplaça le matérialisme dialectique et historique, et les résultats politiques de cette déviation furent la centralisation de toutes les activités autour du développement de la production et un manque d’intérêt envers la lutte des classes en tant que moteur de la société, durant la phase de transition du socialisme. Cette conception économiste de la lutte des classes eut des conséquences désastreuses sur les problèmes internes de l’U.R.S.S. ainsi que sur les événements mondiaux (changement des conditions en défaveur de la lutte révolutionnaire du prolétariat contre la bourgeoisie) et sur tout le mouvement communiste international.

La défaite de la révolution et de la dictature du prolétariat ainsi que la reconquête du pouvoir par la bourgeoisie ne se sont pas opérées en U.R.S.S. uniquement dans la superstructure politique, mais d’abord au niveau de la structure et de la production, et furent ensuite complétées au niveau politique par la victoire de la bourgeoisie au XXème Congrès du Parti Communiste soviétique. Pour cette raison, nous considérons que l’attribution du terme « social-impérialisme » à l’U.R.S.S. est incorrecte et non scientifique. Ce terme fut employé par Lénine au sujet des révisionnistes de la IIème Internationale tels que Bernstein, Kautsky, etc. Il donnait par là une définition politique car à cette époque, les révisionnistes ne possédaient pas encore le pouvoir politique et économique dans une société.

Mais aujourd’hui, nous avons affaire au développement du révisionnisme et à sa : transformation en une puissance politique et économique avec une production développée, dans des sociétés telles que l’U.R.S.S. ; naturellement, si nous considérons le révisionnisme aux points de vue politique et idéologique comme l’infiltration de la bourgeoisie dans le mouvement communiste et ouvrier, alors dans son processus de développement, et lorsqu’il se transforme en un pouvoir politique et économique dans la société, il n’est plus une tendance politique et économique bourgeoise. Le destin des partis révisionnistes de la IIème Internationale qui sont aujourd’hui des forces impérialistes et qui détiennent le pouvoir politique dans la plupart des pays impérialistes européens, en est le meilleur exemple.

Le révisionnisme khrouchtchévien ou « révisionnisme moderne », qui n’est en réalité, dans ses fondements et ses principes, que la continuation du vieux révisionnisme des partis de la IIème Internationale, a aussi traversé un processus particulier et, aujourd’hui, nous le voyons se développer en impérialisme. Outre que le terme « social-impérialisme » est inexact du point de vue scientifique, il pourrait nous induire en erreur. Cette erreur serait d’abord de considérer l’impérialisme uniquement comme une politique et par là, notre critique envers l’U.R.S.S. se limiterait à sa politique extérieure ; ensuite, cette erreur serait de prétendre que la contradiction principale dans la formation soviétique est celle entre sa structure économique bourgeoise et sa superstructure idéologique socialiste.

Ce dernier aspect de l’erreur étant en réalité le résultat des thèses révisionnistes sur la transition vers le communisme par la révolution technico-scientifique et le développement ultérieur des forces productives. Le développement du capitalisme en U.R.S.S. a depuis longtemps réglé ses comptes avec le système économique de production hérité de la période révolutionnaire, système qui était basé sur l’étatisation des moyens de production et la planification. Cela a condamné les masses prolétariennes russes et celles des pays dominés par l’U.R.S.S. à un niveau de vie relativement bas et en même temps, a placé les crises politico-sociales et économiques à un niveau inférieur par rapport à celles des pays occidentaux.

Ainsi, dans le système économique de l’U.R.S.S., toutes les activités économiques et commerciales sont concentrées entre les mains de l’Etat. C’est pourquoi la propriété privée et le marché libre ne sont pas encore généralisés. En U.R.S.S., vu les rapports de propriété et d’échange, et vu le mode de production basé sur la circulation du capital, la production de la plus-value existe et la force de travail est placée dans le processus de production de valeur. Ceci est une réalité indéniable, même si les révisionnistes prétendent que le socialisme n’est autre que la propriété des moyens de production par l’Etat.

Le caractère capitaliste de la production (production de valeur d’échange, extraction de la plus-value, etc.) montre que, dans la réalité, l’économie soviétique est une économie bourgeoise mais qui, qualitativement et quantitativement, se trouve à un niveau assez bas par rapport à l’impérialisme américain. Les crises cycliques de surproduction de l’économie capitaliste de l’U.R.S.S. ont trouvé leurs solutions politique et économique grâce aux relations basées sur le profit avec les pays dominés.

C’est la nécessité de tels rapports qui pousse l’U.R.S.S. à mettre des pays sous sa domination. Ces rapports d’exploitation qui, dans les apparences, répondent mieux aux besoins des « pays en voie de développement », comparés à ceux établis avec les pays occidentaux, condamnent en réalité ces pays au sous-développement et à la dépendance politique et économique envers l’Union Soviétique. La politique intérieure de l’U.R.S.S. s’exerce dans le cadre de la même logique et des lois des pays occidentaux: la restructuration de l’appareil de production sur la base de profits gigantesques et de l’augmentation de la production, la privatisation de certains secteurs de production et l’augmentation de l’efficacité de l’économie entière.

Au niveau mondial, l’Union Soviétique joue un rôle destructeur et un rôle de frein par rapport aux forces révolutionnaires et anti-impérialistes. Exerçant une influence politique, économique et militaire sur certains mouvements de libération, elle limite leurs luttes dans le cadre de ses propres rapports avec l’impérialisme américain, les obligeant à se soumettre à ses oscillations diplomatiques et ses rivalités avec les autres puissances impérialistes. Ceci est particulièrement flagrant dans la région du Moyen-Orient, où l’U.R.S.S. exerce une grande influence.

D’une part, en raison de sa concurrence avec l’impérialisme américain autour des zones d’influence, l’Union Soviétique prétend soutenir les luttes anti-impérialistes, mais d’autre part, en raison de sa nature et de sa politique d’exploitation, elle considère l’émancipation des peuples du joug de l’impérialisme comme contraire à ses intérêts et besoins économiques et politiques ; par conséquent, son opposition à tel ou tel pays impérialiste ne signifie point son accord avec la révolution sociale et l’émancipation totale des peuples de l’exploitation et du pillage.

Au contraire, par son opposition, l’U.R.S.S. vise à créer les conditions propices afin de faire basculer en sa faveur l’équilibre des forces dans différentes régions du globe, pour y occuper la place de telle ou telle puissance occidentale. Les expériences de pays comme Cuba, le Viêt-Nam, l’Angola, l’Ethiopie, l’Afghanistan, etc., en sont les exemples les plus flagrants.

Naturellement, les effets pervers des transformations citées ne se limitèrent pas du tout au processus de la lutte des classes en Union Soviétique. A cause de son rôle et de son importance dans le mouvement communiste international, tout changement dans ce pays influençait forcément le cours de la lutte de classe du prolétariat au niveau mondial et lui imprimait ses propres oscillations. Cette influence, à notre avis, s’est traduite dans l’oubli de la lutte de classe contre la bourgeoisie, de la nécessité de l’organisation révolutionnaire de cette lutte par le parti communiste et l’abandon de la voie de la conquête du pouvoir politique par l’emploi de la violence, pour faire place aux méthodes conciliatrices et pacifiques, et aux objectifs réformistes.

Ces thèses se sont surtout exprimées à l’époque de la préparation de la guerre mondiale par l’Allemagne hitlérienne, au cours de cette guerre et après la fin de celle-ci, au sein du mouvement international (Komintern)3, et très concrètement au sein du Parti et de l’Etat soviétique en tant que centre de ce mouvement4.

Durant cette période furent avancées des thèses opportunistes sur la lutte des classes et sa continuation dans la phase de transition au communisme, ainsi que sur les tactiques du prolétariat face à la bourgeoisie et à l’impérialisme. Ces thèses causèrent progressivement une déviation dans les fondements et les principes révolutionnaires du marxisme-léninisme.

Des analyses déviationnistes firent leur apparition, établissant une distinction entre le fascisme et l’impérialisme ; « tout » se résuma dans le Front Antifasciste. L’indépendance de classe du prolétariat dans la lutte contre le fascisme et le capitalisme fut reléguée aux oubliettes et, dans certains pays impérialistes, le prolétariat fut placé sous l’hégémonie de la bourgeoisie impérialiste. Les programmes et les tactiques révolutionnaires du prolétariat contre la bourgeoisie, de la lutte armée jusqu’à toute forme d’exercice de la violence révolutionnaire dans le but de renverser le pouvoir bourgeois – renversement dont les conditions étaient réunies dans de nombreux pays européens comme la France, l’Espagne, l’Italie… en raison de la crise générale du monde capitaliste – furent occultés par la conciliation et la coopération avec la bourgeoisie impérialiste contre le fascisme hitlérien.

Dans certains cas, elles aboutirent même au désarmement du prolétariat. Les résultats désastreux d’une telle ligne, particulièrement dans le domaine de l’organisation et des tâches pratiques du mouvement communiste, furent que les luttes pacifiques et parlementaristes dans un cadre légal devinrent les formes principales de la lutte. Selon la thèse dominante dans le Komintern durant ces années, même l’insurrection n’est pas le résultat de la préparation quotidienne de la révolution dans les domaines politique, idéologique et militaire, mais est un phénomène qui aurait lieu spontanément suite à des transformations quantitatives dans la lutte politico-économique de la classe ouvrière et avec la réunion de conditions de crise dans la société.

Cette analyse repose sur une conception mécaniste de l’insurrection, et sépare celle-ci du processus qui compose son terrain de gestation. C’est pourquoi, contrairement à toutes les traditions du mouvement communiste qui considéraient que l’organisation clandestine et la préparation militaire des cadres et militants constituaient les tâches les plus importantes dans la lutte contre la bourgeoisie et ses leviers de répression comme la police, l’armée, etc., la quasi-totalité des partis composant le Komintern faillirent à cette tâche ainsi qu’à celle de l’organisation et de l’éducation révolutionnaires des masses.

De cette façon, nombre d’entre eux se transformèrent en partis bureaucratiques dépourvus de mobilité et de pratique révolutionnaires. Nous pouvons affirmer sans exagération que durant ces années, la plupart des partis communistes ont traité avec une totale indifférence le principe marxiste-léniniste selon lequel les affrontements de classe entre prolétariat et bourgeoisie se traduisent, dans leur processus de développement, par la guerre civile et la révolution armée.

Le marxisme-léninisme se base sur ce principe que la guerre civile et la révolution ne sont pas des phénomènes qui apparaissent soudainement et indépendamment des conditions politiques et sociales, mais que la guerre révolutionnaire est le produit obligatoire de l’antagonisme des classes dans une société, et qu’elle se manifeste nécessairement au début de manière épisodique et sous forme d’une série d’affrontements dispersés et violents qui, progressivement, prennent qualitativement et quantitativement de plus grandes dimensions populaires.

Dans de telles conditions, le devoir des vrais communistes n’est pas de discréditer les actions violentes, mais d’insuffler un contenu révolutionnaire aux bouillonnements dispersés ou, comme dit Lénine, « à toutes les actions violentes par lesquelles les prolétaires ripostent spontanément au terrorisme du Capital », et de les organiser. Evidemment, pour les opportunistes et les révisionnistes, il est difficile de faire la différence entre une attitude marxiste-léniniste et une attitude bourgeoise-libérale par rapport aux actions violentes menées, par les groupes et les individus, face à la pression et la répression du capitalisme.

Les opportunistes et les révisionnistes réduisent le marxisme-léninisme à des idées humanistes et bourgeoises qui s’opposent à tout acte de violence de la part des masses et des révolutionnaires face au pouvoir du Capital. Ils se transforment ainsi en instruments de survie du pouvoir répressif bourgeois. C’est là qu’il faut chercher les raisons de l’impuissance de la plupart des partis du Komintern à mobiliser et organiser la force révolutionnaire du prolétariat contre la bourgeoisie.

En même temps, durant cette époque, la transmission des expériences politico-militaires du mouvement communiste, la découverte et l’utilisation des formes et des méthodes nouvelles de lutte révolutionnaire en liaison avec le développement des outils et techniques répressifs de la bourgeoisie sont assez rares. Engels insiste particulièrement sur l’élévation de la conscience du prolétariat en ce qui concerne les problèmes militaires et l’évolution de la technique de guerre du capitalisme, et Lénine dit : « Une classe «opprimée qui ne s’efforcerait pas d’apprendre à manier les armes, à posséder des armes, ne mériterait que d’être traitée en esclave » (Programme militaire de la révolution prolétarienne, Œuvres, tome 23.).

En résumé, nous considérons que la victoire du révisionnisme sur le mouvement communiste international est la conséquence de la politique et de la pratique erronées et déviationnistes en U.R.S.S. et de leurs répercussions au niveau mondial. Nous considérons que l’une de nos tâches fondamentales consiste à étudier et analyser plus à fond cette question.

C’est ainsi que les luttes révolutionnaires du prolétariat furent affaiblies à l’échelle mondiale et que la gigantesque force révolutionnaire du prolétariat fut canalisée dans la voie du parlementarisme et du syndicalisme. C’est à partir de là que commença, surtout en Europe, le déclin du mouvement ouvrier.

Tout ceci constitue enfin le terrain matériel et politique de la prise du pouvoir par les révisionnistes en U.R.S.S. et dans le mouvement communiste international. Après la défaite du prolétariat en U.R.S.S. et le changement de nature du Parti et de l’Etat prolétarien dans ce pays, les thèses révisionnistes dominèrent le mouvement communiste international.

La situation mondiale et celle des marxistes-léninistes

Aujourd’hui, le monde se trouve principalement sous l’influence et la domination de deux systèmes de relations impérialistes, et la crise capitaliste pousse ces deux protagonistes (U.S.A. et U.R.S.S.) à s’affronter. Par conséquent, la tendance à une guerre impérialiste s’accentue de jour en jour. En même temps, avec l’exacerbation des contradictions entre les impérialistes, la possibilité de la révolution prolétarienne et de l’organisation d’unions révolutionnaires entre le prolétariat International et les peuples en lutte contre l’impérialisme s’inscrit à l’ordre du jour.

Depuis l’arrivée au pouvoir de la bande révisionniste de Deng Xiaoping, la Chine renforce clairement le camp de la contre-révolution aux côtés des U.S.A., et nous voyons tous les jours les dirigeants chinois piétiner tel ou tel acquis des luttes révolutionnaires du prolétariat chinois contre l’impérialisme et la bourgeoisie. Ceux qui encore récemment, étaient considérés comme révisionnistes et traîtres à la cause prolétarienne, tiennent les rênes du pouvoir et se consacrent pas à pas à la restauration du capitalisme en Chine.

Mais, de même qu’ils ont pris position aux côtés de la Chine Populaire contre l’U.R.S.S. lors de la déviation de ce pays de la voie du socialisme, et l’ont dénoncé, les vrais marxistes-léninistes prennent position aujourd’hui contre l’accaparement du pouvoir par la bourgeoisie en Chine et défendent le marxisme-léninisme et les acquis de la révolution prolétarienne chinoise contre les thèses révisionnistes et la trahison des dirigeants de ce pays.

Malgré les trahisons flagrantes des dirigeants soviétiques et chinois à l’encontre du prolétariat et de la révolution mondiale, nous voyons le mûrissement quotidien des conditions favorables à la lutte révolutionnaire des peuples dominés contre l’impérialisme et ses régimes fantoches partout dans le monde.

En réalité, en raison de l’exportation du mode de production capitaliste et de la domination exercée sur les pays dépendants au travers des organismes politiques, économiques et militaires de ces pays dépendants à l’échelle mondiale, le caractère prolétarien et anti-capitaliste devient dominant dans tous les processus révolutionnaires existants. Dans les pays industrialisés de la métropole, vu la contradiction principale dans la société (Travail/Capital) et la large composition prolétarienne et ouvrière, la révolution socialiste et l’instauration de la dictature du prolétariat sont à l’ordre du jour ; dans les pays dépendants et dominés, la transition au socialisme se réalise dans le processus de la révolution anti-impérialiste et démocratique dirigée par la classe ouvrière.

Par révolution anti-impérialiste, nous voulons dire que dans son essence, la révolution vise la disparition de tout rapport capitaliste. Par conséquent, la direction que prend la révolution démocratique et anti-impérialiste se démarque dès son début de la voie bourgeoise et donc son aboutissement n’est autre que l’instauration du pouvoir politique du prolétariat. Si nous séparons la révolution démocratique et anti-impérialiste de son caractère anti-capitaliste, le résultat d’une telle révolution ne sera rien d’autre que l’éviction d’une partie de la bourgeoisie compradore au profit d’une autre fraction de la même classe. Et la société demeurera ainsi sous le joug de l’impérialisme.

La différence entre la « révolution bourgeoise-démocratique » et la « révolution démocratique nouvelle » réside précisément dans le caractère anti-capitaliste de cette dernière. Ceux qui veulent encore conserver, après la révolution, des rapports sociaux bourgeois dans la société, désirent en réalité la pérennité de la domination de la bourgeoisie compradore, c’est-à-dire celle de l’impérialisme sur la société5.

Actuellement, le mouvement révolutionnaire mondial a deux composantes principales interdépendantes : la révolution prolétarienne socialiste dans les pays industrialisés avancés et la révolution anti-impérialiste (démocratique nouvelle) dans les colonies et les pays dépendants de l’impérialisme. Nous considérons que la révolution « démocratique nouvelle » fait partie de la révolution socialiste mondiale dans la direction qu’elle prend et dans ses visées. En principe, la révolution prolétarienne a un caractère international et en général, toute révolution anti-impérialiste et anti-capitaliste constitue un échelon de la révolution mondiale pour la disparition et l’anéantissement du système capitaliste.

Dans les conditions actuelles, en raison de sa situation particulière sur la scène internationale, l’impérialisme occidental avec à sa tête les Etats-Unis, est l’ennemi numéro un des peuples dépendants et du prolétariat international. D’autre part, l’impérialisme soviétique exerce une domination politique, économique et militaire sur une grande partie du monde (les pays de l’Europe de l’Est et les pays soi-disant socialistes d’Asie et d’Amérique Latine … ). Naturellement, pour les peuples et le prolétariat de ces pays, la lutte contre la domination soviétique est

prioritaire et leur émancipation ne peut être réalisée sans la fin de cette domination. Mais les peuples et le prolétariat des pays dépendants de l’U.R.S.S. doivent être conscients du fait que la lutte contre la domination soviétique est inséparable de la lutte contre le système capitaliste et l’impérialisme, et que ceci compose le noyau fondamental de leurs luttes révolutionnaires. De même, il ne faut pas céder à l’optimisme en ce qui concerne le caractère et la nature contre-révolutionnaire de l’U.R.S.S. dans la lutte contre l’impérialisme occidental et penser de façon mécanique que l’on peut bénéficier de l’aide et de la coopération de l’U.R.S.S. dans les luttes qui s’opposent à l’impérialisme américain.

En ce qui concerne la « tactique », le principe léniniste nous apprend qu’une tactique n’est conforme aux principes que lorsqu’elle est au service d’une stratégie révolutionnaire, car seule une stratégie conforme aux principes peut garantir la victoire de la révolution. Mais une tactique « abstraite », même si elle paraît conforme aux principes, peut très facilement conduire à l’opportunisme et à la défaite de la révolution. Le mouvement communiste international a jusqu’à présent trop souvent souffert des conséquences irréparables de ce genre de tactique soi-disant « conforme aux principes ».

Les intérêts généraux historiques du prolétariat dans un pays sont fonction du progrès de la révolution mondiale dans sa globalité. Mais il y a là aussi une contradiction et le tout est de savoir comment la résoudre : le fait que la révolution soit mondiale et que les intérêts du prolétariat d’un pays soient subordonnés aux intérêts de la révolution mondiale prolétarienne, doit être particulièrement pris en compte pour un prolétariat qui a conquis le pouvoir politique. Comment ce prolétariat doit-il défendre ses acquis révolutionnaires qui sont en même temps ceux de la révolution mondiale ?

La sensibilité de ce problème réside dans le fait que jusqu’à présent, à cause de l’attitude erronée adoptée à ce propos, nombre de conciliations, d’accords contre les principes et de capitulations se sont effectués sous le prétexte d’assurer la continuation de la révolution et les intérêts du prolétariat. En général, c’est la crainte d’essuyer une défaite et de perdre l’hégémonie du prolétariat dans la révolution et le pouvoir politique, et l’oubli du lien général qui existe entre cette hégémonie et la révolution prolétarienne mondiale, qui entraînent les dirigeants vers le conservatisme et la capitulation face à la bourgeoisie et à l’impérialisme.

Cette attitude a contraint le mouvement communiste international à la conciliation et la capitulation dans la lutte des classes dans des phases très critiques, et eut ainsi des conséquences très nuisibles sur l’ensemble des luttes prolétariennes à travers le monde. Nous ne mettons pas en doute le fait que les tactiques adoptées doivent correspondre au rapport de force et aux conditions existant au sein du prolétariat et de la bourgeoisie et que même, dans certains cas, il faut reculer pour mieux faire avancer la révolution. Mais il n’empêche qu’il faut constamment insister sur le principe léniniste selon lequel ces tactiques et souplesses ne sont pas les principes du mouvement communiste mais sont, dans le meilleur des cas, secondaires.

Le principe fondamental sur lequel doit insister le prolétariat, est celui de la continuation de la révolution mondiale. Le prolétariat doit prendre conscience que ce n’est que par la violence et le renversement de la domination de la bourgeoisie qu’il peut continuer à progresser vers le communisme. La construction du socialisme dans un pays dépend de la poursuite de la révolution prolétarienne dans les autres pays6

Malheureusement, en raison de la confusion qui règne dans le mouvement communiste international à cause des trahisons des révisionnistes et de la défaite du prolétariat en Chine, en U.R.S.S., etc., malgré les efforts continus et victorieux de certains secteurs du mouvement communiste international pour sortir de cette situation, ce dernier est encore dépourvu d’une cohésion mondiale et d’un organe de solidarité internationale révolutionnaire.

Cette internationale prolétarienne doit se constituer sur la base d’un bilan clair du passé et du présent du mouvement communiste et de l’analyse de la stratégie et de la tactique que doit adopter la révolution prolétarienne dans les conditions actuelles, et unifier et coordonner les différents secteurs du mouvement communiste international. Cette absence de cohésion et de liens au niveau mondial a des effets néfastes sur les luttes de classe du prolétariat contre la bourgeoisie et l’empêche de s’unifier et de fixer des objectifs communs.

En conséquence, les expériences et les acquis théoriques et pratiques des divers secteurs du mouvement communiste ne sont pas transmis, le privant ainsi des analyses et directives universelles concernant le développement de la lutte des classes. Aujourd’hui, les vrais communistes doivent combattre la bourgeoisie sur plusieurs fronts : l’impérialisme et le révisionnisme.

Pour obtenir une victoire définitive dans un tel combat, la nécessité d’un lien mondial, d’un organe internationaliste composé de communistes révolutionnaires se fait ressentir plus que jamais. L’Internationale Communiste doit d’un côté organiser le mouvement révolutionnaire dans les pays impérialistes grâce à une analyse correcte et scientifique de la situation actuelle de l’impérialisme et en précisant les caractéristiques de l’étape de la lutte du prolétariat de ces pays et d’un autre côté, l’Internationale Communiste doit définir la relation entre les luttes anti-capitalistes dans les métropoles et les mouvements de libération des peuples opprimés et proposer une ligne politique et un programme précis, visant à établir le lien entre ces deux mouvements historiques.

Par conséquent, l’une des plus importantes tâches des marxistes-léninistes consiste à employer tous leurs efforts pour résoudre les difficultés et obstacles qui se trouvent sur la voie de la réalisation d’une telle unité internationale.

La situation générale du mouvement communiste iranien

Voyons maintenant quelle est la situation actuelle des communistes Iraniens et quels sont leurs problèmes.

Nous avons dit précédemment que le mouvement communiste Iranien traversait une grave période de crise. En même temps qu’elle correspond à certains aspects de la crise du mouvement communiste international, cette crise résulte plus particulièrement de la politique et de la ligne révisionnistes et opportunistes qui dominent le mouvement communiste Iranien.

La plupart des groupes politiques apparus après l’insurrection de février 1979 sous l’étiquette de « communiste » soit étaient montés de toutes pièces par l’infâme parti Toudeh et l’Etat soviétique, soit poursuivaient les mêmes objectifs que le Toudeh, avec le même contenu et les mêmes méthodes, en raison de leur manque de conscience de classe et de cohésion politico-idéologique, et cela malgré une pure opposition formelle au parti Toudeh7.

Aujourd’hui, malgré la défaite honteuse du parti Toudeh et la vile capitulation de l’ensemble de sa direction (Ses dirigeants emprisonnés donnent des leçons de Coran à la télévision iranienne pour obtenir la clémence de la République Islamique ! (ndt)), certains groupes se livrent à une farouche concurrence, manifeste ou latente, afin de le remplacer. Chacun fait des pieds et des mains pour dépasser les autres et être consacré par le Parti du « Grand Frère » (P.C. soviétique (ndt))8. Il est évident dès à présent qu’à cause de la haine et du dégoût justifiés qu’inspire le parti Toudeh parmi les intellectuels révolutionnaires et les masses laborieuses de notre pays, ces groupes n’auront qu’un seul avenir : celui de devenir une caricature de groupe politique, en réalité inféodé à l’U.R.S.S. et au service de ses intérêts anti-populaires.

En général, tant qu’ils n’ont pas l’honneur d’être officiellement reconnus cireurs de bottes par le « Grand Frère », ces groupes parlent des intérêts des masses, mais dès leur accession au « statut officiel » de serviteurs, ils en arrivent même à justifier les ventes d’armes de l’Union Soviétique à l’Iran. Alors que par ces ventes d’armes, l’Union Soviétique non seulement attise la guerre entre l’Iran et l’Irak, mais renforce aussi le régime de la République Islamique, un régime dépendant de l’impérialisme, dans son entreprise de terreur et de massacre des révolutionnaires, des travailleurs et des peuples d’Iran.

Pour les raisons déjà évoquées, les groupes prétendument communistes furent incapables de se transformer en une réelle organisation prolétarienne d’avant-garde, et la presque totalité de ces groupes optèrent dans leur contenu et leur pratique pour une ligne et une politique petite-bourgeoises qui se prétendaient prolétariennes. C’est pourquoi, la crise actuelle du mouvement communiste iranien n’est pas uniquement due à la défaite des organisations opportunistes au cours de l’insurrection9 et après celle-ci, ou à la terrible répression menée contre le mouvement communiste par la République Islamique ; car en réalité la crise était déjà présente et avait englouti ce mouvement depuis de nombreuses années. La défaite de l’insurrection populaire et la répression féroce contre les forces révolutionnaires n’ont fait que contribuer à mettre à nu et à intensifier cette crise latente.

La crise actuelle se caractérise par la dispersion, la confusion, l’absence de programme politique et pratique concret pour diriger le mouvement anti-impérialiste et démocratique des peuples d’Iran et enfin, l’absence d’une organisation prolétarienne d’avant-garde à l’échelle nationale. Cette situation restera inchangée tant que dureront les problèmes et faiblesses politiques, programmatiques et organisationnelles du mouvement communiste iranien ; tant que ne seront pas résolus les problèmes théoriques, pratiques et organisationnels.

Il suffit de porter un regard sur les cinquante dernières années de l’histoire de l’Iran et sur les problèmes du mouvement communiste iranien durant toute cette période pour prouver nos affirmations : la défaite du mouvement Djangal (Mouvement de guérilla de la petite-bourgeoisie radicale de la province de Guilan au nord de l’Iran. Lorsqu’en 1920, durant la guerre civile russe, l’Armée Rouge occupa cette région, le mouvement Djangal et des communistes formèrent la République de Guilan, écrasée seize mois plus tard par le colonel Reza Khan, qui devait monter sur le trône en 1925 grâce au soutien des Britanniques. (ndt)) et le démantèlement du Parti Communiste Iranien dans les années 1929-31 ont provoqué une crise dans le mouvement qui s’atténua relativement avec le commencement des activités du groupe Arani en 1934.

Les arrestations et la répression menées contre les membres du groupe en 1937 ne leur laissèrent pas le temps de se transformer en un groupe communiste.

La formation du parti Toudeh en 1941 lors de la chute de la dictature fasciste de Reza Chah et pendant l’occupation de l’Iran par les Alliés, ne contribua pas à la résolution de la crise mais au contraire l’accentua, ainsi que le montre le parcours parsemé de trahisons de ce Parti envers le mouvement communiste et le mouvement démocratique du peuple iranien. Les moyens et conditions, favorables au Toudeh dès sa fondation, ainsi que l’accueil chaleureux des masses laborieuses et des forces révolutionnaires donnèrent un poids important à ce parti dans la société.

Mais le Toudeh était dès le début dépourvu des caractères d’un parti communiste. Il n’était au mieux qu’un conglomérat d’intellectuels libéraux et anti-fascistes, qui ne vit le jour que par l’initiative et le soutien de l’Etat soviétique. Le seul élément qui donnait de ce parti l’illusion d’un parti communiste, était son entière subordination aux intérêts de l’U.R.S.S. dans toutes les situations.

Durant toute son existence, ce parti fut incapable de se doter des caractéristiques d’un vrai parti communiste, ne serait-ce pour un seul instant. Il est nécessaire d’effectuer une étude sérieuse de l’histoire de ce parti du début jusqu’à sa fin déshonorante, car durant toute cette période, ce symbole vivant d’opportunisme, de servitude et de trahison du mouvement révolutionnaire a profondément influencé les intellectuels et les courants politiques iraniens et on retrouve encore des marques profondes laissées par le Toudeh dans la forme et le contenu politiques ainsi que dans la ligne politique adoptés par les différentes forces qui se prétendent communistes en Iran.10

La défaite du mouvement anti-colonialiste du peuple iranien le 19 août 1953 (Coup d’Etat organisé et financé par la C.I.A. et exécuté par le général Zahedi qui renversa le gouvernement de Mossadegh, premier ministre qui avait nationalisé le pétrole iranien et remit sur le trône le Chah qui s’était enfui à Rome sous la pression populaire. Des milliers de militants du Toudeh attendirent en vain les consignes du Parti pour s’opposer au coup d’Etat. Les dirigeants s’étaient déjà enfuis à Moscou … (ndt).), est en réalité celle de la ligne politique opportuniste du parti Toudeh et des illusions libérales et bourgeoises du Front National (Parti de la bourgeoisie nationaliste iranienne (ndt).) à cette époque; à cette date la crise envahit à nouveau le mouvement en général et le mouvement communiste en particulier. L’aggravation de la crise trouvait ses racines dans le contenu, la forme organisationnelle et la pratique du parti Toudeh. Les problèmes du mouvement communiste iranien demeuraient toujours irrésolus à cette époque.

Les conditions de la naissance du nouveau mouvement communiste iranien

Après la défaite de la ligne politique opportuniste du parti Toudeh, un grand nombre d’intellectuels révolutionnaires prirent conscience de l’importance d’une analyse des causes de la défaite du mouvement jusqu’à cette époque. A ce moment-là, notre jeune mouvement communiste était dépourvu de toute expérience théorique et pratique car, pendant toute la période où Il dominait le mouvement, le Toudeh n’avait pu lui apporter des acquis positifs. Le jeune mouvement communiste iranien fut donc forcé de tout recommencer à zéro.

A cette époque, la situation internationale aussi était caractérisée par un phénomène spécifique après une longue période de « calme »: les étincelles de la lutte armée en Afrique, Asie, Amérique Latine, et même au cœur des pays impérialistes. Les questions de la révolution violente, de la conquête du pouvoir politique par la lutte armée et la préparation de la révolution par la violence se dressèrent en face des thèses révisionnistes telles que « transition pacifique », « coexistence pacifique » et « concurrence pacifique ».

Une nouvelle fois les vrais marxistes-léninistes mirent à l’ordre du jour les thèses révolutionnaires marxistes-léninistes qui avaient été oubliées durant de longues années par les révisionnistes. Pendant cette période, le mouvement communiste fit d’énormes progrès théoriques et pratiques dans la lutte contre le révisionnisme et l’opportunisme et dans la connaissance plus précise de la bourgeoisie et de l’impérialisme ; les principes révolutionnaires marxistes-léninistes, ternis depuis des années par les cendres du révisionnisme et de l’opportunisme qui dominaient le mouvement communiste, retrouvèrent leur éclat historique.

Dans ce renouveau, le rôle créatif du camarade Mao Zedong et du Parti Communiste chinois dans la lutte contre le révisionnisme « khrouchtchévien » est indéniable. Cette époque est caractérisée par une nouvelle phase de mouvements armés anti-impérialistes en Afrique, Asie, Amérique Latine, dans certains pays européens, au Japon et aux Etats-Unis, se déroulant bien souvent sans une nette démarcation idéologique et prolétarienne et sans contenu marxiste-léniniste. La lutte armée des peuples et des forces révolutionnaires ne se déroulait pas partout avec un contenu marxiste-léniniste ; les forces petite-bourgeoises et d’autres couches non-prolétariennes y jouaient un rôle très actif; néanmoins, elle réussit à se démarquer nettement des thèses conciliatrices des révisionnistes et de leur trahison à l’égard de la révolution.

L’expérience de plusieurs années de lutte de classe pacifique, dans l’expectative de conditions « favorables » pour commencer la lutte révolutionnaire, a démontré qu’il est désormais impossible de répondre aux problèmes de la lutte des classes et de la conquête du pouvoir politique par des contenus, des formes et des méthodes organisationnelles traditionnels. L’immobilisme et la bureaucratisation des partis soi-disant communistes d’une part, la crise mondiale d’autre part, ont mis à l’ordre du jour des débats politiques et idéologiques, le problème des tâches du parti et de l’organisation d’avant-garde prolétarienne, sa relation avec la classe, sa pratique et sa forme organisationnelle.

C’étaient les lignes principales des problèmes posés à l’époque dans le mouvement communiste international, et naturellement, elles influencèrent de manière positive et constructive le mouvement communiste iranien. La défaite du Parti Toudeh, et ses trahisons flagrantes envers les intérêts du peuple et du prolétariat reflétaient la situation générale des partis révisionnistes. La voie de la révolution, et les moyens d’y parvenir furent à nouveau étudiés; de cette façon, on put clarifier les causes de la dégénérescence des partis révisionnistes.

Les marxistes-léninistes comprirent que tous les partis révisionnistes s’étaient éloignés, dans leurs formes et dans leurs contenus, de la lutte des classes, et qu’ils s’enlisaient de plus en plus dans le bourbier de la conciliation de classe et de la trahison envers la révolution prolétarienne. Les révolutions chinoise et cubaine qui avaient vaincu l’impérialisme et ses valets par la lutte armée et la violence, ainsi que la lutte armée du peuple vietnamien qui brisa en deux l’impérialisme le plus puissant, eurent un effet déterminant sur les luttes révolutionnaires et les forces qui voulaient lutter sérieusement contre l’impérialisme et le capitalisme. Ce furent ces expériences pratiques qui ouvrirent la voie, et réussirent à sortir les forces révolutionnaires de l’impasse où elles se trouvaient.

C’est durant cette période que, en effectuant le bilan de la pratique courante, les marxistes-léninistes théorisèrent la voie de la révolution violente et de l’organisation politico-militaire et les posèrent en tant que nécessités incontournables dans la lutte contre l’impérialisme et ses chiens de garde. De cette façon, le marxisme-léninisme se développa en relation avec la réalité et dans le but de sa transformation ; le mouvement communiste s’enrichit d’acquis théoriques, pratiques et organisationnels. A cette époque, la lutte armée représentait une coupure pratique et définitive avec les thèses et analyses révisionnistes et anti-marxistes d’un grand nombre de partis « communistes ».

Il est évident que cette situation influença les communistes iraniens et les aida à se dégager des liens créés par les impasses politiques, idéologiques et pratiques du mouvement. Durant cette période (les années 1960), le rôle négatif du parti Toudeh, et ses effets nuisibles sur le mouvement communiste dans pratiquement tous les domaines: politique, social, idéologique, organisationnel, pratique, etc. ; furent minutieusement étudiés par les marxistes-léninistes. La nature de classe, ses relations internes, sa politique étrangère, et les causes de sa déchéance furent analysées et des conclusions politiques, idéologiques, pratiques et organisationnelles précises furent tirées afin de pouvoir commencer et continuer la lutte révolutionnaire.

Le camarade Massoud Ahmad-Zâdeh (L’un des fondateurs de l’Organisation des Guérilléros Fedayins du Peuple Iranien. (ndt)) définit ainsi la particularité des nouvelles conditions : « Les nouvelles conditions avaient une différence fondamentale avec celles d’après le coup d’Etat (de 1953. (ndt)) : plus personne ne pouvait faire confiance aux mots d’ordre dépassés, à la vieille méthode de lutte, aux formes organisationnelles caduques. Le parti Toudeh qui, durant toute sa vie, n’avait pas un seul instant réussi à être l’exemple d’un parti communiste, voyait ses organisations disloquées, ses éléments sincères réprimés et ses dirigeants traîtres en fuite. Ce parti ne fut même pas capable de laisser derrière lui un « ensemble de théories ou d’expériences utiles aux prochaines étapes de la lutte ». (Lutte armée, stratégie et tactique, souligné par les auteurs).

Oui, les « mots d’ordre dépassés, la vieille méthode de lutte et les formes organisationnelles caduques » avaient montré leur définitive inefficacité dans la lutte, au travers d’amères expériences, et les avant-gardes révolutionnaires n’avaient d’autre solution que de modifier les anciennes lignes politiques et les vieilles formes organisationnelles. A ce moment-là, seuls pouvaient se transformer en avant-gardes de la lutte de classe ceux qui rejetaient totalement les méthodes, la pensée et les relations et formes organisationnelles du passé et feraient de nouvelles propositions dans ces domaines.

La crise profonde qui étendait son ombre sur l’ensemble du mouvement populaire ne pouvait être résolue que par une révision fondamentale du passé par les communistes, une analyse de fond sur les conditions de l’époque, l’étude scientifique de la. structure sociale et la nature de classe du pouvoir, et, sur ces bases, par l’élaboration d’une ligne, d’une politique et d’une forme organisationnelle nouvelles aptes à répondre aux conditions politiques de la société.

Jusque-là, l’opportunisme et le révisionnisme qui régnaient sur le mouvement l’avaient vidé de tout contenu révolutionnaire, et avaient imposé le réformisme et l’économisme à la place du marxisme-léninisme. Des termes et principes comme: parti, lutte des classes, révolution,… étaient totalement aliénés et transformés en des termes pâles et vides de tout contenu révolutionnaire.

En dissociant le parti de la lutte des classes, et en le séparant du processus révolutionnaire, les révisionnistes et les opportunistes ont en réalité travesti, et vidé de tout leur contenu les éléments de la lutte révolutionnaire. Il en résulte que, selon eux, la tâche de l’avant-garde marxiste-léniniste n’est plus d’organiser l’antagonisme de classe ni de trouver les formes adéquates pour matérialiser la théorie révolutionnaire, mais d’attendre que les conditions révolutionnaires apparaissent spontanément à un moment indéfini. C’est ainsi que la révolution était dissociée de la lutte révolutionnaire, et devenait un objectif étranger à la réalité sociale.

Selon le point de vue révisionniste, le contenu révolutionnaire de la lutte des classes est dissocié de la forme de cette lutte. De cette manière, les outils de la lutte perdent leur lien avec les objectifs de la révolution.

Au contraire, le marxisme-léninisme insiste sur le fait que la majeure partie des conditions révolutionnaires n’apparaît concrètement au cours du processus révolutionnaire que grâce aux diverses luttes- et plus particulièrement la lutte révolutionnaire de l’avant-garde- et l’organisation d’avant-garde et sa lutte révolutionnaire constituent une partie importante de ces mêmes conditions.

Donc, la majeure partie des conditions révolutionnaires ne se réalise pas de manière spontanée et à la suite de transformations progressives et du lent développement de la lutte des classes, mais elle est le résultat de l’activité consciente, organisée et aux objectifs précis, de l’avant-garde révolutionnaire. La réfutation d’un tel principe équivaut à la réfutation d’un des principes fondamentaux du marxisme-léninisme.

Contrairement à la conception opportuniste et révisionniste de la lutte des classes, cette lutte n’est pas un processus d’accumulation linéaire de forces et d’organisation, jusqu’à l’instant de l’attaque finale. Les étapes de la guerre de classe sont déterminées par des conditions objectives et subjectives (l’existence d’une organisation révolutionnaire capable de diriger et d’intensifier le processus de transformation de l’antagonisme de classe en mouvement révolutionnaire contre l’Etat).

La transition de la phase primaire de la guerre de classe (lorsque l’antagonisme de classe ne s’est pas encore transformé en un mouvement général) à la phase de son développement (effectuée par les masses organisées et dirigées par l’avant-garde révolutionnaire), ne peut se résumer à une phase courte ; et l’on ne peut conclure que, à un moment donné où se concentrent toutes les contradictions du système de domination bourgeoise, les activités du Parti opèrent une transition soudaine à la phase de destruction de l’ennemi.

Par conséquent, pour les marxistes-léninistes, la conception dialectique des divers étapes et processus de la guerre de classe et les formes et moyens nécessaires à chacun d’eux, est d’une importance primordiale. Les moyens de la lutte des classes deviennent nécessaires et apparaissent au cœur même de la lutte. Le développement de la lutte révolutionnaire et la libération du potentiel révolutionnaire des masses requièrent le cadre adéquat et l’organisation nécessaire.

Un grand nombre de débats ont eu lieu sur la question de la nécessité du Parti. Le « problème » du Parti constitue en fait la base principale de l’opposition des opportunistes à la théorie de la lutte armée. Sur cette question, ils remplacent les idées de Lénine par des analyses et axiomes de leur propre cru, et concluent qu’il ne faut pas mener une lutte révolutionnaire et commencer la révolution sans un Parti. Ainsi, le Parti qui n’est qu’un outil pour organiser la lutte des classes dans la société est devenu un objectif en soi ; il en résulte que ce ne sont pas les exigences de la lutte qui mettent le Parti à l’ordre du jour, mais le Parti qui fait dépendre la lutte de son existence.

Lénine écrit à ce sujet : « La tâche de la construction du Parti nous est imposée par le mouvement car la lutte spontanée du prolétariat ne se transformera en une « lutte réelle » que si elle est dirigée par une puissante organisation de révolutionnaires » (traduit du persan faute de source en français (ndt)). L’idée de Lénine est claire : il dit que l’organisation de révolutionnaires devient nécessaire lorsque la lutte du prolétariat est spontanée et qu’il est nécessaire de transformer cette lutte spontanée en une lutte de classe prolétarienne, et non que son existence est nécessaire pour que l’avant-garde commence la lutte ! Les opportunistes confondent le Parti et la lutte du prolétariat ; ils réduisent le Parti au niveau des luttes générales de cette classe.

L’idée de Lénine sur la nécessité du Parti est valable en général, dans toutes les conditions, mais le nœud principal réside dans les modalités de la constitution du Parti, dans ses tâches concrètes à chaque étape, et enfin dans sa méthode principale de lutte dans une société donnée. Cette formule ne peut donc être trouvée toute faite dans les œuvres de Lénine ou des autres dirigeants du mouvement communiste. La raison en est claire: selon les différentes conditions politiques, sociales, historiques et une multitude d’autres facteurs, grands et petits, la forme, le moyen et l’étape de la lutte des classes seront différents.

La valeur scientifique du marxisme-léninisme réside dans le fait qu’il est capable de percevoir ces particularités de la lutte des classes et de définir à chaque étape de la lutte, sa forme, son contenu et son type d’organisation. Donnons un exemple clair : bien que la conception léniniste de la nécessité du Parti soit un principe universel, il ne faut pas le confondre avec la pratique et les modèles employés par le Parti Bolchevik pour conquérir le pouvoir en 1917 en Russie, ni considérer ses modèles et tactiques comme des principes immuables qui peuvent être indifféremment employés partout.

Selon la conception révisionniste, le résultat final de la lutte de classe, c’est-à-dire la conquête du pouvoir politique, est progressif et pacifique. Ils ne considèrent pas la révolution comme l’aboutissement du processus d’intensification de la lutte des classes et de l’emploi de la violence révolutionnaire ; pour eux. c’est lorsque la quantité des voix des ouvriers atteint le pourcentage nécessaire dans les élections que surviennent les transformations « fatales » structurelles et superstructurelles du système capitaliste.

Mais par contre, chez Marx, Engels, Lénine, … la question de la conquête du pouvoir politique tourne autour du rapport entre le prolétariat et le pouvoir bourgeois organisé dans l’Etat. Marx parla le premier de la violence en tant qu’«accoucheuse de l’histoire». II insiste surtout sur le fait que les tactiques choisies pour conquérir le pouvoir politique doivent avant tout prendre en compte les aspects politiques et militaires de l’Etat qui doit être renversé. Lénine dit : « La guerre civile est la forme la plus exacerbée de la lutte des classes, c’est une guerre qui, parallèlement aux luttes économiques et politiques, se répète si souvent, se concentre, s’élargit et s’intensifie tellement qu’elle se transforme en lutte armée d’une classe contre une autre ». (Lénine, la théorie de l’Insurrection armée, traduit du persan faute de source en français. (ndt))

Ainsi que nous l’avons dit précédemment, la caractéristique de l’analyse et de la politique opportunistes et révisionnistes dans la lutte des classes est de dissocier les éléments qui constituent le processus de cette lutte, et de dissimuler leur nature et le lien révolutionnaire entre ces deux éléments. La grande initiative des camarades fondateurs du nouveau mouvement communiste iranien fut d’avoir su réunir ces éléments et trouver la relation nécessaire entre eux.

Ces camarades ont d’abord réussi à comprendre la dissociation opérée par les révisionnistes et les opportunistes, entre la lutte des classes d’un côté et le Parti et la conquête du pouvoir politique de l’autre, et à proposer une solution pratique pour la dépasser. Ils ont ensuite proposé le contenu, la forme et la méthode nécessaires à la réalisation des tâches des communistes à cette étape précise.

Les expériences révolutionnaires du prolétariat et des peuples dominés prouvent que si la guerre prend un caractère prolongé, la lutte armée devient une stratégie. C’est pourquoi, inéluctablement, le développement général de la lutte des classes devient directement fonction de l’évolution et de l’élargissement de l’affrontement militaire entre les forces de la révolution et celles de la contre-révolution. Par rapport à cela, la tâche de l’avant-garde est de développer et d’élargir la lutte armée, car c’est autour de la stratégie et la tactique de la lutte armée que l’avenir et le développement futur de la révolution, ainsi que le moment de la conquête du pouvoir politique, se déterminent.

Si nous acceptons le principe marxiste-léniniste selon lequel la guerre civile est l’aboutissement objectif de l’évolution de la lutte des classes, nous devons accepter aussi que la préparation de la guerre civile s’effectue sur le terrain des antagonismes, affrontements et ébullitions révolutionnaires, sur le terrain de l’intensification de la lutte des classes dans la société entière. C’est là précisément que se situe l’importance de la lutte armée en tant que pratique principale de ce processus.

Avec un contenu marxiste-léniniste et des actions planifiées, la lutte armée provoque de grandes transformations dans les rapports entre les classes – et particulièrement dans les rapports qui placent objectivement le prolétariat en contradiction avec l’Etat bourgeois – au profit de la révolution et de la conquête du pouvoir politique.

Cette lutte joue en fait le rôle de direction politique et révolutionnaire des grands mouvements de masse, et permet réellement à l’avant-garde prolétarienne de se hisser à un niveau supérieur à la lutte économique du prolétariat et de combler ainsi le vide politique dû à l’immobilisme révisionniste dans le mouvement.

La théorie et la pratique de la lutte armée ont ouvert, avec ces analyses, une nouvelle période dans la lutte des classes et, à partir de là, des formes, contenus et méthodes entièrement différents des époques précédentes apparurent dans le mouvement.

Contrairement aux assertions des opportunistes ou des sympathisants simplistes de la lutte armée, la caractéristique de la nouvelle période, ce ne sont pas uniquement les actions armées et l’euphorie et la joie résultant des attaques victorieuses des combattants armés contre l’impérialisme et la réaction. Car le contenu fondamental et le rôle historique de la lutte armée consistent à assurer l’unité entre la théorie et la pratique révolutionnaires, à trouver les outils organisationnels et la méthode adéquate pour développer et élargir la lutte des classes, et en un mot, organiser l’antagonisme de classe d’une manière révolutionnaire.

Voilà exactement pourquoi la rupture avec le révisionnisme ne demeure pas au niveau de la simple prise de position théorique. Cette rupture accompagnée d’une pratique révolutionnaire a pour tâche d’organiser la lutte contre le pouvoir et l’Etat. C’est uniquement dans de telles conditions que les communistes acquièrent la capacité pratique de créer un réel climat révolutionnaire dans la société.

Il est très important d’insister sur cette vérité car, dans les conditions actuelles, les courants opportunistes essaient de dénigrer aux yeux de tous – et surtout des jeunes – les racines de la lutte armée en Iran (et naturellement au niveau mondial), de la dissocier de son terrain historique et des nécessités politiques et de classe dans la société, en en donnant une image contraire à la réalité. Lorsqu’ils parlent de la lutte armée, les opportunistes la présentent comme un courant « superficiel » qui aurait brillé pour un court moment à cause de la « colère » et la « hâte » de « jeunes impatients », pour finir par disparaître sans avoir laissé la moindre trace dans le processus de la lutte des classes et le mouvement des masses.

Ces opportunistes profitent de ce que la nouvelle génération ignore l’histoire du mouvement communiste et le processus de développement de la lutte des classes en Iran (et dans le monde), pour présenter une image inversée des processus traversés par les mouvements révolutionnaires communistes. Sans compter que la politique et la pratique de ceux qui prétendent défendre et mettre en pratique la ligne de la lutte armée, alors qu’en théorie et en pratique ils expriment les idées et les méthodes les plus arriérées et les plus superficielles et qu’ils remplacent la théorie marxiste de la lutte armée par le manque de discernement, la déviation et une conception confuse et vulgaire du marxisme-léninisme, offrent les meilleurs arguments aux opportunistes pour dénigrer la théorie et la pratique révolutionnaires du nouveau mouvement communiste iranien11

Voyons maintenant plus concrètement le rôle, les acquis et les défauts de la lutte armée en Iran.

A une époque où, en Iran, le mouvement essayait de comprendre les causes de ses défaites successives, et était à la recherche d’une politique et d’une pratique révolutionnaires adaptées aux conditions sociales, la lutte armée joua un rôle très constructif et dégagea la voie. Car il était impossible de proposer et de stabiliser une politique et une ligne révolutionnaires au sein des masses, et plus particulièrement parmi les ouvriers et les travailleurs des villes et des campagnes, sans une nette démarcation pratique avec la ligne et la politique réformistes et conciliatrices qui avaient régné pendant de nombreuses années sur le mouvement et l’avaient conduit à la défaite.

La politique et la ligne révolutionnaires devaient s’exprimer de la manière la plus évidente à travers une pratique révolutionnaire, afin que les masses et la classe ouvrière retrouvent la confiance perdue. C’était le seul moyen de montrer la différence entre la ligne révolutionnaire et les lignes opportunistes, et de balayer la poussière de révisionnisme et d’opportunisme qui recouvrait la pensée révolutionnaire de Marx, Engels, Lénine …

En commençant la lutte armée en Iran, les marxistes-léninistes ont entamé une nouvelle phase dans la lutte des classes, une phase qui enrichit le marxisme en proposant les formes et le contenu nécessaires pour une lutte sérieuse et victorieuse contre l’impérialisme et ses régimes dépendants. Les acquis du nouveau mouvement communiste iranien en ce qui concerne l’analyse des réformes impérialistes et des transformations dans les domaines de l’économie et de la composition de classe de la société, réformes et transformations qui s’étaient avérées nécessaires pour préserver et développer les intérêts impérialistes en Iran, furent indubitablement sans précédent dans le mouvement communiste iranien, et cela au point de vue de la méthodologie marxiste-léniniste et des conclusions sur le plan de la pratique. Ces analyses et leurs conclusions sont des exemples éclatants de pensée et de méthode marxistes, c’est-à-dire du lien entre la théorie et la pratique révolutionnaires, et d’«analyse pour la transformation».

Contrairement à la tradition du parti Toudeh, l’ensemble des analyses économiques, politiques, historiques et sociales des Guérilléros Fedayins du Peuple Iranien avaient une direction et un objectif déterminés et précis, visant à la transformation de la réalité politique et sociale iranienne. Autrement dit, toute l’énergie et tous les sacrifices des G.F.P.I. avaient deux buts: d’un côté, faire sortir les forces révolutionnaires de la passivité où les avaient reléguées les défaites successives du mouvement, la trahison des dirigeants et aussi la terreur et la répression débridées auxquelles ces forces étaient soumises; et d’un autre côté, briser la domination politique, économique, militaire et culturelle de l’impérialisme en mettant en mouvement le potentiel historique et révolutionnaire des masses.

Avant cette période, et même après les G.F.P.I., parmi les groupes prétendument marxistes-léninistes, on ne trouve pas trace de théorie révolutionnaire dans le sens scientifique du terme, ni de pratique révolutionnaire en tant que résultat concret de la théorie révolutionnaire. On n’y trouve que des pseudo-théories sans aucun lien avec les besoins pratiques du mouvement révolutionnaire, car chez ces groupes, la théorie n’a conservé aucun lien avec la pratique.

Le nouveau mouvement communiste iranien a pu non seulement rétablir le lien entre la théorie révolutionnaire et la pratique révolutionnaire, mais il fut aussi capable de compléter cette théorie et de prouver que la théorie révolutionnaire ne peut se développer et devenir un courant matériel pour la transformation de la réalité objective sans la pratique révolutionnaire.

Contrairement à la propagande malveillante des opportunistes, pour les fondateurs du nouveau mouvement communiste iranien, la théorie et son lien avec la pratique avaient une importance primordiale, et constituaient le fondement de leur pratique sociale. Dans le même domaine, les opportunistes oublient consciemment une autre réalité: les fondateurs de ce mouvement se sont consacrés durant de nombreuses années, sans tapage, à des activités culturelles, sociales et politiques afin d’élaborer les bases politiques, idéologiques et culturelles du mouvement, insufflant un sang nouveau dans tous ces domaines.

En général, les opportunistes gardent le silence autour des œuvres de Samad Behrangui, Behrouz Dehghâni, Amir-Parviz Pouyan, Massoud Ahmad-Zâdeh, Marzieh Ahmadi-Oskoui, Alireza Nâbdel, Hamid Momeni et beaucoup d’autres camarades guérilléros et même s’ils les reconnaissent, ils tentent de dissocier de leur identité politique et organisationnelle, les œuvres culturelles, politiques, littéraires et historiques de ces camarades qui de l’avis de tous (amis et ennemis) font partie des meilleures œuvres, les plus créatives de la période contemporaine iranienne. Les opportunistes oublient que le nouveau mouvement communiste iranien n’aurait jamais pu étendre à ce point son impact social sans les acquis et les travaux culturels, littéraires, politiques, historiques de ces camarades.

Contrairement aux allégations malveillantes des opportunistes, le nouveau mouvement communiste iranien ne fut pas créé en une nuit et précipitamment par quelques jeunes exaltés, mais fut le fruit de longues années de travaux théoriques et pratiques de vrais marxistes-léninistes. Et s’il y a une critique à faire sur ce mouvement, elle concerne l’incapacité et la faiblesse de ceux qui prirent le relais dans les étapes suivantes.

La faiblesse du nouveau mouvement communiste iranien fut son incapacité à assurer la continuité qualitative et pratique au cours de son évolution, et, sauf dans sa première période, il ne connut pas le développement nécessaire en fonction de l’évolution de la lutte des classes et des transformations révolutionnaires. Les théories et les bilans élaborés par les premiers dirigeants du mouvement auraient dû être approfondis, et élevés à des dimensions nouvelles dans les domaines théorique, pratique et organisationnel, à la lumière des développements positifs du climat politique et de la lutte des classes.

L’œuvre théorique des premiers camarades, Ahmad-Zâdeh, Pouyan, Meftâhi et autres, et spécialement le livre « Lutte armée, stratégie et tactique », qui constituait la base théorique fondamentale de l’Organisation, constituait un cadre politique, idéologique et pratique sûr et clair pour le début de la lutte et sa continuation.

Mais en raison des limites imposées par le temps et la pratique propres au début de la lutte, nombre de thèses de l’organisation avaient besoin d’être approfondies et plus élaborées en fonction du développement de la lutte des classes, afin d’apporter des réponses aux problèmes concrets de la société et aux besoins de la lutte. Le problème le plus important auquel l’organisation fut incapable de répondre pour les raisons citées plus haut, était celui de définir la relation de l’avant-garde politico-militaire avec le mouvement des masses et les luttes ouvrières et, par conséquent, de définir les tâches de l’organisation d’avant-garde à chaque étape de la lutte.

La résolution de cette question fondamentale est la condition première du développement ultérieur de la lutte armée. Dans ce domaine important et dans bien d’autres, l’Organisation fut sujette à une stagnation théorique, et bien que les lignes générales et les problèmes généraux aient été correctement définis par les premiers camarades, les cadres qui vinrent plus tard ne furent pas capables d’assurer la continuité du travail des fondateurs et de proposer des analyses et des programmes clairs. Ils s’imaginèrent qu’à cette époque, le problème essentiel était la quantité des actions militaires.

La théorie fut reléguée à l’arrière-plan, à un point tel qu’ils ne ressentirent pas la nécessité d’expliquer les nouvelles conditions et définir les nouvelles tâches du mouvement communiste. A cause d’un tel point de vue, les relations internes de l’organisation ainsi que son contenu politico-idéologique furent dépouillés de toute vitalité et créativité, et la lutte politique et idéologique fut peu à peu abandonnée. Durant toute cette période, le recrutement et l’unité organisationnelle furent basés essentiellement sur « l’action ». C’est ainsi que d’une organisation politico-militaire, elle s’est réduite à une organisation qui se limitait à des actions militaires.

Comme l’action militaire seule n’est pas à même de développer les conditions révolutionnaires dans une société et de mobiliser les masses contre l’impérialisme et ses chiens de garde, ces actions se dévalorisèrent progressivement du point de vue de leur impact social et finirent par développer les conditions de leur propre négation. Le faible niveau politique et idéologique de ceux qui ont rompu plus tard avec la lutte armée pour tomber dans le réformisme, prouve à quel degré la qualité du mouvement armé s’est réduite après la mort des premiers cadres de l’organisation.

La plupart de ces militants n’ont commencé à étudier certaines œuvres théoriques qu’après s’être trouvés dans l’impasse en raison de leur faiblesse politique et idéologique; et comme ils ne dominaient pas suffisamment la théorie marxiste-léniniste, ils tombèrent inévitablement dans le piège des interprétations révisionnistes que le Parti Toudeh leur avait concoctées.

Les opportunistes ont profité de cette grave lacune dans le mouvement armé pour prétendre que c’est la caractéristique des organisations de guérilla d’empêcher le développement théorique et politico-idéologique de leurs membres et de les pousser à devenir des « adeptes de l’action ». Notre réponse à ceux qui tiennent un tel raisonnement consiste à expliquer les acquis théoriques et politiques des fondateurs du nouveau mouvement communiste iranien. Ils sont parfaitement conscients de la richesse théorique de l’organisation à ses débuts et savent très bien que leur « critique » est tournée en réalité vers la forme et le fond de la lutte révolutionnaire.

Les acquis théoriques et les travaux de recherche et d’analyse effectués par les premiers camarades de l’organisation et le fait même qu’ils aient réussi à définir la forme de lutte principale ainsi que le contenu nécessaire à une telle lutte (ce qu’aucun groupe politique n’avait encore réalisé), sont précisément la preuve de leur richesse théorique, de leur connaissance profonde des lois de la lutte des classes et de leur conception matérialiste de l’histoire et de la société.

Il est hors de doute que si les camarades fondateurs du nouveau mouvement communiste iranien avaient négligé les questions théoriques et politiques ainsi que le prétendent les opportunistes, ils n’auraient pas pu expliquer des problèmes politico-économiques complexes tel qu’ils l’ont fait, et fonder un courant historique. Il suffit par exemple de se rapporter à l’analyse du camarade Ahmad-Zâdeh concernant les relations économiques et politiques de l’impérialisme avec l’Iran.

Par une analyse marxiste-léniniste de l’économie et de politique impérialiste et des évolutions de la structure économique de la société, ce camarade a expliqué la nature de classe de l’Etat et le type de fonctionnement du pouvoir dépendant de l’impérialisme, et en a tiré les conclusions nécessaires pour définir l’étape de la révolution et le moyen de la conquête du pouvoir politique. L’analyse du camarade Ahmad-Zâdeh sur les relations organiques de l’impérialisme avec l’Iran est aujourd’hui acceptée par de nombreuses forces révolutionnaires et compose la base de leur politique en tant que principe marxiste-léniniste.

Nous ne pouvons pas ici énumérer même brièvement tous les acquis théoriques, politique, économiques et sociaux des fondateurs du nouveau mouvement communiste iranien, ce qui, en raison du vaste domaine qu’ils embrassent, devrait se faire dans d’autres travaux. Nous pensons qu’un tel travail est nécessaire et tenterons de nous y consacrer dans les limites de nos moyens. Ceci permettra de dénoncer plus aisément les opportunistes qui profitent de la faiblesse ou la pauvreté théorique de ceux qui prétendent être dans la ligne du nouveau mouvement communiste iranien, pour dire que le mouvement armé ne possède pas d’analyses et d’œuvres politiques, culturelles et idéologiques.

Notre objectif est de réfuter les allégations infondées des opportunistes et des révisionnistes stipulant qu’il existe une contradiction entre le travail théorico-politique et la lutte armée, en nous basant sur des preuves objectives et en expliquant que contrairement à la propagande malveillante de ces groupes, le mouvement armé iranien a été le fruit des efforts théoriques et pratiques des communistes iraniens les plus qualifiés dans les années 1960-1970.

Les causes de la dégénérescence politique, idéologique et pratique du nouveau mouvement communiste iranien

Ici, nous essayerons de voir brièvement les causes de la dégénérescence politique et idéologique des Guérilléros Fedayins du Peuple Iranien, particulièrement après 1973.
Un grand nombre de ceux qui ont rejoint l’organisation après le commencement de la lutte armée (et particulièrement après sa stabilisation vers 1973) et qui, après la disparition des premiers cadres et dirigeants, accédèrent même parfois aux hautes instances de responsabilité dans l’organisation, étaient dépourvus des capacités et de la sagacité théoriques et idéologiques nécessaires pour diriger l’organisation dans la lutte des classes et réaliser les tâches du mouvement armé à l’étape précise où il se trouvait.

Durant cette période, la majorité de ces militants ont rejoint le mouvement armé uniquement en raison de l’attrait qu’exerçait sur eux la lutte armée et sur base d’une conception romantique de la révolution. Etant donné que durant ces années, l’éducation politico-idéologique fut éclipsée dans l’organisation par l’exécution de tâches pratiques, et que peu à peu disparurent les règles et les bases de la lutte idéologique, les nouveaux membres conservèrent leurs caractéristiques petites-bourgeoises, et leur conception de la lutte armée devint celle propre à cette classe.

Ce furent ces mêmes petits-bourgeois qui, lorsque la lutte devint plus difficile et les coups plus lourds, perdirent leur perspective déjà limitée de la lutte et renièrent bientôt la lutte armée. Une telle chute était naturelle et facile à prévoir de la part de telles personnes, car leur lutte armée était dépourvue d’un contenu politico-idéologique prolétarien, et n’était dans le meilleur des cas que l’expression de la haine et de la colère de quelques intellectuels petits-bourgeois contre la dictature impérialiste. Leur conception de la lutte armée était contraire à la conception marxiste-léniniste.

La lutte, telle qu’ils la concevaient, était loin d’être l’interaction de la théorie et de la pratique révolutionnaires ; de par sa nature, elle était incapable de matérialiser les idées révolutionnaires et de canaliser l’énergie des masses vers un mouvement historique contre la domination impérialiste. En raison de leur conception limitée du monde, de tels individus n’ont pas une perspective claire du développement historique de la lutte armée et ils en arrivent tôt ou tard à renier non seulement celle-ci mais à renier le facteur même de la violence dans la lutte des classes.

Ce n’est pas un hasard si aujourd’hui, la majorité des dirigeants des groupes opportunistes et réformistes est composée de ces mêmes individus qui ont été par le passé en relation avec la lutte armée. Nous verrons que lorsque la lutte armée retrouvera sa valeur et son autorité du passé, nombre de ces petits-bourgeois, opposants inflexibles à la lutte armée, se rangeront sous les bannières de celle-ci et trouveront de « nouveaux » raisonnements et justifications pour en chanter les louanges.

Ce fut à cause de ces faiblesses et lacunes que la plupart des cadres et militants de l’organisation ne réussirent pas, durant ces années, à faire évoluer la théorie et la pratique de la lutte armée de manière créative, à développer l’analyse de l’évolution de la situation sociale, à définir les nouveaux types d’organisation qui s’imposaient, et particulièrement à définir la manière dont doit s’effectuer le lien de l’organisation politico-militaire avec la force immense de la classe ouvrière et des masses laborieuses.

Progressivement, durant ces années, la lutte armée se transforma principalement en un mouvement spontané, privé de sa nature prolétarienne, et nombre d’actions armées prirent un caractère économiste. C’est-à-dire que les actions se dissocièrent des tâches politiques concrètes, organisationnelles et stratégiques, pour devenir fonction d’événements sociaux isolés12.

En résumé, on peut considérer qu’un certain nombre des causes de la dégénérescence politique et organisationnelle de l’O.G.F.P.I. pendant ces années, résident d’un côté dans le manque d’intérêt envers la lutte idéologique et l’éducation politique. et de l’autre, dans le recrutement de jeunes militants inexpérimentés à fortes caractéristiques petites-bourgeoises. La seule acceptation de la lutte armée n’est pas suffisante pour le recrutement de membres dans une organisation politico-militaire marxiste. Le critère de recrutement de nouveaux membres dans une organisation marxiste doit être avant tout l’unité idéologique et politique.

En outre, une organisation politico-militaire marxiste-léniniste doit, malgré toutes les entraves et les limites imposées par le travail clandestin, mettre en place des règles et des structures visant à développer et approfondir le savoir politique et idéologique de ses membres et sympathisants, et à encourager et entretenir la lutte idéologique et politique parmi ses membres et les cadres de la direction. Seul le développement de la conscience de classe et de la conscience politique des membres et cadres de l’organisation peut garantir le développement de la lutte armée, et influencer politiquement tout le mouvement, et plus particulièrement les luttes ouvrières13.

Plus le niveau politico-idéologique de l’organisation politico-militaire est élevé, plus ses luttes auront une grande portée dans la préparation des conditions de la révolution. En effet, la lutte idéologique et l’éducation politique, qui élèvent le niveau de la conscience des membres de l’organisation et par là consolident ses rangs, sont les conditions fondamentales pour le développement et l’évolution d’une organisation communiste.

Malheureusement, en dépit de toutes les conditions favorables existant dans ce domaine au sein des G.F.P.I. en 1970-72, conditions qui furent les bases de la richesse et de la créativité pratiques et théoriques de cette organisation durant ces années, elles furent oubliées par la suite, pour aboutir à la dégénérescence politique et idéologique de l’organisation à partir de 1973. C’est à partir de cette époque que nous commençons à constater une différence frappante entre les nouvelles œuvres de l’organisation et celles des fondateurs du nouveau mouvement communiste, les camarades Ahmad-Zâdeh, Pouyan, Meftahi, Nâbdel, et les autres.

Les conditions économiques, politiques et sociales de l’Iran et la nature de classe de l’Etat

Précédemment nous avons dit que la domination impérialiste dans un pays est en réalité l’exportation du mode de production capitaliste dans ce pays, ce qui provoque d’importantes transformations dans les rapports économiques pré-capitalistes. Suivant les étapes historiques et les besoins économiques et politiques de l’impérialisme, nous distinguons jusqu’à présent, trois formes de relation dans ce domaine.

Le camarade Ahmad-Zâdeh définit ainsi ces diverses étapes historiques : « Sous sa forme coloniale, la domination impérialiste commence par la répression brutale des rapports traditionnels de la société. Sous sa forme semi-coloniale, une conciliation s’opère entre la domination impérialiste et la domination féodale. Et sous sa forme néo-coloniale, la société s’intègre dans le système impérialiste en tant qu’élément organique de celui-ci. La domination impérialiste suit une évolution en forme de spirale dans laquelle la société néo-coloniale est la «répétition de la société coloniale, mais à un niveau plus développé. » (Lutte armée, stratégie et tactique).

Cette dernière partie des explications, du camarade Ahmad-Zâdeh a une importance fondamentale dans le sens où elle démontre qu’en dépit des transformations effectuées dans la société, la dépendance de celle-ci envers l’impérialisme (contradiction entre le peuple et l’impérialisme) non seulement continue de subsister mais que dans le cours de son évolution, elle se transforme en une relation organique avec ce dernier.

L’Iran a suivi un tel processus après la « Révolution Blanche » (Réformes principalement agraires réalisées au début des années ’60 par le Chah, conformément au souhait des américains. Le but de ces réformes était de faire disparaitre les rapports féodaux subsistant en Iran, de faire pénétrer les rapports capitalistes et les capitaux impérialistes jusqu’au fin fond des campagnes les plus reculées, et de faire de l’Iran une composante du système impérialiste mondial (ndt)) et il s’est intégré dans le système impérialiste mondial en tant qu’élément organique de celui-ci.

Par conséquent, l’Iran est sur le plan économique, et donc politique et militaire, un pays dépendant de l’impérialisme. Le capitalisme dépendant en Iran se différencie du capitalisme classique dans le sens où la structure de la production se compose de la croissance déséquilibrée de plusieurs secteurs économiques liés aux marchés extérieurs, et où les capitaux étrangers jouent un rôle déterminant. Des limitations extérieures, telles que les intérêts, les dividendes et le paiement des concessions aux pays étrangers, pèsent très lourd sur le dos des pays dépendants comme l’Iran14.

L’industrie iranienne dépend entièrement de la technologie et des équipements étrangers; l’économie ne s’est pas équilibrée et ses différents secteurs ne sont pas liés entre eux. Les importations et les exportations, aussi bien à l’époque du Chah que sous la République Islamique, ne sont pas équilibrées. Les produits exportés sont peu nombreux et souvent uniques, sous forme de matières brutes ou semi-brutes ou de montage de marchandises produites dans les pays des métropoles.

Ce sont donc les facteurs extérieurs qui déterminent la structure et le champ de la production et des investissements dans des pays comme l’Iran. La dépendance économique de l’Iran envers l’impérialisme limite sérieusement les possibilités d’accumulation capitaliste dans ce pays et la majeure partie de la plus-value produite n’est pas investie dans cette société mais transférée aux pays des métropoles(transfert de profit)15.

Voilà certains traits marquants de l’économie iranienne, dépendante de l’impérialisme ; tant que durera cette dépendance, ces caractéristiques ne feront que prendre de plus amples dimensions.

En dépit de leur intensité et de leur étendue, les luttes des peuples iraniens pendant les années 1977-78 furent exploitées par les agents impérialistes, en l’absence d’une vraie organisation révolutionnaire qui aurait pu diriger ces luttes, et la clique mercenaire de Khomeiny réussit à stopper le mouvement dans une phase très sensible. C’est pourquoi malgré les terribles coups portés à l’appareil d’Etat, malgré la désorganisation du pouvoir, le mouvement ne réussit pas à mettre un terme à la dépendance de l’Iran envers l’impérialisme.

L’économie dépendante, l’armée impérialiste et la régime mercenaire demeurèrent en place, le seul changement se limitant au remplacement de la monarchie Pahlavi par la République Islamique. Certaines transformations formelles opérées au début dans le but de tromper le peuple, comme les « nationalisations » et les confiscations des biens de certains capitalistes dépendants, furent annulées une fois que les nouveaux dirigeants eurent réussi à se consolider au pouvoir et à réparer la machine étatique qui reprit son rôle comme par le passé.

Seules la terreur et la répression dirigées contre les forces révolutionnaires et le mouvement de masse s’intensifièrent parallèlement à la restitution de leurs privilèges aux capitalistes dépendants. Ainsi, le restant des forces de l’opposition qui avaient réussi à se maintenir hors de l’atteinte des bourreaux du Chah, furent anéanties par les nouveaux bourreaux de l’impérialisme. Il est vrai que pour préserver la dépendance envers l’impérialisme, particulièrement dans la société où a eu lieu le gigantesque mouvement populaire des années 1977-78, alors qu’aux quatre coins du pays les peuples luttent pour la liberté les armes à la main, il n’y a pas d’autre solution que de multiplier la terreur, la répression et la dictature.

Par conséquent, les principaux leviers assurant la dépendance envers les impérialistes demeurèrent intacts. Seule l’apparence du pouvoir se transforma: utilisant l’arriération culturelle de la société et la capacité de la religion à préserver et à protéger les intérêts des impérialistes, ces derniers choisirent le cadre religieux de l’islam afin d’assurer la continuité de leur domination en Iran. Aujourd’hui, il s’est avéré que non seulement les petits changements opérés dans la forme et le squelette de certains leviers économiques, politiques et sociaux ne présentent en aucun cas un contenu indépendant de l’impérialisme, mais que dans la plupart des cas, ces transformations ont permis à ces leviers de jouer un rôle plus actif au service de cet impérialisme.

Les événements qui ont eu lieu de 1978 à nos jours prouvèrent précisément la justesse de ce point de vue du camarade Ahmad-Zâdeh : « Il est vain et insensé de vouloir expliquer toute transformation ou évolution dans la société si l’on ne tient pas compte de la contradiction principale du système actuel : la contradiction entre le peuple et la domination impérialiste ». C’est pourquoi en dépit de la fin d’une monarchie de vingt-cinq siècles, et des gesticulations soi-disant anti-impérialistes de la République Islamique, comme l’occupation de l’Ambassade américaine et même la rupture des relations diplomatiques avec ce pays, l’Iran demeure non seulement un pays dépendant de l’impérialisme, mais les dimensions de cette dépendance n’ont fait que s’accroitre.

La république Islamique n’est rien d’autre, en réalité, que la continuité du régime de Chah dans de « nouvelles » conditions. Dans de nombreux cas, la servitude et la trahison des dirigeants de la République Islamique pour assurer les intérêts impérialistes en Iran sont encore plus flagrantes qu’à l’époque du Chah. Il suffit de voir d’un côté l’ampleur du massacre des révolutionnaires communistes et des militants anti-impérialistes et progressistes, organisé par les dirigeants du régime, et de l’autre, le zèle qu’emploient ces mêmes dirigeants à cirer les bottes et rendre service aux capitalistes dépendants et à préparer les conditions favorables au pillage et à l’exploitation encore plus grande des travailleurs iraniens, pour se rendre compte à quel point la République Islamique est dépendante de l’impérialisme.

La guerre imposée aux travailleurs iraniens et irakiens, par deux régimes dépendants en est l’exemple de plus flagrant. Dans le cadre des intérêts actuels des impérialistes visant à entretenir des conflits régionaux, la République Islamique et le régime irakien préparent avec cette guerre, les conditions pour un changement de l’équilibre des forces dans la région et l’atténuation des crises économiques et politiques de l’impérialisme, et finalement pour une guerre mondiale.

Par conséquent, vu la nature politique et les rapports économiques régnant en Iran, – qui demeure dépendant de l’impérialisme -, l’analyse du camarade Ahmad-Zâdeh sur la situation générale économique et politique de la société iranienne reste valable.

Il est clair qu’après la « Révolution Blanche » et le développement du capitalisme dépendant en Iran, la société a subi des transformations profondes dans divers domaines. Dans le domaine de la composition de classe, le développement du capitalisme dépendant en Iran a provoqué l’intégration des restes de la bourgeoisie traditionnelle (bourgeoisie nationale) dans les capitaux impérialistes, et cette classe a disparu en tant que telle. Par contre, une large couche de petite-bourgeoisie s’est développée dans les villes et les campagnes. En raison de l’importance de son rôle politique et social, d’un côté en relation avec le capitalisme dépendant, et de l’autre, au sein des forces de la révolution, cette couche doit être sérieusement prise en considération.

Sans aucun doute, la vaste couche de la petite-bourgeoisie est un miroir reflétant la situation de la société dépendante iranienne, en raison des contradictions et des divergences d’intérêt ainsi que de la variété dans sa stratification. En effet, ses secteurs aisés dans les villes ou dans les campagnes sont dépendants de l’impérialisme et fortement contre-révolutionnaires vu la part qui leur revient dans le pillage et l’exploitation des travailleurs par le capital monopoliste.

Une infime couche de la paysannerie qui fut fortement décomposée à la suite de la mise en œuvre des programmes impérialistes de la « Révolution blanche » put en tirer profit et s’enrichir. La grande majorité des paysans se transformèrent en paysans pauvres et en semi-prolétariat. La force de la révolution dans les secteurs ruraux se compose essentiellement des paysans pauvres et du semi-prolétariat qui peuvent jouer un rôle très important dans la révolution anti-impérialiste, sous la direction du prolétariat.

Dans les villes, en plus de la disparition de la bourgeoisie nationale et de la transformation de sa grande majorité en bourgeoisie compradore, une décomposition de classe très importante s’est opérée au sein de la petite-bourgeoisie urbaine. Une partie de cette petite-bourgeoisie s’est intégrée dans la sphère des capitaux impérialistes et en dépend économiquement et politiquement. L’un des résultats de l’arrivée au pouvoir de la République Islamique, fut un plus grand développement de la petite-bourgeoisie dépendante et son intégration dans le régime dépendant de l’impérialisme.

Le développement du capitalisme impérialiste en Iran accéléra la décomposition des classes dans la société, provoqua la disparition de la bourgeoisie nationale, mais aussi, prépara un terrain propice au développement du prolétariat et en général des travailleurs des villes et des campagnes, et transforma le prolétariat iranien en une classe qui joue un rôle déterminant et unique dans le mouvement social et l’avenir de la révolution. La théorie de la lutte armée marxiste-léniniste doit se développer, et définir ses tâches, en tenant compte de toutes ces transformations politiques et sociales.

Les camarades fondateurs du nouveau mouvement communiste iranien prévoyaient un tel processus de développement, et c’est pourquoi, d’une part, ils organisèrent le cadre théorique et pratique de leur lutte de manière à ce qu’il englobe les problèmes généraux de la révolution anti-impérialiste et démocratique de l’Iran, et, d’autre part, tout en précisant et expliquant les problèmes concrets des premières phases du combat et les tâches de l’avant-garde révolutionnaire sur ce plan, ils laissèrent la voie libre au développement et à l’approfondissement de la théorie et de la pratique.

En réalité, le développement de la lutte des classes et les transformations politiques et sociales dues au développement du capitalisme, le processus de la décomposition de classe, ainsi que les effets produits par la lutte armée sur le climat général de la société, composent les bases objectives et subjectives de la popularisation de la lutte armée.

Le développement de la lutte des classes et de la lutte armée

La popularisation de la lutte armée crée des conditions entièrement différentes de celles du début de la lutte armée. Dans cette phase du développement de la lutte des classes, le développement de l’organisation politico-militaire sur tous les plans, et sa transformation en un courant social Important transforment radicalement la qualité et les dimensions politiques, organisationnelles et pratiques de l’avant-garde.

La nouvelle qualité politique, organisationnelle et pratique de l’avant-garde (marxiste-léniniste) doit trouver son expression dans l’organisation des masses, dans des actions militaires grandes ou petites, différentes qualitativement et quantitativement des objectifs de la première phase de la lutte armée. Le rôle et les tâches de la lutte armée à chaque phase sont définis par l’évolution du mouvement et l’apparition des conditions politiques et sociales du renversement du régime dépendant de l’impérialisme.

Rappelons ici qu’il faut à tout prix éviter la conception mécaniste qui ne voit les transformations que dans la croissance quantitative de la lutte armée et ignore le développement de la qualité de classe de celle-ci. La lutte armée, en tant que pratique marxiste-léniniste, a un développement qualitatif et de classe précis : elle commence par des mots d’ordre et une propagande à caractère général pour aboutir à travers son développement, parallèle à celui du mouvement en général, à des mots d’ordre et à une propagande particuliers.

C’est-à-dire, avec le développement du mouvement de la classe ouvrière, de sa mobilité politique et économique, le lien politique et organisationnel de la lutte armée avec le prolétariat se resserre, se précise, et dans une phase déterminée, le prolétariat devient le point d’appui principal de cette lutte.

En raison de l’importance que revêt ce problème nous allons essayer de mieux nous expliquer. En général, tant que le potentiel révolutionnaire des masses ne s’est pas libéré, la lutte armée politico-militaire marxiste-léniniste a principalement des buts de propagande et transmet son message politique à toutes les forces sociales. Mais lorsque le potentiel révolutionnaire commence à se traduire sous différentes formes de luttes sociales, que les masses et plus particulièrement la classe ouvrière, influencées par les luttes de l’avant-garde révolutionnaire, se mettent à protester et à lutter contre les conditions présentes, que le mouvement prend une dimension populaire et sociale, l’organisation politico-militaire aussi se doit de populariser la lutte armée, parallèlement à l’apparition et au développement de ces conditions.

Dans cette phase, le contenu essentiel de la politique et du programme de l’avant-garde, tourne autour des problèmes du prolétariat et de son rôle déterminant dans la révolution anti-impérialiste et démocratique. Ceci est en effet le maillon principal qui relie la phase initiale de la lutte armée à la phase finale. Sans ce passage des phases simples aux phases plus complexes de la lutte, on ne peut parler du développement de la lutte armée et de l’organisation politico-militaire.

En étudiant l’historique de l’Organisation des Guérilléros Fedayins du Peuple Iranien et des autres groupes qui ont entrepris la lutte armée jusqu’à présent, nous constatons que ces organisations n’ont pas réussi à relier ces deux phases de la lutte, et qu’elles ont toutes piétiné dans la première, la phase générale, celle de la propagande armée. Ceci, alors que les conditions politiques et sociales et le développement de la lutte de classe – dans lequel la lutte armée a certainement joué un rôle prépondérant – mettait à l’ordre du jour la popularisation de la lutte armée.

Ceci montre à quel point la conception fausse et mécaniste de la lutte armée était répandue dans le mouvement communiste iranien. Une telle conception réduit la lutte armée à une simple tactique, infirme son contenu prolétarien, et lorsque, grâce au développement de la lutte de classe et du rôle de la lutte armée dans la mise en mouvement du potentiel révolutionnaire des masses, un climat politique favorable et le mouvement de masse font leur apparition, cette conception considère que la tâche de la lutte armée s’est réalisée et imagine que le travail politique et l’organisation du mouvement populaire et de la classe ouvrière peuvent à eux seuls renverser le régime. Une telle conception aboutit à la réfutation de la lutte armée.

Et lorsque par la suite le mouvement de masse subit les coups durs de la réaction et se disperse, que simultanément, les organisations qui réfutent la lutte armée et imaginent que le mouvement de masse est un tampon entre elles et la répression organisée par la réaction, se désintègrent et deviennent passives sous les coups de la terreur et de la répression du régime, elles abdiquent et choisissent la conciliation avec le pouvoir.

La réalité de la lutte de classe confirme que la lutte armée doit s’élargir et se développer progressivement en même temps que se développent les luttes populaires, et se fixer de nouvelles tâches. Ces tâches ont naturellement un objectif et un contenu socialistes. Dans l’étape actuelle, cette tâche consiste à renverser le régime dépendant et briser la domination impérialiste ; ce sont donc la constitution de l’armée populaire et la création de leviers précis dans le cadre des luttes anti-impérialistes et anti-capitalistes, autour de l’axe qu’est la lutte armée, sous la direction de l’organisation politico-militaire marxiste-léniniste qui s’inscrivent à l’ordre du jour.

Résumons : si nous divisons le processus de développement de la lutte armée en gros en deux phases, la première est celle de la propagande, du développement et de la construction de la cohésion de l’organisation politico-militaire et la préparation des conditions pour la mise en mouvement de la force populaire. La seconde est celle de la mobilisation, de la direction politique du mouvement de masse, particulièrement des luttes ouvrières, et l’organisation des forces révolutionnaires (c’est-à-dire des éléments les plus politisés, les plus combatifs et les plus dévoués du mouvement communiste), la formation de l’armée populaire, et l’élargissement et le développement de l’audience et de l’influence sociales de l’organisation politico-militaire.

Le développement et l’élargissement de celle-ci, c’est-à-dire plus précisément, la constitution du Parti communiste16, s’effectue dans cette seconde phase. Il est clair que nous ne pouvons pas donner ici tous les détails du processus de la formation du Parti communiste car un grand nombre des facteurs entrant en ligne de compte dans ce processus ne sont pas encore clairs pour nous dans les conditions actuelles et ne peuvent en tous cas être déterminés par avance d’une manière mécaniste. Les marxistes-léninistes considèrent le Parti comme un moyen nécessaire pour organiser la lutte de classe et assurer l’hégémonie du prolétariat dans la révolution.

C’est pourquoi l’organisation unique du prolétariat prend forme d’un côté dans le processus pratique de la lutte contre l’impérialisme (capitalisme) et le régime dépendant, et d’un autre côté, dans le cadre d’une lutte idéologique et politique contre les différentes déviations au sein du mouvement communiste. En même temps, c’est un chemin qu’une organisation politico-militaire doit obligatoirement parcourir au cours de son développement. Par conséquent, le problème de la formation du parti, n’est pas clairement défini dans tous ses détails et suivant un schéma prédéterminé.

Le développement de l’organisation politico-militaire et la formation du parti communiste sont des problèmes qui se posent dans le processus de la lutte pour le renversement du pouvoir impérialiste et du régime capitaliste. Donc, le parti n’est pas un but en soi, mais un instrument qui dirige le prolétariat et les autres couches laborieuses dans leur lutte contre la bourgeoisie et l’impérialisme. Le processus de la formation du parti en tant que partie du processus général des luttes du prolétariat et des communistes contre l’impérialisme et le régime capitaliste dépendant, traverse de nombreuses étapes. Il serait erroné et totalement métaphysique de tenter de définir dès maintenant, alors qu’il n’existe pas encore d’organisation politico-militaire au niveau national et que nous nous trouvons encore dans les premières étapes de la lutte, la manière dont une organisation politico-militaire se développera et évoluera.

En tant que courant marxiste-léniniste, nous pouvons et devons insister sur la nécessité absolue de la constitution du Parti (c’est-à-dire d’une phase déterminée du développement de l’organisation politico-militaire) dans une étape précise du développement de la lutte de classe, afin d’assurer l’hégémonie du prolétariat dans la révolution, de conduire les forces de la révolution à la victoire, et la fixer comme une de nos tâches. Mais, en aucun cas nous n’avons le droit de dissocier la formation du parti du processus et des luttes révolutionnaires et imaginer qu’elle s’effectue dans des conditions indépendantes de ces luttes.

Quelques remarques sur la question de l’étape de la révolution

Nous essayons Ici de préciser les problèmes évoqués plus haut, par rapport à l’étape de la révolution. Le débat autour de l’étape de la révolution et de sa nature, est un des débats graves chez les marxistes-léninistes iraniens et peut-être du monde. Les thèses de Lénine, de Mao Zedong et d’autres dirigeants du mouvement communiste et ouvrier dans le monde, ont été mal interprétées ou falsifiées par les opportunistes et les révisionnistes. C’est pourquoi les positions de chaque courant politique sur l’étape de la révolution, son contenu et ses aboutissements, sont déterminantes pour la connaissance de ce courant.

En général, les forces qui se définissent comme marxistes-léninistes sont apparemment unanimes pour dire que l’étape de la révolution en Iran est la «révolution démocratique nouvelle». Mais si nous étudions plus à fond l’interprétation et la conception de chacun de ces courants sur le contenu, les objectifs et les forces de cette révolution, nous nous apercevons qu’il existe d’énormes divergences sur ce sujet. En cette matière aussi, règne un grand trouble dans la pensée et une confusion idéologique parmi les marxistes-léninistes.

Cette confusion aboutit même chez certains à une conception bourgeoise de la révolution démocratique nouvelle. Une telle conception déviationniste des problèmes de la révolution oblige le prolétariat à suivre la bourgeoisie ; dans ce cas, ce serait une aberration et un non-sens de parler de la victoire de la révolution démocratique nouvelle et de la rupture des chaînes liant la société à l’impérialisme. A notre avis, ce sont la structure sociale, économique, politique, ainsi que la composition de classe de la société qui déterminent l’étape de la révolution et les caractéristiques de celle-ci.

La déviation de ceux qui se trompent sur la question de l’étape de la révolution et des problèmes inhérents à celle-ci, provient de leurs analyses incorrectes sur la situation politique et économique de la société, ainsi que de ses contradictions. Certains courants ne se donnent pas la peine d’observer et d’analyser les contradictions objectives de la société et tentent de produire une théorie de la révolution iranienne sans tenir compte des lois et des éléments internes de celle-ci en copiant telle ou telle analyse et conclusion concernant d’autres sociétés.

Nous essayons d’appliquer notre conception à l’étape de la révolution, ses forces et ses objectifs en nous basant sur la méthodologie marxiste-léniniste et en partant des problèmes concrets de la société iranienne.

Précisément dans cette même brochure, nous avons dit que l’Iran était un pays capitaliste, dépendant de l’impérialisme, de type « néo-colonial », que les rapports de production capitalistes y étaient dominants. Mais ce capitalisme a un fonctionnement et un développement différents du capitalisme classique. C’est pourquoi, nous l’appelons capitalisme dépendant.

Outre ses différences générales avec le capitalisme classique, le capitalisme dépendant a en Iran cette particularité: la disparition de la bourgeoisie nationale et l’intégration de sa majeure partie dans les capitaux impérialistes, c’est-à-dire sa transformation en bourgeoisie compradore. Ceci a causé des transformations dans la composition des classes révolutionnaires : dans la révolution iranienne, contrairement à la « révolution démocratique nouvelle » dans la société semi-féodale semi-coloniale (Chine), la bourgeoisie n’a plus aucune aspiration anti-impérialiste ; ses intérêts économiques ne sont plus assurés que par sa transformation en intermédiaire de l’impérialisme et son intégration dans les capitaux impérialistes.

Les transformations sociales qui ont abouti à une décomposition des classes et à une composition nouvelle, a eu d’importants effets sur la petite-bourgeoisie dont certaines fractions sont devenues dépendantes de l’impérialisme. Dans l’ensemble, ces évolutions ont délimité encore plus nettement la frontière entre les forces de la révolution, les forces intermédiaires et celles de la contre-révolution, et donc rendu plus faciles les conditions de transition de la révolution démocratique à la révolution socialiste.

Au cours des cinquante dernières années et plus particulièrement après la « Révolution Blanche », le pouvoir étatique est devenu de plus en plus bourgeois à cause de l’accroissement progressif – de la domination impérialiste. Ceci a rapproché l’étape de la révolution de la révolution socialiste en ce qui concerne son contenu, ses buts et la composition de ses forces. En observant les contradictions internes de la société, nous remarquons qu’en raison des transformations survenues dans la structure sociale et la superstructure politique, ces contradictions se sont concentrées autour d’une contradiction principale. Par la domination économique de l’impérialisme au niveau de la structure et son pouvoir politique au niveau superstructurel, la contradiction entre le peuple et l’impérialisme est devenue la contradiction principale de la société.

Dans la société iranienne, contrairement aux sociétés semi-féodales semi-coloniales qui comportent deux contradictions (principale et fondamentale), et où la résolution de la première dépend de celle de la seconde, nous sommes en présence d’une seule contradiction déterminante dans la structure et la superstructure. Le capital impérialiste domine totalement la société dans tous les domaines de sa vie matérielle et politique, et surtout dans les domaines économique, financier et commercial. Il détermine la division sociale du travail et les rapports de production ; par conséquent, le pouvoir politique est totalement au service de la préservation et de l’expansion des intérêts impérialistes.

Donc, la résolution des problèmes de la révolution et la transition de la société vers la liberté et le socialisme n’est possible qu’à travers la résolution de la contradiction principale de la société, c’est-à-dire celle entre le peuple et l’impérialisme. Cette situation a un effet considérable sur toute la société et surtout sur le processus de la lutte de classe. La contradiction entre travail et capital s’exprime au sein de la contradiction entre le peuple et l’impérialisme et compose son noyau fondamental.

Donc, lorsque dans les conditions actuelles, nous employons le terme « peuple », il représente pour nous essentiellement les larges masses ouvrières, les couches pauvres et moyennes de la paysannerie, plus les petits producteurs des villes et des campagnes. Dans cet ensemble, le rôle des ouvriers est déterminant. Plus le processus du développement du capitalisme s’accélérera en Iran, plus la décomposition de classe s’accentuera, et plus le rôle et l’importance du prolétariat dans la révolution augmentera.

La compréhension de ces problèmes est primordiale pour l’avenir de la révolution iranienne, sa victoire ou sa défaite, dans le sens où, si nous dissocions la contradiction entre le peuple et l’impérialisme de celle entre le travail et le capital, en attribuant une nature et une solution différentes à la première, si nous divisons ainsi la révolution en deux étapes entièrement distinctes, alors qu’une telle distinction est contraire à la réalité sociale et aux lois qui la régissent, la « révolution » n’aboutira jamais à la suppression de la domination impérialiste et à l’instauration d’une république démocratique révolutionnaire.

L’expérience des mouvements anti-impérialistes des peuples du monde entier et les causes de la défaite de ces luttes jusqu’à présent, montrent que le fait de séparer la politique impérialiste de la domination économique, mène à la déconfiture de la révolution. De telles thèses révisionnistes, sous quelque forme ou contenu que ce soit, sont réformistes dans leur nature et n’ont d’autre but que de conserver les rapports de production capitalistes tout en opérant de petits changements dans la politique et le fonctionnement de l’impérialisme.

Le camarade Ahmad-Zâdeh dit : « Toute survie des rapports capitalistes provoque progressivement le rétablissement de liens étroits avec l’impérialisme pour aboutir enfin à une domination totale de celui-ci ».

Les révisionnistes divisent le processus de la révolution en deux parties : la révolution politique et la révolution sociale, et définissent des conditions différentes pour la réalisation de chacune d’elles. En dissociant la révolution politique de la révolution sociale, chaque événement politique au sein du pouvoir est considéré comme une « révolution ». Mais du point de vue marxiste-léniniste, les révolutions sont des révolutions sociales qui deviennent matériellement nécessaires dans le processus du développement des contradictions sociales17.

Donc, le contenu de chaque révolution est à la fois politique et social. Politique, car sans la conquête du pouvoir politique, il est impossible de transformer les rapports de production dominants dans la société; sociale car elle vise au changement des rapports de production. Marx explique ainsi ce problème : « Chaque révolution abolit la vieille société et par là elle est sociale. Chaque révolution renverse le pouvoir politique et par là elle est politique » (L’empereur de Prusse et la réforme sociale, Œuvres choisies, Marx- Engels, tome I, traduit du persan faute de source en français. (ndt)).

Donc chaque révolution est aussi bien politique que sociale. Dissocier ces deux aspects de la révolution équivaut à falsifier la définition même de celle-ci et à en donner une conception révisionniste. Avec une telle conception, tout coup d’Etat ou changement de pions dans un régime, prend le nom de révolution. C’est ce qui est arrivé lorsque les événements qui eurent lieu en Iran en 1978-79 furent appelés révolution.

Par conséquent, vu les caractéristiques de la société iranienne, le processus de la «révolution démocratique nouvelle» et sa transition au socialisme, est un processus unique. Au cours de ce processus, et au cours de la lutte armée de longue durée, les éléments socialistes de la révolution se développent au sein de la révolution démocratique nouvelle, et avec la décomposition de classe dans la société, les conditions se réunissent pour la conquête du pouvoir politique par le prolétariat aidé par les couches inférieures et pauvres de la petite-bourgeoisie.

Revenons encore au point de vue du camarade Ahmad-Zâdeh : « Plus l’Etat devient bourgeois dans sa nature et dans sa forme, plus les éléments socialistes de la révolution prennent de l’importance, la lutte contre la domination du capital mondial se transforme de plus en plus en lutte contre le capital même et la nécessité de la direction prolétarienne s’impose de plus en plus » (souligné par les auteurs de ce texte).

Le camarade Ahmad-Zâdeh trace ensuite ainsi le développement de la révolution et les transformations qui s’opèrent parmi les forces de la révolution durant ce processus: «… La révolution commence «avec les mots d’ordre et les programmes les plus généraux s’adressant aux plus larges masses ; au cours de cette lutte armée, elle devient victorieuse avec les mesures les plus radicales, les plus révolutionnaires, et continue ; la lutte armée (de longue durée) est un milieu où se développent très rapidement les éléments socialistes d’une révolution bourgeoise-démocrate » (souligné par les auteurs).

Enfin, il complète son analyse en expliquant la transition au socialisme : « Mais le problème de l’étape de la révolution n’est pas uniquement un problème économique, mais aussi un problème politique qui dépend du cours pratique de la révolution ; le moment et la manière dont la révolution continue et entre dans la phase de la «révolution socialiste, dépend précisément d’une chose : que le prolétariat et ses avant-gardes aient été capables de prendre la direction des luttes et d’unifier les paysans et la petite-bourgeoisie radicale autour de leur programme » (souligné par les auteurs).

Il explique la même chose plus loin, encore plus précisément : « Au cours de cette lutte longue et «difficile, les masses se prolétarisent de plus en plus «sous la direction de l’avant-garde prolétarienne … la «lutte anti-impérialiste se transforme en lutte anti capitaliste. La lutte contre l’expropriation capitaliste se transforme en expropriation socialiste » (souligné par les auteurs).

Il est clair que depuis la fin des années 1960, date d’élaboration de ce texte, jusqu’à nos jours, d’importantes transformations se sont produites en raison du développement des rapports capitalistes en Iran, favorisant encore plus les conditions politiques, économiques et sociales du développement des éléments socialistes de la révolution et plus particulièrement du rôle déterminant de la classe ouvrière.

L’analyse de ces transformations et les conclusions politiques et pratiques qui en seront tirées, définissent d’un côté la différence des tâches des communistes aujourd’hui avec celles d’hier, et d’autre part, précisent leur orientation vers le prolétariat en tant que classe et appui principal des communistes dans la lutte contre le système capitaliste dépendant de l’impérialisme pour l’instauration du pouvoir révolutionnaire dans la société.

Si au moment de l’élaboration de la théorie de la lutte armée et au commencement de la pratique politico-militaire en Iran, les conditions exigeaient que la lutte s’effectue avec des mots d’ordre, des analyses, prises de position et objectifs généraux et que dans ce cas, les G.F.P.I. s’adressaient au peuple dans son ensemble, aujourd’hui la période initiale de la lutte armée et par conséquent ses tâches initiales sont arrivées à terme.

Désormais, les mots d’ordre, analyses, objectifs, et l’orientation de classe sont devenus plus précis et le développement de la lutte dépend directement de la capacité de l’avant-garde à influencer les luttes de la classe ouvrière et à la diriger dans la lutte anti-impérialiste et démocratique. Disons plus clairement qu’aujourd’hui, avec l’augmentation du nombre d’ouvriers et le développement des luttes de cette classe alors que les frontières entre classes se précisent plus nettement dans la société, et que la petite-bourgeoisie se décompose, les tâches socialistes des forces communistes prennent une certaine importance.

Malgré cela, une telle situation n’opère pas de changement fondamental dans la stratégie et la tactique de la lutte armée en ville et à la campagne, et le terrain principal de la lutte armée reste toujours la campagne. Mais il ne faut pas oublier que sans la présence active de l’avant-garde armée en ville, et son lien étroit avec le prolétariat, il est impossible de diriger les luttes de cette classe, d’influencer celles de la petite-bourgeoisie de gauche et radicale, de renforcer et développer le combat armé.

Afin que le régime répressif ne puisse empêcher les luttes populaires, et pour déjouer les complots de l’impérialisme qui consistent à changer ses pions par des coups d’Etat et autres, l’intensification de la lutte armée et son extension dans tout le pays ont une importance déterminante.

C’est dans de telles conditions qu’il devient de plus en plus nécessaire de développer différentes formes de lutte autour et au service de la lutte armée. Tout ceci influence le processus révolutionnaire, renforce l’hégémonie du prolétariat et prépare les bases de la transition au socialisme. Tout programme ou analyse autre que ceux-ci, malgré toutes les prétentions, non seulement ne mèneront pas à la victoire de la révolution, mais falsifieront son contenu et son orientation et perpétueront la domination impérialiste sur la société.

Nous déduisons de ce qui vient d’être dit, que la conquête du pouvoir politique dans la société n’est autre qu’exproprier les impérialistes et la bourgeoisie compradore de tous leurs biens et richesses. Car, vu la disparition de la bourgeoisie nationale, la part du capital national dans l’ensemble des capitaux est vraiment insignifiante. Les principales sources de capital dans les différents secteurs économiques et financiers comme le pétrole, la métallurgie, les autres industries et les mines, les banques, le commerce extérieur, la marine marchande, les industries de montage, les routes et chemins de fer, la navigation aérienne, les eaux, forêts et pâturages, bref l’ensemble de la vie économique de la société iranienne est concentré entre les mains de la bourgeoisie compradore, c’est-à-dire l’impérialisme (soit directement par l’Etat, soit par le secteur privé). Nous ne tenons pas compte des petits producteurs, qui n’ont aucune importance vis-à-vis du capital impérialiste.

Vu la concentration des divers secteur économiques entre les mains de la bourgeoisie compradore, l’expropriation des capitaux impérialistes est synonyme de confiscation de toutes les industries et grandes branches productives iraniennes par l’Etat dans lequel le prolétariat joue un rôle déterminant. Indépendamment du nom que l’on donnera à cet Etat, il ne sera rien d’autre que la dictature du prolétariat dans son contenu et ses objectifs. C’est pourquoi la révolution démocratique en Iran a un caractère socialiste.

Les tâches urgentes des marxistes-léninistes iraniens

Après cet exposé, nous pouvons définir les tâches urgentes des marxistes-léninistes Iraniens. Les tâches Inhérentes à chaque étape de la lutte sont définies sur la base de la situation politique et économique générale de la société, l’étape de la révolution, la composition des forces et la situation de la classe ouvrière. Il est clair que ces conditions sont en relation dialectique avec la situation de la lutte des classes à l’échelle mondiale. La lutte anti-capitaliste et anti-impérialiste s’effectue à l’échelle Internationale. Partout où un maillon de la chaîne Impérialiste se détache, dans la même mesure, les conditions de la victoire de la révolution mondiale s’améliorent.

C’est pourquoi, outre leurs lourdes tâches concernant la lutte des classes en Iran, les marxistes-léninistes iraniens ont des devoirs et des responsabilités importants par rapport aux luttes internationales du prolétariat et des forces révolutionnaires marxistes-léninistes. Plus particulièrement les luttes anti-impérialistes des peuples arabes, palestiniens et turcs comportent de nombreux points communs avec les luttes anti-impérialistes des peuples iraniens.

A l’heure actuelle, en raison du rôle important que joue l’Iran dans l’ensemble des maillons impérialistes de la région, et le rôle et les tâches contre-révolutionnaires du régime de la République Islamique d’Iran consistant à dévier les mouvements populaires des pays du Golfe et du Liban, l’Iran demeure l’une des bases principales de la contre-révolution dans cette région. Pour cette raison, les luttes révolutionnaires en Iran sont étroitement liées aux luttes révolutionnaires des peuples et du prolétariat de la région du Golfe et du Moyen-Orient.

D’autre part, la solidarité des communistes iraniens avec le prolétariat et les forces révolutionnaires des métropoles, en raison de l’importance de la lutte menée par ces derniers au cœur de l’impérialisme, doit être sérieusement prise en compte, sinon, la lutte de classe en Iran comportera des lacunes irréparables.

Pour pouvoir répondre aux tâches nationales et internationalistes des marxistes-léninistes iraniens, nous avons d’abord besoin d’une organisation révolutionnaire prolétarienne. Tant qu’une telle organisation nous fera défaut, aucune des tâches et aucun des programmes des marxistes-léninistes n’iront plus loin que de simples paroles et prétentions. Cela fait de nombreuses années, depuis que l’O.G.F.P.I. s’est déviée des principes du marxisme-léninisme pour tomber dans le révisionnisme et la trahison, que le mouvement communiste et anti-impérialiste iranien est dépourvu d’une organisation prolétarienne d’avant-garde.

Le mouvement se débat dans la dispersion, la confusion et les diverses déviations révisionnistes. La tâche des marxistes-léninistes iraniens consiste à essayer de créer une organisation d’avant-garde politico-militaire à l’échelle nationale, tout en participant aux luttes ouvrières et anti-impérialistes afin d’orienter ces luttes. Outre les luttes pratiques dans divers secteurs sociaux, les noyaux et groupes marxistes-léninistes doivent intensifier la lutte idéologique et politique contre les déviations révisionnistes et les courants opportunistes. Cette lutte est d’une importance vitale pour fonder les bases d’une structure de pensée saine et mettre sur pied des rapports marxistes-léninistes.

Plus l’organisation révolutionnaire d’avant-garde est pourvue d’une solidité et d’une cohésion marxiste sur les plans politique et idéologique et sur le plan des rapports internes, plus sa vulnérabilité face aux déviations révisionnistes et aux rapports petit-bourgeois diminue. Un rapide survol de ce qui s’est passé jusqu’à présent dans le mouvement communiste iranien révèle le grand nombre et la gravité de ses points faibles sur ces plans. Les coups portés dernièrement par la réaction n’ont été efficaces qu’à cause de la faiblesse politique et idéologique du mouvement et de l’infiltration de la ligne politique opportuniste et révisionniste dans celui-ci.

Vu la situation générale du mouvement, la faiblesse et l’impuissance des organisations politiques et la domination de l’opportunisme et du révisionnisme sur la plupart d’entre elles, la lutte politique et idéologique contre les déviations bourgeoises et petites-bourgeoises sous toutes les formes et tous les contenus, spécialement parmi les organisations de lutte armée, la rénovation révolutionnaire d’un grand nombre de concepts politiques, sociaux, idéologiques et organisationnels sont absolument nécessaires et inévitables.

La création de l’organisation d’avant-garde du prolétariat, capable de mobiliser, organiser, et diriger les travailleurs et le prolétariat à leur tête, contre l’impérialisme et ses valets, et de briser l’armée impérialiste et les autres leviers répressifs par la formation de l’armée populaire, n’est possible qu’à travers une lutte sérieuse contre les déviations révisionnistes et opportunistes et leur dénonciation.

La lutte contre l’impérialisme et ses valets est indissociable de la lutte contre le révisionnisme et les autres déviations opportunistes.

En même temps, le développement et l’élargissement des luttes ouvrières durant ces dernières années et l’intensification de la décomposition de la petite-bourgeoisie qui provoque l’absorption de certains secteurs de cette couche par la contre-révolution, gonflant ainsi les rangs de la petite-bourgeoisie dépendante, a d’un côté précisé le contenu de la lutte de classe, et d’un autre côté, le rôle du prolétariat iranien est devenu beaucoup plus déterminant que par le passé dans les évolutions sociales et politique et surtout dans le processus révolutionnaire18

Cette situation ainsi que la mobilité impressionnante du prolétariat iranien dans les luttes, protestations et grèves récentes, précisent beaucoup plus la tâche des marxistes-léninistes par rapport à la classe ouvrière, qui est d’influencer leurs luttes, élever leur niveau politique et relier ces luttes à celles de l’avant-garde dans le but de renverser le régime dépendant de l’impérialisme.

En ce qui concerne la solidarité prolétarienne à l’échelle internationale, les marxistes-léninistes iraniens doivent œuvrer pour instaurer ou resserrer leurs liens avec les marxistes-léninistes des autres pays, sur le plan théorique et pratique et œuvrer pour la formation d’une internationale communiste.

Les analyses et positions énoncées dans ce texte représentent les lignes générales de notre pensée sur les problèmes politiques, sociaux, de la lutte des classes et de la révolution. Nous avons essayé ici de répondre dans la limite de nos moyens à une série de problèmes importants concernant la lutte de classe. Malgré cela, en raison de la complexité de la situation iranienne et internationale, et de la lutte de classe dans les conditions actuelles, nous avouons que beaucoup de points et de problèmes doivent être expliqués et analysés de manière beaucoup plus concise et plus poussée. Beaucoup d’autres problèmes ne se poseront ou n’obtiendront de réponse que dans la pratique révolutionnaire et dans le processus de la lutte des classes.

Donc, notre tâche principale en tant que courant marxiste-léniniste, est d’agir dans le but de porter des réponses aux problèmes posés ci-dessus. Il est évident que nous ne nous sentons pas seuls dans cette entreprise. Avec nous, beaucoup d’autres forces et individus, communistes véritables, se trouvent face aux mêmes problèmes à l’échelle nationale ou internationale et œuvrent pour leur résolution.

militants du nouveau mouvement communiste Iranien
septembre 1985

 

 

  1. En raison de l’importance que revêt la méthodologie marxiste dans la lutte des classes, nous avons jugé nécessaire d’approfondir un peu ce sujet, de l’expliquer dans le processus des luttes historiques du prolétariat. Brièvement, la méthodologie marxiste-léniniste est le système complet de règles et principes qui régissent les conditions pour la réalisation des intérêts historiques du prolétariat. La méthodologie marxiste-léniniste est la méthode qui sert à connaître la réalité afin de la transformer. Du point de vue marxiste-léniniste, l’unité entre la théorie et la pratique découle de cette nécessité.

    Suivant les conditions concrètes de chaque époque, la méthodologie marxiste-léniniste sert à définir les intérêts historiques du prolétariat dans la théorie et dans la pratique et à préparer les conditions de leur réalisation. Donc, la justesse du programme, de la politique et de la pratique d’une organisation politique qui prétend défendre les intérêts du prolétariat est jugée en fonction de la réponse apportée à ce problème fondamental du marxisme. C’est là que réside la créativité du marxisme-léninisme (en tant que science de l’émancipation du prolétariat) dans les domaines de la perception philosophique, l’analyse économique et la méthode de combat visant à transformer la réalité.

    Les activités théoriques et pratiques de Marx, Engels, Lénine … au cours de leur vie sont les meilleurs exemples de l’emploi de cette méthodologie scientifique. Leurs scissions ou unions avec divers courants, avant et après la formation des Première, Deuxième et Troisième Internationales étaient constamment basées sur les intérêts généraux et particuliers du prolétariat. Durant toutes ces périodes, leur ligne, leur politique et leur pratique ne furent qu’au service de la réalisation des objectifs proches ou lointains de cette classe. Lorsque la IIème Internationale amorça son déclin et que les partis qui la composaient se servirent de l’influence qu’ils exerçaient sur le mouvement ouvrier européen pour le pousser à suivre la bourgeoisie impérialiste, c’est en s’appuyant sur la méthodologie marxiste que Lénine se consacra à une lutte sérieuse et déterminée contre les thèses réformistes et conciliatrices des dirigeants de la IIème Internationale (Kautsky, Bernstein,… ).

    Entre l’époque de Marx et d’Engels et celle de Lénine s’étale toute une période de domination totale de l’opportunisme et du révisionnisme où la méthodologie marxiste fut totalement écartée. Le rôle historique de Lénine consiste à avoir dénoncé la nature bourgeoise des analyses et conclusions des dirigeants révisionnistes de la IIème Internationale en renouant avec la méthodologie scientifique. Et ce fut grâce à cette lutte que les thèses et principes révolutionnaires retrouvèrent leur éclat et leur créativité. A cette époque, le mouvement ouvrier était en crise et les communistes dirigés par Lénine tentaient de libérer le mouvement ouvrier et communiste de la chape de domination du révisionnisme. On peut résumer ainsi les caractéristiques de la crise à cette époque : l’analyse faite de l’impérialisme était conciliatrice et au service des intérêts du capitalisme.

    La lutte de classe était vidée de tout contenu révolutionnaire et transformée en conciliation de classe. La forme et le contenu de l’organisation ainsi que le type de la lutte de la classe ouvrière étaient strictement légaux et ne dépassaient pas le cadre des problèmes économiques de cette classe, avec une orientation réformiste. La révolution prolétarienne et la dictature du prolétariat étaient complètement reniées. La propagande prônait la réalisation du socialisme sur la base du développement progressif des forces productives, de l’augmentation du nombre de cadres techniques et culturels dans la société, sans aucune forme de violence par une transition pacifique.

    Les dirigeants opportunistes de la IIème Internationale prêchaient les luttes parlementaires et la participation aux élections comme les formes de lutte principales du prolétariat contre la bourgeoisie. Naturellement, la structure et la qualité du Parti, ses objectifs et ses relations internes aussi étaient déterminés par le contenu, la politique et la ligne opportunistes qui dominaient alors le mouvement ouvrier. Cette époque est marquée par les organisations bureaucratiques dépourvues de discipline et de mobilité révolutionnaires, des organisations qui freinaient la lutte.

    La valeur et l’importance historiques du léninisme résident justement dans la lutte contre ces déviations et ces thèses conciliatrices. En réalité, le léninisme est le développement du marxisme dans la lutte contre la domination du révisionnisme, de l’économisme et du réformisme sur le mouvement ouvrier au stade du passage du capitalisme à l’impérialisme.

    Le léninisme, c’est l’analyse des contradictions et des transformations du capitalisme à ce stade, et enfin, le léninisme, c’est la lutte politique, théorique et pratique contre les opportunismes de gauche et de droite dans le mouvement ouvrier et communiste. Le léninisme a prouvé dans sa théorie et sa pratique déjà longues, que dans la période du capitalisme, seules la violence, la lutte directe des masses prolétariennes et le combat armé permettent au prolétariat de conquérir le pouvoir politique.

    Le léninisme en tant que développement du marxisme, est l’ensemble des méthodes qui réussirent, dans les domaines de la théorie et de la pratique, à travers la dénonciation des thèses réformistes de la IIème Internationale dans le feu de la lutte révolutionnaire des masses et de la pratique vivante, à mettre un terme à la dissociation entre la théorie et la pratique révolutionnaires et à amener le mouvement communiste et ouvrier international à faire un bond en avant.

    Par conséquent, le léninisme c’est le renouvellement de la structure et des relations internes bureaucratiques des partis et des activités organisationnelles, leur remplacement par de nouvelles méthodes, révolutionnaires, en éduquant et en préparant les masses pour une transformation fondamentale de la société. On peut observer clairement les résultats de la mise en œuvre de la méthodologie léniniste dans la Révolution d’Octobre et la conquête du pouvoir politique par les bolcheviks russes, démontrant que le léninisme et sa méthodologie, c’est la victoire du marxisme sur le révisionnisme et l’économisme qui régnaient sur la IIème Internationale, c’est l’évolution du marxisme dans les nouvelles conditions de la transition du capitalisme à l’impérialisme.

    Les travaux et acquis théoriques, organisationnels et pratiques de Lénine dans cette période, et surtout son œuvre brillante « L’impérialisme, stade suprême du capitalisme », visaient précisément à décrire scientifiquement le nouveau stade de développement du capitalisme, dénoncer, les thèses révisionnistes des dirigeants de la IIème Internationale et définir le programme d’action du prolétariat pour la conquête du pouvoir politique. L’importance de la théorie dans le marxisme et son lien indissoluble avec la lutte de classe et les activités pratiques du prolétariat ayant pour but de renverser le système capitaliste, sont judicieusement tracés dans ce livre.

    La victoire de la Révolution d’Octobre a confirmé la valeur universelle de la théorie et de la pratique léninistes. Du point de vue de la méthodologie marxiste-léniniste, la Révolution d’Octobre et la conquête du pouvoir politique en Russie qui constituaient un pas en avant pour la révolution mondiale prolétarienne, n’étaient que le début d’un mouvement historique qui devait continuer et se compléter avec les révolutions prolétariennes dans les autres pays du monde.

    En d’autres termes, la sauvegarde et la consolidation des acquis de la révolution prolétarienne russe, n’étaient possibles qu’au moyen de la continuation de la révolution et de l’émancipation du prolétariat dans les autres pays et ceci n’est rien d’autre que l’expression du caractère universel de la révolution prolétarienne. C’est sur la base de ce principe, c’est-à-dire le caractère mondial de la révolution prolétarienne, qu’en 1918, au cours des victoires successives de la Révolution russe, Lénine proposa la formation d’une armée de trois millions de membres pour aider la révolution mondiale. La formation du Komintern en tant que parti international de la révolution prolétarienne en est un autre résultat.

    D’autre part, les conditions mondiales succédant à la Révolution d’Octobre ont provoqué des changements importants dans le processus de la lutte de classe. Dans de nombreuses colonies, les mouvements de libération et les révolutions démocratiques des peuples opprimés prirent progressivement une certaine ampleur dans la lutte contre le système mondial impérialiste. Cette nouvelle situation était l’expression d’un lien logique entre le mouvement prolétarien des pays capitalistes avancés et les mouvements de libération nationale des colonies. Ainsi, le prolétariat trouva un nouveau facteur à ses côtés dans sa lutte anti-capitaliste.

    Naturellement, vu les caractéristiques du stade impérialiste et la nécessité de la transition au socialisme, ce nouveau facteur devait prendre une orientation et un contenu adaptés aux luttes révolutionnaires du prolétariat contre la bourgeoisie. C’est pourquoi Lénine considère que les mouvements de libération des peuples sont une partie importante de la révolution mondiale. Il explique ainsi le rôle révolutionnaire des masses opprimées des colonies à l’égard du mouvement révolutionnaire du prolétariat dans les pays capitalistes : « Le mouvement révolutionnaire des pays avancés ne serait, en fait, qu’une simple duperie sans l’union complète et la plus étroite, dans la lutte, des ouvriers en Europe et en Amérique contre le capital et des centaines de millions d’esclaves « coloniaux » opprimés par ce capital » (Lénine, IIème Congrès de l’Internationale Communiste, Œuvres, tome 31).

    Quant à savoir jusqu’à quel point la méthodologie marxiste-léniniste a été prise en compte dans la défense révolutionnaire des intérêts du prolétariat dans les étapes suivantes de la lutte, et plus particulièrement à partir des années 1930, il est nécessaire d’effectuer une analyse poussée et globale des événements et évolutions survenus dans le mouvement communiste international après la mort de Lénine en 1924. Nous essayerons dans cette brochure d’en donner un bref aperçu dans la mesure de nos connaissances actuelles.

  2. Tous les événements mondiaux tendent à prouver que le processus de préparation de la guerre impérialiste a commencé depuis longtemps et qu’à l’heure actuelle, les puissances impérialistes d’Est et d’Ouest, avec à leur tête les Etats-Unis et l’Union Soviétique, tentent de réduire leurs crises économique, financière et politique en attisant les guerres régionales. Les principales scènes d’affrontement entre ces deux puissances sont actuellement le Moyen-Orient (Liban), la région du Golfe (guerre Iran/Irak), l’Asie du Sud-Est (Viêt-Nam/Cambodge). Mais le caractère propre à ces guerres régionales et leurs limites par rapport aux besoins gigantesques du Capital, leur défère un rôle provisoire de préparation de l’affrontement final entre les impérialistes. On peut remarquer dès à présent les impasses de ces guerres.
  3. Le cadre et les objectifs de ce texte ne nous permettent pas de traiter ici de manière exhaustive les problèmes et les déviations du mouvement communiste et surtout du Komintern. Mais vu son importance, nous nous y consacrerons plus tard. Car nous croyons que sans une analyse sérieuse des causes de la faiblesse du mouvement communiste international, nous serons incapables de surmonter les obstacles qui se présentent sur son chemin.
  4. Les thèses, analyses et positions énoncées au cours du VIIème Congrès du Komintern (1935) ne sont que les reflets de cette déviation. Le résultat pratique des thèses de ce congrès – le dernier du Komintern – était de tout axer autour du « Front Unique Anti-Fasciste ». La constitution de ce front contre le fascisme allemand avait des causes précises et découlait d’une nécessité. Mais, en raison d’une conception erronée de ce que devaient être le contenu et les finalités de ce front, non seulement celui-ci ne joua pas son rôle dans le développement des luttes révolutionnaires contre le Capital, mais dans la majorité des cas, ces luttes furent reléguées au second plan face aux intérêts de l’U.R.S.S. dans ses relations avec les pays impérialistes.
  5. Malgré ceci, on pourrait nous demander pourquoi nous insistons encore sur le terme de la révolution « démocratique et anti-impérialiste » et évitons d’employer le terme de « révolution socialiste ». Nous attirons l’attention sur la contradiction principale de la société (Peuple/ impérialisme) qui est le résultat de la domination politique et économique sur la société. Cette domination défère une particularité à la composition des classes révolutionnaires. Outre la classe ouvrière, les couches inférieures de la petite-bourgeoisie qui représentent une force importante dans les villes et les campagnes, sont aussi soumises à la pression économique et politique.

    Le prolétariat ne sera donc pas à même de renverser la domination impérialiste et la domination du Capital sans la mobilisation de cette large couche dans la lutte anti-impérialiste. Le prolétariat doit pouvoir diriger cette couche dans la lutte anti-impérialiste, dans le cadre d’une politique et d’un programme précis et la pousser progressivement à accepter son programme et sa politique, dans cette révolution. C’est pourquoi le camarade Ahmad-Zâdeh parle précisément d’une révolution qui commence avec les mots d’ordre et les programmes les plus populaires et les plus généraux : « Au cours de cette lutte longue et difficile, les masses se prolétarisent de plus en plus sous la direction de l’avant-garde prolétarienne, acquièrent une foi de plus en plus grande dans leurs dirigeants, la lutte anti-impérialiste se transforme en lutte anti-capitaliste. La lutte contre l’expropriation impérialiste se transforme en expropriation socialiste »

  6. Le fait qu’à l’époque de l’impérialisme, le processus général de la révolution prolétarienne mondiale est un processus de révolution permanente par étapes a été souvent falsifié au sein du mouvement communiste international. Lénine nous apprend que le développement inégal du mode de production capitaliste a provoqué une division entre un petit nombre de pays impérialistes où le développement capitaliste s’est effectué d’une manière particulière, et un grand nombre de nations opprimées, pillées et exploitées par l’impérialisme.

    Cette différenciation maintient les pays dominés dans un état d’arriération sociale et de dépendance politique et économique à l’égard de l’impérialisme. D’autre part, le développement inégal de la production capitaliste offre la possibilité de la victoire de la révolution prolétarienne par étapes et la conquête du pouvoir politique par le prolétariat, d’abord dans un ou plusieurs pays en même temps. Mais, même en cas de conquête du pouvoir politique par le prolétariat dans un pays, on ne peut pas encore parler de la victoire complète de la révolution prolétarienne. Celle-ci doit traverser un processus complexe à caractère international.

    Ce principe marxiste a toujours été souligné dans les documents du mouvement communiste international. Par exemple, la relation entre la révolution russe et la révolution mondiale prolétarienne a été clairement exprimée dans les résolutions du IVème Congrès du Komintern : « La révolution prolétarienne ne pourra jamais vaincre à l’intérieur d’un seul pays, mais dans le cadre international, en tant que révolution prolétarienne mondiale » (Résolution sur la Révolution russe, IVème Congrès de l’Internationale Communiste).

  7. Ce problème a été souvent constaté dans les organisations opposées au parti Toudeh et semble apparemment être assez mystérieux. En effet, tout en s’opposant « résolument » au parti Toudeh et à l’U.R.S.S., la part de ces organisations se sont transformées officiellement après quelque temps, en satellites de ce parti ou de l’U.R.S.S., ou alors ont adopté les mêmes méthodes et objectifs sous de nouveaux noms. Pour cette raison, il est extrêmement important pour le mouvement iranien d’être vigilant sur cette question.

    De notre côté, nous ns conclu après l’étude de ce phénomène que, plutôt que de s’opposer aux thèses, contenus et méthodes du parti Toudeh, les détracteurs de celui-ci s’opposent surtout à son image exécrable et répulsive. Ils ne pensent pas que le Parti Toudeh fait partie d’un système mondial qui ronge le mouvement communiste de l’intérieur depuis des années et qui a transformé un grand nombre des partis appartenant à ce mouvement en satellites de la bourgeoisie. La vérité est que le parti Toudeh, comme tout autre parti révisionniste, trouve ses racines dans les thèses les analyses opportunistes et déviationnistes qui ont dominé le Komintern durant les dernières années de son activité, mais avec un enduit obscène qui provient de son indigence !

    Tant qu’un courant politique n’aura pas défini sa position par rapport à cette période de l’histoire du mouvement communiste, qu’il s’opposera au parti Toudeh tout en faisant siennes les thèses et les analyses déviationnistes du VIIème Congrès du Komintern, il œuvrera, consciemment ou non, dans le sens de la reproduction de la ligne, de la politique et de la culture propres au parti Toudeh. La seule opposition à ce parti est donc loin d’être suffisante. Elle doit s’accompagner d’une prise de position à l’encontre des thèses et de la ligne politique déviationnistes du Komintern. Autrement, le parti Toudeh ressurgira toujours sous une nouvelle forme et un autre nom.

  8. Nous nous pencherons dans d’autres textes sur la nature révisionniste et la position réformiste et conciliatrice de ces groupes. Notre but se limite ici à tracer la situation politique de ces groupes qui se prétendent communistes.
  9. En réalité, il est déplacé de parler de « défaite » des organisations politiques au cours de l’insurrection de 1979 et après. Car ces organisations ne sont même pas entrées en lutte contre l’impérialisme et les régimes dépendants. La plupart d’entre elles ont non seulement fait une évaluation positive de la nature du régime, mais elles sont même allées jusqu’à soutenir moralement, matériellement et pratiquement le régime dépendant de l’impérialisme (la République Islamique) dans sa guerre contre l’Irak. Par conséquent, ce n’est pas dans la « lutte » qu’elles ont essuyé une défaite, mais ce fut leur ligne politique opportuniste qui les mena à une dérive totale, ébranlant par là toutes leurs illusions.
  10. Il est nécessaire de rappeler ici que des individus ou des courants révolutionnaires honnêtes, au sein du parti Toudeh ou en dehors de celui-ci, ont tenté de propager le marxisme-léninisme, et même, des groupes révolutionnaires se sont formés. Mais l’influence et l’emprise du parti Toudeh sur le climat politique de la société, ainsi que la faiblesse politique et idéologique de ces groupes furent autant d’obstacles au développement d’organisations révolutionnaires.
  11. Nous étions nous-mêmes membres ou sympathisants d’un groupe opportuniste qui se donne comme nom « Guérilléros Fedayins du Peuple Iranien » et qui propage des idées révisionnistes et étrangères au marxisme-léninisme sous le couvert de la « théorie de la lutte armée » et avons ressenti profondément, et subi, les dégâts causés par la pensée et les relations arriérées et petites-bourgeoises de ce groupe. Il suffit de rappeler qu’alors qu’ils prétendaient vouloir continuer la lutte armée et s’opposer aux usurpateurs du nom de l’O.G.F.P.I., avec le mot d’ordre : « Armer les masses », ces opportunistes non seulement n’ont pris aucune mesure à cet effet, mais ont inutilement dépensé tous les moyens et toutes les forces mobilisées autour de la ligne de la lutte armée.

    Comme si dès le début, ils n’avaient eu d’autre mission que bloquer et disperser les forces révolutionnaires. Et ils ne s’en sont pas privé. Le rôle joué par ces opportunistes dans le désarmement du peuple turkmène qui ouvrit la voie à la répression de ce peuple, est aujourd’hui connu de tous, alors qu’ils gardent toujours le silence et se refusent à toute explication, plus de deux ans après la révélation des faits (revue Socialisme et Révolution n4, septembre 1983). Encore plus clair est leur rôle dans la désintégration d’une organisation qui aurait pu jouer un rôle prépondérant dans le développement de la lutte des classes et l’extension de la lutte armée.

  12. Il ne faut pas conclure de ce raisonnement que la lutte armée doit ignorer les événements sociaux isolés. Nous voulons dire par là que ces événements à eux seuls ne définissent pas les tâches fondamentales et la pratique principale des communistes, mais complètent celle-ci. Mais lorsque la lutte ne s’effectue pas autour des tâches fondamentales du mouvement, les actions isolées – qui n’ont qu’un effet limité dans le temps – deviennent la pratique principale. C’est pourquoi, les actions isolées perdent leur signification historique et prennent un caractère spontané et économiste.
  13. Des bilans sérieux doivent être faits des causes et des racines des déviations, faiblesses politiques, organisationnelles et idéologiques de l’Organisation des Guérilléros Fedayins du Peuple Iranien, de 1971 jusqu’aux coups portés en 1976. Ici, nous faisons seulement brièvement allusion aux faiblesses de l’organisation durant ces années.
  14. Ici aussi, nous sommes obligés d’éviter une analyse complète et de nous limiter à quelques indications que nous essayerons d’argumenter. Autrement, malgré l’importance d’un débat économico-politique sur ces sujets, si nous nous étendons sur ce terrain, ce texte perdra sa finalité qui est d’être un manifeste politique et idéologique. Nous tâcherons de nous étendre ultérieurement sur ces sujets.
  15. Les chiffres suivants montrent l’importance du transfert de profits vers les pays impérialistes : Le profit obtenu des investissements des monopoles américains en 1982 et transféré aux Etats-Unis est d’un rapport de 1,4 dollars de profit pour 1 dollar d’investissement. Dans la même année, le profit obtenu des investissements dans les pays dominés était dans la proportion de 4,5 dollars pour 1 dollar. C’est-à-dire que chaque dollar américain investi dans les pays dominés a rapporté un profit de 4,5 dollars aux Etats-Unis.
  16. Nous avons affaire ici à la qualité et au fonctionnement d’une organisation révolutionnaire prolétarienne. C’est pourquoi nous ne faisons pas de distinction entre organisation politico-militaire et parti. Le « nom » ou le « titre » ne sont pas importants ici. L’important, c’est le contenu et les tâches que s’est fixés une organisation révolutionnaire. A notre avis, c’est l’évolution d’une organisation politico-militaire, lorsqu’elle est capable de résoudre les problèmes tactiques et stratégiques du mouvement, d’exprimer la volonté et la ligne prolétariennes dans la pratique sociale et les luttes de classe et d’acquérir ainsi une influence directe sur le mouvement populaire et la classe ouvrière, qui en fera – qualitativement et du point de vue des tâches politiques et pratiques – un parti, même si elle porte encore le nom d’« organisation ». Avant d’insister sur les termes parti ou organisation, nous insistons sur leur caractère politico-militaire, que nous considérons comme l’un des caractères de tout groupe communiste dans la situation actuelle.
  17. Il est vrai que le problème de toute révolution est la conquête du pouvoir politique, mais elle n’est pas en soi l’objectif de la révolution. L’objectif et le contenu de la révolution ou autrement dit de la conquête du pouvoir politique, comportent deux aspects indissociables : l’aspect social et l’aspect politique.
  18. C’est cela qui pousse les forces centristes, et plus particulièrement des secteurs de la petite-bourgeoisie, à réagir violemment contre les forces communistes. En raison du développement de la lutte des classes et des changements survenus dans la composition de classe de la société qui élèvent le rôle du prolétariat au niveau de la classe unique qui détermine le destin de la révolution, les forces de droite et centristes de la petite-bourgeoisie ne sont plus capables, comme par le passé, de cacher leur véritable nature derrière des mots d’ordre généraux. Elles sont donc obligées de se dissocier du communisme et des communistes.

    En même temps, une telle évolution au sein des diverses couches de la petite-bourgeoisie intensifie naturellement et inévitablement les contradictions entre ses secteurs radicaux et ses courants de droite. Dans une telle situation, si un groupe communiste puissant existe dans la société, une grande partie de la petite-bourgeoisie radicale tend vers les communistes. La situation actuelle de l’Organisation des Moujahedins du Peuple Iranien en est le meilleur exemple. Elle montre parfaitement comment, lorsque s’intensifie la lutte des classes, les secteurs de droite de la petite-bourgeoisie optent pour une politique réactionnaire et le rapprochement avec l’impérialisme.

    Si de nombreux militants de base de cette organisation ne l’ont pas encore quittée pour rejoindre les groupes communistes, c’est dû uniquement à l’absence d’une alternative communiste puissante dans la société.


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