NATURALISME. En philosophie, tentative d’expliquer le développement de la société par les lois de la nature (conditions climatiques milieu géographique, particularités biologiques et raciales des hommes, etc.).

Le naturalisme s’apparente à l’anthropologisme (V.), qui, lui non plus, n’aperçoit pas les lois spécifiques qui régissent la vie sociale Le naturalisme philosophique joua au XVIIe et au XVIIIe siècle un rôle positif dans la lutte contre le spiritualisme (V.) ; par la suite, il dégénéra en une doctrine idéaliste réactionnaire.

On peut assimiler à cette doctrine le malthusianisme (V.), le système organique de Spencer (V.), les diverses théories des « darwinistes sociaux » (tentative d’expliquer le développement de la société par les causes qui déterminent l’évolution des espèces organiques), etc.

Dans l’art, le naturalisme signifie la reproduction grossière simpliste de la réalité, la confusion de l’essentiel et du secondaire, une attention exagérée accordée aux détails, etc.

NATURE. La matière dans toute la diversité de ses manifestations et des formes de son mouvement. L’unité de la nature (du monde) consiste dans sa matérialité.

L’explication scientifique des phénomènes de la nature n’a besoin de recourir à aucune cause extérieure, spirituelle, divine ou autre. « La conception matérialiste de la nature ne signifie rien d’autre qu’une simple intelligence de la nature telle qu’elle se présente, sans adjonction étrangère… » (Engels : « Dialectique de la nature », P. 1952 p. 198).

Les idéalistes déclarent que la nature est une manifestation de la conscience.

D’après Kant, seul l’entendement humain met de l’ordre et de la régularité dans le chaos des phénomènes qui nous entourent.

Pour Hegel la nature est une forme d’existence de l’esprit, pour Mach, le complexe des sensations d’un sujet, etc. Or, la nature est une réalité objective qui existe en dehors et indépendamment de la conscience.

La nature est en développement perpétuel, elle n’a ni commencement, ni fin dans le temps et dans l’espace. La matière inorganique a donné naissance à la vie organique, à la matière douée de sensibilité.

L’homme est une partie de la nature, son produit supérieur. Grâce à la découverte des lois objectives de la nature, grâce aux instruments de production qu’il fabrique, l’homme agit sur la nature la transforme, la maîtrise. Du XVIe au XVIIIe siècle, régnait dans la science l’idée de l’immutabilité de la nature.

Le matérialisme dialectique marque le triomphe de la conception historique de la nature, considérée sous l’angle de son mouvement et de son développement.

NECESSITE ET HASARD. Catégories philosophiques d’une grande importance pour la compréhension du caractère des processus qui s’opèrent dans le monde objectif. La philosophie prémarxiste avait déjà posé la question de savoir ce qui règne dans la nature et la société : la nécessité ou le hasard.

Mais la philosophie idéaliste et métaphysique n’était pas en mesure de trancher ce problème. Certaines écoles philosophiques prétendaient que les phénomènes de la nature sont nécessaires, niaient absolument la contingence et identifiaient la nécessité au fatalisme (V).

D’autres proclamaient le caractère purement fortuit de tout ce qui se produit dans la nature et la société, et niaient la nécessité. Même si elles reconnaissaient la nécessité, les écoles idéalistes la faisaient dériver de forces immatérielles, de la volonté divine, de l’« idée absolue », etc.

Seul le matérialisme dialectique a pu résoudre scientifiquement ce problème.

Selon le matérialisme dialectique, c’est la nécessité qui règne dans la nature et la société, et non le hasard. Par exemple, la succession du jour et de la nuit, la rotation de la Terre et des autres planètes autour du Soleil, l’évolution des espèces organiques… bref, tous les phénomènes essentiels du monde objectif sont nécessaires, c’est-à-dire déterminés par les lois objectives de la nature, de l’évolution.

Il en est de même dans l’histoire de la société : la succession des formations sociales, le changement du caractère de la superstructure avec le changement de la base économique, la lutte de classe et les révolutions dans une société antagonique, tout cela est nécessaire et non accidentel.

Par nécessité le matérialisme dialectique entend tout ce qui a sa cause dans l’essence même des phénomènes et processus, découle des connexions internes des choses, de leurs rapports, et ne peut être autre dans ses traits essentiels. Le matérialisme dialectique admet le caractère objectif de la nécessité c’est-à-dire l’existence de la nécessité dans la nature et la société, en dehors et indépendamment delà conscience et de la volonté humaines.

D’autre part, le matérialisme dialectique ne nie pas le hasard par lequel il entend ce qui a sa cause non en soi, mais en autre chose, ce qui découle non des connexions internes et des rapports des objets mais de causes accessoires ce qui peut se produire de telle ou telle façon ce qui peut être ou ne pas être.

Ainsi, une graine donne nécessairement naissance à une plante si elle se trouve dans des conditions favorables. Mais cette plante peut ne pas mûrir, la grêle peut anéantir les jeunes pousses.

Par rapport à la croissance de la plante, la grêle est un fait accidentel ; si elle n’avait pas frappé la plante, celle-ci aurait pu mûrir. Le hasard a lui aussi un caractère objectif. Le nier, expliquer le hasard par l’ignorance des causes comme le font les mécanistes, c’est commettre une grave erreur.

Les métaphysiciens envisagent le hasard et la nécessité comme deux notions qui s’excluent mutuellement. Le matérialisme dialectique soutient que la nécessité et la contingence s’enchaînent, que le fortuit n’est qu’une manifestation et un complément de la nécessité.

Les contingences dissimulent toujours une nécessité qui détermine le développement de la nature et de la société et que la science est appelée à dévoiler : « … partout où l’accidentel semble jouer à la surface, il est toujours régi par des lois internes cachées, et il ne s’agit que de les découvrir » (Engels : « Ludwig Feuerbach et la fin de la philosophie classique allemande », M. 1946, p. 53).

Par exemple, sur le marché capitaliste les prix oscillent en fonction de nombreuses causes fortuites. Mais à travers les fluctuations accidentelles des prix se manifeste nécessairement l’action de la loi de la valeur.

La connaissance n’est scientifique que si elle aborde les faits de la nature et de la société sous l’angle de leur nécessité. La connaissance ne peut se fonder sur l’accidentel. La science est ennemie de la contingence.

Elle cherche toujours les causes nécessaires des faits accidentels. La négation de la nécessité objective, du déterminisme ferme la voie à la connaissance scientifique, aboutit inévitablement à des représentations erronées selon lesquelles la nature et la société sont le règne du chaos et des contingences.

Par exemple, la doctrine mitchourinienne (V.) à l’opposé de la théorie du weismanisme-morganisme (V.) est une science authentique parce qu’elle révèle la nécessité, le déterminisme du développement des organismes et permet ainsi d’agir consciemment sur la nature, de la transformer à l’avantage de l’homme.

Le weismanisme-morganisme, qui accorde la priorité à l’accidentel, ne peut que désarmer l’homme en face de la nature. Mitchourine traitait de chercheurs insensés de trésors chimériques, ceux qui en agrobiologie s’appuyaient dans leurs travaux exclusivement sur les modifications fortuites de l’organisme.

La doctrine mitchourinienne est une science révolutionnaire fondée non sur les contingences mais sur l’application consciente des lois du développement de la nature vivante.

En règle générale la sociologie bourgeoise en appelle à l’accidentel quand elle veut expliquer la marche de l’histoire humaine.

Les intérêts de classe que défend la sociologie réactionnaire mettent celle-ci en contradiction irréductible avec la connaissance scientifique de la société, qui exige la découverte de la nécessité historique objective, du déterminisme objectif dans l’évolution sociale.

Le marxisme a été le premier dans l’histoire de la pensée humaine à déceler les lois objectives du développement de la société.

Dans la production capitaliste, basée sur la concurrence et l’anarchie, et où l’accidentel joue un rôle considérable, la nécessité, telle une force aveugle, se fraie un chemin à travers un amas de contingences.

Dans la société socialiste soviétique, fondée sur l’économie planifiée, la nécessité objective historique se dévoile et se réalise dans l’activité adéquate des hommes organisés par le parti communiste.

Ici, l’action des contingences dans la vie sociale se réduit au minimum ; les hommes se rendent maîtres des lois objectives du développement et ils agissent conformément à ces lois. Fort de la connaissance de la nécessité objective, des besoins oui mûrissent au cours du développement de la vie matérielle de la société soviétique, le parti communiste fixe les tâches pratiques et mobilise les masses pour les accomplir (V. également Loi ; Prévision scientifique.)


Revenir en haut de la page.