Michel Foucault est à la source d’un grand sabotage en France. Il a participé au premier rang à inoculer le poison de l’idéalisme à l’intérieur de la gauche, jouant le rôle supplétif de la contre révolution bourgeoise dans les années 1960-1970. Sa pensée, connue dans les milieux universitaires partout dans le monde, a irrigué les luttes sociales jusqu’à aujourd’hui avec l’hégémonie du post structuralisme, appelé aujourd’hui postmodernisme.
Ces mêmes idées sont communes à l’ensemble de la post-gauche, et lui ont fait glorifier la révolution islamique iranienne, suivant les événements de près et en rendant compte régulièrement, notamment sous forme de feuilleton dans le journal italien Il Corriere della Sera.
L’impact idéologique de Michel Foucault a été énorme en France par le biais de la sociologie et des universités américaines.
Il a été un membre phare de ce qu’on appelle la French Theory – la base du postmodernisme, élaboré aux États-Unis grâce à la lecture des philosophes structuralistes français (Derrida, Deleuze, Guattari, Foucault) – et ses idées ont permis de battre en brèche le mouvement ouvrier depuis l’intérieur même des luttes sociales.
Il est tellement central que, dans les milieux universitaires, que cela soit dans le domaine de la littérature, de la philosophie, de l’anthropologie, de la sociologie, il y a presque un concours à celui qui a le plus lu Foucault.
Issu d’une famille bourgeoise, il a entre 14 et 18 ans pendant l’occupation nazie et étudie au collège-lycée Saint-Stanislas, puis en classe préparatoire littéraire au lycée Henri IV de Poitiers.
Après la guerre, il suit un cursus de type grande école élitiste qui le mènera à enseigner la philosophie, en plus de jouer son rôle d’intellectuel dans la société et d’écrire des livres.
Il ne connaîtra donc pas, dans sa jeunesse, de besoin de changer les choses, puisque durant cette période souvent féconde en engagements, en radicalité et en contestation, ne ressort aucune activité politique.
Ce n’est qu’à la fin des années 1960 qu’il s’engage politiquement alors qu’il est âgé d’une quarantaine d’années.
D’abord en accompagnant la révolte étudiante de 1968 à Tunis, où il enseigne, puis en France.
Il y devient titulaire d’une chaire au Collège de France qu’il occupera pendant presque 15 ans tout en se joignant à certaines activités contestataires, notamment des maoïstes français, dans le sillage de la Gauche prolétarienne. Cela concerne essentiellement des luttes anticarcérales, avec les immigrés.
Il peut aisément se faire passer pour un ami de la classe ouvrière en traînant avec les maoïstes, tout en ne croyant pas du tout au rôle révolutionnaire de celle-ci, ni en la révolution, ni en l’Histoire.
Car son idéologie traduit en fait une peur de la Révolution, une peur des explications du monde totalisantes. Réfutant le matérialisme dialectique, il prône la découverte d’un sujet en résistance face à l’oppression. C’est là que la révolution iranienne en 1978-1979 va profondément l’inspirer, car il peut plaquer sa propre vision sur les événements en cours.
Dans les grandes lignes, on peut résumer la pensée de Michel Foucault comme suit.
1) Toute sa pensée se base sur l’idée que la modernité implique un pouvoir de type diffus à l’aide de normes, codes, lois qui régissent tous les aspects de la vie. Sa borne temporelle est le 18e siècle, à partir de quoi il y a l’essor des grandes nations, la tendance à l’unification, à l’uniformisation et la naissance des grandes idéologies (le libéralisme et ses dérivés, le marxisme, le fascisme…) qui proposent une vision globale du monde, une explication des choses et des phénomènes.
Il conteste la prétention à l’universel que cela implique. Sa vision rejoint celle de George Orwell (1984), Aldous Huxley (Le meilleur des mondes), Ayn Rand (Atlas Shrugged).
2) Il appelle biopolitique le pouvoir produit par un ordre social, un pouvoir non répressif, qui prend pour cible la vie de manière à la gérer, l’optimiser, la normaliser.
Il ne reconnaît pas que cela découle d’une domination de classe, pour lui il s’agit de structures (la classe, la famille, l’école, le travail, mais aussi d’individu à individu).
De cela découle une fascination pour ce qui sort de la norme (ou des normes) comme quelque chose de disruptif, de résistant au pouvoir.
On notera ici que Michel Foucault appelait boîte à outils ses écrits. C’est une allusion de sa part au club homosexuel sado-masochiste qu’il fréquentait à New York, le Tool box.
3) Michel Foucault utilise le terme de dénaturalisation pour qualifier un moyen de lutte proche de la déconstruction formulée par Derrida.
Selon eux il n’y a pas de nature, tout est construit par les structures sociales. La matière et ses lois ne sont pas reconnues, la société est perçue d’un point de vue idéaliste, il n’y a donc pas de cheminement historique, d’étapes, de progrès.
Partant de cela, ils récusent par exemple la philosophie des Lumières comme étant le produit de la pensée occidentale ; il en va de même naturellement du marxisme.
Les objectifs de raison, d’humanisme et de droits humains pour les Lumières, les luttes des classes et la révolution pour le marxisme, ne sont à leurs yeux que des constructions occidentales.
Quand on a saisi cela, on peut commencer à saisir les contours de pourquoi Michel Foucault s’est passionné la révolution islamique iranienne, qu’il décrit comme
« un mouvement qui ne se laisse pas disperser dans des choix politiques, un mouvement traversé par le souffle d’une religion qui parle moins de l’au-delà que de la transfiguration de ce monde-ci. »
La révolution iranienne est profondément anti-moderne, en proposant un retour mythique à l’islam, contre la libéralisation de l’Iran, sous influence américaine et européenne. C’est un pseudo anti-impérialisme porté par l’aspect religieux, identitaire.
Il y a malheureusement, en raison du poids du féodalisme, un énorme engouement populaire. On a donc une unité à la base qui se forme dans la critique de la modernité.
« Il est étonnant de voir ce pays immense, avec une population éparpillée autour de deux grands plateaux désertiques, ce pays qui a pu s’offrir les dernières sophistications de la technique à côté de formes de vie immobile depuis un millénaire, ce pays bridé par la censure et l’absence de libertés publiques et qui fait preuve malgré tout d’une si formidable unité.
C’est la même protestation, c’est la même volonté qui est exprimée par un médecin de Téhéran et un mollah de province, par un ouvrier du pétrole, par un employé des postes et par une étudiante sous le tchador.
Cette volonté a quelque chose de déconcertant. Il s’agit toujours d’une même chose, d’une seule et très précise : le départ du chah. Mais cette chose unique, pour le peuple iranien, cela veut dire tout : la fin de la dépendance, la disparition de la police, la redistribution du revenu pétrolier, la chasse à la corruption, la réactivation de l’islam, un autre mode de vie, de nouveaux rapports avec l’Occident, avec les pays arabes, avec l’Asie, etc. »
Michel Foucault, « Le chef mythique de la révolte de l’Iran », Corriere della sera, 26 novembre 1978.
L’Islam dans sa version chiiste serait en fait pour Michel Foucault un remède à la biopolitique, le cri de la créature opprimée (Marx) à prendre tel quel.
« « Que voulez-vous ? » C’est avec cette seule question que je me suis promené à Téhéran et à Qom dans les jours qui ont suivi immédiatement les émeutes.
Je me suis gardé de la poser aux professionnels de la politique ; j’ai préféré discuter longuement parfois avec des religieux, des étudiants, des intellectuels intéressés aux problèmes de l’islam ou, encore, avec de ces anciens guérilleros qui avaient abandonné la lutte armée en 1976 et avaient décidé de mener leur action sur un tout autre mode, à l’intérieur de la société traditionnelle.
« Que voulez-vous ? » Pendant tout mon séjour en Iran, je n’ai pas entendu une seule fois prononcer le mot « révolution ».
Mais quatre fois sur cinq, on m’a répondu : « Le gouvernement islamique. »
Ce n’était pas une surprise. L’ayatollah Khomeyni avait déjà fait cette réponse lapidaire à des journalistes ; il en était resté là.
Qu’est-ce que cela veut dire et précisément dans un pays comme l’Iran – pays à grosse majorité musulmane, mais pays non arabe et non sunnite, donc moins sensible qu’un autre au panislamisme ou au panarabisme ?
L’islam chiite, en effet, présente un certain nombre de traits susceptibles de donner à la volonté de « gouvernement islamique » une coloration particulière.
Absence de hiérarchie dans le clergé, indépendance des religieux les uns par rapport aux autres, mais dépendance (même financière) à l’égard de ceux qui les écoutent, importance de l’autorité purement spirituelle, rôle à la fois d’écho et de guide que doit jouer le clergé pour soutenir son influence – voilà pour l’organisation.
Et pour la doctrine, c’est le principe que la vérité n’a pas été parachevée par le sceau du dernier prophète ; après Mahomet commence un autre cycle de révélation, celui, inachevé, des imams qui, à travers leurs paroles, leur exemple et leur martyre aussi, portent une lumière, toujours la même et toujours changeante ; c’est elle qui permet d’éclairer, de l’intérieur, la loi, laquelle n’est pas faite seulement pour être conservée mais pour délivrer, au long du temps, le sens spirituel qu’elle recèle.
Même invisible avant son retour promis, le douzième imam n’est donc pas radicalement et fatalement absent : ce sont les hommes eux-mêmes qui le font revenir à mesure que les éclaire davantage la vérité à laquelle ils s’éveillent.
On dit souvent que, pour le chiisme, tout pouvoir est mauvais du moment qu’il n’est pas le pouvoir de l’imam.
Les choses, on le voit, sont beaucoup plus complexes.
L’ayatollah Chariat Madari me l’a dit, dès les premières minutes de notre entretien : « Nous attendons le retour de l’imam, ce qui ne veut pas dire que nous renoncions à la possibilité d’un bon gouvernement. Vous vous y efforcez aussi, vous autres chrétiens, qui attendez pourtant le jour du Jugement. »
Et comme pour mieux authentifier son propos, l’ayatollah, quand il m’a reçu, était entouré de plusieurs membres du comité pour les droits de l’homme en Iran.
Un fait doit être clair : par « gouvernement islamique », personne, en Iran, n’entend un régime politique dans lequel le clergé jouerait un rôle de direction ou d’encadrement.
L’expression m’a paru être employée pour désigner deux ordres de choses.
« Une utopie », m’ont dit certains sans nuance péjorative. « Un idéal », m’ont dit la plupart.
C’est en tout cas quelque chose de très vieux et aussi de très éloigné dans le futur : revenir à ce que fut l’islam au temps du Prophète ; mais aussi avancer vers un point lumineux et lointain où il serait possible de renouer avec une fidélité plutôt que de maintenir une obéissance.
Dans la recherche de cet idéal, la méfiance à l’égard du légalisme m’a paru essentielle, avec la foi en la créativité de l’islam. »
« À quoi rêvent les Iraniens ? », Le Nouvel Observateur, 16-22 octobre 1978
Ce qu’a vu Michel Foucault dans la révolution iranienne, c’est un peuple exprimant une rébellion envers un pouvoir allié à l’Occident, uni par une religion particulière. La place du chiisme, comme variante de l’Islam, dans l’idéalisation de la révolution iranienne par Michel Foucault est absolument capitale.
On peut voir ci-dessus, à travers certains des éléments mis en gras, que pour lui les chiites entretenaient principalement, voire uniquement, l’aspect mystique et n’insistaient pas, voire restaient sur leurs garde quant à la question de la loi, de l’ordre, de l’organisation sociale.
C’est pour cela que Michel Foucault insiste sur l’autonomie des imams (ceux qui prêchent proche du peuple) et l’autonomie de pensée de ceux qui les écoutent. On choisit son imam,
donc on est libre. Le pouvoir effectif dans la religion monothéiste, via le clergé ou le livre, serait ainsi désamorcé.
Et aussi, il y a l’idée que la mystique du chiisme renouvelle en permanence la production d’une
opposition au pouvoir par le biais de martyres en attendant le retour du 12e imam, qui s’est occulté il y a des siècles pour revenir sauver le monde.
Il rapporte de la manière suivante une entrevue avec l’ayatollah Chariat Madari dans l’article Téhéran : la foi contre le chah.
« Je n’ai même pas eu à lui demander si cette religion qui appelle tour à tour à la bataille et à la commémoration n’est pas au fond fascinée par la mort – plus préoccupée peut-être du martyre que de la victoire.
Je savais ce qu’il m’aurait répondu : « Ce qui vous préoccupe, vous autres Occidentaux, c’est la mort ; vous lui demandez de vous détacher de la vie ; elle vous enseigne le renoncement.
Nous, nous nous soucions des morts, car ils nous attachent à la vie ; nous leur tendons la main pour qu’ils nous lient au devoir permanent de justice. Ils nous parlent du droit et de la lutte qui le fait triompher. »
Vous savez la phrase qui fait ces temps-ci le plus ricaner les Iraniens ? Celle qui leur paraît la plus sotte, la plus plate, la plus occidentale ? « La religion, opium du peuple. »
Jusqu’à l’actuelle dynastie, les mollahs, sur les mosquées, prêchaient avec un fusil à leur côté. À 90 % les Iraniens sont chiites. Ils attendent le retour du douzième imam qui fera régner sur la terre l’ordre vrai de l’islam.
Mais cette croyance n’annonce pas chaque jour pour chaque lendemain le grand événement ; elle n’accepte pas non plus indéfiniment tous les longs malheurs du monde. »
On voit ici la portée populaire et sociale du chiisme, à travers la volonté de justice et de corriger l’Humanité en permanence. Le triomphe d’une révolution portée par le peuple et le chiisme portait donc, pour les tenants de cette lecture partielle du chiisme, l’assurance d’une révolution permanente et l’impossibilité d’une fixation idéologique contraignante.
En conséquence, Michel Foucault juge largement l’ésotérisme chiite comme une qualité supplémentaire dans un mouvement perpétuel de libération, en témoigne le mode répétitif du mouvement, à la manière d’une boucle.
La répétition ne fait pas peur, tant qu’elle est nimbée de la ferveur religieuse.
Il écrit au moment de la chute du régime du chah dans Une poudrière appelée islam, paru le 13 février 1979 :
« Il n’était pas besoin d’être voyant pour constater que la religion ne constituait pas une forme de compromis, mais bel et bien une force : celle qui pouvait faire soulever un peuple non seulement contre le souverain et sa police, mais contre tout un régime, tout un mode de vie, tout un monde.
Mais les choses, aujourd’hui, apparaissent assez clairement et permettent de retracer ce qu’il faut appeler la stratégie du mouvement religieux.
Les longues manifestations – sanglantes parfois, mais incessamment répétées – étaient autant d’actes juridiques et politiques à la fois qui privaient le chah de sa légitimité et le personnel politique de sa représentativité. »
Au fond, Michel Foucault pensait vraiment qu’une révolution islamique était le contre-pied de ce qu’avait produit l’Occident et pouvait amener un bouleversement au Moyen-Orient. Il évoque notamment la cause palestinienne en misant sur l’islamisme comme levier positif :
« Choix décisif pour ce mouvement qui est parvenu à un résultat infiniment rare au XXe siècle : un peuple sans armes qui se dresse tout entier et renverse de ses mains un régime « tout puissant ».
Mais son importance historique ne tiendra peut-être pas à sa conformité à un modèle « révolutionnaire » reconnu.
Il la devra plutôt à la possibilité qu’il aura de bouleverser les données politiques du Moyen-Orient, donc l’équilibre stratégique mondial.
Sa singularité qui a constitué jusqu’ici sa force risque bien de faire par la suite sa puissance d’expansion.
C’est bien, en effet, comme mouvement « islamique » qu’il peut incendier toute la région, renverser les régimes les plus instables et inquiéter les plus solides.
L’Islam – qui n’est pas simplement une religion, mais un mode de vie, une appartenance à une histoire et à une civilisation – risque de constituer une gigantesque poudrière, à l’échelle de centaines de millions d’hommes.
Depuis hier, tout État musulman peut être révolutionné de l’intérieur, à partir de ses traditions séculaires.
Et de fait : il faut bien reconnaître que la revendication des « justes droits du peuple palestinien » n’a guère soulevé les peuples arabes.
Qu’en serait-il si cette cause recevait le dynamisme d’un mouvement islamique, bien plus fort qu’une référence marxiste-léniniste ou maoïste ?
En retour : quelle vigueur recevrait le mouvement « religieux » de Khomeyni s’il proposait la libération de la Palestine comme objectif ? Le Jourdain ne coule plus très loin de l’Iran. »
Soulignons ici que son respect pour l’efficacité d’un mouvement sans armes sert encore une fois à disqualifier le principe de lutte armée défendu alors par la gauche révolutionnaire. Michel Foucault agit telle une cinquième colonne, tel un ultra révolutionnaire qui sert, en réalité, l’esprit de capitulation.
On est aussi très proche d’une position défendue aujourd’hui par La France Insoumise (LFI) et ses soutiens concernant le Hamas, mais aussi concernant les organisations islamistes en France.
L’islam est mis en avant à tout prix, comme quelque chose d’essentiellement rebelle car rigoureusement opprimé. On est dans la notion foucaldienne de structure entraînant obligatoirement la résistance.
Même passif, un musulman relèverait de la résistance simplement du fait d’exister, de ne pas rentrer dans la norme, dans la majorité. Cela s’applique d’ailleurs à toutes les minorités, les particularités, les exclus, mais toutes ne représentent pas un électorat potentiel de la même envergure, d’où la surexploitation de la figure arabo-musulmane dans l’imaginaire LFI.
La révolution iranienne prenait donc une forme qui correspondait aux attentes de Michel Foucault, celle-là même qui permettait de valider sa vision du monde, en concurrence avec l’idéologie communiste.
Michel Foucault ne tombe pas de nulle part, il s’inscrit dans la grande tradition qui a toujours existé depuis Marx et la naissance du mouvement ouvrier, émanant de la bourgeoisie, de manière masquée, de dire que le marxisme ne se suffit pas à lui-même.
Pour ce faire, des faux marxistes ou des marxisants puisent dans différentes théories philosophiques teintées d’idéalisme. Cela a donné de nombreuses synthèses du marxisme, et c’est notamment ce que dénonce Lénine dans Matérialisme et empiriocriticisme face à des tentatives de révision venant de l’intérieur du parti social-démocrate russe.
À notre époque, dans la gauche postmoderne, de nombreuses personnes se revendiquent à la fois du marxisme et à la fois de bien d’autres choses, tirées de théories universitaires bourgeoises. Il y a notamment une défense de l’affect comme guide quasi spirituel des masses opprimées.
Ce concept, issu des théories décoloniales ayant elles-mêmes pioché dans la notion de biopolitique de Michel Foucault, met en avant les mouvements guidés par les émotions produites par l’oppression (rage, humiliation…).
Cela permet de mettre de côté l’analyse de classe, du mode de production et toute analyse en général pour laisser parler une sorte de vérité organique de l’opprimé.
Cela est largement repris par La France Insoumise, notamment dans le soutien des émeutes de 2023 ou, précédemment, lors de la crise des gilets jaunes. Ici, on a un affect qui mène à la voie de garage du populisme, tandis qu’avec le soutien au Hamas ou à la République islamique d’Iran, on peut parler d’islamo-gauchisme.
Ce qui a été justement intéressant lors de la révolution islamique d’Iran, pour les tenants d’une synthèse avec des formes d’idéalisme, c’est de pouvoir s’appuyer sur un mouvement de masse historique et pas simplement sur une théorie universitaire abstraite.
De là on peut réellement parler d’un islamo-gauchisme, à la fois théorique et pratique. La part d’idéalisme intégré aux principes révolutionnaires consistant en l’islam chiite.
C’est une vision fantasmée et unilatérale de celui-ci qui a été mise en avant, comme étant une identité révolutionnaire.
Ainsi, les positions du type de celles de Foucault en Iran, ou de la gauche postmoderne face à la question palestinienne, nient le droit aux peuples de se tromper, d’être critiqués, de progresser.
C’est une sorte de misérabilisme introduisant le relativisme culturel, voire ethnique et donc le racisme, d’une manière insidieuse.
À la différence qu’en 2025 leur soutien à une idéologie réactionnaire passe directement par un régime s’inscrivant dans la guerre de repartage impérialiste. Et par là, on arrive enfin à la fin de tout un courant né de 1979 autour de l’islam politique.
L’Histoire est une preuve scientifique de la vacuité de leur idéologie. La seconde crise générale du capitalisme mène à la fermeture de toutes les parenthèses contre-révolutionnaires du 20e siècle.
Contrairement à Michel Foucault et aux postmodernes, les communistes, grâce au Matérialisme dialectique, voient l’Histoire comme l’expression du mouvement de la matière appliqué à la société humaine.
Et ce mouvement est non linéaire, infini et va vers toujours plus d’unification et de complexité. Le communisme doit compléter l’unification humaine, le retour à la Nature et les gens comme Michel Foucault et les postmodernes soufflent sur les braises de la division du monde en particularités, ne reconnaissent pas une trajectoire commune à tous les humains.
Le matérialisme dialectique, à l’inverse, prend en compte les spécificités nationales, pour mieux réaliser l’unification.
Cette unification rapproche les gens tout en participant à l’élaboration d’une humanité plus riche, plus métissée et complexe.
Tout dans l’évolution de l’Histoire va dans ce sens, la Révolution va pouvoir enfin devenir une actualité.