MATERIALISME PHILOSOPHIQUE MARXISTE. Forme supérieure, la seule scientifique, du matérialisme, créée par Marx et Engels et développée par Lénine et Staline.
L’apparition du matérialisme philosophique marxiste, partie intégrante du matérialisme dialectique et historique (V. Matérialisme dialectique ; Matérialisme historique), marque la défaite de l’idéalisme antiscientifique, le triomphe de la philosophie matérialiste dans sa lutte séculaire contre toutes les formes de l’idéalisme et de la religion.
Le matérialisme philosophique marxiste continue les meilleures traditions du matérialisme prémarxiste. Mais l’ancien matérialisme présentait une série de graves défauts, qui l’empêchaient de s’élever au niveau d’une philosophie entièrement scientifique. C’était un matérialisme mécaniste (V.) qui ramenait les formes complexes du mouvement de la matière à sa forme mécanique.
En parfait accord avec les sciences, le matérialisme marxiste reconnaît la diversité qualitative des formes du mouvement et la spécificité des lois de leur développement ; la forme mécanique n’est que la plus simple parmi les autres formes du mouvement.
L’ancien matérialisme était un matérialisme métaphysique selon lequel le monde est immobile et immuable. Le matérialisme marxiste est un matérialisme dialectique, car il considère la nature et la société dans leur évolution et leur renouvellement perpétuels. Le matérialisme prémarxiste n’était pas à même de donner une interprétation matérialiste des phénomènes sociaux.
Le marxisme a créé la conception matérialiste de l’histoire en appliquant le matérialisme dialectique à l’explication de la société. Le matérialisme prémarxiste était un matérialisme contemplatif, qui ne pouvait comprendre le rôle transformateur de l’activité pratique des hommes.
Les anciens matérialistes s’en tenaient à une conception abstraite de la nature humaine qu’ils détachaient des rapports sociaux. Ils ne faisaient qu’expliquer le monde tandis qu’il s’agissait de le transformer, autrement dit, ils ne comprenaient pas l’importance de l’activité pratique révolutionnaire.
Le matérialisme philosophique marxiste est un instrument puissant de connaissance et de transformation du monde. Au point de vue de ses origines de classe, le matérialisme marxiste se distingue essentiellement des formes antérieures du matérialisme.
Le matérialisme des XVIIe et XVIIIe siècles était l’idéologie de la bourgeoisie révolutionnaire de l’époque. Les représentants les plus avancés du matérialisme d’avant Marx — les matérialistes russes du XIXe siècle Bielinski (V.), Herzen (V.), Tchernychevski (V.), Dobrolioubov (V.), etc., exprimaient les intérêts de la paysannerie en lutte contre le servage.
Les matérialistes bourgeois d’avant Marx n’étaient que les fondateurs d’« écoles » philosophiques, alors que le matérialisme philosophique marxiste est devenu la doctrine et le drapeau de la classe la plus progressiste, le prolétariat.
Principes fondamentaux du matérialisme philosophique marxiste : 1° le monde est matériel et se développe suivant les lois du mouvement de la matière ; 2° la matière est antérieure à la conscience ; 3° le monde matériel et ses lois sont connaissables, les vérités scientifiques sont objectives.
Le matérialisme philosophique marxiste soutient que le monde est matériel de par sa nature et que les différents phénomènes sont des formes diverses de la matière en mouvement. Le matérialisme marxiste prouve que tous les corps, depuis les infimes particules de l’atome jusqu’aux gigantesques planètes, depuis les bactéries jusqu’aux animaux supérieurs, jusqu’à l’homme, sont la matière sous ses différentes formes et aux diverses étapes de son développement.
Contrairement à l’idéalisme qui considère que le monde est créé par Dieu ou qu’il est une incarnation de l’« idée absolue », de l’« esprit universel », de la « conscience », le matérialisme philosophique marxiste soutient que la matière existe éternellement, qu’elle n’est créée par personne, que le monde se développe suivant les lois objectives du mouvement de la matière et n’a besoin d’aucun « esprit universel ».
A l’encontre de l’idéalisme affirmant que seule notre conscience existe réellement, que le monde matériel, l’être, la nature n’existent que dans notre conscience, dans nos sensations, nos concepts, le matérialisme philosophique marxiste part de ce principe que la matière, la nature, l’être est une réalité objective existant en dehors et indépendamment de la conscience ; que la matière est une donnée première, tandis que la conscience est une donnée seconde, dérivée, car elle est le reflet de la matière ; que la pensée est un produit de la matière parvenue dans son développement à un haut degré de perfection, qu’elle est le produit du cerveau.
La pensée humaine est-elle en mesure de connaître le monde réel ? Tel est le second aspect de la question fondamentale de la philosophie. A l’opposé de l’idéalisme qui met en doute la possibilité de connaître le monde et ses lois, qui nie la validité de nos connaissances, le matérialisme philosophique marxiste soutient que le monde et ses lois sont connaissables.
Le matérialisme marxiste affirme que la pratique humaine est une preuve décisive que nos connaissances sont vraies et qu’il n’y a pas de choses au monde qui ne puissent être connues par la science et la pratique.
La théorie de la connaissance élaborée par le matérialisme dialectique est la seule scientifique. Le matérialisme d’avant Marx ne comprenait pas le rôle actif de la pensée. Comme l’a dit Marx, l’idéalisme soulignait le côté actif de la pensée, mais dénaturait le processus réel de la connaissance.
Le matérialisme marxiste a été le premier dans l’histoire de la philosophie à appuyer la théorie de la connaissance sur une solide base scientifique, à appliquer à la connaissance la méthode dialectique, à démontrer le caractère historique de la connaissance à chaque étape donnée, la corrélation de l’absolu et du relatif, etc.
Le matérialisme philosophique marxiste est étranger à l’attitude contemplative de l’ancien matérialisme : il a prouvé que tout progrès de la connaissance est lié à l’activité pratique et avant tout à la production. En intégrant à la théorie de la connaissance l’activité pratique et révolutionnaire de l’homme, le matérialisme philosophique marxiste a accompli une véritable révolution en philosophie.
« La vie sociale est essentiellement pratique. Tous les mystères qui entraînent la théorie vers le mysticisme trouvent leur solution rationnelle dans la pratique humaine et dans la compréhension de cette pratique » (Marx : « Thèses sur Feuerbach » in Engels : « Ludwig Feuerbach et la fin de la philosophie classique allemande », M. 1946, p. 73). L’unité de la théorie et de la pratique est le fil conducteur du parti du prolétariat.
L’application du matérialisme philosophique marxiste à l’histoire de la société est d’une importance considérable pour l’activité pratique du parti communiste. Appliqué à la société, le matérialisme philosophique marxiste signifie que les conditions de la vie matérielle de la société, la vie sociale sont la donnée première, et les idées, la conscience, la donnée seconde.
« Ce qui fait la force et la vitalité du marxisme-léninisme, c’est qu’il s’appuie dans son activité pratique précisément sur les besoins du développement de la vie matérielle de la société, sans se détacher jamais de la vie réelle de la société. » (Staline : « Le matérialisme dialectique et le matérialisme historique», M. 1954, p. 19)
L’activité pratique du parti marxiste se base non sur les exigences de la « raison », de la « morale universelle », etc., mais sur l’étude des lois objectives du développement social, lois indépendantes de la volonté et de la conscience humaines. « La philosophie de Marx, disait Lénine, est un matérialisme philosophique achevé, qui a donné de puissants instruments de connaissance à l’humanité et à la classe ouvrière surtout » (Œuvres choisies en deux volumes, t. I, 1re partie, M. 1954, p. 65).
Lénine a développé et concrétisé dans ses travaux le matérialisme philosophique marxiste. Dans « Matérialisme et empiriocriticisme » (V.), Lénine dégage les enseignements généraux des progrès réalisés par la science, la physique notamment, après la mort d’Engels et porte le matérialisme philosophique marxiste à un niveau supérieur.
Il approfondit les thèses marxistes relatives à la matérialité du monde, à la conscience en tant que fonction du cerveau, à la connaissance en tant que reflet du monde objectif, donne une définition lumineuse des principes fondamentaux de la gnoséologie marxiste, montre la complexité dialectique du processus de la connaissance de la vérité objective, soumet à une critique implacable le machisme (V.), le pragmatisme (V.) et autres variétés modernes de l’idéalisme.
Dans « Le matérialisme dialectique et le matérialisme historique » et dans d’autres ouvrages, Staline met en relief l’opposition du matérialisme et de l’idéalisme ; grâce à la synthèse des données nouvelles de la science et de la pratique, il développe plus avant les principes fondamentaux du matérialisme philosophique marxiste et souligne son rôle dans la lutte pratique pour le communisme.
Dans « Les problèmes économiques du socialisme en U.R.S.S. » (V.), Staline expose et précise la thèse marxiste du caractère objectif des lois scientifiques. Ce principe est d’une portée immense dans la lutte contre la philosophie idéaliste moderne qui considère les lois scientifiques comme des constructions arbitraires de l’esprit humain, comme des symboles appelés uniquement à mettre de l’ordre dans les sensations de l’homme.
Très important pour l’édification pratique du communisme, il invite à s’inspirer non point de considérations fortuites ou de vœux subjectifs, mais des lois objectives du régime socialiste: la loi économique fondamentale du socialisme (V.), la loi du développement harmonieux (proportionnel) de l’économie nationale (V.), etc.
Dans cet ouvrage, Staline combat l’interprétation machiste des lois par certains économistes, philosophes et juristes soviétiques, donne l’exemple de la manière matérialiste d’aborder les problèmes brûlants de la science et de la pratique.
Le matérialisme philosophique marxiste s’oppose actuellement à la réaction idéaliste mondiale comme l’unique philosophie qui offre un tableau scientifique du monde, défend les principes et les méthodes scientifiques d’explication de la nature et de la société, donne à l’humanité travailleuse une arme de lutte pour le communisme.
Le matérialisme philosophique marxiste est la base théorique du développement des sciences de la nature. C’est sur cette base que la doctrine mitchourinienne (V.) a remporté la victoire sur le weismanisme-morganisme (V.). C’est sur la base du matérialisme dialectique que les physiciens soviétiques et les savants progressistes du monde entier luttent contre l’idéalisme « physique » (V.) qui freine le progrès scientifique, concilie la science avec la religion.
Toutes les branches de la science puisent dans le matérialisme philosophique marxiste les idées directrices qui contribuent à leur succès pratiques. La philosophie matérialiste marxiste joue un rôle immense dans l’éducation communiste des masses travailleuses, dans la lutte contre les survivances dans la conscience et les préjugés religieux. Pénétrée de l’esprit de parti, elle est hostile à l’idéalisme quel que soit le masque dont il s’affuble.
Ceci est particulièrement important de nos jours où différents courants « modernes » de la philosophie bourgeoise, dissimulant leurs campagnes de calomnies contre le matérialisme sous l’enseigne de l’« impartialité», prétendent se placer « au-dessus » des partis en lutte dans la philosophie. Dénoncer « les laquais diplômés du fidéisme » déclarés ou cachés, en partant des grandes idées du marxisme-léninisme — tel est le devoir des philosophes marxistes.
MATERIALISME SPONTANE. Conception inconsciemment matérialiste de la nature. (V. Matérialisme des sciences de la nature ; Réalisme naïf.)
MATERIALISME VULGAIRE. Courant philosophique apparu vers le milieu du XIXe siècle en Allemagne. Ses représentants les plus connus sont Büchner, Vogt et Moleschott. Engels les appelait des « commis vulgarisateurs qui faisaient le commerce du matérialisme », des marchands ambulants du matérialisme vulgaire.
Tout en reconnaissant que la matière est la réalité unique et tout en défendant l’athéisme (V.), les matérialistes vulgaires croyaient que le cerveau produit la pensée comme le foie sécrète la bile, ils expliquaient la pensée d’une manière grossière, simpliste.
Une telle conception est un pas en arrière non seulement par rapport au matérialisme dialectique, mais aussi par rapport au matérialisme français du XVIIIe siècle.
Ce qui distingue le matérialisme vulgaire, c’est le dédain absolu de la dialectique, la négation du rôle actif de la consciente, l’attachement à la vieille conception mécaniste des lois du mouvement, l’interprétation idéaliste de l’évolution sociale.
Les matérialistes vulgaires étaient des défenseurs du capitalisme, des ennemis du prolétariat et du marxisme. La base philosophique de leurs théories sociales est l’identification des lois de la société et des lois de la nature. D’après eux, le climat, la nourriture, etc., déterminent directement la manière de penser de l’homme.
Büchner professait la théorie métaphysique de l’hérédité à l’aide de laquelle il justifiait l’inégalité des classes, l’exploitation, etc. Ses projets de « réforme » du capitalisme répondaient pleinement aux intérêts de la bourgeoisie.