Mao Zedong
Commentaire sur la onzième session plénière du
Comité Exécutif central du Kuomintang et la
deuxième session plénière du IIIe conseil politique national1
5 octobre 1943
Le Comité exécutif central du Kuomintang a tenu du 6 au 13 septembre sa onzième session plénière, et le gouvernement du Kuomintang a réuni la deuxième session du IIIe Conseil politique national, du 18 au 27 septembre. Maintenant que nous avons en main tous les matériaux relatifs à ces deux sessions, nous pouvons faire sur elles un commentaire global.
La situation internationale est à la veille d’un grand changement, dont l’imminence est ressentie par toutes les parties. Les puissances européennes de l’Axe en ont pris conscience ; Hitler s’est lancé dans une politique désespérée de la dernière extrémité. Ce changement est essentiellement l’œuvre de l’Union soviétique. Celle-ci commence déjà à en retirer les avantages : l’Armée rouge, balayant tout sur son passage, a atteint le Dniepr ; la prochaine offensive d’hiver la conduira jusqu’aux anciennes frontières soviétiques, sinon jusqu’aux nouvelles. La Grande-Bretagne et les États-Unis cherchent également à tirer profit de ce changement : Roosevelt et Churchill attendent que Hitler chancelle pour pénétrer en France. Bref, la machine de guerre du fascisme allemand est sur le point de se disloquer, la guerre antifasciste en Europe est à la veille de son dénouement, et, dans l’anéantissement du fascisme, l’Union soviétique constitue la force principale. Le pivot de la guerre mondiale antifasciste se situe en Europe, et dès que le problème y sera réglé, le sort des deux grands camps mondiaux — le camp du fascisme et celui de l’antifascisme — sera tranché. Déjà, les impérialistes japonais se rendent compte que leur situation est sans issue, et, à eux aussi, il ne leur reste d’autre politique que de rassembler toutes leurs forces en vue d’un dernier sursaut. En Chine, ils procèdent à des opérations de “nettoyage” contre les communistes et s’efforcent d’amener le Kuomintang à capituler.
Les gens du Kuomintang ressentent également l’imminence de ce changement. Cette perspective les réjouit et les épouvante tout à la fois. Elle les réjouit, parce qu’ils s’imaginent qu’un règlement en Europe laissera à la Grande-Bretagne et aux États-Unis les mains libres pour combattre le Japon à leur place, ce qui leur donnera la possibilité de retourner à Nankin sans coup férir. Elle les épouvante, parce que l’effondrement des trois États fascistes inaugurera, dans le monde entier, une ère de libération grandiose et sans précédent dans l’histoire de l’humanité, et que la dictature du Kuomintang, dictature fasciste des compradores et des féodaux, ne sera plus qu’un îlot perdu dans l’immense océan de la liberté et de la démocratie ; ils tremblent à l’idée que cet océan puisse engloutir leur fascisme avec sa devise “un parti, une doctrine, un chef ”.
Voici quelles étaient, à l’origine, leurs intentions : laisser l’Union soviétique se battre seule contre Hitler et pousser les Japonais à attaquer l’U.R.S.S., pour que le pays du socialisme soit frappé à mort ou du moins sérieusement éprouvé ; suggérer à la Grande-Bretagne et aux États-Unis de renoncer à l’ouverture d’un second ou d’un troisième front en Europe et de transférer toutes leurs forces en Orient pour écraser d’abord le Japon, puis en finir avec le Parti communiste chinois, avant de se soucier de toute autre chose. C’est pour atteindre ce but inavouable qu’ils clamèrent au début : “L’Asie d’abord, l’Europe ensuite”, et plus tard : “Attention égale à l’Asie et à l’Europe”. En août dernier, quand la Conférence de Québec touchait à sa fin, Roosevelt et Churchill firent venir le ministre des Affaires étrangères du gouvernement du Kuomintang, T. V. Soong, et échangèrent quelques mots avec lui ; alors, les gens du Kuomintang, dans la jubilation, claironnèrent : “Roosevelt et Churchill tournent leurs regards vers l’Orient, le plan ‘L’Europe d’abord, l’Asie ensuite’ est modifié”, “la Conférence de Québec est une conférence des trois Grands — Angleterre, Etats-Unis et Chine”, etc. Mais ce fut là leur dernière manifestation d’allégresse. Depuis lors, leur humeur a quelque peu changé ; leurs mots d’ordre : “L’Asie d’abord, l’Europe ensuite” et “Attention égale à l’Asie et à l’Europe” ont été relégués au musée de l’histoire, et ils combinent probablement quelque chose de nouveau. Il se peut que la onzième session plénière du Comité exécutif central du Kuomintang et la dernière session du Conseil politique national, qui a délibéré sous le contrôle du Kuomintang, marquent le début d’un plan nouveau.
La onzième session plénière a lancé contre le Parti communiste l’accusation calomnieuse de “saper la Résistance” et de “mettre l’État en danger”, tandis qu’elle se déclarait en faveur d’une “solution politique” et de la “préparation à un régime constitutionnel”. Quant à la deuxième session du IIIe Conseil politique national, qui est sous l’emprise et le contrôle d’une majorité composée de gens du Kuomintang, elle a adopté contre le Parti communiste des résolutions qui coïncident pour l’essentiel avec celles de la onzième session plénière. Cette dernière a, en outre, “élu” Tchiang Kaï-chek président du gouvernement du Kuomintang, afin de renforcer l’appareil dictatorial.
Que comptent faire les gens du Kuomintang après la onzième session plénière ? Ils n’ont que trois possibilités : 1) capituler devant l’impérialisme japonais ; 2) chercher des atermoiements en s’obstinant dans l’ancienne voie ; 3) changer leur orientation politique.
Servant le dessein de l’impérialisme japonais qui veut “frapper le Parti communiste et gagner le Kuomintang”, les défaitistes et les capitulards au sein du Kuomintang restent toujours attachés à leur intention de capituler. Ils cherchent constamment à susciter une guerre civile anticommuniste, qui, une fois déclenchée, rendrait naturellement toute résistance impossible; il ne leur resterait alors qu’une issue : la capitulation. Le Kuomintang a massé dans le Nord-Ouest une armée de 400.000 à 500.000 hommes, et il continue d’y concentrer en secret des troupes prélevées sur d’autres fronts. Ses généraux sont, paraît-il, d’une superbe arrogance : “La prise de Yenan ne pose pas de problème !” affirment-ils. C’est le langage qu’ils tiennent depuis que M. Tchiang Kaï-chek a déclaré dans son discours à la onzième session plénière que la question du Parti communiste était “un problème politique à régler par des moyens politiques” et depuis que cette session a adopté des résolutions qui vont pratiquement dans le même sens. D’ailleurs, l’année dernière, la dixième session plénière du Comité exécutif central du Kuomintang avait déjà adopté des résolutions analogues, et l’encre n’en était pas encore sèche que les généraux recevaient l’ordre d’établir un plan d’opérations pour liquider la Région frontière. En juin et juillet derniers, des troupes ont été déplacées en vue d’une opération éclair contre la Région frontière; et ce plan odieux n’a été provisoirement mis de côté qu’en raison de l’opposition de l’opinion publique, tant à l’intérieur du pays qu’à l’étranger. Et maintenant, une fois de plus, à peine la onzième session plénière vient-elle de coucher ses résolutions noir sur blanc que l’on entend les fanfaronnades des généraux et que l’on constate des mouvements de troupes. “La prise de Yenan ne pose pas de problème!”— que signifie une telle affirmation ? Elle signifie qu’on a décidé de capituler devant l’impérialisme japonais. Il n’est pas sûr que ceux du Kuomintang qui sont d’accord pour la “prise de Yenan” soient tous des capitulards conscients, déterminés. Certains s’imaginent peut-être que tout en combattant les communistes ils pourront continuer à résister au Japon. Nombre d’officiers du groupe de Whampou2 raisonnent probablement ainsi. Mais nous, communistes, nous poserons à ces messieurs les questions suivantes: Auriez-vous déjà oublié l’expérience des dix années de guerre civile ? Croyez-vous que, si une nouvelle guerre civile éclate, les capitulards bien décidés vous laisseront encore résister au Japon ? Les Japonais et Wang Tsing-wei vous le permettront-ils ? Etes-vous assez forts pour mener de front la guerre civile et la lutte contre l’envahisseur ? Vous prétendez avoir une armée de trois millions d’hommes, mais elle est tellement démoralisée qu’on l’a comparée à des paniers d’œufs suspendus aux deux extrémités d’une palanche — un choc, et tout est fini ! C’est ce qui est arrivé dans les batailles qui se sont déroulées dans les monts Tchongtiao, dans les monts Taihang, à la frontière du Tchékiang et du Kiangsi, dans l’ouest du Houpei et dans les monts Tapié. Il faut en chercher la raison dans votre politique funeste de “lutte active contre les communistes” et de “résistance passive à l’envahisseur japonais”. Maintenant que l’ennemi de la nation a pénétré profondément dans notre pays, plus vous vous montrez actifs contre les communistes et passifs à l’égard du Japon, plus vos troupes se démoralisent. Et vous qui faites si piètre figure en combattant l’agresseur étranger, croyez-vous que vos soldats deviendront soudain de farouches guerriers face aux communistes et au peuple ? C’est impossible. Dès que vous commencerez la guerre civile, vous vous y consacrerez entièrement et vous jetterez par-dessus bord votre “résistance simultanée” ; finalement, vous signerez avec l’impérialisme japonais une capitulation sans conditions, la seule politique que vous serez à même de pratiquer. A tous les membres du Kuomintang qui ne veulent pas au fond d’eux-mêmes de cette capitulation, nous disons : Vous finirez inévitablement par devenir des capitulards si vous prenez une part active dans le déclenchement ou la poursuite de la guerre civile. C’est sûrement ce qui arrivera si vous vous prêtez aux manœuvres des capitulards et si vous vous servez des résolutions de la onzième session plénière et du Conseil politique national pour mobiliser l’opinion publique et préparer une guerre civile contre les communistes. A supposer même qu’au début vous n’ayez pas l’intention de capituler, vous finirez par le faire à la suite des capitulards si vous vous prêtez à leurs manœuvres et prenez la mauvaise route. Telle est la première voie que peut emprunter le Kuomintang après la onzième session plénière, et le danger qu’il la suive est des plus sérieux. Pour les capitulards, la “solution politique” et la “préparation à un régime constitutionnel” sont les meilleurs moyens de camoufler leurs préparatifs en vue de la guerre civile, autrement dit, de la capitulation. Tous les communistes, tous les patriotes au sein du Kuomintang, tous les partis antijaponais, tous nos compatriotes partisans de la Résistance doivent avoir les yeux grands ouverts et suivre attentivement cette situation d’une extrême gravité, sans se laisser abuser par le camouflage des capitulards. Sachons que le danger de guerre civile n’a jamais été si grand que depuis la onzième session plénière du Kuomintang.
Les résolutions de la onzième session plénière et du Conseil politique national peuvent conduire sur une autre voie : “chercher des atermoiements et se battre plus tard”. Cette voie, quelque peu différente de celle des capitulards, est suivie par les gens qui, tout en voulant garder l’apparence de résister au Japon, refusent catégoriquement de renoncer à l’anticommunisme et à la dictature. S’ils s’engagent dans une telle voie, c’est qu’ils se rendent compte que de grands changements vont se produire inévitablement dans la situation internationale, que la défaite de l’impérialisme japonais est inéluctable, que la guerre civile signifie la capitulation, que le peuple est pour la Résistance et contre la guerre civile, que le Kuomintang traverse une crise grave pour s’être coupé des masses, privé de tout soutien du peuple et réduit à un isolement sans précédent, et que les États-Unis, la Grande-Bretagne et l’Union soviétique sont tous opposés au déclenchement d’une guerre civile par le gouvernement chinois ; ils se voient donc obligés d’ajourner leur complot de guerre civile et, pour gagner du temps, ils jouent sur les vagues promesses de “solution politique” et de “préparation à un régime constitutionnel”. Ils ont toujours excellé dans l’art de duper et de chercher des atermoiements. Même en rêve, ils n’oublient pas leur ambition de “prendre Yenan” et de “liquider le Parti communiste”. A cet égard, ils ne diffèrent en rien des capitulards. Néanmoins, ils désirent encore arborer l’enseigne de la Résistance, ils ne veulent pas que le Kuomintang perde sa position dans le monde, et, parfois, ils redoutent la réprobation de l’opinion publique, à l’étranger comme dans le pays; il est donc possible que, sous le couvert d’une “solution politique” et d’une “préparation à un régime constitutionnel”, ils cherchent à gagner du temps dans l’attente de conditions favorables. Ils n’ont aucun désir sincère, du moins pour le moment, d’aboutir à une “solution politique” et d’instaurer un “régime constitutionnel”. L’année dernière, à l’époque de la dixième session plénière, le camarade Lin Piao a été envoyé à Tchongking par le Comité central du Parti communiste chinois pour y rencontrer M. Tchiang Kaï-chek ; il a attendu là-bas dix longs mois, mais ni M. Tchiang ni le Comité exécutif central du Kuomintang n’ont voulu s’entretenir avec lui, ne fût-ce que d’une seule question concrète. En mars de cette année, M. Tchiang Kaï-chek a publié son livre Le Destin de la Chine, dans lequel il insiste sur la nécessité de lutter contre le communisme et les idées libérales, rejette sur les communistes la responsabilité des dix années de guerre civile, traite calomnieusement le Parti communiste, la VIIIe Armée de Route et la Nouvelle IVe Armée de “seigneurs de guerre de type nouveau”, de “feudataires de type nouveau” et laisse entendre que, dans un délai de deux ans, il aura réussi à en finir avec le Parti communiste. Le 28 juin, il a laissé revenir à Yenan Chou En-laï, Lin Piao et d’autres camarades, mais, au même moment, il a donné l’ordre à ses troupes qui défendaient le fleuve Jaune d’avancer vers la Région frontière et aux autorités locales de tout le pays de mettre à profit la dissolution de la IIIe Internationale pour réclamer, au nom d’“organisations populaires”, celle du Parti communiste chinois. Dans ces circonstances, nous, communistes, nous avons dû en appeler au Kuomintang et au peuple tout entier pour conjurer la guerre civile, et nous avons été obligés de dévoiler les sinistres machinations du Kuomintang qui sapent la Résistance et mettent l’État en danger. Nous avons fait preuve de la plus grande patience, comme en témoignent les faits historiques. A aucun moment, depuis la chute de Wouhan, les opérations de grande ou de petite envergure contre les communistes n’ont cessé, que ce soit en Chine du Nord ou en Chine centrale. Voilà deux ans qu’a éclaté la guerre dans le Pacifique; pendant tout ce temps, le Kuomintang a attaqué sans arrêt le Parti communiste en Chine centrale et en Chine du Nord; il a envoyé dans le Kiangsou et le Chantong les deux groupes d’armées de Wang Tchong-lien et de Li Sien-tcheou se joindre aux troupes qui y opéraient déjà pour combattre les communistes. Le groupe d’armées de Pang Ping-hsiun, dans les monts Taihang, a reçu l’ordre de se consacrer uniquement à la lutte anticommuniste, de même que les troupes du Kuomintang qui se trouvaient dans les provinces de l’Anhouei et du Houpei. Durant une longue période, nous nous sommes même abstenus de rendre ces faits publics. Les journaux et les périodiques du Kuomintang n’ont cessé un seul instant de vilipender le Parti communiste, mais, pendant longtemps, nous n’avons pas répondu un seul mot. Sans la moindre raison, le Kuomintang a donné l’ordre de dissoudre la Nouvelle IVe Armée qui combattait héroïquement l’envahisseur; il a anéanti plus de 9.000 hommes de ses unités dans l’Anhouei du Sud, arrêté Yé Ting, tué Hsiang Ying et jeté en prison des centaines de ses cadres ; c’était un crime monstrueux, une trahison envers notre peuple et notre nation, mais nous avons supporté tout cela dans l’intérêt du pays, nous bornant à protester auprès du Kuomintang et à exiger des réparations. En juin-juillet 1937, lors de sa rencontre à Louchan avec le camarade Chou En-laï, représentant du Parti communiste, M. Tchiang Kaï-chek avait promis que la région frontière du Chensi-Kansou-Ninghsia serait désignée par décret comme une circonscription administrative relevant de la juridiction directe du Yuan exécutif du Gouvernement national et que les fonctionnaires de la Région recevraient une nomination officielle. Or, non seulement il a renié ses propres paroles, mais il est allé jusqu’à envoyer 400.000 à 500.000 hommes encercler la Région frontière qu’il a soumise à un blocus militaire et économique; et il ne sera satisfait que lorsqu’il aura acculé à la mort notre population et fait disparaître les organismes de l’arrière de la VIIIe Armée de Route. Personne n’ignore d’ailleurs qu’on a cessé de ravitailler la VIIIe Armée de Route et qu’on a taxé le Parti communiste de “parti traître”, la Nouvelle IVe Armée d’“armée rebelle” et la VIIIe Armée de Route d’“armée de traîtres”. Bref, les gens du Kuomintang qui agissent ainsi considèrent le Parti communiste comme un ennemi. A leurs yeux, il est dix fois, cent fois plus haïssable que les Japonais. C’est pour lui que le Kuomintang a le plus de haine et il en reste bien peu, si haine il y a encore, pour les Japonais. Cette attitude concorde avec celle des fascistes japonais, qui traitent différemment le Kuomintang et le Parti communiste. Vouant toute leur haine à ce dernier, ils deviennent de plus en plus aimables à l’égard du premier. Des deux mots d’ordre qu’ils ont lancés : “Combattre le Parti communiste” et “Liquider le Kuomintang”, il ne reste que le premier. Les journaux et les périodiques japonais, ainsi que ceux de Wang Tsing-wei, ne mentionnent plus de mots d’ordre tels que “A bas le Kuomintang !” “Renversons Tchiang Kaï-chek !” Le Japon fait peser sur le Parti communiste 58 pour cent de ses forces opérant en Chine, alors qu’il n’en réserve que 42 pour cent pour surveiller le Kuomintang ; et pour mieux l’inciter à se rendre, il a relâché récemment cette surveillance, en retirant de nombreuses troupes des provinces du Tchékiang et du Houpei. Les impérialistes japonais n’ont jamais osé articuler le moindre mot pour amener le Parti communiste à capituler, mais ils n’hésitent pas à déverser inlassablement des torrents de paroles pour exhorter le Kuomintang à se rendre. Celui-ci n’est féroce qu’avec le Parti communiste et le peuple, mais il rentre ses griffes face aux Japonais. Non seulement par ses actes il a passé, depuis longtemps, du rôle de participant à celui de spectateur dans la guerre, mais même en paroles il n’ose répondre par la moindre réfutation un peu vigoureuse aux impérialistes japonais qui l’incitent à capituler et qui l’humilient. Les Japonais disent : “Le raisonnement tenu par Tchiang Kaï-chek, dans son livre Le Destin de la Chine, n’a rien d’erroné quant à son orientation générale.” M. Tchiang Kaï-chek et les gens de son parti ont-ils jamais émis quelque réplique à ces propos ? Non, ils ne l’ont pas fait et ils n’osent pas le faire. Comment voulez-vous que les impérialistes japonais n’aient pas de mépris pour le Kuomintang quand ils voient que M. Tchiang Kaï-chek et son parti invoquent les “ordres militaires et décrets gouvernementaux” et la “discipline” à l’égard du seul Parti communiste, mais ne veulent ni n’osent les invoquer contre les 20 membres de leur Comité exécutif central et leurs 58 généraux qui ont passé à l’ennemi ! Le peuple chinois et les nations amies dans le monde ont vu M. Tchiang Kaï-chek et le Kuomintang ordonner la dissolution de la Nouvelle IVe Armée, attaquer la VIIIe Armée de Route, encercler la Région frontière, nous calomnier en nous qualifiant de “parti traître”, d’“armée de traîtres”, de “seigneurs de guerre de type nouveau”, de “feudataires de type nouveau”, nous accuser de “saper la Résistance”, de “mettre l’État en danger”, invoquer sans relâche les “ordres militaires et décrets gouvernementaux” ainsi que la “discipline” ; mais ils ne les ont jamais vu appliquer un ordre militaire ou un décret gouvernemental ni prendre de mesure disciplinaire contre les 20 membres du Comité exécutif central du Kuomintang et les 58 généraux du Kuomintang qui ont passé à l’ennemi. De même, les résolutions de la onzième session plénière et du Conseil politique national sont uniquement dirigées contre le Parti communiste; aucune d’entre elles ne vise les nombreux membres du Comité exécutif central et les nombreux généraux du Kuomintang qui ont trahi la patrie et ont passé à l’ennemi. Que doivent donc penser du Kuomintang le peuple chinois et les nations amies dans le monde! Comme nous pouvions nous y attendre, à la onzième session plénière, on a de nouveau parlé de “solution politique” et de “préparation à un régime constitutionnel” ; c’est fort bien, nous ne pouvons que saluer de telles déclarations. Mais, à les juger d’après la ligne politique que suit le Kuomintang depuis de longues années, nous les considérons comme un ramassis de propos destinés à tromper les gens et à lui permettre, en fait, de gagner du temps pour préparer la guerre civile et perpétuer ainsi sa dictature sur le peuple.
Mais le cours des événements pourrait-il suivre une troisième voie ? Oui, c’est possible, et c’est la voie que souhaitent une partie des membres du Kuomintang, le peuple tout entier et nous tous, les communistes. Quelle est donc cette troisième voie? C’est le règlement politique, juste et équitable, des rapports entre le Kuomintang et le Parti communiste, l’instauration loyale d’un régime constitutionnel vraiment libre et démocratique, la suppression de la dictature fasciste qui a pour devise “un parti, une doctrine, un chef ” et la convocation, pendant la Guerre de Résistance, d’une assemblée nationale réellement élue par le peuple. Nous autres, communistes, nous avons toujours été partisans d’une telle politique. Une partie des membres du Kuomintang l’approuveront également. Pendant longtemps, nous avions même espéré que M. Tchiang Kaï-chek et son groupe au sein du Kuomintang l’appliqueraient, mais à en juger par ce qui s’est passé ces dernières années et ce qui se passe maintenant, rien n’atteste que M. Tchiang Kaï-chek et la majorité des gens du Kuomintang au pouvoir aient de telles intentions.
Pour que cette politique puisse être appliquée, de nombreuses conditions, internationales et intérieures, doivent être réunies. A l’heure actuelle (où le fascisme en Europe est à la veille de son effondrement total), les conditions internationales sont favorables à la guerre de résistance de la Chine, mais c’est précisément à un tel moment que les capitulards se démènent le plus pour susciter une guerre civile qui leur permette de capituler, et que les Japonais et Wang Tsing-wei cherchent le plus à fomenter une telle guerre pour amener la capitulation. “Des frères dévoués resteront toujours des frères, Tchongking prendra certainement le même chemin que nous, mais nous voudrions que ce soit le plus tôt possible”, a déclaré Wang Tsing-wei, d’après une information de l’Agence Domei datée du 1er octobre. Quelle affection, quelle assurance et quelle impatience aussi ! Le mieux qu’on puisse attendre du Kuomintang dans la conjoncture présente est donc qu’il continue ses atermoiements ; mais le danger d’une brusque aggravation de la situation reste sérieux. Les conditions nécessaires à la troisième voie ne sont pas encore réunies ; pour qu’elles se réalisent, les patriotes de tous les partis et groupements politiques et le peuple tout entier doivent faire de grands efforts dans tous les domaines.
A la onzième session plénière, M. Tchiang Kaï-chek a dit :
« Il faut le déclarer sans équivoque, le Comité exécutif central ne demande rien de plus au Parti communiste que de renoncer à maintenir son fief par les armes, de cesser ses attaques par surprise, en divers endroits, contre l’Armée nationale, ainsi que ses activités de sape contre la Résistance, de mettre en pratique sa déclaration de l’an 26 de la République, appelant à unir tous les efforts pour le salut de la patrie, et de remplir les quatre engagements pris dans cette déclaration. »
M. Tchiang Kaï-chek parle d’“attaques par surprise… contre l’Armée nationale” et d’“activités de sape contre la Résistance” ; c’est plutôt au Kuomintang que de tels propos s’appliqueraient, et il est regrettable que M. Tchiang Kaï-chek préfère, contre toute justice et toute conscience, calomnier le Parti communiste. Depuis la chute de Wouhan, en effet, le Kuomintang a lancé trois campagnes anticommunistes, au cours desquelles, comme en témoignent les faits, ses forces ont chaque fois mené des attaques par surprise contre les troupes communistes. Pendant la première campagne, en hiver 1939 et au printemps 1940, les forces du Kuomintang se sont emparées par une attaque brusquée de cinq chefs-lieux de district dans la région frontière du Chensi-Kansou-Ninghsia : Tchouenhoua, Hsiunyi, Tchengning, Ninghsien et Tchenyuan, où des unités de la VIIIe Armée de Route tenaient garnison, et elles ont même utilisé des avions dans leurs opérations. En Chine du Nord, les troupes de Tchou Houai-ping ont été envoyées dans les monts Taihang pour une attaque-surprise contre des forces de la VIIIe Armée de Route, qui n’ont combattu que pour se défendre. La deuxième campagne se situe en janvier 1941. Auparavant, le 19 octobre 1940, Ho Ying-kin et Pai Tchong-hsi avaient adressé un télégramme à Chu Teh, Peng Teh-houai, Yé Ting et Hsiang Ying, leur donnant l’ordre catégorique de faire passer, dans un délai d’un mois, sur la rive nord du fleuve Jaune, toutes les unités de la VIIIe Armée de Route et de la Nouvelle IVe Armée qui se trouvaient au sud du fleuve. Nous avons alors accepté de transférer vers le nord nos unités de l’Anhouei du Sud ; quant aux autres unités, leur transfert était en fait impossible, mais nous avons tout de même promis de leur faire gagner les positions assignées après la victoire dans la Guerre de Résistance. Or, avant même que nos troupes de l’Anhouei du Sud, fortes de plus de 9.000 hommes, se soient mises en route le 5 janvier conformément aux instructions reçues, M. Tchiang Kaï-chek avait déjà donné l’ordre de les “prendre d’un seul coup de filet”. Entre le 6 et le 14 janvier, les troupes du Kuomintang de l’Anhouei du Sud réussirent effectivement à “prendre d’un seul coup de filet” ces unités de la Nouvelle IVe Armée ; le 17 janvier, M. Tchiang Kaï-chek ordonna de dissoudre la Nouvelle IVe Armée et de faire juger Yé Ting. Depuis lors, dans toutes les bases antijaponaises de la Chine centrale et de la Chine du Nord, la VIIIe Armée de Route et la Nouvelle IVe Armée ont été attaquées par surprise partout où se trouvaient des troupes du Kuomintang, et elles n’ont riposté que pour se défendre. La troisième campagne a commencé en mars dernier et elle se poursuit encore aujourd’hui. Les forces du Kuomintang n’ont cessé d’assaillir la VIIIe Armée de Route et la Nouvelle IVe Armée en Chine centrale et en Chine du Nord; de plus, M. Tchiang Kaï-chek a publié son Destin de la Chine, diatribe contre le communisme et le peuple ; il a déplacé, pour une attaque éclair contre la Région frontière, d’importantes forces armées qui se trouvaient en position de défense le long du fleuve Jaune ; il a incité les “organisations populaires” du pays à réclamer la dissolution du Parti communiste ; il a mobilisé les membres du Kuomintang, qui détiennent la majorité au Conseil politique national, en vue de faire approuver par ce dernier le rapport militaire calomnieux de Ho Ying-kin contre la VIIIe Armée de Route et de faire adopter des résolutions anticommunistes ; il a transformé ainsi le Conseil politique national, qui devrait être le symbole de l’union dans la Résistance, en un organe inféodé au Kuomintang, chargé de fabriquer une opinion publique anticommuniste et de préparer la guerre civile, si bien que le camarade Tong Pi-wou, membre communiste du Conseil, s’est vu obligé de se retirer en signe de protestation. Ces trois campagnes anticommunistes ont été déclenchées par le Kuomintang selon un plan prémédité. Nous voudrions poser une question : Qu’est-ce donc là si ce n’est “saper la Résistance”?
Le 22 septembre de l’an 26 de la République (1937), le Comité central du Parti communiste chinois a publié un manifeste appelant à unir tous les efforts pour le salut de la patrie. Nous y disions notamment:
« Afin d’enlever à l’ennemi tout prétexte possible pour ses intrigues et de dissiper tout malentendu chez ceux qui, bien que sceptiques, ont de bonnes intentions, le Comité central du Parti communiste chinois juge nécessaire de réaffirmer son entier dévouement à la cause de la libération nationale. A cette fin, il déclare solennellement, et une fois de plus, devant toute la nation : 1) Les trois principes du peuple du Dr Sun Yat-sen étant aujourd’hui nécessaires à la Chine, notre Parti est prêt à lutter pour leur réalisation complète ; 2) Nous mettrons un terme à notre politique insurrectionnelle visant à renverser le pouvoir du Kuomintang et à notre politique de confiscation par la force des terres des propriétaires fonciers ; 3) Nous réorganiserons le gouvernement rouge actuel qui deviendra le Gouvernement démocratique de la Région spéciale, dans l’espoir que le pouvoir s’unifiera dans l’ensemble du pays ; 4) L’Armée rouge changera de nom et de matricule et se réorganisera en unités de l’Armée révolutionnaire nationale ; elle sera placée sous l’autorité du Conseil militaire du Gouvernement national et attendra l’ordre de joindre le front de la Résistance afin d’y remplir son devoir. »
Ces quatre engagements, nous les avons intégralement tenus ; ni M. Tchiang Kaï-chek ni aucun autre membre du Kuomintang ne pourraient en citer un seul que nous n’ayons rempli. En premier lieu, les mesures politiques appliquées par le Parti communiste dans la région frontière du Chensi-Kansou-Ninghsia et dans les bases antijaponaises établies à l’arrière de l’ennemi sont toutes conformes aux trois principes du peuple de Sun Yat-sen ; pas une seule ne va à leur encontre. En second lieu, à condition que le Kuomintang ne capitule pas devant l’ennemi de la nation, qu’il ne rompe pas la coopération avec notre Parti et ne déclenche pas la guerre civile anticommuniste, nous tiendrons notre promesse de ne pas renverser le pouvoir du Kuomintang et de ne pas confisquer les terres des propriétaires fonciers par la force. Nous avons tenu cet engagement dans le passé, nous le tenons aujourd’hui et le tiendrons aussi à l’avenir. En d’autres termes, nous ne serons obligés de revenir sur nos engagements que si le Kuomintang capitule devant l’ennemi, rompt la coopération avec nous et déclenche la guerre civile ; ce sont là, en effet, les seules circonstances qui nous mettraient dans l’impossibilité de tenir notre parole. En troisième lieu, le pouvoir rouge a été réorganisé dès la première année de la Guerre de Résistance, et le régime démocratique, fondé sur le “système des trois tiers”, est institué depuis longtemps ; mais jusqu’à présent le Kuomintang, loin de reconnaître la région frontière du Chensi-Kansou-Ninghsia comme il l’avait promis, nous accuse d’avoir constitué un “fief féodal”. Monsieur Tchiang Kaï-chek, Messieurs les Membres du Kuomintang ! Si la région frontière du Chensi-Kansou-Ninghsia et les bases antijaponaises n’ont pas encore été reconnues par le gouvernement du Kuomintang, si cet état de choses que vous appelez “fief ” existe, vous devriez savoir que ce n’est nullement par notre volonté, mais uniquement parce que vous nous l’avez imposé. Quelle raison valable avez-vous de nous accuser d’avoir constitué un “fief ”, quand, vous-mêmes, revenant sur votre parole, vous refusez de reconnaître cette région comme vous l’aviez promis, et que vous refusez de reconnaître son régime démocratique ? Jour après jour, nous réclamons cette reconnaissance, et toujours vous la refusez — qui donc alors est responsable de cette situation ? Quelle raison a M. Tchiang Kaï-chek, chef du Kuomintang et du gouvernement de ce parti, pour se répandre en injures, dans son Destin de la Chine, contre le “fief ”, sans s’estimer le moins du monde responsable de cet état de choses ? Maintenant qu’il a de nouveau exigé, lors de la onzième session plénière, que nous tenions notre promesse, nous en profitons pour lui demander de tenir la sienne : celle de reconnaître par décret aussi bien la région frontière du Chensi-Kansou-Ninghsia, où le principe de la démocratie est depuis longtemps réalisé, que les bases démocratiques antijaponaises à l’arrière de l’ennemi. Si vous persistez dans votre politique de non-reconnaissance, cela signifie que vous voulez que nous maintenions ce “fief ”, et la responsabilité, comme par le passé, en retombera entièrement sur vous et non sur nous. En quatrième lieu, il y a longtemps que l’Armée rouge a changé “de nom et de matricule”, qu’elle s’est “réorganisée en unités de l’Armée révolutionnaire nationale” et qu’elle a été “placée sous l’autorité du Conseil militaire du Gouvernement national” ; par conséquent, cet engagement est depuis longtemps rempli. Actuellement, seule la Nouvelle IVe Armée de l’Armée révolutionnaire nationale est directement subordonnée au Comité central du Parti communiste et non au Conseil militaire du Gouvernement national ; et cela pour la bonne raison que ce Conseil a édicté le 17 janvier 1941 un ordre contre-révolutionnaire qui, sapant la Résistance et mettant l’État en danger, a proclamé la “dissolution” de cette armée qualifiée de “rebelle”, l’exposant ainsi aux attaques continuelles des troupes du Kuomintang. Or, la Nouvelle IVe Armée n’a jamais cessé de résister à l’envahisseur en Chine centrale, et elle a toujours rempli les trois premiers des quatre engagements que nous avions pris; bien plus, elle est disposée à se placer de nouveau “sous l’autorité du Conseil militaire du Gouvernement national” et demande à M. Tchiang Kaï-chek d’annuler l’ordre de dissolution, de lui restituer son ancien matricule et de lui permettre de remplir le quatrième engagement.
Par ailleurs, le document relatif au Parti communiste, adopté par la onzième session plénière, déclare :
« Quant aux autres questions, elles pourront toutes être soulevées à l’Assemblée nationale en vue de leur discussion et de leur solution, notre session plénière ayant décidé qu’une assemblée nationale serait convoquée et une Constitution élaborée et promulguée dans un délai d’un an après la fin de la guerre. »
Les “autres questions” évoquées ici, c’est l’abolition de la dictature du Kuomintang, la suppression des services secrets fascistes, l’instauration de la démocratie dans tout le pays, la suppression du contrôle économique, des impôts exorbitants et des taxes multiples qui portent atteinte aux conditions de vie du peuple, l’application, à l’échelle nationale, de la politique agraire pour une réduction des fermages et du taux d’intérêt des prêts ainsi que de la politique économique de soutien à la petite et à la moyenne industrie et d’amélioration des conditions matérielles des ouvriers. Le 22 septembre 1937, dans son appel à unir tous les efforts pour le salut de la patrie, notre Parti déclarait :
« Il faut instaurer la démocratie et convoquer une assemblée nationale qui élaborera une Constitution et définira une politique de salut national. Il faut donner au peuple chinois la possibilité de vivre dans la joie et le bonheur, ce qui implique, en premier lieu, l’adoption de mesures efficaces pour secourir les victimes des calamités naturelles, assurer à chacun des moyens d’existence stables, développer une économie en faveur de la défense nationale, soulager le peuple de ses souffrances et améliorer ses conditions de vie. »
Puisque M. Tchiang Kaï-chek a affirmé, dans un entretien accordé le lendemain (le 23 septembre), qu’il acceptait entièrement cette déclaration, il ne devrait pas seulement exiger du Parti communiste qu’il tienne les quatre engagements qu’elle comporte, mais encore exiger que lui-même, le Kuomintang et le gouvernement du Kuomintang appliquent les dispositions que nous venons de mentionner. M. Tchiang Kaï-chek n’est pas seulement aujourd’hui le chef du Kuomintang, il est aussi le président du gouvernement du Kuomintang (nominalement Gouvernement national) ; il lui incombe donc d’appliquer consciencieusement ces dispositions qui concernent la démocratie et le bien-être du peuple, d’honorer les innombrables promesses qu’il nous a faites lui-même, à nous communistes, ainsi qu’à toute la nation ; il doit cesser de renier sa parole, de recourir obstinément à ses méthodes d’oppression et d’affirmer une chose tout en faisant le contraire. Nous, les communistes, et le peuple tout entier, nous voulons des actes, nous nous refusons à écouter des bavardages démagogiques. S’il y a des actes, nous nous en féliciterons ; s’il n’y a que des bavardages, ils ne pourront abuser longtemps les gens. Voici les exigences que nous formulons à l’adresse de M. Tchiang Kaï-chek et du Kuomintang : Mener jusqu’au bout la Guerre de Résistance et écarter le danger d’une capitulation, poursuivre la coopération et conjurer le danger d’une guerre civile, reconnaître le régime démocratique de la Région frontière et des bases antijaponaises établies derrière les lignes ennemies, rétablir la Nouvelle IVe Armée, mettre fin aux campagnes anticommunistes, retirer les 400.000 à 500.000 hommes qui encerclent la région frontière du Chensi-Kansou-Ninghsia, cesser d’utiliser le Conseil politique national comme un organe inféodé au Kuomintang et chargé de fabriquer une opinion publique anticommuniste, lever l’interdit sur les libertés de parole, de réunion et d’association et abolir la dictature d’un seul parti, le Kuomintang, réduire les fermages et le taux d’intérêt des prêts, améliorer les conditions de vie des ouvriers et soutenir la petite et la moyenne industrie, supprimer les services secrets, mettre fin à une éducation contrôlée par les agents secrets et introduire un système d’enseignement démocratique. La plupart de ces exigences correspondent d’ailleurs à vos propres promesses. Si vous acceptez de satisfaire à nos exigences et d’honorer votre parole, nous vous donnons l’assurance que nous continuerons à tenir la nôtre. Nous sommes prêts à reprendre à tout moment les pourparlers entre nos deux partis, si M. Tchiang Kaï-chek et le Kuomintang y sont disposés.
Bref, des trois voies qui s’offrent au Kuomintang, la première, celle de la capitulation et de la guerre civile, signifie la mort pour M. Tchiang Kaï-chek et le Kuomintang. La deuxième, qui est de gagner du temps par un bavardage démagogique, tout en restant au fond attaché à la dictature fasciste et en s’empressant à préparer en secret la guerre civile, ne les sauvera pas non plus. Seule la troisième, c’est-à-dire le renoncement total à la voie erronée de la dictature fasciste et de la guerre civile et l’adoption de la juste voie de la démocratie et de la coopération, leur apportera le salut. Mais jusqu’à ce jour, ils n’ont encore rien fait de convaincant qui puisse témoigner de leur intention de suivre cette troisième voie. Il faut donc que tout notre peuple reste en garde contre le très grave danger de capitulation et de guerre civile.
Que les patriotes du Kuomintang s’unissent pour empêcher les autorités du Kuomintang de prendre la première voie, pour leur interdire de s’engager plus avant dans la deuxième et pour exiger qu’ils suivent la troisième.
Que les partis et groupements patriotiques et tous les patriotes qui résistent au Japon s’unissent pour empêcher les autorités du Kuomintang de prendre la première voie, pour leur interdire de s’engager plus avant dans la deuxième et pour exiger qu’ils suivent la troisième.Un changement d’une ampleur sans précédent est imminent dans le monde. Nous espérons qu’à ce grand tournant de l’histoire M. Tchiang Kaï-chek et les membres du Kuomintang sauront se comporter comme il convient, et nous en espérons autant de tous les partis et groupements patriotiques, de tous les patriotes.