Loi économique objective propre à toutes les formations sociales découverte par Marx.

L’analyse du capitalisme actuel et la pratique de l’édification du socialisme en U.R.S.S. ont permis à Lénine et à Staline de donner un nouveau développement aux thèses de Marx relatives à l’action réciproque des forces productives (V.) et des rapports de production (V.), ainsi qu’au caractère de cette interaction aux différents stades du développement de la société.

Le marxisme-léninisme considère la production sociale comme un tout dont les deux aspects — forces productives et rapports de production — sont liés indissolublement. C’est parce qu’ils constituent deux aspects différents de la production sociale qu’ils peuvent exercer et exercent effectivement une action réciproque. Les forces productives sont l’élément déterminant du développement de la production.

Cela signifie qu’à un état déterminé, à un certain niveau de développement des forces productives correspondent nécessairement des rapports de production déterminés : telles forces productives, tels rapports de production. Les forces productives ne sont pas seulement l’élément déterminant, mais aussi l’élément le plus modifiable, le plus révolutionnaire de la production, elles sont toujours en voie de changement et de devenir.

D’abord se modifient et se développent les forces productives, ensuite, en fonction décès modifications, changent en conséquence les rapports de production, les rapports économiques des hommes. Mais le rôle des rapports de production est loin d’être passif.

Surgis sur la base des forces productives déterminées, ils agissent à leur tour sur le développement de ces forces qu’ils accélèrent ou ralentissent. Les rapports de production nouveaux, qui correspondent au caractère des forces productives, deviennent le facteur principal, décisif d’un nouvel et puissant essor de la production, tandis que les anciens rapports, qui ont cessé de correspondre au caractère des forces productives, entravent leur progrès.

Les rapports de production ne sauraient trop longtemps retarder sur la croissance des forces productives et se trouver en contradiction avec elles.

Quel que soit le retard des rapports de production sur le progrès des forces productives, ils doivent, tôt ou tard, finir par correspondre au niveau, au caractère des forces productives, et comme le prouve l’histoire de l’humanité, il en est effectivement ainsi.

Dans le cas contraire, l’unité des forces productives et des rapports de production se trouve gravement compromise, ce qui aboutit à la désorganisation de toute la production, à une crise.

Dans la société divisée en classes antagonistes, la contradiction entre les forces de production accrues et les anciens rapports de production aboutit toujours à un conflit qui est résolu par la révolution sociale. Il ne saurait en être autrement, car les classes déclinantes de la société, vitalement intéressées à conserver les anciens rapports de production, se dressent pour les défendre.

C’est toujours la classe la plus avancée qui rétablit la loi de correspondance nécessaire entre les rapports de production et le caractère des forces productives, puisque la destruction des rapports de production anciens et l’instauration des rapports nouveaux répondent à ses intérêts vitaux.

La bourgeoisie a utilisé en son temps la loi de correspondance nécessaire entre les rapports de production et le caractère des forces productives, elle a renversé les rapports de production féodaux, instauré des rapports nouveaux, capitalistes, et établi ainsi, pour un temps, la correspondance entre les rapports de production et le caractère des forces productives.

Cependant par suite de l’essor des forces productives et de la gigantesque socialisation du travail sur la base de la production capitaliste, les rapports de production bourgeois ont cessé de correspondre au caractère des forces productives ; d’un facteur de développement de ces forces, ils se sont transformés en une entrave.

La propriété capitaliste privée des moyens de production entre en contradiction flagrante avec le caractère social du processus de production, avec le caractère des forces productives. Les forces productives accrues exigent impérieusement l’abolition des rapports de production bourgeois qui les freinent.

Les crises économiques destructrices sont le résultat de ce conflit entre les forces productives et les rapports de production, qui est particulièrement aigu au stade suprême du capitalisme, au stade de l’impérialisme.

Si les rapports de production capitalistes se maintiennent encore dans maints pays, si la loi de correspondance nécessaire entre les rapports de production et le caractère des forces productives ne s’y est pas encore frayé la voie c’est qu’elle se heurte à la résistance la plus énergique de la part des forces déclinantes de la société qui détiennent le pouvoir d’Etat.

En s’appuyant sur la loi économique de correspondance nécessaire entre les rapports de production et le caractère des forces productives, la classe ouvrière de l’U.R.S.S. en alliance avec la paysannerie, a détruit par l’action révolutionnaire les rapports de production bourgeois, a instauré des rapports nouveaux, socialistes, et les a fait concorder avec le caractère des forces productives.

Sous le socialisme, les rapports de production sont parfaitement conformes à l’état des forces productives car le caractère social de la production repose ici sur la propriété sociale des moyens de production.

Aussi la production socialiste en U.R.S.S. ignore-t-elle les crises de surproduction ; les forces productives se développent à un rythme accéléré, car les rapports de production qui leur sont conformes, donnent libre cours à cet essor.

Pourtant, la correspondance parfaite des rapports de production et du caractère des forces productives dans la société socialiste ne peut être considérée comme quelque chose d’absolu, donné une fois pour toutes.

Elément le plus mobile et le plus révolutionnaire de la production, les forces productives devancent les rapports de production sous le socialisme également. Mais en régime socialiste, les contradictions entre ces deux aspects de la production ne conduisent pas à une opposition, à un conflit puisqu’il n’y a pas en U.R.S.S. de classes intéressées à maintenir les rapports de production surannés ; la société a la possibilité de lever à temps ces contradictions.

Se guidant sur les exigences de la loi économique de correspondance nécessaire entre les rapports de production et le caractère des forces productives, le parti communiste et l’Etat soviétique discernent en temps utile les contradictions croissantes, prennent aussitôt des mesures pour les surmonter en adaptant les rapports de production à la montée des forces productives.

Ainsi, à l’étape actuelle de la construction du communisme en U.R.S.S., la propriété coopérative kolkhozienne et la circulation marchande contribuent à l’essor de l’économie nationale ; elles rendront à la société soviétique des services importants dans l’avenir également.

Mais par la suite, au cours du passage graduel du socialisme au communisme, ces phénomènes économiques entreront en contradiction avec le progrès des forces productives et commenceront à l’entraver. Pour éliminer cette contradiction, il faudra élever progressivement la propriété kolkhozienne au niveau de la propriété nationale et substituer le système d’échange de produits à la circulation des marchandises. Telle est une des conditions préalables du passage du socialisme au communisme en U.R.S.S.

La loi de correspondance nécessaire entre les rapports de production et le caractère des forces productives permet de comprendre la succession nécessaire des formations sociales au cours de l’histoire. Elle explique l’inévitabilité du triomphe du communisme.


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