Le contexte était le suivant, selon le XIXe congrès du PCUS(b). 13 années s’étaient déroulées depuis le dernier congrès et la période entre les deux congrès a été celle la plus mouvementée dans l’histoire mondiale. Les points mentionnés dans les matériaux pour le congrès sont les suivants :
– la construction du socialisme, avec le développement de l’économie et des capacités de défense ;
– la victoire dans la grande guerre patriotique ;
– l’agrandissement du territoire de l’URSS ;
– l’émergence du système socialiste mondial ;
– le caractère ancré et légal de partis communistes et ouvriers dans de nombreux pays du monde ;
– le début de l’effondrement du système colonial ;
– l’intégration de l’URSS au Conseil de sécurité de l’ONU ;
– l’acquisition de l’arme atomique par l’URSS.
Cela signifie que la thèse fondamentale du PCUS(b) est la suivante : l’URSS est devenue une forteresse inébranlable. Elle a une base suffisamment forte pour être le noyau d’un développement autonome au capitalisme et ce à grande échelle .
Dans le Rapport du Comité central du PCUS (B), Gueorgui Malenkov expose comme suit ce qui est à considérer comme la thèse fondamentale du XIXe congrès :
« Le résultat économique de la formation de deux camps opposés, comme le souligne le camarade Staline, est qu’un marché mondial complet et unique s’est effondré et que deux marchés mondiaux parallèles se sont formés : le marché des pays d’un camp démocratique pacifique et le marché des pays d’un camp impérialiste agressif.
L’effondrement du marché mondial unique est le résultat économique le plus important de la Seconde Guerre mondiale et ses conséquences économiques.
Deux marchés mondiaux se développent dans des directions opposées.
Le nouveau marché mondial démocratique ignore les difficultés des ventes, car sa capacité augmente d’année en année, ce qui correspond à une croissance de la production sans crise dans les pays du camp de la démocratie, car la croissance continue de la production dans tous les pays du camp de la démocratie accroît la capacité du marché démocratique.
D’autre part, nous avons un autre marché impérialiste mondial, sans lien avec l’URSS ni avec d’autres pays démocratiques, qui s’est rétréci à cause de cela et qui souffre de difficultés de vente dues aux interruptions et aux crises de production, dues au chômage et à l’appauvrissement des masses, dues à la séparation des pays démocratiques. »
Il y a deux camps. Il suffit donc de pousser le développement et, par définition, le camp démocratique l’emportera sans coup férir, le camp réactionnaire s’effondrant sous le poids de ses contradictions, de ses faiblesses.
Cette thèse est dans le prolongement direct de celle de l’Internationale Communiste. Il est simplement considéré que, désormais, le bloc dont relève l’URSS est beaucoup plus massif.
Cette thèse est également commune à l’ensemble du PCUS(b), c’est-à-dire donc aux deux tendances de l’immense bataille idéologique qui s’est tenu dans l’immédiate après-guerre. La première tendance, c’est celle de Staline, qui considère que les impérialistes restent agressifs.
La seconde tendance, c’est celle d’Eugen Varga soutenu par une partie significative du Parti, qui considère que désormais c’est un « capitalisme monopoliste d’État » qui prédomine dans les pays capitalistes, c’est-à-dire un capitalisme rationalisé, exigeant une participation légale aux institutions pour prendre les commandes d’un État censé devenu neutre et arbitre du capitalisme.