Le Tour de France est indéniablement une grande fête populaire, le public est présent massivement sur le bord des routes chaque année, particulièrement dès qu’il y a une pente suffisamment élevée pour ralentir les coureurs et permettre d’apprécier leur passage plus longtemps.
De manière générale pour les familles populaires, il est quasiment incontournable de venir voir le Tour lorsque qu’il passe à proximité de chez soi. La caravane publicitaire, aussi commerciale et critiquable qu’elle puisse être, participe largement à cet engouement festif, cette « kermesse », qui attire les familles.
Outre le plaisir de voir gratuitement des champions sportifs de prêt, le passage des coureurs est tout simplement le prétexte à un rassemblement populaire.
Ce qui est vrai pour le bord des routes de France l’est encore plus pour la diffusion télévisuelle du Tour.
C’est un événement classique du début de l’été, qui fait clairement partie du patrimoine culturel national de ce pays. Les audiences sont systématiquement élevées, au point que France Télévision a décidé, depuis le Tour 2017, de diffuser les étapes en intégralité, chaque jour pendant trois semaines, hormis les jours de repos.
L’attrait sportif pour la course est évident, d’autant plus que l’intersaison de football est en plein creux à ce moment – mais pas cette années, puisque l’Euro 2024 de football ne prendra fin que ce dimanche 14 juillet .
Mais cela n’est pas tout : le grand intérêt du Tour de France à la télévision réside surtout en ce qu’il sert de support à la découverte de la France. Les masses françaises observent et scrutent leur pays.
Au-delà du patrimoine lui-même, des paysages et bâtiments remarquables qui sont commentés, il est forcément intéressant de simplement traverser la France, au rythme appréciable des coureurs (40 km/h en moyenne), de contempler ses villes et villages, ses routes, ses campagnes, la nature, et les animaux parfois.
Les masses mondiales apprécient également cette découverte de la France. Le Tour de France est diffusé dans près de 200 pays et figure parmi les plus importants événements sportif mondiaux, un des plus suivis après les Jeux Olympiques et la Coupe du Monde de Football.
La grande qualité des images produites par France Télévision (et revendues à toutes les autres chaînes, dont notamment à la RTBF et la VRT en Belgique) permet cela.
Depuis 2007 les images sont disponibles en Haute Définition et le résultat est aujourd’hui remarquable. Grâce à la qualité des écrans et à la stabilité du numérique, le spectacle du Tour de France à la télévision est maintenant tout à fait saisissant. L’immersion est grande.
Le dispositif est très important, avec surtout deux hélicoptères et des drones filmant en permanence (relayées par un avion qui survole l’ensemble pour diffuser les images en direct via satellite).
Le parcours est minutieusement prévu, les paysages remarquables et les monuments sont précisément répertoriés à l’avance par l’organisateur, en collaboration avec les institutions locales ou départementales.
Le commentateur dédié au patrimoine et à la présentation des paysages lors de la diffusion du Tour sur France Télévision a un rôle primordial dans ce dispositif.
Jean Paul Olivier qui a fait office « d’historien du Tour » de 2001 à 2015 était très apprécié. Son remplacement en 2016 par Éric Fottorino fut un échec, notamment car celui-ci n’incarnait pas suffisamment ce rôle et a ennuyé le public avec des interviews sans grand intérêt de personnalités.
Ce sont aujourd’hui Alexandre Pasteur, Marion Rousse (championne de France sur route 2012 et actuellement directrice du Tour de France Femmes), Laurent Jalabert qui sont aux commentaires. Ils sont accompagnés par Franck Ferrand pour la partie histoire, géologie et patrimoine de la France et de Benoît Durand, Thomas Voeckler et Gaël Robic sur les motos, au plus près des coureurs.
Céline Rousseaux et Nicolas Geay sont au départ puis dans la zone protocole pour interviewer les vainqueurs d’étape et les porteurs de maillots à la descente du podium.
La course cycliste n’est pas simplement un prétexte, sans quoi une émission dédiée pourrait exister sans le Tour, ce qui n’est pas le cas. C’est bien la course que le public regarde.
Le rythme lent et long, s’étalant sur plusieurs heures chaque jour durant trois semaine est propice au repos et au délassement l’après-midi, particulièrement quand il fait très chaud dehors. Le Tour est un feuilleton à l’intrigue qui se dévoile minutieusement chaque jour et dont la traversée de la France est le parfait écrin.
Mais inversement, également, la course est un support idéal, une excellente occasion de découvrir ce pays et d’apprendre grâce à des images et une réalisation de grande qualité.
Cela laisse présager du potentiel énorme du Tour, une fois qu’on l’aura libéré des contraintes du capitalisme et de sa capacité à ruiner ce qui a de la valeur.