Le Palais des Soviets n’a jamais vu le jour à Moscou, sa construction étant interrompue par la deuxième guerre mondiale impérialiste, puis stoppée par le révisionnisme. Cela devait être le monument majeur de l’URSS sur le plan architectural, la Cathédrale du Christ-Sauveur étant détruite en 1931 pour lui céder la place à la suite de l’ouverture d’un concours d’architecture en ce sens.
C’est Sergeï Kirov qui s’était occupé de lancer le projet, affirmant qu’il fallait un endroit suffisamment vaste pour les grandes réunions des responsables des Soviets, ainsi qu’un symbole de la construction du socialisme en URSS, notamment en direction du prolétariat européen « endormi » encore. Son discours, datant du 30 décembre 1922, fut également celui où fut proclamé la fondation de l’URSS.
Voici ce que dit Sergueï Kirov :
« Ce bâtiment devrait être un emblème du pouvoir à venir , le triomphe du communisme, pas seulement ici, mais même là-bas en Occident… Ils parlent beaucoup de nous, ils nous caractérisent par le fait que nous effaçons les palais des banquiers, des propriétaires terriens et des tsars de la surface de la terre avec la vitesse de l’éclair. C’est juste.
Érigeons sur place le nouveau palais des ouvriers et des paysans laborieux, rassemblons tout ce dont les pays soviétiques sont riches, mettons toute notre créativité ouvrière et paysanne dans ce monument et montrons à nos amis et à nos ennemis que nous sommes capables de décorer la terre pécheresse avec de tels monuments dont nos ennemis n’ont jamais rêvé. »
Un concours fut ainsi lancé pour le projet d’un Palais des Soviets. Une telle idée de concours pour un grand projet s’était déjà réalisée en 1922, avec un appel pour un « Palais du travail ». Le gagnant fut Noi Trotsky, alors que les frères Vesnine (Alexandre, Victor et Leonid) présentaient alors la première oeuvre « constructiviste » en architecture. Le projet de Palais fut rapidement abandonné.
Le concours pour le Palais des Soviets fut lancé en février 1931 ; il devait amener la réalisation à l’horizon d’une décennie, sous la supervision du Conseil pour la construction du Palais des Soviets (le terme Soviet voulant dire Conseil, cela donne en russe le Soviet pour la construction du Palais des Soviets, d’où la dénomination raccourcie employée de Soviet pour la construction).
Le concours reçut 15 propositions, mais acquit rapidement une réputation mondiale et s’ouvrit en juillet 1931 à l’international, débouchant sur la production de 136 soviétiques et 24 non-soviétiques, dont celles d’éminents architectes comme Walter Gropius, Armando Brasini , Le Corbusier… pour 112 projets sous la forme de concepts conceptuels,160 sous la forme de projets architecturaux.
Le côté hangar du projet de Le Corbusier l’amena à être rejeté, revenant trop au formalisme constructiviste des années 1920, ce qui rendit l’architecte très mécontent, au nom d’un esprit prétendument d’avant-garde.
L’oeuvre de Le Corbusier fut critiquée ainsi en 1939 :
« Si la façade avant de la grande salle (avec un arc géant en face) peut encore revendiquer une signification architecturale, les façades de la petite salle et la façade latérale de l’ensemble de la structure révèlent toutefois clairement une sous-estimation de l’attention nécessaire à la bonne conception architecturale de l’ouvrage. »
Les autres œuvres rejetées étaient souvent plus dans l’esprit soviétique, elles étaient plus travaillées, mais avaient des travers trop marquants.
Les gagnants du concours en février 1932 furent les soviétiques Boris Iofane et Ivan Joltovski, ainsi que l’Américain d’origine britannique Hector Hamilton, dont l’oeuvre était intitulé Simplicité.
L’oeuvre de Hector Hamilton marqua les esprits, mais elle avait un souci : elle était fonctionnaliste en ce qui concerne les déplacements. Il y avait bien de multiples entrées, mais aucune place à l’extérieure où se rassembler ; il devait même y avoir des voies pour automobiles souterraines sous le Palais.
Le projet de Boris Iofane n’était quant à lui pas d’esprit symétrique et avait plus d’allant, avec notamment un monument et l’idée d’un espace marqué entre les bâtiments.
Le projet d’Ivan Joltovski était quant à lui tourné vers un élément central organisant l’ensemble sous forme d’une composition très prononcée.
Il fut néanmoins considéré par le Conseil de construction qu’on n’était pas encore au point et le concours connut une seconde grande étape.