Quel est le point de vue scientifique du matérialisme dialectique sur l’homosexualité ? S’il n’avait pas encore été formulé jusqu’à maintenant, il devrait être facile désormais de voir ce qu’il pourrait ou devrait être.
À propos de l’homosexualité, il y a deux aspects qui doivent être pris en compte. Le premier aspect est que l’univers est un « oignon », le second est la contradiction entre la ville et les campagnes.
Qu’est-il arrivé dans le passé ? L’homosexualité était réprimée par la religion qui était patriarcale. Elle était parfois tolérée comme une expression de virilisme (comme en Grèce antique), mais en général, elle a été rejetée comme une forme non naturelle, la « nature » étant ici bien sûr ce qui a été créé par un dieu tout-puissant.
La situation a changé pour l’homosexualité lors de la formation des villes. Les hommes et les femmes étant homosexuels pouvaient rencontrer beaucoup plus de gens dans les villes que dans les campagnes, à cause de cela, il leur était parfois possible de se rencontrer et de comprendre leur homosexualité.
Cela ne pouvait arriver bien sûr que dans des situations où la culture était beaucoup plus développée que dans les relations basiques à la campagne, c’est pourquoi l’homosexualité pouvait s’exprimer dans les strates liées à l’art et au raffinement. L’homosexualité, pour être comprise, a nécessité un certain raffinement très loin d’attitudes paysannes basiques.
Pour cette raison, et comme une protection, et également de manière liée à la possibilité de l’épanouissement culturel personnel, de nombreuses personnes homosexuelles ont été liées à cette strate. Pour cette raison également, la classe ouvrière qui s’est développée avec le capitalisme a rejeté l’homosexualité comme une pratique de la grande bourgeoisie.
Ce qui était faux était que seule une contradiction a été vue : celle qui existe entre le travail manuel et le travail intellectuel, ce qui fait que l’homosexualité était considérée comme une décadence de personnes ne travaillant pas, en raison de l’oisiveté.
Alors que si nous prenons en considération la contradiction entre la ville et les campagnes, on peut voir que le développement permis par le capitalisme a fait que les homosexuels ont compris leur propre nature.
Nous devons voir ici aussi que la nature n’est pas à comprendre de façon mécanique, mais d’une manière dialectique. Une erreur non dialectique était de considérer que puisque la vie humaine a été produite par un homme et une femme, alors l’homosexualité était contre-productive et donc réactionnaire.
C’était un point de vue typique dans le mouvement communiste du 20e siècle. L’homosexualité a été plus ou moins tolérée sur le plan personnel, il n’en était pas parlé, mais la ligne interne du Parti était que dans le communisme, l’homosexualité aurait disparu.
Le problème inhérent à cette conception est qu’elle met l’accent sur les individus. En fait, le matérialisme dialectique comprend le mouvement de la matière à une échelle beaucoup plus grande : l’univers lui-même.
Citons ici le physicien japonais Shoichi Sakata (voir La vie, la matière, l’Univers – 6ème partie : la cosmologie de Mao Zedong dans la GRCP – l’Univers comme oignon) :
« La science actuelle a trouvé que, dans la nature, il existe deux « niveaux » qualitatifs différents : la forme du mouvement, par exemple une série de niveaux comme particules élémentaires-noyaux-atomes-molécules-masses-corps célestes-nébuleuses.
Ces niveaux forment des points nodaux variés qui restreignent les différents modes qualitatifs de l’existence de la matière en général. Et ainsi ils ne sont simplement reliés de manière directe comme décrit ci-dessus.
Les « niveaux » sont également connectés dans une direction comme molécules-colloïdes-cellules-organes-individus-sociétés. Même dans les masses semblables, il existe des « niveaux » d’états correspondant aux solides-liquides-gaz.
Dit de manière métaphorique, ces circonstances peuvent être décrites comme ayant une sorte de structure multi-dimensionnelle du type d’un filet de pêche ou, plutôt serait-il mieux de dire, qu’ils ont une structure du type des oignons, en phases successives. Ces niveaux ne sont en rien isolés mutuellement et indépendants, mais sont connectés mutuellement, dépendants et constamment « transformés » les uns en les autres.
Un atome, par exemple, est construit à partir des particules élémentaires et une molécule est construite à partir d’atomes et, inversement, peut être fait la décomposition d’une molécule en atomes, d’un atome en particules élémentaires.
Ces types de transformation arrivent constamment, avec la création d’une nouvelle qualité et la destruction des autres, dans des changements incessants. »
(Shoichi Sakata, Physiques théoriques et dialectique de la nature, juin 1947).
Si nous comprenons bien cela, alors nous pouvons voir qu’un couple gay ou lesbien adoptant un enfant préserve la vie. Ici, l’homosexualité n’est pas « contre-productive » du tout, parce qu’un couple permet à la vie de se développer.
Et si nous prenons un couple de lesbiennes, nous pouvons voir qu’elles peuvent bénéficier de la technologie de reproduction assistée, comme la fécondation in vitro. Leur situation n’est pas un obstacle à la vie, du point de vue de la société.
Pour les hommes, la situation est plus compliquée. Comme la gestation par autrui ne peut être considéré que comme une aliénation et une exploitation, la seule solution pour un couple d’hommes pour soutenir la vie est d’adopter.
Vu ainsi, le matérialisme dialectique reconnaît l’homosexualité comme un phénomène naturel, qui concerne une infime partie de la population, et il estime qu’il n’y a rien d’anti-social ou de contre-productif.
L’homosexualité dans la vie quotidienne est souvent influencée par le capitalisme, parce que les villes capitalistes ont marginalisé puis intégré l’homosexualité comme un mode de vie individualiste. Mais le socialisme reconnaît l’homosexualité comme une forme naturelle qui devrait avoir la possibilité de la culture dans la société.