Le terme d’écho désigne un son renvoyé de manière plus ou moins distincte. Jusqu’à présent, ce terme n’a pas été utilisé au sein du matérialisme dialectique et c’est sans doute un tort de par la formidable conceptualisation qu’on puisse en faire.
Comme on le sait, en effet, le matérialisme dialectique considère que l’esprit reflète la matière ; la pensée n’est qu’une synthèse plus ou moins développée de la réalité.
Or, cela signifie qu’on peut formuler en disant cela que la réalité a un écho plus ou moins important dans tel ou tel esprit.
De plus, on peut renverser la proposition et expliquer qu’une pensée-guide a un écho plus ou moins important dans les masses.
Le principe de l’écho veut que le son soit répercuté et qu’il soit répété plus ou moins fidèlement : c’est là quelque chose de très utile lorsqu’on raisonne en termes de reflet.
On pourra dire : telle œuvre musicale ou littéraire est un excellent écho de telle société à telle époque, ou bien encore : cette œuvre relève du formalisme, car sa forme obéit à un « canon » esthétique abstrait et ne possède pratiquement aucun écho.
On peut voir ici que le terme d’écho se rapproche de celui de reflet : un œuvre reflète son époque, elle est l’écho d’une époque. On devine cependant la nuance qu’on pourrait y voir : une œuvre qui reflète témoigne d’une saisie maîtrisée, consciente, de la réalité, alors que l’écho montre une certaine passivité, n’étant qu’un produit indirect, non conscient ou conscient de manière peu élevée.
Cela serait, par conséquent, très pratique pour juger de démarches relativement subjectivistes, de type expressionniste. Reste à savoir quelles sont les frontières : faut-il ainsi dire que Nirvana, Tupac Shakur et Bruce Springsteen sont des échos musicaux de positionnements propres à certaines franges rebelles de la jeunesse, ou bien qu’ils reflètent une certaine posture historique de rébellion ?
Tout dépend, on l’a compris, du niveau de conscience ; si on considère que ces artistes sont progressistes, ce qu’ils sont indéniablement, alors il vaut mieux parler du reflet et alors considérer que l’écho est passif, tendant à une certaine décadence par incompréhension de la substance dont il n’est qu’une répercussion.
On sait, par exemple, que l’ultra-gauche prétend être authentiquement révolutionnaire, car allant « plus loin », de manière « plus décidée » : en réalité, ce n’est qu’un écho. L’ultra-gauche lors de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne chinoise, en Espagne durant la guerre contre le coup d’État de Franco, ou bien encore en France durant mai 1968, n’a été qu’un écho s’imaginant être la substance même de ce dont elle n’est en réalité qu’un écho déformé.
Il s’agit ici d’un écho foncièrement négatif et c’est là qu’il y a quelque chose de très intéressant. On sait qu’un se divise en deux et on peut voir ici que l’aspect négatif utilise un écho pour masquer son propre projet.
Toute Ve colonne, tout projet d’ultra-gauche, prend le masque de l’écho pour prétendre être ce dont il n’est qu’une ombre, qu’un écho.
On pourrait donc, alors, utiliser le terme d’écho pour désigner une expression passive, inconsciente de manière relative ou absolue, de la diffusion de l’idéologie communiste, voire pour dénoncer le masque d’une ultra-gauche prétendant être ce dont elle n’est justement qu’un écho.
Bien sûr, chaque domaine scientifique devrait se saisir pareillement de cette notion, en la distinguant du reflet, par rapport à la question du développement inégal et en précisant bien la différence avec le reflet.
Si l’on prend la symétrie du visage, est-elle le produit du reflet ou n’est-ce qu’une forme secondaire du type écho ? Sans doute un reflet, puisqu’on peut voir qu’on a deux mains, tout en étant gaucher ou droitier, conformément à la loi du développement inégal.
Faut-il alors chercher une distinction entre les deux yeux, ou bien l’existence du second n’est-il qu’un simple écho ? Qu’en est-il des deux hélices de l’ADN, qui sont qui plus est antiparallèles (ou de chiralité axiale), tel un reflet l’une de l’autre dans un miroir ?
Le concept d’écho permet une perspective intéressante de réflexion.