Le bloc autour de Georgi Malenkov, Vyatislav Molotov et Lazare Kaganovitch, avec Nicolaï Boulganine comme principal soutien, ne comprenait pas le caractère erroné du XIXe congrès et par conséquent considérait qu’il fallait simplement mettre de côté une ligne erronée.
Leur démarche fut pour cette raison entièrement machiavélique, sans proposition idéologique ni appel aux masses. L’organisation d’une réunion du Présidium du 18 juin 1957 fut ainsi choisi car les partisans de Nikita Khrouchtchev étaient loin pour beaucoup : Mikhail Souslov était en vacances depuis le 19 mai, Alexeï Kirichenko était à une session du Comité Central du Parti d’Ukraine, Maksim Sabourov (dont le positionnement était ambigu mais finalement anti-Khrouchtchev) avait une réunion du CEMA à Varsovie.
Du côté des candidats devant également être présents à la réunion, Frol Kozlov était à Leningrad pour le 250e anniversaire de la ville, Nuritdin Mukhitdinov devait a priori être en Ouzbékistan, Nicolaï Shvernik devait participer à des célébrations à Oufa.
Nicolaï Boulganine et Nikita Khrouchtchev revinrent d’un séjour officiel en Finlande du 6 au 14 juin et à leur arrivée, Georgi Malenkov demanda la réunion du Présidium pour décider de qui participerait finalement aux célébrations à Leningrad le 22 juin. Il fut convenu du 18 juin.
Dès le départ, le droit de présider la réunion fut dénié à Nikita Khrouchtchev, qui fut remplacé par Georgi Malenkov pour ce rôle et qui commença la dénonciation des activités, depuis 1955, menées par le secrétaire du Comité Central du PCUS.
Vyatislav Molotov qualifia Nikita Khrouchtchev de « démagogue sans aucune base idéologique » ; l’accusation générale était qu’il avait « une approche purement pragmatique », qu’il cherchait « à placer l’économie au-dessus de la politique ».
Nikita Khrouchtchev refusa cependant de démissionner de son poste et le bloc opposé quant à lui refusa d’employer la force.
Les quelques heures de perdues permirent une mobilisation générale des partisans de Nikita Khrouchtchev au sein du Comité Central, qui se précipitèrent de tout le pays et même de l’étranger pour intervenir en sa faveur. La première chose qu’ils firent, pour gagner du temps, fut d’envoyer une pétition à la réunion du Présidium, exigeant que celui-ci lui passe la main.
Le bloc des opposants chercha à louvoyer – en demandant la démission de Nikita Khrouchtchev comme préalable, etc. – mais il dut se rendre à l’évidence et plia face à l’initiative de tenir une session du Comité Central.
Celle-ci ouvrit le 22 juin, avec 309 personnes en comptant les candidats. Elle dura huit jours.
Il est frappant que le bloc des opposants, ayant limité son combat au Présidium, n’avait rien prévu pour la bataille du Comité Central – peut-être pensaient-ils que de toutes façons, elle était perdue d’avance puisque ses membres étaient nouveaux, liés à Nikita Khrouchtchev, etc.
De toutes manières, le bloc lui-même se délita immédiatement, l’opportunisme gagnant la plupart. Au final, il resta au centre de la problématique seulement Vyatislav Molotov et Lazare Kaganovitch, ainsi que Georgi Malenkov, puis finalement Vyatislav Molotov seulement.
Il fut le seul membre du Comité Central à ne pas voter, le 29 juin, sa propre exclusion de cet organisme, ainsi que celle de Lazare Kaganovitch, Georgi Malenkov et Dimitrii Shepilov. Kliment Vorochilov et Nicolaï Boulganine restèrent par contre membres du Présidium, avec un blâme non rendu public.
Nicolaü Boulganine dut finalement faire face à l’offensive contre lui de Nikita Khrouchtchev en décembre 1958, tout comme Maksim Sabourov et Mikhail Pervukhine en février 1959, et finalement Kliment Vorochilov en octobre 1961.