Qu’est-ce que la nostalgie ? C’est une question importante, parce que c’est un sentiment très commun. En fait, nous devrions dire que c’est un sentiment très commun dans la société non-communiste. Pourquoi cela ? Parce que la nostalgie est enracinée dans la non-compréhension d’une contradiction. L’absence de synthèse a amené une situation où la contradiction n’a pas été résolue d’une manière progressiste. En raison de cela, il y a un « cadavre dans le placard ».
Si nous prenons l’exemple de l’amour, ou romance, nous pouvons voir que les raisons pour l’échec ont été des pensées comme « il n’a pas assez d’argent », « elle n’est pas assez belle », « plutôt en sécurité que désolé », « fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve », etc.
L’opportunisme peut exister, mais ne saurait effacer la réalité humaine. Et le cerveau est ici comme un CD non ré-inscriptible. Une fois gravé, rien ne peut être effacé. Mais ce qui est dans le cerveau peut être dépassé, par un processus de synthèse. Pour cette raison, les gens « fous » ont besoin de travailler, de transformer ; ce n’est qu’en transformant la réalité qu’ils comprendront le processus de transformation, et également se transformeront.
Le concept de transformation est très éloigné des idéologies non-communistes, bien entendu, qu’elles soient capitalistes ou féodales. Et nous pouvons voir que la plupart des chansons produites pour les masses jouent de manière glauque avec la nostalgie, la renforçant, montrant la vie comme une succession de séquences d’échecs, de joies perdues, etc. Plus une chanson est commerciale, plus elle jouera avec la « nostalgie », prétendant être « populaire », comme si la nostalgie était un sentiment commun de déconfiture.
D’où vient le concept de nostalgie ? Le mot nostalgie lui-même vient du grec νόστος (nóstos), signifiant « arriver à son foyer » et ἄλγος (álgos), signifiant « douleur, peine ». C’est une manière romantique de comprendre le monde, montrant des « guerriers » pensant au foyer, quand leur manière de vivre est incorrecte. Et, en fait, toute la philosophie existentialiste joue avec la nostalgie pour justifier « l’ego », ce que la religion appelle « l’âme ».
Mais qu’est-ce que nous voyons ? Que les gens peuvent être malades d’être loin du foyer, comme ils peuvent se languir de partir en voyage, ce que le romantisme allemand appelle « Heimweh » et « Fernweh ». Il y a une « nostalgie » de rentrer au foyer comme il y en a une de le quitter, de voyager, d’aller au loin – ainsi il n’y a pas de « nostalgie » ici, mais le besoin d’aller à la transformation.
Par conséquent, nous devons dire ici que le matérialisme dialectique clarifiera la différence scientifique entre la nostalgie – un concept et un sentiment réactionnaires – et la mélancolie, qui est la forme normale de l’être humain dans le processus de synthèse.
Il est totalement logique que l’idéologie impérialiste tente d’effacer la mélancolie, expliquant que c’est une maladie. Le capitalisme ne veut pas que le processus de synthèse se déroule, ainsi il fait tout pour montrer comme ridicule ceux qui disent stop et commencent à penser, à synthétiser.
C’est particulièrement clair dans les films, où l’introspection est attaquée, au bénéfice de l’individualisme. La bande dessinée « Iron Man », comme la plupart des bandes dessinées avec des super héros (un concept totalement idéaliste par ailleurs), montre un homme tourmenté, pensant à sa situation, basculant même dans l’alcoolisme, tandis que le film montre un « playboy » ne prenant rien au sérieux, se lamentant juste de manière aristocratique sur lui-même.
Il n’y a pas de profondeur, pas d’intensité. Et c’est pourquoi des gens comme Kurt Cobain, des mouvements comme le grunge, même s’ils sont complaisants avec leurs tourments, ont une signification historique : cela montre la nécessité de la synthèse, de faire face à l’insupportable société capitaliste, à l’affreuse société semi-féodale.
La mélancolie peut se réaliser dans la critique scientifique de la société, la nostalgie ne le peut pas ; la mélancolie est en mesure de comprendre le besoin de communisme, la nostalgie est un vecteur de l’anticapitalisme romantique, du fascisme.
La seule vie intérieure des êtres humains est le reflet du mouvement de la matière.